Citations de Jean Favier (76)
Le Prince doit songer à la condition de son peuple et se mêler à lui souvent, comme un bon jardinier cultive son jardin (recommandation de Louis XI à son fils Charles VIII).
Louis XI, Jean Favier, page 313.
Deux noms, Louis et Charles, n'ont cessé de se croiser dans la généalogie des rois de France. Charles, c'est un nom royal, le nom du fondateur de l'empire chrétien d'Occident, celui du roi légitimé par l'onction sacrée. Les Capétiens n'ont jamais manqué, depuis le XIIème siècle, de revendiquer un lien avec Charlemagne, un lien par le sang, aussi réel, il est vrai que ténu, mais renouvelé à bien des occasions entre le Xème et le XIIème siècle par des mariages avec la famille de Vermandois et avec la famille de Champagne.
[...] Ce culte dynastique de Charlemagne, entretenu par les Capétiens depuis leur origine, a été ravivé par [le Valois] Charles V pour faire pièce aux prétentions du Saint Empire [romain germanique].
[...] Les Valois ont donc eu [...] les trois rois Charles V, Charles VI et Charles VII.
[...] Différemment significatif est le nom de Louis. Il s'attache d'abord au souvenir de Clovis, Chlodovic ayant donné Clovis avant d'aboutir à Ludwig en Allemagne et à Louis en France.
Pages 35 et 36
Jusqu'à la guerre du Bien Public, en 1465, Louis XI a plutôt passé son temps à se défendre. C'est après cette première humiliation, et ce sera plus net encore après la seconde, celle de Peronne et Liège, que se manifeste la froide détermination d'un souverain pressé d'en finir avec les principautés qui encombrement le royaume.
Louis XI réplique, par lettre, au pape Sixte IV qu'il est meilleur chrétien que lui, et proteste qu'il est le dévoué serviteur de l'Eglise romaine, mais non du pontife.
En 1439, c'est avec le projet de servir le dauphin contre son père, le roi Charles VII, que le duc d'Alençon gagne Niort et met la main sur le jeune Louis ( 16 ans ), sous couleur de le protéger, et qu'il refuse de céder au roi quand celui-ci demande, par lettre, la restitution de son fils.
A Péronne, en 1468, Charles le Téméraire avait verrouillé la position. Louis XI s'en avisa trop tard, quand il entendit entrer en ville derrière lui une troupe à la solde du Bourguignon.
(p 575)
ndl : Charles aurait pu tuer Louis !
L'emportèrent ceux qui, arguant du sauf-conduit donné au roi, que l'on ne pouvait violer sans manquer à l'honneur, préféraient profiter de la circonstance pour forcer le roi à un bon traité.
(p 577)
Dans "Le rosier des guerres" Louis XI prodigue à l'intention du futur Charles VIII :"Le prince doit songer à la condition de son peuple et se mêler à lui souvent, comme un bon jardinier cultive son jardin. "
Multipliant les ambassades officielles, et lançant sur les routes de l'Italie ses agents officieux, nouant à la fois des alliances publiques et des combinaisons occultes, payant peu et cherchant à se faire payer, on voit déjà percer sous le dauphin Louis "l'universelle araignée" tissant sa toile, qu'il restera pour l'histoire.
En majorité, les secrétaires du roi sont des laïcs : le temps n'est plus où la Chapelle tenait sa place dans les rouages du gouvernement. Certains sont de petite noblesse, mais la plupart sont d'origine bourgeoise, parfois modeste : on y voit un fils de tonnelier et un fils de cordonnier.
NDL : Louis XI fut un dauphin turbulent, mais devenu roi, il ne se déplace pas beaucoup : il utilise beaucoup d'ambassadeurs et de secrétaires ( une cinquantaine ). Son courrier est colossal.
Louis XI le répète à l'envi, payer pour ne pas se battre coûte moins cher qu'une campagne en armes.
A la Cour de France, le Suisse Diesbach négocie l'alliance militaire sans laquelle ils ne sauraient entreprendre une guerre contre Charles le Téméraire avec le seul appui des villes alsaciennes. Louis XI ne s'engage cependant qu'avec la plus grande prudence. Il n'oublie pas qu'il a juré une trêve qui lui interdit toute guerre immédiate contre la Bourgogne. Et il ne peut négliger la menace d'un débarquement anglais. Il promet donc le moins possible.
Louis XI s'est souvent contenté de regarder le duc de Bourgogne tisser la toile qui allait l'enfermer.
A l'Anglais, Charles le Téméraire propose froidement un royaume de France dont seraient naturellement disjoints les territoires appelés à former le nouveau royaume lothariengien.
Louis XI s'attend donc à devoir combattre deux adversaires à la fois, et ce sont les plus redoutables : la Bourgogne et l'Angleterre.
Louis était prêt à tout sauf à abandonner un pouce carré de son royaume.
En 1472, pour les négociations avec la Bretagne comme pour la conduite des opérations en Normandie, le roi Louis XI s'en remet à Chabannes :
Mon ami, vous êtes plus sage que moi, et vous le saurez bien mieux faire que je ne vous saurais écrire. Mais surtout, je vous prie que incontinent vous veniez, car sans vous, nous ne pouvons faire nos ordonnances.
Agnès Sorel est morte en 1450 à Jumièges, mais sa cousine, la très belle Antoinette de Maignelais, prend sa place dans le lit du roi Charles VII.
Pendant que l'économie rurale s'essouffle et que le système seigneurial est en crise, la société urbaine connaît, dans ses activités commerciales et industrielles, toute une série de mutations qui vont donner à la carte de l'économie française un visage nouveau.
La maîtresse du roi, Antoinette de Maignelais, longtemps égratignée par le dauphin Louis, finit par le prévenir des agissements de Dammartin, car elle s'est avisée que l'avenir d'une intime de Charles VII sera un jour entre les mains du roi Louis XI. Le dauphin en prend acte :"Une fois, je vous le rendrai."
NDL : N'ayant pas oublié le rôle joué par Chabannes ( Dammartin) dans l'affaire de la Praguerie, le roi Louis XI promit pour châtier l'infâme traître, de « faire manger le cœur de son ventre par ses chiens » ( Gaussin )
Louis XI :
Ces Bretons et Bourguignons ne tendent à autres fins que de trouver moyen de rompre la paix sur couleur de la demeure dudit Warwick (1).
(1) Richard Neville (22 novembre 1428 – 14 avril 1471), 16e comte de Warwick et 6e comte de Salisbury, est un homme politique et leader anglais. Il est principalement actif durant la guerre des Deux-Roses, et le pouvoir qu'il accumule en passant d'un camp à l'autre durant le conflit, tout comme ses qualités de stratège hors pair, lui valent le surnom de « Warwick le faiseur de rois » (« Warwick the Kingmaker »).
Le 9 septembre 1468, au cri de "Vive le roi de France et de Liège", on massacra allègrement les partisans de Bourgogne.
Désemparé, Louis se livre a des incongruités. Il insulte Agnès Sorel. Il la menace même l'épée à la main. Le roi ne peut supporter cela. Il lui faut reléguer son fils, et il le laisse entendre.