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Citations de Hans Jonas (45)


La « connaissance » qui a pour objet les secrets du salut n’est pas une instruction théorique sans plus : elle est elle-même, du fait qu’elle modifie la condition humaine, chargée d’accomplir une fonction dans la consommation du salut.
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On constate aisément, par ces citations, que l'idée d'unité et d'unification, comme celle de pluralité, de diversité et de dispersion, possède une face intérieure comme une face métaphysique, c'est-à-dire qu'elle s'applique au soi individuel comme à l'être universel. La forme supérieure de la gnose, disons la forme plus philosophique, se reconnaît au fait que ces deux aspects, complémentaires dès le début, parviennent à une coïncidence toujours plus complète ; et que la réalisation croissante de l'aspect intérieur purifie l'aspect métaphysique en lui ôtant les significations mythologiques grossières de ses commencements. Pour les valentiniens, dont le symbolisme spiritualisé marque une étape importante sur la voie de l'abandon des mythes, l'« unification » est la définition même de ce que la « connaissance du Père » doit accomplir pour « chacun » :

Par l'unité chacun doit se retrouver. Par une Gnose il va se purifier de la diversité en vue d'une unité, en engloutissant la matière en lui, comme une flamme, l'Obscurité par la Lumière, la Mort par la Vie (Evangile de Vérité, 25, 10-19). (pp. 86-87)
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La prophétie de malheur est faite pour éviter qu'elle se réalise ; et se gausser ultérieurement d'éventuels sonneurs d'alarme en leur rappelant que le pire ne s'est pas réalisé serait le comble de l'injustice : il se peut que leur impair soit leur mérite.
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S. - A la fin de cet entretien, il semble, professeur Hans Jonas, que vous fassiez preuve de courage et de confiance.
H.J. - Non pas de courage et de confiance, mais je signale qu'il est une obligation à laquelle nous devons nous soumettre. On ne doit pas d'abord évaluer les perspectives et décider après coup de ce que l'on doit ou ne doit pas faire. Mais on doit à l'inverse reconnaître l'obligation et la responsabilité et agir en conséquence, comme si l'on avait une chance, et quand bien même en douterait-on.
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L’entendement comme tel ne connaît que la raison et la conséquence non la cause et l’effet : ces derniers désignent une connexion de réalité par le moyen de la force et non d’idéalité par le moyen de la forme. L'expérience de la force vivante, de la sienne propre plus précisément, dans l'action du corps est la base expérientielle pour les abstractions des concepts généraux d'action et d'action causale; et c'est le "schématisme" du mouvement corporel orienté, et non pas celui de l'intuition dont la réceptivité est neutre, qui assure la médiation entre le caractère formel de l'entendement et la dynamique du réel.
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Il est indéniable que au cours de ces dix ou vingt dernières années, une conscience de l’environnement inédite a vu le jour. En outre, les semonces nous viennent directement de la nature. Ce que nous avons enduré jusqu’à présent, la mort des forêts, Tchernobyl, n’était rien encore : quelque chose de bien pire nous attend.
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Si la sphère de la production a investi l’espace de l’agir essentiel, alors la moralité doit investir la sphère du produire dont elle s’est tenue éloignée autrefois, et elle doit le faire sous la forme de la politique publique. p28
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Seule la création à partir du néant nous donne l'unité du principe divin en même temps que son autolimitation, laquelle ouvre l'espace pour l'existence et l'autonomie d'un monde.
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C'est ainsi que, en deça du bien et du mal, Dieu ne peut perdre dans le grand jeu de hasard qu'est l'évolution.
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Les progrès des sciences et des techniques ont doté l'homme d'une puissance inégalée sur la nature et les autres espèces vivantes. Pendant longtemps l'homme est resté aveugle aux conséquences de l'utilisation de cette sur-puissance. Mais aujourd'hui le temps de l'aveuglement semble révolu. L'homme est devenu une menace non seulement pour lui-même mais pour la biosphère toute entière. Les Lumières se sont donc changées en leur contraire.



Deux facteurs expliquent cette évolution :



- 1) Un facteur démographique :

Notre accroissement biologique très rapide risque de nous conduire a la catastrophe. Les besoins organiques des populations menacent d'excéder les ressources alimentaires de la planète.



