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Critiques de Guadalupe Nettel (53)
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Après l'hiver

Déjà les premières lignes donnent le ton, un style sec et précis,comme le personnage de Claudio, un des deux narrateurs. le style est comme je l'aime, l'homme non, dont les qualificatifs vont au-delà de ces deux adjectifs, dans le négatif.

Cecilia, le second personnage, qui parle aussi à la première personne est dans la même verve, un brin plus chaleureux.

Et pourtant le récit est fascinant et la prose finit par nous rapprocher de ces personnages au départ si peu attrayants.

Claudio, l'exilé cubain mysogine qui travaille dans l'édition à New York et Cecilia, mexicaine passionnée de cimetières, étudiante à Paris, s'alternent pour raconter leur passé -pour lui à La Havane, sous la dictature de Castro, pour elle à Oaxaca, au Mexique,seule avec son père chez sa grand-mère malade - et leur présent, le temps d'un hiver. Comme on peut l'imaginer le chemin de ces deux-là vont se croiser.....Claudio le mysogine va succomber à Cecilia......mais ce n'est pas une énième histoire d'amour, l'essentiel est ailleurs.

Magnifique roman sur fond de paysages d'hiver, sur la solitude, l'amour, la maladie,la dépression,le destin, la mort,.......et la passion des livres et des bibliothèques , bref la Vie avec tous ses ingrédients. Tellement triste mais tellement beau,émouvant et profond.



C'est le premier livre de l'écrivaine mexicaine Guadalupe Sànchez Nettel que je viens de lire et ce ne sera sûrement pas le dernier.

J'ai adoré, merci Flodopas pour cette merveilleuse découverte.



"Êtres imparfaits dans un monde imparfait, nous sommes destinés à ne jamais connaître que des miettes de bonheur." ( Julio Ramon Ribeyro)







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Après l'hiver

Un chassé-croisé entre deux exilés : Claudio, qui a fui Cuba pour New York, et Cecilia, native d'Oaxaca au Mexique, partie poursuivre de vagues études à Paris.

Le roman alterne les chapitres consacrés à l'un et à l'autre, jusqu'à leur rencontre via une amie commune. L'auteure, Guadalupe Nettel, fait preuve d'une grande maîtrise pour dépeindre les pensées de ses personnages, tous deux un peu cabossés et perdus. Pourtant, j'ai eu beaucoup de difficultés avec le personnage de Claudio qui m'a d'emblée déplu par son opportunisme (avec Ruth, sa riche compagne "cougar") et son cynisme horripilant. Cecilia m'a davantage touchée, par sa mélancolie, sa rêverie, qui se manifestent au travers de son attachement pour les cimetières (ne vient-elle pas d'Oaxaca, où "el dia de los muertos" est une institution).

Un troisième personnage très étrange, Tom, le voisin italien de Cecilia à Paris, m'a aussi interpellée...

En résumé, un livre qui m'a davantage plu pour le style et la puissance de narration de l'auteure, que pour l'histoire et le caractère des personnages principaux.
Lien : http://coquelicoquillages.bl..
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Après l'hiver

Je viens de passer un moment très particulier mais très agréable grâce à la lecture de ce livre Après l'hiver.

J'ai eu un peu de difficulté à me repérer avec les personnages au début mais cela n'a en aucun cas gâcher mon plaisir de côtoyer et de vivre avec Claudio, Cécilia, Tom et les autres. Tous ont une personnalité bien particulière et c'est d'ailleurs leurs failles, leurs névroses, leurs travers qui font que je l'on s'attache à eux et que l'on a plaisir à découvrir. On fait un bout de chemin avec eux et ces tranches de vie nous accrochent. Certains passages font sourire, d'autres sont poignants et l'ensemble est émouvant. Je reprends la dernière phrase qui résume bien ce que je ressens : " Guadalupe Nettel nourrit une proximité et un attachement sans pareils à ses personnages et livre ici un grand roman, au charme subtil et poignant"

Un merci très sincère à Babelio et les éditions Buchet Chastel.
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Après l'hiver

" - (...) Les livres nous accompagnent. Ils renferment les pensées et les voix d'autres personnes qui vivent ou qui ont vécus dans ce monde. Tous ces écrivains ont en commun d'être enterrés ici, en face de nous. Tu ne les entends sans doute pas encore, mais ils nous parlent sans cesse. Et pas seulement eux, ceux qui n'ont rien écrit aussi. Tu les entendrais si tu n'écoutais pas la radio. Commence à les lire et tu verras qu'ils te sembleront familier.

