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Critiques de Jean Giraudoux (277)
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

Jean Giraudoux - La Guerre de Troie n'aura pas lieu - 1935 : Subjugué par son immense beauté, Paris a enlevé Hélène à Ménélas son mari. Plus qu’une intrigue amoureuse, cette fuite est un affront total fait à un des rois les plus puissants de Grèce. Alors qu'elle est à l’abri sous les murs de Troie, une délégation est en route pour réclamer son retour. En cas de refus ce sera la guerre. Cette pièce est une relecture moderne du drame antique relaté par Homère dans l’Iliade. C'est aussi pour beaucoup une œuvre visionnaire tant elle s'inscrivait dans son temps et dans son siècle (l’histoire ne préfigurait-elle pas l'opposition naissante entre les grandes démocraties Européennes construites sous le modèle athénien et un régime nazi confiscatoire des libertés et des biens d'autrui ?). Elle se lit comme un roman grâce à la fluidité des mots et aux ressorts dramatiques distillés par un auteur qui trouva souvent son inspiration dans l’écriture ancienne (voir sa version d’Electre par exemple). Les efforts d’Hector pour sauver la paix captivaient même si l'issue des négociations ne faisait aucun doute. Toutes ses tentatives pour renvoyer aux siens cette femme infidèle et envoûtante que chaque homme de la cité voudrait garder pour lui étaient vouées à l’échec. Car la guerre est une fatalité terrible qui entraîne dans son engrenage l’humanité tout entière y compris les volontés les plus pacifiques. Le cataclysme mondial qui se profilait à l'horizon ne fera que confirmer la supériorité des armes sur la raison. Malheureusement aucun prétexte, aucune supplication ne peuvent détourner de sa route l’individu qui veut faire plier les autres par la force. Ce livre regroupe dans ses pages la beauté du texte et l’intérêt historique, il est bien le complètement idéal à la merveilleuse prose que le grand dramaturge ionien rédigea en Grèce plus de deux mille ans plus tôt. Captivant de ce point de vue, il donne un éclairage particulier sur la façon de penser à l’époque sur les rives du bassin méditerranéen et ce même si personne n’a jamais pu prouver archéologiquement l’authenticité de ce conflit. Il faudra dix années de siège, d’immenses sacrifices humains, d’insondables ignominies (le meurtre d’Iphigénie par son père le roi Agamemnon, immolée sans pitié pour rentrer dans les bonnes grâces de la déesse Artémis) avant que la ville de Troie ne soit détruite et Hélène rendue à Ménélas. Combien ces désastres auraient été évités si on avait écouté la sagesse d’Hector. Les mêmes qui n’écoutèrent pas Jaurès en 1914 ou De Gaulle en 1936 quand celui-ci proposa d’écraser Hitler alors qu’il était à peine plus puissant militairement qu’un chef de bataillon. La vie est un éternel recommencement et l’humanité dans son ensemble n’invente rien d’autre que des situations propre à la jeter dans la pire des violences. «La guerre de Troie n’aura pas lieu» rend justice à l’esprit de conciliation de certains et signale malgré le temps qui passe la redondance d’évènements aussi tragiques qu’inévitables…un texte incontournable
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Ondine

"Il faut croire que la vertu des hommes est un mensonge affreux. Il m'a dit qu'il m'aimerait toujours."



C'est un livre qui parle de la pureté et de la beauté de l'Amour.

Lui, c'est Hans, un chevalier errant, qui rencontre une Ondine, comme dans les contes...



Elle, c'est Ondine!

Une fée des eaux, fantasque et extravagante qui tombe immédiatement amoureuse de Hans.

"Le seul maître d'Ondine est la Nature. Elle tient sa syntaxe des rainettes et ses liaisons du vent."...



Les parents adoptifs d'Ondine, les nymphes et le Roi des Ondins mettent la jeune fille en garde.

-C'est un homme qui te trompera!



Ondine a 15 ans. Elle va renoncer à son immortalité et à ses pouvoirs, pour Hans.

"Je suis née depuis des siècles et je ne mourrai jamais."



Ondine est fraîche et pure et n'écoutera que son coeur !

C'est une jeune fille et Elle ne deviendra femme que pour l'amour de celui qu'elle aime. Et qui l'aime?

"On le dit plus bas... Mais comme les oreilles des poètes ne sont sensibles qu'aux chuchotements..."



Hans est un homme et comme tous les hommes, on peut le berner aisément...

Bertha, une femme, s'y emploiera.
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Pleins pouvoirs

De ce livre de Giraudoux publié en 1939, acheté par moi en 1976, et dont je n'avais pas coupé les pages, je découvre avec horreur qu'il laisse transparaître chez son auteur un homme qui pensait mal. J'en ai de la peine, car j'aime la finesse du style de Giraudoux. Mais voici que je découvre un Giraudoux dont la pensée est ignoble et me révulse.

