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Citations de James Noël (61)


Certains poèmes d'amour sont à lire la nuit pour que leurs effets soient pleinement ressentis dans le corps comme un thé vert japonais, une concoction de datura, ou bien encore une drogue douce, l'effet d'une drogue douce que procure la poussière d'une ville sous la pluie.
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Poussière d’étoile


Mille fois
plus que mille fois
vaut mieux être une luciole
rien qu’une luciole
pour élucider dans la nuit
l’éloquence fine d’un grain de poussière
qui attend sa révolution de jour
avec le vent qui arrive
à bout de souffle
charriant dans la gueule
son champ de paraboles du semeur

mille fois
vaut mieux être une luciole
qu’une étoile filante
fiancée à sa chute
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Un jour les muses …


Un jour les muses poseront nues
pour les poètes
un jour la poésie sortira du marché de la poésie
la poésie sortira de sa tanière
et prendra la route toute seule
comme une grande

ce sera un jour de fresque
un jour peint
sans chevalet
avec des nuances hautes en couleurs
ce jour se boira clair comme une source
se mangera par grappes
mûres de fruits
de beaux fruits qui exploseront de rire
dans le jus de la bouche

l’horizon se donne couché
en toute déraison devant la phrase

un jour viendra
où les muses poseront nues pour les poètes
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malgré les ampères, les chakras de lucioles, ma parole de nuit
n'arrive toujours pas à pondre une simple ampoule
- Mais suffit-il de refouler la nuit en soi
pour aboutir à une explosion de lumière
une explosion
de lumière
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Mes maux

mes maux je vous les livres
jetez les livres puisqu'il ne s'agit pas
d'écorce d'encre
ni de sèves bleues de poètes d'îles
écartelées

mes maux je vous les livres
prenez-les au vol
nus
comme des oiseaux sans plume
pour signer un temps
à tire-d'aile

la lune a froid aux yeux
voilà que je vous parle sans maudire
la tempête cérébrale qui pense la mort
sous le vent
les tremblements de terre
sommant cette terre de ne pas trembler
sous la foulée des ombres folles

voilà que je vous parle sans maudire
ma terre sur pilotis
avec du sang dans son parterre
terre ligotée

corps enterré
ombre face au mur
murmurant lingot de garces et de garçons
minés par la terre aux mille poussières virales

ici
c'est du sang qu'on verse
pour rafraîchir la tête des blessés par balles

nos réveils préfèrent le son du fucil
au sang du coq
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Fort de tous mes morts, je suis en droit et en devoir d'affirmer, comme citoyen en pleine crise d'adolescence, que le sujet de la mort ne fait aucun écran à mon espace-temps. Je vis dangereusement ma vie, le temps de télécharger toutes mes enfances comme antidote et antivirus de la vieillesse.
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Dans le cahier amoureux de l'écolier Aimé Césaire, les mots posent nus dans les rues du poème. Comme du sang, ils s'inspirent de la même veine pour circuler librement sous les feux rouges.
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"entre les mots et le moi
un mince fil les sépare
un mince fil de salive
reliant pont de parole
au moteur d'une barque
pour mieux prendre le large
...
( Pour mieux prendre le large - extrait)
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Les oiseaux ne sont pas regardants comme les frères humains, moins humains que les autres, nous adorons les murs, adorons tracer des frontières, creuser des tombes, morceler les territoires, périmètre par périmètre. Nous adorons éventrer la Terre par le bas-ventre. Certaines espèces se mettent en quatre pour la réinventer, mais nous autres, en un tour de main, vlan ! Nous faisons tout pour l’éventrer par le bas-ventre, nous l’éventrons à coups de maths, l’éventrons à coups de machette, puis nous l’enveloppons dans un linceul, un beau flop nommé drapeau.
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femme
ton sexe était pour ma bouche
un sujet trop tabou
maintenant
je fais coutume
devant les mots
me voici boucan
volcan
voici mon vol oblique de bouc
dans ton camp
dans ton clan et ta tribu
me voici décharge nucléaire
en mille implosions d'êtres
m'échappant par les pores
par la bouche
et autres voies ferrées
de ma poétique intraveineuse
femme ton feu était pour ma bouche
risque d'incendie
propension à la pyromanie
me voici dans le vif du sujet
en zone de turbulence
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[Tranche de vie]


Gros plan sur le malheur, zoom et flash sur la mort. Certains médecins n’en ont cure de ce qu’ils appellent le serment d’Hippocrate. Large sourire pour un selfie en compagnie des cadavres divisés, sectionnés, en lambeaux. Pause et selfie avec des bras coupés. Pause et selfie avec des pieds bien sciés, médecine de guerre appliquée par temps d’urgence, faut faire court, pour éviter la gangrène. Cris dans les hôpitaux, hurlements dans les dispensaires improvisés.
- Vous m’avez coupé les deux mains, vous m’avez scié les deux jambes pour m’empêcher de partir, passer de l’autre côté de la barre. Grâce à vous, je vais cesser de mourir, merci à vous, cher docteur.
- Je vous souhaite une bonne route.
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LE SANG VISIBLE DU VITRIER
Frankétienne


…il y a miracle dans la durée
et trop de rouille pour dire l’usure
l’homme qui parle
avec excès d’oiseaux dans la bouche
garde dans sa cage des couleurs thoraciques
pour atteindre en plein cœur
les frondes de la barbarie
toutes les chasses gardées des faussaires
criant merde dès leurs réveils
aux accoucheurs de fleurs dans l’insomnie

