AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Graeme Macrae Burnet (183)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'Accusé du Ross-Shire

Je commencerai par remercier les Editions Sonatine et babelio pour m'avoir permis de découvrir L'accusé de Ross-Shire de Graeme Macrae Burnet en avant-première .

J'avoue qu'alors que -dixit la 4ème de couverture- je devais "m'attendre à un thriller hors norme me proposant un voyage entre réalité et fiction" je me suis vue plonger dans un mémoire rédigé par un jeune homme de 17 ans en attente de son procès. Certes il y a des ambiguïtés , certes le déroulement des faits et les motivations restent à déterminer , mais au lieu de présenter ce roman comme un thriller il eut été plus approprié de le présenter comme un solide récit historique , cela aurait au moins eu le mérite de ne pas biaiser le propos. Tout amateur de roman historique peut s'y retrouver, tout amateur de "thriller" risque de l'abandonner ....

Mais cela n'est que mon humble avis qui ne vaut que pour ce qu'il vaut . Une déception donc plus liée à une erreur de programmation qu'à la teneur exceptionnelle de ce roman quant à l'enquête humaine, sociologique et historique qu'elle implique, de ce point de vue là c'est une réussite .
Commenter  J’apprécie          90
Une patiente

Une fois de plus Graeme Macrae Burnet invente une genèse à son nouveau roman, il semblerait que le procédé fasse partie intégrante de sa griffe littéraire.



Le roman se présente sous la forme de cinq cahiers prétendument rédigés par la narratrice. Cahiers dans lesquels elle cherche à faire progresser son enquête à charge contre Collins Braithwaite. Concrètement on la voit plutôt se débattre avec cette fausse identité qu’elle s’est construite, il faut dire que ce double lui permet d’outrepasser ses propres limites et faiblesses.



Chaque cahier est suivi par des éléments biographiques concernant Braithwaite, éléments regroupés par l’auteur au terme de ses soi-disant « longues recherches » sur le personnage, son parcours et son œuvre.



La construction de l’ensemble est plutôt bien menée et ne saurait souffrir d’aucune critique quant à la qualité rédactionnelle, au contraire c’est même agréable à lire. Si la dimension psychologique est bel et bien présente dans l’intrigue, mais je m’attendais à un véritable bras-de-fer psychologique entre la narratrice et le psychothérapeute (c’est plus ou moins ce que nous promettait la quatrième de couv’) alors que dans les faits, les échanges sont bien souvent à sens unique. C’est davantage la personnalité de la narratrice qui est décortiquée en profondeur.



Pour étayer son aspect vrai-faux documentaire, Graeme Macrae Burnet n’hésite pas à faire intervenir dans ses recherches de nombreuses personnalités – scientifiques ou artistiques – ayant bel et bien existées et à les faire interagir avec son fameux Collins Braithwaite. Là encore les éléments s’emboitent bien et viennent consolider la crédibilité au récit.



L’auteur ne fait rien pour nous rendre le personnage de Braithwaite sympathique, ce type est puant de vanité, imbu de lui-même, prétentieux et orgueilleux. Inutile de préciser que l’on attend avec impatience le moment où il tombera de son piédestal.



Pas grand-chose à dire de la narratrice sinon qu’on a une forte envie de lui gueuler de se sortir les doigts du cul plutôt que de se planquer derrière un double fictif qui va peu à peu la bouffer de l’intérieur.



Bref, aucune empathie pour les deux personnages qui portent le récit. Ajoutez à cela une pointe de déception quant au déroulé même de l’intrigue, et vous comprendrez que je referme ce bouquin avec un sentiment mitigé. Je ne peux toutefois pas ignorer l’incontestable talent de narrateur de Graeme Macrae Burnet, jusqu’à la dernière phrase de son roman, il veut nous faire croire à sa supercherie.



Je serai tenté de dire que c’est la quatrième de couverture qui saborde partiellement le roman, sans cette promesse – non tenue – d’un intense face à face psychologique, nul doute que j’aurai été nettement plus emballé par cette lecture.
Lien : https://amnezik666.wordpress..
Commenter  J’apprécie          80
La disparition d'Adèle Bedeau

A Saint Louis, dans le Haut Rhin, il ne se passe jamais rien, enfin presque. Car, Adèle Bedeau ne s'est pas présentée au travail ! Elle est serveuse au café restaurant "la Cloche", un lieu qui a ses habitués, où les dialogues se répètent tout comme les plats du jour.



Dans la vie de Manfred Baumann, il ne se passe rien. Dans la vie de Georges Gorski non plus. Manfred Baumann est un homme "d'habitudes", son quotidien est une succession de routine. La fantaisie n'est pas au programme.



Que la vie parait bien morose dans cette petite ville de province. De quoi faire un livre ?



Mais oui, car tout n'est qu'apparence et il y a le passé. Graeme Macrae Burnet nous offre un portrait tout en finesse des personnages et de la vie de cette ville. Un récit au vitriol, mais non dépourvu de tendresse.

A lire.
Commenter  J’apprécie          80
La disparition d'Adèle Bedeau

La disparition d'Adèle Bedeau captive d'entrée par son atmosphère tendue,suffocante où la banalité du quotidien règne sur une petite ville d'Alsace.



Dès le prologue, le lecteur est pris dans la toile que tisse avec beaucoup d'intelligence Graeme Macrae Burnet.

Un incipit qui questionne le lecteur et qui initie un jeu entre lui et ‘' l'auteur ‘' du roman.



Un roman policier dans la veine de ceux du grand Simenon avec toute une galerie de personnages haut en couleurs qui contribuent à maintenir tout le long de l'intrigue une ambiance tendue et malsaine à souhait.



J'ai notamment apprécié les face à face à couteaux tirés entre le principal suspect qui dissimule des éléments importants susceptibles d'éclairer la disparition de la jolie serveuse et l'inspecteur qui n'a toujours pas accepté l'échec de sa toute première enquête.



