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Critiques de Javier Cercas (526)
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Indépendance

Deuxième volet de la trilogie commencée avec Terra Alta où nous retrouvons Melchor dans un chapitre choc d'ouverture où il défend de jeunes prostituées. Mais l'essentiel du roman n'est pas là puisque Melchor est appelé en renfort à Barcelone aux côtés de son ancien chef Blai. Cette fois il doit enquêter sur un chantage visant la maire de Barcelone.



Les recherches vont plonger les enquêteurs dans les sombres manigances des familles ‘régnantes' de Barcelone, celles qui détiennent toutes les clés de la richesse et du pouvoir depuis longtemps et qui sont prêtes à tout pour que rien ne change, indépendance de la province ou pas.



J'ai été moins embarquée dans ce roman que pour Terra Alta, les discours sur la politique catalane sont trop longs et desservent à mon sens le rythme du roman. On devine que l'auteur veut faire passer un message ou régler des comptes. Heureusement que le récit de l'enquête est parfois entrecoupée par les aveux partiels d'un des protagonistes ce qui donne envie d'en savoir plus.



La conclusion de l'intrigue est alors sans grande surprise sauf en ce qui concerne un twist final qui permet à Melchor de résoudre enfin un mystère qui touche à sa vie personnelle passée. Autre bémol en ce qui concerne des personnages un peu caricaturaux, vraiment très noirs et très cyniques d'un côté ou résolument humanistes de l'autre, seul Melchor, le héros dont on attendait le retour est en demi-teinte, plus nuancé, un peu trop peut-être même. Cela reste un assez bon roman policier et je lirai tout de même le troisième volet en espérant retrouver le même enthousiasme que pour Terra Alta.

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Indépendance

Avec le second volume de la trilogie policière de Javier Cercas, je me réjouissais de retrouver Melchor découvert dans « Terra Alta ».

Le flic au lourd héritage s'est retiré à Gandesa à plus de deux heures de route de Barcelone.

Depuis l'assassinat de son épouse dont il se sent responsable, il vit avec sa fille Cosette (sic).

Ce passionné de littérature envisage de devenir bibliothécaire pour tenter d'oublier la noirceur de son métier.

Lorsque son ami Blai, policier lui aussi, le sollicite pour résoudre une affaire, il met son projet sur pause et enquête sur le chantage à la sextape dont est victime la maire de Barcelone.

Ses investigations reflètent la collusion entre l'argent et le pouvoir ainsi que les mensonges, le populisme et la manipulation dont les politiques sont des virtuoses, notamment les Catalans qui auraient agité le mirage de l'indépendance pour tromper le peuple.

Elles sont aussi l'occasion pour Melchor de se replonger dans son passé.

J'ai trouvé cet opus 2 bien en deçà du premier. La trame policière est plutôt convenue, les dialogues foisonnants sont souvent redondants et il manque la dimension historique qui faisait la saveur du premier.



EXTRAIT

- Tant que dure le repentir dure la faute.


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Terra Alta

On a l’impression que l’auteur tire à la ligne, rapportant le moindre mouvement (par souci de réalisme ?), ce qui ralentit la lecture et ça manque de punch.

Une intrigue peu intéressante qui suit la découverte d’un vieux couple atrocement torturé, histoire de donner un peu de gore inutile à un récit plat. On n’arrive pas non plus à se passionner pour cette région pauvre, ni à son passé dévasté par la guerre civile, pourtant le cheval de bataille de ce romancier réputé, qui s’attaque pour la première fois au polar.

Il y a des moments intéressants, comme la rencontre avec la future femme de l’inspecteur Marin, au moyen d’échanges de livres, mais les retours incessants aux « Misérables » finissent par lasser. Le développement sur sa mère prostituée assassinée pour justifier son entrée dans la police (après avoir purgé une peine de prison, ce qui me laisse perplexe, mais peut-être est-ce possible en Espagne ?) est également trop long.

Bref je me suis ennuyé avec une intrigue finalement simpliste, des passages peu réalistes, alors que cet ancien champ de bataille offrait de belles ressources.

