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Citations de James A. Michener (86)


Comme la plupart de ses amis, dont les parents étaient athées ou carrément anticléricaux, llana Hacohen ne portait pas un prénom biblique. Le sien voulait dire arbre, et rappelait l'ancienne Terre promise. D'autres jeunes filles portaient des prénoms évocateurs tels qu'Aviva (la source) ou Ayelet (le faon), Talma (le sillon) tandis que les garçons s'appelaient Dov (lours), Arieh (le lion) ou Dagan (a céréale). lana était bien décidée, si Gottesmann et elle avaient des enfants, à ce quil n'y ait parmi eux ni de Sarah ni de Rachel, d'Abraham ni de Mendel, ni aucun autre prénom biblique ou à consonance d'Europe orientale. En fait, elle ne reprochait qu'une chose à son mari, c'était qu'il tint à son prénom allemand, Isidore, qui ne convenait pas, à son avis, à un Juif moderne. Aussi ne l'appelait-elle jamais que Gottesmann, même dans l'intimité.
Ces filles et ces garçons délivrés des rigides contraintes de la religion aimaient cependant leur Bible d'un amour profond et s’ils repoussaient les rites et la religion, ils professaient un autre culte, tout aussi exigeant : ils étaient fanatiquement dévoués à la cause d'un État d'Israël libre fondé sur la justice sociale. Il n'y avait pas de communistes à Kefar Kerem, et certains penchaient au contraire pour le capitalisme qui permettait à tout homme de s'enrichir, mais cela n'empêchait pas qu'il y régnât un authentique esprit communautaire. Presque tous disaient, comme Ilana : «Notre maison n'est pas vraiment à nous. Elle appartient à la communauté et si nous partons quelqu'un d'autre s'y installera, ce qui sera justice. Je travaille dans les vignes et j'en parle comme si elles étaient à moi, mais elles appartiennent à la communauté aussi, et si je pars d'autres mains cueilleront les raisins. L'essentiel, c'est que la terre continue ! »
C'était cela, la profonde mystique du groupe : la terre doit continuer. «Il y a quatre mille ans, des Juifs vivaient sur cette terre, aimait à répéter Ilana, et je suis fière d'être un maillon de cette chaîne. Quand je ne serai plus là, d'autres Juifs vivront sur notre terre pour quatre mille ans encore. C'est la terre qui importe. »
La terre était le but suprême, la Terre promise, la Terre de Chanaan et d’Israël, les champs de jadis donnés par Dieu à Nephtali, Issachar et Manassé.
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Le kaimakam Tabari avait une seule et unique règle administrative, qui était fort bien comprise de ses sujets : tout était à vendre à Tubariyeh. Si un jeune Arabe était appelé à faire son service militaire, il ne pouvait se dérober, mais si son père était riche et savait soudoyer le kaimakam, on trouvait une excellente raison de le réformer. Les Juifs étrangers n'avaient sous aucun prétexte le droit de posséder de la terre dans les secteurs arabes, sous peine d'amendes sévères, de prison et parfois même de mort ; mais si un Juif distribuait assez de bakchich, il pouvait acheter sa terre. Lorsque le cadi condamnait un coupable, il était secrètement entendu entre le cadi et le kaimakam que le premier prononcerait une sentence excessive ; le coupable pouvait alors faire appel à la miséricorde du second, et s'il était assez riche, il était acquitté. Pour la délivrance du moindre papier officiel, il existait un barème de bakchich, et pour la justice, que ce fût à la cour civile du cadi ou au tribunal religieux du mufti, quiconque en avait les moyens pouvait faire rendre le verdict de son choix par le kaimakam.
Naturellement, le gouverneur n'empochait pas tout le revenu qui affluait ainsi. Il payait généreusement ses subordonnés, et il partageait les pots-de-vin avec le cadi et le mufti.
