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Critiques de Ingrid Seyman (97)
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La petite conformiste

Esther est une petite fille qui veut entrer dans un moule. Elle vit a Marseille dans les années 70, avec ses parents qui se sont pas comme les autres.



Sa mère, anticapitaliste, ne jure que par Mai 68 et son père juif pied noir conjure son angoisse d'un prochain Holocauste en rédigeant des listes de tâches à faire. S'ajoute à ça un frère hyperactif et des grands-parents nostalgiques de l'Algerie.



Mais la vie d'Esther bascule quand ses parents l'inscrivent chez l'ennemie : une école catholique dans le quartier le bourgeois de la ville.



Ce roman est un une vraie pépite. J'ai beaucoup aimé la plume de l'auteur, enlevée et rythmée qui nous interroge dans notre rapport à la normalité.



C'est à la fois drôle et grave, ou l'absurde est présent constamment.



L'histoire de cette petite fille est bouleversante.

Je me suis retrouvée en elle car moi aussi j'ai vécu dans une famille anticonformiste dans les années 80. J'étais comme Esther, constamment à la recherche de la normalité, à mentir à l'école par honte d'avoir des parents "bizarres" et par peur d'être mise de côté ou pire d'entre la cible des injures et des insultes.



Un roman nous plonge dans les méandres des vies à contre courant, emportant son lot de drames et moments déments.



J'ai beaucoup aimé.
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La petite conformiste

Esther vit dans une famille atypique. Issue d'un père juif, rapatrié d'Algérie, se nommant Patrick et d'une mère française soixantuitarde hippie, Babeth, elle se retrouve en décalage avec son milieu.

Ses idées divergent de celles de ses parents, dès son plus jeune âge. Ils lui font honte, elle ne comprend pas leur mode de fonctionnement, ni leur façon de vivre... Différente également de son frère, qui suit un parcours scolaire poussif, alors qu'elle saute une classe, elle rêve à plus de normalité...

Ainsi le lecteur va la suivre de ses 3 ans à ses 13 ans, à Marseille, dans les années 70-80.



Un roman haletant qui interroge sur les valeurs inculquées, sur le rapport de chacun à la normalité, puis dans un deuxième temps rappelle les dommages collatéraux de toute problématique pathologique.

Le langage est sans chichi, le ton est caustique, incisif et drôle à la fois. le récit est efficace et fait grimper progressivement la tension, avec une chute digne d'un film dramatique.

L'histoire, qui semble dans un premier temps loufoque, est une belle leçon de vie, dans laquelle les relations intra familiales sont disséquées à la loupe. De l'amour à la haine il n'y a qu'un pas...

C'est bouleversant et pas seulement, mais surtout c'est très bien vu.

Premier roman très réussi. A lire.

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La petite conformiste

Belle écriture pour ce portrait de fille de droite dans une famille de gauche. Les relations entre les êtres sont magnifiques décrites et les interrogations de cette fillette universelle. Déroutant jusqu'à la dernière ligne. Un petit bonbon de rentrée
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La petite conformiste

Esther est une petite fille qui a de bonnes notes, qui rêve de repas de familles où l'on ne doit pas sortir de table et de prendre des leçons de catéchisme. Mais quand on a pour parents une mère « soixante-huitarde » convaincue et un père juif pied noir bourré de tocs on fait office d'OVNI.. Chahutée par cette drôle de tribu, Esther grandit comme elle peut entre amour et haine, joies et déceptions. Un premier roman captivant à la fois terrible et joyeux. Un petit goût de Bojangles.

