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Critiques de Herman Melville (524)
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33 poèmes

Je dois admettre qu'à la lecture de ces 33 poèmes, j'ai ressenti une certaine déception!

Melville évoquait pour moi, bien sûr, la mer, la sauvagerie, l'Amérique du 19ème siècle, continent immense aux paysages extraordinaires et je m'attendais à de la poésie tout aussi sauvage et romantique, un peu à la Whitman. Au lieu de ça, je me suis retrouvée, désappointée, face à des vers tout droit inspirés de la poésie européenne, pleine de références antiques, sur le Parthénon ou des jardins fleuris et des oiseaux gazouillant au Printemps.

Non que les textes ne soient pas bons - C'est Herman Melville, quand même - mais ce n'est pas ce que je cherchais.

Il y a bien, parfois, quelques aperçus de la mer, un lagon d'un bleu pur aux parfums de nostalgie, un vieux veston délavé par le soleil d'Asie. Et puis, une certaine amertume, une tristesse, et j'ai ressenti comme un désir de quitter ce monde étriqué trop bien ordonné, mais peut-être n'est-ce que mon désir à moi, frustré!
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A bord

"à bord" ! C'est par cette invite que les élégantes éditions bordelaises "Finitude" nous proposent de découvrir trois petits textes inédits en français de l'immense auteur de Moby Dick, de Bartleby le scribe ou encore de Billy Budd, le célèbre Herman Melville.



Ce sont donc deux conférences espacées par une critique littéraire que Guy Chain, traducteur de l'ensemble, nous donne à découvrir.



Dans la première conférence, intitulée "les mers du sud", datant des années 1858-60 (ainsi que la seconde), Melville tente un portrait en creux de l'immense océan Pacifique dont il reconnait lui-même qu'il est tellement vaste qu'il lui serait impossible de tout en dire en si peu de temps. Dans un grand soucis d'efficacité, le romancier passe donc de la faune à la flore, de l'histoire des découvertes des principaux archipels, et de leurs découvreurs, à un portrait des indigènes, se référant à ses propres écrits afin de soutenir ses dires, entremêlant force anecdotes et histoires vécues.

Mais derrière l'aimable dissertation, c'est aux légendes et autres lieux communs tenaces que Melville s'en prend. Pas moins, d'ailleurs, souvent sans même avoir l'air d'y songer, qu'à certaines méthodes délétères et parfois mortifères de ceux-là mêmes qui prétendaient apporter la civilisation, la richesse et la bonne parole à des autochtones qui n'en avait pas demandé tant.



Le second texte, datant de 1847 et intitulé "Tableaux d'une chasse à la baleine", est une critique littéraire en règle de deux ouvrages relatant la marine baleinière de l'époque.

Avec un art consommé de la moquerie et d'une certaine forme de duplicité, l'auteur de Moby Dick décrit le premier livre comme étant tellement exact et emprunt de véracité factuelle qu'on subodore combien il l'a trouvé fastidieux et dénué de toute poésie, le comparant à un autre titre de l'époque décrivant, cette fois, le monde de la navigation commerciale. le second, défendant le petit monde de la capitainerie ne semble guère retenir plus les éloges de notre critique.

Sans jamais s'en prendre ouvertement aux deux titres résumés et décortiqués (il leur trouve même certaines qualités), Melville exprime, de manière transversale, sa propre conception de ce que serait un bel ouvrage traitant des choses de la mer : exact et descriptif mais sans appesantissement, poétique, sans le moindre doute, mais sans céder à un de lyrisme excessif et infondé. N'est-ce pas là ce qu'on peut retrouver dans le chef d'oeuvre qui l'a rendu célèbre mondialement ?



Le dernier texte, qui est donc à nouveau une conférence donnée dans les mêmes années que la première, s'intitule "Le voyage" mais aurait tout aussi bien pu s'intituler "portrait du voyageur". En quelques pages bien tournées, Melville dresse le portrait du voyageur idéal et nous expose sans le moindre ambages ce que, selon lui, un voyage bien préparé devrait inévitablement amener dans la formation intérieure, intellectuelle, morale et humaine de tout pérégrin convenablement conformé.