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Indépendance

Deuxième opus de la trilogie de Rabière Cercas, construite autour d’un policier, Melchor Marin. Attention, je conseillerai aux potentiels lecteurs de commencer par Terra Alta pour bien comprendre toutes les allusions à ce roman et la construction de la personnalité de Melchor. Le personnage de Melchor est fort de ses faiblesses et fêlures et fort de son amour pour les livres.

L’action se déroule, non pas en Terra, Alta, mais à Barcelone lorsque la maire de la ville subit un chantage à la sextape. L’intrigue est bien menée, complexe mais réaliste ; les personnages intéressants ; en outre la ballade dans les quartiers de Barcelone résonnera pour les lecteurs qui aiment cette ville. Cercas est joueur puisqu’il fait de lui et de son précédent roman l’un des personnages et l’une des clés du roman ! Je ne suis pas sûr que c’était nécessaire.

En revanche, j’ai bien apprécié le procédé narratif qui revient à plusieurs reprises dans le livre et qui consiste en un dialogue entre l’un des protagonistes supposé du chantage à la sextape, et un interlocuteur dont ne connaît pas l’identité et qui permet au lecteur de comprendre peu à peu ce qui s’est passé, d’identifier le(s) coupables et le mobile.

Il faut préciser que le titre du roman a peu voir avec l’intrigue. Le thème de l’indépendance de la Catalogne n’apparaît en fait qu’en filigrane lorsque Cercas fait référence au contexte historique du Procés (le processus d’accès à l’indépendance) de la Catalogne et aux événements de 2017. Je retiens quand même cette phrase clin d’œil de l’un des personnages : « Le catalan, qui ne veut pas l’indépendance n’a pas de cœur ; celui qui la veut n’a pas de tête. »

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Terra Alta

Premier opus d’une trilogie, Terra Alta est un polar de Javier Cercas, grand romancier espagnol

Il tire son titre de la région Terra Alta, terre pauvre, aride, inhospitalière du Sud-Ouest de la Catalogne.

Le roman est le récit d’une enquête policière autour de la mort du fondateur d’une grande entreprises et de son épouse, de la vie en Terra Alta, de l’histoire de la guerre civile et de ses cicatrices. Mais il est surtout le récit de la vie et de la personnalité du personnage principal : Melchor Marín, fils d’une prostituée, délinquant et condamné à la prison. En prison, il découvre la littérature et plus particulièrement Les Misérables, les personnages de Jean Valjean/M. Madeleine et surtout de Javert, ce policier obnubilé, obsédé par son enquête et sa traque de Valjean. La lecture lui donne envie de reprendre des études pour ces derniers mois en prison.

Devient policier quelques temps après sa sortie de prison, comme Valjean, il commence une nouvelle vie et entre dans la police après en avoir réussi le concours d’entrée. Il devient même un héros dans la police en mattant fin à un attentât islamiste.

L’enquête est lente, difficile. Au point que la hiérarchie policière décide de la clore. Grace à sa ténacité et à son intelligence, Melchor va démasquer l’auteur du crime. On retrouve là un thème classique dans les polars : celui du refus du classement de l’affaire, celui de la quête obsessionnelle et déraisonnable de la vérité, comme dans le Dalhia noir !

Les dernières pages du roman sur l’éthique de la justice (« quand on pousse le bien à l’extrême, il se transforme en mal ») sont lumineuses.

Enfin, il faut saluer la construction habile, intelligente, non linéaire du roman avec des allers-retours dans le passé immédiat ou dans le passé lointain qui apporte beaucoup à la narration.
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Les soldats de Salamine

Miralles, le vétéran de la guerre d’Espagne, simple soldat du début à la fin, démobilisé en 1945 en Autriche s’interroge sur la pérennité du souvenir d’évènements qui n’intéressent plus personne. Un soldat inconnu que tout le monde appelle Miralles comme s’il s’agissait de son prénom. Une des dernière voix capable de parler de cette guerre qui, quoi qu’il en dise, hante encore les esprits au point d’observer chez certains intellectuels, une forme de nostalgie, un rêve de guerres idéologiques à une époque où le numérique et les effets spéciaux ont remplacé les textes épiques. Les déjections d’un Malraux (Genre BHL) ou d’un Hemingway tentent de nous bercer des légendes qui les nourrissent. Les admirateurs inconditionnels de ceux qui poussaient les commissaires politiques staliniens à remettre de l’ordre dans les rangs pour se préserver des POUM ou autres poussées chaotiques, des lubies d’anarcho-syndicalistes ressurgissant aujourd’hui comme des démons extraits d’une fosse commune.

