AccueilMes livresAjouter des livres
Découvrir
LivresAuteursLecteursCritiquesCitationsListesQuizGroupesQuestionsPrix BabelioRencontresLe Carnet
Critiques de Javier Cercas (526)
Classer par:   Titre   Date   Les plus appréciées


A la vitesse de la lumière

L'écriture est le seul moyen de témoigner de toutes les douleurs tues, celles dont on ne peut parler linéairement tant elles sont inavouables, irracontables. A la vitesse de la lumière parle de cette difficulté de vivre l'esprit assombri par les souvenirs douloureux. Et d'une soif de pouvoir qui aveugle, précipitant à leur perte nos deux protagonistes, avant de les transformer, à des époques différentes, en monstres de culpabilité.

Au risque de nous perdre dans un dédale psychologique, les phrases de Javier Cercas sont longues comme des pensées, comme des questions, comme les réflexions que chacun peut avoir à l'égard de son propre comportement et de celui de ses semblables. Son style est froid et m'a rappelé l'hermétisme de Philip Roth. (...)
Lien : http://chezlorraine.blogspot..
Commenter  J’apprécie          80
A la vitesse de la lumière

Il y a du “Crime et châtiment” dans cette œuvre. Raskolnikov n’a pas tué une vieille usurière mais a “fait” le Vietnam où il a été amené à commettre des actions qu’il ne pourra jamais assumer à son retour. L’habilité de l’auteur, outre sa rencontre avec le personnage principal, emmène son lecteur dans les difficultés de l’écriture, de la restitution, du témoignage, de la vérité, tout simplement. Il est impossible de parler de ce qu’on a vécu avec ceux qui n’ont pas cette expérience. Cela me rappelle les discussions des poilus qui ne parlaient qu’entre eux de la Grande guerre. Un livre bouleversant sur la parole interdite.
Commenter  J’apprécie          60
A la vitesse de la lumière

« J'ai eu pour la première fois l'intuition fallacieuse que le passé n'était pas un lieu stable mais changeant, altéré en permanence par l'avenir, et par conséquent rien de ce qui est arrivé n'est irréversible ». Quasi mot pour mot le narrateur s'interroge deux fois sur le passé tout d'abord comme une révélation contestable puis une seconde fois comme une évidence qui s'impose. Citation hermétique s'il en est. Parle-t-il de la perception du passé ?

Pour tenter de comprendre il faut avoir suivi pas à pas le narrateur, en grande partie l'auteur. Un jeune diplômé d'université barcelonais plutôt gauche part enseigner deux ans à Urbana, une université du Middle West américain. Il y côtoie Rodney, un collègue asocial, rescapé du Vietnam rongé par la culpabilité. Une relation forte mais incertaine s'installe entre eux. Lorsque, une douzaine d'années plus tard, Rodney vient le retrouver en Espagne, le même malaise persiste fait d'attirance irrépressible et de rendez-vous manqué presque de fuite. Entre temps le narrateur espagnol a fait son chemin. Ecrivain renommé après des années de galère il est célèbre. le succès inespéré s'avère un désastre qui le détruit moralement. Suite à un drame familial il perd tout appétit de vivre.

Au gré des hasards, car souvent c'est le hasard, un vague instinct, une sensation fugace qui sont les éléments déclencheurs, il souhaite renouer avec Rodney et faire de sa guerre du Vietnam le sujet d'un prochain livre. de retour dans le Middle West au gré des rencontres, des conversations, il aura la révélation diffuse mais fulgurante de la fin du tunnel, une « brèche dans la porte de pierre est apparue ».

Il ne faut pas trop en dire sur ce roman cérébral et trivial à la fois. John Wayne, figure du commandeur, Certains l'aiment chaud ou les cafés de Barcelone font aussi partie des références de l'auteur. On est dans le monde réel. Le récit d'une vie, de deux vies symétriques marquées par le drame, des échecs ou des sursauts. Le roman ne nous laisse pas souffler. Peu de pauses, ni de paragraphes, les phrases s'étirent au gré du cheminement interne du narrateur, soumis à des injonctions successives et contradictoires. Ce n'est jamais pesant, on est emporté avec lui, on adhère pleinement. Sa sensibilité devient la nôtre.