Graeme Macrae Burnet a remarquablement su créer l'ambiance oppressante d'une ville dans laquelle on a l'impression que rien ne se passe mais où l'inommable a déjà été commis et est tu. J'ai également apprécié la grande finesse d'analyse de l'âme humaine de l'auteur et ses description très cinématographiques des lieux dans lesquels se déroule l'intrigue et où le lecteur est transporté.



Bref, un polar écossais aux accents très français et à l'ambiance années 50 qui m'a séduite.









Commenter  J’apprécie          80
L'Accusé du Ross-Shire

Ce roman très attachant se termine par une interrogation: coupable ou non coupable des deux derniers crimes ?

Un crime peut-il en entraîner d'autres ?

La réponse n'est pas aussi simple ...

La traduction du roman par Julie Sibony est une nouvelle fois remarquable.

Un sans-faute.



Commenter  J’apprécie          80
La disparition d'Adèle Bedeau

Traduit par Julie Sibony



Nous sommes en Alsace, à Saint-Louis, une ville de 20 000 habitants. Tous les midis et tous les soirs, Manfred Baumann, 36 ans, prend ses repas au restaurant de la Cloche, avec tous les jours le même repas, les mêmes personnes comme entourage, les mêmes gestes, toujours. La seule "nouveauté" depuis cinq ou six mois, c'est la serveuse, Adèle. Une jeune femme à la jupe courte, la poitrine forte, au fessier imposant, au caractère maussade. Maussade, à l'image de cette ville terne. Manfred l'observe tous les jours depuis sa table, toujours la même. Manfred est célibataire, responsable de la banque de la ville, mais vit dans un deux-pièces tristoune. De temps en temps, il se rend Chez Simone, une sorte de maison close qui ne dit pas son nom, située hors de Saint-Louis. C'est bien pratique pour l'anonymat ! Un jour, Adèle ne se présente pas à son travail. Au bout de deux jours sans nouvelles, l'inspecteur Gorski est mis sur l'affaire de cette étrange disparition, dans cette ville où il ne s'est rien passé depuis des années. La précédente affaire remonte à plus de vingt ans. A cette époque, Gorski faisait ses débuts dans la police. L'étrange meurtre d'une jeune femme. Un SDF avait été inculpé du meurtre. Affaire close. C'est du moins ce qu'imagine tout le monde.



Après avoir minutieusement planté de le décor et les personnages, Graeme Macrae Burnet fouille le passé des personnages. Graeme Macrae Burnet ? Ah, j'oubliais ! : cet auteur écossais n'est que le traducteur du livre d'un certain Raymond Brunet qu'il nous présente en préface, dont le présent ouvrage aurait été un flop éditorial en 1982, avant d'être adopté par Chabrol en 1989. Il serait alors devenu un livre culte auprès des étudiants de l'époque. Raymond Brunet est mort : suicide. Macrae Burnet éclaircit tout de suite les choses pour ceux qui auraient l'imagination débordante, à propos du roman de Raymond Brunet : "Le restaurant de la Cloche et la ville de Saint-Louis sont exactement tels que décrits dans le livre (...) et certains personnages s'inspirent à l'évidence de personnes réelles. Les événements de l'intrigue, néanmoins, sont entièrement imaginées. (...) Dans la préface de son récit autobiographique Pedigree, Georges Simenon écrivait : "tout est vrai sans que rien ne soit exact". Une formule qui convient parfaitement à La disparition d'Adèle Bedeau."



Une préface qui a toute son importance. Georges Simenon, c'est bien l'ombre qui plane sur ce roman policier. C'est à lui que j'ai pensé quand j'ai rencontré les personnages, Des personnages qui ne sortent pas de l'ordinaire, des quidams que l'on peut croiser tous les jours. Des gens qui ne brillent pas au quotidien. Des gens qui s'ennuient.



Il y a une ambiance désuète mais c'est exactement ce qui fait le charme de ce roman policier. Un inspecteur médiocre, qui est entré dans la police en lisant des livres : "Il dépensait l'argent qu'il gagnait en romans policiers et en livres sur la criminologie et la psychologie. Il dévorait Simenon (...)." Rentrer dans la police était un moyen d'échapper à sa condition. De forcer le destin, comme on dit. La logique des choses aurait voulu qu'il reprenne la boutique de prêteur sur gages de ses parents. Le moyen de fuir Saint-Louis, bref de voir du pays, au moins jusqu'à Strasbourg ou Paris... Seulement, le réel est moins sûr que la fiction... Il s'était imaginé des choses...



L'imagination est comme une échappatoire pour les habitants de cette ville où il ne se passe rien et où tout le monde s'observe en chien de fusil. La moindre dérogation aux habitudes et tout le monde "se fait un film". Manfred, en particulier, qui n'est pas en reste avec l'inspecteur qui l'oblige à se plonger dans le passé.  Le regard déjà suspicieux des autres à son encontre va se renforcer. C'est bien connu : les gens n'aime pas les solitaires. Sa propension à se raconter des histoires le mènent au bord de la paranoïa, à dérailler. La fin de l'histoire est tragique et d'une ironie mordante.



Je me suis régalée avec ce roman policier, écrit par un Ecossais. Graeme Macrae Burnet joue avec le lecteur, dès le début, par la mise en abyme induite par la préface. Elle scelle un pacte de lecture où, finalement, le mystère dépasse l'intrigue de l'histoire et nous touche dans notre réalité de lecteur. Cela m'a beaucoup amusée. Un hommage original à Simenon et Chabrol.



Une histoire qui vous tient en haleine, deux personnages qui ne sont pas aussi lisses qu'on l'imagine, mais humains, avec un jardin secret plutôt compliqué. L'auteur prend le temps de planter le décor, où chaque détail compte, avant de plonger le lecteur dans le passé et l'histoire personnelle de Manfred et Gorski. Jusqu'à la faille qui a fait basculer leur vie. La fin est un choc.



Graeme Macrae Burnet est un conteur d'histoires virtuose.



Ce roman policier est en lice pour le Grand Prix des Lectrices de Elle 2019.



