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Critiques de Hadia Decharrière (46)
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Formol

°°° Rentrée littéraire 2023 # 25 °°°



Paul, médecin légiste reconnu, marié deux enfants, prend la voiture en pleine nuit pour l’autopsie d’un cœur de jeune femme trouvée dans un ravin. Dans quelques heures, il va avoir 50 ans, l’âge que sa mère n’a jamais atteint et qu’il pense ne jamais atteindre. Durant tout le trajet, son esprit divague dans le passé et se fixe plus particulièrement sur Alma, interne en psychiatrie, qui le fascine depuis leur rencontre quelques mois auparavant, ouvrant un gouffre dont il se croyait libéré.



Dès les premières pages, le lecteur est immergé dans l’imbroglio psychique de cet homme complexe, sombre, plein de névroses, cadenassé entre vulnérabilité dépressive et hypersensibilité ( il est atteint d’hyperosmie ), dans sa saisissante rencontre avec Alma, personnage tout aussi borderline que lui. Alma intervient en narratrice en quelques chapitres, voix en contre-temps qui n’éclaire pas plus le récit tellement les deux semblent être des narrateurs peu fiables par leur ambiguïté.



On a souvent l’impression d’être dans un film de David Lynch, particulièrement Inland Empire ( pour les flux de pensées, les obsessions, les visions qui traversent le cerveaux des deux protagonistes ), Lost Highway ( pour la conduite nocturne qui devient un dédale mental dont on ne sait s’il mène à un cul-de-sac, une épiphanie ou à une catabase ), on encore Mulholland Drive ( pour le jeu réalité / fantasme, ainsi que les mondes parallèles qui s’offrent à Paul, son épouse d’un côté et Alma ).



Par sa forme et son fond en symbiose, la proposition est audacieuse, déstabilisante, sans concession. Une tension oppressante assaille le lecteur. La mort est omniprésente, avec ses conséquences physiques et organiques décrites de façon très crues sous l’angle de la pratique légiste de Paul. Il y flotte une atmosphère étrange et inquiétante, à l’image des dialogues entre Paul et Alma :



« D’où je me situe, assis en face de vous, j’ignore votre odeur. Un jour, peut-être allons-nous nous retrouver dans une situation différente, vous serez plus près de moi, et je saurai l’odeur de votre épiderme. Et ce qui me frappera sur le moment, c’est l’idée que cette odeur qui est la vôtre vous survivra dans ma mémoire. Le sang est d’une constance inégalable. Que votre fin soit brutale ou paisible, que le corps vidé de sa vie soit celui d’un enfant ou d’un vieillard, son contenu produira la même odeur dégueulasse. L’odeur de sang efface la hiérarchisation des morts. Mais l’odeur des vivants, celle qui permet l’identification les yeux fermés, parce qu’elle perdure rend intolérable l’instant qui suit la disparition. »



Le texte dérange, sortant le lecteur d’un certain confort mainstream. J'ai encore du mal à savoir si j'ai totalement apprécié cette proposition littéraire radicale, mais ce qui est sûr, c'est qu'on y repense, qu'elle hypnotise à défaut d'un plaisir immédiat.

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Formol

L’histoire en elle-même est banale : un médecin légiste tombe amoureux d’une interne en psychiatrie ! Dit comme ça, le sujet est vite refermé. Mais c’est sans compte sur le charisme des personnages et en partie du légiste qui-même, personnalité atypique, qui a choisi cette spécialité pour des raisons que l’on peut comprendre mais qui font partie du cortège de singularité de sa personnalité. Il est sombre, semble dénué d’affects, bien qu’il mène une vie rangée et ordinaire, marié, menant une vie sociale normale.





La rencontre avec Alma constitue une sorte de catharsis, une révélation de lui-même autant par ce que leurs échanges fait parvenir à sa conscience que par le magnétisme de la jeune fille, qui fait écho à une autre Alma, célèbre dans le monde de la musique



Alma disparaît brutalement, Paul part sur ses traces …





Le mystère et le magnétisme de Paul exercent un pouvoir attractif important au coeur de cette histoire sans relief. Malheureusement, avec la progression de la lecture l’intérêt s’étiole et j’ai fini lassée par la platitude du propos.