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La petite conformiste

Un livre qui m'a fait penser à "Héloïse au Plaza", et surtout au livre de Nicolaia Rips' Ici



Esther raconte sa vie de petite fille entre ses deux parents. Qui sont complêtement déjantés, on le découvre vite. Ils l'emmènent partout, même dans des soirées en discothèque où elle dort sagement sur une banquette. Ses parents sont très francs avec elle, un peu trop, surtout quand ils font leur "gymnastique à deux" sur le clic-clac du salon pendant qu'elle regarde la télé dans sa chambre, ou lorsqu'ils se disputent. Son papa, qu'elle appelle par son prénom, Patrick, travaille dans une banque. Il est juif mais pas Esther. Ni sa mère, Babeth, secrétaire de mairie, athée, et anticapitaliste. Elle est secrétaire de mairie. Elle explique à sa fille pourquoi il ne faut pas acheter de "marques", et les autres règles anticapitalistes. Pendant qu'elles font leurs courses sans acheter de marques, Patrick se filme au camescope sur une petite scène au salon, et interprète Brel, habillé en Brassens. Il fait le bruitage des applaudissements, et ensuite lit des poèmes de son cru, qui lui arrachent des larmes. Le samedi suivant, la cassette est "retransmise" à la télé. Il a des tocs, il fait des listes et les déclame, sans arrêt. Et en plus de tout, ses parents vivent nus. Et lorsque Esther a 5 ans, un petit frère arrive, Jérémy, qui est roux pâle, yeux bleus et l'air tellement fragile qu'elle doute un peu de leur fraternité. Et ce frère ravive les rancoeurs entre les familles : Grand-Mère Suzie qui ne veut pas voir son gendre, qui voit peu sa fille Babeth. Fortunée, l'autre grand-mère, mère de Patrick et d'un certain nombre de filles, est, avec Isaac son mari, de ceux qui considèrent de Gaulle "comme un nazi" car ils ont dû quitter Souk-Ahras avec tout un tas d'amis, ces pieds-noirs n'aiment pas les "français". C'est limite s'ils tolèrent que Patrick ait épousé une goy. Patrick s'en fout, il aime Babeth et la religion il's'en fout. Il ne pratique pas. Sauf qu'à la naissance de Jérémy, il décide de le faire circoncire et d'inviter un maximum de gens à la cérémonie, puis à un repas pantagruélique..







Ce bouquin est hilarant. Les réflexions et réactions de cette petite fille, très mature, sont à mourir de rire. Elle raconte les faits et gestes de toute cette famille d'allumés avec un ton tellement docte que c'en est encore plus drôle. Le seul souci pour moi, c'est la fin, abrupte, en deux pages. Incompréhensible. Donc j'aime tout, sauf la fin. À ne pas rater !







La petite conformiste - Ingrid Seyman, ed Philippe Rey, 189 pages, 22 Août 2019, 17€
Lien : https://melieetleslivres.wor..
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La petite conformiste

Lors de la parution...

J'ai beaucoup aimé ce livre frais et souvent drôle; la fin inattendue est brutale
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La petite conformiste

Je n'arrive pas à savoir ce que je pense de ce livre. Je ne vais pas dire que je n'ai pas aimé, mais ... je n'ai pas spécialement aimé non plus. La narratrice est une enfant et on a donc une vision des événements par cette enfant. C'est un peu dérangeant mais ok, pourquoi pas. C'est une manière d'aborder le sujet. Mais au final, je ne suis pas sûre d'avoir bien compris le dénouement. C'est peut-être un livre que je devrais relire, justement maintenant que je connais la fin, cela m'aiderait probablement à mieux comprendre. Je reste perplexe pour le moment :).
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La petite conformiste

Esther vit aux cotés de parents excentriques. Sa mère, marquée par son experience de mai 68, est une anticapitaliste militante. Son père est un juif pieds-noir constamment angoissé qui rédige des listes de taches à effectuer pour conjurer ses peurs. Son frère enfin, est un enfant hyper-actif. Esther aspire à une vie plus ordinaire où elle aurait une maison rangée et des parents qui ne se promèneraient pas nu dans la maison.



Un jour, son père et sa mère décident de la scolariser dans une école catholique. Elle y avait découvre une autre existence et d'autres manières de vivre. Le roman commence comme une comédie mais très vite une violence diffuse s'installe.