Je vais dire ici ma colère et mon dégoût.

Le début ne laisse pas augurer ce que l'on va lire quelques pages plus loin. Il y est dit que l'écrivain ne choisit plus ses sujets mais que les sujets le choisissent. S'il en est ainsi, alors honte à Jean Giraudoux qui, dans le chapitre sur la France peuplée dans son écrit intitulé Pleins pouvoirs, nous livre le fond de ses horribles pensées du moment ; il ose dire qu'il serait trop simpliste de désigner l'Allemagne nazie comme une dictature par contraste avec les démocraties occidentales ; lisez plutôt page 15 : "Croire que le combat que nous avons à livrer est un combat de démocratie contre tyrannie, c'est accepter une confusion dangereuse". Jean Giraudoux était-il aveugle à ce point qu'il ne se rendait pas compte que le IIIe Reich n'avait rien à voir avec l'Allemagne qu'il avait connu avant et où l'on lisait Gœthe, Schiller, etc. Mais non, c'est bien plus grave que cela, car Giraudoux commence à se dévoiler en page 56 en affichant sa peur démographique : celle que la race française ne s'éteigne ; pourquoi ? Parce que, ne craint-il pas décrire, "entre chez nous qui veut" (page 64) ; puis cela s'aggrave et devient insupportable et terrifiant sous sa plume : "L'Arabe pullule à Grenelle et à Pantin" (page 67) ; aujourd'hui Jean Giraudoux serait poursuivi pour xénophobie et pour racisme. Oh! Certes, il n'accepte pas la formule : "La France aux Français" qui, dit-il le dépossède au lieu de l'enrichir, et il se loue de voir le gouvernement français accueillir de vrais Européens persécutés dans leurs pays (page 69), et c'est bien la seule fois dans tout ce passage où il se montre humaniste. Mais c'est pour dire ensuite son attente de la création d'un ministère de la race qui aurait, dans son esprit, autant d'importance qu'un ministère de la paix. Pas celui d'une race qui se saurait supérieure, mais celui d'une race qui ferait le tri parmi les arrivants de l'étranger non sur des chiffres mais sur un critère de qualité. Et de la lutte contre la mortalité et de l'octroi des visas, il chargerait un ministère de la Défense nationale de se saisir (page 75). Et le suprême dans l'horreur est atteint quand Giraudoux assène qu' "une politique n'atteint sa forme supérieure que si elle est raciale" (page 76) et quand il approuve Hitler pour ce qu'il fait alors en Allemagne. Non ! Non ! Non !

Tout cela disqualifie Jean Giraudoux : que l'on ne nous dise pas que cela était banal à l'époque.

Jean Giraudoux était Commissaire à l'Information. Son devoir en 1939-1940 était de résister de toutes ses forces à l'ennemi, et si Giraudoux pactise avec le diable, c'est quelque part qu'il approuve le diable de commettre ses méfaits. Il faudra décrypter toute la pensée de Jean Giraudoux, dans toute son œuvre, avant de savoir si ses romans et ses pièces de théâtre ont encore l'innocence que cette pensée politique, raciste et antisémite, livrée dans Pleins Pouvoirs, n'a pas.

J'ai aimé l'œuvre littéraire de Jean Giraudoux, mais à présent, je regarderai les choses autrement. Car je ne peux que condamner ce qu'il a écrit dans Pleins pouvoirs et le faire savoir. Je ne suis pas d'accord avec ceux qui sont tentés de lui chercher des excuses, car des excuses il n'en a pas, et le contexte de l'époque n'y peut rien changer ni rien expliquer.

Reste que j'aime toujours Électre, Ondine, La Folle de Chaillot, Suzanne et le Pacifique, Siegfried et le Limousin.



François Sarindar

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Amica america

Pour comprendre Amica America de Jean Giraudoux, il faut remonter un peu dans le temps. On a ainsi un aperçu plus juste des choses.

Giraudoux semblait devoir devenir un brillant germaniste ayant séjourné à Munich et dans l'empire autrichien en 1905 et 1906, quand, contrarié par un échec à l'agrégation d'allemand,il tourna tout à coup son regard vers les États-Unis d'Amérique, obtenant une bourse d'études pour Harvard de 1907 à 1908, comme aspiré par le Nouveau Monde et la modernité. On s'explique mieux la facilité avec laquelle il revint en 1917 aux U. S. A., lors de la mission dite "mission Harvard" et qui nous vaut Amica America, beau morceau de littérature de voyage écrit par quelqu'un qui a l'air d'être chez lui de l'autre côté de l'Atlantique par cet air de déjà vu insufflé par un jeune homme qui paraît beau comme un dieu dans son uniforme d'officier sur les photos que nous avons de lui à cette époque. Il a déjà derrière lui une expérience militaire : il a participé à des combats en Alsace (notamment vers Thann), il a été blessé à l'aine dans l'Aisne (selon son propre jeu de mots), il est de ceux qui ont fait l'expédition des Dardanelles, il se fait propagandiste pour le Ministère des Affaires étrangères, il a reçu la croix de chevalier de la Légion d'Honneur, il a écrit et publié Retour d'Alsace et Lectures pour une ombre, il s'attelle à un projet ambitieux de roman (ce sera Simon le Pathétique).