L’écrivain américain, auteur de Pour qui sonne le glas, traduit en une phrase la tragédie, un échange verbal entre deux de ses personnages fictifs s’exprimant au sujet de Calvo Sotelo, «c'était un bon fasciste», et l’autre qui lui répond, « ce sont ceux qu’il faut tuer en premier ».

Le journaliste J.Cercas s’exprime lors d’une interview dans un salon du livre en France et fait référence à son livre qui a changé sa vie parce qu’avant Les soldats de Salmine il était un écrivain sans lecteur et que du jour au lendemain il s’est métamorphosé en auteur à succès.

Il précise également que la guerre d’Espagne n’est pas une tragédie parce que dans une tragédie les deux camps ont raison. Mais dans le cas du conflit entre nationalistes et républicains, le gouvernement légal est attaqué et doit se défendre. Mais quelle est la légitimité de ce gouvernement légal quand ses milices assassinent des députés, emprisonnent des opposants et par conséquent confisquent le débat démocratique, profitant de l’entrée en conflit pour fusiller les leaders nationalistes.

Comme beaucoup de gens de gauche à la sauce Antonio Machado (Son frère a choisi le camp nationaliste) saupoudré de Nicolas Guillen (Prix Staline pour la paix en 1954), J.Cercas est dans le camp du bien, alors que j’ai choisi le camp du diable, il y a de cela longtemps et bien qu’il m’arrivât encore de fredonner les mélodies de Paco Ibáñez.

Mais j’apprécie néanmoins sa performance littéraire, le plan en trois parties qu’il nous livre est remarquable et nul n’est besoin de reprendre son souffle pour le parcourir. La guerre d’Espagne n’est pas qu’une affaire d’historien, c’est aussi une affaire de famille, car il s’agit d’un conflit fratricide, Montherlant disait que « tout homme est une guerre civile » et sa pensée dépassait le cadre de la scène théâtrale, bien évidemment.

Cercas poursuivra cette introspection dans le Monarque de l’ombre, cette visite parmi ses ascendants qui auraient choisi le camp du mal. Ouvrage également passionnant où il réussit à mettre un mouchoir sur ses convictions personnelles pour mieux appréhender l’engagement de ceux qui auraient choisi le camp nationaliste.

Pour revenir au personnage ayant motivé le livre, Sanchez Mazas, l’un des fondateurs de la phalange, rescapé d’une exécution sommaire, antithèse de Miralles parce qu’il n’a jamais tenu un fusil de sa vie, cet homme que je ne connaissais pas avant de lire le livre demeure un paradigme. Celui de l’intellectuel, journaliste, écrivain, à l’image de Javier Cercas, dont l’engagement et la vie qui suivra, symbolise parfaitement l’écart existant entre une idéologie et sa traduction dans la réalité. Les contradictions, le travestissement, les décalages, voire aussi la trahison opposant l’homme de pensée et l’exercice réel du pouvoir éloigné de l’idéal fondateur sont ici clairement mis en exergue.

J’ai également apprécié les touches grivoises agrémentant le récit, touches personnelles d’un auteur apparemment porté sur le sexe.
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Terra Alta

Un polar passionnant, au scénario bien ficelé, mêlant présent et passé, et qui alterne l’enquête sur l’assassinat des époux Adell et l’histoire de Melchor.

Un policier complexe, au passé tumultueux et dont il a du mal à se défaire, qui s’identifie aux personnages des misérables, son roman fétiche.

Un style assez déroutant au début, où les actions et les éléments du décor sont décrites minutieusement et dans le détail, de façon un peu enfantine ou à la façon d’un script de cinéma. Mais une traduction assez médiocre.
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L'Imposteur

Mi-juin 2005, un jeune historien révèle l'énorme supercherie dont le célébrissime Enric Marco fut l'auteur pendant plus de trente ans.

