AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
EAN : 9782355846397
432 pages
Sonatine (12/10/2017)
3.7/5   110 notes
Résumé :
Un piège littéraire dans les Highlands du XIXe siècle

Finaliste du Booker Prize 2016, un formidable puzzle romanesque aussi divertissant qu'intelligent.
Alors qu'il fait des recherches généalogiques sur ses ancêtres écossais, Graeme Macrae Burnet découvre des archives relatives à une étrange affaire. En 1869, Roderick Macrae, dix-sept ans, a été arrêté après un triple assassinat dans un village isolé des Highlands. Dans un document écrit, le je... >Voir plus
Que lire après L'Accusé du Ross-ShireVoir plus
Critiques, Analyses et Avis (61) Voir plus Ajouter une critique
3,7

sur 110 notes
Tout à la fois thriller, documentaire, confession, récit historique arrangé ou non, ce livre hors-norme échappe à toutes les règles et à toutes les catégories.
Nous sommes en 1869, dans un village reculé et miséreux d'Écosse. le jeune Roderick Macrae raconte d'une voix monocorde sa courte existence, et les événements qui l'ont amené à commettre un triple meurtre d'une rare violence. C'est un récit venu du fond des âges qui dépeint la vie de nos aïeux, celle de paysans laborieux pétris de religion et de superstitions. Des hommes qui vivent selon des rites immuables et dont l'horizon s'arrête au bout de leur village ou de leurs champs.
Roderick n'est pas comme les autres garçons de son âge. Beaucoup plus intelligent, émotif, réservé que ses pareils, il est un poisson qui nage à contre-courant. Il ressent avec beaucoup plus d'acuité son profond dénuement, l'insignifiance de son existence et l'extrême violence de son monde profondément injuste. Un pasteur ignoble qui ne songe qu'à l'expiation, au rachat des péchés ; un père idiot, bêtement bigot, qui ne se complait que dans la souffrance ; des nobles ou des riches – la différence de classe avait une signification à cette époque − méprisants et arrogants ; des fricoteurs enfin, d'infâmes profitards qui réussiront à anéantir sa famille. C'est tout cela que Roderick a cherché à tuer, en même temps que son impossibilité de s'extraire de cette misérable existence, comme s'il était retenu par la glèbe collante des champs.
Un récit désespéré où Roderick, dans son petit village comme face à ses juges, ne cessera jamais d'être considéré comme un sous-homme. Un récit d'une noirceur sidérale d'où émergent quelques moments de bonheur qui viendront illuminer sa vie : la démarche d'une belle fille qui « donnait l'impression qu'elle chantait une chanson », quelques pintes de bière bues dans un cabaret, cet oisillon qu'il essaiera de sauver, un homme qui l'écoute et lui fait confiance, ses petits secrets avec sa maman partie bien trop tôt, et la frangine tant aimée qui le retient par les épaules…

Commenter  J’apprécie          961
Chaque année, "Vrij Nederland" (Pays-Bas libres), un mensuel d'opinion, publie son "Guide de suspense". Une publication que tous les amateurs de thrillers en Hollande et en Flandre attendent avec impatience, car c'est quasi une référence en or des nouvelles apparitions dans ce domaine spécifique : un comité d'auteurs et de critiques professionnels du genre analysent pendant tout un an tout ce qui paraît, selon des critères archi rigoureux avec un système bien précis d'étoiles (de 0 à 5) et un lauréat de l'année . Comme pour beaucoup d'autres lecteurs mordus, c'est un peu ma bible.

Ainsi, le 38ème guide annuel vient d'être diffusé : Analyses d'exactement 618 ouvrages, seulement 8 cinq étoiles et le gagnant de 2017 est l'Écossais Graeme Macrae Burnet avec : "L'Accusé du Ross-Shire". À titre de comparaison, je mentionne les lauréats des 5 années précédentes avec entre parenthèses le nombre de critiques sur Babelio : 2016, Nick Pizzolatto "Galveston" (32 ) ; 2015, Paula Hawkins "La fille du train" (922) ; 2014, Robert Harris "D., L'affaire Dreyfus révisée" (25) ; 2013, John le Carré "Une vérité si délicate" (14) et 2012, Arnaldur Indriđason "La muraille de lave" (104). Parmi les 5 étoiles de la cuvée 2017, signalons : Daniel Cole, Tony Schumacher, Anders Roslund et Börge Hellström - mort d'un cancer en février dernier - Stefan Thunberg et Sharon Bolton, connue en France pour son "Sous emprises".