206 pages Alma 25 Août 2023


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Arabe

Et si un matin, vous vous leviez en maîtrisant une langue que vous ne connaissiez pas la veille ? Pas n’importe quelle langue, pas une cousine comme l’espagnol ou l’Italien, non, une langue qui vous oblige à revoir complètement votre conception du monde, à vous battre contre les préjugés qui vous sont servis quotidiennement. L’arabe. Mélange de peur et de fascination. Pour une grande majorité de nos citoyens, l’arabe c’est l’épicier du coin, le délinquant de banlieue, un voyage au Maroc peut-être, une appréhension profonde parce que c’est en disant اللهُ أَكْبَر qu’on assassine des innocents. Alors, que se passe-t-il quand on connaît la langue de l’étranger, de celui dont on se méfie. Les repères changent, les rapports se transforment. Ce livre m’a rappelé un jeu que nous pratiquions à l’université : si Dieu te donnait le choix entre les dons suivants, lequel prendrais-tu ? 1. Savoir jouer tous les instruments de musique. 2. Parler toutes les langues. 3. Savoir lire dans le cœur des femmes (ou des hommes). J’avais choisi l’option 2 comme une condition sine qua non de l’option 3, étant d’une xénophilie pathologique. Ce petit livre est une initiation au monde arabe, une immersion dans cette culture qui infuse notre société depuis des décennies, quitte à en énumérer tous les clichés et toutes les évidences. Pour qui se sent loin de la culture arabe, ce livre, entre l’essai et la balade, est l’occasion de s’en rapprocher avec douceur. Pour qui la connaît un peu (c’est mon cas), ce roman n’apprendra rien et laissera un goût d’inachevé. Je reste frustrée, avec l’impression que des questions fondamentales n’ont pas été abordées : qu’est-ce que ça signifie, avoir la double culture ? De quoi « arabe » est-il le nom, à part la langue ? Quant à la notion de filiation et de recherche de ses origines, tant vantée sur la quatrième de couverture, si elle apparaît, c’est de façon t(arab)iscotée.
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Arabe

J'en ai mis, du temps, à rédiger cet avis. Ou plutôt, j'en ai laissé passer, du temps, entre la fin de mon hypnotique lecture et la rédaction de mon avis, tout simplement parce que j'avais peur de parler beaucoup trop de moins dans ce livre, et pas assez du livre en question.

Maya se réveille en parlant parfaitement arabe, en pensant arabe, en étant parfaitement imprégnée de la culture arabe. Pourquoi ? Il y aura une explication rationnelle, j'ai presque envie de vous rassurer tout de suite. Je ne la révélerai pas, bien sûr, disons simplement qu'elle fait partie du champ des possibles, et non du fantastique.

Ce n'est pas tant le fait qu'elle pense parfaitement en cette langue qui questionne, c'est le choix de cette langue, de cette appropriation culturelle, en quelque sorte, et de ce qu'elle peut renvoyer, questionner, sur notre société actuelle. On juge, on est jugé, sur sa langue, son nom de famille, son prénom. On peut aussi se reconnaître entre soi, aussi, ou se rejeter.

Elle nous montre une culture, un ressenti d'une incroyable richesse. Elle nous parle aussi du sort des femmes arabes, de leur rapport à la féminité, ou plutôt, de leur obligation de refouler leur féminité. Voire pire encore. Par la langue, Maya prend conscience de ce que d'autres femmes vivent, pas si loin d'elles.

Arabe est un livre qui interroge, questionne, sur ce qui fait notre identité, sur le regard que l'on porte sur les autres, sur les clichés qui sont véhiculés aussi.
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Arabe

Énigmatique et poétique.

Progression lente dans ma lecture. La fin est la partie qui m'a le plus captivée et touchée. Je ne sais pas si j'ai compris toutes les subtilités du récit.

L'écriture est belle mais le vécu de Maya ne m'a pas touchée. La journée (du matin jusqu'au dénouement) m'a semblé longue.

Le dénouement nous explique le pourquoi mais on ne sait pas ce que Maya va en faire.
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Grande section

Beaucoup de sincérité dans ce témoignage d'une femme soudain confrontée aux trous laissés dans la construction de son identité par la mort prématurée de son père.

