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Critiques de Insa Sané (177)
Long Way Down

Lu en épreuves non corrigées.



Will vient de perdre son frère assassiné. Il décide de suivre les lois. Ne pas pleurer, ne pas balancer et surtout ... Se venger. Il ramasse le flingue de son frère mort dans leur chambre et se dirige vers l’ascenseur. On entame alors une longue descente avec lui où ses pensées vont s'entremêler et où des visiteurs étonnants vont faire leur apparition tout au long des étages.



C'est aéré, écrit en vers, c'est limite plus prenant comme ça. Si au début j'ai été un peu réticente j'en suis ressortie secouée. C'est un bon roman sur la vengeance et il est facile à lire de par sa forme. Pourtant il n'est pas naïf car le texte est parfois très beau presque poétique. Même si on reste dans une ambiance très sombre on veut savoir la fin de tout ça. Une belle découverte !
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Sarcelles-Dakar

J’ai adoré Les cancres de Rousseau et j’avoue que Sarcelles-Dakar m’a un peu fait l’effet d’une douche froide. La plume d’Insa Sané ne m’a pas du tout emporté comme dans le précédent. Outre une vulgarité un peu trop présente à mon goût et une avalanche de marques (sachant que je ne m’y intéresse pas, que ça ne me parle pas et que ça me laisse totalement de marbre), l’usage abusif du verlan a véritablement freiné ma lecture, me demandant à chaque fois une ou deux secondes de réflexion pour remettre les syllabes à l’endroit (non, je ne suis vraiment pas familière du verlan) : « les taspés », « dans mon tier-quar », « on les a vesqui », « les teurinspects »… Stop ! Un peu, pas de problème, mais là, c’était trop.

Il faut dire qu’il s’agit là de son premier roman et que Les cancre de Rousseau, narrant des événements se déroulant juste avant ceux de ce volume-ci, est son dernier, publié dix ans plus tard. On y retrouve son écriture rythmée et directe, mais on peut clairement en apprécier l’évolution.



De même, je m’étais habituée au Djiraël des Cancres et celui de Sarcelles-Dakar m’a été, dans les premiers chapitres, moins sympathique. Attention SPOILERS sur Les cancres de Rousseau : le Djiraël qui haïssait son premier joint en fume désormais deux par jour, le Djiraël prêt à tout pour sauver un prof, aider les élèves à passer leur bac et prouver qu’il n’est pas juste un cancre sèche la fac parce que « ça [le] saoule » et préfère aller braquer des mecs. D’accord… Il a beaucoup changé en moins d’un mois quand même. (Encore une fois, ce « nouveau » Djiraël a été imaginé avant celui des Cancres, je sais.)



Cela dit, même si la lecture a été moins agréable, tout n’est pas à jeter dans ce roman. Au contraire. Si le début ne m’a pas vraiment intéressée, les choses ont commencé à changer lorsque Djiraël et sa famille ont embarqué pour le Sénégal (une histoire de paternel dont je ne dirai rien). On y découvre une autre réalité, plus dure que celle que Djiraël croyait vivre en banlieue, plus miséreuse. Les magouilles, l’incertitude du lendemain, la pauvreté…

Et à cette Afrique-là, se mêlent également l’Afrique riche en contes, en traditions et en rituels. Des histoires étranges y sont racontées, y sont vécues. Un univers magique, entre légendes et magie qui redonnera à un Djiraël désabusé un peu d’espoir tout en apportant un enchantement depuis longtemps disparu à son quotidien.



Ce voyage vers ses racines place Djiraël face à ses contradictions et le personnage apparaît un peu plus complexe, poussé à davantage de maturité (et remontant dans mon estime). Là-bas, on l’appelle « francenabé » et lui qui se sentait en bas de l’échelle en France est maintenant un privilégié.



« - Oui, je sais… En France on t’appelle « l’immigré » et ici, on te prend pour un Français.