De plus, il était tenu d'envoyer régulièrement des bakchichs à Beyrouth ou à Acre. Il était donc évident que ces prévarications saignaient à blanc la population de Tabariyeh, et qu'il ne pouvait rester d'argent pour construire des écoles, des hôpitaux, des égouts ou une prison où l'on ne mourrait pas en quelques semaines. Il n'y avait pas d'adduction d'eau, pas de police, à part la garde du gouverneur, et pas de pompiers. Il y avait le mur, qui faisait échec aux Bédouins, et un aimable kaimakam souriant qui s'efforçait d'« arranger » les affaires de ses administrés.
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Rabbi Zaki voulait croire ce que ses oreilles entendaient, mais il avait peur. Devant ses yeux, il ne voyait pas Rabbi Éliézer, mais son aigre fille Sarah, qui ne faisait rien pour cacher la déception que lui avait causée son bel Espagnol, si séduisant pour toutes les autres femmes de Safed. Zaki devinait bien que le désenchantement de Sarah venait de l'antique problème évoqué dans la Torah avec une franchise désarmante : « Les devoirs conjugaux auxquels la Torah soumet les maris sont les suivants: tous les jours pour ceux qui sont sans travail, deux fois par semaine pour les travailleurs, une fois par semaine pour les muletiers qui conduisent des caravanes sur de courtes distances, une fois tous les trente jours pour les chameliers qui mènent des caravanes sur de plus longues distances, et une fois tous les six mois pour les marins, mais les disciples des sages qui étudient la Torah peuvent rester éloignés de leur femme pendant trente jours. »
Rabbi Zaki se disait que le Dr Abulafia était âgé, il avait soixante-six ans, et s'il connaissait des ennuis, pourquoi lui-même, qui n'était pas non plus un jeune homme, serait-il épargné ?
Avec une grande simplicité Zaki répondit à Rabbi Éliézer:
- Rabbi, j'ai peur d'épouser votre fille.
— Je suis certain que ma fille devine tes craintes, répondit affectueusement l'Allemand, mais elle estime que pour ces choses Dieu nous guide. Elle consent à courir le risque. Elle tient à t'épouser.
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En ce temps-là, dans les petites villes comme Gretz, les Juifs vivaient à peu près comme bon leur semblait. Quelques fanatiques protestaient parfois contre cette promiscuité entre Juifs et catholiques, mais nulle mesure discriminatoire n'avait encore été promulguée et un banquier distingué comme Simon Hagarzi pouvait être reconnu comme un citoyen important, une notabilité de la ville. Sa belle maison était un lieu de réunions aimables que fréquentaient des bourgeois et même le seigneur en personne, qui venaient davantage deviser qu'emprunter de l'or.
Les Juifs étaient devenus prêteurs sur gages à la suite d'une différence d'interprétation de deux textes de la Bible par les chrétiens et par les Juifs. Les catholiques s'en tenaient à la lettre du strict commandement de l'Exode qui stipulait : « Si tu prêtes de l'argent à quelqu'un de mon peuple, au pauvre qui est avec toi, tu ne te comporteras pas à son égard comme un usurier : tu n'exigeras pas de lui des intérêts. » Les catholiques pensaient que cela signifiait qu'un chrétien - sous peine d'excommunication ou de mort - ne devait pas prêter de l'argent avec intérêts, et cette loi arrivait au moment précis où le commerce commençait à prendre de l'extension et où il devenait indispensable d'emprunter certaines sommes pour financer diverses entreprises. Que faire ? Les catholiques découvrirent alors que les Juifs, plus fidèles au Deutéronome qu'à l'Exode, s'en tenaient aux instructions de Moïse qui leur avait recommandé : « tu n'exigeras de ton frère aucun intérêt, ni pour de l'argent, ni pour des denrées, ni pour aucune chose que l'on prête à intérêt. Tu pourras exiger un intérêt de l'étranger. » Ainsi, à l'instigation des chrétiens, un curieux pacte avait été conclu : les chrétiens régneraient sur le monde mais les Juifs le financeraient. Ils eurent ainsi le monopole de la banque et il devint normal que même des cardinaux ou des évêques allassent emprunter aux Juifs, tout comme les marchands. De cette manière, des Juifs comme Simon Hagarzi de Gretz s'enrichirent.
