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Critiques de Isabela Figueiredo (24)
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Carnet de mémoires coloniales

« Qu’on ne vienne pas me parler du colonialisme si doux des Portugais. Qu’on ne vienne pas me raconter des contes de fées. » P226

Une pure merveille.

Une double merveille du fait d’être accompagnée d’une préface de Leonora Miano dont le style est reconnaissable à son implacable précision et détermination à exprimer clairement ce qui doit cesser d’être confus, donc inconsidéré.

Quel chemin d’émancipation pour une enfance au prise avec le colonialisme parental ?

Une pure merveille qui par sa force évocatrice nous transporte dans les années d’oppression où la vitalité joyeuse de l’enfant est piégée. Au débordement constant du discours colonial -« son idéologie infâme »- répond dans une stricte économie de mots le mode de résistance qui se met en place chez l’enfant assaillie : la force d’inertie d’un « préférer ne pas ».

Un très grand roman.

« La robe blanche que je ne portai pas ce jour là est la métaphore la plus criante de ma vie de petite fille de colon : une Blanche en blanc, agrippée à sa robe qu’elle ne peut salir, les yeux rivés sur ses souliers blancs qu’elle ne peut recouvrir de poussière. C’est ainsi que je me vois, à l’avant de la Bedford blanche, recroquevillée dans mes habits, préoccupée par la poussière qui entre par les fenêtres. » P164
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Carnet de mémoires coloniales

Imaginez. Vous êtes né(e) au Mozambique, du temps de la colonie portugaise. Vos parents, des Portugais qui ont fui la pauvreté pour un avenir meilleur, ont amélioré leur sort et préparent votre futur.



Votre père, vous l’aimez. Plus peut-être que votre mère, en tout cas, il vous fascine. Il règne sur son foyer, rien d’exceptionnel à l’époque. Il n’hésite pas à vous battre, à vous punir, à vous chérir, il décide et on ne discute pas.

Votre père est un colon, avec tous les travers du colon. Raciste, capricieux, intolérant, violent. Attention, vous n’êtes pas nés dans une famille de riches colons. Non, une petite classe moyenne ou même populaire qui s’offre des plaisirs uniquement parce que d’autres n’en ont pas et vous servent.



Vous aimez votre père, mais vous vous sentez différent(e) de lui. Vous n’allez pas vous mélanger aux Noirs, c’est interdit, mais vous ne comprenez pas pourquoi, dès votre enfance.



Votre père vous prie avant de monter dans l’avion de raconter ce que les « nègres » (le mot est employé tout au long du livre) font aux Blancs. Votre père rêve d’une Afrique blanche sur le modèle de l’Afrique du Sud, débarrassée du Portugal.



Des années plus tard, vous souhaitez écrire sur cette période, vos dernières années sur votre terre natale, avant le retour au Portugal dans le plus grand dénuement.

Vous allez livrer un témoignage, une petite histoire dans la grande. En trahissant votre père, à qui vous dédiez ces pages.



Dans ce court récit autobiographique, un best-seller primé au Portugal et publié aux éditions Chandeigne, Isabela Figueiredo, dans un style sans fioriture, bouleverse nos certitudes et notre indifférence. Après la lecture, une lecture à approfondir grâce à l’excellente préface de Léonora Miano, vous ne serez plus tout à fait le même ou la même. N’est-ce pas le signe d’un grand livre ?


Lien : https://benjaminaudoye.com/2..
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La Grosse

Une nouvelle fois, Figueiredo démontre comment l’humour, la lucidité et la brutalité du verbe libèrent de tout.
Lien : https://www.lemonde.fr/criti..
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La Grosse

Je n'accroche pas du tout. Le style ne me parle pas, je le trouve un peu lourd et maladroit malgré quelques jolies envolées. Un peu geignard en fait. C'est très très loin de ce à quoi je m'attendais en ouvrant le livre. J'espérais m'y retrouver à vrai dire, me retrouver dans un autre vécu d'un corps "trop gros" pour la société. J'espérais de la réflexion, quelque chose d'un peu plus engagé et militant. Mais c'est un espèce de journal fouillis de souvenirs où le vécu par rapport au poids ne me paraît même pas central et quand je n'accroche pas au bout de 60 pages je me dis qu'il vaut mieux que je le laisse de côté pour d'autres lectures qui m'attendent...
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La Grosse



