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Critiques de Ismaïl Kadaré (254)
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Avril brisé

L'Albanie a été totalement isolée du reste de l'Europe, de 1945 à 1985, sous la coupe du dictateur Enver Hoxha. Quarante ans d'isolement, petit pays communiste renfermé sur lui-même et barricadé dans la crainte de la contagion extérieure.

Le récit de Avril brisé se déroule au 20ème siècle et pourtant : il suit le destin inéluctable d'un jeune qui s'est vengé et devra donc mourir, car la vendetta régit les liens au sein de la société. Le Kanun dispose que si le sang coule, alors il devra couler à nouveau. Nous voilà à suivre ce jeune pétrifié à l'idée de devoir mourir, qui croisera un couple. Une femme et un écrivain, en voyage de noce, qui s'intéressent aux rites et coutumes du kanun.

L'écriture est oppressante, la tension omniprésente, refermer le livre est un soulagement tant le récit est maîtrisé.
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Avril brisé

Chronique d'une mort annoncée.

Le kanun, l’équivalent balkanais de la vendetta, a obligé Gjorg Berisha à « reprendre » le sang dû par une autre famille de son village : il sait maintenant que c’est son tour et décide de profiter du temps qui lui reste avant de revenir se soumettre à la loi du kanun.

En vertu d’une coutume ancestrale albanaise, quand un membre d’une famille est tué par un membre d’une autre famille, un des hommes de cette dernière se voit obligé, dans les trente jours, de se soumettre à la règle du Kanun. Il doit rentrer au village, tout en sachant que la famille de l’assassiné est forcée, selon ce code de l’honneur, de le tuer. Il n’a qu’à pas rentrer, me direz vous, oui mais le code de l’honneur, alors, on en fait quoi ????

Bien évidemment de notre point de vue occidental, pragmatique et individualiste ce code de l’honneur nous semble complètement barbare et ridicule… mais ne faisons pas trop les malins, il est une île française pas très éloignée de nos côtes où la vendetta n’était pas un vain mot il y a encore quelques années et continue à faire des victimes sous forme de vendetta politique.

Si cette histoire se déroule au début du XXe siècle, il est très intéressant et effrayant de constater qu’en Albanie, la vendetta et le Kanun ont fait un retour en force inattendu depuis 1992 et la chute du régime communiste : en effet, pendant cette période les cas de vendetta étaient punis avec la plus extrême sévérité et leurs auteurs fusillés en place publique.

Une histoire étrange, funeste et funèbre et cependant très belle.

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Avril brisé

Gjorg est allongé dans la lande du nord de l'Albanie, fusil à l'épaule , prêt à tirer . Après avoir fait mouche, il rendra honneur à sa victime en ajustant son corps comme le veut la coutume. Désormais, Gjorg n'est plus chasseur , il est devenu proie. Ainsi le veut le Kanun.



Le Kanun , est un ensemble de règles en vigueur dans le nord de l'Albanie mais également dans quelques régions des pays limitrophes. Parmi ses règles, il y a la reprise de sang. Si un membre d'une famille est tué, elle a le droit de tuer à son tour un membre de l'autre famille. Ces règles, datant du XV ème siècle avait pour but d'encadrer les trop nombreux règlements de comptes .

Ce livre, extraordinaire , nous porte dans un monde où le droit est celui du Kanun et n'a rien à voir avec nos modèles . L'auteur dresse un inventaire de tous les aspects du Kanun : L'hospitalité, l'honneur, les tours de claustration , la bessa (zone de trêves), les rituels au mariage, le rôle des prêtes, le coté économique du Kanun...

Ce livre , au delà de son histoire, véritable témoignage de la vie des montagnards du nord de l'Albanie, a une grande part d'humanité au milieu de règles sanguinolentes.

Les personnages principaux nous font découvrir tous les aspects de ces lois et comme dans toutes les sociétés, on voit bien le rôle joué par l'argent aussi surprenant que cela puisse paraître.