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À Damas, surpris par les querelles intestines des chrétiens - et désirant aussi continuer d'attirer les pèlerins chrétiens car ils apportaient beaucoup de richesses - Abd Omar avait voulu étudier de près les chrétiens et leur religion; il avait réuni le plus de documentation possible, fournie par des espions ou les chefs des diverses Églises de Damas et de la nouvelle Tabaryyah. Il était encouragé dans cette tâche par des paroles que lui avait dites un jour Mahomet : « Il n'est que trois religions permises - le judaïsme, le christianisme et la nôtre - et elles ne sont acceptables qu'en cela qu'elles se fondent toutes sur un Livre que Dieu en personne leur a transmis. » Le Prophète avait expliqué que les Juifs avaient leur Vieux Testament, transmis par Moise, et les chrétiens leur Nouveau, transmis par Jésus-Christ, mais les Arabes avaient le Coran, et comme ce dernier résumait l'essentiel des deux premiers, ceux-là n'étaient donc plus nécessaires.
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Abd Omar était trop jeune pour avoir été un ami de Mahomet, mais il l'avait connu assez intimement pour avoir été imprégné de son enseignement - une leçon en cinq points, la plus simple qui fût: les anciens dieux étaient morts ; il n'y avait qu'un seul Dieu; il avait été découvert par les Juifs; il avait envoyé son grand prophète Jésus-Christ pour révéler sa parole; et maintenant il envoyait le prophète final, Mahomet, pour la compléter. Mais chaque fois qu'Abd Omar avait entendu prêcher le Prophète, il avait remarqué qu'il insistait surtout sur un fait précis, à savoir qu'il n'était pas venu d'Arabie avec une nouvelle et bizarre doctrine, mais qu'il était simplement le complément et la synthèse de ce que les Juifs et les chrétiens avaient commencé.
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La discussion en était là lorsque Rabbi Asher, maintenant un des plus vénérables membres du groupe, proposa la règle qui devait guider les rabbins :
— Dieu nous a demandé de partager cette terre avec une jeune secte de sa religion. Les enfants qui deviennent des adultes, nous les traitons avec respect et dignité. Faisons de même avec ce nouveau mouvement. Doucement, avec de la douceur.
De tous les sages présents ce jour-là, seuls les Babyloniens parlaient du christianisme comme d'une nouvelle religion ; tous les autres ne voyaient là qu'un autre de ces mouvements dissidents du judaïsme, semblable aux Esséniens ou aux Ébionites.
Au mieux, ils comparaient les chrétiens aux Samaritains : des Juifs qui ne reconnaissaient que la Torah et refusaient de croire à l'inspiration divine du reste de l'Ancien Testament. Le rabbin de Biri exprima ainsi la pensée générale :
— Les Samaritains ont coupé notre saint livre en deux, alors que les chrétiens l'allongent en y ajoutant un nouveau livre bien à eux. Au fond, tout cela demeure du judaïsme.
Ce fut dans un état d'esprit troublé que Rabbi Asher dit au revoir, pour la dernière fois, aux sages de Tverya. Ignorant qu'il ne reverrait plus jamais ses collègues, il partit sans s'arrêter pour jeter un dernier regard sur la treille à l'ombre de laquelle le Talmud s'élaborait, ni sur les visages barbus qui avaient si ardemment discuté avec lui durant les vingt-deux dernières années.
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De retour sous sa tente, dans le verger d'oliviers, Vespasien demanda à ses généraux :
— D'où ces Juifs tirents-ils leur arrogance?