La construction est anarchique à l’image des pensées de la narratrice qui ressasse ses souvenirs. Les allers-retours entre passé et présent, les questionnements de la narratrice génèrent des répétitions. J’ai eu l’impression de tourner en rond dans l’esprit de cette jeune femme. Elle devient insaisissable. Elle ne peut laisser éclater une colère qui serait pourtant justifiée. Je l’aurais aimé plus rageuse, sanguine, humaine.

Le style est parfaitement maîtrisé, les repères politiques et sociaux sont intéressants mais auraient pu prendre davantage de place.

Ce roman a de bonnes critiques presse et de bons avis sur les blogs. Je suis un peu plus mitigée.
Lien : https://surlaroutedejostein...
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La Grosse

Lorsque le roman débute, Maria Luisa vient de subir une gastrectomie. Elle a perdu quarante kilos, "un second corps". Mais après une vie à être grosse, à se sentir grosse, à subir les brimades, même si son corps a changé, elle sera "toujours une grosse".



Tout au long du roman, elle revient sur son passé, sa condition de retornada, ces Portugais revenant des colonies africaines à compter de 1975, son amitié toxique avec une ancienne camarade, la relation avec ses parents, ses relations amoureuses et en particulier son histoire d'amour avec David.



J'ai trouvé l'objet-livre très beau, les rabats, le marque-page assorti, c'est un véritable plaisir de tenir ce livre.

En revanche, le roman ne m'a pas accrochée du tout, malgré certains passages très touchants.



J'ai trouvé l'écriture plate, et parfois des effets de style un peu trop lourds, trop visibles.

Je n'ai pas réussi à m'attacher non plus à Maria Luisa, que j'ai accompagnée de manière tout à fait détachée dans son périple de remémoration.



Toutefois, il m'a appris des choses sur l'histoire du Portugal et j'ai trouvé cet aspect-là très intéressant.
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La Grosse

Dans un roman inclassable, la Portugaise Isabela Figueiredo donne la parole à Maria Luisa, isolée par son surpoids et portée par une irrépressible liberté.
Lien : https://www.la-croix.com/cul..
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La Grosse

Je suis restée en marge de cette lecture.

Je l'ai trouvée fouillis, répétitive, sans grand intérêt.

Maria Luisa est fille unique de parents âgés

qui la bichonnent et la malmènent .

Elle quitte le Mozambique où ils vivent

pour faire ses études au Portugal .

Elle est très brillante, seule et grosse,

voilà l'histoire de sa vie qu'elle revisite

pour nous au gré de ses humeurs.

Ses parents meurent un à un puis,

reviennent dans ses pensées et.. son récit.

Beaucoup de sur-place ...impatience!

Un flop pour moi que ce sujet intéressait .

Son narcissisme désordonné et maltraité est lassant.
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La Grosse

Maria Luisa habite Lisbonne, dans l’appartement que ses parents ont acheté à leur retour du Mozambique, elle est professeure de portugais et d’anglais à l’université et elle est belle ! Elle se le dit souvent comme un mantra. Elle est sensuelle et épanouie sexuellement avec David, le seul et unique... Jusqu’ici tout va bien, sauf que Maria Luisa c’est aussi « a gorda », la grosse en portugais, toute en douceur et rondeur pour les uns, « la baleine » ou encore « le poids-lourd » pour les autres.

La Grosse c’est l’histoire d’un premier amour déçu, malheureux forcément sinon il n’occuperait pas la narratrice jusqu’à la fin de son récit. C’est aussi une histoire de famille où chacun prend soin des deux autres sans le dire, juste parce que c’est comme ça, dans un mélange de traditions portugaises, de bondieuseries catholiques imprégnées de magie populaire et juste de bienveillance.