Un roman envoutant sur un passé douloureux.





Commenter  J’apprécie          165
A la vitesse de la lumière

Je l'avoue, je n'ai pas marché du tout.

Bien écrire ne suffit pas.

Discourir sur l'écriture peut être lassant. On appelle ça une dimension métafictionnelle (Oh là!)

Créer un narrateur anonyme est une excellente idée quand le personnage est crédible.

C'est là pour moi l'écueil de ce roman : il y a un hiatus entre Rodney Falk, vétéran de la guerre au Vietnam, personnage complexe et attachant, et un narrateur entiché de lui-même qui se livre à des théories peu originales : ce n'est pas le propos d'un roman, que je sache, de faire des cours d'écriture bourrés de moi-je. Par ailleurs, j'ai sans doute le coeur dur, mais ses souffrances et sa "culpabilité" me laissent froide. L'écrivain qui boit, souffre et écrit! Passons...

Bref du fil blanc partout, sauf dans l'élaboration de ce personnage bizarre et attachant qu'est Rodney Falk qui n'est pas sans évoquer Ignatius J. Reilly.

Ce qui tendrait à prouver que Javier Cercas aurait quelque chose à dire s'il quittait le domaine de l'auto-fiction. Il me semble que c'est là le tendon d'Achille de la littérature actuelle. Chacun y va de sa petite histoire, sans nul doute très intéressante. Il y en a même qui ont le toupet de remettre en question leurs familles en publiant leurs écrits de leur vrai nom : quel mauvais goût. Direction le divan!



Enfin, malgré l'intérêt et l'empathie même que la souffrance de Rodney Falk a déclenchés chez moi, il y a là (à mon avis) quelque chose non pas de surfait, mais de facile, à savoir l'évocation de la guerre au Vietnam. Pourquoi celle-ci? Plusieurs vétérans ont écrit leur auto-biographie , tel que Ron Kovic, parti comme volontaire et revenu paraplégique : "Né un 4 Juillet" est en effet le 2° volet de la trilogie d'Oliver Stone, le premier étant Platoon, et le dernier "Entre ciel et terre". Au regard de ces autobiographies/films presque insoutenables (Tom Cruise est la quintessence de l'acteur dans ce film), j'ai eu le sentiment d'une usurpation (cela n'engage que moi) à la lecture de ce livre, et surtout d'un grand déséquilibre entre un personneage incarné et un narrateur "fantôme". Si c'est le but de l'auteur, c'est réussi...Entre parenthèses, je n'ai même pas compris ce qu'il entendait par roman apocryphe...



A propos du Vietnam, j'ai bien conscience que peu de lecteurs partageront mon avis. Je ne peux que donner un autre exemple qui m'a mise très mal à l'aise : "Le choix de Sophie", de Wiliam Styron, qui "utilise" l'extermination d'un peuple à des fins romanesques , même si ce n'est qu'une partie de l'intrigue.



Commenter  J’apprécie          90
A la vitesse de la lumière

Tel un detective, Cercas vous amène vous frotter à ses personnages et vous laisse découvrir un peu leur part profondément enfouie, mystérieuse.
Commenter  J’apprécie          40
A la vitesse de la lumière

A Urbana, dans le Middlewest, le narrateur, jeune écrivain qui n'est jamais qu'un double de Cercas, s’est lié avec Robney, un vétéran de la guerre du Vietnam  hanté par son passé (je fais court, c’est beaucoup plus compliqué et subtil que ça). Pendant des années, le jeune écrivain va souhaiter écrire cette histoire, la différant perpétuellement. Il lui manque quelque chose. Puis peu à peu les pièces du puzzle se combinent. L’écrivain  un temps aveuglé par le succès de son dernier livre (Les Soldats de Salamine à l’évidence) découvre peu à peu les pièces manquantes du puzzle, pour qu’enfin il arrive à mener à bien cette histoire de souffrance et de culpabilité. La propre culpabilité de l’auteur en est un élément primordial, qui lui fera effleurer une meilleure compréhension de son ami.