Mais laissons lui la parole en guise de conclusion à ce petit ouvrage charmant et magnifiquement agrémenté de reproductions de gravures anciennes : "La découverte de la nouveauté, la mise en pièce des vieux préjugés, l'ouverture du coeur et de l'esprit, tels sont les véritables fruits d'un voyage correctement entrepris."

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A bord

"A bord", est un recueil de plusieurs textes d'Herman Melville, où celui-ci déploie un style puissant, évocateur, poétique et âpre, pour parler de la mer, et la manière dont il en parle, est un enchantement. Il la raconte, il la poétise, il en fait un mythe. On sent qu'Herman Melville, aime la mer, et la façon dont il en parle, a fait vibrer chaque fibre de mon corps, tant j'étais ému, par cette prose, qui me rappelle celle de Victor Hugo, dans "L'archipel de la Manche".

A chaque page, à chaque ligne de ses textes, Herman Melville dit la mer, si bien que, moi, qui déteste, qui hait, que exècre, la mer, j'ai été sensible à cette beauté.

La beauté du phrasé, qui évoque, qui remue, quelque chose en moi, fait de ces textes d'Herman Melville, de grands moments d'émotion.

"A bord", est, pour moi, un grand moment, de littérature !
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Bartleby

Une lecture atypique et très réjouissante.

Le personnage de Bartleby est unique par sa façon de faire. Il est si agaçant, impossible à gérer, réfractaire à tout avec sa petite phrase si connue. On ne sait pas par quel bout le prendre. Un homme qui vous donne envie de vous arracher les cheveux.

Une très belle découverte, une écriture magnifique, piquante, pleine d'humour grâce au patron de Bartleby qui nous raconte cette rencontre improbable et inoubliable. Et une fin inattendue.

Un roman à lire à découvrir, un vrai régal.
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Bartleby

Lecture désopilante et percutante.

Difficile de ne pas raccrocher le personnage principal à des gens, des situations, que nous avons tous (sûrement) rencontré un jour ou l'autre dans notre vie. Cette emprise qu'a Bartleby sur son supérieur met en branle des mécanismes psychologiques profonds tout en étant subtils.

Melville est superbe dans son écriture, la traduction est très bonne.

C'est une heure de lecture que je ne regrette pas.
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Bartleby

J’ai eu un réel plaisir à écouter cette nouvelle d’Herman Melville, lu par Daniel Pennac, qui a su se jouer à merveille des mots et des répliques. Notamment le scribe Bartelby discutant avec son patron et usant et abusant de sa fameuse phrase : « Je préfèrerais pas »…

Ecrit en 1853 par Herman Melville (auteur de Moby Dick) , cette nouvelle ou court roman raconte la vie dans un sinistre bureau de copistes à Wall Street.

Le patron travaille dans son étude en compagnie de 3 employés qu’il surnomme Dindon, Lagrinche et Gingembre. Mais ses activités croissent, il doit donc engager quelqu’un et décide de passer une annonce.

Bartleby y répond et est embauché comme scribe. Il recopie et collationne des textes toute la journée. Il est très obéissant et travailleur mais petit à petit il refuse de travailler et répond à son employeur : « je préférerais pas ». Il va bouleverser la quiétude des lieux, troublé les collègues et le patron qui ne sait plus comment réagir face à cet énigmatique personnage…

Certes l’écoute amuse plus que la lecture ! Mais pourquoi pas la lire ou la relire…
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Bartleby