Symbole de la lutte contre le franquisme qui lui offrit les lettres de noblesse pour diriger le mouvement anarcho-syndicaliste alors qu'il s'accommoda, comme la grande majorité des Espagnols, de la dictature, l'homme atteignit l'acmé de la mystification en s'inventant un passé de déporté dans un camp nazi.

En écrivant sur Marco, c'est sur son pays que l'auteur écrit car Javier Cercas aime à puiser dans l'histoire de l'Espagne pour composer ses livres. Pourtant, il a mis du temps à se décider à s'emparer de l'usurpateur.

Après moult atermoiements autour de la légitimité de son projet, il se décide à sauter le pas pour tenter de comprendre le cheminement qui a conduit Marco à berner le monde entier.

« Comprendre […] ne veut pas dire pardonner » écrit-il en justifiant son intention de saisir « toute la confuse diversité du réel, depuis ce qu'il y a de plus noble jusqu'au plus abject ».

En se « servant » de Marco, Cercas s'interroge sur la fonction de l'écrivain et sur le rôle de la littérature ce qui l'amène à considérer que le romancier est un fabulateur car, « pour arriver à la vérité, il faut mentir ». Comme son objet d'étude, il est un imposteur mais la différence est qu'il en a le droit parce que c'est en quelque sorte sa mission. À l'instar de Cervantes qui a transformé Alonso Quijano en un personnage, Don Quichotte, un idéaliste avide d'héroïsme.

Tout en alimentant le récit de considérations sur son rôle comme inventeur de fictions et donc un peu imposteur, Cercas confronte la biographie réelle de Marco à celle qu'il a imaginée, réfléchit aux conséquences des mensonges proférés et cherche à saisir les raisons de cette tromperie.

En affirmant qu'il fut une victime du nazisme, il a non seulement manqué de respect pour les vrais persécutés et favorisé les théories négationnistes. Et Marco de rétorquer que, grâce à ses talents d'orateur et son charisme, il est parvenu à sensibiliser les jeunes générations à l'horreur de la Shoah. De même, en se présentant comme un combattant antifranquiste, il se targue de « raviver la mémoire historique de ce pays amnésique ». Quitte à en faire un business, non par appât du gain mais par une sorte de nécessité de s'inventer une vie plus belle que la sienne, plus belle que celle de la plupart de ses compatriotes.

Pourquoi ? Tout simplement par envie d'être aimé, une nécessité pour celui qui est né dans un asiles d'aliénés d'une mère folle, dont le père « n'était pas un homme affectueux » et dont les premières années furent marquées par les coups de sa marâtre.

Alors, Marco n'est-il qu'un charlatan, n'est-il pas surtout un homme qui a été privé d'affection pendant son enfance et menti pour plaire et être admiré ?

La réalité est décidément complexe et l'intelligence de l'écrivain espagnol est de l'avoir mis en évidence avec brio mais aussi avec une humilité remarquable parce qu'il procède par tâtonnements, questionnements et sans certitude.

Dommage que le récit souffre de quelques longueurs et de répétitions qui frisent le radotage.



EXTRAITS

La réalité tue, la fiction sauve.

Le passé n'est qu'une dimension du présent.

Marco a fait un roman de sa vie.

Entre la vérité et la vie, ils choisissent la vie.

Ce pays a fait la réconciliation sur fond d'oubli.
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L'Imposteur

L'imposteur est un livre original dans lequel Javier Cercas essaie de retracer ce qui a pu pousser un homme à mentir et à s'enfoncer dans son mensonge. Le propos est loin de tout manichéisme.

Ce livre souligne la complexité de l'Humain et j'invite à le lire même si certains passages peuvent être un peu longs.
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Le château de Barbe Bleue

Polar d’une fille disparue, qui se change en « Mission impossible ».



L’ex-policier devenu bibliothécaire n’a pas de nouvelles de sa fille, partie en vacances à Majorque avec une copine. Pour la retrouver, il devra faire face à une sordide histoire d’exploitation sexuelle de mineures.



Si l’intrigue semble parfois un tantinet capillotractée, il n’en demeure pas moins trop réel, ce phénomène des hommes riches qui « achètent » les services de petites filles.