Mais comment ce jury professionnel motive-t-il sa sélection ?

L'argument déterminant est la construction originale de l'ouvrage, baptisé par le jury de "thriller dossier". En effet, à la base figurent des documents historiques, des déclarations et des rapports, qui constituent ensemble un dossier relatif à une affaire criminelle de 1869. Un adolescent de 17 ans, Roderick - Roddy - Macrae reconnaît avoir commis un triple meurtre dans un bled isolé en Écosse occidentale. Dans sa commune. Roddy est considéré comme bizarre, tandis que son instituteur, en revanche, le qualifie de "le plus intelligent garçon de sa classe". En attendant son procès, en prison à Inverness, Rody note le comment et surtout le pourquoi de son geste. Cette déclaration volontaire forme un des documents-clés du dossier, ensemble avec une évaluation psychiatrique de son état mental et une compilation de coupures de presse se référant à son procès.

Le jury hollandais n'est pas le seul à avoir été impressionné par l'ouvrage, puisqu'il était déjà lauréat du prestigieux Prix Booker pour fiction, le prix littéraire incontestablement n° 1 au Royaume-Uni.

Les lecteurs friands d'évasion et de dépaysement seront gâtés, car l'histoire se situe à Culduie, sur la péninsule d'Applecross, dans les Highlands écossais. Je me souviens d'avoir emprunté l'unique route dangereuse menant au village d'Applecross, fermée d'ailleurs en hiver. L'approvisionnement des quelque 550 habitants se faisant alors par mer. Autre particularité de l'endroit, le hameau ne compte qu'une rue, appelée "The Street" d'où l'on voit au loin l'archipel des Îles Hébrides Intérieures.

Graeme Macrae Burnet, qui a étudié la littérature à l'université de Glasgow, a été professeur en France, en République tchèque et en Pologne. En 2013, Il a publié son premier thriller " The Disappearance of Adele Bedeau" (La disparition d'Adèle Bedeau) - situé à Saint-Louis en France - et cette année, tout récemment d'ailleurs, il en a sorti une suite sous le titre "The Accident on the A35" (L'accident sur la route A35).

