Et voilà, troisième roman de cet auteur en quatre jours.
Après "La gouvernante française" et la révolution bolchévike de 1917, nous voici à quelques mois de la libération, en 1944, dans "Toute ma vie sera mensonge".
Une soeur Valérie, son frère, Vincent. Leurs parents tiennent un restaurant où l'occupant remplit les tables tous les soirs. Valérie est amoureuse d'Hervé, résistant, que Vincent "jalouse" quelque part, car il lui prend sa soeur.
Une histoire simple en apparence mais aux conséquences tragiques, une histoire courte à la Troyat mais ô combien dense. Des destins et des destinées qui se croisent, se mêlent, s'enmèlent, se perdent.
Avec cette impression qu'il en faudrait peu pour éviter que tout ne tourne à la tragédie et au malheur, mais que même ce peu, représente déjà beaucoup trop.
On est triste en fermant ce livre qui ne peut pas ne pas marquer son lecteur, même si Troyait parle d'une époque, d'un temps, que même les plus de 60 ans ne peuvent pas connaître.
Et je viens de prendre "La femme de David" que j'entamerai ce soir.
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Produit d'un long entretien avec l'écrivain et journaliste Maurice Chavardès, ce livre est une sorte de biographie littéraire d'Henri Troyat, mêlant sa vie privée et son oeuvre. Cette dernière, abordée chronologiquement, est expliquée et commentée. C'est passionnant de bout en bout, et l'on se prend à regretter que les commentaires se terminent en 1976, année de parution de ce livre, alors que l'auteur a vécu jusqu'en 2007
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1920 : Léon Tarassoff, neuf ans, arrive à Paris avec ses parents qui fuient la révolution bolchevique.
1935 : Il publie son premier roman sous le pseudonyme de Henri Troyat.
1959 : Henri Troyat est élu à l'Académie française.
Aujourd'hui, cet écrivain nous raconte le long chemin qui a conduit l'enfant déraciné jusqu'au sommet de la gloire littéraire. Il nous raconte sa famille, les années difficiles de l'exil, la nostalgie d'une Russie disparue, le mariage de deux cultures.
Il nous raconte surtout sa passion pour l'écriture et pour les personnages auxquels il donne vie. Avec une touchante modestie, ce très grand auteur nous fait part de ses doutes et conclut : "Pour moi, rien n'est jamais acquis... Mon prochain livre sera d'un débutant."
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Jean et Madeleine sont mariés depuis 15 ans et vont fêter cet événement à eux deux dans une petit hôtel au bord de mer. Durant leur petit séjour en amoureux ils revoient Bernard un ancien ami de Jean. Les deux copains se retrouvent après tant d'années et les bons souvenirs reviennent.
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Le doute voilé qui reste à la fin, est gênant, dérangeant on voudrait que la réalité ne soit pas celle que l'on imagine et pourtant on devine la vérité.
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Un roman ambigu ou personne -du moins l'auteur fait tout pour- n'est vraiment ce qu'il, elle semble être. Dommage que la fin ne soit pas ... plus précise, mais elle laisse le lecteur choisir ce qui lui semblera le plus si ce n'est "logique" du moins "plausible". un excellent Henri Troyat !
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Il y a si longtemps que j'ai lu ce livre, et pourtant je revois toujours la scène finale, le sommet de l'action, avec toutes les questions qui se posent, la froideur de l'éclairage, de l'atmosphère...
Je le relirai dès que possible pour le style de Troyat, bien clair, bien descriptif.
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La peste soit des éditeurs qui résument le contenu du livre en quatrième de couverture! Je l'ai lu en espérant un peu plus de développement sur ce qui se passe après l'accident, sur les sentiments, les réactions de Jean face à cette trahison probable, en vain. Mais en fait tout cela n'a finalement guère d'importance. Ce roman est un petit bijou : cette amitié qui se reconstruit après un hiatus de dix-sept ans, cet amour entre Jean et Madeleine, bien réel malgré la trahison, Henri Troyat nous raconte tout cela avec son talent si juste. J'ai passé un très bon moment car aucun résumé ne vaut la plume de l'auteur. Heureusement.
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Troyat, écrivain aux multiples visages…Tour à tour auteur de romans « du quotidien », de biographes romancées, d’essais, de pièces de théâtre…
« Une extrême amitié », La Table ronde 1963, un « roman du quotidien »…
Anniversaire de mariage, quinze ans : Jean et Madeleine s’offrent de petites vacances en bord de mer ; Grand Hôtel du Port, farniente, petit restau…On ne voit pas bien ce qui pourrait perturber ce séjour paisible. Arrive Bernard, un ancien ami de Jean perdu de vue depuis bien longtemps… Retrouvailles, souvenirs… et finalement, retour à Paris…
Rencontre fortuite et anodine, banalité des destins… Pas si sûr… Troyat ne serait pas Troyat s’il n’ajoutait pas au récit, une teinte dramatique alimentée des petites trahisons-compromissions du quotidien. Quelle relation entretiennent Madeleine et Bernard de retour à Paris ?
