"L'Horloge de sable" sur Espace 2 "Les Saisons indisciplinées" d'Henri Roorda
Être vivant ; voir et entendre ; c'est ça le bonheur.
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J'ai besoin de vivre avec ivresse. Bien des fois, le matin, en me rendant à l'école, j'ai été déprimé parce que je commençais une journée "où il n'y aurait rien", rien que l'accomplissement du devoir professionnel. Je ne suis pas un homme vertueux, puisque cette perspective ne me suffisait pas. J'ai besoin d'apercevoir, dans l'avenir prochain, des moments d'exaltation et de joie. Je ne suis heureux que lorsque j'adore quelque chose. Je ne comprends pas l'indifférence avec laquelle tant de gens supportent chaque jour ces heures vides où ils ne font pas autre chose que d'"attendre".
Si elle était scrupuleuse, elle se demanderait encore : « Existe-t-il des moyens meilleurs que ceux que j’emploie pour instruire et pour fortifier ces enfants ? »
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Ce n'est pas en posant aux écoliers, pendant des années, des questions qui n'admettent qu'une seule réponse acceptable, qu'on affine leur esprit et qu'on leur enseigne la tolérance.
Ce n'est pas juste. On ne s' intéresse qu'aux petits. On les plaint; on les trouve gracieux; on les protège. Et l'on oublie les grands.
Je l'ai constaté bien souvent: devant les petites choses, devant les petits animaux et devant les petits enfants, les personnes sentimentales s' attendrissent et des mots affectueux leur viennent aux lèvres. Mais supposons que vous ayez dans l'étang de votre parc, une baleine apprivoisée. Lui diriez-vous "Ma Mignonne"?
Un autre se contenterait de caresser sa peau douce. Mais, moi, je suis affamé de tendresse.
Le principe de ceux qui enseignent apparaît clairement : la dose de science que nous inculquons à l’écolier dans un temps donné ne doit pas dépendre de la qualité de son cerveau.
Ignorant systématiquement les aptitudes, susceptibles d’être cultivées, que ses élèves possèdent, le pédagogue, spécialiste inconscient, s’efforce de leur communiquer à tous son propre savoir et sa propre virtuosité.
Il existe beaucoup d’écoles où les jeunes gens peuvent se spécialiser. Mais nous n’avons pas encore celle où l’enfant pourra s’épanouir.
Je n'étais pas fait pour vivre dans un monde où l'on doit consacrer sa jeunesse à la préparation de sa jeunesse.
[...]
Car il y encore en moi une grande provision de gaîté. Détruire tout ça, c'est du gaspillage. Je n'ai jamais su être économe.
Je ne ressemble pas à ces fonctionnaires qui sont fiers d'être un "rouage" de la machine sociale. J'ai besoin d'être ému par les vérités que j'enseigne.
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Je prétends seulement que, pendant quelques années, les êtres très jeunes ont quelque chose de mieux à faire que de se préparer à gagner de l'argent.