AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Citations de Jacques Josse (55)


Les gens du cru se sont mêlés à ceux de sa bibliothèque. D'autres présences, plus secrètes, ont circulé dans son crâne. Une nuit, sa mère morte a même réussi à s'extraire des limbes. Porteuse d'histoires du siècle passé, elle est venue bercer cet enfant hors d'âge, désormais plus vieux qu'elle, en posant des lèvres de terre sur ses joues creuses. Elle était accompagnée d'un corbeau blanc. Celui-ci, perché sur son épaule, ne cessait de peigner, du bout du bec, les cheveux de la vieille.
p61
Commenter  J’apprécie          280
Parmi eux se trouvait sa mère, l'ancienne égérie des corps éteints, ex-passeuse des frontières invisibles, habituée à tamponner des passeports imaginaires du bout des doigts.
p66
Commenter  J’apprécie          280
Il interpelle tel ou tel autre énergumène bercé par d'extrêmes roulis. A commencer par Chateaubriand, le vénéré dormant couvert de terre, d'argile, de fientes, de rocaille et d'ajoncs qui, à moins d'un brusque raz-de-marée, gîtera longtemps encore au cœur du Grand Bé.
p49
Commenter  J’apprécie          280
Gaston Criel, le poète de Swing et de la Grande Foutaise, l'ancien secrétaire de Gide fut, entre autres, au milieu des années quatre-vingt, barman de nuit à La Voix lactée à Valenciennes.

p55
Commenter  J’apprécie          250
Elle n'a pas souffert, dit-il.
La lune s'est simplement posée sur son visage.
Commenter  J’apprécie          183
J'aborde la ville aux premières lueurs de l'aube. C'est à cet instant que je la retrouve. Avec ses silences, ses gestes retenus, ses voiles flous qui glissent autour d'elle sans pour autant toucher terre. Je la frôle, de biais, en buvant un café face à la fenêtre... La séquence reste infiniment marquée du sceau des habitudes... .
Ce que j'esquisse (et vois) n'est que simple contact à travers les carreaux pour vérifier la présence du vent et des nuages ... La bruine est ordinaire, grise, striée, coupante. Comme chaque jour, je distingue, dans la pénombre du ciel qui tire son interminable rideau de flotte sous le halo des réverbères, les éléments d'un décor qui m'est peu à peu devenu familier. Celui-ci court du quartier Italie aux toits des maisons basses - celles des « Castors» - de la Binquenais pour finir au ras du boulevard Oscar Leroux où je me retrouve, hébété et à moitié essoufflé, vingt minutes plus tard, après avoir dévalé les marches blanches de l'escalier qui mène au dehors, à une heure où rien ne bouge alentour.
Commenter  J’apprécie          150
La mort toute blanche, différente et malicieuse, rôdait constamment aux abords du village. Elle logeait dans les pupilles de la pie, sous le balai déplumé de la ménagère, dans les plis du drap sur le fil. quand elle posait ses sabots sur le seuil d'une maison, on savait qu'elle avait choisi sa cible. Que le linge au vent ne tarderait plus à devenir linceul.
Commenter  J’apprécie          120
Peu après la fin de la cérémonie, la foule ondule et se met en marche. Elle suit le cercueil en route vers le cimetière où Marco va retrouver le grand-père Sotero. C'est la fin de son parcours terrestre. L'ultime échappée du rebelle. L'heure des adieux au feu follet dont l'ombre viendra peut-être encore danser, de temps à autre, certaines après-midis d'été, sur le revêtement rugueux des lacets en épingle qui montent à pic vers les pointes aiguisées des cols de La Croix de Fer, du Stelvio ou du Mortirolo.
Commenter  J’apprécie          110
Il dit son plaisir de pouvoir voltiger ainsi en haute montagne. Quand il porte son corps vers les cimes, centimètre après centimètre, il éprouve d'étranges sensations, comme s'il devenait de plus en plus léger. Il dit qu'à force d'effleurer ces pentes millénaires chauffées à blanc, il lui arrive bien sûr de devoir parfois courber l'échine. Il explique, les yeux perdus, emplis de cette tristesse et de cette mélancolie qui ne le quittent jamais, qu'hier fut pourtant un jour de galère.
Commenter  J’apprécie          100
Appelé à la hâte, et accouru sur place en pleine nuit pour bénir la ruisselante dépouille, l'abbé Moro, curé de Plérin, fut le premier à tiquer. Il avança deux doigts, tenta l'onction mais ne put s'y résoudre. Après un bref mouvement de recul, il préféra planquer la burette contenant les dix centilitres d'huiles saintes sous sa soutane.
Il venait de comprendre que le noyé à la poitrine gorgée d'eau salée n'était récupérable pour personne. Le bénir ou pas ? C'était de toute évidence à l'évêque de trancher
Pour l'heure, la sagesse ordonnait de le laisser, corps et âme, reposer en paix.
Commenter  J’apprécie          100
Je suis de retour, dit-il à l'homme qui l'invite à prendre place sur le divan. Je rentre après deux siècles d'errances. Mon périple est parsemé de fines poussières. J'ai longuement marché, une bougie à la main, de hameaux déserts en zones désaffectées, avançant entre les murs de suie et des troncs d'arbres calcinés. Tout autour, le chant des grillons peuplait la nuit. Au loin, l'enfant que je fus jadis pleurait apeuré dans le lit froid où ont dormi tant de morts.
Je suis sans âge, couvert de cendre, contraint de traverser les générations pour souffler sur les braises de la mémoire familiale.
Commenter  J’apprécie          70
Au printemps, quand il nous guidait vers les hauteurs, sur les collines à l’écart de la ville, quand il s’arrêtait près des granges et des fermes bâties en pisé, il faisait montre d’une même admiration envers les hirondelles qui voletaient au-dessus de nos têtes. Il était subjugué par leur joie de vivre et leur énergie. Il expliquait qu’elles possédaient, elles aussi, un imparable radar intérieur et une redoutable résistance physique. Pesant à peine vingt grammes et ne mesurant pas plus de quinze centimètres, elles avaient parcouru dix mille kilomètres, en se nourrissant et en dormant en vol, pour rejoindre un lieu précis, celui où nous vivions, qui était également le lieu de leur naissance. Il nous hissait sur ses épaules et nous incitait à scruter leurs nids. Il détaillait leur coupe et leur minutieuse construction, faite de brindilles cimentées par de la boue à laquelle s’ajoutait leur propre salive.
Commenter  J’apprécie          71
« Il s’entraîne tous les jours. À l’ancienne. À la dure. Sept heures d’affilée. Il se fait mal. Bouffe du vent. Affronte la pluie, le grésil, la neige. Monte le plus haut possible. Se fout des parois glacées qui craquent. Prépare sa saison tout en broyant du noir. Se sent traqué. Visé. Condamné à en baver. Mis à l’index pour l’exemple. Début mai, il apprend que son équipe n’est pas retenue pour participer au prochain Tour de France. Il se focalise sur le Giro d’Italie. Non sans remarquer que les années impaires ne lui sont que rarement favorables. »
Commenter  J’apprécie          70
Je lisais trop vite. Je sautais d'un livre l'autre selon l'envie, l'humeur, l'instinct et l'attention du moment. J'entrouvrais des portes d'un coup sec et réussissais parfois à distinguer une silhouette incertaine au détour d'une enfilade de couloirs.