À lire aussi pour le plaisir d’une visite à Majorque.
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Le château de Barbe Bleue

Woah j'ai adoré Javier Cercas nous offre un roman façon "Océan's".Une intrigue qui inclue analyse politique et sociale, des histoires de flics et d'ex flics, une histoire d'amitié et surtout une montée de la barricade comme dans "les misérables". Javier Cercas est un grand romancier, moderne, sensible aux problématiques de notre époque et avec la petite touche en plus : la dérision par rapport à son oeuvre, un clin d'oeil qui nous interpelle pour ne pas s'engouffrer dans l'histoire et pour que nous restions vigilants aux vrais sujets de ses romans. Bref je suis fan
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Terra Alta

Avec « Terra Alta », premier volume d'une trilogie, Javier Cercas, écrivain espagnol réputé pour son exploration du passé sombre de son pays, s'est essayé au roman policier, un genre qui ne lui empêche pas de poursuivre son introspection historique. Bien au contraire.

Alors que son service de nuit s'achève dans un commissariat de la Terra Alta, Melchor reçoit un appel d'un collègue lui annonçant qu'un triple assassinat avait été commis dans une propriété cossue des environs. Deux personnes âgées ont été sauvagement torturées et la domestique roumaine a pris une balle en pleine tête.

Pourquoi s'est-on acharné avec une telle violence sur le richissime et puissant propriétaire des Cartonneries Adell et sa femme ?

Pourtant on lui avait dit qu'il ne se passait jamais rien dans cette comarque ! En affirmant la tranquillité de cette contrée, c'est oublier qu'elle fut le théâtre de la sanglante bataille de l'Ebre pendant la guerre civile espagnole.

Cela fait quatre ans que Melchor vit, avec son épouse et sa fille, dans ce petit bout de terre catalane où il a été muté pour être protégé d'éventuelles représailles de l'État islamique après qu'il a occis quatre de ses membres lors de l'attentat de Cambrils en août 2017.

Avant d'intégrer la police Melchor était un petit malfrat qui paya d'une peine de prison ses multiples forfaits.

C'est au cours de son incarcération qu'il se prend de passion pour la littérature et particulièrement pour l'un de ses grands classiques : « Les Misérables ». De ce pavé hugolien il s'attache à Javert, incarnation de « la vertu déguisée en vice » et prouve qu'un livre a le pouvoir de changer la vie.

C'est cette lecture et l'assassinat non élucidée de sa mère prostituée qui vont le motiver à devenir policier et à abandonner son passé de délinquant.

Récit très maîtrisé campant un personnage complexe et en colère contre toutes les formes d'injustice touchant les plus fragiles, « Terra Alta » est plus qu'un simple roman policier. En employant les codes du genre, Javier Cercas offre un regard d'historien et de quasi anthropologue pour mieux décrire un pays qui n'en finit pas de panser ses plaies.



EXTRAITS

Quand on pousse le bien à l'extrême, il se transforme en mal.

La justice absolue peut être la plus absolue des injustices.
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Terra Alta

J'ai trouvé que ce polar était en polar sans vraiment en être un. En effet on a bien une histoire de meurtres et de policiers mais la résolution de l'affaire est sans rebondissement et plutôt simple. 



Ici l'auteur se concentre surtout sur le personnage principal, à la fin du livre on connaît entièrement son passé, le but est certainement d'introduire un personnage récurrent.



La lecture n'est pas désagréable mais ça manque un peu d'actions.



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Indépendance

Long, pénible. J'ai adoré Les soldats de Salamine, j'ai bien aimé Terra Alta. Indépendance ne m'a pas plu. C'est très bavard et très politique. L'intrigue policière est superflue, c'est un prétexte qui s'efface derrière le sujet : Barcelone. Ce n'est pas que ça ne m'intéresse pas. Si, c'est bien ça, ça ne m'intéresse pas tellement.
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Terra Alta

Cela fait quelques années que je ne m'étais pas promené en terre catalane, pour boire une bière fraîche sur une terrasse ombragée à regarder le cul des catalanes ou le sourire des andalouses. En attendant Penelope Cruz, - pourquoi pas ?-, venue s'aventurer dans mes fantasmes ou mes souvenirs, je m'installe pour déguster un bon polar, premier d'une trilogie, signé d'un maître de la littérature espagnole, découvert avec Les soldats de Salamine et surtout établi au zénith de mes écrivains avec A la vitesse de la lumière, un chef d’œuvre.