- Bah, en réalité, j’suis juste un Sénégalais. »



Ce premier roman d’Insa Sané n’est donc pas exempt de défauts, mais c’est également un bon livre, à la fois vivant et poétique, à la fois brutal et tendre, dans lequel l’auteur nous fait voyager entre plusieurs mondes, de la banlieue parisienne au Sénégal, un pays à plusieurs facettes, de la sombre misère à la richesse des histoires ancestrales.
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Les cancres de Rousseau

J'ai eu du mal à entrer dans le petit monde de Djiraël et de sa bande. C'est comme si je débarquais dans une histoire en cours, peut-être parce que ce roman est le préquel de quatre autres. L'écriture est truffée de jeux de mots un peu trop systématiques pour être pertinents. Et je n'arrivais pas à m'attacher à ce héros fanfaron qui passe son temps à élaborer des plans douteux pour se faire de l'argent facile ("Cette soirée n'avait été organisée que pour garnir mes poches") et ne brigue des responsabilités dans son lycée que dans l'intérêt de son "Komité" : "On était devenus des politiciens de la basse extraction".



C'est quand Djiraël commence à évoquer son "daron en carton" que j'ai senti le personnage évoluer. La carapace se fendille et les sentiments se dévoilent. L'adolescent souffre de l'absence de cet homme qui voyage tellement de par le monde qu'il ne le considère absolument pas comme un père. Du coup sa mère est exigeante pour deux. Il ne partage rien avec son frère aîné et les petits ne sont que des ombres. Dès lors on comprend l'importance des "soces", la complicité et l'entraide qui les unissent : "On veillait les uns sur les autres". On comprend que dans cette cité de la banlieue parisienne, Djiraël et les siens ont "toujours progressé avec les moyens du bord". Surtout, ils subissent au quotidien les préjugés liés à leurs origines socio-culturelles : "J'étais convaincu qu'il me faudrait bien plus que des rêves pour réussir, dans un bled qui ne me considérait que par le prisme de mes origines, quoi que je fasse".



Or Djiraël et sa bande sont loin d'être "des petits voyous". L'adolescent est régulièrement qualifié d'intelligent par ses professeurs, même si son insolence lui vaut bien des sanctions. Ses potes le considèrent comme un leader naturel même si lui reste lucide : "Ce n'était pas demain que les petits, les faibles, les jeunes auraient leur mot à dire sur la manière dont devait fonctionner la Cité. Mais au moins, on s'était poilés !". Plus encore que les autres, Djiraël doit imposer sa place, lui qui n'est arrivé en France qu'à l'âge de sept ans : "Moi je décrétais qu'il était temps de foutre à poil les lois et les règles, et de mettre à nu les failles d'un univers qui faisait de nous des faibles!".



Cependant ce n'est pas en jouant "la victime des cités" que l'on peut convaincre... De même, côté adultes, il s'agit de "leur offrir des solutions plutôt que de chercher perpétuellement à les charger"... Excédé, Djiraël laisse peu à peu tomber sa désinvolture pour la révolte : "Je pourrais soulever des montagnes, les gens comme lui ne verraient toujours en moi que l'enfant au bonnet d'âne". Une révolte qui passe par des engueulades, des bagarres, des ruptures. De la frustration : "J'étais ulcéré de ne jamais pouvoir aider les miens faute de pouvoirs; de ne jamais réussir à faire entendre ma voix faute de légitimité. A force d'être faible, issu d'une minorité si invisible, je n'avais aucun moyen de hurler contre l'injustice". De la colère, aussi : "Etre noir, c'est pas une couleur, c'est un statut".



Ajoutons à cela des préoccupations adolescentes telles que le bac à passer, un professeur investi à défendre et une vie sentimentale chaotique à gérer, et l'on comprend mieux le bouillonnement intérieur de Djiraël ! Cette année de Terminale sera pour lui synonyme d'introspection et il en ressortira un Djiraël nouveau, "moins narcissique" et déterminé à "détruire le chacun-pour-soi". "OK le programme qu'on s'était fixé n'avait pas été tout à fait respecté" mais il pourrait "dire à Maman qu'elle avait eu raison de me faire confiance, et montrer à Papa que j'avais réussi en dépit de son absence".
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Les cancres de Rousseau

