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Critiques de Guillaume Para (61)
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Ta vie ou la mienne

Je referme le premier roman de Guillaume Para.



J'ai le coeur qui bat. Très fort. Très vite.



Je lis beaucoup. Et parfois je tombe sur une histoire qui me transporte, qui m'emporte très loin et me laisse échoué au rebord de ma vie.



Ce fut le cas avec cette lecture.



Hamed, né à Sevran, va rencontrer Léa, jeune fille des très beaux quartiers parisiens.



Hamed, le mec de banlieue et Léa, la bourgeoise …



Hamed et Léa. Des cicatrices sur le corps et des bleus à l'âme.



Des blessures indélébiles qui vont les pousser l'un vers l'autre.



Il ne faut rien raconter de cette histoire terriblement cinématographique.



Juste vous dire que vous allez être emporté dés la première page jusqu'à la fin. Vous ne vous arrêterez pas. Et peut-être aurez vous les yeux qui brûlent de temps en temps …



Vous en ressortirez dans un drôle d'état, je vous l'assure.



Guillaume Para en peu de pages va vous parler de toutes ces choses qui palpitent, qui gravitent là devant nos yeux. Il va vous sortir du fauteuil et vous balancer dans des endroits inimaginables.



En peu de mots, il va vous parler d'amour. de notre drôle de société. de ces raccourcis que l'on prend pour ne pas se voir dans le miroir. de ces chemins qu'on ne traverse qu'à deux.



Lorsqu'on a su choisir.



Lorsqu'il a fallut choisir.



Et si demain, entre ta vie ou la mienne, il me fallait choisir …



Lisez et faites votre choix.


Lien : https://labibliothequedejuju..
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Ta vie ou la mienne

Quel beau livre mes aïeux !

J’en ai le cœur tout retourné. Tout mouillé d’émotions.



Être né quelque part, pour celui qui est né c'est toujours un hasard... Si bien chanté par Maxime le Forestier, nous sommes face à ce constat dans Ta vie ou la mienne. Nous ne naissons pas tous égaux.



Hamed et Léa vont nous prouver combien de la couleur de peau ou de la vie de château, une vie se trace ou se traîne comme un long fardeau. Une traînée de malheurs collée aux semelles.

Ces deux-là n’auraient pas du se rencontrer, encore moins s’aimer. Pourtant on ne musèle pas un cœur. Il parle, il crie, il encourage la raison, celle qui dit non, celle qui dresse un mur entre ces deux vies diamétralement opposées.

Si ce n’est qu’il y a dans toute pauvreté une richesse insoupçonnée et dans toute richesse une plaie béante.



Hamed n’aura de cesse de protéger sa belle Léa, son grand amour au prix d’innombrables sacrifices.



Un roman qui m’a au fur et à mesure entraînée au cœur même de l’émotion. J’aurai aimé plus de pages, pour voir encore davantage la grandiloquence de ces deux amants. Tout va très vite dans ce roman, les chapitres sont courts, les actions sont soudaines, les années défilent à vitesse folle. Un arrêt sur image j’aurai aimé pour que les larmes coulent. Puis arrivent les dernières pages et je suis par terre. À suivre la galère, la misère de ces innocents, recevoir l’accalmie, le sens véritable à tout ça, c’est trop pour moi. C’est comme le soleil qui revient après des mois d’orage et de grisaille, ça brûle, ça éblouit, à genoux on remercie pour cette résurrection tellement méritée. Mais le malheur il s’accroche comme une sangsue. Il n’y a pas d’abris pour ceux qui sont nés au mauvais endroit, au mauvais moment. La fatalité est nauséabonde. Envie de lui faire la peau.



Un très beau roman qui ne peut laisser de marbre, on ne naît pas tous égaux, non, et ce roman nous claque cette vérité au quatre coins de notre être.

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Ta vie ou la mienne

*****



Ta vie ou la mienne est l'histoire d'un homme. Un homme qui souhaité si fort sortir de sa cité, de sa condition, des clichés de Sevran... Un homme qui va toucher du doigt le paradis sur terre et qui par amour va tout perdre... Et vivre l'enfer...



Je viens de fermer les dernières pages de ce premier roman, les yeux remplis de larmes, les mains tremblantes et le cœur gros. Parce que ce livre est beau, parce que l'histoire est vibrante de lucidité, parce que les personnages sont tout autant remplis d'amour que de haine et parce que cet homme, Ahmed, celui qui côtoie l'enfer et le paradis est un homme brisé. Il est anéanti par la violence et par la rage, il n'est que vengeance et désillusion. Que reste-t-il en lui qui pourrait le sauver ? Qui pourrait lui faire relever la tête et contempler de nouveau l'horizon le regard fier et serein ?

Ce roman n'a rien a envier aux plus grands : chaque mot est à sa place, chaque phrase sonne juste, chaque page ne cherche pas à nous happer mais à nous émouvoir. Parce que l'auteur touche ce qu'il y a de plus humain en nous, ce qui nous fait nous lever le matin et croire encore que ce monde est beau. Parce que la haine ne saura jamais écraser l'amour et l'espoir...



Un immense merci aux 68 et à Guillaume Para pour ce cadeau, pour ce moment de grâce et ce petit supplément d'âme...
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Ta vie ou la mienne

Découvert grâce à masse critique une histoire terriblement romanesque où le destin de 3 personnages vont se méler inexorablement pendant plus de 20 ans...