Bartleby est un chef d'oeuvre de littérature effrayante peint sans aucune couleur sanguine, un livre à suspens tissé d'élégance, une balade en angoisse, en compagnie d'un guide qui sait rendre aux scènes les plus désespérantes la beauté d'une tournure parfaite, aux instants les plus saisissants des accents drôles ou tendres, aux errements de l'esprit et aux troubles de l'âme des parfums d'harmonie d'une telle grâce stylistique qu'on si complait. Je ne sais pas si cette oeuvre a une portée philosophique, un message à déclamer sur la force de l'anti pouvoir. Je ne sais pas si elle est la métaphore de la vaine tentative de toute lutte contre l'aliénation au travail que l'économie financiarisée de Wall Street va diffuser jusque dans les bureaux de ses propres suppôts. Je ne sais pas si c'est le constat tragique et amer qu'après Dieu, l'homme aussi est voué à la mort s'il ne résiste pas ; et même quand il croit exister dans le monde qu'il a lui-même enfanté, lui qui ne peut plus conjuguer aimer qu'en disant « I prefer not to ».

Je sais seulement que c'est un grand moment de lecture, teinté d'un sombre mystère que j'ai envie de garder tel quel, parce qu'il n'en est pas moins beau, au contraire.
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Bartleby

Incroyable vie que celle de Herman Melvil - la ruine et la mort de son père, la faillite de son frère qui vont le propulser sur les mers - qui devint plus tard le Melville (avec deux L E) du très très célèbre Moby Dick pourtant assassiné par la critique et ignoré par le public à sa parution en 1851. Herman à alors 32 ans. Il mourra 40 plus tard quasiment oublié…

Bartleby ou la résistance passive par excellence, armée de la plus redoutable - mais pacifique - formule: I would prefer not to… J’aimerai mieux pas, je préfère ne pas… La culpabilité l’impatience ou la colère glissent misérablement sans aucune prise sur la détermination folle et définitive de l’étrange Bartleby.
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Bartleby

" Je préférerais pas" m'avancer trop pour émettre un avis sur cette longue nouvelle étrange, désarmante et cruelle...



Tout comme le narrateur, jusqu'au bout, le lecteur est en proie au doute, à l'interrogation.Qui est cet être bizarre, Bartleby, arrivé comme scribe dans le bureau juridique? " Cette silhouette lividement propre, pitoyablement respectable,incurablement abandonnée" ?



La nouvelle débute sur un ton ironique, délicieusement acerbe, surtout lorsque le narrateur nous décrit ses deux autres improbables scribes, aux humeurs instables et singulières, répondant aux surnoms de Dindon, car sa rougeur s'accentue au fil de la journée et sa nervosité aussi ! et Lagrinche, qui, lui, au contraire voit son ardeur décroître vers le soir.



Mais l'angoisse et la mélancolie du narrateur apparaissent après l'arrivée de Bartleby.Celui-ci semble se refuser au monde, se replier derrière son paravent et quand on le sollicite, fait entendre toujours la même réponse " Je préférerais pas"...Et le narrateur, pourtant son employeur, n'arrive pas à le renvoyer.



On pense un moment, tant il est absent de la réalité, qu'il s'agit d'un fantôme.Mais sa fin tragique, en prison, nous le montre bien humain.



Parabole de l'absurdité du monde humain ? Image obsédante du rejet social ? Peinture de la solitude désespérée ? Symbole d'un univers moderne où l'anonymat domine ? Sans doute tout cela à la fois.



Le lecteur termine la nouvelle, avec une impression de malaise et de frustration ...



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Bartleby

Je suis passée totalement à côté de cette oeuvre et je ne comprends vraiment pas l'engouement des internautes à son égard. Une nouvelle qui nous parle d'un homme engagé comme copiste de pièces juridiques dans une étude de Wall Street et qui a un comportement pour le moins atypique.







Au départ très efficient dans son travail il finit par opposer un refus serein à tout ce qu'on lui demande de faire par sa célèbre réplique ' je préférerais pas" sans autre explication. Le narrateur se trouve torturé par l'attitude de son employé, oscillant entre énervement et pitié pour ce pauvre être, tentant toujours de lui trouver des circonstances atténuantes en même temps qu'il se triture l'esprit pour trouver le moyen de le faire partir.