J’ai beaucoup aimé ce livre et pourtant, excepté un ou deux, je ne me suis pas attachée aux personnages. Tatiana m’est apparue comme une manipulatrice, Rania, une pleurnicheuse. Djiraël se cache un peu trop à mon goût derrière le côté noir de banlieue pour justifier ses combines à la limite de la légalité, quand il ne franchi pas carrément la ligne. La mère de Djiraël, que j’appréciais au début, est vite tombée dans mon estime quand elle reproche à son fils de n’avoir que 13 de moyenne comme s’il avait ramené un 4 et quand elle lui ordonne de cesser de se battre pour ses idées. En fait, elle et son mari, dont on se demande de quel droit il ramène sa fraise, n’étant jamais là plus d’une semaine d’affilée, semble conseiller à leur fils de ne jamais montrer d’émotion mais en même temps de faire profil bas, de s’écraser… ce n’est pas ma conception de l’éducation. Si j’avais un fils, je préférerais le voir s’élever contre l’injustice, quitte à repasser un examen un an plus tard, plutôt que de la voir ramper devant ceux qui se croit au-dessus de lui parce qu’ils sont nés du « bon » côté de la barrière.

Le proviseur, et surtout le CPE, devrait être traduit devant un conseil de discipline. Je l’ai pensé dès le début du livre quand le CPE essais, à mots à peine couverts, d’influencer le vote des élèves quant à la nomination du délégué des délégués, et mon sentiment n’a fait que se renforcer au fil de ma lecture.

En revanche, j’ai beaucoup aimé Mr Fèvre, qui est un prof comme tout le monde aimerait en avoir. Côté ados, j’ai bien aimé Maceo « jazz » ainsi que Sacha, même si j’ai grincé des dents devant certaines de ses décisions.

Ce livre est la preuve qu’on peut aimer un bouquin, vraiment l’apprécier, sans pour autant accrocher avec les personnages et leur personnalité.

La fin est parfaite, avec une pointe d’amertume mais qui fait bien passer le message qu’il est rare de gagner sur tous les tableaux, même quand on est dans son bon droit, et qu’il faut savoir lâcher sur certaines choses pour en obtenir d’autres plus importante.

Un petit point reste en suspension, à la toute fin, mais comme ce point concerne un personnage que je n’ai vraiment pas apprécié, ça m’a laissée complètement froide, j’ai préféré me concentrer sur la fin de l’histoire, sur l’amitié qui lie ces adolescents.

J’ai vraiment apprécié ma lecture, encore plus que si je m’étais attachée aux personnages. Parce que quand on aime d’entrée de jeu les personnages, on peut dire que la moitié du chemin est fait pour l’auteur. Même quand l’histoire a quelques défauts, il y a ce sentiment envers les personnages qui font pencher la balance sur « j’aime ». Dans le cas, où comme ici, je n’ai pas franchement d’affinité avec les personnages, il faut que l’écriture et l’histoire soient quasiment sans défaut pour que le texte fasse mouche. Et c’est exactement ce qu’il s’est passé ici, l’histoire est tellement forte et bien écrite que la personnalité des personnages en devient secondaire, pas pour l’histoire elle-même, mais pour l’appréciation qu’on va en faire.

Il semblerait que d’autres romans d’Insa Sané portent sur ces mêmes personnages (ou leur entourage, j’ai cru voir un résumé où le personnage principal serait le petit frère de Djiraël) et c’est donc avec plaisir que je retrouverais la plume de l’auteur dans un avenir, je pense, assez proche.

Petit bonus, après l’extrait, je vous mets le lien vers une interview de l’auteur.
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Daddy est mort : Retour à Sarcelles

Ce roman prend place dans une série de quatre livres, qui ont pour théâtre la banlieue parisienne. Ils se lisent indépendamment les uns des autres, mais se rejoignent en plusieurs points. Dans « Daddy est mort », les évènements se déroulent en 1995. Daddy, jeune sarcellois, est sur le point d’être père. Il ressent alors le besoin de connaître ses propres origines, l’identité de son père qui lui est restée inconnue. Il apprend la vérité…et le paie de sa vie.



Dans ce livre, nous suivons de nombreux personnages. Tonton Black Jacket, dernière recrue de la brigade des stups’, enquête sur la mort de Daddy. Djiraël, le meilleur ami de Daddy, et son cousin Youba recherchent de leur côté. Eléonore, la vieille prostituée, cherche à échapper au même sort que son fils. Emma, sa fiancée, le pleure de tout son cœur. Et pendant ce temps, la mort de Daddy déclenche une véritable guerre entre Sarcelles et le XIXe arrondissement de Paris…



Tous ces personnages se croisent, avec leur vision bien particulière sur les évènements, selon leur degré de relation avec Daddy. Ce roman restitue toute la violence qui anime la banlieue, le manque de perspectives d’avenir, l’ennui. Mais ne nous y trompons pas, le plus important dans ce roman, c’est l’amour. Chacun des protagonistes le croise, chacun le vit à sa façon. Certains savent le saisir et s’y accrocher, d’autres laissent cet amour les détruire.



