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Citations de Jean-Edern Hallier (92)


Nous avons tous un double, un radieux ange gardien de notre adolescence passée qui est mort pour nous... Ou bien nous en avons perdu la mémoire frémissante. Nous l'avons tué une seconde fois. Alors nous vieillissons très vite. Ou bien nous lui rendons la première place, le commandement secret de nos actes, pour nous aider à vivre - mais sans jamais oublier la mort qui vibre tout près - et pour n'avoir pas à nous regarder dans la glace en nous méprisant nous-mêmes. Nous avons chacun ce fantôme gracieux, plus ou moins caché, oublié, bafoué, ou vivant en nous.[...]

Il faut qu'il y ait beaucoup de monde pour que, soudain, en tournant la tête, je m'aperçoive que quelqu'un me manque. Même émotion dans les réunions nombreuses, au milieu des vestes blanches ou noires et des robes de couleur.
Je me retourne brusquement avec retard : je peux alors presque arriver à suivre cette absence du regard, de groupe en groupe. C'est en ce monde insignifiant que je me sens le plus seul de lui. Voici trente ans que je suis resté inconsolable de la mort de Jean-René. C'était la meilleure part de moi-même, tandis que je contemple le ciel de nuit derrière mes fenêtres à croisillons.
L'étoile morte du passé a beau briller à des années lumières, son éclat, reste fixe, insoutenable - et le souvenir, au lieu de s'affadir, de s'effacer peu à peu, devient plus vivace et douloureux. [...]

Il y a des chagrins de la vie qui valent bien ceux de la mort. La vie peut nous quitter, nous ne la quittons pas, c'est ainsi. Le vieillissement de Jean-René nous aurait-il séparés ? Après tant de brouilles fiévreuses et d'ardentes réconciliations, le temps de l'indifférence méprisante n'aurait-il pas tout recouvert ? Il y a des êtres qu'on ne peut même plus imaginer avoir tant aimés - et d'autres qu'on aurait mieux aimés, si on avait su qu'on les aimait tant. La mort de Jean-René me l'a réconcilié à jamais.[...]