Jeunesse dorée contre jeunesse défavorisée, inceste, vie en prison, justice : Guillaume Para aborde quantités de thématiques différents au cours d'un récit qui n'évite pas les maladresses et les situations convenues mais qui arrive à émouvoir et à capter l'attention des lecteurs grâce à des personnages attachants et un vrai sens du récit.
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Ta vie ou la mienne

L’orphelin et la bourgeoise



Hamed Boutaleb croise le regard de Léa, «gosse de riches». Ce qu’il y lit le pousse vers elle et l’entraîne vers un drame poignant.



Encore un – excellent – premier roman et un nouveau coup de cœur. L’avenir dira si 2018 a marqué l’éclosion d’une nouvelle génération d’auteurs et si Guillaume Para fait partie de l’un d’eux, mais pour l’heure savourons notre plaisir à suivre Hamed Boutaleb, le «héros» de cette sombre et poignante histoire.

Quand s’ouvre le roman, une jeune avocate insiste auprès de son collègue pour plaider une affaire très ordinaire, un braquage. On ne comprendra que bien plus tard pour quelle raison Léa entend à tous prix s’accaparrer ce dossier, car l’auteur change de registre pour nous raconter la vie d’Hamed dont la mère meurt à sa naissance et qui passe ses premières années aux côtés de son frère Faouzi, de sept ans son aîné, et son père alcoolique et violent. Il n’a que huit ans quand son grand frère est victime d’un règlement de compte entre trafiquants de drogue, il n’ena que treize quand son père est emporté par un cancer. L’orphelin est alors recueilli par son oncle Tarek et sa tante Asma. Avec leurs filles, ce couple peut être considéré comme la première «vraie» famille d’Hamed. Dans cet environnement, le garçon se sent à l’aise et peut progresser dans le seul domaine où il excelle: le football. Parmi ses admirateurs, il y a son coéquipier François qui est considéré comme le mouton noir – parce que «gosse de riches» – et qui se fait systématiquement frapper et humilier. Jusqu’au jour où Hamed prend sa défense et découvre «à travers ce garçon ce qu’il y avait de bon à avoir été préservé par la vie; Il se demandait aussi comment ce type, capable de redevenir un enfant lorsque certaines choses l’émerveillaient, avait pu résister, ne jamais baisser les yeux quand il se faisait tabasser par des plus costauds que lui.»

Invité par son nouvel ami, il va aussi faire la connaissance de son père Pierre, lui aussi amateur de football et qui entend l’aider à progresser dans ce sport qui «est la plus importante des choses sans importance» comme le dit le poète uruguyen Eduardo Galeano.

La prochaine grande rencontre dans la vie de l’adolescent s’appelle Léa, merveilleuse et mystérieuse, mais sans doute inaccessible: « Écoute. On ne va pas se mentir: ça ne sert à rien d’essayer, tous les deux. Toi aussi tu me plais, t’es la plus jolie fille de ce putain d’endroit, mais ça ne marchera pas. Tu sais pourquoi? Parce que les «jeunes de banlieue», leur vie pue, et tu t’en rendras compte bien assez tôt. Ça pue la merde dans nos cages d’escalier, nos parents puent la sueur quand ils rentrent du boulot, nos salons puent le désodorisant pour chiottes. Moi-mêrne, je pue la défaite. Tu crois qu’être pauvre, c’est quoi? Être pauvre, ça pue, et ça a un goût, celui du sang dans ma bouche quand mon père me tabassait. Je veux pas te faire pleurer, Léa, mais circule, y a rien à voir. Toi et moi, ça pue le malheur. » 

Si le miracle se produit quand même, que Léa et Hamed entendent construire une belle histoire d’amour au-delà des préjugés, c’est que la jeune fille a aussi sa part d’ombre. Elle est victime de viols répétés de son père.

Guillaune Para évite soigneusement tous les clichés sur la lutte des classes pas plus qu’il ne joue à outrance sur la corde sensible. Quand le roman rose vire au drame, on se retrouve avec deux êtres déchirés, emportés par le malheur sans pouvoir surnager.

La violence, qui est la pire des conseillères, finit par engloutir leurs espoirs. Hamed se retrouve en prison où il va faire une nouvelle rencontre décisive, Jean-Louis, son codétenu. La fin du roman est riche en rebondissements et permet à Guillaume Para d’offrir aux lecteurs un joli suspense, riche en émotions, en refermant la boucle ouverte avec le chapitre intitial. Un vrai sens de la construction, un style direct, sans fioritures et une volonté de gratter derrière les apparences pour révéler au mieux la psychologie des personnages font de ce premier roman une vraie réussite. Droit au but!


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Ta vie ou la mienne

Trois personnages, trois univers, trois milieux sociaux.

Ahmed tout d’abord, gamin des cités dont la mère est morte en couches, le frère victime d’une balle perdue et le père violent. Son seul bonheur, il le trouve dans le football.

François ensuite, fils unique d’un ancien joueur de foot, parents aimants, banlieue paisible, garçon équilibré et attachant.

Et Léa enfin, l’élément féminin, milieu cossu, grande bourgeoisie, a priori, la mieux partie des trois.