C’est aussi une histoire de mauvais choix : la mauvaise copine de pensionnat, toute maigre et mytho au dernier degré qui esclavage Maria Luisa adolescente. Le mauvais petit copain, premier amour passionné qui se case avec une autre, plus « dans le moule » socialement et physiquement. Le mauvais choix de corps, qui grandit et grossit à vue d’œil. Il faudra du temps mais Maria Luisa réussira à reprendre la main sur tout, enfin presque.



En filigrane c’est l’histoire du Portugal qui défile, Isabela Figueiredo sème son récit des événements politiques et historiques importants de son pays mais aussi du monde. Ainsi la mort du père de Maria Luisa coïncide avec la chute des tours jumelles de New York, en 2001, sa mère disparait en 2014, après lui avoir répété « il faut que tu apprennes à prendre soin de toi. Je ne durerai plus très longtemps ».

Et c’est ce qu’elle fait, enfin, après avoir passé une partie de sa vie à « nourrir la bête immonde », la faim ou sensation de faim, et assouvir ce besoin de se remplir, Maria Luisa décide de reprendre possession de ce corps et subit une gastrectomie : « c’est moi qui commande, mon corps ne mouftait pas ».

Cette double perte marque un tournant nécessaire à sa vie d’adulte : perdre ses parents, et 40 kilos, et la voilà aux commandes de sa vie.



Elle met fin aussi à la nostalgie de ses parents, « retornados », portugais nés dans une ex-colonie (Angola, Mozambique, Guinée, Cap-Vert, São Tomé e Principe) et obligés de rentrer au pays pour tout recommencer. C’est comme ça qu’avait commencé son remplissage, seule en internat, pendant que ses parents étaient toujours au Mozambique à tenter de sauver les meubles, après l’indépendance du pays en 1975.

Aussi à l’image de cet empire portugais démantelé, à la mort de sa mère, une pièce de l’appartement est rebaptisée « Empire » et Maria Luisa y entrepose les meubles et objets ramenés des années plus tôt du Mozambique, avant de les donner.



Isabela Figueiredo m’a happée avec l’histoire de La Grosse et m'a donnée envie d'en connaître plus sur l'histoire des "retornados" portugais, prochaine lecture: Carnet de mémoires coloniales!




Lien : https://www.instagram.com/zo..
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La Grosse

Je remercie tout d'abord la FNAC ainsi que les éditions CHANDEIGNE de m'avoir permis de découvrir l'auteure Isabela FIGUEIREDO lors du prix Littéraire FNAC 2023.



Malheureusement, ce fut un flop pour moi.

Je n'ai pas du tout adhéré au personnage principal, une jeune femme toute en formes qui va vivre sa vie au travers des pièces de la maison de famille.

Je n'ai pas réussi à m'attacher, à me projeter... Bref, je n'ai pas réussi à m'immerger totalement dans l'histoire proposée par l'auteure.



Merci encore pour cette découverte même si ce ne fut pas une lecture que j'ai appréciée.
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La Grosse

La grosse, c'est Maria Louisa. Personnage principal de ce roman, elle nous expose à travers ces lignes sa vie, ses ressentis, ses expériences. Victime du regard des autres et de leurs remarques, elle se livre ici et nous raconte le peu de considération et le conformisme des personnes qui l'entourent : sa mère, toute en retenue, son père, bon vivant, Tony, sa meilleure amie séductrice, David, son amour de toujours...



Pleine de complexes, elle impose tant bien que mal ses idées et décrit ses états d'âme avec beaucoup d'humour. Elle nous offre ainsi une vision de la vie, du couple, de l'amitié, de l'amour en général, tout en pudeur et sensualité. Elle nous expose ce corps qui la fait souffrir mais lui donne également beaucoup de plaisir.



C'est un roman résolument optimiste, sur l'acceptation de soi et la liberté d'être soi.



Contrairement à ce que peut laisser supposer le titre, le surpoids n'est pas omniprésent, il est en arrière-plan de chaque situation, tapis dans l'ombre, en filigrane.



C'est une très belle lecture, douce et pleine de sensibilité, sur une femme complexe et touchante.
Lien : https://www.instagram.com/p/..
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La Grosse

« La Grosse », livre intensément personnel, sans pathos, ni grincements de dent, est une bouffée d'oxygène. L'exemplarité du libre-arbitre. La force des combats et un roman puissamment optimiste, salvateur et bienfaisant.

