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Critiques de Guy Goffette (155)
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Elle, par bonheur, et toujours nue

« La vie. Rien que la vie. Toute la vie. Une. Libre. Folle. »

C'est ça que veut Pierre Bonnard. C'est ce qu'il veut que sa peinture soit. Car il est un amoureux : de la vie, de sa Normandie natale, de Paris, du Sud de la France, des couleurs, du noir, du mouvement, de la lumière, des jardins, de la mer, des bas de soie, et de Marthe.



Vous la connaissez sûrement, cette Marthe, cette petite Marie qui se fait appeler Marthe pour échapper à son destin paysan dans les bras de Pierre, et surtout dans sa peinture. Car il la peint, par bonheur, et toujours nue. « Nu à la baignoire », « Nu à contre-jour », « Nu au petit chien »....

« Marthe, l'amoureuse, a le corps fait au tour des anges : seins menus, taille mince et cambrée, croupe ronde, jambe longue à ravir. Elle aime sur ses bas noirs lentement dérouler pour Pierre, qui ne dit mot mais consent, la jarretière d'incendie. Que volent, volent croquis, dessins, lithos, lavis, gouaches, Marthe attise le feu et Pierre y jette ses huiles les plus douces, immortalisant l'indolente qui ne s'habille et se déshabille avec des grâces coquines un peu et des langueurs de chatte. »



Quel bonheur de me plonger dans les tableaux de Bonnard, de m'immerger dans la lumière et dans les couleurs vives ! Je l'ai redécouvert pendant ma lecture. Né en 1867, Bonnard côtoiera les plus grands – Toulouse-Lautrec, Matisse entre autres - , se fera sa place parmi les post impressionnistes, sa place à lui, humble et émerveillée.



Quel bonheur de lire la prose poétique de Guy Goffette, de me rouler dans ses mots enchanteurs, dans ses expressions exquises et envoûtantes !

La douceur se mélange à la lumière, la femme se livre, nue, et la nature explose.



J'ai vécu un moment précieux en la compagnie de Pierre Bonnard amoureux de Marthe et raconté par Guy Goffette. Et je termine par une ultime citation, que je fais mienne, totalement :

« Bonnard n'a eu qu'un tort, c'est de persister à devenir lui-même, à n'être que soi, mais totalement, de dire à voix haute ce que la plupart n'osent plus penser : que le bonheur existe, et l'amour et la beauté, que ce n'est ni d'avant ni d'arrière-garde, et qu'il est sacrément bon de ne chercher que cela. Au fond de soi. Tout au fond ».

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Paris à ma porte

En maniant le quatrain et autres vers comme un jongleur, l’espiègle poète belge nous fait faire le tour du propriétaire de ce premier arrondissement de Paris où il a posé ses pénates il y a quelques dizaines d’années. Mais plus que la rue des Halles, ses chevaux de Marly, le pont Saint-Michel ou encore la Madeleine, « mieux vaut, je vous le dis, flâner au gré des rues… » Car, comme le disait Georges Perros, « La poésie est dans la rue » et c’est ce chemin là qu’affectionne Guy Goffette, le chantre du petit rien, du quotidien.

Ainsi, tournant le dos au Paris des lumières au « Paris des beaux quartiers, du commerce et du luxe », il nous emmène plutôt vers ces rues moins cossues mais qu’il arpente en se souvenant de son village d’autrefois.

Il y a de la gouaille et du rythme dans ses vers, on pourrait les chanter, d’ailleurs l’un d’entre eux, qui évoque la rue Pirouette, se décline sur l’air de « Pirouette, cacahuète » preuve que notre ami Goffette est resté un grand enfant. Et pourquoi pas, comme il le suggère avec humour, chanter la Marjolaine rue Rouget-de-Lisle.

C’est « entre les ombres de sorbiers frissonnants » rue de la Cossonnerie que le poète vit, une rue qui, à défaut d’avoir du chien, sent la cochonnaille car le « ventre de Paris » comme le nommait Zola, était tout à côté. Orpheline de ses porcs, la Cossonne est devenue rue piétonne.

Ces rues évoquant des métiers de bouche ou bien une nourriture riche ont perdu leur sens premier et même la rue de la Lingerie a une appellation trompeuse car elle n’abrite qu’un restaurant où faire bonne chère en rêvant à ces chairs corsetées.

On aime cette flânerie dans les rues et dans les souvenirs de Guy Goffette, comme cette première visite de Paris lorsqu’il avait seize ans et des rêves en pagaille.

Les rues s’humanisent quand elles évoquent une personne comme la rue des lavandières Sainte Opportune qui convoque le souvenir de sa mère au lavoir ou encore la rue Croix-des-Petits-Champs et son amante aux cheveux de feu.

