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3.86/5 (sur 7 notes)

Nationalité : France
Né(e) à : Aubigné-Racan , le 05/02/1589
Mort(e) à : Paris , le 21/06/1670
Biographie :

Honorat de Bueil, seigneur (dit marquis) de Racan est né au manoir de Champmarin à Aubigné-Racan le 5 février 1589 et est mort à Paris le 21 janvier 1670.

Issu d'une ancienne famille de la noblesse tourangelle, les Bueil, il est baron de Longaulnay [province du Maine, commune de Mézeray (Sarthe)], puis de Fontaines (Fontaine-Guérin, Maine-et-Loire), au décès de sa cousine, Anne de Bueil-Fontaines, en 1631, et jusqu'à sa mort]. Orphelin très jeune de père et mère (1597 et 1602), il est recueilli par sa cousine, Anne de Bueil, épouse de Roger de Saint-Lary, duc de Bellegarde et grand écuyer de France, qui le place comme Page de la chambre du roi.

Il entreprend ses premiers essais poétiques peu après et rencontre Malherbe en 1605. Ce dernier demeure son ami et son maître.

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Honorat de RACAN – Une gloire perdue (Paris Inter, 1960) Émission « Poètes oubliés, amis inconnus » diffusée en 1960, sur Paris Inter, avec Philippe Soupault et Henri Poirier.


Citations et extraits (8) Ajouter une citation
Honorat de Bueil
Pour un marinier
extrait 2
  
  
  
  
Il n'est point de brouillards que ses feux n'éclaircissent.
Par ses enchantements les vagues s'adoucissent.
La mer se fait d'azur et le Ciel de saphirs,
Et devant la beauté dont j'adore l'image,
En faveur du Printemps qui luit en son visage,
Les plus fiers Aquilons se changent en zéphyrs.


Mais bien que dans ses yeux l'amour prenne ses charmes,
Qu'il y mette ses feux, qu'il y forge ses armes,
Et qu'il ait établi son empire en ce lieu,
Toutefois sa grandeur leur rend obéissance,
Sur cette âme de glace il n'a point de puissance,
Et seulement contre elle il cesse d'être Dieu.

Je sais bien que ma nef y doit faire naufrage,
Ma science m'apprend à prédire l'orage,
Je connais le rocher qu'elle cache en son sein :
Mais plus j'y vois de morts et moins je m'épouvante,
Je me trahis moi-même, et l'art dont je me vante,
Pour l'honneur de périr en un si beau dessein.
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Stances sur la retraite

Thirsis, il faut penser à faire la retraite :
La course de nos jours est plus qu’à demi faite ;
L’âge insensiblement nous conduit à la mort.
Nous avons assez vu sur la mer de ce monde
Errer au gré des flots notre nef vagabonde :
Il est temps de jouir des délices du port.

Le bien de la fortune est un bien périssable ;
Quand on bâtit sur elle, on bâtit sur le sable ;
Plus on est élevé, plus on court de dangers ;
Les grands pins sont en butte aux coups de la tempête,
Et la rage des vents brise plutôt le faîte
Des maisons de nos rois que les toits des bergers.

Ô bienheureux celui qui peut de sa mémoire
Effacer pour jamais ce vain espoir de gloire,
Dont l’inutile soin traverse nos plaisirs ;
Et qui, loin retiré de la foule importune,
Vivant dans sa maison, content de sa fortune,
A, selon son pouvoir, mesuré ses désirs !

Il laboure le champ que labourait son père .
Il ne s’informe point de ce qu’on délibère
Dans ces graves conseils d’affaires accablés.
Il voit sans intérêt la mer grosse d’orages,
Et n’observe des vents les sinistres présages
Que pour le soin qu’il a du salut de ses blés.

Roi de ses passions, il a ce qu’il désire ;
Son fertile domaine est son petit empire,
Sa cabane est son Louvre et son Fontainebleau ;
Ses champs et ses jardins sont autant de provinces,
Et sans porter envie à la pompe des princes,
Se contente chez lui de les voir en tableau.