Maria Luisa conte sa vie entre les éclaircies et les orages. Une jeune femme dont le poids diminue de 250 g chaque jour, grâce à une gastrectomie.

L'histoire n'est pas ici. Pas sur une balance dont les aiguilles chutent. Mais dans le plein d'une vigueur, d'une ténacité. Car oui, Maria Louisa va se battre. Contre la noria d'oiseaux noirs. Son corps se transforme. Elle fond. Mais ne cède rien à l'avant.

L'adolescente soumise à l'amie qui belle et voluptueuse, enserre Maria Louisa dans ses griffes. Une relation sensuelle, ambiguë. Elle lui lave son petit linge dans la rivière glacée. Lui met de la crème sur le corps. Elle exécute ses ordres au fronton d'un désir de reconnaissance de la part de Tony, qui sera tout au long de cette longue amitié intéressée, toxique et malsaine.

Maria Louisa est vive, intelligente, furieusement libre et affirmée. Mais elles ploie sous des complexes et se bat contre eux. Son corps est une armure, une ingratitude. Une jeune femme éblouie par les pleins phares d'une existence. Entre la grâce parentale, la mère qui décline vers l'autre rive et le choc des cultures. Sa famille migrante, le Mozambique inoubliable. La colonisation a laissé des stigmates. On aime la fusion volcanique. Ses expériences d'amour avec les garçons. Sans aucun tabou et la marée-basse qui autorise les gestuelles. Elle est exclusive dans cette beauté de quête de tendresse. Elle qui aimera David. Le corps assoiffé de souffle charnel, dans ce magnétisme des caresses complices.

« On dirait un cactus tendre et sans épines, cet autel devant lequel j'ai cessé de prier quand j'ai perdu mon coeur. L'honneur des bons garçons exige le respect des engagements. Je pouvais vivre sans prendre de bain, sans baisers, mais pas sans écriture. La compréhension est un châtiment ».

Maria Louisa est brillante, divinement spirituelle et vive. On ressent à sa place, tant la trame est liante, ce qu'un corps élimine d'erreurs et d'expériences floutées. Elle est dans l'engagement des tracés mêmes de sa vie.

« J'ai vendu ma maison de l'Alentejo et j'ai demandé mon transfert vers Almada. Il fallait revenir m'occuper de maman, restée seule, qui avait besoin de soins et compagnie. Mon retour à la maison, à Almada, plaisait bien à maman, qui pouvait de cette façon contrôler plus facilement mes heures d'entrée de de sortie, mes coups de téléphone et l'état général de ma peau et de mes cheveux ».

« Je suis sûre que je serai heureuse si j'étais libre ». Maria Louisa va pousser les murs. Contraindre sa déception amoureuse à son émancipation intérieure. Elle veut faire un enfant, seule. Mais ne peut garder en son ventre l'enfant, qui à chaque fois, chute dans l'abîme. Qu'importe les larmes, les douleurs, les néants et les finitudes. Elle redresse son buste, elle l'intellectuelle et la vaillante. Altière et maîtresse-femme, elle écrit. Elle dévore à pleine dent la littérature. Souveraine et la tristesse douce. le Portugal pour macrocosme, les diktats d'un pays très misogyne encore, elle fait de la mélancolie, un levier. De ses doutes, une force et d'une rupture amoureuse, un contre-poids.

Elle dévore la vie. Somme l'ubiquité au départ. Sa métamorphose est éminente et magnétique.

« Je viens de balayer la cuisine et je vois par terre, près du balai, une aigrette de pissenlit, je la prends sans l'abîmer et je souffle ».