Alors que sa fille arrive à l'âge (6 ans) auquel elle a assisté au rapide déclin de son père malade, mort à 43 ans dans des conditions un peu floues, la narratrice retrouve les souvenirs et les sensations de cette période, 30 ans auparavant.

Un père syrien, une mère libanaise, des frères et soeurs nés au fil des déménagements de la famille, en France ou au Koweit. Une villa à Cannes qui abrite ses plus jolis souvenirs d'enfance. Et puis San Diego en Californie, la dernière demeure de son père venu finir ses jours dans la maison de sa soeur.

On devine le grand vide laissé par l'absent et surtout ignoré par cette jeune femme bien décidée à grandir et à avancer sans se plaindre ni faire de bruit, sans alourdir le chagrin d'une mère amputée d'une part d'elle-même. On comprend le lien qu'elle tisse entre les générations et tente de consolider en faisant la lumière sur les dernières zones d'ombres qui entourent les derniers jours de son père, souvenirs à hauteur d'enfants qui méritent quelques éclaircissements par les adultes.

Mais le risque avec ce genre de témoignage c'est de rester trop personnel et de ne pas parvenir à faire entrer le lecteur dans le jeu. C'est un peu ce qui m'est arrivé même si j'ai quand même été touchée par les toutes dernières pages.

C'est typiquement le genre de livre qui touche ou pas, selon son vécu, selon ses lectures sur le même thème, selon sa sensibilité.
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Arabe

Italien ? Espagnol ? Suédois ? Allemand ? Que ferez-vous si un beau jour en vous réveillant une autre langue sortait de vos entrailles ?



Maya, jeune femme de vingts-huit ans, française, qui se réveille un matin sans savoir pourquoi elle sait parfaitement parler "arabe" !

Une journée, c'est le deuxième roman de Hadia Decharriere, qui dévoile la journée de Maya, jeune blonde aux yeux bleus, parisienne, dans sa nouvelle langue. Au fur et à mesure de la journée, Maya va se promener et se perdre dans un Paris qu'elle redécouvre. Chacun des lieux et des rencontres est un lien avec le monde arabe.



A travers les rencontres, Maya opère une quête identitaire qui va lui permettre de reconstruire une culture qui lui échappe totalement. Mêlant très habillement des thèmes d'actualités comme l'exil, la mémoire, la transmission du passé familiale, les réflexions sur son identité et ses origines profondes.

Hadia Decharriere s'interroge entre autres, à travers les yeux de Maya sur la féminité dans les deux cultures, la place dans la société française des personnes musulmanes.



Une journée entière ? Plus qu'astucieux (et c'est une réussite) de la part de l'auteure qui utilise une unité de temps très restreints qui a le don de montrer l'émerveillement, le merveilleux de la découverte de Maya et de la découverte de la culture orientale et de cette langue si belle. Maya dépasse les aprioris sur le monde arabe.



Un livre visuel, olfactif, sensoriel, auditif. Une plume légère et douce. Ce nouveau roman d'Hadia Decharriere immerge dans la culture arabe, démontre que les cultures peuvent cohabiter pour s'ouvrir sur un monde tellement plus enrichissant ! A conseiller fortement !
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Arabe

Vous sentez ? Oui ça sent le cumin, la cannelle, le paprika… Ça colle sur les doigts, ça mijote dans les plats… Fermez les yeux et humez l’air… Vous n’avez pas l’impression de vous promener dans une rue du Liban ? En fermant ce livre, vous serez encore tout imprégné de ce voyage… Et tout ça sans bouger de Paris.

C’est ce qu’expérimente Maya pendant le temps d’une journée. Cette jeune femme blonde aux yeux bleus, parisienne pure souche, se lève un matin en sachant parler arabe. Max qui partage sa vie n’y comprend rien non plus, il l’interroge au petit déjeuner, Maya lui traduit l’arabe avec aisance et dans un accent impeccable. D’où lui vient ce pouvoir soudain ? Son premier réflexe est d’appeler un médecin, un neurologue, elle doit avoir un problème, il faut passer une IRM, son esprit cartésien cherche une explication rationnelle.