(...)

Je suis restée plusieurs minutes debout, face aux étagères où Tom exposait ce qu'avaient publiés les habitants du cimetière, classé par ordre alphabétique. J'ai passé en revue les titres, les quatrièmes de couverture et surtout les noms : Colette, Balzac, Molière, Alfred de Musset, Marcel Proust et Oscar Wilde, entre autres. Je me suis demandé s'il y avait un lien qui les unissait, en dehors du fait d'être enterrés au même endroit. J'ai fait confiance au hasard et j'ai pris un ouvrage pas trop gros. Le nom de son auteur ne m'étais pas étranger, mais je n'avais encore rien lu de lui. Il s'agissait d'une œuvre posthume : L'Infra-ordinaire."
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Après l'hiver

L'auteure est mexicaine et un de ses personnages l'est aussi: Cecilia, seule à Paris, mélancolique, mutique (ses propos acerbes sur les parisiens me vengent de l'accueil qu'ils ont fait à la petite provinciale que j'étais...) après avoir été hébergée par une amie, elle trouve un studio minable avec vue sur le cimetière. Les murs sont très fins et la radio dérange Tom: il vient s'en plaindre mais grâce à cela il va créer des liens avec Cécilia; malheureusement il part en Sicile et donne peu de nouvelles. Cécilia accepte une soirée chez des amis et va se laisser charmer par Claudio, exilé cubain, qui très vite lui déclare sa flamme. Mais ce type est assez antipathique, il vit aux dépens de celle qu'il appelle sa cougar et qu'il n'arrive pas à quitter bien qu'elle ne suscite plus de désir chez lui.

Cécilia et Claudio vont rompre. Cécilia va replonger dans la solitude jusqu'à ce que Tom réapparaisse, plus malade que jamais. A partir de son hospitalisation, Cécilia va accompagner Tom.

Le procédé littéraire de l'alternance des propos des personnages me lasse un peu mais j'ai beaucoup aimé ce livre qui ne se déroule pas du tout comme on pourrait l'imaginer (ce n'est pas du tout une romance); la psychologie des personnages est fine; les considérations sur les livres sont intéressantes . A lire!
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Après l'hiver

Quel plaisir de lire mon deuxième livre d'un écrivain mexicain en quelques semaines !

Cécilia, vingt- cinq ans, mélancolique, esseulée, "exilée", à Paris pour ses études, aime et déteste Paris, car la ville est un des personnages principaux de ce roman profond: au parfum de fleurs en mai, son décor de carte postale l'été , sa bonne humeur qui envahit l'air comme un nuage bienfaisant ........



Et puis Paris l'automne : le froid, l'humidité, la boulangère odieuse, l'hostilité , l'indifférence glacée des passants, leur absence de chaleur humaine .........

Ce sentiment d'isolement enfin, tenace ,qui frappe l'étranger ne pourra plus le lâcher à moins que......

Ces sentiments ambigus nourrissent l'ouvrage, ce que l'on pourrait appeler "les saisons mentales " de l'auteur......

Claudio, exilé cubain à New-York, misogyne, cultivé, lucide se réfugie dans la totale maîtrise du quotidien afin d'éviter toute défaillance sentimentale..

Il a une maîtresse américaine plus âgée que lui, Ruth .

Au fil des chapitres , bien construits, se déroule un très beau chassé croisé des voix singulières de Claudio et Cécilia..

Leurs voix s'entremêlent et nous invitent , nous lecteurs, à partager leur intimité, goûts , névroses, ruptures, contradictions .



Ils vont se rencontrer.

Parviendront-ils à s'aimer malgré leurs blessures, deuils, ou ruptures ?