Elle fait tomber à ses pieds sa robe nocturne. Elle fera de l'aimé, l'horizon en advenir. Ce roman amplement autobiographique, est un hymne de confiance et de concorde pour celui ou celle qui lira ce livre. Témoin d' une génération de femmes absolument remarquables dans une société engluée de conformisme. La maturité d'un livre audacieux, élégant, poignant et sincère. Deuxième roman d'une autrice dont le premier roman : Carnet de mémoires coloniales a obtenu le Prix des lecteurs – Littératures européennes de Cognac en 2022. Lire Isabela Figueiredo, c'est tomber amoureux (se) d'un style, d'une histoire de vie qui nous fait une sacrée accolade. C'est un livre qui ouvre et donne la réponse. Pénétrer une à une les pièces de la maison de ce livre, les décors comme les chapitres, et la résurgence d'une vie.

Traduit du portugais par João Viegas. Publié par les majeures Éditions Chandeigne.

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La Grosse

Ce livre est d une très grande sensualité. On découvre l adolescence d une jeune femme solitaire et sensible,qui nous parle petit à petit de son obésité

Je pensais que cette obésité occuperait la 1ère place de son roman. Elle parle avant tout de ses relations avec les autres :ses parents, ses rares amis, et de la relation avec son Corps.

La plume est tendre et sensuelle. Un doux moment de lecture.
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Carnet de mémoires coloniales

- CARNET DE MÉMOIRES COLONIALES-



Je continue dans mon voyage littéraire qui est de lire des livres portugais. Je décide de lire ce livre après avoir était à sa conférence qu'elle à faite aux festival du livre de ma ville. J'ai aimée discuter avec cette autrice, elle nous parle de son passée et de ce qu'il lui a le plus marquer. Alors je décide d'acheter le livre qui parle sur un sujet très marquant dans l'histoire du Portugal, les colonies ;déjà avec Lydia Jorge et Mia Couto, je connaissais le sujet car c'est un sujet littéraire assez écrit au Portugal.



Ce livre est assez dur à lire car l'autrice ne cache les misère et les montres. Surtout sur comment les blanc parler aux noir et comment il les traiter. Puis quand la révolution portugaise est arrivée le 25 avril 1974, tout à changée pour les colonie et les noir décident de ce venger et de prendre le pouvoir. Alors nous pouvons assister à une fugue des familles blanche aux Portugal.



Dans ce qu'elle a écrit, c'est tout ce qu'elle nous a raconté dans la conférence. Le livre est une autobiographie de son enfance.



Ce livre m'a permis de ouvrir les yeux sur plusieurs chose mais garde aux âmes sensibles .



Carlaines
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Carnet de mémoires coloniales

Très intéressante préface de Léonora Miano qui joue un parfait rôle d'introduction et d'avertissement à la lecture désarçonnante de ce récit autobiographique dans lequel Isabella Figueiredo raconte par bribes son enfance et le début de son adolescence vécues au Mozambique, en tant que colons.



L'autrice écrit souvent avec les yeux et les mots vifs, tranchants, sans filtre, de l'enfance et laisse à voir sans fard le fond de la pensée coloniale et du suprémacisme blanc, en rapportant son quotidien, ses interrogations et certaines incompréhensions sur son environnement social et son fonctionnement, sur son ressenti d'un métissage qui l'habite, inconcevable pour des parents assez indécrottablement réactionnaires.



C'est aussi et peut-être d'abord l'histoire d'amour d'une fille pour son père, quels que défauts qu'il ait, un monde qui s'écroule suite à la révolution des oeillets remettant en cause la présence coloniale en Afrique, la violence et le choc, puis l'exil / retour au pays qu'elle ne connait pas.



Récit rare qui nous montre le point de vue du colonisateur, cela n'excuse rien mais cela explique. En ce sens, il me semble que c'est un récit important.



Bémols pour moi : j'ai eu du mal à accrocher à la structure fluctuante comme les souvenirs, faisant des va-et-vient entre les anecdotes, les périodes, les évènements, certains se répétant plusieurs fois ;

J'aurais apprécié davantage d'interventions de l'autrice adulte, faisant un retour sur elle-même, sur cette période, de façon peut-être plus théorique, factuelle, politique peut-être.
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Carnet de mémoires coloniales

Dans ce récit biographique Isabela Figueiredo revient sur son enfance à Lourenço Marques, devenu Maputo depuis l’indépendance du Mozambique en 1975. Elle y aborde le thème du colonialisme par le prisme de l’enfant qu’elle était, fille d’un blanc profondément colon, profondément raciste.



