Il faut dire que dans ma famille on est tous un peu fêlés, bizarres, branques, pas finis ou du moins pas comme il aurait fallu.
On voit des choses. On entend des choses. On sent des choses.
J’ai une frangine qui fait tourner les tables et qui pourrait sans doute faire de la mayonnaise rien qu’en regardant des œufs.
Ma mère causait aux fantômes et j’ai une aïeule qui était sorcière, là–bas, en Espagne.
Un peu lourd comme hérédité non ?
http://wp.me/p5DYAB-1lu
Alors voilà.
Je suis plutôt un gars du Sud. Pas le sud pastaga, le sud navaja si vous saisissez la nuance. De là une très légère tendance à l’excès, une infime propension à l’exagération et une hypersensibilité glandulaire qui n’autorise guère de monde à me courir sur le haricot.
J’écris des polars parce qu’il y a déjà bien assez de goitreux qui se répandent dans des autofictions et de gnomes qui commettent de la fantasy…
Des polars plutôt noirs parce que ça soulage la bile qui me vient quand je vois comme on maltraite les pauvres gens ; et des polars plutôt comiques aussi, parce qu’au fond, tout ce vaste merdier n’arrive même pas à être réellement tragique. Au mieux tragicomique et plus généralement, seulement grotesque.
Un jour, quand tout le monde sera heureux et que la concorde régnera, j’écrirai des histoires d’amour.
C’est pas demain...
Le monde est une vaste chambre pleine de recoins, de cachettes et d’ombres où se dissimulent des ombres.
http://wp.me/p5DYAB-1fe
vous savez comment sont les chats : exigeants, susceptibles et narcissiques. Comme tout le monde quoi !
Si on doit faire semblant et conserver un masque, y compris en face de ceux que l’on aime, à quoi bon s’aimer ?
Je suis comme ça: les enfants, les vieillards et les bébés animaux m'attendrissent au-delà du raisonnable. Un attendrissement toujours teinté de déprime car il y a dans la fragilité des uns et des autres comme une métaphore de notre universelle mortalité. A peine nés et déjà mourants, grignotés jour après jour, diminués sans pitié comme le sable du sablier.
Pour ceux auxquels ça aurait échappé, je ne suis pas le prototype du mec joyeux et légèrement insouciant. Même pas un brouillon raté. Plutôt son antithèse, en fait. (p. 32)
-Les pauvres ont toujours besoin d'un plus pauvre qu'eux, m'avait-il expliqué. Tous ces traîne-misère venus en Algérie parce qu'ils crevaient de faim dans leur pays d'origine, Espagne ou Italie pour l'essentiel, ont trouvé une forme de promotion sociale dans le fait que les Arabes étaient moins bien lotis qu'eux. Comme les petits Blancs de Louisiane avaient besoin de la misère des Noirs pour exister, le petit peuple pied-noir avait besoin de la colonisation pour affirmer une supériorité imaginaire. (p.114)
Tout le monde a un plan jusqu’à qu’il se prenne sa première droite.
Si on la compare aux standards ordinaires, on peut dire que je mène une vie bizarre, pleine de bruit, de fureur et de violence. Une vie peuplée d'aventuriers au grand coeur, de méchants, de victimes et de salauds. Une vie dans les coulisses de la société , dans ses arrière-cuisines, et ce que j'y découvre n'est que rarement de nature à me réconcilier avec l'être humain. (p. 51)
C’est qu’il ne faudrait pas que ces putains de pauvres oublient un seul instant leur place et les comportements adéquats que l’on attend d’eux : honte, humilité, reconnaissance, discrétion absolue, silence. Le bon pauvre se tait. Surtout s’il est assisté. Et pour qu’il se taise, quoi de mieux que de lui flanquer à tout bout de champ à la gueule sa pauvreté, l’étroitesse de sa vie, la mocheté de son environnement et son absence totale de perspective.