L’écriture d’Insa Sané est à l’image de ce couple violence/amour, tantôt rude, tantôt poétique. Certaines petites phrases marquantes et métaphores reviennent de façon régulière dans le récit, comme un refrain, donnant le rythme. Cette manière d’écrire surprend de prime abord, puis on se laisse prendre par la mélopée, on suit le conteur.



Alors, je vous invite à faire cette expérience originale, et à lire ce récit où se mêlent la lucidité et les rêves de ces jeunes hommes.
Lien : http://romans-entre-deux-mon..
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Tu seras partout chez toi

La première moitié de l'ouvrage est très touchante.

L'histoire est décrite par le personnage principal avec beaucoup de tendresse, de poésie et d'humour. J'ai apprécié le style d'écriture de l'auteur. Les personnages utilisés pour décrire les aventures vécues par Sény pendant son coma devraient pouvoir être réutilisés par les enseignants pour travailler les mythes et légendes.

J'aime beaucoup les propositions musicales de l'auteur au début du roman.

Belle esthétique de la couverture.

La transition entre la vie de cet enfant et le monde imaginaire qui s'ouvre au lecteur est abrupte. Je ne comprenais plus ce qu'il se passait, je ne saisissais pas l’enchaînement avec le début de l'histoire.

J'ai eu d'autant plus de mal à m'imprégner de l'histoire que le monde des mythes et légendes n'est pas vraiment ma tasse de thé.

Le résumé sur la 4 ème de couverture aurait pu être plus explicite...
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Daddy est mort : Retour à Sarcelles

1995 : retour à Sarcelles pour Daddy, qui va devenir père. Ce dernier a un plan pour gagner de l'argent, mais aussi un secret, qui va lui coûter la vie. Sa mort plonge le nord de la capitale dans une impitoyable guerre de quartiers où Djiraël, Tierno et Youba sont entraînés. Tonton Black Jacket, nouvel agent de la brigade des stupéfiants, est chargé de l'affaire.

Waouh !! Ca valait le coup de s'accrocher (effectivement, j'ai trouvé certains passages un peu trop longs...). On retrouve une fois de plus la très belle écriture d'Insa Sané avec des expressions comme lui seul peut trouver.

Il nous livre ici un récit rondement mené. A l'exception de certains chapitres où plusieurs personnages peuvent se retrouver, on suit les histoires de chaque personnages séparément jusqu'au final où toutes ces trajectoires se rejoignent.

Pour parler du final, il mêle à la fois la surprise et l'émotion. Le dernier chapitre est un très bel hymne à la vie. Insa Sané y dresse une sorte de bilan pour chacun des personnages et comme vous vous en doutez, ce bilan n'est pas très drôle pour certains. Malgré tout cela, l'auteur nous dit d'en rire et de garder foi en la vie. Merci Insa !
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Tu seras partout chez toi

Seny, 9 ans, vit dans un monde imaginaire avec ses copains et son amoureuse, ils s'inventent des histoires rocambolesques et jouent à la bagarre.

Maisl es parents de Seny pour le sauver de la guerre, l'envoient à l'autre bout de la terre chez son oncle et sa tante. Ce qu'il vit très mal.



J'ai beaucoup aimé l'histoire et le ton de la première partie mais n'ai pas du tout accroché à la suite, j'ai même totalement lâché lors de son coma où il délire.

Je sens que c'est un roman riche et touchant, plein de poésie mais je n'y ai pas été sensible du tout.
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Tu seras partout chez toi

Jolie écriture très poétique, très entraînante pourtant je n'accroche pas à ce style bien particulier propre à l'auteur. Il y a un côté trop fantastique, trop légendaire pour moi. Je retiens l'émotion très forte qui se dégage du récit, un attachement quasi "maternel" au personnage principal, âgé de neuf ans, qui est contraint de vivre loin des siens sans comprendre pourquoi. Ce récit est une forme de quête d'amour, d'amitié qui nous fait réfléchir, nous autres occidentaux, qui serions bien incapables d'un tel sacrifice parental...
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Tu seras partout chez toi

"- Tu as quel âge ?!