Guillaume Para tresse les destins de ses trois personnages, la rencontre, les possibles, les virages à prendre, les sorties de route.

C’est fait avec maestria et lucidité, ça se lit un peu en apnée parce qu’on veut savoir comment tout cela va se terminer, ça pique un peu (beaucoup) les yeux.

Un premier roman, une belle réussite.

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Ta vie ou la mienne

C’est l’histoire d’Hamed, un jeune homme de banlieue surdoué du ballon. Orphelin mais courageux, il rêve de quitter la violence de Sevran et de s’offrir une vie meilleure. Il se lie d’amitié avec François, dont le père ancien footballeur va tout faire pour l’aider et le faire progresser.



En face, nous avons Léa, issue de la haute bourgeoisie, jeune adolescente étrange souvent prise d’états dépressifs depuis son adolescence. Lorsqu’au lycée son regard croise celui d’Hamed, l’espoir en la vie lui revient. Elle passe son temps de récré à observer ce grand jeune homme musclé au teint mat, jusqu’au jour où elle vient le voir du côté des caïds…



Leur histoire d’amour semble compliquée à Hamed, le choc des cultures et de leur classe sociale n’augurent rien de bon, et à cette liste d’impossibles s’ajoute François, leur meilleur ami commun, amoureux de Léa.



Pourtant leur liaison débute et leur amour flamboie. Repéré par un entraineur, Hamed va intégrer les pros. Un soir, alors que tous deux ont quelque chose à se dire, le drame survient. Case prison, retour à la violence, mais en pire, celle qu’Hamed n’aurait jamais voulu connaitre. Peut-on échapper à son destin ? Qu’est-ce que la liberté ? Rejouera-t-il un jour au foot ?



Une magnifique histoire d’amour entre deux êtres blessés, la princesse et le banlieusard, un drame soumis aux lois du destin et des secrets familiaux.



Mon avis

Une belle surprise que ce premier roman ! Cela faisait longtemps qu’une histoire ne m’avait pas autant absorbée, et quel plaisir de pleurer d’émotion pure !



Lue d’une traite, un grand coup de coeur pour cette histoire ficelée, au ton hyper juste et à l’écriture dénuée de prétention, toute en finesse lorsqu’elle concerne la banlieue. Aucune longueur, le texte est très riche, les thèmes abordés foisonnent, amitié, amour, clivages sociaux, milieu carcéral, judiciaire.. et le foot bien sûr, fil rouge du roman ! Les scènes sur le stade sont décrites avec infiniment d’esthétisme, les descriptions, très succinctes, presque subliminales, détiennent une qualité cinématographique bluffante, on virevolte avec le ballon et dans les pieds d’Hamed !



Progressivement, les larmes me sont montées au yeux en découvrant l’inéluctable, le sentiment de gâchis face à cette histoire d’amour intense m’a envahie, ainsi que la force et la noblesse de l’amitié, thème récurrent du roman.



Le milieu carcéral, ici la prison de Fleury-Merogis où a lieu toutes sortes d’exactions est minutieusement décrit, il m’a rappelé le film choc « Felon » où la violence et l’injustice règnent, et je me souviens avoir pensé en le visionnant que ce genre de corruption entre matons et détenus ne peut survenir que dans un autre pays que le nôtre… J’étais bien naïve et certains centres de détention sont pires que la rue. Puisse l’Etat éradiquer un jour cette ultime violence…

Ta vie ou la mienne est un livre que l’on aurait justement envie de voir adapté au cinéma, pour les différents lieux qu’ils proposent, de la grise banlieue parisienne à la chaleur de Fès où l’amour entre Léa et Hamed exulte, ainsi que pour mettre en scène la multitude de personnages secondaires donnant corps et étoffe au roman.
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Ta vie ou la mienne

Peut-on échapper à sa condition ? Infléchir la trajectoire d'une vie ? Croire au bonheur quand aucune fée bien intentionnée ne s'est penchée sur son berceau ? Ces questions sous-tendent le premier roman de Guillaume Para, journaliste politique qui choisit la fiction pour explorer quelques thématiques de société au travers de deux mondes qui se côtoient sans trop se mêler. Il nous livre un roman à l'intrigue tendue, au ton âpre, râpeux comme les obstacles auxquels se heurte son héros, illuminé par de rares moments traversés par des éclairs de bonheur. Et par une intense histoire d'amour.



Hamed et Léa n'étaient pas faits pour se rencontrer. Lui, né à Sevran avait pour seule perspective la cité et ses violences qui ont déjà eu raison de la vie de son frère ainé. Recueilli à treize ans par son oncle et sa tante après le décès de son père, il débarque à Saint-Cloud, l'une des communes les plus huppées des Hauts de Seine. C'est ici que vit Léa, à l'abri de l'enceinte du Parc de Montretout, sorte de ghetto de riches. Famille ultra catholique, père reconverti dans la communication politique après avoir lui-même fréquenté les cabinets ministériels, bref, de l'argent et du réseau. Léa et Hamed se rencontrent au lycée, grâce à François le meilleur ami d'Hamed secrètement amoureux de la jeune fille. Hamed ne vit que pour le football, sport dans lequel il excelle, encouragé par le père de François, un ancien joueur professionnel. Léa traîne une tristesse silencieuse qui intrigue les deux jeunes hommes. L'attirance entre Léa et Hamed est aussi puissante qu'inattendue. Un amour total qui semble les conduire droit vers le bonheur. Sauf que le destin en a décidé autrement... Lorsque le drame survient, Hamed est brutalement arraché à sa carrière prometteuse et aux bras de Léa. Direction Fleury-Mérogis. Retour à la case violence, cent fois pire que celle à laquelle il a échappé à Sevran...