C’est donc la même histoire, transposée, que Les soldats de Salamine. Le parallèle entre les 2 est impressionnant, des coups de téléphone répétés pour retrouver la piste des témoignages manquants jusqu’aux trains  en partance qui interrompent les confidences. On croit, longtemps, lire le même livre.



Mais ici Cercas va beaucoup plus loin, car le narrateur et son « héros » sont des contemporains, des amis, des doubles. L'écrivain aussi est pris dans la culpabilité.

« Trouver des coupables, c’est très facile ; ce qui est difficile, c’est d’accepter qu’il n y en ait pas. »



Et cela donne une dimension émotionnelle qui manquait aux Soldats de Salamine avec de très belles scènes d'intimité. Les diverses rencontres entre les personnages, tous souffrants à leur manière, sont d'une tendresse mélancolique et souvent désespérée. Cercas joue avec un grand talent sur les silences, les regards, les gestes, les non-dits. A la vitesse de la lumière, qui parle de guerre et d’abominations, de la violence et de l’abjection de l'homme, réalise le tour de force d’être aussi un roman d’une grande tendresse. L’amitié y a une expression forte et pudique. La vie est bien différente de ce que la jeunesse en attendait,  mais, quoique complexe et impitoyable, elle n’interdit pas une certaine réconciliation, avec le monde, avec soi-même.



L'écrivain est le seul qui puisse sauver la mémoire de Robney, il le sait, écartelé entre son amitié et l'horreur des actes que son ami a commis. Il sait que cette écriture sera pour lui une délivrance qui lui permettra, peut-être, un départ vers le meilleur. Pardonner à Robney, c’est se pardonner à soi-même. Et tous, Robney, son père, sa femme comptent sur lui pour défendre la mémoire du soldat, même s’ils savent que : « je mentirai sur tout, mais uniquement pour mieux dire la vérité ».





On ne peut qu’être fasciné de  voir s’entremêler le roman et de l’autobiographie, non par une espèce de curiosité morbide, mais parce que c'est le sens-même de l'écriture que Cercas interroge ici : l'écriture donne sens à la vie et la vie donne sens à l'écriture. Qu’est ce que la vérité, qu’est ce que la fiction, qu’est ce que l’art si ce n’est un moyen de survie ?



Ce roman, qui ressemble d’abord à un remake de Les soldats de Salamine, ouvre peu à peu d'autres pistes, il est encore plus achevé, il fouille au plus près l’intimité de l'écrivain, ses interrogations, ses errances et sa possible rédemption.
Commenter  J’apprécie          71
A la vitesse de la lumière

N°1658- Juillet 2022



A la vitesse de la lumière – Javier Cercas – Actes sud.

Traduit de l’espagnol par Elizabeth Beyer et Aleksandar Grujičič.



Un jeune espagnol qui ressemble fort à Cercas lui-même, qui veut devenir écrivain, comprend que pour cela il lui faut voyager, rencontrer des gens, faire des expériences. Alors pourquoi pas les États-Unis ? Sauf que ce fut Urbana, ville universitaire certes, mais triste et perdue au fond de l’Illinois, pas vraiment de quoi nourrir son rêve américain ! Il y croise par hasard Rodney, un vétéran du Vietnam au comportement bizarre . Pas très original non plus ! Mais cette rencontre a vraiment lieu quelques années plus tard, surtout par l’intermédiaire des lettres que Rodney envoyait à son père pendant les hostilités et qu’il confit au narrateur. Elles parlent de la violence et de l’absurdité de cette guerre et à son retour il se sent étranger dans son propre pays, a du mal à assumer sa qualité d’ancien combattant malgré ses médailles à cause des massacres perpétrés au Vietnam notamment sur des femmes et des enfants innocents. Il est bouleversé et culpabilisé et ne puise la raison d’une vie décousue que dans l’alcool, la drogue et une forme de marginalité inexpliquée. Notre apprenti écrivain condamne certes cette attitude meurtrière, y voit l’opportunité d’un roman à écrire, mais hésite longtemps notamment à cause du mutisme de Rodney qui se refuse à collaborer. Plus tard, quand ce dernier reprend une vie normale et rangée, le projet d’écriture revient et avec lui, la parole de Rodney qui accepte, malgré ses réticences, d’évoquer ses souvenirs comme pour les exorciser et s’en libérer, parce que c’était la guerre, les ordres, la logique des choses, la terreur qu’il fallait entretenir chez l’ennemi, mais ce qu’il n’ose dire c’est qu’il a ressenti une certaine jouissance à tuer parce que l’impunité était la règle et qu’il ressentait une impression de puissance dont aujourd’hui il a honte. D’ailleurs officiellement il ne s’est rien passé et le procès qui a évoqué le massacre se traduit par un classement vite oublié.