Elle, à qui on avait confié la mission de dire la vérité, de dire ce que les Noirs faisaient aux Blancs, dans un pays que les Blancs souhaitaient gouverner, à l’image de l’Afrique du Sud, elle, donc, démontera, dans ce livre, le colonialisme. Elle ira à l’encontre de tout ce que son père représentait, et elle le fera après sa mort.



Si je n’ai pas adhéré tout de suite à l’écriture, aux répétitions incessantes des premiers chapitres autour de la sexualité, dans un langage cru, j’ai peu à peu pris conscience que ce que j’avais là, sous les yeux, était important. C’était la vision d’une enfant face au mépris des adultes pour les Noirs, vision et culpabilité, et honte parfois aussi, car malgré tout l’image du père (plutôt ambigüe) s’impose… Et puis la petite fille laisse la place à l’adolescente qui comprend de mieux et mieux ce qui se joue sous ses yeux.



Ce livre a une qualité indéniable, celle d’être un témoignage authentique sur un pan de l’Histoire colonialiste.



La suite sur mon blog.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Carnet de mémoires coloniales

L'auteure raconte avec nostalgie son enfance, dans les années 70, à Maputo, capitale du Mozambique, colonie portugaise. Elle évoque sans ambages le racisme, la dureté de son père et des coloniaux. Et en même temps, elle porte un regard d'une grande tendresse sur cette enfance et le choc du déracinement lorsqu'elle arrive à l'âge de 13 ans au Portugal. Une période de l'histoire portugaise qui m'était méconnue et écrit avec beaucoup de sensibilité
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Carnet de mémoires coloniales

Ce texte fait partie de la sélection du Prix des lecteurs de Cognac où le Portugal figure à l’honneur en 2022. Une préface de Léonora MIANO, largement documentée, est indispensable à découvrir pour la compréhension du contexte colonial de l’époque. Elle éclaire le lecteur sur nombre propos du récit qui peuvent paraître choquants.

Isabela FIGUEIREDO raconte dans ce roman son enfance et son adolescence vécues au Mozambique, ancienne colonie portugaise. Ses souvenirs décrivent le plaisir des instants passés avec son père, à la fois adoré et détesté pour son racisme « ordinaire » et légal à l’époque… Elle décrit parfaitement les contradictions qui l’animent : une véritable déclaration d’amour et d’admiration en même temps qu’elle présente une réalité tout autre où le colonialisme est critiqué de façon féroce. Elle aime viscéralement son pays de naissance et respecte les gens qui y vivent. Ainsi, elle rejette le père par loyauté à ses racines.

L’indépendance, proclamée en 1975, ne sert pas l’intérêt des colons. La narratrice, petite fille aussi blonde que blanche, fait figure d’ennemie. Le pays qu’elle considère pourtant comme le sien ne lui appartient pas. Elle revient seule dans sa famille du Portugal et devient une « retornada » honnie de tous. En effet, en Afrique, les colons portugais qui restent perdent tout, leur maison, leur outil de travail, parfois jusqu’à leur vie, alors que ceux de la métropole leur reprochent de s’être indûment enrichis.

Dans ce texte où alternent le récit précis du contexte familial et social de l’époque coloniale et des passages poétiques et sensibles, l’autrice livre son histoire personnelle riche de contradictions insurmontables pour une enfant. Son texte à la facture originale (des chapitres courts et rythmés) lui permet, au décès de son père, de se défaire des blessures du passé.