Il y a des ombres vides comme il y a des ombres remplies de vie. C'est comme si il n'y avait jamais eu de séparation. La mort ne leur fait pas de mal.
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Jean-Edern Hallier
"Nous sommes arrivés à la transparence", s'écriait hier Rougeaud de Lille, lors de son discours d'investiture. Drôle de transparence...Comment se fait-il qu'on ne se penche pas sur la vie privée de Mitterrand, quand celle de Giscard d'Estaing, de l'heure du laitier à ses chasses en Afrique, en a été éclaboussée au grand jour ? Ou celle de Pompidou, avec l'affaire Markovitch ?
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Tout au long de ces mois d'hiver, les négociations qui se sont déroulées pour m'empêcher de publier ont ressemblé à une prise de rançon de loubards du XXe arrondissement.
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Me suis-je inquiété pour rien ? Comment savoir ? Il ne faut pas jamais tenter le Diable. Il y a toujours lieu de craindre les sicaires de bonne volonté, qui, pour se faire bien voir, devancent les ordres qu'ils n'ont pas encore reçus et qu'évidemment personne ne leur a donnés.
J'aurais pu me planter contre un arbre à trois heures du matin, bourré de vodka polonaise. A la spéciale Jaruzelski ! La fin tragique des dandys, Nimier, Huguenin, qui en aurait été surpris ?
Dans le lit d'une mineure, la poche bourrée de cocaïne, de quoi aurais-je eu l'air ?
Rossé à mort par un mari jaloux, qui m'aurait plaint ? L'ingéniosité policière est sans limites - pour peu qu'on la mette en branle. Pourtant je n'irai pas jusqu'à affirmer que les conseils restreints de l'Elysée aient envisagé, entre autres solutions, les plus extrêmes. A force d'être averti des risques physiques que j'encourais, je finissais par y croire.
L'Elysée m'envoya le capitaine Paul Barril, qui n'y alla pas par quatre chemins.
Ou bien l'on me retrouvait par trois mille mètres de fond, dans un bac de ciment, en plein triangle des Bermudes, ou bien j'acceptais la villa Médicis, plus un fort dédommagement. Dans la première hypothèse, ma famille aurait reçu une lettre où je l'informais de ma décision de changer de nom, de vie, et de continent - et je passais pour assez fantasque pour qu'on ne crût pas aussitôt à un coup de pub.
Ceci prouve à quel point le langage politicien s'est détérioré : il est incapable de discuter à armes égales avec un homme intelligent. On préfère envoyer un spécialiste de la lutte antiterroriste - James Bond contre Homère ! Bref, on m'obligea à négocier avec le pouvoir.
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En vérité, ne mérite le nom sacré de Résistant que celui qui a pris les armes avant 1942 - Jean Moulin, Manouchian, de Gaulle, plus les lycéens du 10 novembre 1940, avec Pierre Daix, sur la place de l'Etoile, alors que tout paraissait perdu. Comme la plupart des Français, Mitterrand se serait parfaitement accommodé de l'Occupation. " J'ai le poumon écologiste, je sais d'où vient le vent", dit-il. Ce n'est pas si sûr. Tout démontre même le contraire, il n'a jamais ramassé les fruits du temps quand ils étaient mûrs mais à terre et pourris. Il n'a pas été dans l'éternel camp des héros mais dans celui des profiteurs. Il s'est aligné dans la grande rafle des prébendes résistantialistes et des postes à pourvoir : c'est pourquoi il n'a résisté activement que dans les cinq derniers mois de l'Occupation, en 1944. La consigne était alors : " Casser du Boche. "
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Pour les grands oiseaux de proie de notre espèce, vautours se rassasiant de la charogne des peuples, les temps présents auront été durs, je vous le dis. Plus de guerre, plus de révolution, plus de résistance ; un cortège de désillusions ininterrompues aura accompagné notre monté vers l'âge d'homme.
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Devinez quel fut le premier film projeté pour le clan dans la moelleuse intimité du Tonton roi ? Le Napoléon d'Abel Gance, que Lang a laissé mourir de misère dans un hospice, tandis qu'il montait à Rome une fastueuse opération franco-américaine pour sa promotion ? Du Bresson, que Lang a forcé d'embaucher sa propre fille, présidente des jeunesses socialistes, dans le rôle principal de son dernier film, pour qu'il pût être financé, puis sélectionné à Cannes ? Que de sordides magouilles ! Quel aura été le nec plus ultra confidentiel du clan, le comble de son raffinement, lui qui a mis la culture au pinacle ? Je vous le donne en mille : ce film, Le Coup de Sirocco ! Qu'il les emporte tous...
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L’UN EUT UNE MORT PRECOCE SUSPECTE, L’AUTRE UNE MORT DOULOUREUSE MAIS PLUS TARDIVE

« Que ce soit sur sa fille Mazarine, sa collaboration, ses liens avec la Cagoule, chacun a été obligé de tenir compte de ces révélations, soit pour les approfondir, soit pour allumer des contrefeux. Bref, j’ai pourri la postérité de François Mitterrand de son vivant. Il n’aura d’autre place dans l’Histoire que l’histoire d’une imposture ».