De son côté l’écrivain décrit son parcours, règle quelques comptes et la galère du début laisse place petit à petit à la notoriété, au succès, à l’argent facile et aux conquêtes féminines. Cette célébrité, ce parcours brillant et cette consécration font qu’il néglige sa famille au profit de sa carrière et lui donne la certitude que tout lui est permis et, toutes choses égales par ailleurs, il ressent cette même impression de toute puissance qui était celle de Rodney au Vietnam. En une sorte de fulgurance (à la vitesse de la lumière) il en prend conscience et se sent responsable de la mort accidentelle de sa femme et de son fils. Pour lui comme pour son ami, son impression de toute puissance, Rodney avec son arme, lui avec sa plume, leur donnent l’impression d’être des Dieux. Rodney était obsédé par ceux à qui il avait donné la mort face à la fragilité de la vie, la narrateur se sent coupable de la disparition des siens parce qu’il les a négligés. En tout cas les deux ressentent un terrible sentiment de solitude face au poids de leur passé qui les rend haïssables et méprisables à leurs propres yeux, qui leur ôte le goût de vivre, qu’ils combattent avec alcool et drogue. Ce qui les a uni, bien des années après, ce sont les larmes, celles du deuil pour Cercas et du remords et de la révolte pour Rodney. L’écrivain se découvre lui-même comme un véritable zombi, un fantôme en état d’hibernation, au bord du gouffre de la mort et évoque cette « porte de pierre » qu’il ne pourra jamais franchir, un assassin qui espère sans trop y croire dans le rôle rédempteur de l’écriture. Il écrira pourtant son livre, mêlant son destin à celui de son ami, pour maintenir en vie les morts, témoigner de leur passage sur terre mais aussi, à titre plus personnel, pour se faire pardonner ses trahisons, pour se sortir du piège dans lequel il s’était lui-même enfermé et faire échec à sa propre mort.

Comme toujours j’ai apprécié cette lecture non seulement parce que le texte est bien écrit et évidemment bien traduit, parce que, dès lors que j’ai ouvert un des romans de Cercas, il m’est difficile de le lâcher, mon attention étant maintenue en éveil jusqu’à la fin. Non seulement il parle, malgré quelques longueurs, de l’écriture, du métier d’écrivain avec ses grandeurs, ses servitudes et ses illusions, de l’impossibilité d’exprimer le message qu’il entend faire passer, à cause de la hantise de la page blanche mais aussi de la perpétuelle envie de remettre à plus tard ce devoir d’expression. Il pose de problème de la notoriété, du succès littéraire, de la vertigineuse euphorie du succès qui vous font passer pour un intellectuel, c’est à dire un être à part qui, après des années de galère, mène une vie différente d’avant, même si celle-ci le précipite dans la marginalité et le désespoir. Il analyse avec force détails son parcours, ses succès, ses échecs dans la publication de ses œuvres, ses périodes d’abattement de doute, d’humilité parfois forcée,

Il s’agit d’une sorte de mise en abyme, un roman qui s’écrit à l’intérieur même d’un autre roman où se mêle autobiographie avec une foule de détails personnels sur ses livres et sa vie et une fiction inspirée d’autres expériences. L’auteur évoque une guerre qu’il n’a évidemment pas faite mais il choisit, comme souvent, d’en dénoncer les violences et les atrocités mais se retrouve aussi face à lui-même. Le lecteur ne tarde pas à s’apercevoir qu’il s’agit moins d’un roman au sens traditionnel du terme que d’une réflexion de Cercas sur lui-même, sur son métier d’écrivain, ses romans. C’est vrai que chaque auteur puise dans sa vie et dans ses expériences la matière de son œuvre, c’est ce qui en fait la valeur et l’originalité même s’il tombe dans un solipsisme parfois dérageant. Ici je ferai difficilement la part des choses entre le roman, c’est à dire l’imagination et la réalité qui relient la guerre du Vietnam et ses atrocités à la mort d’un enfant et d’une épouse.