Je repérais là-bas, qui avançait dans le froid, longeant des barbelés, sur les rives du Don, le chasseur alpin Mario Rigoni Stern et, plus éloignée encore, qui s'abritait sous un porche dans le vieux Prague, la silhouette râblée de l'ancien chef de gare et compresseur de papiers usagés Bohumil Hrabal. J'espérais débusquer bientôt de nouvelles traductions pour envisager de plus intenses périples avec eux. (p.85)
Commenter  J’apprécie          70
Regard collé sur le bitume, ou bien lancé en hauteur, entre le ciel et la cime des arbres, chacun s'évertue à suivre l'ombre de celui qui le précède. Parfois leurs yeux lâchent le décor pour venir se fixer sur le cercueil acajou qui trône à l'arrière du véhicule. Caresser le bois d'un revers de cils éveille en eux quelques désirs de braises. A placer sous le fagot des souvenirs. Derrière lesquels ils se planquent pour glisser un salut furtif à l'endormi...
Commenter  J’apprécie          50
Son visage s'est un peu creusé. Il dégage une certaine plénitude. Il est toujours aussi peu bavard mais ne se laisse pas intimider. On le respecte. On sait qu'il en a bavé pour revenir. Qu'il a douté bien plus qu'il ne le dit. Son image s'est à nouveau transformée. Il y a, outre son crâne chauve et bronzé, ce nouvel anneau argenté qui brille à son oreille percée. Il s'est fait tatouer un diablotin sur l'épaule, en hommage à la mascotte de l'équipe de football du Milan A.C., et un papillon sur la poitrine. Il porte de temps à autre un bouc au menton. On l'appelle depuis peu il Pirata. Cela lui plaît.
Commenter  J’apprécie          50
"Dans un quart d'heure, les débats seront clos. La Taille aura rejoint les autres au cimetière. L'église sera vide. Les statues vivront leur vie. Les saints voleront. Dieu piquera du nez. Et nous, nous serons tous bien alignés chez Pedro, en train de lever le coude dans la bonne direction", murmure-t-il en fronçant les sourcils.
Commenter  J’apprécie          50
Dehors, le vent soufflait. Le bleu du ciel perçait. La fumée partait vers l’ouest. Elle flottait avec légèreté au-dessus des prairies et des vallées. Elle s’en allait vers l’océan. Passait, en frôlant la cime des arbres, à proximité de la rivière. Survolait le bourg, la fontaine, le cimetière et glisserait bientôt au-delà de la falaise pour s’aventurer vers le grand large avant la tombée de la nuit, portant en elle la part la plus secrète d’un voyageur ordinaire mais empêché.
Commenter  J’apprécie          40
Les seuls bruits perceptibles sont ceux produits par le chuintement des boyaux sur l'asphalte. Tout va très vite. On entend à peine le glissement régulier des chaînes s'enroulant autour des pédaliers. Et çà et là, quelques crissements de freins. Ces sons familiers pénètrent dans un silence ouaté qui est subitement rompu par un fracas métallique. Puis par un autre et par un autre encore. Des vélos se couchent et s'empilent. Des hommes gisent, plaqués au sol à la sortie d'un virage.
Commenter  J’apprécie          40
Eugène. Son œil unique râpe le délirium sur le bord d'une assiette. Il a des croûtes dans le pull et la casquette sous le coude. Un écran de bouteilles vides déforme sa tronche ravalée au 12,5°. Il mégote. Il harangue sa femme. Il aboie, à l'adresse de son fils qu'il veut tuer : "Souviens-toi de........................................................................................................................................................................... Un an plus tard, Eugène sera guéri. La preuve ? Il a accroché une corde à la poutre. Puis la poutre au plafond. Et le plafond au ciel.
Commenter  J’apprécie          40



Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Jacques Josse (64)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Harry Potter (difficile:1-7)

De quoi la famille Dursley a-t'elle le plus peur?

des voisins curieux
des hiboux
de Harry
de tout ce qui peut les faire paraître étranges

20 questions
8149 lecteurs ont répondu
Créer un quiz sur cet auteur

{* *} .._..