Au fur et à mesure de sa journée et en attendant le rendez-vous, Maya déambule dans Paris, s’attarde à Pigalle, rentre dans un sex-shop, s’interroge sur le voile, l’excision, les lacunes identitaires. Parfois, une petite voix lui parle en arabe, la rassure, lui explique ce qu’elle ressent, mais à qui appartient-elle ?



Imaginez-vous, arabe dans le corps d’un autre, et offrez-vous une réflexion inédite sur l’image que vous renvoyez aux autres, sur les certitudes qui s’effondrent. Êtes-vous toujours certain d’habiter votre corps, votre pays ?



Un roman sensoriel, un voyage en Orient, ce deuxième livre d’Hadia Decharrière interroge l’invisible et notre inconscient familial de sa plume infiniment poétique. À lire !!!
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Grande section

L’écrit est très personnel et aurait pu ne présenter aucun intérêt. Hadia a perdu son papa à l’âge de 6 ans et raconte son enfance ballottée entre la Syrie et la France puis aux Etats-Unis. Pourtant voilà, sa plume nous captive, le récit interpelle et les pages se tournent. On côtoie la petite fille et on découvre la femme construite sur un mélange de cultures, des silences, une absence - une terrible absence perçue par des yeux d’enfant puis d’adulte.

Un à un, Hadia assemble ses souvenirs pour redonner à son père une existence et une histoire, pour apporter des réponses qui comblent ses vides afin d’avancer. C’est douloureux, poignant, intense. On est conquis par ces réminiscences qui parfois font écho aux nôtres. La souffrance est universelle.Un roman d’une grande qualité à l’écriture aboutie et prenante.
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Formol

Merci à la FNAC et à Alma éditeur pour cette lecture pendant le prix Littéraire FNAC 2023.



Ce roman a été très intéressant à décortiquer.

C'est très psychologique et on est souvent en train de se demander, à quel moment peut-on basculer dans ses propres traumas et ses angoisses ? Comment peut-on résister à ceux-ci ?

Deux des personnages sont des intrigues à eux seuls et j'ai bien aimé suivre leur évolution, leur développement.



J'ai bien aimé cette intrigue qui se déroule lentement mais sûrement, mais je n'ai pas eu de grande surprise quant au dénouement.
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Arabe

Arabe » de Hadia Decharrière m’a attirée dès la lecture de la quatrième de couverture : Un matin, une jeune femme, Maya, se réveille en parlant l’arabe sans qu’elle sache quel est le rapport entre son histoire, sa culture et cette nouvelle langue presque maternelle…C’est au cours du récit de cette première journée, entre inquiétude du conjoint, Max, rendez-vous médicaux et déambulations dans Paris que la narratrice comprend pourquoi ce jour si particulier marquera toute sa vie !

Au départ, j’ai cru à un conte qui permettait à l’auteure de se projeter dans une autre culture. Et, ainsi, elle trouvait le prétexte de comparer mais aussi d’expliquer la différence entre être femme occidentale et celle élevée dans la culture orientale.

Le motif est moins fantasque que je ne l’avais imaginé ! Mais, néanmoins, l’intérêt de ce petit roman ne réside pas dans cette intrigue. Il pose de façon très habile les thèmes de l’exil, des migrations, de la mémoire et de la transmission. Maya, jeune fille blonde de vingt huit ans aux yeux bleus découvre son arabité et donc son histoire, même si son physique dépasse les critères stéréotypés de nos représentations.

Par ce récit, l’auteure interroge le choc de la féminité dans les deux cultures, la condition de la femme, sa place dans la société sans jamais répondre par la bienpensance qui voudrait que l’occident soit plus ouvert que l’orient ! Et, c’est toute la qualité de cette lecture!

Fille du monde puisque élevée entre Cannes, Damas et San Diego, Hadia Decharrière témoigne de ce métissage et de sa richesse.

Pour sa seconde œuvre de fiction (« Grande section » sur son enfance, premier roman paru en 2017), Hadia Decharrière choisit de nous convier à réfléchir sur le statut de la femme et à sortir des entiers battus!
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Arabe

Arabe, c’est le titre du nouveau roman de Hadia Decharriere publié chez JC Lattès. Après Grande section publié il y a deux ans, l’auteure revient avec un texte où il est question d’identité qui change, de ce « moi » qui fluctue radicalement. Du jour au lendemain. Lettres it be vous en dit plus dans cette critique !