Ce livre est une porte d'entrée merveilleuse, parce qu'en plus le plaisir de lecture est immense, sur un monde encore en vigueur à deux heures trente d'avion de la France.
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Avril brisé

Chronique d'une mort annoncée... Oh, je ne dévoile rien... Tout est dit dans la première page. Dans les montagnes albanaises, sur ce que Kadare nomme le Plateau, le temps est figé. Les montagnards ne vivent pas au XXè siècle (l'auteur situe son histoire au début du siècle) mais au Moyen-Âge. Tout est figé par le Kanun... code de lois qui régit la vendetta, qui réglemente le fait de prendre le sang dû en tuant un membre d'une famille qui a offensé la sienne.



Et ainsi de suite, car la vendetta ne s'arrête jamais. Ou plutôt si, elle peut s'arrêter si on paie au lieu de tuer. Mais l'honneur se lave dans le sang, pas dans l'argent. On peut se donner toutes les justifications possibles, nous glisse à l'oreille l'auteur... comme pendre une chemise ensanglantée et mesurer le temps qui passe en regardant les taches de sang changer de couleur... en fustigeant le fils chargé de prendre le sang de la famille adverse... le sang se monnaie.



Kadare nous livre un drame en 3 actes (et 7 tableaux/chapitres). D'abord la dette de sang est effacée par Gjorg, qui devient à son tour la cible de la famille opposée. Il va entamer un voyage pour réclamer un sursis de 30 jours. Acte deux, Bessian, un écrivain de la ville, arrive avec sa femme en voyage de noces sur le Plateau. A travers ce regard exalté que pose Bessian sur les traditions et la vie sur le Plateau, on a une approche étrange de la vendetta. Si les montagnards semblent parfois vivre cela comme une fatalité, comme une malédiction, Bessian glorifie et porte aux nues cette vengeance coulée dans le Kanun... Acte 3, la femme de Bessian tombe amoureuse de Gjorg. Et vice versa. Gjorg, plutôt que d'essayer de se cacher, va tout faire pour la retrouver, pendant que celle-ci se morfond et sombre dans la mélancolie.



On dirait un drame shakespearien.



On atteint le summum de l'absurde en traversant le village où plusieurs familles sont en conflit, paralysant toute activité jusqu'à ce que le village finisse par disparaître. On en rirait presque si ce n'était pas aussi dramatique. On sombre dans le cynisme quand le préposé chargé de collecter les dettes de sang se compare à ses collègues qui prélèvent les taxes sur le foncier ou la récolte de maïs...



Gjorg et Bessian sont deux facettes de la même réalité. Et à travers la femme de Bessian, Kadare montre que si les femmes sont exclues de la vendetta (pas de sang dû pour une femme), elles en subissent les conséquences. A ces protagonistes viennent se greffer d'autres: le Plateau est une entité quasi vivante, le temps qui passe est crucial, un juge du Kanun et ses deux acolytes, le prince qui perçoit le prix du sang...



Tous ces personnages ont intérêt à perpétuer la tradition. Kadare dénonce violemment ce système où iln'y a point d'honneur, mais seulement un souci mercantile.



C'est écrit avec lenteur, et un certain sens du drame. C'est sombre et on ne peut nourrir aucun optimisme, dès la première page. On se sent atteint par le mal ambiant, par cette chappe de plomb qu'impose le Kanun sur les actes et les gens. Si le thème me parle, le style est très éloigné de mes goûts. C'est mon deuxième livre de Kadare, et il me convainc davantage que La Pyramide. La dénonciation des totalitarismes, des diktats par Kadare me semble cependant assez simpliste, et univoque. C'est finalement fort dichotomique.
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Avril brisé

Lu en Albanie, livre sur la pratique du Kanun en Albanie. Passionnant quand on est sur place.
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Avril brisé

Plongée dans l'obscurantisme. Des coutumes héréditaires qui ne valent que parce que toute une région montagnarde les appliquent à la lettre et ne sont pas sans rappeler des immobilismes liberticides comme la charia, sont ici révélées par l'auteur. Ce que je n'ai pas aimé c'est qu'au lieu de dérouler son propos sous forme d'essai ou de ne s'attacher, sous forme romanesque, qu'à son personnage principal, Gjorg, qui vit en plein ces absurdes obligations sanguinaires, il mêle divers personnages pour traiter son sujet (un écrivain, sa femme, un intendant) alors que la force du roman réside dans le drame personnel de celui qui est "obligé" par "les brumes de l'ignorance ancestrale"( phrase reprise de Paul Bowles).
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Avril brisé

Gjorg se promène. Il a le temps. le temps de la reprise du sang. Il a de la chance : le foulard noir noué au bras, tout le monde l'observe. Tout le monde sait de quoi il s'agit. Où qu'il aille, le silence s'installe, s'étale, les langues se durcissent.