C'est un autre coup de coeur de la rentrée littéraire, d'un auteur dont on entendra sûrement encore parler et qui mérite d'être davantage connu. Un autre de ses romans sort en poche chez 10/18 en octobre, une histoire glaçante qui se passe dans les highlands d'Ecosse au XIXe siècle : L'accusé du Ross-Shire . Je vais me jeter dessus !
Lien : http://milleetunelecturesdem..
Commenter  J’apprécie          80
L'Accusé du Ross-Shire

Alors qu'il fait des recherches sur ces ancêtres écossais, Graeme Macrae Burnet découvre des archives relatives à un de ces ancêtres.

En 1869, à Culduie, un village isolé des Highlands, Roderick Macrae, âgé de 17 ans est arrêté pour avoir commis un triple homicide.

Dans un document, où il a consigné les faits, alors qu'il se trouvait emprisonné en attente de son procès, Roderick relate la vie quotidienne difficile de sa famille, la dureté de son père, le harcèlement que la famille a dû subir de la part de la principale victime, M.Mackenzie, surnommé Lachlan le Large, et surtout le jour où il a commis ses meurtres.

Avait-il perdu momentanément la raison ?

Avait-il prémédité ses meurtres ?

L'auteur pour nous aider à nous faire notre propre opinion, et reconstituer le puzzle des événements, nous transmet en direct toutes les pièces du procès : témoignages, articles de journaux, rapports médicaux, et surtout récit de Roderick...

Alors... innocent ou coupable ?

A vous de trancher, mais ne croyez pas vous en tirer à si bon compte, je vous promets que ce ne sera pas si facile...



Ce livre, présenté comme un thriller par l'éditeur, n'en est pas un pour moi.

C'est en fait un roman social et historique qui nous montre comment était appliquée la justice au temps de la peine de mort, et lorsque les maladies mentales étaient peu connues.

Il invite le lecteur à s'interroger sur un système judiciaire d'un autre temps, mais aussi sur la difficulté pour des êtres socialement brimés, de ne pas avoir recours à la violence, quand ils ont besoin de se faire entendre.

Un sujet encore malheureusement trop souvent d'actualité.

La couverture est très attirante et le sous-titre "Documents relatifs à l'affaire Roderick Macrae" laisse entendre qu'il s'agit d'une histoire vraie...

En fait, il n'en est rien, c'est bien un roman et l'auteur s'amuse avec ses lecteurs, en nous faisant naviguer entre réalité et fiction, et en nous faisant douter.

Tout n'est que prétexte à nous laisser croire qu'il va nous parler d'un simple fait divers, dont il aurait juste modifié certains éléments pour les rendre davantage compréhensibles. Le meurtre, les documents, les témoignages et le déroulement du procès, sont pure fiction, bien qu'ancrés dans la réalité d'une époque historique bien réelle.

Dès le départ, le lecteur sait que Roderick est en prison, et qu'il écrit son propre récit des faits, à la demande de son avocat, Andrew Sinclair. Le jeune homme s'exprime bien et avec intelligence.

L'auteur alterne le passé et les extraits du récit de Roderick avec les moments que celui-ci partage dans sa cellule avec ses visiteurs, son avocat et les médecins venus l'observer.

Le lecteur découvre les terribles conditions de vie des paysans des Highlands. Quand on est allé dans cette région d'Ecosse et que l'on connaît la beauté et l'âpreté des paysages sauvages, on imagine sans problèmes à quel point la vie des paysans devait y être difficile au XIXe siècle.

Ils vivaient à l'époque dans des conditions féodales, obligés de travailler durement, recevant des pénalités en cas de problème, ne pouvant prélever sur la nature que ce qu'ils étaient autorisés à prélever.

La violence régnait partout, les jeunes filles étaient fréquemment victimes de viol et les hommes étaient humiliés ouvertement de manière totalement inhumaines.

Le village constituait une petite communauté souvent sécurisante où tout le monde se connaissait, s'entraidait, se tolérait ou se détestait, la pauvreté exacerbant les jalousies et les rancœurs...

Alors bien sûr, quand le lecteur découvre la vie de ce jeune homme cultivé et intelligent, mais naïf, et prend connaissance des malheurs qui se sont abattus sur sa famille dès la mort de la mère, il ne peut s'empêcher de penser qu'aujourd'hui le système judiciaire saurait lui trouver quelques circonstances atténuantes.

Il s'interroge et recherche aussi quelle autre solution avait Roderick à part la violence, pour se défendre... La victime harcelait la famille, faisant tout pour aggraver leur pauvreté en leur collant des amendes pour des actes qui avaient toujours été considérés dans le passé comme naturels.

Tout dans ce roman que j'ai lu avec plaisir, est très réaliste et très bien documenté. On reste assez consterné devant les analyses psychologiques et les déductions faites par les médecins de l'époque pour prouver que Roderick était en pleine possession de ses moyens au moment des meurtres. La criminologie en était à ses débuts et les analyses psychiatriques à leurs balbutiements...

Les temps ont fort heureusement bien changé ce qui n'excuse en rien la violence des meurtres, mais permet, j'ose le croire, de mieux les comprendre et peut-être d'en prévenir certains.

A lire, si vous aimez ce mélange de social et d'histoire sur fond de crime...

A noter : ce roman a été finaliste du Booker Price en 2016.
Lien : http://www.bulledemanou.com/..
Commenter  J’apprécie          80
L'Accusé du Ross-Shire

Une superbe découverte que cet auteur écossais inclassable, pétri d'humour et de générosité, que j'ai eu le privilège de rencontrer lors d'une présentation de son livre "L'accusé du Ross Shire" organisé par BABELIO en partenariat avec les Editions SONATINE.