# La bande-annonce



Maya est une jeune femme française de vingt-huit ans, fille unique de pharmaciens à Cannes. Un matin sans en saisir la cause, Maya se réveille en parlant et comprenant parfaitement l’arabe. Une découverte qui va bouleverser sa vie, celle de son entourage et la pousser à réfléchir sur son identité, ses origines, ses goûts, ce qu’elle est et croit être.



En attendant les résultats médicaux qui doivent éclaircir ce mystère, Maya s’interroge sur ce don et sur l’identité nouvelle qu’il lui confère. Chacune de ses rencontres lui permet de s’immerger dans ce nouveau monde, de définir ce qu’elle est dans le regard de l’autre, le vrai arabe.



Elle rencontre d’abord Naïma, une jeune femme d’origine marocaine mais qui ne parle pas arabe. Puis Roger, le patron d'un restaurant libanais où elle a ses habitudes mais qu’elle semble redécouvrir aujourd’hui. Alors qu’à son oreille tous les mots qu’elle lit s’éveillent de H qui s’aspirent et de R qui se roulent, sa bouche émet une commande dans un arabe si parfait que Roger jurerait entendre une enfant de Damas. Elle s’attable à un café et, indiscrète, écoute une discussion entre un grand-père algérien et son petit-fils né français. « Tu dois parler l’arabe » lui assène-t-il. Alors que son rendez-vous à l’hôpital approche, Maya emprunte un taxi dont le chauffeur égyptien semble tout droit sorti du roman de Khaled Al Khamissi. Il lui expliquera le rouge, le vert, le Caire qu’il a dû quitter mais qui ne le quitte pas.



C’est une arabité inattendue qui est révélée à Maya qui en cherchant ce qu’elle n’est pas, découvre un peu mieux qui elle est.



# L’avis de Lettres it be



Que ferions-nous si nous nous réveillions un jour avec une identité qui n’est pas la nôtre ? Que ferions-nous si nous étions, du jour au lendemain, de cœur et de langue portugaise, suédoise, camerounaise… arabe ? C’est le point de départ du nouveau roman de Hadia Decharriere, Arabe, publié chez JC Lattès. Enfin, c’est précisément ce qui survient dans la vie bien rangée de Maya, personnage central de ce livre. Après Grande section publié en 2017, Arabe est l’occasion de (re)découvrir la plume de cette auteure née de parents syriens dans un texte… surprenant.



« Qui sera-t-elle désormais, aux yeux des autres ? Une victime de ses origines ? Être arabe dans un pays qui ne l’est pas doit-il s’accompagner de cette honte qui pousse à occulter ce que l’on est, oublier sa langue et ses coutumes pour ne pas gêner les Français ? Ne pourra-t-elle pas simplement arborer ravissement et fierté ? Qui sont-ils, ces Arabes qui n’ont pas honte de l’être ? Des esprits dominants qui ne veulent plus être dominés, des croyants fervents aux ambitions démesurées ? Des pur-sang chassant le mécréant, des fanatiques, des extrémistes ? Des fous de Dieu terrorisant l’Occident ? Maya peut-elle espérer, au sein de la société qu’elle a connue jusqu’alors, la société française et ses vieux démons, être aux yeux de l’autre, à l’état brut et sans aucune épithète humiliante, tout simplement, arabe ? »



Inévitablement, même si le registre est un brin différent, on pense à Agathe Cléry, le film d’Etienne Chatiliez lui-même adapté d’un film des années 70, Watermelon Man de Melvin Van Peebles. Mais là où Arabe se distingue par rapport à ces films qui faisaient du racisme leur fil rouge humoristique, c’est bien dans ce rapport très contemporain à la question de l’identité, un rapport articulé autour des rapports de domination, autour des différences élevées au rang d’insignes à défendre coûte que coûte. Forcément, en toile de fond on retrouve les thématiques du rejet de l’autre, de l’exclusion et du racisme (quoi que discret ici). Mais toutes ces réflexions, nécessaires s’il en est, en viennent parfois à des légeretés surprenantes, qui tranchent cruellement avec le reste du récit. En témoigne ce passage où Maya, l’héroïne du livre soudainement devenue « arabe », entre dans un sex-shop, endroit choisi par l’auteure pour délivrer toute une floppée de réflexions sur la condition de la Femme occidentale versus la condition de la Femme orientale, faisant ainsi du godemichet tour à tour un dominé et un dominateur. Aïe…