Amica America est avec Adorable Clio l'un des livres d'étape qui le préparent à devenir le grand écrivain qu'il sera. C'est avec aisance mais avec un grand sens de l'observation et du juste détail qu'il décrit l'Amérique qu'il découvre, comme tous ces Européens pétris de vieille culture classique éblouis devant la nouveauté. Lui se sent nager ici comme un poisson dans l'eau et il serait fort capable de s'insérer dans la bonne société à Harvard, Boston ou New York. Mais ce n'est qu'une escapade amusante, un défoulement, un épisode parmi d'autres de sa vie, promise à la littérature et à la diplomatie. Comme son ami Paul Morand, Jean Giraudoux , revenu en France, va s'y installer et y faire carrière. Il deviendra l'un des grands auteurs de l'entre-deux-guerres.



François Sarindar
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

Lorsqu’en 1935, Jean Giraudoux délivre sa pièce “la guerre de Troie n’aura pas lieu” il sait probablement déjà que celle de tente-neuf se prépare. Ecoutez, si vous en avez l’occasion, son message radiophonique aux élèves pour la rentrée des classes de 1939, une archive douloureuse pour les écoliers de ce temps.



“La première lâcheté est la première ride d’un peuple”. La guerre de Troie, Hector a tout fait pour l’empêcher mais en vain. La guerre fait la force pour Priam, elle n’est pas de taille à rivaliser avec la possession d’Hélène pour Pâris et, pour Hélène il est illusoire de croire qu’elle peut être empêchée par son retour chez Ménélas : pas d’issue. Le mal est fait. Le prétexte tout trouvé.



La langue, classique, de Giraudoux est d’une finesse remarquable, à la fois limpide et pointue. La pertinence de la dérision des va-t-en-guerre du XXème siècle, est avivée par les multiples touches de malices, offensives, ironiques et drolatiques des personnages.



Hector se veut lucide face aux glorificateurs de la guerre entre les hommes, pourtant il rencontre encore plus pragmatique que lui, Ulysse représente son Janus, tout aussi lucide mais pessimiste. Le personnage d’Hélène personnifie-t-il l’opinion publique ? Aisément malléable ? L’apathie d’Hélène, contraste avec les passions que l’on prête ordinairement à la foule, mais finalement n’est ce pas la soumission indifférente qui, encore plus que les révoltes, caractérise les peuples ?



“Le privilège des grands, c’est de voir les catastrophes d’une terrasse.”



Qu’est ce qui mène à une guerre ? un geste malencontreux ? un prétexte ? une légèreté ? une glorification de l’homme guerrier ? un caprice ? un enchainement implacable que l’on ne peut enrayer ? le destin ?



Giraudoux semble prendre le parti, quoique lucide, de la paix contre la guerre qui “emprisonne le droit” et contre ceux qui adoptent une certaine légèreté coupable face à elle. De là à faire de celui dont l’attitude face à l’Allemagne, La défaite française et la société de son temps reste ambiguë un humaniste c’est un autre débat. Je préfère retenir de cette pièce que tout, ou en tout cas beaucoup de ce dont l’Europe fut témoin dans son Histoire, était déjà écrit… dans l’Iliade d’Homère.



Qu’en pensez-vous ?
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

Voilà un livre que j'avais envie de découvrir depuis longtemps ! Quelle oeuvre !



Jean Giraudoux, adepte de l'Antiquité, comme pour son oeuvre "Electre" publiée deux ans plus tard, reprend ici les mythes antiques dans un récit moderne, puisqu'il fait référence à la Seconde Guerre Mondiale. Ainsi, Giraudoux met en scène la fameuse Guerre de Troie, entre les Troyens et les Grecs, à partir de l'enlèvement d'Hélène par Pâris, le séducteur. S'ensuit alors des discussions entre les partisans d'une nouvelle guerre, (comme Pâris, Priam et la majorité du peuple troyen) et ceux qui la condamnent en défendant la paix (ce qui est le cas d'Hector, d'Andromaque ou encore de Cassandre). J'ai beaucoup aimé replonger dans les légendes antiques tellement enrichissantes !