Elle connaissait parfaitement la réponse. Je crois que quand les grandes personnes posent des questions aussi simples, c’est pour faire diversion, parce qu’ils n’ont plus la force de regarder l’enfant en face"



Ne jamais lire un auteur avec un a priori. Même en en étant totalement convaincu, l’on ne peut pas toujours s’empêcher de tomber dans le panneau. Pas d’ a priori, ne pas le lire en ayant en tête ses précédentes productions. Sinon, on file droit dans un dead-end de lecture.

Quand on a aimé le "Daddy est mort…" de Insa Sané, on s’élance dans sa lecture de ce nouvel opus – Tu seras chez partout chez toi (édition Sarbacane - Exprim’) – en anticipant flics et voyous, pétards et fêtards.

Puis, dix pages, trente pages, cent pages… rien.

En fait, pas rien. En fait, Sény. Sény, gamin de neuf ans que dont nous prenons les pas. Enfant de neuf ans que nous accompagnons dans ses jeux d’avec Adar, Dehiha, Soundjata, amis de cœur mais surtout Yulia, gamine de cœur.



"Dans un livre perché en haut de la bibliothèque de Papa, j’avais lu un jour qu’il ne faut jamais dire jamais. Eh bien, au milieu des nuées, j’ai repensé à tout ceux que j’aime : Papa, Maman, Adar, Déhiha, Soundjata et par-dessus tout... Yulia... Dieu que je l’aime ! Je crois que je l’ai aimée depuis le jour où l’homme en blouse blanche a coupé le cordon à mon nombril pour le lier à celui de..."



Pendant quarante pages nous sommes avec Sény dans cette atmosphère d’enfant, insouciant, dont le cœur entier est occupé par Yulia et, l’esprit, par la façon de regagner les faveurs de celle qui lui a annoncé un "je vais partir".



"Partir comme une hirondelle ou comme un l’oiseau bleu ? A-t-on le temps de ranger les souvenirs dans un sauve-qui-peut..."



Pendant quarante pages, nous sommes autant dans le brouillard que Sény. Cette atmosphère lourde autour des adultes, nous la percevons sans jamais la comprendre, et à l’image de Sény, nous ne nous y attardons pas. Même pas quand la nuit qui est déchirée par un éclair qui signifie le départ, en toute précipitation, de Sény, vers un ailleurs où il est censé se sentir, aussi, chez lui.



Là, le lecteur se dit “ok, maintenant ça va démarrer. Les bourre-pifs, les snifs enneigés et les taffe de bédos”. Que nenni.

Sény reste un enfant. Il reste un enfant de neuf ans qui ne comprend pas son arrivée dans une maison qui n’est pas la sienne, dans une famille dont il ne comprend pas le fonctionnement et un cousin – censé devenir son nouveau frère – qui semble à des années-lumière de ce qu’il est.



"Trop drôle ! Le cousin, il peut rester des heures prisonnier derrière les barreaux de son ordinateur, au lieu d’envoyer son esprit rouler au grand air, à chasser les dragons en s’éclaboussant d’eau dans les flasques vaseuses des jardins de l’enfance !"



Nous avançons dans le livre, nous sommes toujours Sény, nous sommes un gamin révolté, nous sommes un enfant qui, de toutes les façons possibles, veut semer le trouve afin que, comme punition, l’oncle Chu-Jung le renvoi "chez lui".



"Carcasses de souris dans le sac à main : Ok !

Lettres d’amour d’un enseignant anonyme : oh, elle y a cru ?!

Messages cochons envoyés depuis son téléphone aux contacts de son répertoire : Fallait y penser"



Fin de la description de l’histoire. 3ème chapitre et le récit part en cacahuète. Toujours s’attendre au "pire" de la part d’un romancier.



L’on entre dans ce récit avec expectative, s’attendant à un certain type de lecture. Puis on avance dans les pas de ce gamin de neuf ans dans lesquels l’auteur réussi à nous scotcher.