Comment vivre sans souffrir ?

Claudio, Cécilia, Tom son ami et les autres ?

L'auteur d'une manière sensible, subtile, poignante, au plus près, grâce à une écriture ciselée,travaillée nous donne à voir deux personnages, deux histoires, deux mondes très différents, solitude, amour, maladie, dépression, deuil, sur fond de culture, de la passion des livres et des bibliothèques !

Elle nourrit un attachement vrai , une proximité réelle avec ses personnages plaisants à rencontrer dans un mélange dynamique et cultivé!

Une très belle oeuvre à conseiller ! Sensible, audacieuse, singulière, profonde, au charme infini .

Je précise que je ne connais pas l'auteur, c'est son septième roman .

Une découverte bienvenue !



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Après l'hiver

L'auteur est mexicain et je n'avais pas encore découvert de style d'écriture de ce pays ! De plus, mon petit tour là-bas, j'ai la chance de l'avoir fait grâce à Babelio et à sa Masse critique. Merci aux éditions Buchet Chastel et à l'équipe de Babelio pour cette découverte.



Mexique, Cuba, Paris, New-York, Boston, Oaxaca. Des tas de lieues éparpillés dans le monde où nous parcourons pas à pas une étape de la vie de deux personnages. Claudio est unique en son genre, son caractère et sa façon très stricte de vivre peuvent s'apparenter à ceux d'un moine, mais un moine beaucoup moins tendre et distant des femmes...

Cecilia est originaire du Mexique, d'Oaxaca où son enfance a été parcheminé de tendresse et d'abandon, d'une famille joyeuse au fantôme de sa mère, de lecture enthousiaste à une immense peine à vivre. Ils ne se connaissent pas encore mais leur rencontre leur fera changer de train de vie. Beaucoup de couleurs les attendent dans le ciel de l'océan qui les sépare !



Claudio et Cecilia ne sont pas loin du couple d'étrangers qui recèle une histoire digne d'un roman. En même temps, avec deux destins si différents, on peut s'attendre à l'histoire passionnante de deux personnes que tout oppose.



Je m'attendais à un voyage coloré, très optimiste, ouvert vers la joie de vivre. Après l'hiver est un roman qui se lit tout seul, obligeant son lecteur à découvrir des chemins qu'il ne pensait pas croiser dans cette lecture.

Les émotions sont selon moi encore trop peu divergentes, j'aurai adoré voir le passé de Claudio, ou un peu plus de détails sur la progression sentimentale de Cecilia. J'ai eu l'impression que le cadre lui-même empêchait les personnages de jouer sur leur originalité.

J'ai beaucoup apprécié le voyage, l'auteur veut posséder deux personnages, deux histoires et deux mondes très différents, pour un mélange dynamique et cultivé. C'est une lecture moderne d'un style assez rustique, la démarche m'a beaucoup plu, et l'ambiance est détendue, d'une saison à l'autre les chapitres sont plus ou moins fluide.

Je recommande ce roman à ceux qui aiment les voyages à travers le quotidien de personnages plaisants à rencontrer.
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Après l'hiver

Belle surprise.On est parfois attiré par une couverture et ce fut le cas.

Claudio,un exilé cubain,ou pour madame Royal un



voyageur, vit à New York au



milieu de rituels quotidiens.Il entretient une relation sulfureuse mais sans sentiment avec une cougar pleine aux as,mais peut être est ce un pléonasme.

Cécilia finit elle vaguement ses études Paris en vivant chez une cubaine qui s avère être l'ex belle soeur de Claudio.

Très beau chassé croisé entre deux personnages dont on imagine vite qu'ils vont se rencontrer.La force de l'ouvrage vient après la rencontre,moment où les protagonistes vont être mis face à leurs responsabilités.Beaucoup de questionnements, le poids du passé, l'amour sous différentes formes,une belle écriture.Un très bon moment

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Après l'hiver

Belle découverte, grâce à la très intelligente revue littéraire le Matricule des Anges, de Guadalupe Nettel, écrivain mexicain cosmopolite qui partage sa vie entre Paris, Mexico et Barcelone.

