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EAN : 9782246400110
287 pages
Grasset (30/11/-1)
3/5   2 notes
Résumé :

Mémorialiste de lui-même, Guy Dupré signe ici un livre inclassable et éblouissant. Sont-ce les archives du siècle ? Des mémoires ? Un récit ? Une auto-fiction ? où il lève le rideau sur le spectacle de sa vie. Né à Fécamp de papa normand et de maman nippone, éprouvant encore les crispations de la faim et les frustrations de la guerre, Guy Dupré, éditeur chez Plon et journaliste &#x... >Voir plus
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Critiques, Analyses et Avis (1) Ajouter une critique
'Comme un adieu dans une langue oubliée' qui a paru chez Grasset en 2001 est le septième livre de l'écrivain français Guy Dupré ( 1925-2018).

C'est un livre intrigant qui, dans un autre registre, m'a fait penser au ' Je me souviens' de Georges Pérec – les deux auteurs appartiennent d'ailleurs à ces générations d'hommes nés dans l'entre deux-guerres.

Comme l'indique son très beau titre, l'ouvrage tend à nous donner à voir un monde en train de disparaître. Un monde dont Guy Dupré ne veut rien oublier

Dans un effort émouvant, sa phrase, tortueuse, s'adapte aux sauts de la mémoire qui entraîne l'auteur dans une course effrénée de souvenirs en souvenirs. A certains moments, on le sentirait presque s'essouffler, haletant, emporté dans la ronde infernale de ses réminiscences organisées en poupées russes: la figure d'Arletty l'emmène vers celle de Romaine Brooks, qui aussitôt lui évoque Cocteau, car Romaine Brooks a fait poser Cocteau devant la tour Eiffel ( c'est vrai, j'ai vérifié)...

Un beau livre dont j'ai particulièrement apprécié le style souvent étincelant.
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Citations et extraits (4) Ajouter une citation
Adolf Hitler, à qui notre génération dut de souffrir, à l'âge de Poil de Carotte, de malnutrition chronique, avec les retards de croissance, pertes de capital osseux, caries dentaires, cavernes pulmonaires qui en résulteraient, et la répulsion pour les repus et les nantis, Adolf Hitler se nourrissait comme Gandhi. Pas de viande; ni œufs ni poisson.
[...]
Son allaitement avait duré deux ans; deux nourrices relayant sa mère qui perdit ses trois premiers enfants et craignait pour lui. Baptisé un lundi de Pâques, il se persuada plus tard que son grand-père paternel était un Juif de Gratz, chez qui sa mère-grand jouait le rôle de Shabbes Göre – « chrétienne de sabbat » chargée le samedi des travaux indispensables comme l'entretien du feu dans les grands poêles de fonte. Souvent battu par son père, qui allait jusqu'à trente coups de fouet à chien sur les reins, Hitler utilisera le fouet avec sa nièce Geli, lui-même prenant la place du chien. L'hommédor Hitler, chez qui Bernanos remarquait le « merveilleux sourire des lèvres et des yeux qu'il tient de sa mère », gardait au fond de son cœur la trace des violences qu'elle avait eu à subir d'un mari de vingt-trois ans son aîné. « Les garçons bien doués gardent jusqu'à l'âge le plus avancé des souvenirs de la petite enfance », écrit-il au début de Mon combat. « L'étroitesse et l'encombrement du logement sont une gêne de tous les instants : des querelles en résultent. Ces gens ne vivent pas ensemble, mais sont tassés les uns sur les autres... Passe encore entre enfants : un instant après ils n'y pensent plus. Mais quand il s'agit de parents, les conflits quotidiens deviennent souvent grossiers et brutaux à un point inimaginable. Et les résultats de ces leçons de choses se font sentir chez les enfants... Un malheureux gamin de six ans n'ignore pas des détails qui feraient frémir un adulte. » Devenue veuve et rongée par un cancer du sein, Klara Hitler avait eu recours au Dr Eduard Bloch qui lui prescrivit des doses d'iodoforme – composé de teinture d'iode coupé d'un mélange de potasse et d'alcool – pour désinfecter sa plaie, avant d'y appliquer des tranches de bœuf en compresses. Elle mourut dans d'inapaisables souffrances. « Au cours de mon expérience médicale de quarante années, dira le Dr Bloch en 1938, je n'ai jamais vu un jeune homme aussi profondément et douloureusement affecté que le jeune Adolf Hitler en cette circonstance. »