Ces rues nous renvoient à une période ancienne et révolue, et les poèmes font un clin d’œil à Villon ou Du Bellay qui ont su embrasser la ville dans leurs vers.



J’ai été sous le charme de ces poèmes avec cette sonorité de la langue qui nous donnerait envie de les fredonner en flânant dans la rue de la petite truanderie, rue Mondétour, place Joachim du Bellay mais en évitant le Sébasto.

Un (trop) court recueil où il fait bon baguenauder en compagnie de l’ami Guy.



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Elle, par bonheur, et toujours nue

Elle a tout juste 20 ans, la petite Marie, quand elle manque de se faire renverser par un tramway un jour de décembre 1893. Sauvée in extremis par un homme un peu plus âgé qu'elle, elle lui dit s'appeler Marthe de Méligny. C'est le nom qu'elle s'est choisi pour sa nouvelle vie à Paris, loin de son enfance berrichonne. Lui, c'est Pierre Bonnard, il est peintre et elle sera sa muse, son amie, sa maîtresse son épouse pour les prochaines 49 années. Un amour est né qui connaîtra des hauts et des bas, des coups de canif dans le contrat, la tendresse, la complicité, et qui fera ménage à trois avec la peinture, éternelle passion de Bonnard.





C'est une rencontre avec Marthe, nue, à sa toilette, au détour d'une allée d'un musée d'une ville du Nord qui a inspiré à Guy GOFFETTE cette biographie de Pierre BONNARD. Tel le peintre et son pinceau, il a pris sa plume pour brosser un portrait tout en finesse de l'artiste et de ses deux passions, la peinture et Marthe. On y découvre un homme entier, voué à son art, faisant fi de l'opinion de sa famille, des critiques ou de ses confrères. Et puis il y a Marthe bien sûr. Peinte nue, le visage souvent caché, dissimulant ses secrets. Jalouse, possessive, de santé fragile, Marthe a inspiré, soutenu, aimé celui qui lui a sauvé la vie lors de leur première rencontre.

Découverte d'un artiste trop peu connu et évocation d'un amour hors du temps, Elle, par bonheur, et toujours nue est une biographie romancée délicate et poétique, pleine de couleurs, de passion et de douceur. A découvrir.
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Géronimo a mal au dos

Difficile...Il m’est particulièrement difficile d’écrire cette critique, parce que ce livre m’a profondément mise mal à l’aise, alors qu’il est très finement écrit, avec quelques gouttes de poésie, ce qu’en général j’adore.

Mais....mais. Je n’arrive pas à sortir de moi cette rancœur que je ressens encore.



Dès la première page, le narrateur est au chevet de son père, qui vient de mourir, et il se souvient. Il se remémore, ou plutôt, il recrache son enfance dans une « maison où on ne rit pas, une maison où on ne chante pas, où l’on ne s’embrasse pas, ou alors si distraitement, à de si rares occasions que ça compte pour du beurre. Où l’on ne dit jamais mon enfant, mon soleil, mon petit cœur, je t’aime. Une maison où on ne lit pas, à l’exception du journal et du papier peint. Un écrin vide, un parapluie quand il pleut, un brasero quand il fait froid, une cantine quand on a faim. Un lieu clos où les murs sont seulement des murs auxquels on ne peut que se cogner. »



Le ton est donné, n’est-ce pas ? Eh bien, tous les chapitres recréent cette ambiance nauséabonde, peut-être le mot est-il trop fort, je me rends bien compte que je suis peut-être trop subjective. Car il y avait beaucoup de familles « dans le temps » où les petits villages vivaient repliés sur eux-mêmes, et où le père, rigide et froid, travaillait à en crever pour nourrir les siens, tandis que la mère vivait quasi soumise à son « seigneur et maitre » (dixit le narrateur).



Pourtant, c’est un joli coin, ce village où coule la Semois. On aurait pu y être heureux...Mais pas le narrateur, déjà attiré par l’art, et non par les études universitaires dont rêvait son père, lui qui aurait voulu que son fils ainé le dépasse, lui qui aurait tant voulu mener plus haut celui qu’il n’était pas arrivé à être. Des rébellions enfantines au grand silence adulte, il n’y a qu’un pas.

Et quand le narrateur revient, après des années d’absence, il est trop tard. Il ne lui reste plus qu’une chose : se souvenir, essayer de comprendre. « Je savais que sous une seule casquette plusieurs hommes pouvaient se tenir, qui refusaient de se parler, sauf au secret, parfois, dans les nuits d’insomnie ». Oui, son père n’était pas seulement cet homme secret et froid...Mais c’est trop tard, car il a forgé son fils tel qu’il est maintenant, un homme froid, lui aussi, et incapable d’aimer vraiment.