- Ils ont toujours été entêtés, lui dit Trajan. Ils ne demandent que peu de choses, mais pour ces quelques choses, ils sont inébranlables.
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Un enfant qui sait lire tombe tôt ou tard sur un livre qui lui donne des idées et, avec des idées on arrive pratiquement à tout
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Rien n’est aussi permanent qu’un accord temporaire
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Moi, j'étais fasciné par ce type qui semblait rendre tout le monde heureux autour de lui, et je le suivais partout comme son ombre, cherchant à comprendre comment il s'y prenait et quels étaient ses secrets. Il répondait à mes questions sans manifester la moindre impatience, et un jour, il me dit : Le secret des secrets, Kenny, c'est que les gens sont très seuls. Ils ont besoin d'amis. Ils ont besoin de parler avec leurs voisins, de rire et de faire les pitres. Mais tout seuls, ils n'en sont pas capables.
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Chaque fois les Polonais obstinés reconstruisirent, car l'amour de leur pays était enraciné dans leur âme, même s'ils n'avaient pas encore trouvé un moyen de le protéger.
Ils réussirent même à illustrer ces invasions horribles par une des plus belles légendes dorées de l'histoire européenne. Au cours d'une attaque de Cracovie, les Tatars rampèrent au pied des murailles à minuit et ils auraient capturé la ville si un trompette, depuis la tour de guet, n'avait sonné de son instrument pour réveiller les défenseurs. Mais, quand il voulut sonner à nouveau, un archer tatar, d'une flèche en pleine gorge, le réduisit au silence.
Depuis lors, toutes les heures, sur la grand-place de Cracovie, la même sonnerie de trompette retentit du haut de la tour. Et au moment où se dessine la mélodie, la trompette s'arrête. La flèche a atteint son but.
Depuis cette nuit-là, il y a sept cents ans, des milliers, des millions d'hommes et de femmes sont venus sur cette place écouter le trompette de Cracovie, et , entendant ce bref avertissement plein de courage, plus d'un s'est sans doute juré "Quand les Tatars reviendront, je serai prêt."
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C'est difficile quand le monde change... quand l'ancien meurt mais qu'on ne peut pas encore voir le nouveau.
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Un homme nu ne vaut pas beaucoup plus qu'une femme ne, mais il est plus facile à cacher.
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Le bien le plus sacré d'un homme est sa langue maternelle.
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Il semble désormais mille fois prouvé qu’on peut sauver des vies en recherchant les cellules cancéreuses infiltrées dans le système glandulaire et en les détruisant, que ce soit par la chirurgie, la radiothérapie ou la chimiothérapie. Il n’est pas de mot plus redoutable, lorsqu’on traite du cancer, que celui de métastase. Si des cellules atteintes parviennent à s’échapper et à attaquer d’autres organes, et si on leur laisse le temps de s’implanter et de se multiplier, il n’y a plus d’espoir.
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Les gens apprécient une alimentation simple et saine, bien préparée, avec beaucoup de légumes verts et des produits à faible taux de cholestérol. Je me suis donc dit qu’il serait bon de supprimer les glaces, trop riches en graisses, et les remplacer par des yaourts, qui sont vraiment le dessert le plus sain qui se puisse trouver.
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L’horaire actuel est un compromis entre les désirs des uns et des autres. Il marche. Imparfaitement, certes, mais il marche. Alors, par pitié, ne touchez pas au nid de frelons !
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Nous sommes bien les jouets du destin. Tant de choses, dans nos vies, sont le fait du hasard et de la chance ! J’ai encore les photographies de mes deux tours de batte victorieux. On y voit Horsby manquant la balle de deux ou trois centimètres. À trois centimètres près, je pouvais devenir clochard, ou champion. C’est le hasard qui décide de tout.
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Les faits parlent d’eux-mêmes. Si tu joues les modestes, ils n’en paraîtront que plus extraordinaires.
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