- 2) L'évolution qualitative de notre puissance technologique au XX° siècle :

Les interventions de l’homme ont pénétré jusqu’au niveau moléculaire. L’homme peut désormais créer une matière qui n’a jamais exister, modifier les formes de la vie, libérer de nouvelles forces. Cette capacité de créer au « cœur » même des choses conduit à l’apparition de nouveaux dangers, liés à cette nouvelle puissance. Parmi les nouveaux dangers, l’un d’entre eux consiste à charger l’environnement de substances dont son métabolisme ne peut pas venir à bout. Ainsi à la dévastation mécanique de la nature vient s’ajouter l’intoxication chimique et radioactive. Un autre danger se profile, lié aux avancées en biologie qui permettent désormais de bricoler l'homme lui-même.
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Faisant partie de cette totalité, étant un cas de la nature, l'homme n'est qu'un roseau, que peuvent écraser à tout moment les forces d'un univers aussi aveugle qu'il est immense, où l'existence n'est qu'un accident aveugle parmi d'autres, non moins aveugle que le serait l'accident de sa destruction. Toutefois, comme roseau pensant, il ne fait point partie de la totalité, il n'en relève pas ; il est radicalement différent, et sans commune mesure avec elle : car la res extensa ne pense pas, Descartes nous l'a appris, et la nature n'est que res extensa : corps, matière, grandeur extérieure. Si la nature écrase le roseau, elle le fait sans penser, tandis que le roseau — l'homme — même au moment qu'on l'écrase, a conscience d'être écrasé. Il est seul dans le monde à penser, non parce qu'il fait partie de la nature, mais en dépit de cette appartenance. Comme il n'a plus part à la signification de la nature, mais qu'il se borne à participer, du fait de son corps, à la détermination mécanique de cette nature, de même la nature n'a plus part à ses préoccupations intérieures (...) telle est la condition humaine. Il n'est plus, le cosmos, ni son logos immanent, avec qui mon logos pouvait se sentir une affinité ; il n'est plus, l'ordre du tout, au sein duquel l'homme a sa place. La place qu'il occupe, elle lui apparaît à présent comme le résultat d'un simple et brutal accident (...) l'indifférence de la nature signifie aussi que la nature est étrangère à toutes fins. La téléologie étant chassée du dispositif des causes naturelles, la nature, elle-même sans but, cesse de donner la moindre sanction aux buts que l'homme pourrait se proposer. Un univers sans hiérarchie intrinsèque de l'être, tel qu'est l'univers copernicien, laisse les valeurs sans soutien ontologique ; le moi est rejeté tout entier vers lui-même quand il est en quête de sens et de valeur.

Le sens ne se trouve plus : il est « conféré ». Les valeurs ne sont plus envisagées dans la vision d'une réalité objective : elles sont posées comme décrets, comme actes qui confèrent de la valeur à l'objet. Comme fonctions du vouloir, les buts ne sont rien d'autre que ma propre création. Le vouloir remplace la vision ; la temporalité de l'acte dépouille l'éternité du « bien en soi ». C'est la phase nietzschéenne de la situation dans laquelle le nihilisme européen revient en surface. Désormais, l'homme est seul avec lui-même.
(...)
« Dieu est mort » : en désignant ainsi la racine de la situation nihiliste, Nietzsche pensait surtout au Dieu chrétien. Si l'on avait demandé aux gnostiques de dire en aussi peu de mots ce. qu'il y avait de métaphysique à la base de leur nihilisme, ils auraient pu répondre seulement : « Le Dieu du cosmos est mort ». Il est mort, c'est-à-dire qu'en tant que dieu, il a cessé d'être divin pour nous, et par conséquent, il ne nous offre plus l'étoile polaire qui pouvait guider nos vies. Convenons que, dans ce cas, la catastrophe est moins générale, donc moins irrémédiable ; mais le vide qu'elle laisse, s'il n'est pas aussi insondable, n'est pas ressenti moins douloureusement (pp. 420-431)
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L'« objet » ultime de la gnose, c'est Dieu : son avenue dans l'âme transforme le connaissant en faisant de lui un participant de l'existence divine (ce qui représente quelque chose de plus que de l'assimiler à l'essence divine). Dans les systèmes radicaux, le valentinien par exemple, la « connaissance » n'est pas seulement un instrument de salut ; c'est aussi, en soi, la forme même sous laquelle on possède le but du salut, c'est-à-dire la perfection suprême. En pareils cas, on soutient qu'il y a concours et accord de la connaissance et de l'acte par lequel l'âme obtient le connu : c'est la prétention de tout vrai mysticisme. Assurément, c'est à quoi prétend aussi la theôria grecque, mais en un sens différent. Là, l'objet de la connaissance est l'universel, et la relation cognitive est « optique », c'est-à-dire qu'elle offre une analogie avec la relation visuelle à la forme objective, laquelle n'est pas affectée par cette relation.