Je termine par les paroles du narrateur, qui résument finalement toute cette relation qui m’a tellement prise à la gorge que je n’arrive pas à en parler sereinement :

« En te donnant raison, j’aurais été acculé à te dire pourquoi je ne cessais de partir, de plus en plus loin et de plus en plus longtemps, et ce que je fuyais, et ce que je cherchais ailleurs et que je ne trouvais pas et que je ne trouverais sans doute jamais de ton vivant, parce que tu ne me l’avais pas donné : cet amour et cette assurance d’être aimé pour ce que j’étais, d’être quelqu’un d’abord, à qui l’on fait confiance, autre chose qu’un incapable, un vaurien, toujours suspect, toujours coupable. Bref, j’aurais été acculé, papa, à te dire tes quatre vérités, comme on dit. Ces quatre qui sont si nombreuses qu’on ne les dit jamais ».

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Elle, par bonheur, et toujours nue

Imagine, un musée, celui de Grenoble ou celui d’Orsay, et là la lumière, celle de l’ampoule de la guérite du gardien, celle de Pierre Bonnard, les couleurs de la lumière. Tu te plantes devant un tableau, tu regardes, une pointe par ci, une pointe par là et la lumière t’éblouit, et la femme nue, par bonheur, pur bonheur, t’éblouit.



Elle s’appelle Marthe, ou Marie, peu m’importe, c’est la Muse, celle de Pierrot qui la croise au détour d’un quai ou d’une rue, et qui s’en trouve bouleversé à jamais. Imagine cette rencontre, l’artiste et le modèle, le peintre et la femme nue, toujours nue. Dans la salle de bain, sur un canapé, dans son lit. Pas besoin d’une lune bleue pour l’inonder de bonheur, juste un sourire, un regard et l’amour qui vient. La passion, les caresses, le silence. C’est ça l’amour. C’est ça la peinture, c’est ça, les couleurs de la lumière, ce mélange chaud de passion et de caresses qui se posent sur une toile.



Ferme les yeux devant le tableau, et imagine ce dessein… Imagine ce sourire, cette beauté. Imagine cette nudité. Je ne connaissais pas Pierre Bonnard avant ce roman, inculture généralisée. Je le connais un peu, maintenant, j’ai été voir des tableaux, j’ai senti cette femme nue au parfum de jasmin ou de coquelicot, j’ai fermé les yeux, et je l’ai gardé en moi, comme un silence intérieur qui réchauffe l’âme.



Une écriture poétique et sensuelle qui se déguste en une nuit, ou en un verre, sous la lumière d’automne, du jaune, de l’ocre, du soleil et une femme, belle et nue, qui enlève ses bas noirs, après l’amour, ou avant, qui s’allonge et pose à mon regard triste, repose ses courbes nues et parfumées à mes fantasmes silencieux. J’aurais dû être peintre, voilà ce que me dit mon subconscient, j’aurais trouvé ma muse et l’aurais croqué sur un air envoutant de violoncelle, ses fesses ses seins, la lumière d’une vie.
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Elle, par bonheur, et toujours nue

C’est à travers l’écriture très poétique de Guy Goffette que j’ai appris à apprécier Pierre Bonnard peintre (1867-1947) que je connaissais très peu. Comme beaucoup, j’ai retenu plus ses contemporains Matisse, Toulouse –Lautrec, Paul Gauguin. Je serai dorénavant beaucoup plus attentive !

Sa rencontre avec Maria Boursin qui se fait appeler Marthe de Méligny va devenir son modèle puis son épouse.

Le paradoxe de cette rencontre est le contraste qui existe entre le dévoilement du corps de Marthe qui posera nue sans difficulté et qui permettra ainsi à Pierre Bonnard de peindre plus de cent toiles et le secret sur sa véritable identité qu’elle ne dévoilera que quelque temps avant leur mariage.

La plume poétique, légère et lumineuse de Guy Goffette rend un très bel hommage à ce peintre amoureux de l’intime, des couleurs et de la lumière.

En écrivant : « On n’en dit jamais autant sur soi-même qu’en parlant des autres », Guy Goffette nous donne une information sur l’essence de ce récit et me donne envie de mieux le connaître !

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Géronimo a mal au dos

Simon est dans le grand salon de la maison dans laquelle il a grandi, venu se recueillir auprès de l'homme qui y repose entre quatre planches, son père. Au milieu du va et vient des proches venus rendre un dernier hommage, il se rappelle de ce père violent et austère, mais juste aussi.