A toi, venu t'asseoir à la table d'à-côté, bienvenue donc en Terra Alta...



Cela commence par un fait divers banal, même pas sûr que la une du journal en soit bousculée : les époux Adell, riches nonagénaires propriétaire de la grande - et seule -usine locale, monopole des richesses et de l'emploi, viennent d'être retrouvés morts... déchiquetés... torturés. Du sang, des silences, l'enquête commence avec le jeune Melchor, féru de littérature du XIXème. Mais c'est surtout l'occasion d'en découvrir un peu plus sur ce policier qui doit son salut à Jean Valjean et Javert. Délinquant juvénile, c'est en prison qu'il découvre Les Misérables de Victor Hugo (roman que je n'ai bien sûr pas lu, contrairement à Melchor qui en fait son livre de chevet pendant des années, lisant, cornant, relisant, écornant, à de nombreuses reprises). Et c'est ce livre qui le sauva, contrairement à sa mère et sa femme assassinées toutes les deux, de quoi approfondir les démons de Melchor au cœur de son âme.



La dernière page tournée avec la résolution de ce crime de haute bourgeoisie espagnole, la dernière gorgée avalée de cette IPA amarillo, la dernière lame rangée en attendant que la justice s'attaque à l'injustice, je repose Terra Alta sur l'étagère de ma bibliothèque où sont classés mes autres Actes Sud. A sa droite, Indépendance, le second volet des Misérables de Melchor qui m'embarquera un autre jour sur d'autres terres catalanes.
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L'Imposteur

Une histoire incroyable d'imposteur.



Le "héros" c'est Enric Marco (né en 1921 à Barcelone) ; il a actuellement 94 ans (en 2015).



L''homme que toute l'Espagne a admiré parce qu'elle avait besoin de héros pour affronter son histoire.

Il a prétendu avoir été interné dans le camp de concentration de Flossenburg en Bavière et a beaucoup témoigné sur les conditions de vie dans les camps de concentration en Allemagne.

Cet homme, mécanicien pendant de nombreuses années, a réinventé sa vie, de plus en plus détaillée dès que certains témoins disparaissaient. Une vie de semi-vérité et de faux mensonges. Une vie de fiction aux actes bien réels.



Javier Cercas, après avoir longtemps réfléchi, a écrit ce livre. Tourment de l'écrivain : est-ce que comprendre c'est justifier ?



Un livre passionnant qui pose la question de la Mémoire, de l''Histoire, des médias, la transition démocratique et le travail de l'écrivain lui-même.



Un livre entre documentaire et enquête : un livre courageux.

(lu en 2015)
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Terra Alta

Le temps qu’on met à lire un livre est-il synonyme de l’intérêt qu’on lui porte et de sa qualité? J’ai lu ce livre en deux semaines, de plus en plus captivé par l’intrigue. Je pouvais difficilement m’arrêter en cours de chapitre et comme chacun a environ 40 pages, l’ensemble des 400 pages de ce roman policier fut lu en quelques jours! Une double intrigue qui se croise et qui garde en haleine presque tout le long. J’ai bien aimé les liens avec Les Misérables de Victor Hugo. Tout de même j’ai été un peu déçu par un chapitre que je trouvais un peu superflu (la vie heureuse avec Olga). Une impression qu’il fallait remplir des pages car j’avais bien compris que c’était véritablement la femme de sa vie. J’aurais aimé aussi que l’auteur nous offre le dénouement de certaines intrigues secondaires. Peut-être cela fera-t-il parti d’un autre roman? Dans l’ensemble l’auteur nous offre assez de suspens pour nous tenir en alerte, avec un style et des mots bien choisis. Une nouveauté pour moi, cette façon d’offrir des descriptions au temps présent plutôt qu’au passé. Par moments, j’avais l’impression d’entendre une vidéodescription : « L’assassin entre dans la pièce. Il voit la victime endormie dans un fauteuil,,, » plutôt « L’assassin entra dans la pièce et aperçut la victime endormie dans un fauteuil » Ça fait beaucoup plus moderne, plus dynamique. 9/10
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Terra Alta