Esther assiste au naufrage de son père qui perd de plus en plus pieds. Sa folie s'intensifie sans que rien ne puisse l'apaiser. Le ton tragi-comique rapp6el quelques peu le roman d'Olivier Bourdeau, "En attendant Bojangle" et le sujet le dernier roman d'Isabelle Flaten, "la folie de ma mère". Le roman témoigne d'une époque particulière où la frontière entre la gauche et la droite n'était pas flou, où Mitterrand representait l'espoir et où l'on sortait du carcan de la religieu.



La question de l'enfance est très bien traitée avec un ton toujours juste. C'est un roman plus profond qu'on pourrai le penser en lisant les premières pages. Une belle découverte !
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La petite conformiste

🌺La petite Confirmiste 🌺 d'Ingrid Seyman - 189 pages - 7,40€



👗Nous allons passer un moment avec la famille Dahan, une famille différente ou pas, mais c'est celle de d'Esther.



👗Esther va nous faire vivre sa vie de la petite enfance à l'adolescence comme dans un journal intime, avec son regard de jeune fille, ses incompréhensions et ses questionnements.



👗Je suis née de père juif, pieds noirs, employé de banque et de mère soixante huitards, fonctionnaire et communiste.



👗Chez nous, on vit nu, on mange nu, on chante nu, et mes parents se disputent régulièrement pour se réconforter d'un coup de levrette. C'est d'ailleurs comme ça que je suis née.



👗J'ai un frère plus jeune, Jérémy hyperactif, qui percute ses camarades à l'école alors que moi je suis surdouée, et oui, j'ai sauté une classe, souvent insolente et très mâture pour mon âge.



👗Mais en grandissant je vis de plus en plus mal la vie que mon père nous fait vivre au quotidien.

Il est maniaque, fait des listes pour tout et les répète à longueur de journée.



👗Ma mère, Babeth est complètement déjantée, il y a très peu de règles avec elle et on passe de bons moments de rigolades.



👗Voilà comment Esther poursuit son récit avec la honte de ses parents, d'amener des amis.



👗Ce livre est un roman drôle et déjanté mais aussi beaucoup plus grave en parlant de différence sociale, de religion mais aussi d'amitié.



👗Un très bon premier roman de cette auteure



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La petite conformiste

« En guise de parrain, j'héritai de Pierre, le mari corse de ma tante Josiane, plus connu pour sa fidélité au côtes-de-Provence et à sa passion pour la physique-chimie, qu'il enseignait, généralement soûl, aux élèves d'une boite à bac marseillaise, que pour sa ferveur religieuse »

Et ça ne se limite pas au parrain, Esther est gâtée question famille : A 10 ans, elle est aussi réfléchie et mature que les membres de sa famille sont tous « illuminés »



A commencer par ses parents, post soixante-huitards, qui ne font pas dans la dentelle ni dans les vêtements d’ailleurs, arpentant l’appartement en tenue d’Eve quand ils ne s’y ébattent ou ni s’y battent pas. C’est au choix !



Comme si cela ne suffisait pas..., complètent ce charmant tableau familial un petit frère hyperactif « principal obstacle à la vie sociale de ses parents ». C’est dire comme le bambin est reposant ! Sans oublier les grands -parents paternels, anciens riches férus de casino (ceci explique cela...) qui vivent dans leurs souvenirs et soignent leur mal du pays, qu’ils ont quitté durant la guerre d’Algérie, en jouant à la roulette avec les pois chiche du couscous.



Autant vous dire que les repas dominicaux sont animés à défaut d’être apaisés et apaisants , surtout pour Esther qui, elle, ne rêve que de discrétion.

Mais ô miracle ! Un beau matin, ses parents lui annoncent qu’ils ont décidé de la scolariser dans une école catholique située dans un quartier bourgeois de Marseille. Une délivrance pour Esther, qui n’aspire qu’à côtoyer enfin des gens normaux qui vivent normalement. Mais qu’est ce que la normalité ? Et surtout vue à hauteur d’enfant ?