La lecture de Géronimo a mal au dos me laisse une impression assez mitigée. Outre que le sujet n'était pas très heureux au vu de mon actualité, j'ai trouvé le livre... sans plus. Bien écrit, avec quelques jolis passages, mais sans plus. Certains passages qui sonnent très vrais, mais sans plus. Ce livre m'a donné le sentiment d'une sorte de revanche, l'occasion pour un homme de dire ses "quatre vérités" à un autre, celles qu'on ne dit jamais, parce qu'on n'en a jamais l'occasion (Goffette parle plutôt bien de ces quatre vérités-là), comme une cure cathartique, un besoin post-mortem de pouvoir enfin cracher des sentiments, afin de pouvoir, peut-être, passer à autre chose.

Le passage du "cas particulier" vers "l'universel" ne s'est pas fait pour moi, et je suis restée à regarder Simon se débattre avec ses sentiments d'enfant. Et c'est un peu là que le bât blesse, à mon avis. Simon reste sur ses sentiments d'enfance, d'injustice notamment, alors que les acteurs de l'extérieur (la sœur, les les ouvriers avec lesquels il travaillait...) apportent "l'hommage", et ajoutent à la vision de l'homme violent et impitoyable de Simon d'autres, que l'ont peut respecter : la justice, le respect et l'obéissance vis-à-vis de ses propres parents...

Il y a de jolis passages, dans ce livre, lorsque Simon travaille un temps avec son père par exemple, certaines "fins" de chapitre, qui ressemblent à des sentences poétiques (en même temps, Guy Goffette est poète). Je me dis juste que c'est dommage, à 60 ans, de ressentir encore si fortement les désillusions de l'enfance. Que c'est dommage également de n'avoir pas su passer outre, de ne pas avoir compris qu'aimer et haïr ne sont que les revers d'une même pièce, une sorte de passage obligé pour avancer sur le chemin de sa vie, pour gagner un petit peu de sagesse dans son rapport au monde et aux autres.

Mais bon, comme je le disais, au vu de mon actualité, le sujet de ce livre est sensible, et je n'avais peut-être pas la tête et l'ouverture nécessaire pour apprécier ce livre. Dommage !

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Un été autour du cou

Souviens-toi de cet été, torride, genre des perles de sueur qui coulent entre les seins de la Monette. Des seins généreux qui se gonflent de désir à chaque inspiration. Laisse-moi rêver que j’ai encore onze ans, cela fait des années que j’ai onze ans et que je replonge dans les fantasmes d’un adolescent, le temps d’un été qui se prolonge autant de fois que le soleil plonge dans les champs de blé, mon regard plongeant dans le décolleté outrageant de la Monette, la quarantaine sonnée, assomme-moi de ta poitrine assumée.



Pour l’heure, j’imagine ses lèvres se poser sur les miennes, un rouge à lèvres cerise, tiens et si je prenais un yaourt à la cerise. Ne cherche pas le rapport, il n’existe que dans mon imagination, lubrique diraient certaines, peu importe. De toute façon, je ferme les yeux alors des frissons me parcourent l’échine, lorsque je sens ses lèvres se poser délicatement, ses lèvres qui s’ouvrent, humides, sa langue qui glisse et lèche le long de mon corps… Il fait chaud, j’l’ai déjà dit, du haut de mes souvenirs, torrides, la sueur qui coule le long de ses hanches. J’aime son acidité, j’aime sa salinité, soif de découverte, soif d’envie, ça coule, le long, ça dégouline… J’ai onze ans.



Il est temps de me réveiller, d’ouvrir les yeux. Elle me fait face, croise et décroise ses jambes, le sourire éclatant comme autant d’étoiles qui brillent dans le noir, comme un phare dans la nuit qui guide mon désir ardent. Croise et décroise, furtivement, j’aperçois un petit coin de son étoffe noire, un buisson ardent prêt à s’enflammer aux températures anticycloniques de nos deux corps. Un instant de poésie s’ouvre à moi, aussi sensuel qu’un vers de Verlaine, ses longues jambes s’écartent et me chevauchent, le buisson capte l’humidité de cette chambre aux volets tamisés. Le souffle court, la musique d’une nuit, d’une vie, lancinante, nos corps s’échangent, et la cire coule le long de la bougie. Elle souffle la flamme, la lumière s’éteint, celle d’un été, ses jambes autour de mon cou. Un instant furtif de poésie cruelle, fin de l’histoire d’amour de Simon, onze ans et de la Monette, âge « mure », tu reprendras bien un verre d’anisette.

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Elle, par bonheur, et toujours nue



Comme pour " Deux remords de Claude Monet" de Michel Bernard, voilà une rencontre magnifique entre un auteur et un peintre !