Entre autres réflexions plus ou moins hautes, Hadia Decharriere ne s’épargne pas quelques formules à l’emporte-pièce, du style « Comme une bourgeoise pressée, elle appelle un taxi. » (page 124). Globalement, et c’est même le titre de l’ouvrage, on est plutôt ravi d’apprendre que le terme « arabe » suffise à caractériser toutes ces femmes, tous ces hommes venus de pays divers, de régions particulières, de cultures affirmées. Arabe, c’est le relativisme facile.



Il y a du Kafka dans ce livre, autant qu’il y a du Yassine Belattar. Hadia Decharriere alterne les envolées plutôt bienvenues sur le « Moi social » et ses origines et les considérations hâtives façon « victimisation à pas cher » qui font ainsi perdre au roman toute sa bonne teneur initiale. Le point de départ est intelligent, et parfois traité avec maîtrise. Mais il en résulte un texte inégal, qui se prend les pieds dans le tapis d’une thématique abordée, peut-être, avec trop de pincettes et de bonne volonté.



Retrouvez la chronique en intégralité sur Lettres it be
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Arabe

Le titre a attiré toute mon attention et le résumé, très interpellant. Se réveiller un beau matin en parlant une autre langue, j'en ais entendu parlé il y a quelques années avec un ami...Voilà pourquoi j'ai choisi de lire ce roman. L'auteure, je ne la connais pas du tout, je ne connais donc pas sa plume, son univers. Et donc inutile de vous dire qu'il m'a fallu quelques pages pour pénétrer son monde, alors que je venais d'être totalement happée par le dernier roman de Ralph Toledano ! Autre monde, autre style d'écriture.



Donc une jeune femme se réveille un matin en parlant arabe. " Parler une nouvelle langue. L’arabe. Pas le japonais, ni le portugais, ni le hollandais. L’arabe. Parler l’arabe, quand cela ne semble faire aucun écho à son passé. Quel est donc ce lien qu’elle ignore entre elle et l’Orient ? " Toute sa journée va être complètement chamboulée, son esprit va vagabonder entre passé et présent, revisitant ces amitiés enfantines, ces rencontres là dans ce quartier de Pigalle, Barbès ... J'ai beaucoup aimé, au passage, son ressenti, lorsqu'elle ose, à Pigalle, pousser la porte d'un sex-shop, car c'est dans ce lieu qu'elle est traversée par une rage folle, quand elle pense à ces femmes excisées et donc privées du plaisir qui leur est propre. D'un rare réalisme, la plume de l'auteure met en mot le plaisir féminin, un sujet si tabou chez nous encore.....



La question qui la taraude depuis le matin c'est " Qui a bien pu, en elle des années durant, laisser infuser une culture si inattendue ? " Elle téléphone à ses parents, rien, rien ne la prédispose en surface à ce nouvel état intérieur. Alors ? Son père va lui prendre rendez-vous avec un ancien ami à lui, médecin, Hervé. Voilà je ne vous en dit pas davantage, à vous de le découvrir si vous en avez l'envie en lisant ce dernier roman de Hadia Decharrière.



Un roman qui interpelle, de toute évidence, sur la mémoire humaine, sur la transmission transgénérationnelle du propre inconscient familial.

J'ai apprécié la lecture avec un petit bémol, oui je ne sais comment dire, comme si la sauce n'avait pas vraiment pris ....Le rythme ? Le style ? Je ne sais pas ..
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Formol

Un roman qui devrait se lire d'une traite pour s'imprégner de toute la tension et la mélancolie incarnées par Alma et Paul. Pour se laisser happer par la plume de Hadia DECHARRIERE. Une plume qui nous embarque dans cette course lente entre la vie et la mort. Une course où l'on voit la vie à travers la mort et la mort dans la vie. Une plume qui nous entraine sur la hauteur des crêtes qui donnent le tournis et dans les profondeurs marines qui coupent le souffle. Une plume qui nous fait fleurter avec la folie... avec la réalité... avec cet instant de bascule qui peut être imprévisible... une bascule qui peut être si fugace...