Cette pièce en deux actes seulement nous présente des facettes différentes, qui correspondent d'une certaine façon aux idéologies de l'époque de l'auteur : Giraudoux se cache en réalité derrière Hector, le personnage central de cette pièce, las de la guerre, et présentant vivement ses arguments favorables au départ d'Hélène et ainsi à une entente totale entre les différents "peuples"...Andromaque, celle que l'on retrouve notamment dans la pièce de Racine, bien que peu présente, joue un rôle majeur, car c'est elle qui encourage son mari (Hector) à continuer sa défense...D'autres personnages sont au contraire pour une guerre qui incarnerait le sacre de Troie et l'honneur des citoyens, mais échoueront finalement dans leur action...En effet, finalement, comme le suggère le titre, les Dieux s'opposeront à ce conflit ; et pourtant la véritable Guerre de Troie aura bien lieu tout comme la terrible Guerre de 39-45...



A travers de magnifiques répliques et dans un style étonnant, l'auteur nous délivre un si beau texte pacifiste encore valable aujourd'hui, mais qui m'a énormément plu...



A lire !!!
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

La guerre de Troie n'aura pas lieu

Une merveilleuse pièce de théâtre! Comme qui dirait tout chemin mène à Rome, Avec La guerre de Troie n'aura pas lieu, Jean Giraudoux, par une position bien maquillée d'une forte négation, nous entraîne avec délicatesse vers la guerre mythique en prenant des tournures très surprenantes que le lecteur serait tenté de croire jusqu'à la dernière minute qu'effectivement l'auteur serait sur le point de nous présenter une autre version où la guerre de Troie n'aura pas lieu effectivement...



Pendant que Cassandre prédit que la guerre aura lieu qu'on le veuille ou non, Hector manage de fortes négociations afin que la guerre n'ait pas lieu. Il demande à Paris de remettre Hélène la femme de Menelas, alors que les troyens sont contre le départ de cette beauté, ils préfèrent se préparer pour la guerre...



Dans les négociations avec Ulysse, l'auteur feint au départ une espèce de volonté d’asseoir la paix, mais quand intervient la plus grosse insulte jamais adressée à un homme, ce qui remettrait même en cause l'honneur de tout un peuple, c'est de traiter les troyens d'impuissants, alors là c'est l'huile qui vient d'être jeter dans le feu, bien sûr qu'il serait or de question que la guerre n'ait pas lieu...



Un bon voyage dans une autre version de la mythique guerre de Troie!
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

La Guerre de Troie n'aura pas lieu est un des plus beaux pamphlets de la littérature française contre la guerre, contre toutes les guerres.

N'en déplaise à Jean Giraudoux son auteur, la Guerre de Troie eut bien lieu et tant d'autres après. Mais après, c'est quand ? Est-ce dans la traversée des vingt-cinq siècles qui nous séparent de cette guerre antique ou bien depuis 1935, date à laquelle Jean Giraudoux écrivit cette pièce de théâtre devenue elle aussi une oeuvre mythique.

Qu'importe ! Toutes les guerres se ressemblent, tous les champs de bataille aussi, qu'on soit sur la grande plaine de Troie ou dans les rues de Marioupol... Et les hommes qui font les guerres n'ont pas changé eux non plus... Ils sont à la fois misérables et grandioses dans leurs gesticulations tragiques et presque vaines...

Pourquoi ce récit de la mythologie antique, ce péplum extraordinaire vieux de plus de deux-mille cinq ans raisonne-t-il à nos oreilles avec tant de modernité ?

La Guerre de Troie n'aura pas lieu nous plonge dans les coulisses de la diplomatie qui tente par tous les moyens d'éviter la guerre. Ils sont là ces personnages entrés dans la légende, Priam, Cassandre, Andromaque, Hector, Pâris, Hélène... Bientôt Ulysse en émissaire venu De Grèce les rejoindra... Tout se joue dans ce huis-clos pour espérer encore, éviter l'innommable.

« La guerre de Troie n'aura pas lieu, Cassandre ! », dit Andromaque quand le rideau s'ouvre sur la terrasse du palais de Priam.

Cassandre, la prophétesse que nul ne croit jamais, pour une fois verra juste.

On dit toujours que c'est la der des der, Andromaque et Hector le disaient bien pourtant et tout le monde les écoutait avec émotion, elle attendant le fils qu'Hector allait lui donner. Quel couple ! Hector en vaillant guerrier connaît les affres de la guerre et ne veut plus vivre cela, à présent qu'il s'apprête à devenir un père... À eux deux ils offrent un couple étreint d'amour bien plus digne que celui qui sera la cause de ce gâchis épouvantable, à venir.

Mais justement, venons-en... Ce huis-clos nous ramène aux origines de cette guerre. Dire que celle-ci repose sur un malentendu serait un doux euphémisme, si le mot doux peut se prêter au vocabulaire belliqueux...