Guy Goffette nous raconte Pierre Bonnard et surtout Marthe, sa compagne, sa muse. Il nous les raconte en nous emmenant dans un tourbillon de sensualité, un vertige poétique...



En décembre 1893, à Paris, naîtra un amour improbable entre le peintre et une toute jeune femme, qui dit se nommer Marthe de Méligny et qui en fait, il le découvrira plus tard, vient de la campagne, fille de paysan, elle s'appelle Marie. C'est le coup de foudre! " Pierre sait déjà et ne sait pas encore que cette jeune femme qui se réchauffe dans ses yeux va l'entraîner jusqu'au bout de lui-même."



Elle deviendra le sujet central de ses tableaux, une fièvre de création dont elle est l'origine s'emparera de Pierre Bonnard, notamment dans les scènes de nus qu'il multipliera, la peignant sans cesse. Mais cette relation sera aussi source de repli, d'enfermement et éloignera les amis de l'artiste.



Marthe, il la rêve, la magnifie, même lorsqu'elle vieillit, il ne voit à travers elle que l'image de la jeune femme rencontrée par hasard, dans une rue parisienne.



Guy Goffette a réussi à nous transmettre son admiration pour le peintre, ses émotions personnelles, et une observation très juste et passionnante de ses oeuvres. J'ai aimé en particulier ses réflexions sur les fenêtres représentées par Pierre Bonnard ( ce sont mes tableaux préférés de lui) , intérieur et extérieur fusionnant harmonieusement.



Mais surtout, c'est l'écriture de l'auteur qui m'a transportée. Colorée , gourmande, aérienne aussi, elle retranscrit parfaitement l'univers aux mille nuances vives du peintre. Un régal de mots , des toiles éclatantes de vie! A découvrir! Et je remercie Latina, c'est grâce à son superbe ressenti que j'ai eu envie de me procurer ce livre...

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Géronimo a mal au dos

Simon revient dans son village lorrain pour les funérailles de son père. Avant le chagrin, ce sont les souvenirs qui l'assaillent, ceux d'une enfance difficile dans un foyer où les sentiments n'étaient pas exprimés, auprès d'un père qui avait la réprimande facile et le geste leste pour punir ses enfants. Mais Simon est un homme désormais, plus à même de comprendre un homme qui avait des valeurs et aimait ses enfants malgré les reproches et les taloches.





Avec beaucoup de poésie et de tendresse, Guy GOFFETTE évoque une enfance dans une famille ouvrière à la fin des années 50. La mère reste au foyer pendant que le père travaille sur des chantiers. Les loisirs et l'amusement ne sont pas de mise; ce qui prime, ce sont les valeurs de respect et de travail. Pas de place non plus pour les sentiments. Le chef de famille veille à nourrir, couvrir et chauffer sa famille, le reste est accessoire. En contrepartie, il a droit à l'obéissance, au respect et à la gratitude des siens. En cas de manquement, il règle l'affaire avec une bonne paire de claques ou un passage sous les lanières du martinet. Mais Simon, le narrateur de l'histoire, est en constante rébellion contre ce père sévère et autoritaire. Simon rêve de tendresse, d'amour, de câlineries. Le confort physique ne lui suffit pas, il a besoin de sentiments, de mots d'amour. Dès qu'il l'a pu, il a fui ce foyer trop froid pour ne revenir qu'à de rares occasions. L'aîné a "trahi", ses frères et sa soeur sont restés pour s'occuper de parents vieillissants. Simon a fait sa vie loin d'eux et ne peut empêcher la culpabilité de l'étreindre quand son père meurt. Le rendez-vous n'aura donc jamais lieu, ce qui a été tu le sera à jamais. Pourtant, il va explorer ses souvenirs et découvrir des aspects méconnus du caractère paternel. D'ailleurs, de la fratrie, il est le seul à avoir si mal vécu les choses. De leur enfance commune, Simon n'avait gardé que le pire et son éloignement n'a rien arrangé.

Récit du temps passé, d'une époque révolue, Géronimo a mal au dos est une ode à un père mal aimé, mal compris. C'est le long cri d'amour d'un fils qui a attendu la mort du père pour s'affranchir de leurs pudeurs.
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Elle, par bonheur, et toujours nue

Décembre 1893 , bd Haussmann une jolie jeune femme essaie de traverser à l'heure de pointe .Se jetant imprudemment au milieu des fiacres calèches ...elle ne doit la vie sauve qu'à un beau jeune homme , Pierre Bonnard

Une histoire d'amour vient de commencer , elle durera près de 50 ans !

Guy Goffette nous retrace la vie de Bonnard et de Marthe (Marie?) avec une talent fou.Une biographie courte ,légère comme une plume mais quelle écriture ouahhh....