Le verbe est chantant, le goût de Insa SANE pour la danse des – bons – mots, pour la ratatouille – gouteuse – des lettres en boutade est toujours présente. Parfois elle nous embrouille, parfois on s’emmêle le cerveau, mais nous tenons la rame ferme et l’auteur réussi à nous mener en bateau.

Un bateau, magnifiquement construit sur ce récit qui nous donne le sentiment de tarder à décoller. "C’est un peu lent tout ça !", même si, si joliment emballé.



Et soudain… sans crier gare, Insa SANE se change en Amos TUTUOLA, le maitre es-ésotérisme du récit onirique Yuruba.

Et soudain… sans même klaxonner, Insa SANE vire à 90° dans l’ombre d’un Lewis CAROLL, roi des merveilles d’une Alice remplacée par un Sény en quête de son "chez lui"

Et soudain… sans que l’influx ne prévienne notre cerveau, nous voilà plongé dans un conte plein de non-sens apparents et qui nous parle du sentiment d’appartenance, de la recherche d’un foyer, d’un amour. Un voyage irréel fait de prince charmant, de combattants pour la liberté, de lady-amour, de monstres et de dragons.

Le pire, c’est qu’on y croit. On est déstabilisé par le récit, on se perd souvent dans le brouillard de "qu’est-ce que c’est ?!", mais on y croit à cette quête de son "chez lui"



"Chez moi" s’écrit en langage indigène, c’est ce lieu dit comme on est, alors d’abord "Chez moi" se crie avec le cœur ! "Chez moi", mon vieux René, c’est l’endroit où je suis sans avoir à penser, ma philo se fie à l’instinct animal heureux comme une bête. "Chez moi", c’est cet espace où je sais que l’on m’attend et où je me languis d’être, please, Seguin, dépêche-toi de m’y envoyer paître !"



Ce nouveau Insa SANE est surprenant. Il est tombé dans les mains d’un adorateur de Science-fiction, d’héroic-fantasy et de récits azimutés d’une façon générale. L’accueil lui est 90% favorable. Les 10% étant la réserve naturelle du sentiment que les choses ne se décantent pas assez vite.

La crainte ? La crainte est que certains lecteurs, moins avides d’aventures littéraires, refusent le voyage, sautent du train alors que la gare où crèche le Graal de la compréhension ne serait plus qu’à un parsec.

Tentez l’aventure Insa SANE et sentez-vous chez vous.



« Chez moi », il y a la famille que j’ai choisie.

"Chez moi", c’est un bol juste assez grand pour y faire tenir le monde. « Chez moi » se danse sur des airs de tra-la-li-la-lère, en tapant sur des bidons ou sur des peaux y a la poussière qui s’évapore.

« Chez moi », l’ennui à la lumière et à l’ombre de midi et quart attend que pousse la queue des lézards.


Lien : http://www.loumeto.com/spip...
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Daddy est mort : Retour à Sarcelles

Insa Sané est un rappeur, pas du genre racketeur juste bon à jouer les hâbleurs sans projet majeur mais un vrai conteur qui nous lance, en traqueur, sur les pas d’un post-ado vengeur.



Dès les premières lignes l’évidence nous claque à la gueule façon ronflement d’un fusil à pompe ; nous sommes bien dans un polar. Un récit de flic et voyou qui baladent leur vie le long de la première moitié du livre, qui nous monte en pression comme une 1664 sous La chaleur de Harlem .



A ma droite, Daddy. Orphelin et sauvageon rangé des bagnoles qui s’en va ranger crampons de latex et coup de poing américain par la grâce d’une Emma au ventre rebondi –



"… un mélange d’inquiétude, de joie infinie et d’on ne sait quoi d’angoissant. Paraît que c’est ça, l’amour."



Hélas, 3 fois hélas, le futur géniteur voit débouler dans sa vie une génitrice ex bolide de location de luxe qui ne roule plus que sur les trottoirs miteux de la ville aux mirages. Coke et schnouf, dope et daube ont mis à l’état d’épave l’ancienne star fuckeuse des nuits parisiennes – "… une salopérie de carrosse changé en citrouille avant même que les douze coups de minuit n’aient sonné."