Une intrigue un peu convenue, certes… Reste Troyat… Troyat qui n’a pas son pareil pour tenir le lecteur en haleine jusqu’au dénouement final. Une bonne lecture de vacances.
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Alors que Jean et Madeleine passent quelques jours en bord de mer pour leur anniversaire de mariage, ils croisent Bernard, un ami d'enfance de Jean, perdu de vue depuis des années. Avec ces retrouvailles, de vieux souvenirs remontent en surface : leur camaraderie, leurs sorties, le drame du premier mariage de Jean... Quelle place étrange prennent donc, brusquement, Bernard et sa maîtresse, dans la vie du couple jusque là heureux !
Une extrême amitié est un roman troublant, très bien écrit. S'il y a d'un côté les choses exprimées clairement par l'auteur, le plus important sont celles qui, au contraire, sont tues, sous-entendues. On est bien loin, ici, de l'ambiance d'aventure de la neige en deuil ! On sort de cette lecture avec un vague sentiment de malaise, d'incertitude, des interrogations et il me semble que c'est alors à chaque lecteur de faire sa propre interprétation des évènements et des scènes finales.
Challenge XXème siècle 2020
Challenge ABC 2019/2020
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Le dénouement final est dévoilé dès le début dans le résumé se trouvant dans le livre (et dans Babelio). Cela gâche donc la surprise, mais permet au lecteur d'être attentif au moindre détail, au moindre soupçon pouvant laisser présager de ce final : l'achat de la voiture, le comportement de Madeleine affiché vis à vis de Bernard.
Mais ne boudont pas notre plaisir, Troyat dépeint avec grand talent les sentiments de Jean, le narrateur, tout à bord gêné par la réapparition de Bernard dans sa vie, puis la fascination qui remonte à l'enfance. Qui n'a jamais été fasciné par quelqu'un de plus brillant, avec plus d'aisance à qui tout réussit ?
Néanmoins la fin nous laisse sur notre faim, nous ne sauront jamais, de la même façon que le narrateur ne sera jamais la raison de pourquoi sa femme se trouvait dans la voiture de son ami d'enfance, mais bien sûr c'est voulu par Troyat.
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Voilà une lecture très différente du style habituel de l'auteur que j'aime pourtant beaucoup, mais dans laquelle je ne me suis vraiment retrouvée. Un roman psychologique, avec une fin ouverte pour que le lecteur se fasse sa propre idée de ce qu'il s'est passé.
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Une belle réussite.
Parce que le personnage de Verlaine est romanesque.
Parce que Troyat a une écriture fluide et talentueuse, qui donne envie de découvrir la vie de Verlaine mais aussi et surtout, sa poésie.
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une vie incroyable qui m'a rapproché de certains de ces poèmes ; un homme et ses démons, mort dans la misère .
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Quel visage dur ! Derrière la déchéance du poète dans les abus (alcool, sexe, drogue) se tenait l'un des plus merveilleux faiseur de vers de son époque. Reconnu par la suite comme étant un génie, devait-il traverser l'enfer sur terre pour accoucher de textes si précieux ? Henri Troyat retrace avec son habituelle verve son existence entre deux eaux et retranscrit avec force un milieu où violence et passion se mêlaient étroitement.
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Il s'agit d'une biographie. Le livre raconte les débuts de Verlaine en tant que poète dans une revue, ses premiers succès, les premières déconvenues. Il explique aussi ses pensées et ses rêves en suivant le fil de son existence. (1844/1896)
Le poète, l'homme, son portrait pourrait-on dire.
L'auteur part du constat qu'il a une place dans l'histoire de la poésie française parce qu'entre autres il participe au début du Parnasse avec des auteurs comme Sully-Prudhomme, Coppée,...
Il montre aussi ses contradictions, celle à sa perception d'un homme qui navigue entre mariage et maisons closes et qui aura une fin très dure.
Son père meurt en 1865, sa vie est très marquée par les deuils et la douleur dont ceux de son père et de Baudelaire. En 1865, il fait paraître Poèmes saturniens. C'est à seulement 22 ans qu'il écrit Chanson d'automne...
Mais derrière les failles de son individualité, on retrouve des chants qui vont traverser le temps. On apprend qu'il a aussi tenté d'écrire un opéra bouffe pour Chabrier et connu Nina de Caillas à Montmartre, et d'autres écrivains de renom, ou musiciens célèbres.
Un vrai livre d'auteur. On sent bien au final que parfois le nombre d'ouvrages vendus de son vivant par un écrivain ne détermine pas la valeur d'un auteur car les Poèmes saturniens et Les fêtes galantes furent bien deux échecs au regard de la vente, à leur sortie.
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Enfant très, voire trop choyé, Paul Verlaine a très vite pris l'habitude de n'en faire qu'à sa tête. Bien qu'étant bon élève, très vite, l'obligation d'apprendre et travailler en classe l'assomme, et il se tourne vers la versification. Ses premiers vers maladroits et ampoulés lui apportent l'admiration de ses condisciples en classe et il aura l'audace, à l'âge de quatorze ans d'adresser quelques vers à Victor Hugo …. qui ne lui répondra pas !