Manifeste amer contre tous les colonialismes !
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Carnet de mémoires coloniales

Dans Carnet de mémoires coloniales, l'autrice tient la promesse faite à son père adulé : elle raconte ce qui s'est passé au Mozambique, à l'époque de la colonisation portugaise et pendant la guerre d'indépendance (25 septembre 1964 - 8 septembre 1975). Pour ce faire, elle attendra la mort de ce père qu'elle adore et qui la rebute en même temps. Et pour cause ! Elle ne raconte assurément pas là l'histoire telle que lui, le colon, l'a perçue. Ce Carnet nous propose 51 chapitres agrémentés de quelques photos d'enfance (des vue du pays, quelques photos de l'autrice petite fille dont une avec la mère, mais aucune photo du père), et s'ouvre sur une brillante et passionnante préface. Léonora Miano y apporte des précisions nécessaires sur le colonialisme, l'animalisation des Noires par les Blancs et sans doute plus encore par les Blanches, l'emploi des mots « nègres » et « Noirs », les problématiques identitaires des enfants blancs nés dans le pays colonisé, etc. La violence des explications de la préface laisse augurer de la teneur du texte. Carnet de mémoires coloniales se présente comme un kaléidoscope de souvenirs précis, flous, mouvants ou figés, transformés par le travail de la mémoire ou fixés à jamais dans une sorte de photographie où des ombres empêchent de tout distinguer précisément (voir la citation de Primo Levi en exergue).

***

J'ai trouvé les 5 ou 6 premiers chapitres difficile à lire à cause de la crudité du langage de la sexualité. Il est impossible de perdre de vue qu'il s'agit des souvenirs d'une petite fille et qu'Isabela Figueiredo tente de retrouver les impressions et les sentiments qui la submergeaient alors. le machisme éclate dans ce qu'il a de pire et les femmes (blanches) le subissent quand leur silence et leur aveuglement volontaires ne les rendent pas passivement complices. Quant aux femmes noires… Aux yeux de la fillette, ce monde est incompréhensible, à la fois répugnant et mystérieusement attirant. le langage cru de la sexualité des premiers chapitres laisse place à celui de la violence des sentiments. À la haine et au mépris du père envers les « nègres » vont succéder la honte et la culpabilité de la petite fille, motivant ses courageux et dérisoires gestes de solidarité. Les Figueiredo ont quitté le Portugal pour s'établir au Mozambique, fuyant une grande pauvreté pour atteindre une relative aisance. le père, électricien, ne s'illusionne pas : il est parfaitement conscient d'appartenir à un milieu modeste même si, se comparant aux Noirs, la famille pourrait passer pour riche. Quand les troubles s'intensifieront et qu'Isabela repartira seule chez la grand-mère portugaise, elle sera confrontée à ce qu'est la pauvreté. La brutalité du retour au Portugal, le rôle (esquivé) de porte-parole du père, le choc de la découverte de la pauvreté et le rejet d'une bonne partie de la communauté portugaise plongent l'adolescente dans un profond désarroi. L'écriture d'Isabela Figueiredo est d'une grande qualité. L'autrice emploie le plus souvent des phrases courtes et un vocabulaire précis, mais aussi de longues phrases empreintes de rythmes poétiques. Elle fait parfois usage d'une crudité difficile à supporter. Certaines phrases reviennent en leitmotiv durant un ou deux chapitres, bref, une variété de rythme et de ton bienvenue. Je voudrais signaler les remarquables pages 102-103 où, dans une sorte d'épiphanie, l'enfant découvre qu'elle sait lire : « je pris possession de l'outil qui me servirai à creuser le chemin de ma liberté [...] Dès lors, je devins, peu à peu, lentement, la pire ennemie de mon père ». Une personnalité attachante et un beau livre, dédié au père, à découvrir !

***

Lu dans le cadre du prix des Lecteurs de Cognac 2022

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Carnet de mémoires coloniales

Lu dans le cadre du prix du roman Fnac

Ce roman est un recueil de souvenirs de l'enfance de l'auteure au Mozambique, du temps où c'était une colonie portugaise. Elle évoque en vrac son passage de l'enfance à l'âge adulte, le réveil de la sexualité, des moments en famille, la guerre et l'exil au Portugal. En filigrane, elle dénonce aussi le racisme et le mépris des colons pour les populations locales. Je trouve que les aspects les plus intéressants, comme la guerre civile et l'exil ont été à peine survolés par rapport aux souvenirs "touche-pipi". Bref, tous les aspects liés à la sexualité m'ont gênée car on parle d'une gamine, mais ce n'est que mon avis.
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