Dans ce roman, la violence qui sous-tend les rapports entre les différents protagonistes est une sorte de fil rouge qui se faufile un peu partout. La loi des caïds de la cité de Sevran, la loi du plus fort qui régit le quotidien des prisonniers mais également celle des cours de récréation, des terrains de football et celle, plus sournoise qui sévit à l'abri des murs capitonnés des maisons bourgeoises. Sur ce chemin marqué par la violence, Hamed avance, trébuche, tombe, se relève, avance toujours, lesté de tout son passé dont il tente de s'alléger. Des rencontres capitales, des figures bienveillantes... mais sera-ce suffisant pour compenser cette charge qui semble se rappeler à lui dès qu'il entrevoit le bonheur ?



J'ai dévoré ce roman d'une traite, y compris les passages très passionnés sur le football, moi qui ne suis pas du tout fan de ce sport. Mais l'auteur dit très bien le pouvoir de la passion qui s'exprime dans la pratique d'un sport, et qui agit comme un baume sur les blessures de l'âme. Le regard posé sur la société contemporaine est malheureusement très lucide, on dirait bien qu'il n'y a plus trop de place pour les contes de fée. Mais il y a de la place pour les romanciers qui tentent d'y croire encore.
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Ta vie ou la mienne

Ce roman de Guillaume Para, Ta vie ou la mienne, est une excellente surprise, découverte dans le cadre des 68 premières Fois.



Le malheur et la malchance sont-ils écrits dans nos destins en fonction de l'endroit où nous vivons et de la catégorie sociale dans laquelle nous sommes élevés ? Ce premier roman interroge sur la destinée, le déterminisme, sur ce que l'on fait de sa vie, sur la manière dont on appréhende ou pas l'adversité, sur la notion de sacrifice. C'est beau, tragique, sublime au sens littéraire de pur et noble, de solitude des personnages face au monde qui les entoure, en proie aux choix et au doute.

L'écriture est brute, réaliste, sans fioritures, à la fois contextuelle et contingente. Tout sonne juste. En même temps, c'est très addictif ; la trame narrative est très équilibrée, admirablement planifiée avec un effet de retour en arrière et d'action au présent. Personnellement, j'ai dévoré ce roman en deux jours, avec avidité, dans l'urgence, et pas seulement parce qu'il s'agit d'un livre voyageur que je ne peux garder trop longtemps.

Les personnages sont travaillés, en finesse, en complexité, sans jugement ; les protagonistes masculins sont mis à l'honneur et on peut seulement regretter que les figures féminines soient essentiellement des seconds rôles. En effet, les valeurs de l'amitié virile, du sport sont mises en avant tandis que la féminité apparaît davantage dans les postures maternelles, rassurantes ou au contraire fragiles. Ici, la transmission généalogique passe par les hommes, les berbères, ces hommes libres qui ne gardent pas la colère en eux et par d'autres aussi, ancien taulard philosophe ou ami de toujours.

Guillaume Para tire habilement les fils d'une histoire pourtant bâtie sur des clichés : jeunesse des cités, violence, mort de tous les membres de la famille du héros, différence de classes sociales, amour impossible, incarcération dévastatrice, émulation sportive… le titre lui-même avait un ton de romance… Quel brio dans la manière de revisiter chacune de ces thématiques, sans pathos excessif mais avec justesse et émotion !

Le dénouement surprend, remet les choses en perspectives, replace le rêve dans la contingence.



Ta vie ou la mienne est un excellent premier roman, une tragédie moderne.

Un de mes coups de coeur de cette sélection des 68 premières Fois.

Guillaume Para : une plume à suivre.

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Ta vie ou la mienne

Voilà un roman qui, tout en abordant de nombreux sujets (le football, le déterminisme social, l'univers carcéral) réussit à garder une ligne directrice tout en étant très émouvant. La trame de ce récit est bien sûr l'amour (celui d'Hamed pour Léa mais aussi celui qui l'unit à Francois et à Louis), amour qui apporte une lumière dans ce roman profondément noir. Une histoire très forte particulièrement bien menée.
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Ta vie ou la mienne

Lu d'un souffle, du premier au dernier mot.

Et pourtant, je redoutais un peu l'omniprésence du foot.

Eh bien aucun ennui : la passion du jeune garçon, son don inné, son désir d' apprendre la technique , se partageaient avec plaisir.

Roman sur fond social des banlieues défavorisées où règnent les caïds et les trafics de drogues.

Hamed Boutaleb a le privilège de quitter la sienne à onze ans et d'aller vivre chez sa tante et son oncle. Mais avant cela, il y a eu la mort de sa mère à sa naissance, la mort par balles de son frère aîné et la violence de son père, devenu alcoolique.

Il connaît enfin une vie normale. Même si, plus tard, il croira qu'on " ne fuit pas ce que l'on est", et que "on n'échappe pas à ses racines".