Je termine cette chronique par la réponse de l'auteur à un journaliste du "Irish Times", qui lui avait demandé ce que ses livres lui avaient appris, : "Avant de publier mon premier livre, je pensais que j'étais complètement normal". Apparemment écrire des thrillers n'est pas sans danger pour son équilibre mental !
Commenter  J’apprécie          5616
Moi, naïve, je crois ce qu'on me dit. Alors, quand l'auteur me déclare en préface qu'il a déterré cette affaire de meurtre en faisant des recherches sur son arrière-grand-père en Ecosse, j'ai confiance...Et puis quand même, au bout de quelques pages, je comprends : c'est un fake ! C'est du reconstitué fait main !! Bon, je suis un peu déçue de comprendre que l'auteur est à la fois, le jeune homme, le psychiatre, l'avocat etc...Mais je continue, parce que c'est diablement intéressant et bien fait.
Voilà les pièces du dossier, mesdames, messieurs. Un très jeune homme, Roderick Macrae, dix-sept ans, est accusé d'un triple assassinat ...On ne sait pas encore clairement sur qui. Nous accédons dans le livre à diverses dépositions de témoins (voisins, prêtre, instituteur), et surtout au récit des événements et de ses circonstances par le ci-devant Roddy Macrae, supposément pourtant un paysan attardé et illettré. Nous avons ensuite les rapports médicaux (psychiatre) et le procès.
Grâce à cette construction très habile, Graeme Macrae Burnet fait le tour d'un système social inique, où tout est fait, bien sûr, pour écraser le faible, le travailleur. L'Ecosse du XIXème siècle fonctionne de façon médiévale. Les terres sont attribuées à des paysans, mais appartiennent au seigneur. Les paysans sont "managés" à divers niveaux, dont le plus pervers est l'élection de l'un d'entre eux pour surveiller tous les autres, les dénoncer et les punir. Evidemment, dans de telles conditions, le drame couve. Roddy Macrae est un enfant compliqué- orphelin de mère, père violent, taiseux, idiot- et qui doit se soumettre à des diktats religieux et sociaux qui insultent son intelligence. L'intelligence a par ailleurs été cultivée par l'instituteur, et constitue dans ce cas une bombe à retardement. Car on peut faire ce que l'on veut, mais 1869, ce n'est pas le Moyen-Age, et les esprits ont changé...De même que dans le livre d'Anna Hope, La Salle de Bal, nous voyons par ailleurs comment la science-la médecine-participe activement et paradoxalement à maintenir la société dans son jus le plus conservateur, cherchant à enfermer et éliminer tout élément perturbateur (les fous lobotomisés remplacent les pendus...)
Je suis loin d'avoir abordé tous les thèmes du livre, tous les personnages, toutes les attitudes scandaleuses (et fort d'actualité d'ailleurs, nihil novi sub sole) qui font le foisonnement du récit. le livre est vraiment intéressant, original, et écrit d'une manière à rendre addict n'importe quel lectrice-lecteur.
Je le recommande donc vivement, et remercie les éditions Sonatine et l'opération Masse Critique pour ce cadeau de grande qualité !
Commenter  J’apprécie          353
Un livre glaçant de bout en bout, où le cynisme rejoint le sordide, où les mots comme la parole sont confisqués au profit des puissants.
Les paroles se dérobent , tous les acteurs, et tous les fermiers obéissent à une terrible omerta, le silence du vieux, trop lisible, ne laisse filtrer aucune lueur, Roderick Macrae lui même se retranchera parfois dans le silence.


Si un livre peut changer votre vie, celui-ci est de ceux, capable de vous désespérer de l'humanité, de la religion, de la justice et de votre père. Alors autant le lire d'une traite (avec un seul r).
Comme un bernicle sur son rocher, ce roman policier, plus proche du thriller, à l'intrigue diabolique et inventive, au suspense omniprésent ne vous lâchera plus.


Ce coup de maître d'entrée, est à saluer, l'auteur vous invite à lire, un récit écrit par un détenu qui raconte les meurtres qu'il a commis. Un récit écrit en 1869 et retrouvé dans les archive d'Inverness !
C'est parti il nous tient en laisse comme un épagneul un peu fou. de dépositions, en comptes-rendus d'audience Graeme Macrae Burnet tisse sa toile.
Pris dans la nasse, au plus prêt des acteurs, frustres mais si crédibles, cette longue lecture éveillera en vous de douloureux questionnements. La honte s'insinue dans la famille Macrae, quand l'arrogance s'affiche dans le clan Mackensie.


La religion représentée par M Galbraith est une injure au bon sens et au simple devoir de compassion. le révérend est un cynique douteux, incapable du moindre signe de sympathie, il affirme au contraire, que si votre femme est morte c'est de votre faute ; ce qui donne en langage sacerdotal, et onctueux, ; "Je lui ai rappelé que les tribulations de cette existence, nous échoyait en juste rétribution de nos péchés et qu'il devait les accepter comme telles", ainsi s'exprimait page 267, le révérend au décès de la maman du prévenu, Roderick et de son père John.


Mais qui est le père, de l'enfant né ce jour où sa maman meurt en couche ?
La maman est qualifiée de frivole et d'hypocrite, par le révérend Galbraith.


Quant à la féodalité, qui règne alors en Écosse, celle-ci est omniprésente. Propriétaire de territoires très étendus, jusqu'aux plages, son pouvoir s'exerce par son représentant, le Constable, Lachlan le Large, le clan Mackensie, qui conjugue cynisme et humiliation., le régisseur, rappelait, au cours de l'entrevue demandée par John Macrae, page 127 que " par bonté le bail est encore prolongé" !

