Ce principe de la chambre d’isolement c’est un truc de schizophrène : à l’extérieur, quand on est fou, pénalement on n’est pas jugé responsable de de ses actes, mais chez les fous quand on fait une connerie on est puni.
Ce principe de la chambre d'isolement c'est un truc de schizophrène : à l'extérieur, quand on est fou, pénalement on n'est pas jugé responsable de ses actes, mais chez les fous quand on fait une connerie on est puni. Vous voyez la logique ?
"Ce principe de la chambre d'isolement c'est un truc de schizophrène : à l'extérieur, quand on est fou, pénalement on n'est pas jugé responsable de ses actes, mais chez les fous quand on fait une connerie on est puni. Non, mais peut-être justement que la logique est là, faire des trucs de dingue pour rester cohérent."
la police de Quimper s’est-elle lancée à la recherche d’un fugitif dangereux, malade échappé de l’asile ? Un garçon-fille en fuite, un garçon manqué on disait quand j’étais petit et je ne comprenais pas pourquoi on disait garçon manqué je l’avais demandé ça à ma mère une fois Pourquoi on ne dit pas une fille manquée ? ce ne serait pas plus logique de dire une fille manquée puisque justement ce n’est pas une fille ? le garçon n’est pas manqué puisque c’est un garçon alors qu’il aurait plutôt fallu peut-être qu’il soit une fille, c’est la fille qui est manquée.
Petit à petit (heureusement Clément avait des parents bien) il y a eu des pédiatres et puis des psys qui ont trouvé des mots. Un, surtout : maladie.
On a dit que la vie n'est qu'une goutte qui glisse le long d'une vitre, rien de plus vrai derrière les fenêtres de ces lieux : les dingues ne font pas plus de traces ni de bruits qu'une goutte d'eau le long d'une vitre, ceux qui tentent d'en faire sont bâillonnés. Quelle empreinte laisseront ces pauvres gars ? Nombre d'entre eux n'ont personne. Des gens si fous qu'ils n'ont plus rien alors leur rendre leur liberté pour quoi faire pour qu'ils s'en aillent dormir et mourir sous un pont au bout de trois jours ? Je dis Oui bien sûr que oui. Dans la chambre d'à côté y avait un type, Denis, 54 ans, interné depuis qu'il en a 19, et je me demandais souvent si Denis avait vraiment un intérêt à continuer. J'avais entendu dire qu'il était atteint d'une psychose infantile. Il avait toujours été taré, un QI d'enfant comme ses frères, son père avant lui. Rien à faire. C'était un truc génétique, une atteinte du cerveau il avait le cerveau pourri, fini à la pisse comme on disait quand j'étais petit. Dans un monde meilleur il ne serait pas là. En plus, l'attitude des soignants variait selon leur humeur. Denis quand ils n'étaient pas contents de lui ils l'appelaient par son nom de famille, parce que Denis parfois faisait des conneries. A la cantine il balançait son assiette. Rien de grave, il ne la jetait sur personne mais ça l'amusait je crois c'était sa façon à lui de dévier un peu de la ligne droite de la goutte d'eau sur la vitre. On le grondait alors et couic, un tour de vis, quelques heures à l'isolement pour que Denis retienne la leçon. Méchant Denis. Ce principe de la chambre d'isolement c'est un truc de schizophrène : à l'extérieur, quand on est fou, pénalement on n'est pas jugé responsable de ses actes, mais chez les fous, quand on fait une connerie on est puni. Vous voyez la logique ? Non, mais peut-être justement que la logique est là, faire des trucs de dingue pour rester cohérent.
"Quand j'ai su qu'on allait lui retirer ma garde j'étais soulagé, apaisé de ne plus avoir à regarder en face tout le mal que j'avais apporté dans sa vie."
L'école était un animal sauvage capable de tuer ou d'épargner, rampant sans faire de bruit.
Les psychiatres ont l'assurance apparente des curés, les mains sèches et le pas lent, un pouvoir canonique.
On était dans un endroit sûr, pour nous-mêmes et ceux qui y travaillaient, on essayait d'y tenir la mort à distance mais l'envie d'en finir que l'on prétendait soigner était entretenue par l'absence du plaisir.
Les aliénés c'est comme les animaux, après un long enfermement ils ne sont plus capables de survivre dans la nature.
J'avais un peu lâché l'affaire, non par abandon mais par fatigue, vous imaginez un échec amoureux à l'HP ? la honte encore plus que dehors.
C'était cohérent, on était dans un théâtre ou les acteurs sortent leurs costumes, blouses blanches ou pyjamas, un cirque aux numéros démodés, alors j'ai sorti mon nom d'artiste. Je voyais l'interne en PLS, j'étais pas peu fier de mon effet.
Peut-être justement que la logique est là, faire des trucs de dingue pour rester cohérent.
"Les jours heureux le sont parce qu'ils ne sont pas nombreux mais parfois je me demandais si ce n'était pas pour ça qu'on m'avait mis là, pour m'empêcher de danser."
"Un jour, j'ai lu dans un bouquin une phrase que j'ai retenue : "Les fous sont des résistants méprisés".
« Il ne fallait plus que je vois ma mère pour devenir un homme. »