Il voit de toutes parts combler d’heur sa famille,
La javelle à plein poing tomber sous sa faucille,
Le vendangeur ployer sous le faix des paniers,
Et semble qu’à l’envi les fertiles montagnes,
Les humides vallons, et les grasses campagnes,
S’efforcent à remplir sa cave et ses greniers.

Il suit aucunes fois un cerf par les foulées,
Dans ces vieilles forêts du peuple reculées,
Et qui même du jour ignorent le flambeau ;
Aucunes fois des chiens il suit les voix confuses,
Et voit enfin le lièvre, après toutes ses ruses,
Du lieu de sa naissance en faire son tombeau.

Tantôt il se promène au long de ses fontaines,
De qui les petits flots font luire dans les plaines
L’argent de leurs ruisseaux parmi l’or des moissons ;
Tantôt il se repose, avecque les bergères,
Sur des lits naturels de mousse et de fougères,
Qui n’ont d’autres rideaux que l’ombre des buissons.

Il soupire en repos l’ennui de sa vieillesse,
Dans ce même foyer où sa tendre jeunesse
A vu dans le berceau ses bras emmaillotés ;
Il tient par les moissons registre des années,
Et voit de temps en temps leurs courses enchaînées
Vieillir avecque lui les bois qu’il a plantés.

Il ne va point fouiller aux terres inconnues,
À la merci des vents et des ondes chenues,
Ce que nature avare a caché de trésors,
Et ne recherche point, pour honorer sa vie
De plus illustre mort, ni plus digne d’envie
Que de mourir au lit où ses pères sont morts.

Il contemple, du port, les insolentes rages
Des vents de la faveur, auteurs de nos orages,
Allumer des mutins les desseins factieux.
Et voit en un clin d’œil, par un contraire échange,
L’un déchiré du peuple au milieu de la fange
Et l’autre à même temps élevé dans les cieux.

S’il ne possède point ces maisons magnifiques,
Ces tours, ces chapiteaux, ces superbes portiques
Où la magnificence étale ses attraits,
Il jouit des beautés qu’ont les saisons nouvelles,
Il voit de la verdure et des fleurs naturelles
Qu’en ces riches lambris l’on ne voit qu’en portraits.

Crois-moi, retirons-nous hors de la multitude,
Et vivons désormais loin de la servitude
De ces palais dorés où tout le monde accourt :
Sous un chêne élevé les arbrisseaux s’ennuient,
Et devant le soleil tous les astres s’enfuient
De peur d’être obligés de lui faire la cour.

Après qu’on a suivi sans aucune assurance
Cette vaine faveur qui nous paît d’espérance,
L’envie en un moment tous nos desseins détruit ;
Ce n’est qu’une fumée ; il n’est rien de si frêle ;
Sa plus belle moisson est sujette à la grêle,
Et souvent elle n’a que des fleurs pour du fruit.

Agréables déserts, séjour de l'innocence,
Où loin des vanités, de la magnificence,
Commence mon repos et finit mon tourment,
Vallon, fleuve, rochers, plaisante solitude,
Si vous fûtes témoins de mon inquiétude,
Soyez-le désormais de mon contentement.
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La venue du Printemps
À Monsieur de Termes
Ode

ENFIN, Termes, les ombrages
Reverdissent dans les bois,
L'hiver et tous ses orages
Sont en prison pour neuf mois ;
Enfin la neige et la glace
Font à la verdure place ;
Enfin le beau temps reluit,
Et Philomèle, assurée
De la fureur de Térée,
Chante aux forêts jour et nuit.

Déjà les fleurs qui bourgeonnent
Rajeunissent les vergers ;
Tous les échos ne résonnent
Que de chansons de bergers ;
Les jeux, les ris, et la danse
Sont partout en abondance ;
Les délices ont leur tour,
La tristesse se retire,
Et personne ne soupire,
S'il ne soupire d'amour.

Les moissons dorent les plaines,
Le ciel est tout de saphirs,
Le murmure des fontaines
S'accorde au bruit des zéphirs ;
Les foudres et les tempêtes
Ne grondent plus sur nos têtes,
Ni des vents séditieux
Les insolentes colères
Ne poussent plus les galères
Des abîmes dans les cieux.