Si le thème choisi, un triple assassinat commis par un jeune homme sans histoires, évoque incontestablement le célèbre Pierre Rivière dont les mémoires, présentées par le philosophe Michel Foucault, ont fait grand bruit lors de leur parution, interrogeant le lecteur sur la responsabilité pénale et les liens entre crime et folie, le livre de Graeme Macrae Burnet se dégage grandement de cette source d'inspiration. En premier lieu par son style d'une élégance rare, restitué impeccablement par sa traductrice, la talentueuse Julie Sibony, mais aussi par son humour latent qui transparait dans certains passages de ce beau texte et surtout par la richesse de son contexte géographique et historique, fruit de l'expérience personnelle de l'auteur qui a passé une partie de son enfance dans les Highlands et de ses recherches approfondies sur la vie en Ecosse au 19ème siècle.

L'histoire de Roderick MacRae ce triple meurtrier vivant au 19ème siècles dans un paisible village campagnard, est racontée à travers une série de documents, présentés par l'auteur comme textes d'archives (Ah, le malicieux Graeme qui a failli nous faire croire que tout était vrai !), les articles de presse, les témoignages recueillis par la police, les minutes du procès avec le très savoureux mémoire du médecin psychiatre Thomson qui éclaire sur les précédents du célèbre rapport médico-psychiatrique sur lequel les Cours d'Assises actuelles se penchent attentivement avant la prise de décision, mais aussi et surtout le compte rendu exhaustif que livre l'accusé lui-même dans un long mémoire éclairant le lecteur sur les faits qui l'ont conduit à l'acte meurtrier.

Cette "confession" a le mérite de présenter avec talent la vie quotidienne de cette petite communauté villageoise qui tente de vivre au mieux malgré les exactions des puissants dans une socièté foncièrement inégalitaire où les droits des individus peuvent être bafoués impunément. Si certains passages évoquent Dickens et Wilkie Collins, on est quand même bien loin des bas fonds de la capitale et l'Ecosse reste un personnage à part entière de ce roman hors normes qui emporte son lecteur dans un sillage étourdissant.

Graeme Macrae Burnet a réussi le tour de force de laisser planer le doute sur les motivations profonds de Roderick et à la fin du livre, on éprouve une envie irrésistible de revenir en arrière pour tenter de décrypter la vérité : est-ce qu'il ne nous aurait pas été caché l'essentiel ? Les éléments du dossier sont-ils tronqués ? Pourquoi cet acharnement sur les victimes ?

Chacun pourra se faire sa propre idée et c'est la richesse inépuisable de la littérature que de conduire le lecteur à continuer à s'interroger une fois le livre refermé.

C'est peu dire que je recommande cette lecture , je peux affirmer qu'il s'agit d'un grand livre à surtout ne pas rater dans cette rentrée littéraire où quelquefois la fadeur des textes est loin de justifier les projecteurs braqués sur eux.

Commenter  J’apprécie          83
La disparition d'Adèle Bedeau

Sur les traces de Simenon…

Cela commence de la façon la plus banale : un café-restaurant pas très reluisant, La cloche, dans une ville d’Alsace sans grand intérêt. Le patron lit le journal au comptoir, trois habitués boivent un verre, Manfred Baumann termine le sien pendant que Adèle, la serveuse, nettoie les tables. Pas spécialement jolie, elle dégage toutefois un certain magnétisme, peut-être « accentué par la morosité du décor ». Le jeudi, Baumann rejoint les trois habitués pour une partie de cartes. Une ambiance et des personnages très proches de Ceux du Grand Café, une des nouvelles les plus accomplies et les plus sombres de Simenon.

Le roman tourne autour de Manfred Baumann, personnage solitaire, falot et inhibé. Directeur d’un petite agence bancaire, méthodique à en être obsessionnel, Baumann semble étranger à tout, n’être que le simple spectateur d’événements qui semblent n’avoir aucune prise sur lui. Sans amis véritables, sans vie de famille ni relation féminine, si ce n’est une visite hebdomadaire et anonyme dans un bordel de Strasbourg, son existence rappelle celle du personnage d’un autre livre de Simenon, Les fiançailles de monsieur Hire. Et tout comme Hire, Baumann va voir sa vie basculer à la suite d’un évènement anodin – ici, la disparition d’Adèle un soir après son service – que son imagination va progressivement amplifier.

L’autre protagoniste est l’inspecteur Gorski, pas très bien dans sa vie professionnelle depuis que, jeune policier, il a échoué à découvrir le coupable du meurtre d’une jeune fille, pas très bien dans sa vie familiale non plus. Ses face à face avec Baumann ne font guère avancer l’enquête mais ramènent les deux protagonistes à des événements de leur jeunesse. Responsable sans être vraiment coupable, rattrapé par un passé enfoui au plus profond de lui, Baumann va lentement s’enfermer dans une culpabilité inventée touchant au délire qu’il ne parviendra pas à mettre à distance, la considérant même finalement comme tout à fait rationnelle et acceptable.

Les deux personnages traînent chacun une douleur cachée : en porte-à faux l’un et l’autre par rapport à leur milieu d’origine - Gorski, fils d’un préteur sur gages, a épousé la fille d’un notable qui se rêve en arbitre des élégances locales ; Baumann est le fils d’un propre à rien selon son grand-père maternel avocat – ils sont en proie à une grande solitude sentimentale et peinent à communiquer avec une femme, que ce soit son épouse pour Gorski ou une nouvelle voisine pour Baumann. Tous deux en sont réduits à chercher un peu d’oubli dans des bars anonymes, ce qui va alimenter le délire de Baumann qui en vient à être encore plus sous son propre regard extérieur et à s’observer comme pourrait le faire Gorski : « Manfred eut soudain l’impression qu’il n’était pas dans sa chambre mais qu’il la regardait de l’extérieur, comme un détective fouillant les photos d’une scène de crime. » Vite obsédé par l’idée d’être suivi et surveillé en permanence, la seule possibilité pour lui de se libérer va mener Baumann à une tentative de fuite désespérée et vaine, comme s’il ne savait pas que l’on s’emmène partout où l’on va. Envisager une autre vie, en rêver peut-être, errer dans les gares dans l’attente d’un train qui pourrait vous emmener loin, une attitude qui le rapproche encore de certains « héros » de Simenon.