La chute me paraît tout aussi déconcertante par sa platitude. Je me creuse encore les méninges pour tenter de ressentir cette "terreur" qu'évoque Pennac. Difficile de critiquer une oeuvre si connue et globalement appréciée, mais pour ma part je n'ai pas du tout aimé.



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Bartleby

« Je vois encore cette silhouette lividement propre, pitoyablement respectable, incurablement abandonnée ! c’était Bartleby. » C’est par ces mots que Melville(1819-1891), auteur Américain célèbre aussi pour avoir écrit « Moby Dick », décrit cet homme fondamentalement énigmatique qu’est Bartleby. Là encore nous sommes en face d’une nouvelle d’une puissance d’évocation sans pareil, impossible de ne pas être tour à tour surpris, agacé, pris de pitié pour ce Bartleby qui est devenu à toute forme d’opposition, de résitance ce qu’est Oblomov pour l’apathie… « Je préférerais pas » c’est par ces mots que Bartleby marque son refus de céder aux règles édictées par la société, ces mots revenant sans cesse dans la bouche de Bartleby. Préférer, du latin praeferre signifiant porter en avant. « Rien n’affecte autant une personne sérieuse qu’une résistance passive. » Il incarne cette résistance passive qui désarçonne totalement notre pauvre narrateur. Tour à tour drôle mais aussi profondément cruel, ce texte soulève derrière son apparente simplicité une montagne de questions parce que c’est « son âme qui souffrait ». Bartleby nous convie ainsi à un questionnement métaphysique, métapsychologiqe sur ce qu’est le fait d’être… Bartleby dérange, il nous fais peur par son inflexibilité, il ne semble déjà plus de ce monde et pourtant il en fait partie puisqu’il amène l’autre à se situer par rapport à lui. Ce n’est pas Bartleby qui se plie aux règles, par ces simples mots, ceux sont les fondements mêmes de nos sociétés modernes qui sont critiqués. Sa passivité est rébellion. Bartleby est une formidable célébration de la puissance du Verbe. Un classique à lire et à relire. Il possède une noirceur évidente derrière son apparente absurdité. J’aime tout particulièrement cette citation :« Ah ! le bonheur courtise la lumière, aussi croyons nous que le monde est joyeux, mais le malheur, lui, se cache et nous croyons qu’il n’existe pas. »
Lien : https://thedude524.com/2009/..
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Bartleby

Circonspect !

voilà le sentiment à la fin de la lecture. Mais je recommande pourtant la lecture de ce livre. Il se lit facilement. J'ajouterai que je ne suis pas trop fan de la traduction en français "je préférerais ne pas", je trouve ça étrange à lire en français.

J'ai lu l'original de Melville pour m'atteler à la lecture plus contemporaine du livre de Daniel Pennac, "Bartleby mon frère". Quel est le point commun entre cet homme "fantôme" qui pour on ne sait quel raison, laisse sa vie couler et celle du défunt frère de D. Pennac ? Comment parler de cet homme visible et invisible à la fois? Le narrateur de Melville mérite toutefois à mon sens, le respect d'avoir essayé : d'avoir essayé de voir ce que cet homme ne préférais pas qu'on voit et d'avoir accepté de ne rien voir, ne rien comprendre et toutefois de ne pas l'avoir oublié...
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Bartleby

Ah Bartleby, ce cher et étrange Bartleby. L’envie soudaine de relire ce court texte m’a pris il y a quelques jours et c’est avec un grand plaisir et que je m’y suis replongée.