C'est le roman de l'amitié, de la générosité, de l'amour qui s'annonçait impossible entre lui et une fille de la grande bourgeoisie.

c'est aussi malheureusement le roman de la face opposée : la violence dans la prison : celle des caïds et celle des matons, passive ou active.

A Fleury, "On se fait à tout quand il s'agit de survivre."

C'est la désintégration de soi, l'impossible guérison.

"Hamed ressortait de là l'âme et la la figure balafrées".



C'est un excellent roman, bien conduit, avec des personnages solides et une remarquable maîtrise.

C'est poignant, déchirant, révoltant.

J'en suis ressortie bouleversée.

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Ta vie ou la mienne

Gros coup de cœur pour moi !



Pas facile parfois de parler de ces romans qui nous subjuguent, les mots sont parfois difficiles à trouver.



Quel premier roman !!!! Merci Guillaume Para de m’avoir fait passer un aussi bon moment de lecture. QUE cela fait du bien de pouvoir lire des livres comme celui-ci ! C’est aussi pour cela, que j’aime les premiers romans, car j’y trouve tant ce que je recherche… De la fraîcheur, de la sincérité et du talent. Bref, vous l’aurez compris, je suis séduite !



Je trouve subtile la manière dont le roman a été construit. L’histoire commence au présent où une avocate décide de prendre en charge une affaire de braquage. Puis nous plongeons dans le passé, afin de nous imprégner de la vie des principaux protagonistes : Hamed, Léa et François. L’auteur installe petit à petit ces personnages et commence ainsi l’intrigue !



C’est une histoire d’amour, mais pas que ça ! Car autour de ce grand amour entre Hamed et Léa, plusieurs thèmes sont abordés comme les différences sociales ou la mixité, l’emprisonnement, la violence ou encore l'inceste… Ils auront des impacts sur eux, laissant des traces indélébiles. Parce que la vie ne se passe pas toujours comme on le souhaite, il leur faudra toutes leurs forces pour arriver à se reconstruire.



Je me suis beaucoup attachée aux personnages, surtout à Hamed, ce gamin au parcours si chaotique et dont le destin ne l’épargnera pas. Si bien que parfois, la lecture est difficile, remplie d’émotion, mais tellement captivante.



En arrivant à la fin du livre, la gorge serrée, mes larmes ont coulé sans que je m’y attende… C’est donc pour moi, une vraie réussite, car rarement mes émotions me submergent à la lecture d’une fiction.



Une histoire bouleversante qui m’a pris aux tripes ! Je n’ai plus qu’à espérer que d’autres romans suivront et qu’ils me donneront autant d’émotion.



BRAVO !



Petite remarque : l’écriture de Guillaume Para m’a fait penser à l’écriture de Mathieu Menegaux dont j’ai dévoré aussi ces romans.
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Ta vie ou la mienne

J’ai terminé, Ta vie ou la mienne, en larmes.





C’est noir et c’est beau. C’est la lumière opposée à l’obscurité, c’est la beauté dans l’adversité, ce sont les épreuves qui viennent entraver le bonheur.





Dans ce roman magnifique, écrit avec une très grande sensibilité, tout est exacerbé. Lorsque les sentiments sont tellement forts, les personnes s’effacent : une abnégation pour qu’un ami soit heureux, un renoncement pour la sérénité de l’être aimé, l’exigence pour qu’un proche se dépasse, ou une dureté pour protéger l’autre.





En une nuit, la vie d’Ahmed a basculé. Une seule nuit a suffi pour entraîner la destruction d’un projet de vie, entraînant des répercussions en chaîne. Notre vie est-elle tracée ? Peut-on échapper à son milieu ? Comment survivre dans un univers carcéral dans lequel la violence est omniprésente ? Reste-t-on le même après un séjour en prison ? Peut-on se reconstruire ?





Le foot est un fil conducteur de l’histoire. L’auteur en parle avec passion. Ce sport est un symbole : celui de notre pays, mais aussi du dépassement de soi ou encore de la beauté du jeu.





La suite sur mon blog.


Lien : http://www.valmyvoyoulit.com..
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Ta vie ou la mienne

J'ai lu ce roman comme on prend un direct à l'estomac. Souffle coupé, entrailles en vrac, torsion du corps et de l'esprit pour tenter d'échapper aux images incarnées dans les mots.



L'histoire nous fait passer, avec Hamed, de l'ombre d'une cité de la Seine-Saint-Denis, régie par la violence sociale et familiale, à la lumière d'un quartier de Saint-Cloud et d'une famille aimante avant de nous plonger dans les ténèbres infernales de l'univers carcéral de Fleury-Mérogis. C'est là qu'échoue toute humanité. C'est derrière ces murs, ces grilles et ces portes blindées que se défait la notion de civilisation et que naissent ou grandissent les barbares. Les stigmates que garde le corps deviennent le sceau d'une appartenance définitive, inéluctable. A la délinquance, à la violence, à un quartier, à une catégorie sociale.



A sa sortie, Hamed ne tente même pas de renouer avec sa vie "d'avant". La prison l'a transformé en fauve ? Fauve en liberté il sera. le temps d'épuiser sa colère et sa haine. le temps que se rallume une étincelle d'espérance grâce à ses amis, à Léa, son amour, à son fils, Louis. Mais sort-on jamais de prison ?