Après l’hiver décline tout en nuances le thème de la solitude et de la mort. Cecilia, étudiante mexicaine installée à Paris pour poursuivre ses études, se cloître dans un petit appartement dont la fenêtre principale donne sur le cimetière du Père Lachaise. Cette vue sur l’immense tristesse des vivants entre en résonnance avec l’infinie solitude que Cecilia ressent dans cette ville si froide et si hostile en hiver. Elle rencontre Tom son voisin de palier dont la bibliothèque est constituée uniquement d’auteurs enterrés au Père-Lachaise. Avec lui, elle redécouvre les joies simples d’un repas partagé ou d’une ballade à deux dans Paris. Parallèlement se déroule à New-York la vie de Claudio, exilé cubain, se réfugiant dans la totale maîtrise du quotidien et de sa vie pour éviter toute défaillance sentimentale. Il a une maîtresse, Ruth, une américaine, dont la docilité et la complaisance le confortent dans son mode de vie routinier. Claudio et Cecilia vont se rencontrer à Paris. Pour Claudio, c’est le coup de foudre. Cecilia est sans aucun doute l’âme sœur tant attendue. Mais aimer n’est pas simple pour un homme comme Claudio qui veut contrôler sa vie dans les moindres détails. Comment vivre sans souffrir, c’est à cette éternelle question que ce beau roman tente de répondre avec sensibilité et clairvoyance.

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Après l'hiver

Un jeune cubain Claudio vit à New York et entretient une relation avec une cougar Ruth qui réside dans le quartier chic de Tribeca, Cecilia d'origine mexicaine vit à Paris et y termine un DEA de langues: seule , elle tombe amoureuse de son voisin Tom.

Le 3ème personnage très important de ce roman est le cimetière du Père Lachaise.....

Vivre près des morts est apaisant...

Cecilia et Claudio vont se rencontrer par hasard à Paris, love story sur fond de sms et de mails, mais incompatibilité pour les deux donc retour à la case départ, vers la mort qui attirera Claudio et Cécilia dans chacun de leurs couples , fin triste et heureuse car les morts sont éternels et le Père Lachaise est toujours là à veilleur sur eux.
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Après l'hiver

Ce livre nous raconte la vie de deux personnages dont les chemins vont se rencontrer un jour; ils auront une relation qui était faite pour durer, mais elle va échouer.

Il résulte intéressant d’appréhender l’histoire par chaque personnage séparément et c’est au lecteur d’interpréter les faits avec son propre critère.



Le premier personnage est Cecilia Rangel, une jeune mexicaine d’Oaxaca aux yeux et cheveux très noirs, arrivée à Paris pour étudier un troisième cycle en littérature. Elle est un peu étrange, taiseuse, obsédée par les cimetières et les livres. On saura très peu sur son parcours académique, mais on saura beaucoup sur sa vie d’étudiante étrangère fauchée avec des phrases assez sévères sur notre Ville Lumière.

L’autre personnage est Claudio, un cubain de New York qui travaille dans le milieu de l’édition. Un être plein de manies, assez cultivé et entouré de rituels qui font de sa maison un refuge; il est aussi un coureur de jupons qui rêve de rencontrer la femme idéale: une créature suave férue de littérature avec qui avoir des conversations passionnantes. Claudio a une ancienne liaison amoureuse avec une femme plus âgée que lui, Ruth, qui le gâte et s’occupe bien de lui.



Cecilia et Claudio vont vivre une relation intense et Claudio aura la sensation d’avoir trouvé la femme de sa vie; ils partagent aussi cette obsession des cimetières, un point qui pourrait symboliser quelque chose qui les ronge de l’intérieur.

Mais Claudio ne saura pas choisir et ils vont se séparer. Ils auront des épreuves difficiles à vivre par la suite desquelles ils en sortiront diminués.



Ce livre suggère que l’amour parfait est une utopie, impossible de le rencontrer ici bas.