En deux temps trois mouvements, pour cinq cent d’émoluments, la daronne pochtronne livre à son gamin dégouté les honteux secrets d’une gestation que même Mister Bean n’aurait réussi à rendre drôle. La mère, non, la génitrice a ainsi, en toute connaissance, envoyé le gamin turbulent au stade rédemption vers son enfer –



"sa mère pouvait bien s’essuyer la conscience avec les biftons. Elle l’avait empoissonné, l’enfant était mort déjà. Déjà mort."



(suite sur http://www.loumeto.com/spip.php?article345)
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Tu seras partout chez toi

Dans ce livre nous retrouvons le récit d’un petit garçon de 9 ans qui se retrouve loin de chez soi du jour au lendemain sans aucune explication de ses parents…..On suit son aventure à travers une toute nouvelle vie avec sa tante et une petite aventure surnaturelle.

L’auteur de ce texte aime jouer avec les mots de toutes les façons possibles. Elle aime les synonymes, les dictons……Elle intègre des légendes, fable et des comtes. Un texte assez élaborer qui nous fait réfléchir….Un conte onirique et surtout moderne d’un nouveau genre. On y trouve à la fois de la poésie, de l’humour et de l’émotion.

J’ai un peu de mal à parler de se livre qui est plutôt élaborer et compliquée, je ne peux pas trop en parler sans vous dévoiler des choses importante car ce récit joue sur le côté secret….Ce que je peux vous dire c’est que c’est un genre assez spéciale qu’il faut aimer pour comprendre !!!


Lien : http://0z.fr/bYRxi
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Sarcelles-Dakar

Djiraël vit à Sarcelles, là où les mauvais coups et les combines font son quotidien. Heureusement, les flirts viennent rehausser le moral. Mais lorsqu'il doit aller au Sénégal, le jeune homme voit changer sa façon de penser.

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Lien : http://123otium.canalblog.co..
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Du plomb dans le crâne

Prince, terreur de la cité, sème le trouble tandis que les banlieues crament.

Ce roman a parfaitement comblé nos attentes !

Lorsque nous avions lu Sarcelles Dakar, nous étions restés sur notre faim, envieux d'en soir plus sur les cités et de voir la vie des personnages de banlieue davantage développée. Ici, nos désirs sont donc satisfaits : Insa Sané a choisi de peindre une fresque urbaine et y est parvenu avec beaucoup de talents.

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Carambolage

Il est très bien ce court texte! Juste ce qu'il faut d'attente pour avoir envie de le lire. Il met en avant nos différences et préjugés de la société de manière simple et sans fioritures. Il peut être lu par de nombreux jeunes, même fâchés avec la lecture. Je vais m'empresser de découvrir d'autres titres de la collection. L'objet livre est doux, de belle facture. Découvrons la collection Court toujours....
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Du plomb dans le crâne

Dans cette "comédie urbaine" (genre revendiqué sur la couverture, et que je ne connaissais pas), on a l'impression de lire une enfilade de clichés sur les cités, jusque dans la narration qui affecte un parler relâché et censé être (l'est, sans doute) celui des personnages. Prince, qui a mal tourné, qui joue au plus fin avec de plus gros délinquants, lesquels risquent de s'en prendre à son petit frère pour compenser. Abi, la Mère Courage, qui tente d'élever tous les enfants que son veuvage lui laisse, de faire face à toutes les obligations et qui sent bien qu'elle ne porte pas que sa famille, que le poids de toute une imprégnation sociale est en train de détériorer la bâche qu'elle a essayé de tendre au-dessus d'eux.



Si l'humanisme du narrateur externe ne se montrait pas de temps en temps, j'avoue que j'aurais eu très vite assez de l'histoire, ses torrents de clichés, comme je l'ai déjà dit, le sexisme automatique dès qu'un des personnages rencontre une femme. On comprend alors qu'il s'agit d'une exposition et non pas d'une validation. Je me suis aussi accrochée parce que j'avais beaucoup apprécié l'intervention-performance de l'auteur lors d'une rencontre en librairie, dont la poésie, la tendresse, l'humanisme m'avaient touchée et que j'essayais de les retrouver dans un texte qui, au début, m'en avait paru presque dépourvu. La plupart des mots-clés (les fameux "tags") que j'en mets sont nouveaux dans cette base (et encore, je ne les ai justement pas tous mise, consciente que ce n'est pas une lecture habituelle). Il faut donc prendre ma note de lecture avec précaution : je ne suis pas une inconditionnelle du genre ce qui ne veut pas dire que le texte lui-même ne fasse pas les délices de quelqu'un qui recherche à l'inverse ce genre de lectures. Je crois avoir déjà écrit ici une fois ou deux le malaise profond dans lequel me plongeait toute allusion au crime organisé, qui instrumentalise les pauvres et prétend les aider...



