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Citations de Henri Perruchot (96)


Tout à sa frénésie de peindre, il délire de bonheur. Cette frénésie ne va pas, hélas, sans de gros frais. Il lui faut, pour nourrir sa passion, acheter sans arrêt toiles et couleurs. "J'ai dû dépenser, aussitôt la lettre reçue, presque tout pour des couleurs et des toiles et je voudrais bien qu'il te fût possible de m'envoyer encore quelque chose ces jours-ci". il se met, et il met certainement aussi Théo, dans des situations embarrassantes. Que faire, pourtant ? Ralentir son rythme, freiner, endiguer son débordement créateur ? Il ne peut pas en être question. Les vergers sont en fleurs, il se sent en de bonnes dispositions, et l'on doit "battre le fer tant qu'il est chaud"...
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Il ne fut jamais dupe. Ni des hommes ni des choses. Et de lui-même moins que de rien ou de personne. Sa vie fut un drame, une brève tragédie menée jusqu'à son terme en toute connaissance de cause, mais avec une telle discrétion, une telle horreur de la pitié -car un grand seigneur, voilà ce que fut, dans sa pleine force du terme, ce nabot disgracié- que même ceux qui le fréquentèrent n'en pressentirent pas toujours la douloureuse amertume. Jamais destin ne fut peut-être, en vérité, aussi clairement compris par celui qui l'assuma, ni vécu plus lucidement.
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En novembre, Lautrec affronte à Toulouse, cette fois avec succès, les épreuves du baccalauréat. Le 22, d'Albi, il annonce, tout guilleret la nouvelle à Devisme : "..... Enfin le jury de Toulouse m'a déclaré acceptable, malgré la niaiserie que j'ai déployée à leur répondre à "eusses" ! J'ai fait des citations de Lucain qui n'avaient jamais existé, et le professeur, voulant paraître érudit, m'a reçu à bras ouverts."
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« Celui qui veut faire quelque chose de bon ou d'utile ne doit pas tabler sur l'approbation ou l'appréciation générale, ni la désirer, mais au contraire n'espérer de sympathie ou d'aide que de très rares cœurs, et encore de quelques-uns » : cette phrase de Renan, que Vincent cite de mémoire à Théo, n'a jamais quitté son esprit. Demain comme hier, elle sera son credo. Il cultive et cultivera l'art pour lui même, tel un horticulteur qui ne se soucierait pas du cours des oignons de tulipes, resterait indifférent aux marchandages dont ils sont l'occasion.
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Mais ses camarades, il les a séduits bien plus encore par ses qualités propres. Ce descendant de croisés pourrait manifester toutes les vanités. Il n'est que simplicité. Ce jeune garçon, à qui la destinée a joué le tour le plus affreux, pourrait se montrer aigre, déplaisant. Il est la gentillesse même. Loin d'être porté à se venger sur autrui, il n'accuse ni choses ni gens. Il émeut par sa complaisance, son pouvoir de sympathie. …. Il est le premier à rire de sa misère. Il en bouffonne à plaisir. « Je suis une demi-bouteille », dit-il en zézayant. Il grimace et se caricature, amusant la galerie d'une image de lui-même qui, beaucoup plus qu'une parade, est, dans sa volontaire outrance, une dérobade : ce n'est plus tout à fait de lui-même qu'on rit. Mais qui le devine ? Qui pressent l'angoisse du « petit Bas-du-Cul » ?
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"Je sens en moi un feu que je ne peux laisser éteindre, qu'au contraire je dois attiser, bien que je ne sache pas vers quelle issue cela va me mener."

"Je ne puis me soucier de ce que les gens pensent de moi, il faut que j'aille de l'avant, c'est à cela que je dois penser...si je ne vaux rien maintenant, je ne vaudrai pas davantage plus tard."