Deux fois est cité l’écrivain péruvien Julio Ramon Ribeyro avec une de ses phrases qui resume bien l’histoire de Cecilia et Claudio : êtres imparfaits dans un monde imparfait, nous sommes condamnés à avoir seulement des parcelles de bonheur.
Lien : https://pasiondelalectura.wo..
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L'hôte

C'est, je crois, le premier roman de cet écrivain méxicain que j'avais tellement apprécié avec son recueil de nouvelles "Pétales". Ici elle nous entraîne dans un México DF glauque et underground où elle aborde deux thèmes: le dédoublement et la cécité. Ceci a déjà été abordé par d'autres écrivains, mais pas de cette manière elliptique qui mène nulle part.

Franchement je n'ai pas pu aller jusqu'au bout du roman car j'avais la sensation de perdre mon temps. Oui, une déception.
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L'hôte

N°395– Février 2010.

L'HÔTE – Guadaluppe Nettel – Actes Sud.



Ana est habitée par une « Chose » qui fait partie d'elle depuis l'enfance. Elle vit avec elle, ou plus exactement est en elle depuis toujours, elle ne la voit pas mais elle la sent et celle-ci se sert d'elle, s'en nourrit presque, jusqu'à à en devenir insupportable. La chose grandissait en effet en elle « comme une chrysalide »;



Durant l'enfance, elle a été sa compagne-complice ce qui meubla la solitude de la fillette. Seul son frère, Diego, échappait à son emprise, mais plus tard ses réactions furent inattendues, dévastatrices au point de s'attaquer à ce frère lui-même... et l'anéantir, le vider de sa propre substance! C'est à tout le moins l'explication qu'Ana donna à la mort prématurée de son frère, associant le sang de ses premières règles à celui qui accompagnait la mort de Diego. Parfois la chose alternait entre accalmie et violence, parfois se manifestait sous la forme d'une petite voix mais avant la mort de ce frère aimé, il semble que la « chose » a laissé sur son bras une sorte de cicatrice qui évoque le braille. Alors, message codé ou annonce de mauvaise augure, rite cabalistique ou volonté de voir un mystère à déchiffrer? Ce fut pour elle l'occasion d'entrer dans le monde des aveugles, pourquoi pas en devenant lectrice dans un institut pour non-voyants? Ce serait une façon bien originale et sûrement efficace pour Ana de se débarrasser de cette « chose » qui devenait de plus en plus un parasite, de l'exorciser en quelque sorte par une sorte de transfert, comme si l'hépatite dont elle souffrit un temps lui aurait permis de partager sa souffrance avec cet « hôte » encombrant?

Pourtant, à force d'explorer le monde souterrain des aveugles, de les fréquenter jusque dans leur quotidien, à la fois dans cet établissement qui l'emploie mais surtout dans un monde interlope fait de rencontres improbables, de mendicité, de handicap et de vie cachée dans le métro mexicain, véritable cloaque où pourtant elle finit par se mouvoir presque naturellement, elle finit par décrypter le message sur le bras de son frère!



Alors, manifestation d'un dédoublement de personnalité dont nous souffrons tous sans bien nous en rendre compte, peur intrinsèque à l'enfance de voir disparaître des êtres que nous aimons face à l'inconscience des adultes qui préfèrent transformer la mort en tabou, habitude prise dès les premières années de vivre avec autre chose qui fait que les adultes, et parfois nous-mêmes, craignons pour notre santé mentale, volonté de se recréer un monde différent de celui dans lequel nous vivons, sentiment de culpabilité ou désir de voir dans autre chose le responsable de ses propres malheurs, phobie irraisonnée de cette enfance qui pourtant s'en va, mythomanie dévorante qui confine parfois à la folie, itinéraire intime qui consiste à se libérer définitivement d'une obsession? Qui sait!



J'avoue que j'ai lu ce livre avec une certaine circonspection, partagé entre intérêt et curiosité... Je suis peut-être passé à côté de quelque chose, mais cet ouvrage, malgré les éloges que j'ai pu en lire par ailleurs m'a laissé une impression bizarre, non par le sujet traité qui me parlerait peut-être, mais par la manière de l'aborder, entre fiction et réalité.