L'écriture abrupte de Guillaume Para se frotte à la fiction jusqu'à la consumer. Elle donne à l'intrigue, parfois excessivement romanesque, une profondeur saisissante, sans jouer de procédés ostentatoires. A partir d'un scénario presque simpliste tant il semble accumuler les clichés (un jeune homme pauvre et une jeune fille riche s'aiment. Par amour, le jeune homme commet un crime et il est emprisonné. Il subit de plein fouet les épouvantes physiques et morales de la réclusion. Parviendra-t-il à se reconstruire ? Les deux amants sauront-ils surmonter les obstacles pour se retrouver ?), l'auteur construit une sorte de tragédie contemporaine où la détermination sociale joue le rôle de la fatalité. Certes, l'intrigue s'alambique de multiples rebondissements. Certes, les personnages s'apparentent à des stéréotypes et frôlent le manichéisme. Certes, l'invraisemblance pointe parfois le bout de son nez. Certes, les puristes trouveront moult arguments pour nourrir leur critique.



N'empêche ! Malgré ses imperfections (jusqu'à son titre de roman-photo) ce roman captive et cogne fort. Suffisamment pour imprégner ma mémoire et faire jaillir l'émotion. Suffisamment pour susciter des questions et y trouver matière à réflexion.

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Ta vie ou la mienne

Hamed est jeune, talentueux, atypique. Il a trouvé le meilleur ami qu’on puisse avoir, François, il a gagné l’amour de Léa, la plus belle fille de la classe et il voit peu à peu son rêve de devenir footballeur professionnel devenir une réalité. Une fois le bac en poche, Hamed se pense bien loin de Sevran, et de la violence dans laquelle il a grandi avant d’être recueilli par son oncle et sa tante. Pourtant, celle-ci n’est jamais bien loin, prête à faire sombrer sa vie dans un cycle vicieux interminable…



Un homme est-il poursuivi toute sa vie par des origines ? Peut-il seulement espérer y échapper ? Ta vie ou la mienne est un roman sur le déterminisme social, sur la réussite et l’échec, sur l’amour et les sacrifices qu’il entraîne. Un livre profond, juste et puissant sur la vie et ses écueils, sur les hommes et leur intégrité, sur la famille et son lien inaltérable. Non, ce n’est pas juste une histoire de foot, une histoire de jeune de banlieue devenue star du ballon rond, c’est beaucoup plus que ça. C’est l’histoire d’un rêve et de sa destruction violente, l’histoire de la survie d’une homme qui n’a plus aucune raison de vivre. C’est un livre qui nous montre à quel point la vie peut être belle et magique, mais aussi injuste et tragique.



Avec un style simple et vrai, Guillaume Para nous raconte l’histoire de cet homme qui a tout sacrifié par amour, sans jamais espérer de rédemption. Les personnages sont vibrants de réalisme, d’honnêteté et d’émotions, nous surprenant même parfois par leur humanité. Ils nous touchent au cœur, et restent avec nous encore longtemps après que nos yeux aient lu le dernier mot, de la dernière page. Chapeau bas à l’auteur pour son dernier chapitre, il a réussi à m’arracher une larme.
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Ta vie ou la mienne

« L'arbre suit la racine » selon un proverbe berbère qui irradie tout ce livre. Ainsi, tout serait écrit dès notre venue au monde… Mais nos choix et les rencontres que nous faisons pourraient-ils néanmoins influer le cours de nos vies ?



Une question complexe, sujet du premier roman de Guillaume Para dont je ressors bouleversée : un gros coup de coeur littéraire, tant pour l'histoire que l'écriture si délicate de l'auteur, qui sera même parvenu à me faire vibrer pour quelques passes de football ! Une prouesse !



Hamed Boutaleb est né en Seine-Saint-Denis. Une mère morte en couches, un frère happé par le trafic de drogues, un père alcoolique et violent, une cité bétonnée… tous les ingrédients d'un cocktail explosif réunis pour faire de cet enfant des rues un garçon perdu. Aussi, lorsqu'il est recueilli à 13 ans par une tante et un oncle aimants vivant à Saint-Cloud, un espoir est permis, très vite incarné par le ballon rond. Car si Hamed n'a jamais connu la tendresse durant sa petite enfance, il s'est en revanche chaque jour évadé grâce au foot de rue, entre les murs qui l'enfermaient. C'est ainsi qu'au contact d'une famille et d'un ami bienveillant, François dont le père, personnage truculent, est un ancien joueur de foot professionnel, Hamed se détend peu à peu, baisse la garde et tombe éperdument amoureux de Léa à 16 ans, une jeune fille née sous les lustres de la haute bourgeoisie. Pour autant, Léa ne mène pas une vie simple et heureuse et connaît elle aussi une part d'ombre, affectée par des périodes de profondes dépression.



Si Léa voit dans Hamed non pas une autre vie possible, plutôt une « respiration », lui, à l'inverse, se montre très réticent à céder à son attirance : « Ca ne sert à rien d'essayer tous les deux. Les “jeunes de banlieue” leur vie pue (…) moi-même, je pue la défaite (…) Être pauvre, ça pue, et ça a un goût, celui du sang dans ma bouche quand mon père me tabassait ». Pourtant, impossible de résister bien longtemps à ces sentiments intenses et la rencontre assez improbable entre les deux recèle rapidement des effets ultra bénéfiques, chassant réciproquement leurs côtés sombres, à la découverte de l'amour, de Fès et ses milles senteurs, de Quiberon, de Paris, de son théâtre de l'Odéon et de sa place Dauphine et de plein d'autres bonheurs. Quelques années heureuses pour tous les deux, jusqu'au jour où tout bascule.



