Outre l'intrigue purement policière et la personnalité de son personnage principal, Terra Alta vaut aussi pour le portrait de la comarque éponyme, tout au sud de la Catalogne, rocailleuse, pauvre et inclémente. Dans les environs a eu lieu la bataille de l'Ebre, la plus sanglante de la guerre civile espagnole. Ce n'est pas un coïncidence si le roman se déroule en ces lieux car il y a un lien ténu avec l'enquête pour triple meurtre qui occupe Melchor mais ceci n'est révélé qu'à la fin de l'ouvrage. En revanche, la présence des Misérables de Hugo est une constante dans le livre, véritable compagnon de route de son héros qui s'identifie à l'inspecteur Javert.
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Les romans policiers attirent souvent par leur intrigue, parfois par leur dimension sociétale, et rarement par leur style. Le polar, c'est sec, factuel. Le genre ne se prête guère à l'emphase ou aux phrases ampoulées.
Terra alta est un roman policier espagnol d'un auteur qui a fait ses preuves dans le roman au sens « noble » du terme. Mais il n'y a pas, ou peu, de noblesse dans le polar. Passer une page à décrire les sentiments intimes d'un personnage, intercaler des réflexions dans un dialogue sans même aller à ligne ; voilà des manières qui peuvent passer dans le roman, mais qui sont un peu hors sujet dans un roman policier.
Le style ne m'a pas plu. J'essaye là d'expliquer pourquoi ce polar qui tourne autour de l'assassinat, après actes de torture, d'un vieux patron capitaliste assez déplaisant et de sa femme, dans une région isolée de la Catalogne, la Terra alta, a été d'une lecture pesante.
Passons aussi sur le goût, fort étonnant venant d'un policier, ancien délinquant, pour Les Misérables de Victor Hugo, et de manière générale avec les textes du XIX éme siècle. Ainsi que sur les discussions animées qui en résultent avec sa femme bibliothécaire. On n'y croit guère - et pourtant cela occupe un nombre de pages conséquent.
Le même récit, raconté autrement, aurait sans doute été plus prenant. Là, malgré des chapitres en flash-back sur le parcours du héros Melchor, qui sont presque ce qu'il y a de plus réussi dans le roman, les rebondissements sont rares. Cervas amène son final comme s'il était tout ce qui justifiait les pages précédentes : un aboutissement, qui n'en est pas un.
Ce n'est pas un mauvais livre. Juste un roman assez pesant, lourd dans sa forme, qui recèle de bonnes parties malheureusement enchâssées dans une intrigue manquant de rythme.
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Le temps qu’on met à lire un livre est-il synonyme de l’intérêt qu’on lui porte et de sa qualité? J’ai lu ce livre en deux semaines, de plus en plus captivé par l’intrigue. Je pouvais difficilement m’arrêter en cours de chapitre et comme chacun a environ 40 pages, l’ensemble des 400 pages de ce roman policier fut lu en quelques jours! Une double intrigue qui se croise et qui garde en haleine presque tout le long. J’ai bien aimé les liens avec Les Misérables de Victor Hugo. Tout de même j’ai été un peu déçu par un chapitre que je trouvais un peu superflu (la vie heureuse avec Olga). Une impression qu’il fallait remplir des pages car j’avais bien compris que c’était véritablement la femme de sa vie. J’aurais aimé aussi que l’auteur nous offre le dénouement de certaines intrigues secondaires. Peut-être cela fera-t-il parti d’un autre roman? Dans l’ensemble l’auteur nous offre assez de suspens pour nous tenir en alerte, avec un style et des mots bien choisis. Une nouveauté pour moi, cette façon d’offrir des descriptions au temps présent plutôt qu’au passé. Par moments, j’avais l’impression d’entendre une vidéodescription : « L’assassin entre dans la pièce. Il voit la victime endormie dans un fauteuil,,, » plutôt « L’assassin entra dans la pièce et aperçut la victime endormie dans un fauteuil » Ça fait beaucoup plus moderne, plus dynamique. 9/10
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« Terra Alta » débute par une enquête policière, se densifie avec le personnage de Melchor Marin, policier au parcours inédit, et se termine en réflexion philosophique sur la « justice ». Javier Cercas lie le rôle salvateur de la littérature au passé « qui ne passe pas » : la guerre civile espagnole. Terra Alta est une région du sud de la Catalogne, isolée, pauvre, elle conserve des structures sociales d’un autre temps : les Adell y maintiennent un pouvoir patronal autoritaire sur un empire industriel. Melchor Marin, jeune délinquant, subit une rédemption à la lecture des « Misérables », il prend modèle sur le policier Javert et entre dans la police. La littérature lui permet de rencontrer l’âme sœur, Olga, qui donne naissance à Cosette…. Son obstination à poursuivre une enquête classée lui révèle une faille. Le roman dépasse le genre policier pour emprunter la voie philosophique. Un bain, symbolique d’une nouvelle conversion, lui révèle un autre modèle de justice : ce sera désormais Jean Valjean. La construction du livre, ses ramifications originales et ses pistes de réflexion maintiennent l’intérêt à la lecture. Je vais poursuivre avec « Indépendance », deuxième tome d’une trilogie.
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Peu adepte de polar, je me suis lancé dans la lecture de Terra Alta offert par des amis. J'ai énormément apprécié cette intrigue : des temps forts, des temps faible, un brin de poésie et des héros ordinaires. Le style littéraire est d'un niveau excellent au point que l'on doute parfois de lire un polar. Les références à l'Espagne de Franco et aux Misérables de Victor Hugo complètent les ingrédients de ce succès. Cette lecture m'a donné envie de relire Les misérables.