Gjorg a le temps. Il laisse son regard vaquer au firmament. Il sait qu'il doit mourir. Lui-même ne sait plus trop comment a commencé cette histoire. Elle date de plusieurs décennies, c'est certain. Un voyageur qui se serait abrité chez ses ancêtres. Or, l'hôte est roi. Dans ces régions d'Albanie, il y a l'hôte, puis Dieu, puis les habitants de la maison. L'hôte s'est fait tuer. C'est à l'habitant de le venger. Des décennies plus tard, c'est à Gjorg de laver l'affront d'avoir eu à enterrer son frère. C'est parti d'un malentendu. Or, tout est d'une logique implacable. le Kanun (jus canonicum des montagnes du Nord de l'Albanie) le précise.

Ça se passe au XXe siècle, on ne sait pas exactement quand. Avant les Italiens, avant Enver Hoxha.



Il est brumeux, Gjorg, l'ombre s'acharne autour de lui. L'infâme logique le poursuit surement, mais il reste impassible. Un couple arrive. le voit. La femme demande à son mari. Il trouve ça sublime. Elle ne comprend pas. La mort qui rode, c'est splendide.

Que ce soit l'invisible Skanderberg qui attaque l'armée Turque à la nuit tombée dans Les Tambours de la pluie, ou les vengeances chez Shakespeare, on est dans le dos crawlé, lent, lourd.

On est dans Hamlet. En dehors de ce je-ne-sais-quoi (en français dans le texte) de pourri au royaume du Danemark, de la brume, du poison qui, insidieusement, contamine le royaume, tout le monde est responsable et tout le monde doit payer (ça pourrait être du Alceste, tenez. On rit moins).



Un mois. C'est ce qu'il reste à Gjorg. Une vie à comprendre, c'est ce qui reste à la mariée. Tout est d'une logique implacable, c'est écrit. On vit ainsi, on meurt comme ça. Bientôt, ces terres se dépeupleront. Il ne restera que des femmes. L'arme de Gjorg, à quoi sert-elle ? C'est injuste, ne pas se laisser tuer. Ce n'est pas tant qu'il le mérite, c'est que c'est écrit.



Ce qui est écrit justement. Ce qui est dit, ou plutôt ce qui est dit sans être montré : on navigue dans l'ombre de Gjorg, dans l'ombre des murailles, des villages escarpés, des flancs de montagne, des tours de claustration, où l'on espère que Gjorg y aura un répit supplémentaire, le répit du lâche, dans le noir. Chez les rebuts de la société, qui refusent de se laisser tuer, seuls les prêtres ont le droit de pénétrer.



Une femme, un condamné, un homme qui étudie (comme un entomologiste, il laisserait faire la nature, n'en déplaise à son épouse), et la mort, anonyme ou presque ; peut-être plusieurs frères en embuscade, peut-être personne. Mais elle est lourde, la mort, pesante. Elle tricote sa toile autour de Gjorg. Lui, il a le temps. Il s'y habitue. Avec son arme.

C'était écrit. Depuis plus de six décennies, c'était son destin. Il aura du sang sur les mains, dans le coeur, et il ne connaitra peut-être pas les beaux jours de fin Avril.