C’est notamment à cette réflexion qu’invite ce premier roman mordant, percutant, où l’humour agit tel une bouée de sauvetage face à une violence lancinante omniprésente tout au long du récit, jusqu’à cette fin qui tombe tel un couperet !

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La petite conformiste

Franchement déroutant, bouleversant et touchant à la fois, ce livre a toutes les qualités de sa protagoniste !

Elle est craquante cette petite Esther née dans une famille post soixante huitarde déjantée, un père juif pied noir, rapatrié d'Algérie et nostalgique de la vie d'avant, bourré de tics et fana de «  to do » listes et une mère anticapitaliste mittérandiste avant l'heure, et après !! couple oscillant entre entente sexuelle exubérante et menaces de divorces à répétition.

Cette petite n'est pas née dans la bonne famille car elle est de droite !! et adore le sérieux, la rigueur et l'ordre.. qui lui font tant défaut.

Sa vie, qu'elle aimerait calme et rangée ne manque pas de piquant ni de péripéties qu'elle raconte avec force détails et un allant remarquable.

Car elle est bien mûre pour son âge !

Qu'elle ait 3 ans ou 13 ans, son regard est acéré et les remarques bien pertinentes ; De nos jours, on la dirait à Haut potentiel intellectuel, tout comme son petit frère Jeremy serait qualifié d'hyperactif.



J'ai bien aimé ce petit livre rouge, truculent et vif, le regard tranchant sur ces années là dont on découvre en ce moment les exubérances et extravagances ravageuses sur les enfants, l'éducation libre pour ne pas dire libertaire de certaines familles auxquelles s'opposaient les autres, plus nombreuses, nettement plus rigoureuses  pour ne pas dire rigoristes!

Les conséquences de l'arrivée des rapatriés qui cherchent à s'adapter tout en maintenant leurs traditions sont encore très fraîches, même en 1981 et les difficultés psychologiques de certains bien présentes.

Embarqués sur un rafiot qui prend l'eau, nous, lecteurs, suivons le cours mouvementé de cette vie jusqu'à la chute très inattendue et brutale qui nous laisse muets !



Bref, ce fut un beau moment de lecture et je remercie le Prix des lecteurs du Livre de Poche pour cette découverte !
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La petite conformiste

C'est un livre qui change beaucoup de ce que je peux lire habituellement !

Je dois vous avouer qu'après avoir lu 3 lignes, je me suis dit que ce livre n'était vraiment pas pour moi...

Et puis on est pris dans l'histoire de la famille d'Esther assez originale : une maman anticapitaliste marquée par mai 68, un papa juif pied-noir qui voit des complots partout, un frère encombrant dont elle a souvent honte.

Ce livre est très court, parfois cru, beaucoup de sujets sont abordés et tout est vu d'Esther.

Elle est très mûre pour son âge et très respectueuse des règles et de l'orthographe ! Elle a parfois l'impression de ne pas être née dans la bonne famille.

Mais même si elle est mûre pour son âge, elle voit sa situation avec ses yeux d'enfant...

Ce livre est dur et me fait beaucoup réfléchir depuis que je l'ai fini samedi.
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La petite conformiste

J'ai découvert ce roman grâce à un service presse du livre de poche. Ce récit est très original, pétillant, humoristique, émouvant. Esther y raconte à la première personne du singulier son enfance à Marseille auprès de parents particuliers: une mère post soixante huitarde de gauche, pas toujours très adaptée dans ses explications à sa fille, un père juif pied noir banquier, traumatisé par un événement de son adolescence, fan de listes et souffrant de troubles maniaques. Alors qu'elle grandit au sein de sa famille anti conformiste, vis à vis de laquelle Esther ressent de la honte, elle va prendre le contre pied de cette éducation en devenant son exact contraire: bonne élève, école catholique, amies issues de la bourgeoisie marseillaise, idées politiques plutôt à droite... Esther est très observatrice, plutôt intelligente. Elle ne comprend pas pourquoi sa mère reste avec un père si étrange. Elle n'adhère pas à leur mode de vie naturiste et dresse ici le portrait d'une famille un brun déjantée avec recul et sacarsme. Un fort joli roman.
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La petite conformiste

jj'ai beaucoup aimé ce roman original, un "vrai roman", une "histoire inventée" même pas fantastique mais tellement bien conduite que je me suis identifiée à cette gamine sage et extravagante à la fois !