Bon, je ne vous apprendrai rien sur ce qui a déclenché les hostilités. Pâris fils de Priam roi de Troie, lors d'un périple, a eu l'idée inspirée d'enlever la belle Hélène femme de Ménélas, roi de Sparte. Pâris ici m'est apparu comme un jeune bellâtre et Hélène une reine plutôt écervelée. Tout ça pour ça, me direz-vous ? C'est ce que pense aussi Andromaque, pour qui vous l'aurez compris, j'ai la plus grande admiration. Tout ça pour ça, d'autant plus que les deux tourtereaux ne sont même pas sûr qu'ils s'aiment encore ou qu'ils se sont même aimés un seul instant depuis le fameux enlèvement. Tout ça pour ça, une amourette sans gloire, les guerres tiennent à peu de choses, il est parfois vain d'y trouver une raison profonde...

Tout le monde s'accorde à dire que la guerre est le pire fléau du monde, mais quelle injustice lorsqu'elle repose sur des sables mouvants !

En plus, nous avons une petite longueur d'avance, je dis ça pour celles et ceux qui ont lu l'Illiade, l'opinion d'Homère est clair sur le sujet, ces deux-là dans leur amourette de pacotille ne sont que deux pions sur l'échiquier des dieux qui se jouent des hommes comme de vulgaires marionnettes...

Tiens, les dieux, parlons-en ! Ils sont peu présents dans le récit, sauf dans un échange entre Andromaque et Hélène où cette dernière lui dit : « Si vous avez découvert ce qu'ils veulent, les dieux, dans toute cette histoire, je vous félicite. » Et la réplique d'Andromaque est à la fois belle et cinglante : « Je ne sais pas si les dieux veulent quelque chose . Mais l'univers veut quelque chose. Depuis ce matin, tout me semble le réclamer, le crier, l'exiger, les hommes, les bêtes, les plantes... Jusqu'à cet enfant en moi... »

Andromaque est dans ce récit d'une beauté douloureuse.

L'homme est-il libre de ses choix ou doit-il obéir à son destin qui lui est dicté quelque part plus haut que lui ? Jean Giraudoux se moque des dieux et renvoie la décision finale aux seuls personnages de ce huis-clos.

C'est la malédiction de la guerre, avec Ulysse qui entrouvre la possibilité d'échapper peut-être à celle-ci. Il se moque bien de savoir si Hélène et Pâris s'aiment. Pour l'honneur de Ménélas, la question est de savoir si l'amour a été consommé entre Hélène et Pâris. Cette interrogation lancinante offre l'occasion de savourer l'humour de Jean Giraudoux dans ce passage où est évoqué le retour en bateau des deux amoureux vers Troie. Trois jours et trois nuits sur le ponton d'un navire... Qu'ont-ils donc pu faire ? Parler du ciel, des étoiles ? Évoquer des lectures communes ? M'est avis que j'ai une petite idée sur le sujet...

Ici la grandeur des héros avant le combat est qu'ils se parlent, cherchent des solutions, personne ne veut de cette guerre. Ô combien certains soi-disant grands de ce monde pourraient aujourd'hui en être inspirés !

La diplomatie va bon train, même si elle échouera.

Le rideau se referme et je pleure contre l'épaule d'Andromaque, connaissant avant elle le sort qui sera offert au père de cet enfant qu'elle attend.

Comme ce texte est beau, sublime !

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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

Au bout du compte, la guerre de Troie aura bien lieu…

Malgré son intelligence, son prestige, ses mille ruses et sa volonté farouche de l’empêcher, Hector n’est pas de taille à lutter contre la fatalité du destin et l’idiotie des va-t-en-guerre.

Reprenant l'histoire de l'Iliade d'Homère, Giraudoux laisse les Troyens s’entredéchirer en attendant une délégation grecque dirigée par Ulysse qui doit demander réparation suite à l'enlèvement de la belle Hélène par Pâris. Pour éviter la guerre entre Grecs et Troyens pour une question d’honneur, Hector qui, lui, en revient épuisé et écœuré, demande à Pâris de la laisser repartir, mais le puissant clan des bellicistes ne l’entend pas de cette oreille.

Deux choses me plaisent dans cette pièce que je lis pour la première fois (hé oui, je suis passé au travers au lycée !)

Son côté intemporel, d’abord. Bien sûr, elle fut représentée pour la première fois en 1935, et on ne peut la comprendre sans connaître son contexte historique : celui d’une époque qui fonçait droit vers la guerre. Giraudoux pousse un cri pacifiste, mais un cri désespéré, d’un pessimisme noir, puisque les hommes qui s’agitent dans cette pièce se montrent incapables de saisir cette opportunité de contredire l’histoire en refusant de faire la guerre de Troie. Mais les arguments développés pour ou contre la guerre sont de toutes les époques. La guerre qui donne un sens à la vie et qu’on accepte de perdre au nom d’un idéal, d’une patrie ou d’une religion… Ou bien la guerre que l’on refuse parce qu’elle tue autant les ennemis que les proches, et éloigne les enfants de ses parents, ou le mari de son épouse… Question vraiment épineuse !