PS : Kadaré est un prodige. Avril Brisé est peut-être son magnum opus, même s'il a cette méchante manie d'enchainer les chefs-d'oeuvre.
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Avril brisé

L'histoire se déroule dans les montagnes albanaises où sévit la loi du Kanun autrement dit la vendetta. Nous suivons le personnage de Gjorg qui, contraint de venger son frère aîné, tue un homme de la famille ennemie. Il entre alors dans la trêve de 30 jours où il doit effectuer un voyage pour aller payer l'impôt du sang. Il subit la fatalité de son destin et réalise que sa vie s'arrêtera courant avril, date à laquelle les proches du morts reprendront sa vie. En parallèle nous suivons le voyage de noce qu'un couple de la ville effectue dans la région. L'homme est un écrivain qui est fasciné par les coutumes de ces montagnards, sa femme quant à elle devient de plus en plus léthargique au contact de cet environnement morbide, surtout lorsqu'au cours du périple elle croise le regard du jeune condamné Gjorg.

Ismail Kadaré réussi un très beau roman où il rend compte de cette tradition de vendetta qui a perduré pendant des siècles et a décimé des milliers de familles de façon totalement absurde. L'ambiance de la première partie du roman m'a fait penser à celle du désert des tartares de Buzatti avec la description d'une lande à la fois belle mais désolée et de son climat inquiétant et étrange. Les personnages et l'analyse psychologique de ceux-ci est également réussie.
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Avril brisé

Le destin terrifiant d'un homme dans une culture où l'honneur et vengeance sont au centre des systèmes de valeurs.
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Avril brisé

Je ne m'y attendais pas mais j'ai été absolument séduite par ce roman très particulier. Son point fort: un décors planté et une ambiance froide , fantomatique limite terrifiante. Ne cherchez pas l'action, ce livre est une fresque qui vous aspire dans un univers cruel . Malgré cet aspect glacial, il raconte une histoire très humaine et explore les sentiments d'une manière inédite. Il m'a fait me poser pas mal de question dont une que je me pose assez souvent au final: que ferais-je s'il ne me restait plus qu'un mois à vivre?

Bouquin extrêmement intéressant donc. A lire absolument!!
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Avril brisé

Un beau roman qui mêle passé et présent à travers la confrontation de deux histoires : celle d'un jeune couple en voyage de noces(lui est écrivain), venu étudier ce rite ancestral et sanglant du kanun ou vendetta d'honneur et celle d'un jeune montagnard qui vient venger son frère et auquel il ne reste plus, selon la terrible loi, que 30 jours à vivre. Une écriture sobre pour exprimer la douleur, l'incompréhension et la résignation......
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Avril brisé

Avril brisé c'est le mois du printemps séparé en deux par la fatale loi du Kanun, loi immémoriale qui régit tous les aspect de la vie des montagnards du Rrasfh au début du siècle dernier, époque où se déroule l'histoire qui nous intéresse ici. Selon la loi implacable du Coutumier, Gjorg, l'albanais des montagne, jouit encore dans la première moitié de ce mois, de la protection de la sacro-sainte Bessa, foi, parole, ou protection jurée, selon laquelle celui qui a versé le sang est à l'abri des représailles de la famille de la victime. Mais après la date qui marquera la fin de la grande trêve d'un mois, il devra vivre comme un fugitif, abandonner les grands chemins, se déplacer nuitamment ou aller s'enfermer sine die dans une sombre tour claustrale où l'asile lui sera donné.





Le roman illustre une réalité, celle de la vendetta vécut pas trois entités bien différentes. Gjorg à vengé le sang de son frère, dont la chemise ensanglantée, sinistre bannière, flottait au deuxième étage de sa kulla, appelant vengeance. Bessian et son épouse, sont de grands bourgeois, venus passer leur voyage de noces sur le grand plateau du nord, afin d'étudier, de leur regard, moitié détaché, moitié curieux, d'esthètes et d'intellectuels, les lieux où se perpétuent encore cette fascinante loi du talion, nimbée d'une aura homérique légendaire. Enfin Mark Ukacierre est ce que l'usage à baptisé du nom terrible de l'intendant du sang, il est celui qui perçoit, dans la kulla d'Orosh, le fatal impôt du sang, que chaque vengeur se doit d'acquitter. Ainsi pour lui la vendetta, prend l'aspect d'une activité qui se mesure en terme de pertes et de profits, et il doit rendre des comptes si l'année à été mauvaise en terme de sang versé. Ce Kanun, cette conception de l'honneur est bien le fruit d'une perception des rapports humains propre au moyen âge. Le sang versé appelle vengeance, et il est un devoir de laver l'affront, qui s'il n'est pas réparé, rejaillit sur la famille, sur un village entier, voire parfois, sur une communauté de bourgades. La parole donnée est inviolable et l'hospitalité est une valeur cardinale, l'hôte est protégé et respecté, tel un monarque ou un demi dieux. Ismail Kadaré, dans un style sobre, transmet la réalité de ce Kanun, sans juger, en conteur de talent, presque comme un ethnologue.