Hélas, l'homme faible Verlaine cède très tôt aux sirènes des filles faciles et surtout de l'absinthe « la sorcière verte » à tel point qu'à dix-huit ans, il est déjà alcoolique et mènera de ce fait une existence lamentable et misérable magnifiée par la poésie,
Grâce à Henri Troyat, biographe de premier ordre, appuyant ses affirmations sur des sources avérées, le lecteur suit avec intérêt le parcours de Verlaine par le biais de l'évolution de sa poésie, mise en parallèle avec les différentes phases de l'existence du poète.
« De la musique avant toute chose ….. » tel sera le credo de Verlaine qui met son cœur et sa vie dans ses vers, d'une authenticité qui l'éloigne de ces « poètes orfèvres » tels Coppée ou Leconte de Lisle, et ce, en un constant « va et vient entre profane et sacré ».
Mais il n'acquiert qu'à la fin de sa vie seulement la notoriété qu'il n'a pas eue dans sa jeunesse avec ses premiers recueils.
Ce qu'il a remarquablement su faire en poésie n'est pas le reflet de l'existence déréglée et dépravée, marquée, en état d'ébriété, par des crises de violence incontrôlable exercée tant sur ses amis que sur son épouse.
« Il y a un contraste saisissant entre la grossièreté de Verlaine dans la vie courante : son goût des amours sordides, sa propension à l'ivrognerie, son langage ordurier, ses colères stupides, et l'espèce de pureté rayonnante qui descend sur lui dès qu'il prend la plume. Soudain transfiguré, il n'est plus que douceur, élégance et harmonie. » affirme Troyat.
« Ferme tes yeux à demi,
Croise tes bras sur ton sein,
Et de ton cœur endormi,
Chasse à jamais tout dessein »
Certains de ses pairs, dont Mallarmé sont éblouis par ses premiers recueils, qui hélas, restent quasi ignorés du public.
Les voyages, la prison, les déréglements de toutes sortes, il a connu tout cela à cause, entre autres, de Rimbaud, « l'homme aux semelles de vent », qui s'est amusé à semer la zizanie dans l'existence bourgeoise menée auprès de Mathilde, sa toute jeune femme, épousée depuis deux ans, et qui venait de lui apporter tempérance et stabilité.
Verlaine est subjugué par cet adolescent ordurier, mal dégrossi, insolent et provocant qui vient s'imposer chez lui, en proclamant haut et fort tout ce qu'il a déjà pensé au fond de lui même : haine de l'église, de la hiérarchie, des usages, désir de provoquer et de scandaliser.
Du coup il prend en horreur sa jeune femme, prête à accoucher, déformée par la grossesse, et tombe sous l'emprise du génial poète qu'est Rimbaud avec qui il noue une exceptionnelle entente spirituelle et dont il s'amourache follement. Alors une liaison torride et sordide naît entre « la vierge folle » et « l'époux infernal », selon la terminologie de Rimbaud, marquée par d'incessantes beuveries et de fréquentes et violentes querelles. Si Rimbaud recherche l'ivresse pour obtenir le dérèglement des sens nécessaire, selon lui, pour l'essor de la poésie, Verlaine, quant à lui, boit pour s'anéantir dans l'hébétement.
Tout cela ne pouvait que très mal se terminer, d'autant plus que Rimbaud se fatiguera rapidement « des étreintes que Verlaine réclame comme un assoiffé » et la passion va s'achever, au bout de deux ans, dans la violence et un tir qui blessera Rimbaud.
A la mort de ce dernier, Verlaine va confier à un ami : « il y avait dans ce garçon une séduction démoniaque. Son souvenir est un soleil qui flambe en moi et qui ne veut pas s'éteindre ».
Verlaine aura donc connu une existence de quasi constante misère, de sa jeunesse dépravée et alcoolique à sa vieillesse souffreteuse et misérable, vivant chichement dans des bouges plus ou moins sordides, ballotté entre deux maîtresses vénales, incapable qu'il est de vivre seul, entrecoupant de longs séjours à l'hôpital, sa cohabitation avec l'une ou l'autre des deux femmes.
Troyat plonge le lecteur effaré dans l'abîme de la vie sordide menée par Verlaine, et on reste pantois devant le gouffre quasi infranchissable qui existe entre les désordres de sa vie privée et l'élégance, la fausse simplicité et l'inexprimable beauté de sa poésie.
Cet homme, tout à la fois épouvantable et lamentable, faible, parfois naïf et émouvant laisse le lecteur amer et dans la stupéfaction. Comment ? C'est cet homme là qui sait enchanter avec :
« C'est l'extase langoureuse
C'est la fatigue amoureuse,
C'est tous les frissons des bois,
Parmi l'étreinte des brises,
C'est, vers les ramures grises,
Le choeur des petites voix ».
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