je me suis reconnue dans les mensonges aux copines, pour faire face à des situations inavouables sur sa propre vraie vie.

C'est frais comme l'enfance où on grandit et passe les étapes malgré tout.

Du talent d'écrivain dans ce premier roman.

Merci Madame











.



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La petite conformiste

La narratrice de ce roman, Esther, est née de droite dans une famille de gauche. Elle a 13 ans quand elle raconte sa vie à Marseille, du milieu des années 70 au milieu des 80's auprès de sa famille.

Elle utilise son humour acide presque comme une arme pour se protéger de la folie ambiante, entre un père juif pied-noir névrosé, une mère hippie athée anticonformiste, un frère hyperactif, des grand-parents vivant dans la nostalgie d'une Algérie idéalisée.

Démarrant fort, sur un ton très cash, le roman est construit sur un savant équilibre entre drame et comédie.

On pense notamment à Riad Sattouf pour "Les cahiers d'Esther" dont l'héroïne partage le même prénom et raconte les petits travers de sa famille, son quotidien à l'école. Mais surtout pour "L'arabe du futur" dont le père partage la même folie obsessionnelle que dans ce premier roman réussi et moins léger qu'il n'y paraît.
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La petite conformiste

Quel roman surprenant ! D'abord d'apparence légère et humoristique, il se termine avec gravité. Une gravité insoupçonnée au fil des pages... Que dire de cette pauvre jeune fille née dans une famille très hippie qui rêve d'une vie "normale" ?

Ce roman résume très bien l'adage qui veut qu'on ne choisit pas sa famille ! Mais pour autant peut on la renier ? Peut on ignorer la souffrance quand elle est exposée si crûment et qu'on semble ne pas en voir la réalité ? La profondeur ?

Esther vit avec des parents qui sont, il faut bien le dire, complètement déjantés. Un père excessif, juif, attaché à ses racines, banquier marié à sa mère, anticapitaliste, athée, dont la seule faiblesse est cet homme. Ils ne lui épargnent rien : ni les disputes qui les opposent ni les ébats sur le canapé du salon quand elle est dans sa chambre. Sans oublier, ce frère hyperactif, qui semble avoir des problèmes de concentration et de compréhension.

Certains passages sont hilarants, surtout quand le père divague littéralement sur sa crainte d'un nouvel holocauste, quand il établit des listes de listes, même quand il passe l'aspirateur il semble loufoque. Mais que cache réellement cette effervescence ? Que ne décèle pas Esther, pourtant si mature dans ses réflexions et analyses ?

Il faut aller jusqu'au bout de ce roman pour en découvrir le secret, le secret de cette famille, de cette femme qui soutient à bout de bras son mari.
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La petite conformiste

Esther est née dans les années 70 d’une mère anticapitaliste et d’un père juif, pied noir. Tous deux nudistes, elle est militante, lui fait des listes pour calmer son anxiété d’un potentiel nouvel holocauste. Qui aurait pu prédire qu’ils donneraient naissance à une fille de droite et à un garçon quelque peu dérangé ?



A travers cet écrit nous sommes plongés dans les pensées d’Esther concernant sa vie et sa famille. Elle ne rêve que d’une chose, qu’ils soient « normaux ». Elle idolâtre sa mère, déteste son père et a honte de son frère. On sent chez Esther une sensibilité, une intelligence, une férocité mais aussi une certaine folie (attendez de voir les plans qu’elle élabore). Son regard sur le monde évolue au fur et à mesure de ses rencontres.