Ne connaissant pas Melville par ailleurs, je ne sais pas si c’est une constante chez lui mais cette nouvelle est un régal d’humour ironique frôlant parfois l’absurde : entre le ton un peu prétentieux du narrateur et les personnages secondaires lunatiques hauts en couleur, j’avais souvent un sourire aux lèvres ! Et puis, bien sûr, il y a cet être énigmatique : Bartleby, copiste apparemment sérieux et tranquille, embauché par la narrateur-avoué de l’histoire. Bartleby qui effectue son travail avec application et même acharnement, jusqu’au jour où il répond à une demande de son patron : « je préférerais pas » (I would prefer not to), réponse qui pourrait laisser entendre une hésitation, une possibilité mais qui concrètement s’accompagne d’une non-action ferme. A partir de ce jour, il s’enfermera dans sa passivité pour ne finalement ne plus rien faire au prétexte « qu’il ne préfère pas ». Le narrateur pris au dépourvu et placé, de fait, dans une totale impuissance oscille alors entre compassion et colère à son égard. Finalement, la première l’emportera et de mon côté, après mes sourires, c’est de la tristesse, de la perplexité et de la compassion qui ont accompagné ma lecture.



Dans cette célèbre réponse de Bartleby (« je préférerais ne pas »), j’avais vu auparavant un geste de résistance passive assez puissant dans la lignée des mouvements non-violents : en effet, Bartleby ne fait usage d’aucune violence mais oppose simplement un refus passif, poli mais ferme à toute demande. Aujourd’hui, ce qui m’a davantage frappé se résume dans cette réplique de Bartleby :



« Je préférerais m’abstenir de tout changement. »



En s’installant dans son refus d’agir, dans cette inertie et dans ce quasi non-être, Bartleby refuse tout mouvement, tout changement… et au final, il rejette la vie. Comme si, las, il préférait désormais refuser toute contrainte et ne plus rien faire d’autre que respirer et contempler un mur, indépendamment des autres et de la vie qui se déroule autour de lui. Est-ce que le fait qu’il fût copiste influence cet étrange comportement ? A force de copier les textes des autres, finit-il par avoir la sensation de disparaître et de ne plus exister lui-même ? En tout cas, à mes yeux, ce court texte illustre jusqu’à l’absurde et jusqu’à la mort le refus du changement en tant que refus de la vie !
Lien : https://etsisite.wordpress.c..
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Bartleby

Bartleby est plutôt une fonction qu'un véritable personnage. À la première lecture, je ne peux m'empêcher de le comparer à une sorte de pulsion inconsciente et parasitaire, une sorte de blocage mental. Il n’est pas doué d’une vie propre, il n’existe et ne survient qu’à cause de la charité, et même charité n’est pas le bon mot, l’incompréhensible bonasserie du Narrateur qui s’exprime à la première personne et dont on ne connaît pas le nom. Dindon, Lagrinche et Gingembre ne forment aussi qu’une sorte d’extension du Narrateur. Dindon et Gingembre existent comme entités opposées, et servent comme arrière-plan à la vie de bureau.

La Narrateur se sent « désarmé », déconcerté d’une façon extraordinaire face à son employé qui préférerait pas faire ce qu’on lui demande. Il passe toute sa vie au bureau et se nourrit de biscuit au gingembre. Silence et refus obstiné, enfermé dans un austère réserve intimidante, mais doux, sans volonté de confrontation, une tête de mule, polie. Il est rêveur, nonchalant, d’une douceur exquise, mais ferme dans ces convictions. Bartelby meurt en prison assez rapidement après être séparé du Narrateur, comme s’il n’avait pas d’existence propre et ne pouvait exister que dans la fonction de déranger le Narrateur.

Un récit court, bien construit et intéressant malgré le fait qu’il ne se passe presque rien. Ça manque un peu de folie, un peu de péripétie, un peu de magie, mais c’est un récit que je retiens comme un bon moment de lecture.