La « connaissance » gnostique porte sur le particulier (car la divinité transcendante est encore de l'ordre particulier), et la relation est un connaître mutuel, c'est-à-dire que l'on y est connu dans le même temps, et elle ne va pas sans un acte de divulgation de soi de la part du « connu ». Là l'esprit est « informé » par les formes qu'il voit, tandis qu'il les voit (qu'il les pense) ; ici, le sujet est « transformé » (d'« âme » en « esprit ») par l'union avec une réalité qui, en vérité, est elle-même le sujet suprême en cette situation, et qui, rigoureusement parlant, n'est jamais un objet.

Ces quelques remarques préliminaires suffisent pour marquer la limite qui sépare le type « gnostique » de connaissance de l'idée de connaissance que la philosophie grecque avait érigée en théorie rationnelle.
(...)
Le trait principal de la pensée gnostique est le dualisme radical qui gouverne le rapport de Dieu et du monde, et conséquemment, le rapport de l'homme et du monde. La divinité est absolument outre mondaine ; sa nature est étrangère à celle de l'univers, qu'elle n'a pas créé, qu'elle ne gouverne pas, et dont elle est l'antithèse parfaite : au divin royaume de lumière, autonome et lointain, s'oppose le cosmos, royaume des ténèbres.

Le monde est l’œuvre de basses puissances qui, bien qu'elles puissent être issues de Lui médiatement, ne connaissent point le vrai Dieu et empêchent qu'on le connaisse dans le cosmos où elles règnent. La genèse de ces puissances inférieures, les Archontes (gouvernants), et en général celle de tous les ordres de l'être en dehors de Dieu, monde compris, est l'un des grands thèmes de la spéculation gnostique, dont nous donnerons plus loin des exemples. Le Dieu transcendant est Lui-même caché à toutes créatures, et II est inconnaissable par concepts naturels. Pour Le connaître, il faut une révélation et une illumination surnaturelles, et même ainsi, on ne peut exprimer cette connaissance autrement qu'en des termes négatifs. (pp. 56-65)
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Le fardeau de la mort inexorable comme marque essentielle de la vie organique, comme prix qu'elle doit payer pour sa liberté, sa capacité de sentir et son renouvellement permanent qui la distingue de l'insensibilité de l'inorganique. (p. 308, extrait de la postface de Christian Wiese).
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Ma maladie ou ma santé restent entièrement mon affaire privée,et je joue les services de la médecine par un libre contrat.Telle est,me semble t'il,la situations légale et en général sans tout Etat non totalitaire
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Mais tant que la tentation est là s’affirmera le fait que les hommes ne sont que des hommes et non des anges.
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Une population statique pourrait dire, parvenue à un certain point : «assez!», mais une population croissante est obligée de dire : «davantage!»
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L’être véritable vers quoi l’homme doit orienter sa vie, ne peut pas être vu sur la ligne «horizontale», la continuation du temporel, mais à la «verticale», dans l’Éternel présent dans chaque maintenant.
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Le principe éthique dont la prescription tire sa validité s’énonce donc ainsi: jamais l’existence ou l’essence de l’homme dans son intégralité ne doivent être mises en jeu dans les paris de l’agir.
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Étant donné que nous vivons aujourd’hui en permanence à l’ombre d’un utopisme non voulu, automatique, faisant partie de notre mode de fonctionnement, nous sommes perpétuellement confrontés à des perspectives finales dont le choix positif exige une suprême sagesse – une situation impossible pour l’homme comme tel, parce qu’il ne possède pas cette sagesse, et en particulier impossible pour l’homme contemporain, qui nie l’existence même de son objet, à savoir l’existence d’une valeur absolue et d’une vérité objective. La sagesse nous est le plus nécessaire précisément alors que nous y croyons le moins.
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Si la sphère de la production a investi l’espace de l’agir essentiel, alors la moralité doit investir la sphère du produire dont elle s’est tenu éloignée autrefois, et elle doit le faire sous la forme de la politique publique. p28
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