Même si comme moi , vous ne connaissez rien à la peinture , laissez vous guider par la plume talentueuse de G Goffette et vous n'aurez qu'une envie , j'en suis sûre , partir à la découverte de Bonnard et des Nabis.A découvrir sans attendre

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Les derniers planteurs de fumée

Livre que j'ai acheté parce que je voulais découvrir un nouvel auteur, et aussi à cause de sa quatrième de couverture où il était écrit cet extrait : "Au fond, les vrais voyages sont immobiles. Immobiles et infinis. Solitaires. Silencieux. Souvent, il commencent dans une chambre où l'on est enfermé parce qu'il pleut ou parce qu'on est malade, obligé de garder le lit. On a huit ou neuf ans, le goût des images qui partent toutes seules dans tous les sens et qu'on lit de même, en sautant par-dessus les fuseaux horaires." J'aime les voyages immobiles et je voyage souvent ainsi au travers des livres. Celui de Guy Goffette m'a fait voyager moins loin et moins longtemps que je le souhaitais. L'écriture est agréable, mais il m'a manqué un petit quelque chose, une petite émotion, une petite étincelle. J'en garde un souvenir mitigé.
Lien : http://araucaria20six.fr/
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Elle, par bonheur, et toujours nue

Ce livre de Guy Goffette s'ouvre sur deux dédicaces.

La première dédicace à Philo et Franz Bartelt, un écrivain installé depuis longtemps à Nouzonville (dans les Ardennes), bien connu des lecteurs de Babelio.

La seconde à Bernadette et Philippe Coquelet. Ce couple avait restauré l'Hôtel Beury, à L'Echelle, un petit village ardennais. Dans ce Centre d'Art et de Littérature, vos pas pouvaient croiser ceux d'André Velter. Et par un dimanche ensoleillé, vous pouviez admirer les sculptures de Christian Lapie mises en scène dans le jardin à l'arrière de la maison. Philippe Coquelet s'est depuis exilé dans l'Aude où il a créé un second Centre d'Art, "La Coopérative", en 2007.

Revenons maintenant à ce roman. Ami de Vuillard et de Ker Xavier Roussel, Pierre Bonnard rencontre sur un boulevard parisien une jeune fleuriste et est immédiatement séduit. Son nom : Marthe. Elle sera tout à la fois sa cuisinière , sa maîtresse et sa muse. Jamais elle ne prendra la pose, mais elle sera pourtant son sujet privilégié. Et l'amour de sa vie jusque ce que la mort les sépare. Guy Goffette nous dépeint avec tendresse et poésie la vie de Pierre Bonnard.

" Vuillard, l'extraverti, s'enfermera dans un intimisme nostalgique, où la richesse de sa palette, en se déployant, joue de toutes les nuances d'une gamme assourdie. Bonnnard, au contraire, introverti, ouvrira, dans le champ lumineux des couleurs, toutes les fenêtres possibles sur la beauté de Marthe et du monde."
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Elle, par bonheur, et toujours nue

C'est sur un coup de coeur pour une femme, mais sur toile, Maria Boursin qui fera croire bien longtemps à Pierre Bonnard qu'elle est Marthe de Méligny, fille d'un comte italien ruiné, que Guy Goffette retrace, dans sa poétique et savoureuse écriture, la relation avec le peintre qui pour sa passion sacrifera la carrière mondaine qu'exigeait sa famille.



Et on ne regarde plus ses oeuvres du même oeuil. J'ai adoré me baigner dans ses camaïeux ensolleillés...





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Géronimo a mal au dos

Simon, le narrateur évoque avec poésie, parfois rudesse , dans un texte empreint de nostalgie, d'admiration, de tendresse pour ce pére aux multiples qualités qu'il n'a pas su ou pu reconnaître , une époque oú l'on exprimait pas ses sentiments, oú l'on ne communiquait pas: orgueil?pudeur intense? Incompréhension?

Toute la vie, on ressassera ces impressions là, un vide,un manque d'amour, un excès de qualités pour ce pére nerveux, bilieux, écrasé par le poids de la famille, méticuleux, perfectionniste, jamais content" en apparence" de ses enfants, des "ouvriers"sous ses ordres, irréprochable pourtant! Sérieux jusqu'au bout des ongles, jamais satisfait de son travail.....Revenu de loin pour ses obsèques, voilà que les souvenirs le submergent ! Et la douleur aussi! Le narrateur se rend compte brutalement qu'il a tout manqué, tout raté avec son pére, un hommage poétique, tendre , tissé de souvenirs cocasses , insolites, drôles ....sa famille : un bastion fermé sur lui- même et réchauffant dans son cœur un égoïsme rance en flagrante contradiction avec les leçons de l'école et du caté....."tant et tant de messes , de vêpres saluts , processions et rogations, tant d'offices divers et variés jusqu'à plus soif, par tous les temps, à pied, à cheval, en voiture , les mêmes textes et préceptes cent fois répétés..."