Avril brisé est un livre pour le lecteur blasé des lectures insipides, soporifiques et répétitives. Dépaysement, ouverture sur des coutumes et des valeurs, qui nous sont étrangères sont au rendez-vous. Une belle découverte qui appelle à poursuivre la lecture des œuvres de l'écrivain albanais.
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Avril brisé

Sortie totale de ma zone de confort avec ce livre. Je dois avouer que jusqu'ici je n'ai guère apprécié la littérature des pays de l'Est. C'est toujours sombre, froid, avec des paysages désertiques, et les sujets tournent souvent autour de la mort, l'ambiance est toujours lourde et triste, mais comme je ne désespère pas d'en trouver un différent je persévère dans ma quête. Ca ne sera pas encore pour cette fois, j'avais choisi ce livre parce que j'aime les histoires de vengeance, mais là cette vendetta n'est qu'une série de meurtres organisée selon les règles d'un vieux code de conduite qui régit toute une région. Et alors que dire du couple de jeunes mariés qui parcourent la lande montagneuse et désertique, bah rien parce que cette partie ne sert à rien pour moi, idem pour le chapitre sur l'intendant du sang. Alors je ne suis pas déçue parce que je n'attendais rien de précis sur ce livre, et bien qu'il m'ait fallu presque une semaine pour venir à bout des 215 pages, j'ai apprécié la plume de l'auteur, mais le contenu de l'histoire ne m'a clairement pas plu.
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Avril brisé

J'ai rencontré ce livre comme mon meilleur ami, un peu par hasard sans rien chercher... En me promenant dans les rayons de la grande librairie nanceienne, les yeux rivés sur la littérature de l'est dénomination qui m'a toujours donné envie de renverser les étagères tant le dédain des vendeurs pour cet étalage se fait entendre dans leurs remarques sarcastiques. J'accorde volontiers que choisir un roman sous prétexte qu'il est traduit de l'albanais et que c'est toujours une excellente excuse pour aller voir mon ami à la terrasse d'un café et de lui dire "Tiens je ne savais pas que vous saviez écrire"( à tous je vous informe que je suis aussi en partie une fille de l'Est) .

Alors sur ces tribulations parlons du livre... à chaque page, outre le plaisir indicible de se renseigner sur une partie du monde dont tout le monde semble se fourre éperdument,il y a cette intensité, l'idée qu'à chaque page, les cris sourds d'un peuple raisonné. Une image forte et rare, d'un e zone géographique mainte fois moquées et dont on aurait beaucoup apprendre
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Avril brisé

Gjorg a vengé le sang de son frère et conformément au Kanun, il a obtenu la grande bessa (parole donnée) qui lui accorde trente jours de répit avant qu’un membre de la famille adverse ne le tue. Il décide de faire une dernière balade sur le rrafsh, le haut plateau du nord, où se trouvent les marques visibles de ce droit, kula (tours) où sont les cloîtrés, maisons détruites, champs litigieux… En chemin il croise un écrivain de Tirana et sa jeune épousée, qui portent un regard curieux et étonné sur ce pays inconnu qui est le leur, et pour qui les mœurs légendaires deviennent réalité.
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Avril brisé

Cette critique a pour but d’établir des correspondances entre le livre, une musique et une oeuvre, parfois différentes du sens originel mais ouvrant ers un nouvel espace: un projet synesthésique.