Le ton est d’abord léger (la première phrase du roman vaut le détour) mais se complexifie petit a petit. C’est une écriture vive, rythmée parfois incisive. À la lecture, on sourit, on rit mais on réfléchit aussi car ce roman aborde plusieurs sujets de l’époque : l’arrivée des pieds noirs en France, la lutte des classes, la religion, etc. Il est aussi d’actualité à travers l’évocation de l’équilibre du couple, du dysfonctionnement des familles, du mal être…



La fin est abrupte et inattendue. Elle donne une autre dimension au récit et ajoute de l’intérêt à l’écrit.

Ce roman court mais déroutant sort aujourd’hui aux éditions Livre de Poche alors foncez !
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La petite conformiste

1ère phrase : Je suis née d'une levrette, les genoux de ma mère calés sur un tapis en peau de vache synthétique.





L'histoire : Esther, enfant plutôt précoce, est née d'un couple de nudistes gauchistes. Le père, employé de banque est bourré de toc et d’obsessions, la mère est anti-capitaliste. Esther est scolarisée dans une école catholique et la voilà qui devient de droite...



Mon avis : sous couvert d’humour, Ingrid Seyman nous entraîne dans un drame familial. L’écriture est directe, simple et percutante comme une gifle. C’est Esther qui nous conte sa famille avec ses yeux d’adolescente extralucide et pleine de recul. Le lecteur est embarqué comme un voyeur dans cette famille, il sait que tout peut basculer et pourtant ne devinera pas l’issu de ce roman qui le tiendra en haleine jusqu’à la dernière page.
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La petite conformiste

Esther n’est pas née dans la bonne famille et elle vous le fait savoir. Née par le mauvais hasard dans une famille de gauche dans le mitan des années 70, elle qui rêve d’un monde de droite. Ses parents sont des hippies, qui vivent en tenue d’Adam et Eve et mangent à poils dans le salon alors qu’elle rêve de porter de sages cols Claudine. Casser des choses passe chez elle pour une étape obligatoire de l’évolution d’une bonne gauchère mais elle s’y refuse. Esther est une excentrique.



« Nous n’avions pas de maison avec jardin, pas de salle à manger puisqu’on bouffait tous nus dans la cuisine et encore moins de pièce en trop, comme celle que les parents d’Agnès appelaient le « hall d’entrée » et dont la parfaite inutilité me semblait être le comble de la distinction. »



p.63



Son père Patrick est juif sans l’être vraiment. Il ne pratique pas mais souffre de ses origines et a peur des représailles.



« A l’inverse d’une partie de notre famille, mon père n’était juif que par intermittence. L’essentiel de sa pratique religieuse consistait à ajouter un suffixe à consonance israélite au patronyme des gens célèbres n’en étant pas encore pourvus. Et il suffisait qu’on entende à la radio les premières notes du tube ‘Boule de flipper’ pour que Patrick en baisse autoritairement le son et me convoque dans le salon :

« Esther, écoute-moi bien !

Corinne Charby, mon cul.

C’est Corinne Charbit qu’elle s’appelle.

Mais les Juifs ont peur, tu comprends.

Ils continuent à se cacher. »

J’appris ainsi que la plupart des gens qui passaient à la télé étaient de la même confession religieuse que mon père mais préféraient taire leurs origines par crainte des représailles. A trois ans, je ne savais pas encore en quoi consistaient ces représailles mais j’avais déjà peur, au cas où. »

P.8-9 Éditions Philippe Rey



Il est rongé par la peur et passe sa vie à rédiger des listes de tâches qu’il déclame tout haut. Un vrai calvaire. Il y a aussi la grand-mère, Fortunée, qui regrette l’Algérie et diffuse sa nostalgie aux petits-enfants. Une période heureuse lointaine. Patrick est donc pied-noir, juif mais pas complètement, hypocondriaque, obsédé par les listes, angoissé, maniaque et ses manies empoisonnent la famille.