Son oncle avait dit à Hamed lorsqu'il était petit, « La violence n'est jamais une solution. C'est comme un virus (…). Si tu l'attrapes, tu n'en guéris pas, et il se répand… ». Une violence apprivoisée dans sa tendre enfance qu'Hamed avait donc tenue à distance mais qui rejaillit d'un coup. Et ce sont alors pour lui quatre années de prison dans un univers carcéral à nouveau extrêmement dur, féroce, qui n'est pas sans évoquer celui décrit avec brio par Olivier Norek dans « Surtensions » et que Guillaume Para restitue si bien que nous tremblons pour Hamed à chaque instant. Si l'auteur nous avait autorisés à croire avec Hamed qu'une autre vie était possible, ce retour dans un monde gouverné par les poings et les trafics en tous genres nous conduit à douter, sincèrement, et à se dire qu'il existe une sorte de prédestination. Finalement, on a beau y faire, il est bien difficile de sortir de sa condition. Gagné par le renoncement au point de s'isoler de tous ceux qu'il aime, Hamed redevient cette « kaïra » et la réinsertion apparaît alors inenvisageable. Définitivement ? Rien n'est moins sûr…



Guillaume Para signe un premier roman extrêmement réussi, où aucun mot n'est en trop, un récit rythmé, débordant d'émotions, où les relations humaines sont décryptées avec beaucoup de finesse et qui parvient en plus à nous questionner. Une lecture qui m'a emportée et des personnages que j'ai eu du mal à lâcher le livre terminé, au point de l'ouvrir à nouveau et relire, ce qui m'arrive assez rarement ! Pour terminer ces quelques lignes, je citerais à nouveau le sage oncle d'Hamed : « le proverbe dit “l'arbre suit sa racine” mais je crois que quelles que soient tes racines, tu es libre d'aller vers le soleil ». Quitte à s'y brûler parfois les ailes…


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Ta vie ou la mienne

Le foot n’est pas mon truc ! Alors lire une histoire qui relate un univers lié à ce sport m’effrayait un peu. Quelle surprise ! S’il est bien question de ballon, ce n’est que dans un esprit d’évasion et de survie : le moyen d’échapper à une fatalité. Et, même si ce sport déplaît, les quelques scènes qui s’y rapportent sont décrites avec tant de passion qu’on prend plaisir à les lire.



Mais au-delà du foot, c’est surtout la richesse de l’écrit qui interpelle. Il s’agit d’un récit poignant qui sublime l’amour et l’amitié dans un monde glauque et menaçant ; quelques lueurs d’espoir qui se dessinent dans le destin tragique du jeune Hamed, petit beur de banlieue orphelin.



Guillaume Para signe un premier roman passionnant dans lequel il restitue brillamment l’ambivalence du jeune garçon tiraillé entre son appartenance à la cité, la violence qu’il refuse, son intégrité et l’opportunité d’une autre vie. L’immersion dans l’univers carcéral est redoutable et d’un réalisme effrayant exposant le broyage des esprits et la violence d’un engrenage dont on échappe difficilement. Peut-on s’en sortir ?



Un récit intense et bouleversant.




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Ta vie ou la mienne

Un premier roman superbe. La quatrième de couverture ne m'a pas vraiment donné envie mais les critiques étaient très bonnes sur les réseaux sociaux. Je me suis lancé dans ce récit sans pouvoir m'arrêter. L'écriture est rythmée, belle, incisive mais c'est surtout la force de l'histoire qui transperce et bouleverse de plus en plus en avançant dans le bouquin. La vie du héros est à la fois rayonnante et terriblement sombre, ce qui en fait un héros des temps modernes, une figure littéraire assez inédite pour les minorités encore bien trop invisibles en France. La force du drame m'a emporté à tel point que j'ai versé quelques larmes (en lisant un livre, c'est rare me concernant). Une magnifique réussite.

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Ta vie ou la mienne

La littérature est comme un arbre (un paulownia par exemple) : un tronc dont les racines sont alimentées par des mots, des lignes, des paragraphes. Puis, des branches de base, solides, pour étendre tous les genres littéraires. Ensuite et jusqu’à l’infini, des ramifications d’écrivains, d’auteurs avec continuellement de nouvelles pousses. Parmi celles-ci, vient d’éclore « Ta vie ou la mienne » premier roman du journaliste Guillaume Para.



Autant le dire de suite, c’est une bonne détente, aucun risque de dévisser, tout le roman est une succession de frappes bien cadrées.

Hamed, devenu orphelin à l’âge de 13 ans, part de Sevran, où il est né, pour St-Cloud où vivent sa tante et son oncle. D’une banlieue difficile à une banlieue chic, l’adolescent s’épanouit, pratique avec enthousiasme sa passion, le football, et rencontre François qui deviendra son ami éternel. Quelques années plus tard et avec l’espoir de devenir joueur professionnel, il rencontre Léa, une jeune fille issue de la haute bourgeoisie du très sélect quartier de Montretout. Mais Léa souffre d’un mal inexplicable et lorsque qu’Hamed va le déceler, son destin va basculer. C’est désormais la case prison qui se dresse sur sa route et non plus le gazon d’un stade. Pourra t-il avoir un jour une relance pour Hamed ? Ou sera-t-il pour toujours un joueur « crucifié » ?