Récit mettant en scène deux personnages plombés par leur passé, chacun acceptant finalement à sa manière sa médiocrité et sa situation – Gorski est « secrètement convaincu d’être au niveau qu’il méritait », Baumann se sent libéré quand il réalise que dans un bar, il n’est personne – La disparition d’Adèle Bedeau est un roman très noir, écrit dans une langue superbe (la traduction française de Julie Sibony me paraît même mieux « coller » à l’atmosphère que l’anglais original) au service de descriptions minutieuses. En plus des thèmes de la solitude, du milieu social et de l’envie d’ailleurs et d’autre chose, l’ambiance provinciale et son environnement étouffant, les relations familiales biaisées, la tyrannie des médiocres, la fatalité – comment devient-on un criminel ? – rappellent inévitablement Simenon, autant celui des romans durs que des Maigret. Tout comme dans Ceux du Grand Café, le roman de Graeme Macrae Burnet ne propose pas une grande enquête mais reste un texte fort sur l'ennui que l'on ressent dans les petites villes, celui de la routine quotidienne pour les habitués de la partie de manille ou celui du manque de réussite et de considération pour un policer au bout du rouleau. Un ennui qui amène les individus à rêver un peu trop fort et à prendre des décisions d'autant plus tragiques qu'elles sont dérisoires. Tout autant qu’un roman policier, La disparition d’Adèle Bedeau est un livre splendide sur le destin.

Citations © Sonatine, 2018


Lien : http://www.polarsurbains.com..
Commenter  J’apprécie          70
La disparition d'Adèle Bedeau

Brillant mais on ne le comprend vraiment qu’à la fin.

Commençons donc par le roman et nous reviendrons à la préface ultérieurement.

C’est l’histoire de la disparition d’une serveuse de restaurant, Adèle, dans la petite ville alsacienne de St Louis et du face à face de Manfred Baumann, directeur de la petite agence bancaire de la ville et Gorsky, le directeur de la police.

Manfred Baumann est un asocial qui a peur des femmes, du regard des autres, qui ne sait pas établir des relations normales avec ses congénères, même pas avec ses grands parents qui l’ont hébergé après la mort de ses parents. Tout changement l’angoisse alors il a établi des rituels dont il ne déroge pas : déjeuner tous les midis au restaurant de La Cloche, vin au verre, menu du jour, partie de cartes le jeudi soir. Et puis tout dérape, le jour où Adèle met une mini-jupe.

Gorsky, le policier hanté par une affaire de crime non élucidé à St Louis il y a vingt ans, a lui aussi des relations difficiles avec autrui : ses subordonnés à qui il n’ose rien dire, sa femme qui le rabaisse. Lui aussi a des rites comme boire un verre ou plusieurs à la fin du travail au bar Le Pot avant de rentrer chez lui, se retrouver régulièrement sur les lieux du crime non élucidé.

Le rythme est lent mais permet d’installer une atmosphère lourde, pesante, dans une petite ville de province qui sue l’ennui, où chacun épie son voisin, où celui qui n’est pas comme les autres est le coupable idéal.

On a la sensation, recherchée par l’auteur, d’être dans un roman de George Simenon dans lequel la résolution d’un meurtre n’est que prétexte à camper des personnages et une ambiance. Pas d’hémoglobine, pas de « gore » mais une sourde angoisse qui s’installe car ces gens sont tellement ordinaires qu’ils pourraient être nos voisins.

On a également la sensation d’être dans un film de Chabrol avec l’inspecteur Lavardin et sa peinture d’une petite bourgeoisie étriquée qui cache bien ses secrets, ses mesquineries.

Retournons maintenant à la préface qu’il faut relire, une fois le livre terminé pour prendre conscience de l’art de l’auteur : il prétend que ce roman a été écrit en 1982 par Raymond Brunet (bel anagramme !), et il pousse le détail jusqu’à minimiser son rôle en signalant au lecteur que ce roman n’est qu’une nouvelle édition préparée par lui-même et sa traductrice. Il prétend que le roman aurait été mis en scène par Claude Chabrol en 1989 ; une citation attribuée à George Simenon clôt cette préface : « tout est vrai sans que rien ne soit exact ». Le soi-disant auteur, Raymond Brunet, est un presqu’un double du personnage de Manfred Baumann et ils auront la même fin dramatique. Tout le roman est déjà dans la préface et ses références mais on ne le sait pas lorsqu’on commence le livre, cette préface a plutôt tendance à nous désorienter, ce qui est un état psychologique favorable pour lire ce policier atypique.

Je reste cependant frustrée par la disparition d’Adèle pour laquelle aucune explication ne sera donnée même si j’ai été happée par cette histoire et ses personnages baignant dans une atmosphère inquiétante de normalité provinciale.





Commenter  J’apprécie          70
La disparition d'Adèle Bedeau

C'est une histoire à la fois intemporelle et hors du temps, à la fois "so kistch" et "so modern". On entre dans un petit village d'Alsace où tout le monde se connaît, s'épie... Au fil des pages, on est amené à entrer dans la tête des personnages. Dans la tête de Gorski un flic raté, qu'une vieille enquête a marquée à jamais, piètre mari et qui tente de faire son job. Dans la tête de Manfred, un type quelconque, timide maladif, élevé par ses grand-parents, on comprend alors son passé, ce qui le hante, on voit les changements qui s'opèrent en lui. Entre lui et le flic, un jeu du chat et de la souris se met en place mais qui gagnera? Dommage j'ai trouvé que la première partie était trop longue...