" Contrairement à la judéité, le statut de pied-noir n’était pas transmissible. Mon frère et moi ne risquions pas de l’attraper, même en marchant pieds nus sur les trottoirs du Prado, lorsqu’on rentrait l’été de la plage de la Pointe-Rouge. Il n’en demeure pas moins que j’étais incollable en Algérie française car cette région du monde – et plus précisément le village de Souk-Ahras – constituait le principal sujet de conversation de mes grands-parents. Pas une semaine sans qu’Isaac n’annonce à Fortunée qu’ils allaient enfin toucher l’indemnisation prévue pour les rapatriés (c’était comme l’argent du loto : un truc qu’on ne gagnait jamais) et sans que ma grand-mère n’évoque, un mouchoir à la main en prévision de ses futures larmes, les plus fastes années de La Perle de Souk-Ahras. »



Rejoint par le petit frère, Jeremy, dans un autre genre, qui est une catastrophe à lui tout seul. Hyperactif, qui cumule les problèmes. A tel point, que leurs parents, pétris de contradictions, vont décider de les inscrire (et oui, il ne faut pas les séparer) dans une école catholique pour redresser Jérémy espérant l’aider ainsi à être un peu plus sage. Esther va donc aller chez l’ennemi, la dernière école où sa mère Babeth – une soixante-huitarde convaincue- veut qu’on les envoie mais c’est Patrick qui a le dernier mot.



« L’idée pouvait encore moins venir de ma mère qui, de toute son enfance, ne m’avait jamais raconté qu’un seul épisode en détail : l’internat catholique de Notre-Dame-du-Mont, où de méchantes sœurs (qui n’étaient pas mes tantes) l’avaient, quinze ans durant, forcée à croire en Dieu à coups de baguette sur les doigts et contrainte à manger (en remerciant Dieu avant) trois plâtrées d’épinards sans crème à la semaine. C’est grâce à ces sœurs-là qu’on ne mangeait pas d’épinards chez nous. ça s’appelait la résilience. »

P.26



Une école dans le quartier le plus bourgeois de Marseille où à sa grande surprise, Esther va se faire des amies chez lesquelles elle aura même son rond de serviette mais elle aura une crainte, qu’elles découvrent ses origines (modestes, religieuses et politiques).



« J’avais mon rond de serviette chez les Robert, les Lafond et les Barthélemy de Saizieu. Chez eux, je menais la vie de château, une existence sans représailles, faite de gâteaux au yaourt confectionnés par des mères au foyer et par ailleurs profs bénévoles de catéchèse, de dîners en famille sans les couilles de mon père avec des miettes de pain dessus (on ne mangeait jamais nu chez les Robert), de parents qui s’aimaient sans briser d’assiettes sur les murs et jamais en levrette sur le clic-clac du salon. «

p.41-42



Un roman haletant où Esther ne mâche pas ses mots en parlant de sa famille tout en interrogeant notre rapport à la normalité. Cet enfant nous renvoie aussi nos contradictions, si souvent présentes chez l’être humain et mises à jour avec humour et lucidité ici. C’est fort, drôle souvent mais aussi grave et bouleversant. Ingrid Seyman évoque aussi la souffrance d’une enfant, qui n’est pas en phase avec sa famille et cherche un moyen pour être acceptée (la réussite scolaire, la religion, etc.) et s’épanouir.