© Hervé GAUTIER - Février 2010.
Lien : http://hervegautier.e-monsit..
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L'hôte

Voilà un texte fort. Une jeune femme tente de lutter contre son Mister Hyde en explorant la cécité : celle des autres, la sienne qui est simulée. La ville prend alors un aspect très différent : ses réseaux souterrains deviennent le refuge "d'amis" asociaux qui vont l'aider à faire ses choix. Remarquable est la progression des sentiments. Constamment au bord de la rupture, Ana doit apprendre sans cesse à maîtriser sa peur, à défaut de la surmonter. Et à vivre avec cette chose qui l'habite, modifiant son rapport au corps, la contraignant à imaginer une autre vie qui interfère en permanence avec la réalité.
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L'oiseau rare

Dès les premières lignes, je me suis identifiée à Laura tant ses pensées sont similaires à celles qui me traversent régulièrement l’esprit. C’est rare et assez déstabilisant [j’avais presque l’impression que l’autrice était dans ma tête] mais c’est aussi ce qui m’a fait accrocher directement à cette histoire.



L’autrice nous raconte deux années de la vie de ces deux amies, alternant les chapitres consacrés à Laura et ceux concernant Alina. Néanmoins, toute la narration se fait à la première personne du singulier, du point de vue de Laura : comme si elle nous racontait leur histoire. Le rythme est assez particulier : alors qu’on pourrait croire que les événements d’un chapitre à l’autre se passent simultanément dans la vie de chacune, on s’aperçoit que les deux temporalités ne concordent pas toujours. Parfois, il se passe quelques heures dans la vie de l’une quand on passe plusieurs jours avec l’autre. Cela m’a gênée à plusieurs reprises car j’avais l’impression d’être face à des “anomalies” du texte et cela m’a plusieurs fois fait sortir de ma lecture. Mais, d’un côté, c’était tellement flagrant qu’à la deuxième, je me suis dit que cela devait être voulu.



A travers la vie de ses héroïnes, Guadalupe Nettel aborde de nombreuses thématiques qui touchent à la vie quotidienne des femmes et aux violences qu’elles subissent : l’envie ou non d’avoir des enfants, les réactions que nos choix peuvent provoquer chez nos proches, l’accompagnement du corps médical et les inégalités dans l’accès aux soins au Mexique, les violences conjugales et leurs conséquences sur la vie des enfants qui en sont témoins, les féminicides [très fréquents au Mexique], etc. Ce sont des sujets difficiles et lourds qu’elle parvient pourtant à distiller à travers le récit de manière juste et conforme à notre réalité quotidienne.



Les relations mères-filles sont également largement traitées par l’autrice à travers plusieurs duos d’âges très différents. Là encore, je l’ai trouvée très juste et nuancée, notamment dans la relation entre Laura et sa propre mère.



Et enfin, ce roman est un véritable appel à la sororité qui prend une place importante dans les interactions qui sont présentées. C’est même la clé de nombreuses situations.



L’Oiseau rare m’a véritablement fait passer par des montagnes russes émotionnelles auxquelles je ne m’attendais pas : le début du roman était presque drôle. Donc même si j’en suis ressortie avec le cœur réchauffé par la beauté des relations qui se tissent entre toutes ces femmes, je vous conseille de choisir le bon moment pour le lire.



De mon côté, je compte m’intéresser de plus près à l’œuvre de Guadalupe Nettel ainsi qu’au catalogue des éditions Dalva car cette première rencontre avec L’Oiseau rare m’a donné envie de les revoir.
Lien : https://www.maghily.be/2022/..
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L'oiseau rare

L’une rêvait d’une fille parfaite, l’autre ne voulait pas être mère. La romancière mexicaine confirme son goût pour l’étrangeté.
Lien : https://www.lemonde.fr/livre..
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L'oiseau rare

Guadalupe Nettel s’attache dans ses romans aux quêtes individuelles, aux drames ordinaires, aux fluctuations de nos vies. Dans L’Oiseau rare, c’est la question de la maternité qui est soulevée, avec une belle trempe et une solidarité lumineuse.