Par rapport au synopsis, tout pourrait porter à croire que le lecteur va se retrouver face à un classico, pauvreté contre richesse. Mais Guillaume Porta a l’intelligence de franchir ces sempiternels clichés en offrant une succession de surprises, de passes ingénieuses dans un univers où la violence des faits affronte la noblesse des sentiments, ou peut-être inversement…

Bien qu’il ne s’agisse que d’une histoire fictive, le côté journalistique de l’auteur frappe de multiples corners pour marquer les esprits sur l’univers carcéral et ses tacles rugueux, voire assassins.



Un livre à ne pas laisser sur un banc de touche et à découvrir sans tarder parce qu’Hamed est le portrait du héros discret du XXI° siècle, celui que vous croisez peut-être dans la rue sans le savoir. L’écriture est très rapide, imaginative, avec sur le fond un vent de romantisme, celui de la rupture du monde et de la raison, du sentiment contre la raison, de la sensibilité passionnée où surgissent les âmes torturés, où la lumière rejoint la noirceur.

Un seul regret, quand on tourne la dernière page on aurait aimé un temps additionnel…


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Ta vie ou la mienne

"On n'échappe pas à nos racines"



Quand Guillaume Para m'a proposé, il y a quelques semaines, de m'envoyer son premier roman, j'ai hésité à accepter, pas très attirée par une histoire qui se déroulait dans le monde du football... J'ai finalement accepté de le lire en me disant que, comme toujours, je donnerai mon avis sans aucune complaisance mais avec le maximum de bienveillance.



Et, à ma grande surprise, je termine ce roman sur un coup de cœur ! Sans pour autant être devenue une adepte du foot...



Hamed Boutaleb accumule très tôt de multiples malheurs, sa mère décède lors de sa naissance, son frère aîné est tué alors qu'Hamed n'a que huit ans, victime de la guerre des gangs qui sévit dans leur quartier. Lorsqu'il se retrouve orphelin de père cinq ans plus tard, Hamed quitte sa ville de Sevran en Seine-Saint-Denis pour aller vivre chez son oncle et sa tante à St Cloud, commune huppée de l'Ouest parisien. Au lycée, il se lie d'amitié avec François et rencontre Léa, une jeune fille de la haute bourgeoisie, un tout autre milieu que le sien, lui qui se ressent toujours comme un jeune des quartiers...

Léa est une jeune fille d'une beauté ténébreuse qui souffre de mélancolie depuis son adolescence, un état face auquel Ahmed se sent bien démuni. Un amour passionné les lie qui fait fi de leur différence de milieu et des craintes de Léa "Toi et moi, ça pue le malheur". Passionné de foot, Hamed intègre le centre de formation d'Auxerre, son rêve va devenir réalité... Jusqu'au jour où sa vie bascule, il se retrouve en prison pour quatre ans... au milieu d'une véritable jungle où il vit l'enfer. Devenu la proie de co-détenus, de certains surveillants, d'intégristes musulmans "prêcheurs de haine", Hamed va devoir s'endurcir pour survivre et appliquer les règles de la rue où il est né, devenir "un animal obéissant à son seul instinct de survie".



J'ai aimé ce roman pour sa construction très habile, pour son écriture réaliste sans fioritures, pour ses personnages très forts, très bien incarnés, des êtres blessés par la vie et enfin pour sa fine analyse des relations humaines. Le football ne tient, fort heureusement pour moi, qu'une toute petite place au début du récit... Il ne ressort aucun pathos de ce récit malgré la succession de drames qui accablent Hamed. Il y a du suspense et des rebondissements dans ce roman qui se termine d'une très jolie façon lorsque Louis, le fils d'Hamed, prend la parole. Le vécu du jeune homme en prison est raconté de façon réaliste, les conséquences de son emprisonnement sont particulièrement bien observées "La captivité est quelque chose qu'on garde en soi" ainsi que ses difficultés pour réintégrer une vie normale quand il sort comme "un animal blessé, assoiffé de violence.... l'âme et la figure balafrées", transformé en véritable bloc de haine et de colère et réduit à l'image "d'arabe ex-taulard, dealer et braqueur". Ce qui m'a frappée dans cette histoire c'est que l'enchaînement des malheurs vécus par Hamed est hélas complètement crédible. C'est une histoire de vies gâchées mais aussi une magnifique histoire d'amour et d'amitié car Hamed retrouvera après sa sortie de prison Léa et François, deux êtres chers que la vie n'aura pas épargnés non plus...

Un livre qui se lit d'une traite. Une très belle réussite et pour moi le plaisir d'assister à la naissance d'un écrivain.



Un conseil : ne pas lire le résumé sur le site de l'éditeur qui, contrairement à la quatrième de couverture, en dit beaucoup trop... Heureusement, je ne l'ai consulté qu'après ma lecture.



La fine équipe qui sélectionne les premiers romans ne s'y est pas trompée et a intégré récemment ce roman à la sélection.
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