AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de J.-H. Rosny aîné (251)


Le dernier mammouth ne fût pas contemporain de celui dont on découvrit la dépouille dans les glaces de la Sibérie et qui vécut il y a environ dix mille ans. Le dernier mammouth est mort exactement le 19 mai 1899. Je parle avec certitude, puisque je l'ai vu trépasser...et que je lui dois ma fortune !
Commenter  J’apprécie          60
Ils ont la jeunesse d'un monde qui ne reviendra plus. Tout est vaste, tout est neuf...Eux-mêmes ne sentent jamais la fin de leur être, la mort est une fable effrayante plutôt qu'une réalité. Ils la craignent brusquement, dans les moments terribles ; puis elle s'éloigne, elle s'efface, elle se perd au fond de leurs énergies.
Commenter  J’apprécie          130
Il lui semblait être la vie souveraine du monde. Il tournait lentement autour de la bête rouge, il allongeait la main vers elle, il exposait sa poitrine à cette caresse depuis si longtemps perdue. Puis il murmurait encore, dans le ravissement et dans l'extase :
- Naoh est le maître du Feu !
Commenter  J’apprécie          70
Le lion géant sentait une fois de plus la faiblesse de sa force. La proie sans nombre palpitait au fond des fourrés et des clairières, et, pourtant, chaque jour, il lui fallait craindre la famine. Car il portait avec lui son atmosphère : elle le trahissait plus sûrement que sa démarche, que le craquement de la terre, des herbes, des feuilles et des branches. Elle s'étendait, acre et féroce ; elle était palpable dans les ténèbres et jusque sur la face des eaux, elle était la terreur et la sauvegarde des faibles.
Commenter  J’apprécie          140
Aghoo veut conquérir le Feu. Il ira avec ses frères guetter les ennemis par-delà le fleuve. Et il mourra par la hache, la lance, la dent du tigre, la griffe du lion géant ou il rendra aux Oulhamr le Feu sans lequel ils sont faibles comme des cerfs ou des saïgas.
Commenter  J’apprécie          50
Sa poitrine s'enfla, ses bras se raidirent : une lueur persistait sur une des brindilles. Alors, soufflant avec prudence, il fit grandir la flamme : elle dévora sa faible proie, elle saisit les hautes herbes... Et Naoh, immobile, tout haletant, les yeux terribles, connut une joie plus forte encore que lorsqu'il avait vaincu la tigresse, pris le feu aux Kzamms, fait alliance avec le grand mammouth et abattu le chef des Nains Rouges. Car il sentait qu'il venait de conquérir sur les choses une puissance que n'avait possédée aucun de ses ancêtres et que personne ne pourrait plus tuer le Feu chez les hommes de sa race.
Commenter  J’apprécie          40
-- Mais vous ? répéta-t-il ?
Dans la lueur bleuâtre, elle eut un mélancolique sourire :
-- Ils ne m'ont pas encore fait de mal!... Leurs actes me sont incompréhensibles. Je suis aux mains de leurs sorciers. Par moments, on dirait qu'ils me rendent un culte... d'autres fois, ils sont menaçants... Je ne sais pas. J'attends quelque chose d'horrible.
Commenter  J’apprécie          00
Mais une mélancolie terrible pénétrait jusqu'à la moelle de ses os. Elle se sentait étrangère parmi les siens, chargée d'un secret honteux, que les autres ne pourraient pas même concevoir... Quelque chose s'éveillait par les soirs immenses, qui faisait d'elle, à ses propres yeux, un monstre fantastique. Elle attendait dans la sylve cruelle, la venue de l'homme, de la bête immonde, un affreux désir passait dans son corps innocent et voluptueux. Désespérée et brûlante, elle refusait et désirait, un jet de flamme la pénétrait, dont elle avait tellement honte qu'elle se mettait à pleurer. Ainsi, le mystère horrible demeurait en elle, mêlé aux battements de son cœur et aux plus intimes retraites de sa pensée...