A la diète à laquelle son grand garçon humilié nous avait soumis correspondait la cure d'amaigrissement mortel imposée à des millions de déportés retrouvant leur statut de squelette sans passer par le stade de la putréfaction.
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Henri René Lenormand aurait pu être mon grand-père. Il tenait à ses recettes d'alcôve comme à de vrais secrets pour changer la vie. Longtemps familier du marché aux filles du Moulin-Rouge et des maisons publiques d'Alger, il y recherchait la « chair dépouillée jusqu'à l'abstraction des différences, des prestiges et des nuances de la personne ». Mais il savait différencier les horizontales des bêtes à plaisir, les partenaires des complices, les compagnonnes des partenaires. L'homme, quand il est jeune, me disait-il, est toujours trop pressé. L'acte bref, voilà le seul péché qui ne lui sera pas pardonné. Le drame de Don Juan est le drame de l'éjaculateur précoce. Faire durer, tout est là. Et pour faire durer, à votre âge impatient, penser à autre chose. Reconstituer, par exemple, vous qui aimez les guerres et frayez avec les Mangin, les phases de la bataille de Verdun; ou la nomenclature des généraux morts au feu pendant la Grande Guerre, mais là ce serait revenir à l'acte bref... Il préconisait les jeux dans la baignoire et l'empalement dans l'eau. Il évoquait le « constrictor » de certaines femmes qu'on ne trouvait selon lui qu'au Maroc, où, s'asseyant sur les cuisses de l'homme, la femme peut amener l'orgasme sans mouvoir aucune partie de son corps. Une telle artiste est appelée Kabbazah : c'est-à-dire littéralement «qui serre»; fermant et resserrant les muscles du vagin de telle sorte qu'il se moule au membre viril, se dilatant et se comprimant à volonté, pareil à la main de la laitière qui trait la vache. Ceci ne peut s'apprendre que par une longue pratique, et en faisant passer sa volonté dans l'organe même, comme les hommes qui travaillent à s'aiguiser le sens de l'ouïe ou du toucher. C'est ainsi que Weidmann, l'assassin de la forêt de Fontainebleau, employait les longues heures de sa captivité à cultiver ce sens de l'ouïe; il en était arrivé à distinguer des sons que d'autres hommes n'entendaient pas, même confusément.
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Beaucoup mieux en cour avec le temps, pour Armande les années qui nous séparent constituent la litière sur quoi lui paraît devoir s'opérer, à la faveur de son corps bon conducteur des chaleurs perdues, une sorte de passation entre le grand mandarin dont elle fut l'égérie et celui dont elle faisait un mixte de Julien Sorel et d'Henri d'Ofterdingen. Reconstituer la chaîne érotique dont parle Ernst Jünger : deux hommes peuvent avoir dégusté la chair d'une même femme, l'un serait né avant la Révolution française, au XVIIIe siècle, l'autre mort au XXe siècle. Jaloux était né au XIXe siècle, comme Lenormand; le premier sept ans après Sedan; le second onze ans; moi-même venu au monde douze ans avant le second Sedan, je verrais sans doute le XXIe siècle.
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Dans le nu couché de Foujita censé la représenter, nous tenions pour acquis que l'avait « doublée » sa contemporaine Colette Darfeuil, à qui ses metteurs en scène demandaient de bien vouloir comprimer ses seins généreux dans une bande Velpeau.
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