En catalogne, un petit bout de terre loin de tout, un peu austère, presque triste. Un affreux fait divers et un flic, tellement atypique, à la psychologie bien particulière. Terra Alta, petit village catalan, est secoué par un horrible crime : un couple de nonagénaire, notable du coin, est retrouvé assassiné à son domicile après avoir été torturé. Pour résoudre l'affaire, Melchor va être envoyé sur place, histoire de se faire oublié après son acte héroïque à la suite des attentats de Barcelone et de Cambrils. Terra Alta dissimule bien des secrets mais le policier aussi. Sur fond historique de guerre civile, Melchor sera confronté à l'omerta et aux ouvriers et villageois taiseux. Mais cette affaire va le pousser dans ses retranchements car il va aussi payer le prix de son acharnement. Malgré tout, quelques rayons lumineux viendront adoucir cette nomination sur les terres âpres de Terra Alta. Premier roman de Javier Cercas rencontré au festival Quais du Polar avec "Terra Alta" et il s'agit d'une belle découverte. Le rythme n'est pas effréné - il ne s'agit pas d'un page turner - mais quelle ambiance...L'auteur nous prend par la main et nous emmène sur cette terre presque inhospitalière de Terra Alta avec ses personnages rugueux, son manque de travail, ses problèmes sociaux et ses secrets. La résolution du meurtre passera nécessairement par quelques révélations du passé, peu glorieux, remontant à la guerre civile. L'écriture est belle, les descriptions immersives, les personnages travaillés, l'intrigue indéchiffrables jusqu'au bout. Ce qui fait le plus de ce roman, c'est l'attachement tout particulier de Melchor, policier au passé trouble aussi, au chef d'oeuvre de Victor Hugo, "Les Misérables".
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Terra Alta

Avec « Terra Alta », Javier Cercas signe le 1er tome d’une intense trilogie policière, parce qu'elle est bien plus qu'une trilogie policière.

Depuis que j’ai découvert Javier Cercas avec « A la vitesse de la lumière », je considère que cet auteur fait partie des grands écrivains contemporains actuels. Il traite ses sujets avec intelligence et une belle plume.

Et c’est toujours un plaisir de le retrouver et plonger dans ses histoires. J’ai l’impression que mes petits neurones sautillent de joie parce qu’on leur offre l’occasion de lire une littérature de qualité, tout en réfléchissant sur la nature humaine, sur la complexité de l’âme humaine. Comme le fait remarquer Vàzquez, un des personnages, il faut lire pour éviter de « finir avec le cerveau plein de toiles d’araignée ».



L’écrivain ressemble à un journaliste d’investigation (qu’il est par ailleurs par ses chroniques pour le journal El País). Il aborde de graves sujets sociétaux : argent, drogue, pouvoir, politique, etc., qu’il mêle à l’histoire espagnole (cette belle Espagne assombrie et meurtrie par des années de guerre civile, de franquisme,…).

L’intelligence de Javier Cercas dans cette trilogie est d’appâter suffisamment le lecteur pour l’accrocher dans ses filets en lui proposant un mélange d’histoire policière sociale et politique. Une fois le lecteur capté par l’enquête policière, Cercas peut l’emmener dans les ruelles sombres espagnoles et lui montrer sa vision de ce pays… Il joue même avec le lecteur et ses personnages en s’insinuant dans l’histoire (un peu à la Hitchcock lorsque le scénariste se glissait quelques secondes dans ses films), peut-être pour en donner plus de réalisme.



Dans cette trilogie, nous suivons Melchor Marin sur plusieurs décennies… Après quelques embardées de jeunesse, il va devenir policier, notamment pour essayer de retrouver les meurtriers de sa mère… Ce personnage, portant la cape du justicier, nous séduit également par son goût pour la littérature du XIXème Siècle. Et ce n’est sûrement pas anodin que son livre fétiche soit « Les Misérables » de Victor Hugo. Car tout au long de ces 3 tomes -pour ne pas dire dans d’autres romans précédents-, on retrouve beaucoup de thèmes de ce grand roman classique français.