île est douleur
cette grippe du pèlerin pour sa terre aviaire
terre qui ne lèche pas la neige
mais qui se laisse coucher
par des songes de tramways
dans un tohu-bohu d’arc-en-ciel
aux écailles d’avant-pluie

p.127-128
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[Rose morte]


Elle avait une beauté poignante la Rose, une beauté dépourvue de toute pointe d’arrogance, contrairement à ces gonzesses qui croient que le monde est condamné à suivre le mouvement perpétuel de leurs hanches, que l’humanité doit débourser à tout prix son avoir en échange de leur beauté frappante.
Elle avait des yeux qui brillaient, non pas de mille soleils, mais d’une, deux, trois gouttes de pluie, ce qui suffisait pour doter la Rose d’une overdose de grâce, tout à fait ruisselante, on aurait dit que tout son visage en pleurait. C’était une femme au cœur simple, la Rose, mais sa présence déclenchait une traînée de polémiques dans le cercle des hommes. Naïvement, sa présence provoquait ces petites crises que l’on dirait cardiaques dans ce lieu-dit Blues and Choral considéré par beaucoup comme une ruche de lesbiennes. Pour plus d’un, pour ceux qui ont la dent très dure, la Rose n’était rien d’autre qu’un assassin, une tueuse en série de la pire espèce.
Lorsque Clément, le seul à avoir eu une grâce platonique au cœur de la Rose, lorsqu’il a appris la foudroyante nouvelle, il n’en revenait pas. Très remonté contre cette heure, grave à l’extrême, il ne pouvait se faire à l’idée que la Rose soit enterrée dans une fosse commune, en anonyme la plus complète, la plus gratuite.
Celle qu’on appelait Rose la jeune femme au cœur pur, aux gestes amples et aériens, jusque-là n’avait point connu d’hommes, ni rien du tout. C’est la première fois dans le jardin du monde qu’une rose se trouve ainsi déflorée par la mort, sans flétrissure comme point de transit.
Aux yeux de Clément, l’éternité ne suffira pas pour donner un verdict sur le jugement dernier du grand viol de la mort sur la vie.
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Assis face à la mer, Amore et moi sommes en quête d’horizon.
Un soleil, coupure de mangue baptiste, donne jus à la lumière de cette fin d’après-midi. Il fait un temps à avaler tout ce qu’il nous reste de salive devant la beauté du monde. Un temps à mesurer l’horizon à l’aune du corps d’Amore, femme-balcon. Beauté haute avec vue sur mer.
Les vagues sont calmes qui meurent, moutons en ramadan, à nos pieds, nous pourléchant jusqu’au genou. Un bleu cristallin fait frissonner le sable dans un jeu de va-et-vient faisant tourner le soleil qui n’a plus la tête à se coucher. J’embrasse Amore sur la nuque. Je pose des baisers aussi sur ses lèvres mûres et gourmandes. Des baisers vigoureux sur ses paupières avant le coucher du soleil.
En cet après-midi face à la mer, j’ai mille lèvres pour parler au reste du monde. Mille nez pour sentir le souffle des choses. Mille mains pour caresser Amore à rebrousse-poil. Mille mains, mille lèvres. Une quantité de langues pour faire un baiser monstre.
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Notre ciel est analphabète. Il y a quelques années pourtant, les oiseaux par milliers dessinaient des ratures, griffonnaient des notes, exécutaient des pirouettes virevoltantes, et se balançaient en vol plané comme le font les malfinis. Mais oui, pas plus longtemps qu’hier, même les perruches toucouleurs piaffaient dans le feuillage touffu des manguiers. C’était verte saison dans les quatre horizons.
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Si on commence à contester la fiction de l’autre, on en arrivera à lui refuser la magie même de l’existence.
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Pour la première fois dans l'Histoire, les ONG ont atteint le point G. Le grand hic, c'est que leur jouissance bruyante, dans ce grand bal macabre, est sur le point de réveiller toute la planète. De toute évidence, leur long orgasme qui vient du ciel les prive de la décence d'être discret.
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Je suis horloger dans ma cité de heurts divers
la seule montre qui m'arrange
bat son plein à ton coeur
gravitant les échelles des tensions
hautement palpables
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Et voilà enfin le retour des autrefois
Ceux des saisons de romances
Et des persiennes ouvertes sur la vie
Une guitare joue pour des Etoiles
Des notes qui investissent l'espace
Sidérales étincelantes
Voilà le temps qui recoud ses moments
Quand glisse le passé autour de sa source
JOSEPHAT-ROBERT LARGE
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Sous l’aile d’Amore, j’ai rencontré des colombes, des condors, des malfinis, des tourterelles, des aigles, des urubus, de pipirites, des corbeaux qui discutent, fromage au bec. J’ai rencontré des charognards parfumés, des paons qui font la roue. J’ai rencontré des pintades, des loups-garous, sans compter les canards sauvages prêts à passer à la casserole ou à la casse. Amore m’a fait rencontrer des perruches, des jacquots vert-galant, que sais-je ? Le petit Bernard n’est pas un dictionnaire des animaux. Ne m’en demande pas plus. On ne peut pas vivre dans un pays complétement déplumé et connaitre à la fois tous les noms d’oiseaux.
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