"Je réussirai.Non pas que je deviendrai quelque chose d'extraordinaire, mais bien quelque chose d'ordinaire."
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A peine arrivé à Nuenen, Vincent se rend compte à quel point, entre lui et les siens, le désaccord est maintenant irrémédiable. Au presbytère, où on lui réserve pourtant un accueil "amical", on le comprend moins que jamais. Ces parents et ce fils ne parlent pas la même langue. Ce que lui, Vincent, exprime avec une candeur bougonne, gauchement et naïvement, en terme de destin, son père, sa mère, ses frères, ses soeurs, les voisins, le traduisent, eux, dans les mots les plus plats des réalités terre à terre. "Pourquoi ne vends-tu pas ?" lui demande-t-on continuellement. On lui reproche de ne pas gagner d'argent. On lui fait sentir que les mensualités de Théo sont, premièrement, une aide précaire, deuxièmement, "une grâce faite à un barbouilleur". (p. 204)
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Voici longtemps déjà (que Zola) a quitté le bouge de la rue Soufflot. Depuis lors, il a changé une ou deux fois de domicile. En juillet, il loue un appartement de trois pièces rue des Feuillantines, au numéro 7. Il y prend l'habitude – par besoin d'amitié, de la chaleur d'un groupe, besoin d'avoir autour de soi, comme un père ses enfants, des êtres unis par les mêmes pensées, enfiévrés par les mêmes désirs – de réunir chaque jeudi soir, en un dîner, ses relations parisiennes. Vient qui veut : la table est ouverte. Cézanne, Baille, Chaillant, des Aixois de passage. Guillemet, Pissarro ses retrouvent à ces agapes. La chère n'est sans doute pas très copieuse, par discrétion, chacun mouille son vin d'abondance.

969 - [Le Livre de poche n° 487-488, p. 129]
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En cette année 1859, son père s'offre une fantaisie. Pour la bagatelle de quatre-vingt mille francs, il achète, à un kilomètre d'Aix, sur la route de Roquefavour, l'ancienne maison de campagne du gouverneur de Provence... (...) Aix n'apprend pas sans dépit, cette acquisition. On y voit un étalage de parvenu. Pourtant, aussi content qu'il soit lui-même, Louis-Auguste, pas plus que son fils, n'éprouve de penchant pour la vanité. Son ascendance paysanne parle en lui fortement. Comme les paysans, il n'a d'attirance que pour les réalités, que dédain pour le paraître, cette puérile niaiserie. Nullement tenté de publier ses victoires, il les cacherait plutôt; ses satisfactions restent tout intérieures, d'un orgueil d'autant plus vif que l'insolence s'en veut plus discrète : être et ne paraitre pas, être et berner son monde, quelle jouissance!

953 - [Le Livre de poche n° 487-488, p. 70-71]
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Vincent sait qu'on l'a exclu. Tant pis ! Que soit ! Puisque, dans le monde qui serait normalement le sien, il ne saurait trouver asile qu'en se trahissant, puisqu'il doit choisir entre les compromissions et sa propre exigence, son choix est fait.
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Nullement combatif, Cézanne appartient à cette sorte de gens qui, dès qu'on les attaque, cèdent le terrain et n'ont qu'une hâte : disparaître. Ce qu'inspire à Cézanne le tumulte provoqué par ses toiles, c'est, avec une accablante tristesse, un immense désir de silence. Assez ! Assez ! Qu'on l'abandonne à sa solitude. Qu'on le laisse à sa paix !

1673 - [Le Livre de poche n° 487/488, p 268]
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Pendant les récréations, les deux amis (Cézanne et Zola) bavardent indéfiniment. Ils mêlent à leurs impressions de lectures - car ils se sont mis à beaucoup lire : tout ce qui leur tombe sous la main, « des contes à dormir debout, de grands romans d'aventures » qui les tiennent sous le charme pendant des semaines et des semaines – leurs propres souvenirs. Zola a vécu à Paris. Avec une émotion proche des larmes, il se rappelle son père, dont l'existence chaotique, de bout en bout romanesque, est bien propre à enfiévrer de jeunes imaginations.