Dans cette trilogie, il est en effet question de rédemption, de vengeance, de mensonges, d’amitié, de culpabilité, de cette part sombre que l’homme a en lui avec des doses et variantes plus ou moins élevées. Il est donc aussi question de la notion du bien et du mal. De jusqu’où on serait prêt à aller pour réussir à obtenir ce que l’on veut. Si cela concerne particulièrement les individus du pouvoir (politique, industriel, etc.), de manière plus philosophique, cela nous interroge sur les écarts de conduite possibles des ‘’justiciers’’ (policiers) et de nous-mêmes.

Ainsi, Melchor, le personnage central notamment n’est pas d’un blanc immaculé : il a des failles, des obsessions. Et c’est une des raisons qui explique notre plaisir à suivre cette trilogie : l’auteur nous montre les différentes facettes des hommes, même ceux qui sont du bon côté… Cercas ne se contente pas d’une analyse manichéenne du monde. Il utilise une palette de couleurs pour ces divers personnages, des nuances de blanc virant au noir profond.

Il décortique l’âme humaine, fouille, triture dans sa noirceur, étale les travers et faiblesses et c'est peu dire que ce n’est pas très beau à voir. Il analyse la société actuelle en dessinant toutes les complexités, certaines ambivalences et donne ainsi de la profondeur aux protagonistes. Et peut-être que Melchor, pour hésiter à poser sa préférence entre Jean Valjean et Javert, a en lui une bonne part des deux.



Par contre, Javier Cercas décrit ceux appartenant à la sphère politique de manière particulièrement sinistre et nauséabonde. Il ne fait pas dans la demi-mesure. Pour eux, le nuancier se limite souvent entre noir et très noir. Et c’est même quelque peu déprimant de voir à quel point il n’y en a pas un pour racheter l’autre. Tout n’est que jeu de pouvoir, jeu d’influence, sans morale, sans conscience, pour parvenir à ses fins. C’est parfois écœurant tellement tout ‘’ce beau monde’’ est corrompu, vénal. S’il y a quelque chose de pourri au royaume du Danemark, possible que l’écrivain l’étende aux terres espagnoles, de Terra Alta, à Barcelone, en passant par Majorque… Pas mal de vers sont en train de manger la pauvre pomme.



La violence des crimes narrés dans les 3 tomes est à la hauteur de la noirceur et de l’immoralité de certains grands de ce monde. C’est en tout cas ce qui, pour moi, en a résulté à la lecture de cette trilogie : l’histoire policière avait pour objectif premier de faire une critique sociale et politique sans concession, de décrire autant la sphère des dirigeants et leur intouchabilité que les failles de la justice.

La Catalogne, la terre âpre et qu’on croit paisible de Terra Alta, la rambla barcelonaise, la beauté de Majorque, les rayons du soleil espagnol pourraient nous aveugler en nous faisant croire que ces endroits ne sont que des petits bouts de paradis… mais ils ont aussi un petit goût d'enfer...



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L'Imposteur

Je crois que Javier Cercas est mon auteur contemporain préféré. Aussi, c'est avec délectation que je me suis plongée dans L'imposteur...en español !

Une histoire vraie extraordinaire dans le sens qui sort totalement du commun, de l'ordinaire.



Enric Marco est espagnol, catalan. Il est né en 1921. Lorsque la guerre civile éclate en juillet 1936, il est âgé de 15 ans. Sans envergure, sans talent particulier, Enric Marco profite des tragiques évènements historiques des années 30 et 40 pour s'inventer une vie, un passé, une position de héros, de déporté. Il se voit et se dit anarchiste exilé en France puis déporté en Allemagne. Il se construit une carrière de syndicaliste, de président de parents d'élève ETC...



Et si tout cela n'était que pure fiction dans la vie réelle !

Javier Cercas explore le passé sous un nouvel angle qui confine à l'hallucination totale ! Spécialiste du roman non fictionnel, il nous entraîne sur les chemins de travers et les secrets de travers d'Enric Marco. Une réflexion très bien étayée et documentée sur l'imposture.



Enric Marco au-delà de l'anti-héros, un homme qui a réellement existé et c'est inventé sa vie !

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Verres

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