Les hommes sangliers
Commenter  J’apprécie          20
Chaque jour, les Hommes-des-Eaux noirs venaient en députation sur notre île ; les nôtres leur rendaient visite sur la grande île la plus voisine, où ils avaient établi leur campement. Les jeunes gens des deux races continuaient à organiser des fêtes. L'animation avait grandi ; les nuits se passaient en rondes, en grands ballets aquatiques au clair de la lune décroissante.
Commenter  J’apprécie          20
- Vous m'avez accablé ! Tout ce que vous venez de dire paraît désespérément lucide, et ai-je bien le droit de douter après ce que déjà vous m'avez appris de merveilles ?
- Doutez, lui dis-je avec chaleur, doutez hardiment... Vos expériences n'en seront que plus fécondes !
Commenter  J’apprécie          30
Lorsque les trois hommes virent le brasier du soleil descendre vers les ténèbres, ils conçurent la même angoisse secrète qui, dans le vaste pays des arbres et des herbes, agite les herbivores. Elle s’accrut quand leurs ennemis reparurent. La démarche du lion géant était grave, presque lourde ; la tigresse tournait autour de lui dans une gaieté formidable. Ils revinrent flairer la présence des hommes au moment où croulait l’astre rouge, où un frisson immense, des voix affamées s’élevaient sur la plaine : les gueules monstrueuses passaient et repassaient devant les Oulhamr, les yeux de feu vert dansaient comme des lueurs sur un marécage. Enfin le lion-tigre s’accroupit, tandis que sa compagne se glissait dans les herbes et allait traquer des bêtes parmi les buissons de la rivière.
De grosses étoiles s’allumèrent dans les eaux du firmament. Puis l’étendue palpita tout entière de ces petits feux immuables et l’archipel de la voie lactée précisa ses golfes, ses détroits, ses îles claires.
Gaw et Nam ne regardaient guère les astres, mais Naoh n’y était pas insensible. Son âme confuse y puisait un sens plus aigu de la nuit, des ténèbres et de l’espace. Il croyait que la plupart apparaissaient seulement comme une poudre de brasier, variables chaque nuit, mais quelques unes revenaient avec persistance. L’inactivité où il vivait depuis la veille mettant en lui quelque énergie perdue, il rêvait devant la masse noire des végétaux et les lueurs fines du ciel. Et dans son coeur quelque chose s’exaltait, qui le mêlait plus étroitement à la terre. (p. 92)
Commenter  J’apprécie          10
La vie du Feu avait toujours fasciné Naoh. Comme aux bêtes, il lui faut toujours une proie : il se nourrit de branches, d’herbes sèches, de graisse ; il s’accroît ; chaque Feu naît d’autres Feux ; chaque Feu peut mourir. Mais la stature d’un Feu est illimitée, et, d’autre part, il se laisse découper sans fin ; chaque morceau peut vivre. Il décroît lorsqu’on le prive de nourriture : il se fait petit comme une abeille, comme une mouche, et, cependant, il pourra renaître le long d’un bin d’herbe, redevenir vaste comme un marécage. C’est une bête et ce n’est pas une bête. Il n’a pas de pattes ni de corps rampant, et il devance les antilopes ; pas d’ailes, et il vole dans les nuages ; pas de gueule, et il souffle, et il gronde, il rugit ; pas de mains ni de griffes, et il s’empare de toute l’étendue… Naoh l’aimait, le détestait et le redoutait. Enfant, il avait parfois subi sa morsure ; il savait qu’il n’a de préférence pour personne – prêt à dévorer ceux qui l’entretiennent – plus sournois que la hyène, plus féroce que la panthère. Mais sa présence est délicieuse ; elle dissipe la cruauté des nuits froides, repose des fatigues et rend redoutable la faiblesse des hommes. (p. 78)
Commenter  J’apprécie          10
C'était vers le tiers de la nuit .Une lune blanche comme la fleur du liseron sillait le long d'un nuage .Elle laissait couler son onde sur la rivière, sur les rocs taciturnes, elle fondait une à une les ombres de l'abreuvoir .Les mammouths étaient repartis ...