Ma page Facebook Au chapitre d'Elodie
Lien : http://auchapitre.canalblog...
Commenter  J’apprécie          70
Une patiente

Si le lecteur s’attend à un thriller haletant avec des twist à chaque seconde page, qu’il passe son chemin. Les éditions Sonatine publient souvent ce type de thrillers et c’est la raison pour laquelle je voulais prévenir les lecteurs que ce livre fait exception à la règle. En revanche, si vous êtes intéressé-e par tout ce qui touche à la psychanalyse et aux faux-semblants, vous serez conquis par cette histoire se déroulant à Londres au cours des swinging sixties, une époque marquant la fin de la vieille Albion et annonçant l’ère moderne et progressiste du Royaume Uni, avec l’avènement de la culture pop, l’émancipation de la femme, mais aussi la profusion de psychiatres et pseudo-psychiatres, à l’instar de ce que connaissaient les américains depuis quelques décennies déjà. C’est dans ce contexte que nous retrouvons Graeme Macrae Burnet, l’auteur écossais qui nous a enchanté avec ses polars à la Simenon, son style bien particulier et sortant des sentiers battus, qui nous dresse le portrait de deux personnages hauts en couleur, le psychiatre Braithwaite et sa patiente Rebecca. Je vous laisse le soin de découvrir ces deux personnages centraux et leur histoire. Comme d’habitude Burnet mélange avec brio réalité et fiction. A mon humble avis, il y parvient encore mieux que dans ses livres précédents, brouillant les pistes, faisant effacer la ligne entre le vrai et la faux. Une véritable réussite.
Commenter  J’apprécie          61
Une patiente

Dans le Londres des années 60, Veronica, jeune femme à l’avenir radieux, se suicide en se jetant d’un pont. Pour ses proches, cette perte est aussi choquante, qu’incompréhensible ; aussi, lorsque sa sœur cadette fait le lien entre un cas d’étude dans le livre d’un psychothérapeute en vogue et Veronica, celle-ci se persuade que ce mystérieux Collins Braithwaite n’est pas innocent dans le décès de sa sœur. Prête à tout pour comprendre ce qui a poussé sa sœur à en finir, elle décide de prendre rendez-vous auprès du thérapeute sous une fausse identité : Rebecca Smyth est née.



On pourrait croire que l’histoire s’arrête là. Seulement voilà, les apparences sont trompeuses chez l’auteur écossais et un récit en cache souvent un autre. Ainsi, dès les premières pages, Graeme Macrae Burnet se joue de son lecteur et l’engage à démêler le vrai du faux… à moi que le faux ne soit que du vrai. Ou inversement. Parce que, finalement, une vérité n’existe-t-elle pas que si, et seulement si, une conscience la perçoit comme telle ?



Au fil des pages, ce sont différentes vies qui vont se croiser.



Celle de Rebecca Smyth, d’abord, dont le lecteur ne connaitra jamais que cette fausse identité. Comme si elle était invisible, irréelle… pourtant, sans identité réelle, existe-t-on vraiment ?



Celle de Veronica, pour qui la réalité était trop difficile à supporter et qui a préféré en finir.



Celle d’Arthur Collins Braithwaite, ensuite. Ce thérapeute au sommet de sa gloire dans les années 60 et tombé dans l’oubli le plus total depuis… Pourtant, s’il ne reste aucune trace de notre passage sur terre, aucune conscience ne nous perçoit. Et si tel est le cas, pouvons-nous réellement dire qu’il a existé ?



Et puis, l’histoire par laquelle tout est arrivé, celle de Graeme Macrae Burnett, qui s’est vu confier d’étranges carnets rédigés par la lointaine cousine d’un certain M. Grey. Une cousine qui, voulant comprendre le geste de sa sœur, s’est inventé une identité pour rencontrer le thérapeute de cette dernière.



Quatre vies pour un récit ou quatre histoires pour une fiction ? En ouvrant ce livre, ce sera à vous de choisir. Car, comme le dit si bien Jacques Lacan, contemporain de notre cher Braithwaite : « Je dis toujours la vérité : pas toute, parce que toute la dire, on n’y arrive pas… les mots y manquent… c’est même par cet impossible que la vérité tient au réel. »



Alors, fiction ou réalité ? Va savoir…
Commenter  J’apprécie          60
Une patiente

Un livre que j'ai saisi par hasard, mais j'avoue qu'entre la photo de couverture (cet oeil ouvert et ces longs cils qui m'ont fait bizarrement penser à une certaine scène d'Orange Mécanique) et l'éditeur Sonatine, je me suis retrouvée comme le chien de chasse qui repère une proie. Je ne l'ai pas regretté.

4 histoires se mêlent ici :

- celle de l'écrivain, Graeme Macrae Burnet (rigolo non, il a un nom en trois parties comme le psychanalyste ...) auquel on va adresser des cahiers, car il s'est intéressé au très étrange, sulfureux et charismatique Arthur Collins Braithwaite, psychanalyste partisan d'une nouvelle thérapie, d'une nouvelle façon d'aborder celui qui s'interroge sur lui-même.

- celle d'une jeune femme pleine d'avenir (études prestigieuses à Cambridge, esprit vif, petit copain délicieux), Veronica, 23 ans, suicidée. Je l'ai tout de suite vue Veronica, comme l'actrice Veronica Lake, glamour, blonde, la mèche en zig-zag impossible à reproduire sans 3 heures de brushing.

- celle de sa soeur, la surprenante et complexe "Rebecca Smyth" (ce prénom Rebecca ne semble pas un hasard car dans le roman éponyme de Du Maurier, elle occupe tout le livre par sa mort, sa beauté, son charme et sa dangerosité), dont je n'ai pas trouvé le prénom dans le roman. Elle est un puzzle dans un labyrinthe. Elle semble être inexistante, mais elle est là, elle observe. Elle voit mourir sa mère lors d'une promenade sur les falaises, elle dérobe des petites choses dans les grands magasins, elle exerce un métier de secrétaire auprès d'un agent de spectacle (M. Brownlee) totalement ringards, elle a une perception du monde et d'elle-même, déformé. Elle n'arrive pas à communiquer avec son père, qui s'entendait si bien avec Veronica.