J’ai lu ce livre comme une longue réflexion sur le sens de la vie humaine, où destiné et liberté se conjuguent et s’affrontent, se rejoignent parfois sans qu’on sache très bien laquelle prend le pas sur l’autre, la vanité des choses humaines, leur aspect transitoire, la faculté de trahir les siens et l’hypocrisie de vivre ainsi, éternelles interrogations et compromissions de l’homme.
Commenter  J’apprécie          90
A la vitesse de la lumière

Un jeune écrivain espagnol se lie d'amitié avec un vétéran du Vietnam anéanti par le poids de son passé.

Chacun d’eux a connu un drame.

Dès lors, seul raconter l’un pourra sauver l’autre.



Un roman prodigieux sur le thème de la culpabilité.

Commenter  J’apprécie          130
A la vitesse de la lumière

Je connaissais l'auteur, j'avais lu un livre ardu mais intéressant "les soldats de Salamine"



Cette fois ce livre m'a captivé. Il s'agit d'une rencontre entre un étudiant et futur écrivain espagnol et un ex GI envient du Vietnam qui a fait parti de commando très spécial et qui est devenu Amok un jour. Cette rencontre va changer la vie du jeune Espagnol. C'est une double histoire tragique.



J'ai été prise dans cette histoire. J'ai cru que c'était autobiographique et réel.





Vraiment un livre à découvrir. la première phrase "A présent je vis une fausse vie, une vie apocryphe, clandestine et invisible, bien que plus réelle que si elle était vraie, mais j'étais encore moi même quand j'ai fait la connaissance de Rodney Falk."



Par contre si quelqu'un comprend le pourquoi du titre, je suis preneuse...
Commenter  J’apprécie          23
A la vitesse de la lumière

j'ai pas lu encore
Commenter  J’apprécie          40
A la vitesse de la lumière

Très beau roman sur la guerre du Vietnam, mais surtout sur les conséquences psychologique d'une guerre sur ses soldats. Comment une guerre peut transformer un homme, même s'il est éduqué. Ce roman fait réfléchir et pleurer à la fois.

Commenter  J’apprécie          10
A la vitesse de la lumière

A mon avis, Javier Cercas est un écrivain très doué. Son livre "Les soldats de Salamine" (paru en 2001) m’avait déjà stupéfié par son intensité exceptionnelle. Le présent roman nous parle aussi de la guerre, mais il parait un peu différent; il évoque un passé beaucoup moins reculé que la guerre civile espagnole.

Au début, le narrateur, de nationalité espagnole, a trouvé un poste dans une université américaine. Il se lie à un homme solitaire et secret, Rodney Falk, ancien combattant de la guerre du Viêtnam. Mais celui-ci disparait sans préavis et le narrateur retourne dans son pays. Il y publie son premier livre. Le succès qu’il obtient tourne aussitôt la tête au narrateur, qui abandonne complètement sa vie rangée. Mais sa folie a une fin; il décide alors de retrouver son ami Rodney...

Ce qui est très remarquable, dans ce livre, c’est la mise en parallèle des deux dérives fatales: celle de l’ancien soldat perverti par les horreurs de la guerre; celle du narrateur perverti par les pièges maléfiques de la vie civile. Comme d’habitude, Cercas explore le tréfonds de l’âme humaine, sans complaisance mais sans jugement moral de valeur. C’est pour moi un excellent roman.

Commenter  J’apprécie          70
A la vitesse de la lumière

Écrire aux portes de l’enfer.