« En CM1, je me mis ainsi à vouer une passion maladive à l’orthographe et la grammaire, maîtrisant comme personne règles et exceptions. J’aimais les -eau, les -ai au lieu des -é. J’avais de l’affection pour les participes passés irréguliers. Je jouissais en apprenant des listes de « sauf » (hibou, caillou…) et d’obscures terminaisons de subjonctif imparfait. Au Noël de mes huit ans, j’exigeai un tableau de maîtresse et Jérémy me fut livré en guise de cobaye. Chaque soir, après l’école, je fermais la porte de la chambre derrière nous et menaçais son œil sans sparadrap de ma baguette : tu l’as pourtant bien vu ce mot, Jérémy ! Alors tu l’écris ! Et tu le réécriras jusqu’à ce que tu n’aies même plus à penser pour le faire. »

P.56



« Mon frère et moi réagissions de façon distincte à ces différends conjugaux. A la première assiette fracassée sur le mur, Jérémy devenait un autre, mais un autre qui lui ressemblait, dans une version plus terrifiante. il se transformait d’abord physiquement, un peu à la manière de Hulk, en suivant toujours les mêmes étapes: il commençait systématiquement par se mordre la main droite avant d’entamer une espèce de ronde autour du ring choisi par mes parents pour s’affronter.



Et tandis que Patrick et Babeth se battaient à la table de la cuisine, autour d’un château de sable ou à même le sol à coups de plateau de Monopoly, mon frère [...]Ses yeux, déjà très clairs, se transformaient au fil des coups qui pleuvaient et des sauts qui agitaient son maigre corps en deux billes translucides qui auraient fait pâlir d’envie le plus maléfique des monstres à trois têtes. Il se mettait ensuite à gémir d’une voix bien trop puissante pour son âge. Et puis le gémissement devenait grognement, cri sorti [... citation complète sur mon blog...

https://blogapostrophe.wordpress.com/2021/05/18/la-petite-conformiste-dingrid-seyman/] le moindre effet sur eux."

P.78



Mais une enfant qui souffre aussi beaucoup des troubles de ses parents (obsession de son père pour les listes, hypocondrie,etc.) et de la passivité de sa mère (malgré les disputes, elle ne divorce pas, accepte toujours le caractère insupportable de Patrick) devant une situation, qui est toxique et dont seule elle, Babeth, peut les sortir.



« Désespérant de voir Babeth s’occuper réellement des papiers du divorce, j’entrepris de lire l’intégralité des romans d’Agatha Christie, afin de libérer notre foyer de l’encombrante présence de Patrick. L’idée de commettre un parricide ne m’enchantait pas plus que cela. Mais je n’avais pas le choix. Si personne n’était prêt à prendre ses responsabilités dans cette famille, c’était à moi –qui vais toujours été la plus pragmatique de tous – qu’il incombait de faire le nécessaire. «

P.85



P.85, Chapitre 13



Esther a un regard sans concession sur le monde des adultes et sur le mal qu’il inflige aux enfants, inconsciemment et égoïstement.



Ces lignes sont fortes(ci-dessus en rouge). Elle se doit d’agir en place de sa mère, qu’elle aime par-dessus tout mais voit incapable de le faire tout en expliquant à ses enfants qu’il s’agit d’histoires d’adultes. Esther est mature même si ses projets font sourire et on parle ici de maltraitances (cf. citation en bleue et violence diffuse dans le livre).



Un roman fort à lire sans l’ombre d’un doute, qui touche des sujets sérieux sans en avoir l’air et vous fera passer un agréable moment en compagnie d’Esther et de sa drôle de famille.


Lien : https://blogapostrophe.wordp..
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La petite conformiste

Elle n'a pas de chance, Esther, d'être née dans une famille de "joyeux" barjots, entre un père, directeur de banque affligé d'étranges rituels, une mère anti-capitaliste, un frère hyperactif et des grands-parents qui ne se sont pas remis d'avoir du quitter l'Algérie.

L'esprit affûté d'Esther, ses questionnements sur sa famille et sa recherche de normalité font de ce roman, un histoire drôle, triste et terrible. On rit beaucoup avec ce petit bout de femme qu'on voudrait embarquer avec soi pour la protéger du monde, trop cruel des adultes.
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Des écrivains aux prénoms rares

Première question, facile: quel était le prénom de l’immense romancier Balzac ?

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