[Bertrand Fessard de Foucauld]
La dépression n’est pas un état mais une aventure : elle ne met pas l’être humain en dépendance passive, mais bien au contraire, à la rencontre active de lui-même, dans la situation la plus éprouvante qui soit, celle de la suprême tentation.
La mort, la maladie, la déstructuration mentale et la folie sont quelques-unes des épreuves que [le chamane] devra rencontrer afin de parvenir à un détachement total des éléments de sa propre personnalité qui pourraient empêcher la communication avec ces forces.
La descente aux enfers est, dans son ordre, aussi vertigineuse que l’Ascension. Par là nous est fournie une nouvelle mesure jusque-là inconnue de la transcendance, puisque le Christ nous déborde cette fois à partir de nos propres profondeurs.
[A propos de l'Enfer de Dante]
La tradition littéraire des voyages dans l’au-delà est longue, et particulièrement au Moyen Âge (que l’on se rappelle par exemple la Navigation de saint Brendan). Mais aucune n’a cette ampleur. Ce qui frappe, en tout cas, c’est que la fiction n’est pas mise à l’écart du réel et de l’histoire. Dante fait sa traversée avec toute sa mémoire intime (l’amour de Béatrice), et publique (quand il rencontre sans cesse humanistes, hommes d’Eglise ou hommes politiques de son temps ou des temps passés).
La contemplation chrétienne n’est ni une dissolution ni une fusion ; elle est un paroxysme de personne, elle est la matrice de tout amour, en fait de toute relation, et elle donne, selon des sens que les plus grands mystiques eux-mêmes ne surent décrire, une connaissance supérieure, totale, alors que tout semble se produire dans l’inconnaissance et l’obscurité.
Saint Paul emploie deux mots pour désigner les charismes : charismata (qui souligne leur gratuité divine) et pneumatica (qui exprime leur origine : l’Esprit Saint –pneuma, en grec).
Les vœux de chasteté, de pauvreté et d’obéissance réduisent l’adulte aux conditions de l’enfance ; l’inédie, faculté de vivre sans nourriture –à bien distinguer de l’anorexie mentale-, évoque un retour à l’état fœtal ; la lévitation fait flotter le corps en l’air comme un embryon dans le liquide amniotique, et la grande extase biostatique rappelle le statut de l’œuf à l’instant de la fécondation. En réalité, ce pèlerinage aux sources n’est pas une régression mais un moyen d’échapper à la tyrannie hormonale, à la faim, à la pesanteur, et, par la voie d’émergence de facultés métapsychiques, aux contraintes de l’espace, du temps et du mouvement, non par volonté de puissance mais par vocation spirituelle. L’ascèse mystique double le cycle normal de la vie en lui superposant un second cycle qui progresse en sens inverse pour lui imprimer une tension génératrice d’énergie. […] C’est de l’écart entre le courant normal de la probabilité entropique et le contre-courant ascétique de l’improbabilité syntropique que surgissent les ressources nécessaires à l’éclosion des phénomènes paranormaux de l’anthropologie mystique, signes de l’émergence de mutations vers une bio-psychologie supérieure qui mérite le nom d’ « hagiologie ».
Le verbe « exorciser » est un hapax dans le Nouveau Testament : il signifie faire prêter serment à quelqu’un : c’est une sommation.
La possibilité de l’enfer permet à l’homme de comprendre quelle est sa liberté de répondre par son amour à l’amour de Dieu.
Le péché originel est réinterprété à la lumière du dualisme matière-esprit. Adam est sorti de la conscience divine où il se trouvait car il a cru en la réalité de la matière. Il s’est donné l’intelligence qui a imaginé le monde physique.