Son côté décapant, ensuite. Priam, Hector, Hélène, Andromaque, Cassandre, Ulysse, tous ces personnages de légende, ces êtres suprêmes, majestueux, olympiens, en train de discuter le bout de gras au coin d’une table et de se donner des surnoms du genre « ma petite chérie » a quelque chose de très drôle et de rafraichissant.

En bref, je ne regrette pas d’avoir passé un peu de temps à lire cette pièce et, vraiment, j’espère pouvoir un jour la voir au théâtre.

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Electre

On est là dans la tragédie antique : Agamemnon, le Roi, a sacrifié sa fille Iphigénie aux Dieux. De retour de la guerre de Troie, il est assassiné à son tour, par son épouse, Clytemnestre aidée de son amant, Égisthe.

Oreste, le fils unique banni, il ne reste plus qu’Électre. Aussi Égisthe veut-il la marier… Bon débarras !

C’est sans compter avec le retour d’Oreste… Dès lors Electre n’est plus que haine et désir de vengeance dans le conflit qui l’oppose à sa mère. Ni l’un ni l’autre des deux frère et soeur, ne savent comment leur père est mort. La pièce tourne à l’enquête policière en même temps qu’elle évoque la condition de la femme dans notre monde contemporain ; et c’est là toute la modernité de Giraudoux.



Une pièce qui fut donnée pour la première fois le 13 mai 1937 au Théâtre de l'Athénée dans une mise en scène de Louis Jouvet. Une réécriture d’un mythe antique qui ne manque pas de nous questionner.

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Electre

Une heureux hasard -ou destin- a mis sur ma route le théâtre de Giraudoux. Ayant pu admirer une dynamique troupe lyonnaise jouant Electre, puis Laetitia Casta en Ondine, je ne pouvais que m'intéresser à cette réécriture des mythes dans ce théâtre contemporain. Habituellement prudent lorsque je lis "contemporain", j'ai adoré ces réécritures de Giraudoux !



Giraudoux met de la magie moderne dans la tragédie, et y transpose son regard critique sur la bourgeoisie et la femme du XXème siècle.



J'aime ses images marines, mêlant le burlesque à une certaine préciosité ; Giraudoux est un travesti, glissant ses mots joueurs tour à tour dans le personnage du mendiant, des Euménides, ou d'Agathe.



Epoussetant ce cher vieil Homère, bravant Sophocle et Euripide, et tournant presque à l'Agatha Christie, il glisse entre deux actes ce magnifique lamento du jardinier : "moi je ne suis pas dans le jeu. C'est pour cela que je suis libre de venir vous dire ce que la pièce ne pourra vous dire"... mais qu'il nous dit quand même...



L'analyse des personnages, luttant pour le pouvoir, enferrés dans leurs névroses familiales freudiennes, le personnage d'Egisthe, véritable héros nietzchéen, rappellent au lecteur ou spectateur l'année de publication d'Electre : 1937.



Oui, décidément j'aime beaucoup le théâtre de Giraudoux, cette façon de respecter outrageusement les régles de la tragédie antique, tout en y glissant incongruités, anachronismes, fantaisie et jeu parodique. Ce faisant, il exorcise le tragique, exorcisme dont avait tant besoin l'année 1937, et sûrement aussi l'année 2019... et c'est au jardinier qu'échoit le dernier mot, philosophie des bisounours certes, mais ô combien précieuse : "Joie et amour, oui. Je viens vous dire que c'est préférable à aigreur et haine."



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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

1935. Jean Giraudoux, diplomate, sent venir la guerre. Pour avertir les peuples de cette menace inéluctable, il écrit "La guerre de Troie n'aura pas lieu", transposant dans la lointaine Antiquité les conflits d'actualité.



La belle Hélène, reine grecque, a été enlevée par Pâris qui l'emmène chez lui à Troie. Rapidement, Hélène est devenue pour les riches Troyens qui viennent de pacifier leur territoire le symbole de la beauté, de la jeunesse et de l'amour. Ils tiennent à la garder près d'eux, au coeur de leur cité, comme un gage de renouveau. Mais Hector, fils de Priam le roi de Troie, général des armées, veut la paix et voit en Hélène le prétexte à une nouvelle guerre avec la Grèce. Partant de là, sous l'influence de ses proches et des politiciens dont les intérêts se heurtent, Hector va tout tenter pour préserver la paix en restituant Hélène à Ulysse, l'envoyé plénipotentiaire de la Grèce. Mais ce plan logique et prudent ne peut réussir, le dramaturge y veillera personnellement, démontrant que la guerre ne peut être éviter dès lors que les hommes sont décidés à la mener.



