Bon, je ne suis sans doute pas cultivé car j’ignorais l’œuvre de Guy Dupré. A la suite d’une lecture d’une chronique dans Le Figaro Littéraire, j’ai lu L’âme charnelle.
Voilà une découverte, une vie qui se raconte entre les lignes d’un journal. Une œuvre aussi qui balbutie, hésite et se construit indépendamment.
Ce journal n’est absolument pas ennuyeux, bien au contraire. D’abord, on y croise des figures célèbres, Gracq, Cocteau, Yourcenar, Obaldia, Robbe-Grillet, Proust, Mauriac, etc… même mon cher Déon. Et bien sûr, Pauline Benda, le dernier amour d'Alain-Fournier.
Puis on y lit la vie amoureuse de Dupré, une existence scintillante, fluctuante, méritante.
L’émoi pour l’un de ses camarades de classe (p.46), toutes les femmes qu’il a aimées ou conquises, jusqu’à Thérèse sa femme légitime.
On ne peut s’empêcher de corner les pages.
Voici 3 extraits :
« Journées blanches que je laisse s’échapper comme les jetons d’un appareil téléphonique déréglé : plus d’appels ni de voix. »
« Du calme. Ne pas m’horripiler. Continuer à coudre quand il y a un nœud. Chaque chapitre doit être capté, pris au piège des mots, enserré peu à peu. Tout est une question de patience et de ruse amoureuse. Ne plus patauger dans ces flaques d’eau de femme où se dilue ma liqueur d’homme. »
« Accoupler le dehors et le dedans et enfiler les espaces intérieurs comme les perles de la même eau. »
Il y a aussi les pages sur la mort de sa mère et son enterrement qui serrent le cœur, procurant une vive émotion.
L’écriture est gracieuse, une petite musique concertante, tantôt sonate, tantôt symphonique.
Ça se joue toujours au bord du précipice, comme toute vie.
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