Un roman choral où Paul, un soir d'été roule vers une nouvelle rencontre avec la mort. Lui, le médecin légiste habitué à ces rencontres, ne sait pas à quoi s'attendre. un trouble l'étreint tout au long du trajet. Un trajet où réalité et fantasme vont cohabiter.

Et puis Alma, interne en psychiatrie qui a disparu. Du jour au lendemain, sans donner de nouvelles - ou presque. Alma qui était devenue la psychiatre de Paul.

Serait-ce vers elle que roule Paul ?



Un roman dans lequel on passe avec talent des hauteurs des sphères psychiques aux profondeurs des corps sans vie.

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Arabe

Comment réagissiez-vous si un matin, vous vous reveillez et que, d'un seul coup, vous vous mettez à parler une langue étrangère ? De plus de la parler, vous compreniez tout ce que vous dites. Et si c'était le cas, recherchiez-vous pourquoi celà arrive?

Ces questions sont la base du roman d'Hadia Decharriere "Arabe".

Maya se reveille un matin et se met à parler l'arabe. Comme si elle l'avait toujours parlé. Interloqué, son mari lui fait répéter ses premiers mots. mais maya ne sent rend pas compte tout de suite. Oui pour elle, c'est naturelle.

Alors s'engage pour maya un questionnement, des analyses médicales et de l'aide.

Mais pourquoi se met-elle à parler l'arabe alors qu'elle n'a aucune origine magrébine ? En effet, Maya à 28 ans, blanche et française. Aucun lien familiaux avec un membre de sa famille qui viendrait de l'orient.

Maya va donc partir à la recherche de ses origines afin de répondre à ce nouveau langage.

Ce roman qui à un petit air de petite fiction, se lit comme un récit d'une femme à la recherche de son identité.

Il se lt agréablement et rapidement. Avec une idée de départ originale et drôle, j'ai trouvé que ce récit manquait un peu de cocasserie. Car malheureusement, je me suis lassé très vite dans cette histoire.

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Arabe

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Arabe

Quand Maya va se réveiller en parlant l’Arabe toutes convictions vont être mises à mal. Sa vision de la féminité, ses racines. Comment aurait été sa vie si elle était née Arabe. Pourquoi cette langue alors qu’elle n’a pas le souvenir d’y avoir été confrontée. Avec ce « don » elle va aussi ouvrir la boîte de Pandore de ses parents, le coup de cœur de sa mère pour un professeur, et la vie de son père en Syrie. Sans partir, nous voyageons à travers l’Orient, les odeurs, les sons.



En parallèle de l’histoire de Maya, une voix se fait entendre, une voix espérant qu’elle accepte cette langue qui révèlera une nouvelle version d’elle. Nous découvrons vers la fin qui est cette voix, cette personne aussi se sentait chez elle en Syrie mais avec la guerre, elle a renoncé et a oublié son arabité, jusqu’à ce matin là.



Le roman est court, une centaine de pages pour conter une journée, une journée qui va faire basculer la vie de Maya et ses certitudes. Pourra-t-elle accepter cette arabité? Tout au long de cette journée, elle va s’interroger sur ce que cela peut remettre en question. Ce syndrome existe vraiment et je trouve passionnant d’aborder cela, d’autant avec une langue qui porte le voyage et la découverte. Pour autant je n’ai pas réussi à m’imprégner de cette histoire, je l’ai lu à distance, les interrogations de Maya sont justes mais nous passons d’une à l’autre trop rapidement avec en plus cette voix qui s’interpose, qui parfois me perdait.



Pour finir, une explication rationnelle est donnée à Maya sans que nous sachions ce qu’il adviendra et cela m’a laissé sur ma faim.



Je suis ravie d’avoir pu découvrir ce roman mais je n’ai malheureusement pas été conquise même si la plume est fluide, poétique et nous inspire au voyage.