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D'ailleurs, Mauroy ne s'était pas fait prier pour le proclamer : " Le lendemain de l'élection de Mitterrand, des millions d'ouvriers ont passé le portail de leurs usines, plus droits, plus fiers, ils avaient le sentiment qu'ils étaient un peu à l'Elysée." (TF1, 15 juillet 1981) C'est bien la même bande qu'on voyait en 1938 : " Le socialisme n'a pour les ouvriers que mépris et dégoût", s'écriait aussi l'homme de gauche, Orwell. Laurent Fabius de surenchérir, sur le légitime orgueil du floué : " Chaque militant, c'est le Gouvernement" (Congrès de Valence, 24 octobre 1981). Tu parles...
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Si le Président avait pu l'étrangler, la Giroud, avec le cordon de l'ordre, il l'aurait fait ! Vous rendez-vous compte du spectacle ! Mieux que du Chaplin, ou du Mel Brooks, les véritables sketches de l'inconscient des êtres ! Comme il l'a décorée au titre des Arts et Lettres, ce devait être sûrement pour l'ensemble de son œuvre. A commencer par sa nouvelle "Désirée", sa première œuvrette parue dans le journal de Berlin en français de la propagandstaffen de Goebbels, entre un discours de Hitler et un reportage sur la jeunesse aryenne à l'entraînement.
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Je ne laisserai à personne d'autre le soin de dire que tous les ans, de un à neuf, sont le plus bel âge de la vie, et ainsi de suite...
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Giscard péchait par naïveté : c'était un puceau. Jamais il n'aurait fait T.G. ministre de l'Agriculture, alors qu'une belle crinière rousse, je ne la citerai pas, doit se balader aujourd'hui du côté du Commerce extérieur. Elle aurait sûrement été bien meilleure, la compétence des ministres se limitant strictement aujourd'hui à leur métier d'acteur pour des rôles qu'ils ne savent pas jouer non plus. Ou O.W., délicieuse journaliste, à la tête de la haute autorité de l'audiovisuel où officie, si je ne m'abuse, l'une de celles que Mitterrand a le mieux aimées jadis. Elle préférait elle aussi, ayant du goût, les noirs d'ébène aux hommes politiques. Les rumeurs traînent lourdement... Ah, les grands congélateurs du pouvoir !
Pour M.C., qui s'était déjà farcie Rougeaud de Lille, pas dégoûtée la goulue, le président eut le mot viandu : " Vous la prenez dans votre stock." Mauroy ne pouvait faire autrement !
Je ne les cite pas nommément, je craindrais trop qu'elles se crussent diffamées d'avoir partagé la couche de ce rognon lubrique, de ce cul d'ensorcelé, ces créatures harassées et adorables.
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Qu'est-ce que le noir ? Le noir est pire que la nuit. Le noir n'est pas une couleur : Il ne s'écaille ni ne se gratte avec l'ongle. Le noir est épais, intraversable. Que l'on avance ou recule, c'est toujours le même noir. A droite, à gauche, aussi.
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Sans les femmes, je ne serais rien. Je suis rassuré de l’entendre. – Jean-Edern, viens, viens… Je suis venu, et en me redressant, je suis allé me regarder dans la glace du cabinet de toilette, les cheveux hirsutes, le poil dru sur le menton, entre des plaques espacées de peau douce, qui sont toujours restées imberbes depuis mes blessures d’enfance, lors du siège de Budapest, en 1945. J’ai les paupières lourdes, les cernes sous les yeux, rimmelisé d’épuisement, acteur et unique spectateur de mon théâtre intime, je deviens à la fois Auguste le clown, et Auguste l’empereur, dont Suétone racontait qu’au dernier jour de sa vie, réclamant un miroir, il demandait à ses proches « s’il avait bien joué jusqu’au bout la farce de sa vie ».
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Aux Etats-Unis, ce livre aurait fait sauter le Président. En France, c'est la maison d'édition qui saute.
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L'aristocratie n'existant plus, l'étrange pouvoir qui reste paradoxalement le sien, c'est le privilège de mesurer la hiérarchie des illusions.
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Un homme averti en vaut deux. Au moins, je ne serai pas seul pour affronter la réprobation, les mines choquées, le silence et la traversée du désert que me vaudra ce livre…Car il n’est que trois manières de l’accueillir. Le prendre pour ce qu’il est : un outrage au président de la République. Que ce dernier ne réagisse pas, nous aurons une preuve de son laxisme. Qu’il me fasse poursuivre, lui-même, ou par personne interposée, nous en aurons une autre : l’imposture du libéralisme. Dans l’un et l’autre cas, il aura tort.
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Jean-Edern Hallier
Les grands peuples se reconnaissent à la qualité de leurs dissidents.
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Les hommes ne pensent jamais. Où qu’ils soient, ils attrapent des tas de choses au passage, ils les captent et lorsqu’ils se mettent à croire qu’ils pensent, ou à écrire, elles se déversent, transformées, méconnaissables, véritablement hors de nous ; la tristesse nous étreint alors invinciblement en découvrant que nous ne sommes rien d’autre que la voix d’un déroulement que nous appelons l’histoire, une suite de faits divers, mal agencés entre eux et des créatures baptisées par les époques, rien de plus ?
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Au bout de trente kilomètres, il tourna à droite, empruntant les petites routes sinueuses qui mènent à la vallée de Chevreuse. Bientôt, la voiture tourna autour de murs d'enceinte, reconstruits et surélevés depuis peu à en juger par les traces de plâtre frais.
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