Citations de Henri Bellotto (55)
Le fait d’être née au sein d’un couple uni, avec un père qui la prenait souvent sur ses genoux, avait certainement contribué à faire de son caractère un modèle d’équilibre. Célibataire et sans enfant, elle vivait chaque jour comme un moment de bonheur. Les personnalités des deux amies, bien que radicalement différentes, paraissaient se compléter, ce qui confirmait que, souvent, les contraires s’attirent. La vie les avait séparées, mais à chacune de leurs retrouvailles leur complicité renaissait rapidement, intacte.
Pendant des années, elle avait tout enduré, tout supporté avec un stoïcisme remarquable et, aujourd’hui, enfin arrivée au terme de ses efforts elle lâchait prise. Il supposa que c’était normal, bien que ses larmes ressemblassent plus à la manifestation d’un désarroi qu’à la libération d’une tension nerveuse. Il s’était d’ailleurs souvent demandé comment elle avait pu persévérer aussi longtemps malgré ses nombreuses déceptions.
Pourtant, au fond de lui, il connaissait la réponse, car son expérience lui avait appris une chose essentielle, à savoir que les femmes étaient bien plus fortes et courageuses que les hommes.
Elle avait souvent pensé être responsable de son sort, comme quelqu’un qui se laisse conduire ou éconduire en subissant jour après jour sans résister. Cet atavisme déroutant et malsain lui collait à la peau comme une malédiction inéluctable. Malgré cette prise de conscience, indécise, elle continuait de subir.
Pourtant, année après année, la lassitude avait finalement fait son chemin et l’avait conduite sur la voie de la révolte. Écœurée autant par la conduite machiste de son mari que par sa propre faiblesse, elle avait enfin décidé de se rebeller et de fuir ce couple qui n’en était plus un.
Elle s’était souvent demandé s’il était plus motivé par le besoin incessant d’avoir des projets que par la soif de les mener à leur accomplissement. Peut-être, après tout, la réussite et la prise de risques lui procuraient-elles la même griserie, la même exaltation.
Les progrès dans ce domaine sont indéniables, mais la nature reste la nature. C’est elle qui dicte sa loi.
On a un boulot peinard et bien payé. D’accord, on se mouille, mais, mouillé pour mouillé, je préfère encore l’être les poches pleines.
Les mots, ainsi que les explications, étaient inutiles. Toute œuvre de talent n’existe que par les sentiments qu’elle inspire. Point n’est besoin d’expliquer ou de comprendre pour aimer, il suffit de ressentir.
Au fond de lui, sa conscience lui objectait que la déontologie du métier voulait que chacun estimât au mieux les risques encourus avant toute initiative.
Le journalisme est une grande famille et perdre l’un de ses membres, même concurrent, est toujours ressenti comme une tragédie.
Elle savait que vivre le tourment d’une passion non partagée lui serait insupportable ; elle préférait lutter contre cette éventualité et le mieux était pour l’instant de se plonger dans la lecture qui l’attendait.
L’envie de connaître la vie et les secrets de cet être complexe, de prime abord inaccessible ? Peut-être. Une simple attirance physique ? Le désir de connaître le corps et l’étreinte de cet homme ténébreux et viril qu’elle croyait capable d’une grande tendresse ? Sans doute. De l’amour ?
Je suis moins défaitiste que vous. J’ai certainement commis une erreur due à l’inexpérience, mais je sais que la vie ne s’arrête pas là, que tout peut recommencer.
Nous ne cherchons pas l’impossible, simplement ce qui d’ordinaire n’accroche pas autant le touriste qu’un œuvre prestigieuse et connue. Peut-être une annexe où seraient rangées des créations anciennes et délaissées. Quelque chose qui montrerait que le Vatican n’est pas qu’un musée richissime, mais aussi un abri pour toutes les réalisations qui parlent de la foi.
Remarquant les efforts de mademoiselle Shepard, John se demanda pourquoi les femmes en général éprouvaient le besoin de cacher ce qu’elles avaient d’abord pris soin d’exposer. Était-ce de leur part un jeu ou une forme de pudeur ? Décidément, celui qui avait dit que la femme était un être incompréhensible était un bon analyste.
Il n’y avait, derrière cette terrible organisation, qu’une seule volonté, un seul but : dominer d’abord le peuple pour continuer à dominer le monde.
Il suffisait d’offrir des jeux, où tous pouvaient donner libre cours à leurs pulsions, déchaîner leur haine et oublier leur quotidien, pour que s’affirme la toute puissance de l’autorité et que la grande cité vive ensuite sans troubles ni heurts.
On ne peut pas toujours changer le monde, même si cela paraît juste et nécessaire.
Etre à l’heure, c’est respecter le métier qui te nourrit, et le premier des devoirs du travailleur, quel qu’il soit, est d’apprécier la chance de pouvoir se nourrir.
Elle était persuadée que les accidents, les crimes, les morts naturelles, les décès de toutes origines étaient plus nombreux la nuit que le jour. Elle songea qu’une étude statistique sur le sujet serait intéressante, tant le parallèle entre le soleil qui se couche et la vie qui s’en va semblait évident.
Peut-être le poids des responsabilités finit-il, à la longue, par user les cuirs les plus coriaces. Cet homme lui était sympathique. Il savait être chaleureux sans être paternel et il donnait l’impression de toujours dominer la situation.