J'ai interrompu ma lecture, je l'avoue, après une scène de torture crue, bien dans la manière qui fait que je me tiens loin des documents comme des fictions tirées de ces réseaux criminels et je m'abstiens de mettre une "note" à ma lecture, consciente de ne pouvoir le faire. Le côté "comédie" m'a échappé.
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Carambolage

Filidié et Christelle doivent travailler à un exposé au domicile de celle-ci. Seuls, après la défection de leurs camarades. Christelle vit dans un très bel appartement parisien. Filidié doit traverser le périphérique pour aller chez elle. Filidié n'a pas choisi d'aller étudier dans ce lycée huppé, loin de ses copains. Alors il se fait discret, et souhaite plus que tout que cette séance de travail soit annulée. C'est que c'est un choc des cultures entre eux deux. Filidié le sait. Christelle le découvre.

Un roman avec un garçon comme personnage principal, il faut le noter.
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Long Way Down

Hello !

Je vous retrouve aujourd’hui pour vous donner mon avis sur l’adaptation graphique du roman Long Way Down de Jason Reynolds.



Je n’ai pas lu le roman avant de lire la BD, mais ça ne m’a pas dérangée. J’ai passé un très bon moment. Les dessins sont juste magnifiques, l’aquarelle était vraiment adaptée pour l’histoire je trouve.



J’ai beaucoup aimé le thème abordé, qui est très touchant. Ça m’a fait un peu penser à The Hate U Give.



Cependant plusieurs petits détails m’ont gênée pendant ma lecture. Je n’ai pas ressenti les émotions des personnages, sans doute le format de la BD qui nous empêchait de suivre d’aussi près tout ce qu’il se passait dans la tête de Will.



De plus l’ensemble de l’histoire n’est que l’imagination de Will et ça m’a un peu dérangée, très peu de choses sont ancrées dans la réalité. Et la fin reste très floue. J’aurais aimé plus de concret…



Mais ça reste un très bel objet livre avec une histoire touchante et agréable à feuilleter.



Mais mon copain a adoré ! Je vous mets son avis : Première fois que j'ai les larmes aux yeux à la fin d'un roman graphique. Personnellement j'ai adoré la fin et la liberté d'interprétation qu'elle nous procure. Un roman très contemplatif avec des textes hyper poétiques, parfaitement mis en scène et avec beaucoup de sous entendus qui suffisent à nous faire comprendre la fin sans nous l'expliquer en détail. J'ai vraiment aimé le côté contemplatif du roman, surtout quand on voit la qualité des dessins dont on peut profiter sans trop de texte de remplissage ou d'explications avant de tourner la page. En plus de cela, l'objet livre est vraiment magnifique. Je suis fan, un gros coup de cœur.
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Long Way Down

Will et sa famille vive dans un quartier où trois lois simples régissent la vie des gens qui y vivent.

Son monde est alors bouleversé quand son grand frère Shawn est tué en bas de leur immeuble de deux balles dans le corps.

Loi n°3 : se venger.

Au lendemain du meurtre de son frère, Will armé du flingue de son frère descend les 7 étages en ascenseur bien décidé à faire régner la 3e loi. En une minute, l'ascenseur s'arrête à chaque étage pour laisser entrer un non-vivant qui va aider (ou pas) Will dans sa démarche...



Une histoire écrite en vers très très prenante... Une pépite que je vais chaudement recommander à tous mes amis lecteurs et même aux autres...
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Long Way Down

Cette écriture en vers libre rend l'histoire encore plus vibrante qu'elle ne l'est.

Haletant et percutant.

La lecture est facile et très agréable.

A mettre entre les mains de tous les jeunes lecteurs un peu "frileux".

De par le thème abordé et la mise en page originale, la réconciliation est assurée.

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