Ces belles fleurs que nature
Dans les campagnes produit
Brillent parmi la verdure
Comme des astres la nuit.
L'Aurore, qui dans son âme
Brûle d'une douce flamme,
Laissant au lit endormi
Son vieux mari, froid et pâle,
Désormais est matinale
Pour aller voir son ami.

Termes, de qui le mérite
Ne se peut trop estimer,
La belle saison invite
Chacun au plaisir d'aimer :
La jeunesse de l'année
Soudain se voit terminée ;
Après le chaud véhément
Revient l'extrême froidure,
Et rien au monde ne dure
Qu'un éternel changement.

Leurs courses entresuivies
Vont comme un flux et reflux ;
Mais le printemps de nos vies
Passe et ne retourne plus.
Tout le soin des destinées
Est de guider nos journées
Pas à pas vers le tombeau !
Le Temps de sa faux moissonne
Et sans respecter personne,
Ce que l'homme a de plus beau.

Tes louanges immortelles,
Ni tes aimables appas,
Qui te font chérir des belles,
Ne t'en garantiront pas.
Crois-moi, tant que Dieu t'octroie
Cet âge comblé de joie
Qui s'enfuit de jour en jour,
Jouis du temps qu'il te donne,
Et ne crois pas en automne
Cueillir les fruits de l'amour.

tome 1
p.151-152-153
(orthographe moderne)


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ODE


… Après maint tour et maint retour,
Notre hôte s'en revient tout cour
En assez mauvais équipage,
Le poil crasseux et mal peigné
Et le front aussi renfrogné
Qu'un Écuyer qui tance un page,

Quand ce vieillard déjà cassé,
D'un compliment du temps passé,
À nous bien veigner * s'évertue,
Il me semble que son nez tors
Se ploie, et s'allonge, à ressors,
Comme le col d'une tortue.

Force vieux Soldats affamez,
Mal habillez et mal armez
Sont ici couchez sur du chaume,
Qui racontent les grands exploits
Qu'ils ont fait depuis peu de mois
Avecque Monsieur de Bapaume.

Ainsi nous nous entretenons
Sur le cul comme des guenons,
Pour soulager notre misère :
Chacun y parle en liberté,
L'un de la prise de Paté,
L'autre du siège de Fougère.

Notre hôte qui n'a rien gardé,
Voyant notre souper fondé
Sur d'assez faibles espérances,
Sans autrement se tourmenter,
Est résolu de nous traiter
D'excuses et de révérences.

Et moi que le sort a réduit
À passer une longue nuit
Au milieu de cette canaille,
Regardant le Ciel de travers
J'écris mon infortune en vers,
D'un tison contre une muraille.

Ô beau Soleil, le seul flambeau,
Qui conduit mes jours au tombeau,
Quand vous saurez ce qui se passe,
Je vous assure sur ma foi,
Si vous n'avez pitié de moi,
Que je n'espère plus de grâce.

p.176-177-178
Bien veigner * : souhaiter la bienvenue
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ODE


Vous qui riez de mes douleurs,
Beaux yeux qui voulez que mes pleurs
Ne finissent qu'avec ma vie,
Voyez l'excès de mon tourment
Depuis que cet éloignement
M'a votre présence ravie.

Pour combler mon adversité
De tout ce que la pauvreté
A de rude, et d'insupportable,
Je suis dans un logis désert,
OÙ par tout le plancher y sert
De lit, de buffet et de table.

[...]

Ainsi plus niais qu'un oison,
Je me vois dans une maison
Sans y voir ni valet ni maître,
Et ce spectacle de malheurs,
Pour faire la nique aux voleurs,
N'a plus ni porte ni fenêtre.

D'autant que l'orage est si fort,
Qu'on voit les navires du port
Sauter comme un chat que l'on berne,
Pour sauver la lampe du vent,
Mon valet a fait en rêvant
D'un couvre-chef une lanterne.

p.175-176
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Honorat de Bueil
Pour un marinier
extrait 1
  
  
  
  
Dessus la mer de Cypre où souvent il arrive
Que les meilleurs Nochers se perdent dès la rive,
J'ai navigué la nuit plus de fois que le jour.
La beauté d'Uranie est mon pôle et mon Phare,
Et dans quelque tourmente où ma barque s'égare,
Je n'invoque jamais d'autre Dieu que l'Amour.