Pourquoi et comment écrire ? Ces questions sont au cœur de ce roman brillant et bouleversant de Javier Cercas, publié en 2005 et traduit en 2006 par Élisabeth Beyer et Aleksander Grujičič pour les éditions Actes Sud, qui raconte une histoire en même temps que la naissance d’un écrivain.



Le roman démarre lorsque le narrateur, jeune homme désœuvré et fauché à Barcelone, rêve de devenir écrivain. Grâce à un professeur de littérature bienveillant, Marcelo Cuarto, il obtient une bourse de professeur assistant et s’envole vers l’université d’Urbana aux États-Unis. Durant ses premiers jours sur place, la tristesse et la nostalgie le gagnent : il se sent devenir fantôme dans cette ville aseptisée au milieu de nulle part, une atmosphère parfaitement retranscrite dans le premier roman de Javier Cercas, «À petites foulées».



La suite sur mon blog ici :
Lien : https://charybde2.wordpress...
Commenter  J’apprécie          100
A la vitesse de la lumière

Rien à dire de négatif (même en cherchant) : l’écriture est belle et souvent profonde, l’histoire est bien menée et forte. Quel écrivain ! Il m’a souvent fait penser à Sorj Chalendon. Le narrateur espagnol part deux ans aux USA (tout comme l’auteur !?) et deviendra l’ami de son collègue, qui a fait la guerre du Vietnam. Puis, il y aura un chassé-croisé où l’on attend, comme lui, des nouvelles et des réponses. C’est aussi des réflexions sur l’écrivain et ses doutes. Sur l’amitié, sur la vie de couple, sur la culpabilité. J’ai adoré la fin toute simple en évidence et en même temps… Un grand roman inoubliable ! Merci à Bookycooky

Commenter  J’apprécie          201
A la vitesse de la lumière

On a toujours de bonnes raisons de vouloir écrire même si c’est pour en contester l’objet ou pour dénoncer la vanité de la position d’écrivant. Dans A la vitesse de la lumière, Javier Cercas s’attache à explorer ce qu’il en est de l’écrivain et de ses prétentions. Suggérons ici qu'écrire c’est lire en soi-même quelque chose qui n’arrive pas à se dire, c’est fouiller le côté obscur du discours intérieur, c’est attraper par la queue un passé qui ne veut pas passer, c’est aussi un chemin qui s’ouvre et qui a à voir avec la reconnaissance en soi de quelque chose de désirant, de quelque chose pris par l’excitation, tant du côté de l’investissement de la langue que par le caractère d’irréalité de certaines évocations. Pour les protagonistes du roman, un écrivain en mal de reconnaissance et un intellectuel, criminel de guerre, en quête de rédemption, la recherche du sens de l’écriture est au cœur de leurs échanges. Pour le premier il s’agit de dire, de témoigner, d’être dans une démarche qui se risque à appréhender la réalité, d’être quelqu’un qui dans l’acte d’écrire, donne forme et consistance à une matière engloutie. Pour le second, l’écrivain est un cinglé qui regarde la réalité et qui parfois la voit ; quant au lecteur, il ne fait la plupart du temps qu’avaler de belles phrases en s’imaginant avoir entendu quelque chose de l’ordre de la vérité. La réalité ne se raconte pas, ce que tu imagines, c’est se qui s’est passé, dit-il, persuadé que tout n’est que duperie et imposture, au mieux illusion. La question du mensonge est omniprésente et donne paradoxalement un sentiment d’authenticité à la brutalité des faits évoqués. Pour cet homme habité par ses seules fautes, écrire son histoire est impossible car elle reviendrait à brouiller ce qui s’est passé, à glorifier l'abject en le mettant en scène et à finalement l’absoudre d’une culpabilité qui ne peut se réparer.

Cette histoire irracontable les mènera l’un et l’autre au bord de l’abîme, et l’écrire malgré tout, restera la seule façon de rompre avec l’errance psychique, la seule voie capable de maintenir quelque chose en vie et de dompter un tant soit peu la part d’inhumanité qui demeure en eux. Un roman faux mais plus réel que s’il était vrai, conclut le narrateur. Un livre indispensable.
Commenter  J’apprécie          20
A la vitesse de la lumière

Après deux ans de (ré)apprentissage de l'espagnol, je peux enfin lire du Cercas en version originale, sans filtre ni traduction. Malheureusement, ce n'est pas, je trouve, l'ouvrage le plus abouti de l'auteur catalan, ni le plus excitant, que ce soit l'histoire en elle-même, tragique et porteuse d'espoir à la fois, ou le style, que je n'ai pas véritablement reconnu après trois de ces ouvrages que j'ai pu dévorer par le passé.