Première pièce de l'auteur que je lis et ce fut une belle découverte. Au début, je craignais de devoir relire mes cours d'histoire antique pour m'y retrouver mais c'est inutile, l'action comme les personnages se mettent en place facilement et on est rapidement en terrain stable.



J'ai aimé l'écriture tout en gravité et qui se fait l'écho de l'imminence du danger. J'ai été aussi agréablement surprise par le ton cynique et désabusé du texte qui sert une philosophie certes masquée mais universelle, qui a traversé tous les âges, celle de la guerre à laquelle hélas l'homme ne peut pas résister.





Challenge 1914/1968 - 2017

Challenge Petit Bac 2017 - 2018

Challenge ABC 2017 - 2018
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

L’histoire est connue : Pâris a enlevé Hélène, l’épouse du roi de Sparte. Ils se sont réfugiés à Troie, chez le père Pâris. Le frère de ce dernier, Hector, est las de la guerre, et rêve de paix. Mais beaucoup de troyens, fascinés par la beauté d’Hélène, ne veulent pas qu’elle parte, seul moyen d’éviter la guerre.

Une négociation s’engage avec Ulysse qui, contre toute attente, se montre en faveur de la paix. L’auteur décrit les vains efforts d’Hector pour sauver la paix. Une réflexion sur le bellicisme des hommes.

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La Folle de Chaillot

Place à l'œuvre de Jean Giraudoux et non au jugement péremptoire et moralisateur. Il s'agit ici non d'un écrit sujet à caution, Pleins Pouvoirs, qui a fait couler beaucoup d'encre et qui n'a pas fini de faire polémique, mais bien d'une pièce de théâtre, la Folle de Chaillot, qui n'est en rien polluée par le discours tenu dans Pleins Pouvoirs : il ne faut pas tout confondre.



La Folle de Chaillot, encore donnée assez régulièrement, est une pièce en deux actes, assez plaisante, bien qu'elle soit un peu datée ( sa création par Louis Jouvet remonte au mois de décembre 1945 alors que l'auteur est mort peu avant la Libération en 1944) et bien qu'elle puisse faire sourire aujourd'hui par la manière dont le sujet est traité, car le sujet est sérieux : il s'agit de rien de moins que de la critique de notre société productiviste et consumériste prête à tout pour exploiter et vendre, y compris en transformant tout le paysage, ici urbain et plus précisément parisien, en allant jusqu'à projeter de forer le sous-sol de la capitale pour en faire jaillir du pétrole ! On voit ici ce qu'il y a d'absurde à présenter le problème sous cette apparence grotesque, d'autant que les personnes qui organisent la lutte contre ces profiteurs ont un léger grain de folie. On n'imagine pas que l'on puisse mettre en de telles mains, les personnages fussent-ils sympathiques et amusants, une affaire aussi sérieuse : le bien-être collectif menacé par des pratiques et des habitudes qui menacent notre qualité de vie et surtout celle des générations à venir en la sacrifiant aux facilités du monde moderne (transports individuels mangeurs d'énergies fossiles polluantes), problématique dont Giraudoux entrevoyait avec lucidité l'importance qu'elle revêtirait plus tard dans notre positionnement par rapport aux questions d'ordre écologique et environnemental. Et derrière la légèreté de surface et la préciosité du langage, il y a bien cette question centrale qui est posée en des termes assez forts et qui devraient faire réfléchir.

On voit bien, cependant, que les moyens dont disposent ceux qui essayent de concilier le progrès humain et la préservation du vivant dans des milieux plus sains sont dérisoires par rapport à ceux dont bénéficient les milieux de la finance et les magnats du pétrole. Lutte du pot de terre contre le pot d'argent, qui durera tant que l'on n'aura pas réduit le pouvoir de ces derniers ou du moins tant qu'ils ne se seront pas très sérieusement assagis.

La phrase la plus emblématique reste : "Ce qu'on fait avec du pétrole. De la guerre. De la misère. De la laideur". Cette phrase peut heurter, et pourtant elle est juste. Que de sang versé pour le contrôle des zones pétrolifères, car des hommes se sont affrontés armes à la main pour cela. Giraudoux pressentait bien qu'il en serait ainsi, le Deuxième Conflit mondial ne le lui montrait déjà que trop. Pour ne pas surdramatiser, il a abordé les choses moitié avec sérieux, moitié avec son humour et sa verve légendaires.

Reste que la pièce commence à vieillir un peu, et le rôle principal, celui d'Aurélie, la folle de Chaillot, a eu beau être tenu successivement par Marguerite Moreno, Edwige Feuillère et plus récemment Anny Duperey, on n'imagine pas l'humanité pouvoir faire le procès de ceux qui ont été les grands profiteurs du désastre écologique qui est en cours. Nos énergies doivent plutôt se mobiliser maintenant pour essayer d'en amoindrir les effets.