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Bartleby

Nouvelle assez courte de Melville dont je ne connaissais que Moby Dick. J'ai d'abord été surpris par la dimension du bouquin, je ne sais pas pourquoi j'imaginais quelque chose de plus épais. Finalement lu rapidement il m'a laissé une impression étrange, un peu la même que celle que j'ai eu à la lecture du double de Dostoïevski. En y réfléchissant un peu , j'ai même fait un rapprochement avec la métamorphose de Kafka. Parce que comme le stipulait la préface, je m'attendais a une sorte de critique du monde libéral né symboliquement le 17 mai 1792 à Wall Street, je me suis fait surprendre par une ambiance plutôt fantastique. Bartelby est un personnage pas seulement étrange, mais étranger à l'histoire. Il vient heurter la réalité toute convenue du narrateur en s'obstinant à refuser ses ordres. Tant et si bien que le personnage disparaît entièrement derrière son refus, il n'a pas vraiment de substance propre mais envahit totalement le quotidien du patron. C'est là que réside à mon avis la force du récit, dans cette obstination qui semble complètement irrationnelle, le monde normalement bien huilé du capitalisme et du consentement implicite à sa soumission bascule au dessus d'un vide inattendu. Bartelby incarne finalement ce non consentement mais d'une manière totalement non violente, à peine justifiée, mais implacable. Son "I would prefer not" est même encore aujourd'hui récupéré par des mouvements alter-mondialistes.
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Bartleby

Absolument bluffé par ce court ouvrage de Herman Melville qui nous donne là une histoire étrange et tragi-comique qui rappelle furieusement un certain auteur pragois.

Cette nouvelle (38 pages dans mon édition) est déjà en soi un plaisir de lecture, par son vocabulaire élevé et sa narration étonnée à la première personne, elle est aussi troublante par les zones d'ombre et de mystère qu'elle tisse sur des personnages quasi-dickensiens.

"Bartleby, the scrivener" nous raconte la stupéfaction d'un homme, en charge d'un office de travaux administratifs et notariés, quand il entre en conflit avec son nouvel employé, Bartleby, qui semble opposer une résistance aveugle et inflexible aux taches qu'on lui demande d'accomplir. Bartleby n'est pas qu'un employé récalcitrant , il est aussi un étrange *parasite* qui va peu à peu s'enkyster sur son lieu de travail avant que la police ne le mette aux arrêts. Son obstination ne s'arrêtera pas là...

Je suis bien en peine de vous expliquer de quoi il retourne dans cette histoire car Melville nous donne ici un récit si cryptique qu'il ne peut que donner naissance à beaucoup d'interprétations. C'est le propre du coup de génie de produire un matériel aussi simple qui ouvre des abysses aussi troublants. Les personnages sont presque caricaturaux, ne possédant même pas de nom, mais des patronymes supposés leur ressembler - déjà là, je lève un sourcil, car le premier employé que nous rencontrons s'appelle "Turkey" un bizarre surnom s'il en est.

Il est clair qu'il ne s'agit pas ici de portraits réalistes. Les employés du bureau ont cette particularité d’être synchronisés dans leur humeurs: le premier est efficace le matin avant de rentrer dans des colères noires l'après-midi et de couvrir son travail de tâches d'encre. Le second est irascible le matin, secouant son pupitre, comme pris de spasmes, avant de trouver son efficacité l'après-midi. Un troisième agit comme un "go-between" entre les employés en assurant les ravitaillements. Le dernier, Bartleby, est l'ombre d'une ombre, perdu dans un coin du bureau, fixant un mur de briques par la fenêtre, et "préférant" ne pas travailler.

Personnellement j'ai du mal à séparer ces personnages du narrateur lui-même, comme s'ils étaient en fait des composantes de sa psyché, ou même de son corps. Son acceptation de leurs particularités synchrones, son incapacité à les raisonner ou à les chasser, ressemble je trouve à ce commerce que nous avons avec nos organes ou nos humeurs. Tâches, tremblements, apathie...Il y a pour moi quelque chose d'organique, de maladif, dans cette histoire...