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Avec « Terra Alta », Javier Cercas signe le 1er tome d'une intense trilogie policière, parce qu'elle est bien plus qu'une trilogie policière.
Depuis que j'ai découvert Javier Cercas avec « A la vitesse de la lumière », je considère que cet auteur fait partie des grands écrivains contemporains actuels. Il traite ses sujets avec intelligence alliée à une belle plume.
Et c'est toujours un plaisir de le retrouver et plonger dans ses histoires. J'ai l'impression que mes petits neurones sautillent de joie parce qu'on leur offre l'occasion de lire une littérature de qualité, tout en réfléchissant sur la nature humaine, sur la complexité de l'âme humaine. Comme le fait remarquer Vàzquez, un des personnages, il faut lire pour éviter de « finir avec le cerveau plein de toiles d'araignée ».
L'écrivain ressemble à un journaliste d'investigation (qu'il est par ailleurs par ses chroniques pour le journal El País). Il aborde de graves sujets sociétaux : argent, drogue, pouvoir, politique, etc., qu'il mêle à l'histoire espagnole (cette belle Espagne assombrie et meurtrie par des années de guerre civile, de franquisme,…).
L'intelligence de Javier Cercas dans cette trilogie est d'appâter suffisamment le lecteur pour l'accrocher dans ses filets en lui proposant un mélange d'histoire policière sociale et politique. Une fois le lecteur capté par l'enquête policière, Cercas peut l'emmener dans les ruelles sombres espagnoles et lui montrer sa vision de ce pays… Il joue même avec le lecteur et ses personnages en s'insinuant dans l'histoire (un peu à la Hitchcock lorsque le scénariste se glissait quelques secondes dans ses films), peut-être pour en donner plus de réalisme.
Dans cette trilogie, nous suivons Melchor Marin sur plusieurs décennies… Après quelques embardées de jeunesse, il va devenir policier, notamment pour essayer de retrouver les meurtriers de sa mère… Ce personnage, portant la cape du justicier, nous séduit également par son goût pour la littérature du XIXème Siècle. Et ce n'est sûrement pas anodin que son livre fétiche soit « Les Misérables » de Victor Hugo. Car tout au long de ces 3 tomes -pour ne pas dire dans d'autres romans précédents-, on retrouve beaucoup de thèmes de ce grand roman classique français.
Dans cette trilogie, il est en effet question de rédemption, de vengeance, de mensonges, d'amitié, de culpabilité, de cette part sombre que l'homme a en lui avec des doses et variantes plus ou moins élevées. Il est donc aussi question de la notion du bien et du mal. de jusqu'où on serait prêt à aller pour réussir à obtenir ce que l'on veut. Si cela concerne particulièrement les individus du pouvoir (politique, industriel, etc.), de manière plus philosophique, cela nous interroge sur les écarts de conduite possibles des ‘'justiciers'' (policiers) et de nous-mêmes.
Ainsi, Melchor, le personnage central notamment n'est pas d'un blanc immaculé : il a des failles, des obsessions. Et c'est une des raisons qui explique notre plaisir à suivre cette trilogie : l'auteur nous montre les différentes facettes des hommes, même ceux qui sont du bon côté… Cercas ne se contente pas d'une analyse manichéenne du monde. Il utilise une palette de couleurs pour ces divers personnages, des nuances de blanc virant au noir profond.
Il décortique l'âme humaine, fouille, triture dans sa noirceur, étale les travers et faiblesses et c'est peu dire que ce n'est pas très beau à voir. Il analyse la société actuelle en dessinant toutes les complexités, certaines ambivalences et donne ainsi de la profondeur aux protagonistes. Et peut-être que Melchor, pour hésiter à poser sa préférence entre Jean Valjean et Javert, a en lui une bonne part des deux.
Par contre, Javier Cercas décrit ceux appartenant à la sphère politique de manière particulièrement sinistre et nauséabonde. Il ne fait pas dans la demi-mesure. Pour eux, le nuancier se limite souvent entre noir et très noir. Et c'est même quelque peu déprimant de voir à quel point il n'y en a pas un pour racheter l'autre. Tout n'est que jeu de pouvoir, jeu d'influence, sans morale, sans conscience, pour parvenir à ses fins. C'est parfois écoeurant tellement tout ‘'ce beau monde'' est corrompu, vénal. S'il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, possible que l'écrivain l'étende aux terres espagnoles, de Terra Alta, à Barcelone, en passant par Majorque… Pas mal de vers sont en train de manger la pauvre pomme.
La violence des crimes narrés dans les 3 tomes est à la hauteur de la noirceur et de l'immoralité de certains grands de ce monde. C'est en tout cas ce qui, pour moi, en a résulté à la lecture de cette trilogie : l'histoire policière avait pour objectif premier de faire une critique sociale et politique sans concession, de décrire autant la sphère des dirigeants et leur intouchabilité que les failles de la justice.
La Catalogne, la terre âpre et qu'on croit paisible de Terra Alta, la rambla barcelonaise, la beauté de Majorque, les rayons du soleil espagnol pourraient nous aveugler en nous faisant croire que ces endroits ne sont que des petits bouts de paradis… mais ils ont aussi un petit goût d'enfer...
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