- celle d'Arthur Collins Braithwaite, l'enfant, le jeune homme, son milieu social (entreprise familiale construite par papa, réussite sociale certes, mais pas intellectuelle), ses études à Oxford, son séjour en France. Collins Braithwaite était aussi écrivain et Veronica y apparaît dans un de ses écrits, sous le pseudonyme transparent de Dorothy et sa soeur est persuadée que le psychanalyste est responsable du suicide de cette dernière.

Ce drôle de roman, intriguant au possible, nous entraîne dans une spirale : celle du temps, celle de l'individu. Veronica n'est qu'un prétexte, la patiente est Rebecca Smyth, une patiente qui ne sait plus bien qui elle est ou même si elle a jamais été quelqu'un pour ses parents, sa soeur ou elle même. Gabriel Garcia Marquez disait : "Nous avons 3 vies : une vie publique, une vie privée et une vie secrète". Qu'est ce qui se passe quand deux imposteurs se rencontrent, même et surtout si ils sont intelligents ? Un roman à découvrir vraiment
Commenter  J’apprécie          60
L'accident de l'A35

Les lecteurs qui ont découvert Graeme Macrae Burnet à l'occasion de la sortie de son magnifique roman "l'accusé du Ross-Shire" ne peuvent qu'être interloqués (voire même franchement déçus) par ce roman policier d'un genre particulier, flirtant avec la veine de Chabrol et la patte de Simenon, c'est à dire très noir mais sans la profondeur psychologique du premier et sans l'intrigue alambiquée chère au second.

A aucun moment je n'ai connu ce petit frisson qui prouve que le lecteur rentre dans l'histoire et je n'ai réussi à terminer le roman qu'à grand peine (Moralité : ne JAMAIS partir en week-end avec un seul livre dans son sac !).

Lors d'un accident de la route, un notaire de province perd la vie débarrassant ainsi de sa personne une épouse peu aimante et un fils indifférent. Gorski le flic désabusé, plaqué par sa femme, décide de mener l'enquête car il soupçonne un meurtre. En effet la victime mentait à son épouse , dissimulant son emploi du temps passé en soirées coquines ....Le fils Raymond qui pourtant était loin de porter son père dans son coeur, va chercher de son côté à dévoiler ses secrets...

Comme tout ceci tombe à plat et manque vraiment d'intérêt ! Aucun des personnages n'a retenu mon attention ou n'a suscité ma sympathie. Le groupe des jeunes gens est particulièrement insipide et Lambert le flic ripoux, trop caricatural pour "faire vrai".

Et si finalement le maladroit Gorski parvient à coincer un "vrai "coupable,c'est vraiment par hasard !

Quand je pense que les Editions 10/18 ont placé ce livre dans la catégorie "conquis ou remboursé ", je m'en suis vraiment voulu d'avoir jeté sottement le ticket de caisse !

Une intense déception qui tient peut-être à ma profonde admiration du précédent roman du même auteur !

Commenter  J’apprécie          60
L'accident de l'A35

Un petit bled brumeux perdu entre trois pays, un banal accident, un mort. Sauf que la veuve est étrangement détachée, le fils une tête à claque de première et l’inspecteur très antipathique. Il décide d’enquêter, alors que la mort n’est pas vraiment suspecte à la base. Et c’est parti pour une tranche de nostalgie entre deux eaux, un peu vinaigrée, pas plus acide que ça en réalité, la laideur de la petitesse, qu’elle soit humaine, sociale ou environnementale. Quelques petits tours de passe-passe sans conviction, un soi-disant manuscrit perdu (« le » truc qu’on n’a plus le droit d’écrire ! Y en a marre de chez marre de ça !), une période indéterminée mais très datée, une fausse-piste, une eau de boudin, un pseudo hommage à Simenon, bref, au secours. Un grand non en ce qui me concerne.



Lu dans le cadre d'une opération Masse Critique de Babelio.
Commenter  J’apprécie          60
L'accident de l'A35

Comme pour La Disparition D’Adèle Bedeau, Graeme Macrae Burnet s’amuse à inventer de toutes pièces une genèse factice à son roman. Genèse restant dans la continuité de la précédente avec Raymond Brunet comme auteur et Gaspard-Moreau comme éditeur. Il s’offre même le luxe d’une postface rapprochant l’auteur, Raymond Brunet, du personnage de Raymond Barthelme, le fils de la victime. On finirait presque par y croire !



La pseudo enquête de Gorski est surtout prétexte pour l’auteur de brosser des portraits psychologiques des plus convaincants de ses personnages, et de nous décrire le quotidien d’une petite ville de province où tout le monde, ou presque, se connaît et se « surveille ». À défaut d’une intrigue boostée à l’adrénaline, le récit s’attache à l’humain, chacun ayant ses forces et ses faiblesses.



Au cours de ses investigations Gorski va être amené à côtoyer Lambert, un inspecteur de Strasbourg qui enquête sur le meurtre d’une jeune femme. Le contraste entre les deux personnages est saisissant, d’un côté Gorski tout en réserve et de l’autre Lambert qui serait plutôt tout en exubérance. Les méthodes et la conscience professionnelle aussi séparent nos deux flics.



Mais Gorski n’est pas le seul à mener l’enquête, Raymond Barthelme va lui aussi essayer de percer les secrets de son père. Pas tant pour lui rendre justice que pour échapper à un quotidien qui l’étouffe et donner un peu de piment à sa vie. Au final il perdra surtout le sens des réalités et se comportera souvent comme un sinistre con !



Une fois de plus l’auteur ne nous livre aucun indice permettant de situer son intrigue, on peut toutefois déduire de certains éléments du récit qu’elle pourrait se dérouler dans les années 80. De fait il s’en dégage une ambiance rétro et kitsch fort sympathique.



Même si ‘ai trouvé la fin un peu abrupte je dois reconnaître que je n’avais pas vu venir l’ultime (pour ne pas dire la seule) révélation. Malgré tout l’écriture de Graeme Macrae Burnet et son sens de la mise en scène font de cette lecture un agréable moment ; du coup même en l’absence d’action et de réel suspense on n’est jamais pris de bâillements d’ennui. L’intérêt est ailleurs et l’auteur sait tirer les meilleurs atouts de son jeu.