Bartleby ne m’apparaît pas comme une personne mais comme une tumeur, une intrusion, un remords presque. Son refus du travail, puis de la vie , l'horreur qu'il inspire aux autres et sa fin tragique renvoie à du non-social, de l'individualité forcené, de la nature brute. Quand le narrateur nous explique enfin l'origine de son employé, une occupation assez macabre, le mystère reste entier mais pointe vers un spleen total, une dépression intense déclenchée par quelque événement traumatique ("certaines lettres n'atteignent jamais leur destinataire", apprend-on..)

Surprenant, troublant, personnel et universel, un très beau texte que je vous recommande
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Bartleby

Le célèbre "I would prefer not to" est traduit ici par "Je préfèrerais pas".



Homme d'un certain âge, le narrateur emploie dans son bureau des copistes de pièces juridiques ou scribes.Parmi eux les déjà originaux Dindon (Turkey), Lagrinche (Nippers) sans oublier le garçon de bureau, Ginger Nut, qui fournit les autres en biscuits au gingembre.

"Les biscuits au gingembre sont ainsi appelés parce que le gingembre participe à leur composition et détermine en fin de compte leur saveur."

Bien sûr, bien sûr.



A la suite d'une annonce arrive un nouveau scribe, à "la silhouette lividement propre, pitoyablement respectable, incurablement abandonnée! C'était Bartleby!"



Après une période où il accomplit à merveille son travail, voilà qu'il répond à toute demande "Je préfèrerais pas." et refuse de quitter le bureau! Que faire face à une attitude obstinée et respectueuse? Le patron de Bartleby passe par différentes émotions, argumente, tente de trouver une solution à cette situation devenue complètement absurde.



On ignore si le narrateur est crédible, on n'en saura pas plus au sujet de Bartleby...



L'ironie de Melville est palpable au cours des pages, qui laissent le lecteur amusé, perplexe, déstabilisé, quasi inquiet au fur à mesure de l'histoire. Il faut découvrir ce petit chef d’œuvre sans équivalent. Personnellement je ne connaissais que le début de l'intrigue et ai pris connaissance de son déroulement et sa conclusion avec intérêt et incertitude.
Lien : http://enlisantenvoyageant.b..
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Bartleby

J'ai beaucoup aimé ce livre mais j'y ai trouvé un sens dont je ne suis pas sur que l'auteur voulut l'y placer. Une interprétation du moins.

Bartleby incarne la personnification de la vacuité existentielle. Il se définit par ce qu'il ne fait pas, ce dont il ne veut pas, ce qu'il n'a pas, ce qu'il préfère ne pas.

Et il est à l'image de l'étude et de son patron c'est le révélateur de cette vacuité, une étude routinière mathématique égale de jour en jour, où les papiers sont reproduits où il n'y a nulle création ni production innovante, dans un monde finalement arrêté ou figé dans les habitudes, sans ressenti autre que les humeurs de chacun. C'est quand Bartleby arrive que les gens se réveillent que la routine s'achève car les personnages réagissent, se rendent compte ressentent enfin par opposition à l'absence de tout ce que représente le personnage éponyme. Cela fait penser à Kafka, à Ionesco aussi un peu et cet existentialisme où finalement l'individu compte sur autrui pour exister est magnifique.



Melville écrit de plus si finement avec une délicatesse telle que l'on est fortement touché par son récit.
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Bartleby

Tout part d'un "je n'aimerais mieux pas".





Melville présente un personnage atypique, Bartleby, dans un style si spécifique qu'il s'éloigne de la biographie traditionnelle.





Plus on en sait sur Bartleby et moins le personnage est cerné.





Bartleby est un court roman qui parvient à maintenir une grande part de mystère, un narrateur anonyme, mais qui prend parti et un personnage éponyme incompris mais toutefois attachant.



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Bartleby

Un texte aussi court que prenant, marquant et terrifiant, nonobstant empreint d'humour. À lire indubitablement, nécessairement.

Je termine par ces mots de Daniel Pennac figurant en quatrième de couverture : « qui a lu cette longue nouvelle sait de quelle terreur peut se charger le mode conditionnel. Qui le lira, le saura. »


Lien : http://www.philo-au-fil-des-..
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