946 - [Le Livre de poche n° 487-488, p. 33-34]
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Vous venez trop tard. J'ai pris un tableau à Pissarro. Affaire d'humanité : il a tant de famille ! Pauvre garçon !
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Parfois, encombré de quelques toiles, Vincent, pour se procurer quelque monnaie, en prend un lot avec humeur et va les céder à un brocanteur qui les revend comme "toiles à repeindre". Dérision ! "Le Tambourin" (café que fréquentait Van Gogh à Paris) a été mis en faillite, et ce qu'il contenait, saisi, hâtivement vendu aux enchères sur le trottoir même. Les toiles de Vincent, liées par dix, ont été adjugées "de cinquante centimes à un franc le paquet". Dérision ! Dérision ! Travail vain, absurde. Amer piétinement. Théo a bien essayé d'introduire dans sa galerie une ou deux toiles de son frère. Mais les clients hochent la tête avec des moues significatives devant ces oeuvres et les peintres que Théo protège jugent eux-mêmes qu'il ne devrait pas compromettre par des "extravagances" leur petite chance d'arriver. Vincent, naturellement, supporte mal ces avanies. Il s'en prend à Théo, ronchonne, éclate. Terrible hiver ! (p. 292)
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Après six mois de séjour en Provence, Cézanne est de nouveau à Paris au début de 1865.
Cette fois, quittant la rive gauche, il va se loger sur les confins du Marais, au numéro 22 de la rue Beautreillis, dans un vieil hôtel du XVIIe siècle, l'hôtel de Charny. (...)
Lui a-t-on dit que, voilà six ou sept ans, Baudelaire habita cette maison ? Baudelaire, à qui la pudibonderie contemporaine a fait (en 1857) un absurde procès de moralité, compte parmi les poètes préférés de Cézanne, qui lit dans le texte Virgile et Lucrèce : servi par son extraordinaire mémoire (bien qu'il ne les ait jamais visités, il sait tout ce que contiennent les différents musées d'Europe), il pourrait réciter sans défaillance l'entier recueil des Fleurs du Mal.

Ce ne seront jamais ces beautés de vignettes,
Produits avariés, nés d'un siècle vaurien,
Ces pieds à brodequins, ces doigts à castagnettes,
Qui sauront satisfaire un cœur comme le mien.

Je laisse à Gavarni, poète des chloroses,
Son troupeau gazouillant de beautés d'hôpital,
Car je ne puis trouver parmi ces pâles roses
Une fleur qui ressemble à mon rouge idéal.

Ce qu'il faut à ce cœur profond comme un abîme,
C'est vous, Lady Macbeth, âme puissante au crime,
Rêve d'Eschyle éclos au climat des autans;

Ou bien toi, grande Nuit, fille de Michel-Ange,
Qui tors paisiblement dans une pose étrange
Tes appas façonnés aux bouches des Titans!

Note : D'après un exemplaire des Fleurs du Mal que Cézanne avait annoté et dont il fit présent à Léo Larguier, ses pièces préférées éraient : Les Phares, L'Idéal (ci-dessus), Sed non satiala, Une Charogne, Les Chats, Le Mort joyeux, Le Goût du néant.

975 - [Le Livre de poche n° 487-488, p. 140]
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Au-delà de ce Champ de Blé aux Corbeaux, ou les chemins brouillés, ou le ciel et la terre à demi confondus semblent, d'avance, rendre vain tout espoir, que peut-il donc y avoir ?
Il n'y a que l'abîme

Chapitre XVI
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Les émotions qui le saisissent devant la nature sont telles , en effet - elles vont chez lui, dit-il, " jusqu'à l'évanouissement"-, que peindre lui est une libération. Il est a ce point bouleversé par ce qu'il voit, l'inspiration qu'il en reçoit l'ébranle d'une passion si électrisante qu'il a besoin de ce corps à corps haletant avec sa toile pour se délivrer. Il se décharge en peignant de ce trop-plein affectif qui l'oppresse. Sa toile une fois achevée, il ressent, provisoirement délivré, une impression d'apaisement. Et ce qu'il lit sur son oeuvre, toute torturée qu'elle est par la violence qu'il y a mise, c'est avant tout la sérénité.

Chapitre XV
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Vincent va du brin d'herbe aux horizons immenses, de l'infiniment grand à l'infiniment petit, étreignant, s'efforçant d'etreinde le monde dans sa totalité cosmique, ouvrant dans la nature des perspectives vertigineuses.

Chapitre XII
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L'impressionnisme n'a été qu'une réponse provisoire, un simple préambule. (...). C'est au-delà de ces peintres, au-delà de l'impressionnisme, c'est plus loin, plus au sud, qu'il faut aller -au Japon- là où le dieu solaire, ce corps mystique éblouissant, règne despotique ment, et inflexible ment pénètre tout ce qui est de sa mâle virulence. Le Midi, n'est-ce pas le Japon ? Une terre toute semblable à celle où travaillèrent Hiroshighé, Outamaro et Hokousai le "vieillard fou de dessin"?

Chapitre XI
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Mettez vous dans la tête que personne n'y connaît rien, même pas moi.

Il n'y a qu'un baromètre qui indique la valeur de la peinture, c'est l'hôtel des ventes.
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