Je n'aurais pas apprécié en français, mais l'avantage d'avoir lu "la velocidad de la luz" est d'avoir (largement) fait progresser mon immaitrise de l'espagnol.
Commenter  J’apprécie          50
A la vitesse de la lumière

Que dire de ce roman si ce n'est qu'il m'a bouleversé. Cercas nous emmène à travers l'histoire d'un écrivain reconnu (Cercas lui-même ?) et son ami américain vers des questionnements existentiels. Avec une grande maitrise et une grande virtuosité, le roman résonne en nous bien après la fin de sa lecture. Une belle découverte.
Commenter  J’apprécie          280
A la vitesse de la lumière

D’où vient l’écriture ? Qu’est-ce que le succès ?



L’histoire de À la vitesse de la lumière commence avec un certain Rodney Falk, vétéran du Vietnam très érudit, mais qui ne s’est jamais remis des drames « collatéraux » liés à la guerre du Vietnam. Il travaille dans une université à Urbana, petite ville de l'Illinois au fin fond des États-Unis. Et où se retrouve aussi le narrateur de À la vitesse de la lumière, un apprenti écrivain obscur, qui quitte sa Barcelone natale pour un poste d’assistant espagnol dans cette université obscure.



Une amitié étrange naît entre les deux hommes. Celle-ci, faite principalement d'échanges littéraires, s'interrompt lorsque Rodney disparaît sous l'impulsion d'une de ces crises dont il semble familier. Sans nouvelle et visiblement dépendant de son nouvel ami, l'écrivain débutant part à sa recherche et apprend par son père quel type d'homme il est véritablement : un ancien du Vietnam, psychologiquement ruiné par cette expérience, et a priori incapable de cultiver quelque forme de relation humaine que ce soit. Au cœur du cyclone, la guerre du Vietnam et le destin brisé de la jeunesse dorée américaine. Rodney, étudiant pacifiste soudainement happé par le vertigineux pouvoir de donner la mort, est rentré de l'enfer. Son frère, le fils préféré du père, patriote convaincu, lui, est mort au front.



Rentré en Espagne, le narrateur publie ses premiers livres (dont un certain À petites foulées - titre d’un vrai roman de Javier Cercas), se marie et fonde une famille, tout en ruminant régulièrement cette amitié teintée de malaise et de manque.

Et l’idée jaillit alors que le narrateur pourrait raconter l’histoire de Rodney, parce que, comme dit le narrateur – ou Javier Cercas ? - « écrire est la seule chose qui pouvait me permettre de regarder la réalité sans me détruire ou sans que celle-ci s'abatte sur moi comme une maison en flammes, la seule chose qui pouvait doter la réalité d'un sens ou d'une illusion de sens ».



Je n’ai pas tout aimé dans ce livre. Il y a de longs passages sur la déchéance d’un écrivain lorsqu’il a connu le succès. En plus des deux citations en exergue de Ingeborg Bachemann ou de Jules Verne, on aurait pu rajouter la citation d’Oscar Wilde :



Il y a deux tragédies dans la vie. L’une, de ne pas atteindre ce qu’on désire. L’autre, de l’avoir atteint.



Quand il écrit « Même si j’en étais à peine conscient au début, le succès et la célébrité m’ont très vite avili » on peut supposer que derrière le narrateur écrivain, c’est Javier Cercas qui parle.

