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3.89/5 (sur 35 notes)

Nationalité : Malaisie
Né(e) à : Sarawak (Bornéo) , 1956
Biographie :

Zhang Guixing est né à Sarawak, province du nord de l’île de Bornéo. Après des études universitaires, il devient enseignant d’anglais à Taïwan. Il commence à écrire dans les années 1980.

Source : Editions Picquier
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Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Ce soir-là au crépuscule, quand Kwan A-hung se pendit sous la jaquier, un feu de plaine tournoyait dans les chaumes, une brume sale et poisseuse se répandit sur la campagne et engloutit la moitié de Krokop, le Bouk aux sangliers. Un soleil rougeoyant flottait, strié par les vapeurs et les fumées, tel un banc de carpes dorées. Des éperviers bleus aux ailes de braises ardentes, qu'illuminaient les flammes élancées vers le ciel, volaient bas en cercle et fondaient sur leurs proies en fuite dans l'océan de feu. Les plaintes de dizaines d'oiseaux s'élevaient des bosquets, les plus sonores, les plus affligées d'entre elles étaient celles des grands coucals, immobiles au bout des branches ou recroquevillés sur le sol, ils regardaient brûler leurs nitées tout juste sorites de l’œuf ou en âge de s'envoler.
(Incipit)
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Les feuilles poussaient des soupirs contents de dormeur ,très agréables à l'oreille.La mue d'un boa flottait dessus comme une brume ,qui paraissait devoir se dissiper à tout moment dans les airs.Tsing-Lian la piétina avec force et la mit en morceaux, de la peau sortit un mystérieux rire plein d'étoiles et de clair de lune.
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Les villageois bataillèrent plusieurs mois durant, puis découvrirent que les sangliers nichaient sur tout le territoire, leurs excréments jonchaient le sol, leurs empreintes étaient énormes, leurs grognements résonnaient sans cesse aux oreilles, il y avait des vieilles bêtes noires à la crinière hérissée, des jeunes puissants aux défenses arrogantes, des laies gravides, des marcassins qui avaient encore leur livrée beige à rayures, il y avait des sangliers sédentaires qui vivaient là et vaquaient paisiblement à leurs occupations, d’autres étaient des vagabonds sans foi ni loi. Après l’usurpation de leurs terres par les villageois, les sangliers amorcèrent la contre-attaque, parfois ils patrouillaient en groupe, d’autres fois quelques individus menaient des actions de guérilla, ils piétinaient les cultures, dévastaient les étables et les tonnelles, attaquaient les villageois. Quand, en 1911, on découvrit du pétrole dans le village, des ouvriers spécialisés d’origine chinoise et des migrants affluèrent en nombre, une forêt d’échoppes en planches poussa, grignotant le territoire des sangliers, les bêtes se rebellèrent, emmenées par un mâle dominant de la taille d’un bœuf, elles commencèrent à expulser les humains avec régularité et méthode, en six mois elles avaient reconquis d’innombrables terres cultivées, pris la vie de trois enfants, deux femmes et une vieillarde, les victimes n’avaient pas été piétinées et réduites en bouillie, non, mais dévorées tout entières, les villageois mirent sur pied une équipe de chasse, sans grands résultats, jusqu’à ce que les chasseurs Tzo Da-dy, Tsui le Biscornu, Ti Kim et Tortue Molle s’installent au village.
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En 1880, les Karayuki-san avaient émigré un peu partout en Asie du Sud-Est, l’argent de leur traite apportait un soutien considérable au Japon dans sa guerre contre la Russie. En 1911, quand Krokop se mit à produire du pétrole, ces demoiselles des mers du Sud ne tardèrent pas à rappliquer. Les billets de banque des colonies du Détroit que les michés tels que Ti Kim ou Tzo Da-Dy dépensaient chez la gent crocodilienne, l’argent du prêt que le père d’A-hung avait contracté pour son vélo Fuji, la menue monnaie qui servait à Tso Ta-tsi et sa bande pour acheter masques et jouets, tout cela contribua à la formidable puissance de feu grâce à laquelle l’armée impériale envahit la région. Kameda l’acupuncteur et Watanabe le dentiste aimaient aller jeter leur ligne dans le port, ils discutaient de leurs prises avec les pêcheurs du village, ils mesuraient aussi la profondeur en eau du port, ce qui permit à la marine japonaise d’y jeter l’ancre ; Sasaki le photographe faisait maintes promenades en montagne, maintes sorties en mer, il prenait des clichés en noir et blanc de femmes splendides et d’animaux dans des attitudes majestueuses, son méticuleux travail exposé dans la vitrine de son studio était laissé à l’admiration des villageois, mais il envoyait aussi la topographie des lieux au quartier général de Tôkyô. Les marchands ambulants Oshida et Kobayashi avaient arpenté les ruelles sordides et la campagne, ils se rappelaient les adresses mieux que le facteur, et mieux que des boas savaient la taille des porcs, des moutons et de la volaille de chaque maison. Avant l’invasion du 16 décembre 1941, ces Japonais et les Karayuki-san quittèrent précipitamment le pays, trois ans et huit mois plus tard, Maïtre Hsiao donnerait son ultime leçon à l’ombre d’un upas, il commenterait le quatre-vingt-neuvième chapitre de L’investiture des dieux : « Le dernier roi des Shang fait éventrer trois parturientes », l’épisode du Voyage en Occident où Huit Tabous transformé en silure s’ébat avec les filles de la grotte aux toiles d’araignée, il se rappellerait l’obscène brutalité des Monstres, la fausse compassion de Kameda et de Watanabe, la feinte humilité d’Oshida et de Kobayashi, la mort tragique de la moitié de ses élèves, alors il cracherait du sang, les enfants s’alarmeraient et, deux heures plus tard, il trépasserait brutalement.