Souvent à la merci des funestes Pléiades,
Ce pilote sans peur m'a conduit en des rades,
Où jamais les vaisseaux ne s'étaient hasardés,
Et sans faire le vain, ceux qui m'entendront dire
De quel art cet enfant a guidé mon navire,
Ne l'accuseront plus d'avoir les yeux bandés.
...
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À M. DE BALZAC.
Ode.
Doctes nymphes par qui nos vies
Bravent les ans et le trespas,
Seules beautez dont les appas
Ont mes passions asservies,
Vous sçavez bien que la splendeur
De cette orgueilleuse grandeur
Où l’espoir des autres se fonde
N’est point ce que j’ay desiré,
Et que j’ay toulours preferé
Vos faveurs à celles du monde.

Enflé de cette belle audace,
À peine sçavois-je marcher
Que j’osai vous aller chercher
Au plus haut sommet de Parnasse.
Apollon m’ouvrit ses tresors,
Et vous me jurastes dèslors,
Par vos sciences immortelles,
Que mes escris verroient le jour,
Et tant qu’on parleroit d’amour
Vivroient en la bouche des belles.

Toutefois, mes cheres compagnes,
Ces esperances m’ont failly :
Balzac tout seul a recueilly
Ce qu’on cherche dans vos montagnes.
C’est en vain que tous ses rivaux
Esperent par leurs longs travaux
En vostre éternelle richesse ;
Luy seul la possede aujourd’huy,
Et faut que le tienne de luy
Les effets de vostre promesse.

Lors que la nuit étend ses voiles,
On y remarque des flambeaux
Qui semblent plus grands et plus beaux
Que ne sont les autres estoiles ;
Mais, si-tost que l’astre des cieux
Commence à paroistre à nos yeux
Et qu’il a les ombres chassées,
Nous voyons que de tous costez
Grandes et petites clarte
Sont également effacées.

De mesme, ceux à qui la France
A veu tenir les premiers rangs
Dans le siecle des ignorans
Devant luy perdent l’asseurance.
Ce grand soleil des beaux esprits
A tout seul remporté le prix ;
De luy seul la gloire est connuë,
Et tous ces petits escrivains
Qui faisoient n’agueres les vains
Disparoissent à sa venuë.
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STANCES.
CONSOLATION À CARITÉE.
1599.
Ainsi quand Mausole fut mort,
Artémise accusa le sort,
De pleurs se noya le visage,
Et dit aux astres innocents
Tout ce que fait dire la rage
Quand elle est maîtresse des sens.

Ainsi fut sourde au réconfort,
Quand elle eut trouvé dans le port
La perte qu’elle avoit songée,
Celle de qui les passions
Firent voir à la mer Égée
Le premier nid des Alcyons2.

Vous n’êtes seule en ce tourment
Qui témoignez du sentiment,
Ô trop fidèle Caritée !
En toutes âmes l’amitié
Des mêmes ennuis agitée
Fait les mêmes traits de pitié.

De combien de jeunes maris,
En la querelle de Pâris,
Tomba la vie entre les armes,
Qui fussent retournés un jour,
Si la mort se payoit de larmes,
À Mycènes faire l’amour !

Mais le destin, qui fait nos lois
Est jaloux qu’on passe deux fois
Au deçà du rivage blême ;
Et les dieux ont gardé ce don,
Si rare que Jupiter même
Ne le sut faire à Sarpédon.

Pourquoi donc, si peu sagement
Démentant votre jugement,
Passez-vous en cette amertume
Le meilleur de votre saison,
Aimant mieux plaindre par coutume
Que vous consoler par raison ?

Nature fait bien quelque effort
Qu’on ne peut condamner qu’à tort ;
Mais que direz-vous pour défendre
Ce prodige de cruauté,
Par qui vous semblez entreprendre
De ruiner votre beauté ?
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