Un troisième opus devrait venir clore cette trilogie écossaise consacrée à Saint-Louis (Alsace) et à l’inspecteur Gorski. Mais pour l’heure Graeme Macrae Burnet planche sur un autre roman, donc les fans de Gorski vont devoir prendre leur mal en patience…
Lien : https://amnezik666.wordpress..
Commenter  J’apprécie          60
L'accident de l'A35

“L’accident de l’A35” est le troisième roman de l’ Ecossais Graeme Macrae Burnet et la deuxième enquête de Georges Gorski, flic alsacien, après “La disparition d’ Adèle Bedeau”. Sonatine avait choisi d’introduire l’auteur en France en 2017 avec le polar historique de très haute tenue “L’accusé du Ross-shire” mais cette série avec Gorski est très recommandable et provoque bien une attente de suite.



L’intrigue n’est pas extraordinaire et pourtant il y a du suspense.

Le roman raconte l’investigation de Gorski et celle de Raymond, le fils ado du défunt.



...
Commenter  J’apprécie          60
La disparition d'Adèle Bedeau

Tout est faux dans cet excellent roman , même ma classification. Non ce n’est pas tout à fait un roman policier, non Saint-Louis dans le Haut Rhin n’est pas la ville de province sinistre que le personnage Manfred Baumann se plaît à nous décrire, non, la préface que j’ai lue -sans rien trop la comprendre au début- ne dit pas la vérité sur l’auteur sauf sans doute cette citation de Georges Simenon dont je n’ai pas eu le temps de vérifier l’authenticité



tout est vrai sans que rien ne soit exact.



Je ne peux tout vous dire sur ce roman incroyablement bien ficelé sauf qu’on y boit beaucoup -et pas que de l’eau-, qu’il décrit avec beaucoup de talent les ambiances des habitués dans les bars restaurants de province et que vous connaîtrez petit à petit Manfred Baumann, cet homme torturé et enfermé dans des habitudes qui lui servent de règles de vie. Le coiffeur et d’autres habitués fréquentent régulièrement le café restaurant « La cloche » ici tout le monde connaît, Baumann comme directeur de l’agence bancaire sans rien savoir de lui.

Le policier l’inspecteur Gorski, a un point commun avec Manfred Bauman, mais comme ce point n’est dévoilé qu’à la fin, je ne peux pas vous en parler sans divulgâcher l’intrigue. Les deux personnages n’ont rien de remarquables sinon qu’ils sont tous les deux issus de cette petite ville et qu’ils ont peu d’illusion sur l’humanité. Le policier a plus de cartes dans sa manche et surtout une fille Clémence qui lui donne le sourire, pour sa femme, qui appartient au milieu chic de Saint-Louis c’est plus compliqué et ce n’est pas certain que son mariage tienne très longtemps. Manfred, lui aussi, vient des quartiers chics mais il a été orphelin très jeune et a été élevé par un grand père qui ne l’aimait guère. Les femmes sont un gros problème pour lui, et il est heureux dans son café en « reluquant » le décolleté d’Adèle Bedeau, celle qui disparaît . Il s’enfonce dans un mensonge qui fera de lui un coupable possible et les bonnes langues du café ne vont pas tarder à se délier. C’est un roman d’ambiance où chaque personnage est décrit dans toute sa complexité, où la vie de cette petite ville nous devient familière, mais dans ce qu’elle a de sombre et d’ennuyeux, c’est sans doute ce qu’on peut reprocher au roman, je suis certaine que l’on peut être joyeux et insouciant à Saint Louis dans le Haut Rhin. Pour conclure c’est un livre que je recommande chaudement (malgré l’ennui qu’a ressenti Gambadou) à tous les amateurs de romans policiers, et à tous ceux qui n’apprécient pas ce genre ; je ne suis donc pas étonnée qu’il ait reçu un coup de cœur à notre club de lecture.
Lien : http://luocine.fr/?p=10426
Commenter  J’apprécie          61
La disparition d'Adèle Bedeau

RÉSUMÉ: "L’évidence n’est pas toujours la vérité.

Manfred Baumann est un solitaire. Timide, inadapté, secret, il passe ses soirées à boire seul, en observant Adèle Bedeau, la jolie serveuse du bar de cette petite ville alsacienne très ordinaire.

Georges Gorski est un policier qui se confond avec la grisaille de la ville. S’il a eu de l’ambition, celle-ci s’est envolée il y a bien longtemps. Peut-être le jour où il a échoué à résoudre une de ses toutes premières enquêtes criminelles, qui depuis ne cesse de l’obséder.

Lorsque Adèle disparaît, Baumann devient le principal suspect de Gorski. Un étrange jeu se met alors en place entre les deux hommes."



MON AVIS: J'avoue avoir été bluffé par la construction pour le moins originale de ce roman. Dès la préface Graeme Macrae Burnet nous donne à voir un semblant de vérité dont nous ne comprendrons la portée qu'à la toute fin de l'histoire.

Bizarrement, malgré la banalité des personnages et des lieux, et sans qu'il y ait une quelconque montée d'adrénaline dû à quelques meurtres sanglants ou psychopathes retords , je me suis vu totalement absorbée, voire engluée dans cette morosité ambiante et j'ai tournée les pages quasiment sans interruption.

Mais qui a-t-il donc dans cette disparition d'Adèle Bedeau qui m'a ferré à ce point? Honnêtement, je n'ai pas d'explication, c'est un mystère.

Et c'est là qu'est tout le talent de Graeme Macrae Burnet, vous captivez avec une intrigue qui à priori ne présente pas grand intérêt. Sacrément doué le bonhomme !



Livre lu grâce à mon club de lecture Babelio/Vannes
Commenter  J’apprécie          60




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Graeme Macrae Burnet (468)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz sur des classiques connus

Victor Hugo:

Atlantide
Notre-Dame de Paris
La mer rouge

20 questions
12792 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *}