AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Jasmin Darznik (53)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


L'oiseau captif

Jasmin Darznik nous livre un récit passionnant, elle met en scène la vie de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad.

L'histoire se passe sous le règne du Shah Mohammad Reza Pahlavi dans le Téhéran des années 1930-1960.

D'une écriture alerte, fine et raffinée Jasmin Darznik nous révèle la vie de Forough. Dès l'enfance Forough est une petite fille révoltée et turbulente et ressent toute l'injustice de sa condition féminine. Dans cette société peu permissive, sa liberté est réduite à la maison familiale et à l'enceinte du jardin. Elle rêve de découvrir le monde, de continuer ses études mais cet espace est réservé à ses frères !

Son père, militaire proche du Shah, est sévère et autoritaire, il est craint par toute la famille mais Forough va découvrir à ses côtés les grands poètes persans et rêver de les imiter. Très tôt elle écrit ses premiers poèmes.

Intrépide elle fait le mur et brave tous les interdits. Pour éviter un scandale son père la marie très tôt, à 16 ans. Son mariage sera un échec. Dès lors elle décide de prendre sa vie en main.

Jasmin Darznik nous livre un récit-fiction émouvant et très fort ; ce récit est le résultat de sa « rencontre-passion » avec l'oeuvre de Forough Farrokhzad, des vers terriblement libres et nouveaux, une poésie vraie, vibrante d'émotions.

Forough Farrokhzad paiera cher d'avoir oser écrire des vers sur le désir féminin en laissant libre court à une grande sensualité. Elle sera enfermée dans un hôpital psychiatrique sur ordre même de son père.

« …J'ai vu son oeil plein de secrets Dans ma poitrine, mon coeur frémit aux prières de son regard avide.

…Dans son oreille je racontai l'histoire d'aimer Je te veux, ô ma substance, je te veux, ô mon étreinte qui me ranime. Je te veux mon amour fou.

de désir sa prunelle alors s'est embrasée le rouge du vin a dansé dans la coupe Mon corps au creux de ses doux draps

Contre son corps ivre a tremblé. »



Toute sa vie sera jalonnée de difficultés, divorcée, elle sera aussi privée de son fils, elle connaitra le grand amour mais restera l'irrégulière et enfin elle enchainera les scandales dans une société archaïque. Et pourtant dans les années 60 elle devient, dans son pays, une figure du féminisme, femme courage et fidèle à ses convictions. Forough Farrokhzad est décédé en 1967

« Un poème pour toi » (A mon fils Kâmyâr, en attendant les jours à venir)



A la grève de la bonne réputation, j'ai fait naufrage en mon coeur gît une étoile orageuse.

L'endroit où s'enflamme ma colère est hélas l'espace obscur d'une prison.



J'ai posé mon front douloureux

Contre une porte sombre J'y frotte mes doigts,

Osseux et froids.



Elle n'est guère aisée, La lutte contre la perfidie

Ma ville et la tienne, mon doux enfant,

Sont depuis longtemps le nid de Satan.

Un jour viendra où tes yeux se brouilleront A l'écoute de ce chant douloureux.

Tu me chercheras dans mes mots Et tu te diras : ma mère fut ainsi."

Commenter  J’apprécie          212
L'oiseau captif

Forough Farrokhzad est une poétesse iranienne. Née à Téhéran en 1935, elle y grandit auprès de ses frères et soeurs, d'une mère soumise et d'un père autoritaire. D'un esprit curieux, elle va rechercher par elle-même, le savoir que sa condition de fille lui interdit dans son pays et commence très jeune à écrire des poèmes.

Mais les premiers émois amoureux, les rendez-vous clandestins brutalement découverts. Un mariage est rapidement organisé. On assiste dans les premières pages à une scène des plus violentes, qui aura des conséquences.

Roman écrit à la première personne, nous vivons les événements tels que l'auteur imagine que Forough Farrokhzad les a vécu.

Un roman qui nous dépeint avec précision un pays en plein bouleversement et aide à comprendre un peu mieux les événements qui suivront : la révolution .

Il se dégage le portrait d'une femme en quête de liberté et d'émancipation. Les quelques poèmes qui illustrent l'histoire me donnent envie d'en lire d'autres.
Commenter  J’apprécie          40
L'oiseau captif

Je me suis procurée ce livre lors d'une grossop de Bragelonne, forte des critiques élogieuses. Ce titre est ressorti par hasard, ayant décidé un soir de lire un livre de ma liseuse qui ne me disait absolument plus rien….

« L'oiseau Captif » de Jasmin Darznik est une biographie romancée de Forough Farrokhzad, poétesse scandaleuse, féministe dans l'Iran des années 60.

Forough Farrokhzad est née dans un milieu privilégié de Téhéran. Son père est militaire, proche du Shah qui pousse son pays dans le modernisme occidental. Très tôt, la petite fille developpe un sentiment d'injustice face aux libertés accordées à ses frères. Sa condition féminine, son désir de liberté alimentera son envie d'écrire. La poésie persane l'enchante, elle concrétise ses envies par l'écriture de rimes. Adolescente, elle arrive à publier dans un petit quotidien. Mais la société iranienne de cette époque n'est pas indulgente, les femmes doivent être de bonnes épouses, de bonnes mères. Pour une jeune fille, étudier est une futilité et exercer une profession presque impossible. Mariée à 16 ans pour réprimer son caractère rebelle, elle rêve pourtant de liberté et de mener la vie qu'elle désire.

Forough est un personnage complexe dont les écrits, très modernes, montrent de la personnalité et du talent, mais aussi des rêves brisés et un côté sulfureux. Avec ses poèmes qui magnifient l'amour, pas toujours légitime, elle bouscule la tradition, heurte les iraniens et brave les interdits.

Forough Farrokhzad est décédée à l'âge de 32 ans d'un accident de voiture. "L'Oiseau Captif" est un livre à découvrir, merci à Jasmin Darznik pour cet hommage.

Commenter  J’apprécie          121
L'oiseau captif

Sorti de ma PAL dans le cadre du challenge facebook Degomme ta PAL d'avril 2024, rubrique "un nom de fleur comme prénom ou nom de l'auteur.e", ce roman m'avait été présenté au Bookclub : l'éloge fait de l'écriture et de l'histoire m'avait incité à en faire l'achat à l'occasion.

Bonne pioche !

L'écriture est effectivement très fluide, de qualité et prenante, si bien que je l'ai quasiment lu d'une traite, en une grosse journée.

C'est une plongée dans le monde des femmes de l'Iran des années 1950-1960, à une époque carrefour, où modernité et traditions rivalisent, en particulier dans les Arts et la société. L'héroïne a réellement existé et 'L'autrice a fait de nombreuses recherches pour écrire ce récit à la première personne que j'ai trouvé parfaitement crédible. Pas de féminisme exacerbé mais une âme rebelle qui cherche sa place et à être reconnue simplement comme un être humain, avec des sentiments et un libre arbitre.

J'ai trouvé l'héroïne touchante, sans être tout à fait sympathique, et surtout très courageuse, car elle a traversé de nombreuses épreuves

Son destin hélas tragique semble aux yeux des uns montrer que ces actes devaient être punis, mais pour l'autrice il faut y chercher une autre main.

Excellent texte et personnage à connaître !

Merci @Jeanne-Elise Fontaine pour ce titre !
Commenter  J’apprécie          10
L'oiseau captif

C’est par le plus grand des hasards que j’ai mis la main sur ce livre. Et quel beau hasard ! Le portrait d’une femme, iranienne de surcroît (un pays, une histoire, une culture, une littérature…que j’aiment particulièrement), ne pouvait que me plaire. J’ai foncé et j’ai dévoré ce roman.

L’auteure nous relate, dans une biographie écrite à la première personne du singulier, l’histoire de Forough Forrokhzad, née dans une famille bourgeoise de Téhéran en 1935 et morte à l’âge de 32 ans en 1967 dans un accident de la route dont les circonstances ne sont pas claires.

Malgré une vie courte, Forough Forrokhzad aura réussi a bousculer et à choquer un pays pétri d’honneur et de respectabilité. Les femmes, comme souvent, sont les victimes d’un système patriarcal aux coutumes pesantes et écrasantes. Si une femme veut gagner sa liberté comme notre héroïne l’a voulu, et l’a obtenu dans un certain sens, il faut le payer, parfois très chèrement.

C’est par ses écrits de poésie que la jeune femme gagne ses galons d’auteure. Sa carrière, construite pas à pas, malgré les coups du sort et les coups bas, et son talent indéniable pour manier les mots et exprimer les sentiments profonds et intimes de son sexe, ne peuvent rivaliser avec la vie rangée et sans perspective qui lui est assignée. Là est le point de rupture : écrire ou se soumettre.

Cette femme est dopée au courage et ivre de vitalité. Jamais abattue, toujours debout. Etait-elle inconsciente, naïve ou trop confiante ? Après la lecture de ce merveilleux roman, je la ressens comme bouillonnante de l’envie d’aller de l’avant et de vivre comme bon lui semble.

Quand je penserai à la poésie persane, je ne penserai plus uniquement à Hafez ou à Rumi, mais désormais, je sais qu’il y a eu une Forough Forrokhzad qui, malgré une vie courte, a laissé une trace indélébile par des écrits sensibles et une soif de vivre à toute épreuve.
Commenter  J’apprécie          10
L'oiseau captif

Féministe avant l'heure dans un pays ou la loi des hommes prévaut, Forough Farrokhzad, poète et non poétesse, va défier toutes les conventions liées à son statut de fille soumise, épouse, mère.

Dans cet Iran de l'avant-guerre où la femme a au moins un droit, celui de baisser les yeux, elle va affronter du regard toutes les personnes qui souhaitent l'enfermer dans le carcan traditionnel, au risque de perdre ce qu'elle a de plus cher, son fils.

Elle vivra libérée, amoureuse maîtresse, amante, réalisatrice et poète.

Ses vers célèbrent la femme, le désir, l'amour sans honte. Sa courte vie (32 ans), sera remplie de ce qu'elle a souhaité, en faisant fi de toute convenance.
Commenter  J’apprécie          40
L'oiseau captif

Belle découverte de la vie d'une femme avant gardiste, rebelle dans l'âme : #foroughfarrokhzad poète Iranienne qui paya le prix fort pour avoir oser être libre à une époque et dans un pays rétrograde soumis par le patriarcat et par la dictature. On ne dira jamais assez à quel point nous avons la chance de pouvoir accéder à la culture, le savoir rend libre
Lien : https://promenonsnousdansles..
Commenter  J’apprécie          20
L'oiseau captif

Quelle poésie, quelle délicatesse d’écriture , quel gros coup de cœur pour ce roman de Jasmin Darznik, L'oiseau captif , qui signe là un superbe portrait d’une femme figure du féminisme en Iran, un roman captivant, émouvant qui nous ouvre les portes de ce pays , qui évoque les conditions de vie des femmes dans les années 1040 à 1960, qui montre l’injustice dans laquelle elles évoluaient , enduraient, ce manque d’égalité homme femme, ce manque de liberté.

L’auteur nous conte la biographie romancée de Forough Farrokhzad , poétesse iranienne , qui a vécu dans les années 1930 à Téhéran au sein d'une grande fratrie et d’une famille où les maitres mots étaient rigueur et discipline, une famille dans laquelle les enfants n'appelaient pas leur père "papa"., mais « colonel » Un pays où la police du Sha veillait à l’ordre public .

La jeune Forough s’intéresse très tôt à la poésie persane et se nourrit des recueils que ses frères étudient, eux qui ont la chance extrême d'aller à l'école. Elle, la rebelle qui brave les interdits, révoltée par sa condition qu’exige sa position de fille, compose des rimes . A seize ans, elle épouse son amour de jeunesse, Parviz, pour éviter un scandale. Mais Forough ne tarde pas à déchanter : l'homme qu'elle a épousé n'est pas exactement celui qu'elle imaginait...et elle part en quête de sa liberté qui passera par la poésie, des rimes pour affirmer sa liberté d’être, d’aimer, de ressentir, de vivre , sa liberté d’être une femme , d’avoir des envies, des désirs, du plaisir ... une délivrance par les mots ...

« Quand ma confiance était pendue à la corde souple de la justice

Et que dans toute la ville

On morcelait les cœurs de mes lumières,

Quand l’on fermait les yeux enfantins de mon amour

Avec le bandeau noir de la loi

Et que des temps troublés de mes yeux

Jaillissait le sang

Et que dans ma vie

Il n’y avait rien, rien que le tic-tac de l’horloge

J’ai compris : il faut, il faut, il faut

Que j’aime à la folie » poème de Forough



Comment ne pas tomber sous le charme de cette femme touchante , vibrante, moderne, éprise d d’amour, à qui l’écriture à donner la voie de sa vie, à donner des ailes de liberté et de désir .

Une femme à qui j’ai envie de dédier ses quelques vers

« ...Elle voudrait planer dans l’océan du ciel,

Ange elle-même, suivre un ange Ithuriel,

S’enivrer d’infini, d’amour et de lumière,

Et remonter enfin à la cause première.

Mais, grand Dieu ! quelle main ouvrira sa prison,

Quelle main à son vol livrera l’horizon « Théophile Gautier ( l’oiseau captif )



Forough a trouvé cette main, la sienne , source d’écriture , ivresse de liberté et roman à la magnifique écriture que je ne peux que vous recommandez



Merci aux éditions Stéphane Marsan et à Netgalleyfrance pour cet envoi
Lien : https://www.voyagelivresque...
Commenter  J’apprécie          60
L'oiseau captif

Dans les années 30 en Iran naquit Forough Farrokhad, fille d'un officier de l'armée du Shah, très tôt passionnée de poésie et farouche defenseure de sa liberté.

L'enfant rebelle deviendra dans les années 50-60 une poète (et non poétesse, terme qu'elle détestait) méprisée puis admirée, lue en cachette par des milliers de femmes contraintes de taire leurs désirs. Au-delà de l'artiste Forough était aussi une femme divorcée, amoureuse d'un homme marié et une mère privée de son enfant.

Dans "L'oiseau captif" Jasmin Darznik nous raconte à la première personne l'histoire de cette femme née au mauvais endroit, à la mauvaise époque. La vie de Forough a été constamment ballottée entre l'appel de l'Occident exploiteur et le poids des traditions opprimantes.

J'ai beaucoup aimé découvrir la vie de cette artiste que je ne connaissais pas. L'auteure insère de nombreux extraits de poèmes qui m'ont donné envie de lire l'œuvre de Forough Farrokhad. J'ai aimé le clair appel à la liberté qu'ils transmettent.

Ce roman a la trampe d'une histoire à la Nadia Hashimi sur la condition des femmes au Moyen Orient mais certains points ont réfréné mon enthousiasme.

D'abord la forme, certes il n'y a aucune longueur ce qui est appréciable dans un roman très descriptif, mais le style est lui très plat. J'aurais aimé plus de lyrisme, plus d'émotions à l'instar de la fin qui m'a paru excellente. L'écriture (ou la traduction ?) très simple donne un aspect documentaire au texte et amenuise la forte personnalité du personnage principal.  Hormis quelques joutes verbales intéressantes dans les dialogues, je n'ai pas ressenti la détermination plus que cela.

Autre point qui m'a laissée sur ma faim, le contexte historique. Certes l'auteure l'aborde mais de manière très synthétique et j'ai trouvé cela dommage car ce contexte explique le destin de Forough. Quand je lis un roman historique j'attends qu'il améliore ma culture générale aussi. Là ça a été plus ou moins le cas.



En résumé un roman qui mérite d'être lu pour découvrir le portrait d'une femme et d'une artiste forte mais avec quelques mais.
Commenter  J’apprécie          40
L'oiseau captif

C'est la triste mais passionnante histoire de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad, grande figure du féminisme iranien, morte à 32 ans dans un accident de voiture. Née en 1935 à Téhéran, dans une famille plutôt aisée de sept enfants, alors qu'une bonne fille iranienne se doit d'être pieuse, modeste et soignée, elle est impulsive, raisonneuse et désordonnée. Elle se considère l'égal de ses frères, avec l'esprit et l'audace qu'il faut pour répondre aux leurs. Ce qui n'est ni dû goût de sa mère, ni de la société iranienne de l'époque. Quand au père, colonel du Shah, il se contente d'engendrer et de veiller superficiellement à une discipline de fer dans sa famille. Son destin basculera avec sa rencontre avec Parviz Shapour, son cousin et poète, connu en 1950.....une première rencontre avec l'amour et la poésie.....d'autres suivront.....pour le meilleur ou le pire....



Racontée à la première personne, jalonnée de sa poésie, Jasmin Darznik nous offre ici une superbe biographie romancée de Farrokhzad, grande poétesse iranienne méconnue du grand public, en occident. Un livre qu'on lit la gorge serrée, face a tant d'injustices faites à la femme dans l'Iran chiite et à son courage, qui défiera tout interdit. Calvaire chez le père, calvaire chez le mari, une vie de captive basée sur des règles absurdes d'une société, régit par une religion vécue et pratiquée d'une manière encore plus absurde. Au nom de Dieu, tout est désamour, frustrations, cruautés et violences, au point qu'on se demande où et quel Dieu se trouve dans cet enfer ?

Finalement, c'est par le biais de la littérature et surtout de la poésie qu'arrivera le salut, pour cette femme libre dans son corps, libre dans son esprit. Comme quoi encore une fois la preuve que la volonté ne connaît pas de limites, et que même en milieu hostile, quand on s'y accroche, on peut réaliser tout ses rêves, ou presque...

Un livre passionnant qui révèle aussi plusieurs pans tragiques de l'Histoire iranienne, des années 40 à 60 et qui débouchera directement sur la dictature des mollahs qui sévit aujourd'hui le pays; dont celui de la lutte du pétrole entre l'Iran et le couple Etats-Unis / Angleterre , qui se l'approprieront pour un temps, en faisant chuter Mossadegh, le premier ministre iranien de l'époque.....

Lu d'une traite, magnifiquement traduit de l'anglais, un roman splendide sur une femme devenue une icône dans son pays !

Un coup de coeur !



Un grand merci à NetGalley et aux Éditions Stéphane Marsan pour l'envoie et la découverte de ce superbe livre !



“Tout mon être n'est qu'un verset obscure

Qui te célébrera jusqu'à l'aube des éclosions

Et floraisons éternelles.

D'un soupir, dans cette mélopée, je te fais surgir;

A l'arbre, à l'eau, au feu

Je te greffe.”

( Une autre naissance )

Commenter  J’apprécie          8413
L'oiseau captif

Même avant la révolution islamique des mollahs en 1979, même du temps où l'Iran était relativement moderne sous le régime du Shah dans les années 1940-1960, la vie des femmes était compliquée dans ce pays. Étouffées sous un carcan de traditions religieuses et patriarcales, elles n'avaient pas beaucoup d'autres choix que de se soumettre à la volonté de leur père, de leur mari, de leurs frères, sans protestation possible et en faisant bonne figure, tant qu'à faire. Alors quand, dès l'enfance, vous avez le malheur de développer un tempérament turbulent, contestataire, et qu'en plus vous vous fichez de votre apparence de garçon manqué, vous êtes prédestinée à souffrir. Tel a été le sort de Forough Farrokhzad, née en 1935 dans une fratrie de sept enfants. Une famille aisée de Téhéran, avec un père militaire et fidèle colonel du Shah, inflexible et impitoyable, et une mère obsédée par les apparences et le qu'en-dira-t-ton, tétanisée par la dureté de son mari.



A quinze ans, Forough s'éprend de son cousin Parviz, 25 ans. Tous deux sont férus de poésie, il en écrit et est publié, elle dévore tous les recueils qu'elle peut dénicher. Ils s'écrivent et se retrouvent en cachette, mais sont rapidement découverts. Pour éviter un scandale, on les force à se marier. Forough, amoureuse, croit faire un mariage romantique. Ce n'est hélas que le début d'un cruel désenchantement, qui passera entre autres par son internement forcé en hôpital psychiatrique. Entre-temps Forough s'est mise elle aussi à écrire des poèmes qui, après bien des difficultés, sont publiés. Et qui provoquent un tollé, tant ils sont révolutionnaires : pour la première fois en Iran, une femme écrit explicitement sur l'amour, le désir, le plaisir charnel des femmes. Désormais précédée d'une réputation sulfureuse de femme dépravée, Forough essuie d'innombrables critiques, sarcasmes et réflexions sexistes, mais commence également à susciter une certaine admiration. Encouragée sur la voie de l'émancipation et de la liberté, elle ne s'arrêtera plus. Elle poursuivra son exploration de la poésie, mais découvrira aussi le cinéma, nourrie et touchée, pour le meilleur et pour le pire, par les événements qui secouent l'Iran à cette époque : la montée du communisme, sa répression brutale par le régime, l'éternel conflit pétrolier entre nationalisation et privatisation (mais appropriation par les compagnies pétrolières US et UK). Un contexte chaotique qui ouvre une voie royale à la prise de pouvoir de Khomeini en 1979, que Forough n'aura pas le malheur de connaître, puisqu'elle meurt dans un accident de voiture en 1967.



Biographie romancée de la grande poétesse iranienne, décédée à l'âge de 32 ans, « L'oiseau captif » dresse le portrait d'une jeune femme courageuse, opiniâtre, qui n'a jamais renoncé à sa liberté en dépit de toutes les cruautés et les blessures qu'on lui a infligées. Un livre passionné et passionnant, une écriture sensible qui donne chair et vie à un personnage marquant, devenue une icône dans son pays, et dont la tombe continue à être fleurie encore aujourd'hui.
Lien : https://voyagesaufildespages..
Commenter  J’apprécie          545
L'oiseau captif

Lire un livre avant sa sortie, pour la libraire que je suis, est toujours le résultat de plein de choses. Ici, c'est l'intérêt grandissant pour un pays et sa littérature, la découverte d'une poétesse et d'un destin de femme et enfin la rencontre avec l'éditeur lors d'une présentation de la rentrée !

Plongée réussie et savourée !



Et cette poétesse n'est pas n'importe laquelle, c'est Forough Farrokhzad, la plus grande poétesse iranienne, éprise de liberté envers et contre tout ! Quelle vie ! Et quelle écriture pour nous l'amener ! Fille d'un colonel du Shah, on suit son évolution de fille, de femme, d'amoureuse, de femme mariée et même divorcée et d'envie surtout de liberté ! Pouvoir mettre des mots sur ce que pensent les femmes mais qu'elles n'osent pas dire, par la poésie ! Et ça n'est pas facile, moins encore dans ce pays en cette première moitié de XXe siècle ! Elle va rencontrer des personnes par le biais desquelles l'Histoire va rejoindre la sienne.

Ce n'est pas un roman féminin ou féministe, pas uniquement ! C'est tout d'abord une très belle histoire, une très belle histoire de femme oui, à la vie courte mais intense ! Intense parce que ce qui aurait pu être un vrai mariage d'amour c'est avéré être un carcan, qui ne s'est pas ouvert dans la légèreté, aux conséquences douloureuses. Parce qu'elle a vécu dans une période charnière pour l'Iran et sans être directement impliquée, sa volonté de liberté s'est manifestée à un moment délicat dans l'histoire de ce pays, lorsque le changement ne s'accompagne pas toujours de plus de libertés, pas tout de suite...

J'ai envie de lire plus de ses poèmes, d'en commander pour la librairie ! De lire plus de littérature iranienne ! Et pour ça aussi, merci ce livre !



Pardon si mes chroniques de livres de cette rentrée littéraire sont un peu brouillonnes, je les reprendrais plus tard sûrement, mais j'ai envie de partager avec la communauté Babelio ! Et l'exercice de l'écriture d'une ou plusieurs chroniques par jour est intéressante et stimulante !
Commenter  J’apprécie          50
L'oiseau captif

Ce Roman autobiographique donne la parole à Forough. Cette poète, pour moi, la plus importante de la poésie contemporaine, s’affranchit de la société et de ses traditions. Un combat qui portera atteinte à son équilibre mental, mais qui l’enrichit par une créativité époustouflante. Forough c’est la mélancolie baudelairienne et la liberté Rimbaldienne, vous allez très vite vous attachez à cette vie meurtrie mais pleinement vécue.
Commenter  J’apprécie          10
L'oiseau captif

L'oiseau captif - Jasmin Darznik



C'est l'histoire de Forough Farrokzhad, née à Téhéran à une époque où les filles appartiennent à leur père et les femmes à leur mari.

Forough veut être poete. Mais c'est un métier réservé aux hommes.

Mariée à 16 ans, puis divorcée. On suit l'émancipation des femmes par le biais de Forough. Les difficultés que cela comporte, les difficultés pour faire entendre leur voix et prendre leur liberté.

Sa liberté va prendre forme dans ses ecrits en premier.



J'ai commencé ce roman un peu au hasard, je ne connaissais que très peu l'histoire de l'Iran. Mais je me suis laissée emporter par les paroles de Forough, par ses poèmes. L'ecriture nous donne l'impression de se trouver dans ses souvenirs. De voir les choses se dérouler en même temps qu'elle..

J'ai du prendre des pauses parce que son histoire est lourde.

Cependant, j'ai vraiment aimé la plume de Jasmin Darznik. J'ai continué a faire mes propres recherches sur Forough, sur l'Iran.

Grande figure du féminisme iranien, elle m'inspire  beaucoup !
Commenter  J’apprécie          00
L'oiseau captif

L'auteur nous offre ici un magnifique hommage à Forough Farrokhzad, poétesse iranienne et femme moderne éprise de liberté. Jasmine Darznik décrit avec justesse et pudeur les élans passionnels mais aussi la souffrance de cette jeune femme dont la vie a été brisée. Au détour des pages, on ressent la chaleur étouffante des jours d'été mais aussi la fraîcheur et les fragrances enivrantes du jardin.



La suite sur le blog:
Lien : https://leparfumdesmots.blog..
Commenter  J’apprécie          40
L'oiseau captif

Je ne m’attendais pas à passer un aussi bon moment de lecture avec ce roman que j’ai dévoré ! J’ai découvert à travers ce livre la poétesse Forough Farrokhzad que je ne connaissais pas, et dont j’ai maintenant envie de découvrir l’oeuvre, au-delà des bribes de poèmes insérées dans le livre.



J’avais un peu peur de commencer le roman, car découvrir un nouvel auteur c’est découvrir une nouvelle plume, à laquelle on n’est jamais certain d’adhérer. Et j’ai tout de suite été charmée par l’écriture de Jasmin Darznik, simple mais très riche. Seul petit bémol de ma lecture : j’aurais apprécié que l’autrice parle également des voyages à l’étranger effectués par Forough, et entre un peu plus en détails dans sa vie; à la fin du roman, j’avais l’impression de connaitre Forough, mais pas aussi bien que je l’aurais voulu.



Je suis immédiatement tombée sous le charme de Forough, qui se rebelle face aux traditions de son pays, une jeune femme qui se laisse guider par ses instincts et ses envies plutôt que par les règles qui régissent la vie des jeunes filles dans l’Iran des années 40-50. J’ai beaucoup apprécié la manière dont l’autrice décrit le rapport vital à l’art que son personnage a vis à vis de la poésie. J’ai clairement ressenti le besoin d’écrire de Forough, et les problèmes que ce besoin engendrait vis à vis de sa condition de femme et de mère. Forough est un personnage très complexe dont les écrits, très modernes, montrent toute la personnalité et le talent, mais aussi les rêves brisés et le côté sulfureux.



Je vous conseille vivement de découvrir ce roman, et plus largement cette maison d’édition, cette autrice, et cette poétesse (oui, je vois large) !
Lien : https://matoutepetiteculture..
Commenter  J’apprécie          30
L'oiseau captif

🪽Chronique Sororité🪽



Ô ciel! Si un jour je décidai de fuir

Cette prison sombre…



Est-ce que de la-haut, on nous regarde? Est-ce que de là-haut, quelque chose ou quelqu’un est en mesure de comprendre la souffrance qui tient les nôtres, enfermées? Brimées. Rejetées. Captives. Est-ce que les poétesses ont raison de se tourner vers le ciel, pour adresser des prières et des vers, qui ne parlent que de libertés?



…que pourrais-je dire

Devant les yeux de cet enfant en larmes?



Que pourrais-je vous dire, qui ne m’ait pas déchiré le cœur? La vie de la poétesse iranienne, Forough Farrokhzad est passionnante mais tellement tragique. Dès sa plus tendre enfance, on la sent contrainte, bridée mais aussi, passionnément, éprise de liberté et amoureuse de la poésie. Et toute sa vie, ce sera ça, cette rébellion contre sa condition. Quitte à faire pleurer, quitte à perdre l’enfant, mais toujours avec ce même dévouement indéfectible, à la poésie. Que pourrai-je dire devant tant d’enfermement(s)? Les larmes ne suffisent pas, alors reste les recueils de poésie qui, heureusement, dépassent les frontières…



Laissez-moi car je suis un oiseau captif.



Laissez-moi, rêver comme elle. Laissez-moi écrire des poèmes et des chroniques qui l’Honorent et la célèbrent, elle, la merveilleuse Forough. Comme tous les oiseaux que l’on enferme, elle se meurt dans ces prisons de voiles, de briques, et d’obscurantisme, mais elle reste cette femme, qui n’a de cesse de vouloir déployer ses ailes, envers et contre tout, vers le ciel. Elle rêve de crever les plafonds de verre, d’éclater les barrières patriarcales, de faire voler des mots sensuels et libérateurs, même en temps de crise…Laissez-moi admirer, son talent, sa fougue, son engagement. Laissez-moi car je sais l’oiseau captif.



Je suis la lampe qui illumine une ruine



Bien sûr, que le contexte politique et social en Iran, est difficile. Encore plus, pour les femmes, qui n’ont guère de possibilités professionnelles et personnelles, pour sortir de la spirale infernale qui les annihilent, et pourtant, cette jeune poétesse est une lumière, un espoir naissant, une promesse pour toute cette génération.



Du feu de mon cœur

Si je décidais de l’éteindre



De ce même feu de mon cœur, si je ne pourrai me décider à éteindre ce coup de cœur. Parce que c’est une biographie passionnante. Jasmin Darznik nous fait revivre avec L’oiseau Captif, tous les temps forts, les blessures, les déchirures, l’émancipation, l’engagement et la passion qui anime cette jeune poétesse, à présent, une icône dans son pays, pour notre plus grand plaisir. C’est une histoire bouleversante et un portrait de femme fabuleux.



Je détruirais une famille.



Mais quel est ce fléau qui entrave les oiseaux?



« La Captive »

Forough Farrokhzad
Lien : https://fairystelphique.word..
Commenter  J’apprécie          200
L'oiseau captif

Ô ciel ! Si un jour je décidais de fuir

cette prison sombre, que pourrais-je dire

devant les yeux de cet enfant en larmes ?

Laissez-moi car je suis un oiseau captif.



Je suis la lampe qui illumine une ruine,

du feu de mon coeur,

si je décidais de l'éteindre,

je détruirais une famille.



« La Captive » - Forough Farrokhzad.



Je ne suis habituellement pas portée sur les biographies romancées mais je suis bien contente d'avoir lu celle-ci. Elle m'a permis de découvrir la poétesse iranienne Forough Farrokhzad (1935-1967) - qui m'était jusqu'alors inconnue.



Ecrit à la première personne, comme une autobiographie, Jasmin Darznik dresse un magnifique portrait de femme, celle d'une femme éprise de liberté et de poésie, qui avait juste envie de vivre intensément sa vie et goûter à toutes les nuances d'un monde que les hommes et les traditions tentaient de lui dissimiler.



« J'apprenais à marcher dans les rues de Téhéran comme si elles m'avaient toujours appartenu, et à mesure que je découvrais le plaisir d'observer le monde, je me rendais compte que les restrictions de mon enfance n'étaient pas simplement destinées à nous cacher, nous les filles, de la vue des autres, mais aussi à nous dissimuler l'ampleur du monde. »



Elle n'a eu de cesse à travers sa poésie de porter la voix des femmes, de mettre en poèmes l'amour et le désir des femmes. Cela lui a valu bien des ennuis et des sacrifices. La poésie aura été, à la fois sa croix et son salut.



« Écrire m'avait tant coûté, mais c'était aussi la seule chose qui m'avait sauvée, m'avait permis de vivre. »



Un livre poignant à l'écriture délicate sur une femme audacieuse et volontaire, décédée bien trop jeune. Il est agrémenté de quelques-uns de ses poèmes, judicieusement choisis pour répondre aux moments charnières de sa vie, et donnent une furieuse envie de découvrir plus en profondeur son oeuvre.

Commenter  J’apprécie          449
L'oiseau captif

roman retrace la vie tumultueuse de la poétesse iranienne Forough Farrokhzad.



J'ai adoré ce récit qui nous en apprend beaucoup sur la place des femmes en Iran, à la veille de la révolution. Par son statut de poétesse, elle qui écrit des poèmes qui parlent d'amour et du plaisir féminin, Forough est vue comme une femme arrogante à la vie dissolue. Elle côtoie pourtant les sphères intellectuelles, mais ces dernières sont majoritairement composées d'hommes à l'esprit le plus souvent imprégné des traditions, qui font la part belle à la place de l'homme dans le foyer et la société...évidemment.

Cette vie de femme artiste, qui lui accorde une certaine liberté d'expression est faite de sacrifices sur le plan personnel, ainsi elle sera bientôt privée de son fils.



Je vous invite vraiment à faire la rencontre de Fourough qui est si attachante. On vibre avec elle, on espère et on désespère aussi...



Un livre qui ne laisse pas indifférent, qui révolte.

J'ai déjà pas mal lu sur le sujet et pourtant, on en apprend toujours et on constate amèrement que les femmes ont dû et auront toujours, je pense, à se battre pour leurs droits.
Commenter  J’apprécie          10
L'oiseau captif

Quel destin que celui de Forough Farrokhzad, esprit rebelle née dans une société en proie au traditionalisme et à l'obscurantisme, où il était absolument impensable d'être à la fois femme et libre. Sans cesse humiliée, parfois même frappée, elle se relèvera toujours. Jusqu'à son décès, la même année que celle d'un certain Ernesto Guevara.

Notre empathie et notre indignation ne doivent pas nous faire oublier qu'à la même époque, en France, une femme avait encore besoin de l'autorisation de son mari pour travailler...

Forough Farrokhzad s'est battue vigoureusement pour la liberté et nous faire connaître ses poèmes. Profitons-en, découvrons-les !





Commenter  J’apprécie          30




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Listes avec des livres de cet auteur
Lecteurs de Jasmin Darznik (185)Voir plus

Quiz Voir plus

Quiz Sur Le Royaume de Kensuké

A quelle personne le livre est-il écrit ?

1ere personne
3eme personne

13 questions
1307 lecteurs ont répondu
Thème : Le royaume de Kensuké de Michael MorpurgoCréer un quiz sur cet auteur

{* *}