Cercas a connu un franc succès international avec Les soldats de Salamine. « Où sont les histoires avant d’être racontées ? - demande Raphaëlle Rérolle dans un article du Monde des livres - Dans la tête des écrivains, ces vampires professionnels ou bien dehors, dans la vie qui les inspire ? Et à qui appartiennent-elles ? Purs électrons libres ou patrimoines privés, que l’on pourrait refuser de céder à autrui ? » Javier Cercas explique dans cet article qu’il laisse affluer un livre plutôt qu’il ne le sollicite : « Je pars d’une image et le reste suit. » Pour À la vitesse de la lumière ce fut l’image d’un homme assis sur un banc public, tranquille, en train d’observer des enfants jouer. « A qui pouvait songer cet homme ? Qu’y avait-il dans sa tête ? »



Personnellement je ne crois pas que Javier Cercas se soit identifier totalement à son narrateur. Je crois plus qu’il se projette dans le personnage de Rodney, un homme épris de littérature, et qui essaie de regarder la vérité en face, et de la décrire, et en considérant que le succès pour un écrivain est la pire chose qu’il puisse connaître.



Pour moi une des erreurs de ce livre c’est qu’il se termine trop tard. Il y a des pages en trop. J’aurais interrompu le récit page 273, avec le départ de Jenny ; « Mais Jenny ne s’est pas retournée, ne m’a pas regardé, de sorte que j’ai pris l’avenue et suis sorti de Rantoul. » Ça aurait pu être une phrase de fin plutôt convenable.

Au lieu de quoi, Javier Cercas nous donne une sorte de postface sur ce qui se passe après, et qui est à mon sens dépourvu d’intérêt pour l’histoire.



Mais çà ne fait rien, on pardonne à Javier Cercas, parce qu’avec À la vitesse de la lumière il parvient à nous questionner sur l’une des questions les plus intéressantes sur l’écriture. Je lui laisse le mot de la fin :



Tous les romans sont autobiographiques. C’est une sorte de strip-tease à l’envers : on part de sa propre expérience, de ce que l’on a de plus authentique, de meilleur et on le cache. La technique littéraire pose des robes, des chapeaux et on devient méconnaissable. C’est cela écrire un roman.

Commenter  J’apprécie          70
A la vitesse de la lumière

Ce roman, découvert par le biais d'un de mes cours à l'université m'a bien plu.



En effet, j'ai été portée par l'histoire racontée par l'auteur. La plume, bien que simple, a réussi à me faire tourner les pages sans difficultés. Il y a pourtant eu quelques longueurs mais j'étais portée par l'histoire de cet écrivain à la recherche du succès. Je dois avouer avoir tout particulièrement apprécié le roman dès lors de la rencontre du protagoniste avec le personnage de Rodney. L'histoire est devenu tout de suite bien plus intrigante , je voulais découvrir le personnage de Rodney et son histoire et je n'ai pas été déçue.



C'est un roman touchant et bien construit.
Commenter  J’apprécie          10
A la vitesse de la lumière

La décision du narrateur de partir à Urbana, une université américaine va être un tournant dans sa vie. Il rencontre là-bas Rodney Falk, un vétéran du Viet-Nâm avec il noue une amitié particulière. Mais un jour Rodney disparaît. Il apprend par son père qu'il a un passé un peu sombre…



Ce roman est une spirale : j’ai été prise dans le flot de passé et présent, entre guerre réelle et guerre mentale. On suit en parallèle deux histoires, deux personnages qui vivent des moments très durs. Le narrateur est un écrivain et connait un premier succès avec un livre sur la guerre civile espagnole (clin d’œil aux soldats de Salamine ?). Le lien est très fort entre ces deux hommes même si, souvent, ils se ratent, se jugent puis se comprennent. Ces deux histoires noires en miroir donne un roman troublant et amenant à la réflexion sur l’écriture dans un style sublime. Cercas retranscrit bien leur culpabilité, leurs regards respectifs sur la vie de l’autre et ainsi, la possibilité de s’en affranchir.
Commenter  J’apprécie          70




Acheter les livres de cet auteur sur
Fnac
Amazon
Decitre
Cultura
Rakuten

Lecteurs de Javier Cercas Voir plus

Quiz Voir plus

Le mythe d'Œdipe

Œdipe signifie :

Abandonné
Incestueux
Pieds enflés

10 questions
197 lecteurs ont répondu
Thèmes : mythologie grecqueCréer un quiz sur cet auteur

{* *}