Dans ce village isolé des Highlands, les meurtres perpétrés chez le constable Lachlan le Large, déclenche un procès hors norme, où chacun est là pour défendre une thèse propre à son camp.
L'église avec le révérend Galbraith, les propriétaires terriens représentés par les victimes, les fermiers soumis au labeur et à une loi, où chacun doit rester à sa place, ces clans vont s'affronter au cours des enquêtes menées par les avocats.

Un mot me revient, que l'on trouve prononcé par le révérend, « tribulations », que cache t-il réellement ? Alors que Jetta la soeur adorée de Roderick, est bien enceinte, son père John déclarera plus tard qu'il ne la connaît pas.

Lui Roderick connaît le père, de l'enfant, il l'a surpris ; Au lieu de quoi "celui-ci m'attrapa par la nuque, colla son visage contre le mien" et me dit : "quand tu seras grand tu comprendras qu'un homme doit satisfaire ses besoins quelques part". P 83
"Surtout maintenant que ta chère mère n'est plus parmi nous". Lâcha le constable Lachlan.
Il laissa alors échapper un rire sonore et partit.

Dans son cahier, après la mort de sa mère il écrira page 41 : "Je méditais le sermon de Monsieur Galbraith et résolus à cet instant, avec la terre grise sous mes pas, que lorsque l'occasion se présenterait, je deviendrais le rédempteur de mon père".  et plus loin "je crois que Monsieur Galbraith était très satisfait de la mort de ma mère, car elle corroborait la doctrine professée".


L'étroite relation qui relie le lord Middleton, et le révérend ne doit pas être rompue. Aucune requête n'est acceptable si elle s'oppose au constable, aucun délit de Laclan le Large du clan Mackensie, ne peux lui être imputé, les tribulations des femmes, portent la honte, quand elles tombent enceintes.

Quelle magnifique fresque de l' Écosse du XIXe siècle, si mal connue, on est bousculé interloqué, par les interventions de la défense, par les dépositions des uns et des autres. Quelle signification doit-on donner à ces meurtres, sont-ils une vengeance, l'oeuvre d'un illuminé ?

La clé de l'énigme n'est pas donnée me semble-t-il, il faut la forger,reprendre le récit de chacun, reprendre la chronologie des faits, nul doute que cette lettre envoyée la veille du meurtre, est le déclencheur du désastre, lettre à laquelle le révérend ne répond que par une pirouette insipide et insultante « prions ».

Merci aux éditions Sonatine de cet ouvrage si remarquable, merci Masse Critique de ce choix si judicieux.
On retrouve des points communs, entre cet ouvrage de Graeme Macrae Burnet, et L'île du Serment de Peter May.


Commenter  J’apprécie          234
Un triple meurtre dans les Highlands au XIXeme siècle. le roman s'ouvre sur la confession de Roderick Macrae (un soit-disant héritage qu'aurait léger le personnage au narrateur/auteur).
Puis viennent les avis des scientifiques, docteurs en psychologie criminelle et autres experts. Et enfin les trois jours de procès puis le verdict.

Avant de donner mon avis, une conclusion s'impose : bien joué !
Gramae Macrae Burnet à vraiment bien joué avec ce roman, que ce soit avec ses personnages ou ses lecteurs !
Tout d'abord il y a cette ouverture assez lente qui, si on s'y laisse prendre, s'inscrit assez bien dans la tradition du 'storytelling' gaélique. La seconde partie est plus intellectuelle, plus structurée. Et c'est là que je me suis demandé.... "Mais de qui se moque-t-il?!!" S'il est vrai que l'intrigue peut perdre le lecteur par sa vraisemblance, lorsqu'on s'est déjà confronté au post-modernisme avec Paul Auster notamment, difficile de ne pas apprécier ce jeu de piste !