Je remercie NetGalley et les Editions J.-C. Lattès pour m’avoir permis de découvrir ce roman.
Lien : https://leslecturesdemamanna..
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Arabe

Imaginez-vous, vous réveillant un matin et parler couramment une langue que vous n'avez jamais apprise, une langue jamais pratiquée au sein de votre famille, une langue tellement éloignée de vos origines, que vous pensez dormir encore...

On en rêverait presque, maîtriser une langue sans effort aucun.

C'est exactement ce qui est arrivé à Maya. Elle s'est réveillée un beau matin et hop, elle parlait arabe. Au réveil, l'Orient faisait partie intégrante d'elle. Maya va donc fouiller sa mémoire, se rendre à Barbès, va vadrouiller dans le 18ème arrondissement de Paris pour ressentir, pour tenter de comprendre ce qu'il lui arrive. Son petit ami s'étonne, ses parents aussi, son père surtout. Et si cela s'expliquait ? Et si le passé s'invitait dans le présent ? Et si Maya souffrait, si la médecine pouvait expliquer l'inexplicable ?



Malgré l'originalité de cette histoire, je dois bien avouer que je suis restée très en retrait de cette histoire. Je n'ai pas été absorbée par cette lecture. Maya ne m'a pas touchée. Certes, le dénouement est bien amené, mon esprit cartésien a apprécié. Néanmoins, il m'a manqué ce quelque chose qui fait qu'un roman vous emporte, qu'il ne vous laisse pas sur le bord du lit de cette jeune femme qui se réveille un beau matin en parlant Arabe. Dommage !
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Formol

In the mood for…mystère intime.

Paul est médecin légiste dans un grand hôpital de la Côte d'Azur. Il dîne entouré de sa femme et d'amis de longue date quand il reçoit un appel. Un accident, un corps à autopsier. Au volant de sa voiture qui file dans la nuit vers le lieu du drame, Paul s'anesthésie de souvenirs, depuis sa première autopsie jusqu'à son besoin de plonger pour respirer. Il suture son quotidien normé, sans joie, sa fascination pour la mort, sa rencontre bouleversante avec Alma.



La voix d'Alma, brillante psychanalyste qui travaille elle aussi à l'hôpital et qui a disparu depuis plusieurs semaines, est elle aussi présente, en contrepoint de celle de Paul.



Les habitudes, les certitudes, les apparences sont audacieusement disséquées par Hadia Decharrière. De son écriture tranchante, l'autrice nous propose une descente dans les abysses des paradoxes humains, sans jamais masquer la plaie d'une compresse. Comme les voix des deux protagonistes qui s'expriment en écho, la vie, le désir et la mort flirtent sur le fil. Les esprits et les corps tantôt saignent, tantôt sont engourdis, entre choix de vie et pulsions.



Ce texte intelligent et mystérieux, sur un thème rarement si bien passé au scalpel, est très bien écrit et vibre d'une atmosphère singulière.
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Arabe

Hadia Decharrière signe un roman comme une quête de soi, comprendre ce que l’on est lorsque d’un coup notre identité semble être une autre. C’est ce qui arrive un matin à Maya, une jeune femme Française, parle et comprend une nouvelle langue : l’arabe.

C’est une plongée dans un monde nouveau, le temps d’une journée, un Orient que Maya tente de comprendre. Quelle relation peut-elle bien avoir avec cette langue étrangère, devenue pour elle maternelle alors que rien dans son entourage ni dans sa vie ne la prédisposait à cela ?

Elle cherche des réponses autour d’elle, auprès de ses parents, de son petit-ami, de la science – et se pose une question fondamentale : mais qui est-elle véritablement ?



Depuis que j’ai découvert Hadia Decharrière avec son livre, « Grande Section », je suis bouleversée par sa plume qui est intense et incisive, les mots justes et profonds. Une manière bien à elle de raconter cette mémoire humaine individuelle et collective, qui appelle à la transmission et qui conjugue présent et passé.



C’est un roman qui agit comme un éveilleur de conscience et qui dit des choses vraies, parfois de manière crue, dans ce style unique de l’auteure.

J’ai cependant été déçue car je n’ai pas su m’imprégner de l’histoire comme je l’aurais souhaité, le roman est original, les péripéties sont étonnantes et le dénouement inattendu, mais il y a un mais avec un sentiment désagréable d’être passée à côté de quelque chose.
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