J’ai adoré découvrir Guadalupe Nettel il y a quelques années avec son déroutant recueil de nouvelles Pétales, puis plus récemment avec son autre recueil La vie de couple des poissons rouges ou encore son roman Après l’hiver. J’étais donc plus que ravie d’apprendre la sortie d’un nouveau roman, joie teintée d’une petite appréhension car je suis assez chatouilleuse au sujet de la maternité, mais c’était sans fondement bien sûr, car Guadalupe Nettel ne déroge pas à ses habitudes, de donner à penser plutôt qu’à juger. Un roman fort à faire circuler, notamment auprès de celles et ceux dont le sujet fait réagir, dans un sens ou dans l’autre.



Alina et Laura s’était jurées de ne pas devenir mères, de ne jamais sacrifié leur liberté pour un enfant. Et puis chemin faisant, l’une a décidé que si, peut-être bien qu’elle était taillée pour ça finalement. L’aventure s’apparentera à un grand saut dans un univers difficile à amadouer. De son côté Laura va progressivement apprendre à connaître, à supporter et à comprendre son jeune voisin aux crises retentissantes. Les moments traversés oscillent entre vacillement, tâtonnements et sursauts. Certains sont terribles et terrifiants, ou en suspend. C’est dans un apprentissage vertigineux que nous accompagnons chacune des figures qui peuplent ce roman.



La question de la maternité est encore aujourd’hui très glissante. Il reste un bon bout de chemin à faire et des discussions à faire évoluer pour sortir du contrat social de l’enfantement. Guadalupe Netel brosse tout cela avec une grande justesse, évoquant aussi plus largement les rapports de couple, le corps médical, en affrontant toujours les écueils, mauvais augures et violences, qu’elles soient conjugales, chirurgicales ou sociales. Un roman qui touche pas mal de cordes sensibles mais ne tombe jamais dans le pathos, privilégiant la hauteur, le partage, un certain sens de la lutte et une sororité à toute épreuve.



Les animaux et végétaux ne sont jamais loin dans les écrits de l’autrice, interagissant même en miroir des vies humaines. C’est toujours bien pensé et amené, et un bon terreau pour l’exploration des relations humaines et des tranches de vie, des rencontres, des liens qui nous dés-unissent.



En avoir ou pas, en ressentir l’envie ou pas, en avoir et ne plus les supporter, s’interroger, regretter, en avoir et foirer, ne pas en avoir et être présent, accompagner. Tous les cas de figure ou presque se croisent dans ce roman qui échappe au catalogue avec un doigté sans pareil. Guadalupe Nettel observe, place et dissèque, posément, elle bouscule avec empathie et cerne précisément, avec l’écriture fine et un brin décalée qui la caractérise.
Lien : http://casentlebook.fr/loise..
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L'oiseau rare

Un roman qui explore différentes facettes de la vie des femmes et des mères.



- Une femme enceinte à qui on apprend que son enfant ne survivra pas plus de quelques heures, on lui conseille même d’acheter tout de suite une tombe pour son bébé.



- Une célibataire dont la relation de couple a craqué parce qu’elle ne veut pas avoir d’enfants.



- Une mère dont les colères de son fils rappellent trop les violences de son mari défunt.



Un récit poignant de situations dramatiques, avec des émotions exprimées sobrement, sans tomber dans le mélo. Une bien belle découverte que cette autrice d’origine mexicaine (grâce au Festival America de Vincennes).

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L'oiseau rare

Deux copines se le sont promis : elles n'auront jamais d'enfants. Pas question de céder au dicktat de la société et de perdre leur liberté ! Qaund Alina décide de procréer, Laura se sent trahie. Mais on peut être mère de plein de façons différentes...



Un roman prenant et bien écrit qui s'interroge sur la difficulté à être mère quand le bébé n'est pas tel qu'on l'attendait. Une belle découverte.
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L'oiseau rare

Lu dans le cadre d'un prix littéraire, quelle bonne surprise!

L'histoire, la plume, les personnages, le sujet des maternités .. ce livre transpire le féminisme . J'adore.

Cette autrice mexicaine est incroyable, je vais me pencher sur ses autres romans.



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