Pour apprécier ce roman, il faut accepter l'idée de se laisser porter par lui et ne pas trop en attendre d'emblée car il résiste à toute tentative de définition ou à tout type d'étiquette. Ce n'est ni un thriller, ni un roman policier, ni un roman historique, ni une biographie, ni un pamphlet ou un étendard pour un Gaelic revival.

Bien sûr, au-delà de ce jeu narratif, certains motifs semblent ressortir malgré l'auteur. Par exemple le sentiment de malaise de l'adolescent différent - à la Holden Caufield de J.D.Salinger. Ou encore la dérision dont l'auteur fait preuve face à toutes ces sciences et spécialistes en tout genre. Chacun d'eux est sans cesse dépassé par un nouveau, et au final : personne n'a la réponse !

Avant de conclure ce billet, je tiens à saluer le superbe travail de traduction de Julie Sidony qui a su rendre le récit parfaitement fluide. D'autant que le langage et l'élocution des personnages à une grande importance dans ce roman.
Les traducteurs sont souvent fustigés à tort : le fameux traduire c'est trahir. Facile à dire, mais il y a aussi des traducteurs qui sont de véritables passeurs, des passionnés qui savent, sans qu'on s'en rende compte s'effacer derrière le récit pour se mettre à son service. Un grand bravo et merci à elle pour avoir fait parvenir ce texte au public français.

Et pour finir, je remercie bien sûr très chaleureusement Babelio et les éditions Sonatine pour leur confiance, pour cette lecture et l'organisation de cette fabuleuse rencontre qui fut si riche.
Commenter  J’apprécie          220