Commenter  J’apprécie          10
Le soir vint. Avec une lenteur auguste les univers du coloris moururent sur le couchant et Vamireh tressaillit en voyant sa compagne s'incliner, étendre les bras vers l'horizon et parler au disque du soleil.
Commenter  J’apprécie          00
Puis, la terre laissa prospérer l'homme : son règne fut le plus féroce, le plus puissant -- et le dernier. Il fut le destructeur prodigieux de la vie. Les forêts moururent et leurs hôtes, sans nombre, toute bête fut exterminée ou avilie. Et il y eut un temps ou les énergies subtiles et les minéraux obscurs semblèrent eux-mêmes esclaves ; le vainqueur capta jusqu'à la force mystérieuse qui a assemblé les atomes.
Commenter  J’apprécie          10
Naoh prit la première veille. Tout son être aspirait la nuit. Il était une forme merveilleuse, où pénétraient les choses subtiles de l'Univers : par sa vue, il captait les phosphorescences, les formes pâles, les déplacements de l'ombre et il montait parmi les astres ; par son ouïe, il démêlait les voix de la brise, le craquement des végétaux, le vol des insectes et des rapaces, les pas et le rampement des bêtes ; il distinguait au loin la glapissement du chacal, le rire de l'hyène, la hurlée des loups, le cri de l'orfraie, le grincement des locustes ; par sa narine pénétrait le souffle de la fleur amoureuse, la senteur gaie des herbes, la puanteur des fauves, l'odeur fade ou musquée des reptiles. Sa peau tressaillait à mille variations ténues du froid et du chaud, de l'humidité et de la sécheresse, à toutes les nuances de la brise. Ainsi vivait-il de ce qui remplissait l'Espace et la Durée.
Cette vie n'était point gratuite, mais dure et pleine de menace. Tout ce qui la construisait pouvait la détruire ; elle ne persisterait que par la vigilance, la force, la ruse, un infatigable combat contre les choses.
Commenter  J’apprécie          110
-Helvgor !
Il arrivait des solitudes démesurées .Et malgré sa peine , malgré sa faiblesse , elle connu la joie insondable de ne plus être seule. Le monde se peuplait dans toutes ses plaines , ses sylves et ses eaux ;une force était venue , aussi douce que la caresse du matin.
Commenter  J’apprécie          10
Le grand fauve ne manifestait plus de colère , ni même d'impatience .L'odeur du jeune guerrier lui devenait familière et ne troublait plus même son sommeil.Quand il ne dormait point , il lui arrivait de se dresser contre la fente et ses prunelles de feu discernaient confusément la stature et le visage de l'homme.
Après quelque temps , le Fils de la terre lui dit:
-Aoûn et Zoûhr ne sont pas les ennemis du lion des rocs!
Commenter  J’apprécie          10
[Naoh] était l'émanation de la race ,la puissance humaine devant le mystère cruel de l'Univers , le refuge qui les abriterait , tandis qu'ils lanceraient le harpon ou abattraient la hache.Et , parfois, lorsqu'il marchait devant eux , dans l'ivresse du matin,joyeux de sa stature et de sa grande poitrine ,ils frémissaient d'une exaltation farouche et presque tendre , tout leur instinct épanoui vars le chef comme le hêtre vers la lumière.
Commenter  J’apprécie          20
Il s’élevait une colline, il se creusait une combe; une mare stagnait, pullulante d'insectes et de reptiles; quelque roc erratique dressait son profil de mastodonte; on voyait filer des antilopes, des lièvres, des saïgas, surgir des des loups ou des chiens, s'élever des outardes ou des perdrix, planer des ramiers, les grues et les corbeaux; des chevaux, des hémiones et des élans galopaient en bandes.
Commenter  J’apprécie          60



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de J.-H. Rosny aîné (1200)Voir plus

Quiz Voir plus

La gloire de mon père

Ou est né Marcel?

Aubagne
Marseille
St Loup

15 questions
914 lecteurs ont répondu
Thème : La gloire de mon père souvenirs d'enfance i de Marcel PagnolCréer un quiz sur cet auteur

{* *}