Trois mois après qu’ils eurent débarqué, une troupe de Monstres, accompagné de Kobayashi, se rendirent chez le Biscornu pour prélever l’impôt de six dollars par tête, celui-ci avait senti le vent et s’était carapaté, assis sur la terrasse les soldats tiraient avidement sur les Three Castles roulées qu’ils avaient extorquées. Kobayashi jouait de l’harmonica accroupi sous des festons de grands carthames et d’ipomées à fleurs rouges, il avait fini de jouer deux airs quand, boum, il s’écroula, les quatre fers en l’air, les membres tout raides, une flèche empoisonnée était plantée dans son cou, il était toujours dans la position du joueur d’harmonica. Les soldats mitraillèrent à l’aveuglette avec leurs Arisaka 92, puis quittèrent les lieux en hâte, quand ils revinrent, la tête de Kobayashi avait été tranchée, et l’harmonica avait disparu on ne sait où.
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Septième mois, temps des grandes sécheresses, les fruits sauvages sont tous tombés, des fleurs le pistil s’en est allé, et sur l’argile ardente, le vent roule les feuilles mortes.
Affamés, irascibles, les sangliers omnivores de Bornéo se souviennent qu’au nord, bassin de rivières et de fleuves, plus tôt que dans les vallons, c’est la saison des efflorescences et des fruits, quittant la forêt vierge tropicale de l’ouest de Kalimantan ils transhument vers le nord par les monts et les vaux de Bornéo, en route leurs hardes se rejoignent et s’agrègent en une puissante armée, ils traversent la longue frontière escarpée et montagneuse qui sépare la Malaisie et l’Indonésie, puis pénètrent dans la forêt vierge de Sarawak, riche, peuplée, étendue, ils traversent les bassins drainés par les cours d’eau, sans crainte des hommes ni des autres animaux, à la recherche d’une terre de cocagne où se reproduire et assouvir leurs appétits gloutons.
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Ce soir-là au crépuscule, quand Kwan A-hung se pendit sous le jaquier, un feu de plaine tournoyait dans les chaumes, une brume sale et poisseuse se répandit sur la campagne et engloutit la moitié de Krokop, le Bouk aux Sangliers. Un soleil rougeoyant flottait, strié par les vapeurs et les fumées, tel un banc de carpes dorées. Des éperviers bleus aux ailes de braises ardentes, qu’illuminaient les flammes élancées vers le ciel, volaient bas en cercle et fondaient sur leurs proies en fuite dans l’océan de feu. Les plaintes de dizaines d’oiseaux s’élevaient des bosquets, les plus sonores, les plus affligées d’entre elles étaient celles des grands coucals, immobiles au bout des branches ou recroquevillés sur le sol, ils regardaient brûler leurs nitées tout juste sorties de l’œuf ou en âge de s’envoler.
Les villageois allaient et venaient entre leurs champs, leurs vergers, leurs poulaillers, sans prêter la moindre attention au feu ni à ses lugubres hurlements, mais un vent de sud-ouest s’abattit sur le village et, en un rien de temps, la fumée ennassa les récoltes ainsi qu’une centaine de maisons sur pilotis, dans la panique ils prirent la fuite, la peur s’empara du bétail et des basses-cours, même les dîners eurent une odeur de brûlé. Les enfants du village exultèrent, retenant entre leurs doigts la bande de tissu de leur lance-pierre, tenant dans l’autre main le manche taché de sang d’oiseau, ils bandaient l’élastique puis tiraient sur les volatiles fuyant l’incendie, sur les roussettes et les éperviers qui planaient bas avec arrogance. Les roussettes dont la membrane d’une aile avait été trouée par les gamins gisaient à leurs pieds, faces de renard écarlates toutes pleines de poils, aux grandes oreilles, elles poussaient vers eux des cris de rage terribles.
Certaines pierres lancées par les enfants dégringolèrent sur la tôle zinguée des toits des maisons dans un tintamarre strident et cristallin. Les villageois croyaient dur comme fer que ces pierres tombées du ciel sur leurs habitations n’attisaient rien de moins que la colère divine, appelaient les calamités, mais leurs sermons n’ébranlèrent nullement l’humeur taquine des garnements et leur instinct meurtrier.
Quand les fumées qui enveloppaient le domaine de Kwan A-hung se furent peu à peu dissipées, les gosses traversèrent la clôture et virent son corps sous le jaquier.
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..une grande sauterelle rouge cinabre vola au-dessus des fourrés de chaumes, et dans la flaque se refléta,vague,la silhouette d'une jeune fille o la longue chevelure ondoyante.
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A-Hung se réveilla de son somme,il vit devant ses yeux Emily et son chien noir ,derrière elle quatre sangliers à barbe réclamaient leur nourriture en groui-grouinant ,le coq sans tête perché sur son poteau regardait tout autour de lui les ruines et la terre dévastée.
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