Le livre:



Avril brisé d Israël Kadaré



Sur les hauts plateaux d'Albanie, la loi du sang est reine, avec son cortège de règles obscures et d exégètes itinérants - le Kanun.



Un vent intemporel, à la fois barbare et magique souffle sur ces montagnes d'un gris permanent. Certains y laisseront leur âme, comme la femme d'un écrivain en goguette pour leur lune de miel et d'autres leur vie, ces hommes pris dans le tourbillon sans fin des vendettas séculaires. Le moyen âge? Non 1978. Mais sur le Hrafh le temps s'écoule autrement et les hommes meurent pour vivre, loin de l absurdité des villes.



La musique pour l'accompagner:



"A place to sleep" de Air Hunger - pour les teintes nébuleuses qui préparent l attente de la mort. En particulier dans les villages qui attendent la mort, où les hommes se réfugient dans leur Khulla de pierre pour rembourser le sang versé.



L œuvre:



Les paysages gris acier de Gérard Ricther pour leur tristesse et la dissolution du regard dans le grain du tableau - et l errance de ceux qui profitent d'une courte trêve, le ruban noir funeste au poignet, avant de repartir dans le cycle de la vendetta.
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Avril brisé

Le sombre récit du Kanun est aussi funèbre que magnifique, mais "Avril brisé" est peut-être avant tout l'une des plus belles histoires d'amour jamais écrites. L'histoire d'une passion aussi intense que fulgurante, celle d'un amour absolu bien qu'aucun mot ne soit jamais échangé entre les amants. Il aura suffi d'un regard...
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Avril brisé

Que dire? Une impression de tragique, d’absurde. Absurde et tragique, tragique parce qu’absurde. Sur ce plateau d’Albanie, les familles se déchirent et se déciment à qui mieux mieux, respectant la tradition sanglante du Kanun. On suit dans ses pérégrinations funèbres Georg, qui a respecté à la lettre les lois du kanun ( tuer et être tué), s’acquitter du prix du sang. Il croise la route d’un jeune couple en lune de miel, fasciné par ces coutumes ancestrales et barbares. Tous se croisent, se cherchent avec fièvre, se trouvent ou se manquent sur le plateau durant la trêve dont c’est bientôt la fin.

Lorsque la dernière page se tourne, tout est accompli, le drame s’est noué et dénoué, le périple est achevé. Le Plateau, « créé pour des créatures titanesques » a exercé son funeste sortilège.
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Avril brisé

J'avais peu apprécié ce roman étudié au lycée, et encore moins l'adaptation cinématographique tirée de cette oeuvre.

C'est l' histoire tragique deux destins brisés (celui d'un montagnard et d'un écrivain) sous le joug de la Kanun, équivalant de la vendetta corse mais dans l'Albanie du XXème siècle, où le l'honneur ne se lave qu'au prix du sang versé... Le style lent et épuré de l'auteur ne m'avait pas séduite.



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Avril brisé

Un roman de vengeance digne d’une fantasy médiévale.



En Albanie au début du vingtième siècle, la « Kanun » régit la vie sur les hauts plateaux. Une partie de ce code concerne le sang, l’obligation de venger un meurtre qui fait que des familles s’entretuent depuis plusieurs générations. Et aujourd’hui, c’est au tour de Gjorg de tuer Zef Kryeqyqe, l’assassin de son frère. Et quand ce sera fait, il deviendra la prochaine cible…



En parallèle, un écrivain a amené sa jeune épouse en voyage de noces dans cette région à la nature pourtant hostile en cette saison. L’homme s’intéresse depuis longtemps aux légendes et aux textes du Kanun et explique ce qui se passe à sa femme (et aux lecteurs…).



Un troisième personnage aura voix au chapitre : l’intendant de sang. Car on apprendra qu’en plus de s’entretuer, les paysans doivent payer un impôt sur chaque meurtre… Une source de revenus appréciable pour le prince!



Ce premier contact avec la littérature albanaise m’a tout à fait déstabilisée. C’est un roman qui dérange, car le « Kanun » n’est pas une invention de l’imagination fertile de l’auteur, c’était la réalité, du moins à l’époque du roman, une terrible réalité…

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