Un livre pétri d'émotions , bouleversant , rappelant avec force et conviction l'univers de l'enfance cadenassée des années 50 oú rien ne se disait....où l'on souffrait intensément d'un manque de communication, une époque rude, exigeante et qui, contrairement à ce que l'on avait pensé était tout de même empreinte d'humanité malgré des non - dits, des contraintes et des douleurs cachées, ignorées, des regrets, des remords,des secrets de vie dans un monde clos, refermé sur lui- même, des trop pleins d'espoirs, de désirs, de soucis soir après soir pour ce père exigeant et ces enfants rendus soudain muets- par quelle appréhension?-

Est ce



Qu'on grandit

Jamais ?

Du gâchis , une fuite pour l'auteur qui a attendu toute sa vie un geste d'affection de ce père, incapable d'exprimer son amour!

Ou comment retrouver la tendresse de l'amour que l'on croyait perdu?

Une trés belle œuvre alliant la poésie à la douleur de la difficulté d'aimer, à l'immensité des rêves perdus, un passé recomposé , l'histoire d'un pére et d'un fils si longtemps séparés ....

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Géronimo a mal au dos

Retour de Simon dans son Ardenne profonde pour le décès du père, Géronimo.



Resurgissent les souvenirs, les aigreurs tues mais racontées avec du coeur, beaucoup d'humour et une belle prose rafinée.



Je me suis régalé, Monsieur Goffette!
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Un été autour du cou

Une page blanche s’ouvre à l’adolescence pour y inscrire ses amours, ses sentiments, ses premiers émois, ses découvertes du corps et de sa connectivité avec le cœur, l’âme et l’esprit. Cette page fait partie de l’intime et quiconque ose la froisser sans laisser le temps lier le fantasme à l’initiative est un voleur, un bourreau.

De ses yeux d’adulte averti, Guy Goffette nous conte le parcours initiatique d’un jeune homme de onze ans dont l’innocence ne permet pas de rester maitre face à une instruction destructrice.

Si le thème est dérangeant, l’écriture est fabuleuse tant dans sa forme souvent poétique mais aussi dans son fond. Le regard de l’adulte sur son passé et sa douloureuse expérience, donne tout entier, conseil de méfiance à ce petit qu’il a été.

Si mon être a en quelque sorte, rejeté cette histoire ou plutôt cette femme sans scrupules, mon esprit a adoré cette écriture et cette façon respectueuse de conter l’inacceptable sans vulgarité.

Guy Goffette est poète avant d’être romancier et je ne manquerai pas de poursuivre la découverte de sa plume dans le registre de la poésie.

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Pain perdu



Après nous avoir émus aux larmes avec le roman «  Géromino a mal au dos », Guy Goffette, poète contemporain majeur, revient à la poésie.



Il ouvre son recueil par la définition du « pain perdu », correspondant au titre éponyme et au chapitre final. Un opus articulé en 10 chapitres auxquels viennent s’ajouter des poèmes exhumés des tiroirs, mis en réserve.





Dans le chapitre « La chambre d’amis », le poète convoque des poètesses : l’anglaise Emily Dickinson, Annie Koltz, lauréate du Prix Goncourt de la poésie (2018).

Parmi les hommes : Yves Bonnefoy, Jude Stéfan...



Dans le suivant intitulé «  Le désir dans ses plis », l’écriture se fait plus sensuelle. Souvenirs des émois d’adolescents devant une affiche, étreintes des corps...



On croit assister à l’envol d’un couple façon Chagall quand on lit : « Ensemble nous montons vers le soleil / à travers des forêts qui nous saluent ».



Avec beaucoup de délicatesse, il évoque le déclin du corps ( qui a « du plomb dans l’ aile », sa déliquescence : les jambes n’ont plus de ressort, les oreilles sont victimes d’acouphènes, la vue décline, le coeur tire sur la corde, et arrive le moment où « il faudra bien revenir » se poser quelque part et savoir s’émerveiller de ce qui s’offre dans les environs, « comme l’or du forsythia ».



Coup de coeur pour le poème «  Arbres ».

Guy Goffette a utilisé la forme du calligramme pour ce texte incantatoire, imposant, qui dénonce le génocide des arbres. Ce requiem pour les arbres prend toute sa force quand on pense au militant Thomas Brail, grimpeur arboriste qui plaide leur cause et tente de les sauver.