Citations et extraits (31) Voir plus Ajouter une citation
Déposition du révérend James Galbraith, pasteur de l'église d'Ecosse, Camusterrach, 13 août 1869.
Je crains que les faits abjects récemment commis dans cette paroisse ne représentent qu'un frémissement à la surface de l'état naturel de sauvagerie des habitants de ce lieu, sauvagerie que l'Eglise est dernièrement parvenue à éradiquer. L'histoire de ces contrées est, dit-on, entachée de crimes noirs et sanglants, et ces populations font preuve d'une certaine férocité et d'une certaine veulerie. De tels traits de caractère ne sauraient être éliminés en l'espace de quelques générations, et bien que les enseignements du Consistoire exercent une influence civilisatrice, il est inévitable que les vieux instincts se réveillent de temps à autre.
Pour autant, l'on ne peut manquer d'être choqué en prenant connaissance d'actes tels que ceux commis à Culduie. De tous les habitants de cette paroisse, cependant, l'on est moins surpris d'apprendre que Roderick Macrae en est l'auteur. Même si cet individu a assisté à mes offices depuis l'enfance, j'ai toujours eu l'impression que mes sermons tombaient dans ses oreilles comme des graines sur un sol pierreux. Je suis contraint d'admettre que ses crimes constituent, dans une certaine mesure, un échec de ma part, mais il arrive que l'on doive sacrifier un agneau pour le bien général du troupeau. Il y a toujours eu du vice chez ce garçon, facilement discernable, sur lequel j'ai le regret de dire que je n'ai jamais eu de prise.
Commenter  J’apprécie          460
Tandis que le grondement de l'eau s'estompait, je perçus la voix d'un mouton. Les moutons ont pour habitude de converser entre eux, mais c'était là le bêlement lamentable d'un animal isolé, pareil à celui d'une brebis ayant égaré son agneau. Je montai sur un tertre afin de scruter la colline sans parvenir à repérer la bête en question. Quelque cinquante toises plus haut, au sommet d'un versant escarpé, le terrain s'aplanissait en un plateau bourbeux, invisible depuis le bas, d'où nous tirions notre tourbe. Je gravis la pente péniblement, le bêlement se faisant de plus en plus intense. En émergeant de l'autre côté de la crète, je découvris un bélier en détresse, couché sur le flanc, à demi enfoncé dans la fange. Même en été, la tourbière demeurait gluante et dangereuse. Les anciens du village avaient coutume d'avertir les enfants que, s'ls s'y aventuraient, ils seraient aspirés dans les entrailles de la Terre et dévorés par des trolls. Petit, j'avais pris cette mise en garde au sérieux, et bien que je ne crusse plus aux trolls désormais, je continuais à me méfier de la tourbière. L'animal agitait inutilement ses pattes libres, ne parvenant ainsi qu'à s'enliser davantage. Alors que je m'en rapprochais, en prenant soin de rester sur les flots herbeux où l'on pouvait se tenir en sécurité, je murmurais des paroles apaisantes pour tenter de le calmer. Le mouton se tourna dans ma direction, telle une vieille femme malade trop faible pour soulever sa tête de l'oreiller.
Commenter  J’apprécie          440
Les habitants de ce village possèdent dans l’ensemble un physique de souche inférieure, étant de petite taille et d’apparence généralement repoussante, ceci vraisemblablement dû à la fréquence des unions consanguines, comme en atteste la forte prédominance de certains patronymes dans la région. Les conditions de vie de l’accusé et de sa famille m’ont semblé tout à fait impropres à l’habitation humaine, leur taudis- que j’hésiterais à qualifier de maison- étant dépourvu d’aération et d’installations sanitaires, et partagé avec le bétail.
Commenter  J’apprécie          240
M. Sinclair et moi-même retournâmes jusqu’à nos poneys sans échanger une parole. J’étais conscient que le trajet que nous empruntions était le même que celui de R.M. deux semaines plus tôt alors qu’il se mettait en route pour mener à bien son sanglant dessein. Et je me demandai si d’aventure il pouvait y avoir quelque vérité dans la remarque du fermier concernant la difficulté de déterminer le contenu de l’esprit d’autrui. Naturellement, si un homme est en possession de toute sa raison, il suffit de lui en faire la question et, en supposant la sincérité de ses réponses, d’accepter de sa bouche le compte rendu des pensées qui l’occupaient à tel ou tel moment. Le problème commence lorsque l’on a à démêler avec ceux qui se situent aux marches de la folie et qui, par définition, n’ont pas accès au contenu de leur propre esprit. C’est dans le but de pénétrer l’esprit de tels malheureux que la psychiatrie existe. Je suis certain que M. Sinclair avait bien envie quant à lui de connaître le contenu du mien mais, ne voulant me risquer à une opinion hâtive, je gardai pour l’instant mes pensées par devers-moi.
Commenter  J’apprécie          60
Je m'assis sur le banc et regardai Flora traverser le village. Sa démarche donnait l'impression que son corps chantait une chanson.
Commenter  J’apprécie          441

Videos de Graeme Macrae Burnet (8) Voir plusAjouter une vidéo
Vidéo de Graeme Macrae Burnet
L'Accident de l'A35 de Graeme MacRae Burnet et Julie Sibony aux éditions Sonatine https://www.lagriffenoire.com/1015841-nouveautes-polar-l-accident-de-l-a35.html
La Disparition d'Adèle Bedeau de Graeme MACRAE BURNET et Julie SIBONY aux éditions 10-18 https://www.lagriffenoire.com/1010654-nouveautes-polar-la-disparition-d-adele-bedeau.html
La culture décontractée !!!!! ABONNEZ-VOUS A NOTRE CHAINE YOUTUBE ! http://www.youtube.com/user/griffenoiretv/featured (merci) La boutique officielle : http://www.lagriffenoire.com
#soutenezpartagezcommentezlgn Merci pour votre soutien et votre amitié qui nous sont inestimables. @Gérard Collard @Jean-Edgar Casel
+ Lire la suite
autres livres classés : ecosseVoir plus
Les plus populaires : Polar et thriller Voir plus


Lecteurs (307) Voir plus



Quiz Voir plus

Quelle guerre ?

Autant en emporte le vent, de Margaret Mitchell

la guerre hispano américaine
la guerre d'indépendance américaine
la guerre de sécession
la guerre des pâtissiers

12 questions
3182 lecteurs ont répondu
Thèmes : guerre , histoire militaire , histoireCréer un quiz sur ce livre

{* *} .._..