Tout aussi marquant et émouvant «  Le rayon de gloire » où il a suffi d’un rayon de soleil, « un doigt de lumière » sur un casque de soldat pour qu’une dame centenaire entre en communication avec le fantôme d’un fils « mort à la guerre ».



Encore plus poignant « La perle », qui évoque l’ultime adieu d’un fils à son père, les derniers mots murmurés dans un élan de tendresse. Cette larme qui roule sur la joue, telle une perle de verre, convoque le tableau de Man Ray. Poème qui renvoie au roman « Géromino a mal au dos », livre dédié au père qui lui légua la valeur noble des mots : «  travail et fraternité ». Ce père qui l’aimait plus qu’il ne le croyait.



Le poète rend hommage aux personnes qu’il croise au quotidien, comme la caissière qui malgré le travail harassant, surtout à Noël, lui offre un sourire.

On aurait envie de préciser, c’était avant le port des masques !



L’auteur nous fait voyager et rêver : rencontre insolite en gare d’Épernay, halte au port de Massalia. De l’île d’Hoëdic, il poste une carte postale à Jacques Réda.





Il nous fait plonger dans le labyrinthe des jours, la routine des dimanches et aborde l’inéluctable fuite du temps qui nous use, nous devenus « inadaptés »( « Chronos »). Les enfants ont grandi et déserté la maison, un fossé s’est creusé, il reste l’album des photos jaunies, à l’orée de la « cinquième saison ».





Pour ce qui est de la ponctuation, elle est quasi absente à l’exception de points d’interrogation. Surprenantes les majuscules sans qu’un point les commande.

Quant à l’écriture, majoritairement en vers, le recours aux ellipses, aux images ( « l’imbuvable sirop des réclames »), lui confère à la fois, grâce, légèreté, fluidité mais aussi gravité, solennité. Un glissement du « nous » au « je » s’opère.



La vie ( joies et peines, larmes récurrentes), les saisons, les souvenirs d’enfance (dans la cuisine, les récrés autour d’un ingénieur-poète), l’amour, la finitude de l’homme, la mort, «  omnivore », sont des constantes dans cette compilation, traversée par une vague de nostalgie.



Pour ceux qui ne connaîtraient pas l’auteur, lauréat de nombreux grands prix, dont le Goncourt de la poésie en 2010, il suffit de consulter sa bibliographie en fin d’ouvrage pour constater l’ampleur et la diversité de sa production, alternant romans et poésie. « On aimerait croire que la poésie sauve l’âme », confie-t-il dans une lettre à Roger Lannes, « son frère de solitude ».

Guy Goffette force l’admiration par ce recueil qui se clôt par « Bilan » et regroupe quarante années d’une belle écriture ciselée, parfois lyrique, pleine de sensibilité.
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Géronimo a mal au dos

Devant le cercueil de son père, Simon se remémore son enfance.

Un père rude, exigeant, âpre au travail, attaché aux valeurs de la terre.

Un fils en perpétuelle quête d’amour.

Une relation faite d’incompréhension, les regrets de ce qui n’a pas été.

Il est difficile de commencer son deuil quand tant de ressentiments vous animent, en même temps qu’en grande tendresse qui n’a jamais pu ou su s’exprimer, ni d’un côté ni de l’autre.

C’est un beau roman, mélancolique, poétique.

Chaque fin de chapitre est rythmée par quelques lignes écrites à la manière d’un poème.

On referme le livre avec un sentiment de gâchis, de trop tard.

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Elle, par bonheur, et toujours nue

Aimez vous Bonnard et ses portraits de

Marthe dans tous ses états ?

Au bain, au chien , aux bas noirs...

Croquée, dessinée, peinte nue

à cent quarante reprises.

Représentée un bon millier de fois.

Sa Marthe qui ne vieillira pas

sur ses tableaux et gardera

le magnifique corps

de ses vingt et trente ans

Marthe de ..qui est Maria Boursin ,

qui ment par coquetterie et pauvreté

quand ce grand bourgeois la sauve.

Pierre Bonnard doit faire ses études de Droit

parallèlement aux Beaux Arts

pour ne pas heurter sa famille.

Il regarde la vie, scrute les personnes,

le mouvement, les animaux.

Il en tire des esquisses, les croque

et, dans son atelier certaines prennent corps.

Une exposition au musée de Lodeve

l'avait baptisé "guetteur du quotidien".

La peinture est sa vie,

Marthe son modèle infini, son inspiratrice,

son Amour durant plus de trente ans.

Elle, ne sourit pas .

Leur vie est retirée, loin des mondanités..

Guy Goffette nous régale avec sa belle façon

de raconter cette histoire étonnante.

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