Gageons que l'on continuera pendant un temps de lire cette pièce comme un spécimen de littérature d'une époque révolue, pour analyse ou par intérêt personnel, plus qu'on ne la verra mise à nouveau en scène.



François Sarindar

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Ondine

Lors d’un orage, Hans se réfugie dans une cabane de pêcheurs et demande une truite au bleu pour son repas, sans réaliser la réticence de ses hôtes à plonger le poisson vivant dans l’eau bouillante. Il tombe amoureux de leur fille adoptive Ondine, mais Ondine n’est pas humaine, pour épouser Hans, elle doit accepter le pacte des ondins : si Hans la trompe, il mourra et elle perdra la mémoire.

Ondine rejoint Hans à la Cour, mais elle n’est pas faite pour vivre parmi les hommes ; et puis elle doit se confronter avec Bertha qui était la fiancée de Hans avant qu’il la rencontre.

Une pièce qui commence en conte et qui se termine en tragédie, qui tourne autour de l’amour bien sûr, mais aussi de la tolérance, qualité peu répandue parmi les juges d’Ondine, des inquisiteurs.

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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

J’ai rencontré Ulysse au détours d’une rue en bord de Seine.

Il était fatigué, ce qui est normal pour un marin qui a fait l’Odyssée sur toutes les mers du monde^^

Taiseux, mystérieux, bougon.

La cinquantaine bien tassée.

Un papillon tatoué sur l’épaule gauche.

Un marin en somme ^^

Mais célèbre !

Il avait une démarche chaloupée plus proche d’une baleine échouée sur le rivage que d’une antilope gambadant dans les près.

Je lui ai donné rendez-vous au restaurant : « la Marée Montante » pour ne pas trop le dépaysé ^^

On a commandé un plateau de fruits de mer et j’ai commencé à décortiquer les écrevisses roses en commençant mon entretien :

-Un beau casting : Hector, Andromaque, Pâris, Priam, Hécube, Cassandre, Hélène…*

Que du beau monde !

(*Je m’étais faite une antisèche avant l’entretien pour paraitre plus intelligente

Donc j’ai jeté un coup d’œil sur le minuscule papier que j’avais planqué au dos de mon portable

1.Hector-Fils de Priam et chef des Troyens.

2.Andromaque -femme d’Hector,

3.Pâris -le séducteur et Frère d'Hector qui a enlevé Hélène.

4.Priam-Roi de Troie

5.Hécube -Reine de Troie

6.Cassandre -Fille de Priam

7.Hélène -Femme de Ménélas, enlevée par Pâris.

Mais chut pas un mot à Ulysse ^^)

-Oui en effet ,mais l’erreur c’est d’avoir kidnappé Hélène

-Vous voulez dire qu’elle n’était pas consentante pour partir ?

-En effet Ménélas son mari n’étais pas d’accord pour la laisser partir !

-Amusant les intrigues de votre petit monde ^^

-Nous aimons la tragédie !

-C’est le cas de le dire, tout est rebondissement chez vous.

A propos vous pouvez donc me certifier que « La guerre de Troie n’aura pas lieu « ?

-Vous êtes naïve ?

Oui parfois je pose des questions surprenante…surtout le soir avant de me coucher !

-C’est une affaire d’hommes !

-Ah bon !

-Oui nous avons beaucoup discuté avec Hector.

-Le beau Hector ?

-Le physique importe peu ,c’est un homme respectable : fils de Priam et chef des Troyens.

-Vous n’avez pas les mêmes opinions mais vous vous apprécies !

Et Cassandre ?

-Quoi Cassandre ?

-Je l’adore

-Ah oui (pas très bavard le marin)

-Une femme qui prédit l’avenir mais que personne ne croie.

Des dons gâchés…

-Laissez Cassandre tranquille.

-Ah ! Elle vous plait ?

-Mais non !!!Moi je suis un homme fidèle et je n’aime que ma femme Pénélope ?

-c’est ce qu’on dit^^ Lui dis-je en lui faisant un clin d’œil appuyé et en riant de mon rire communicatif !

Je l’ai senti mal à l’aise mais c’était pas le sujet je devais revenir à des sujets plus sérieux comme Troie…même si on était que tous les deux ^^

-Alors Ulysse ,que pensez-vous de l’état actuel de Troie ?

Et là il m’a fait sa superbe tirade avec une voix grave et charismatique :

-« Ce n’est pas par des crimes qu’un peuple se met en situation fausse avec son destin, mais par

des fautes. Son armée est forte, sa caisse abondante, ses poètes en plein fonctionnement.

Mais un jour, on ne sait pourquoi, du fait que ses citoyens coupent méchamment les arbres, que

son prince enlève vilainement une femme, que ses enfants adoptent une mauvaise turbulence, il est perdu. Les nations, comme les hommes, meurent d’imperceptibles impolitesses. C’est à leur façon d’éternuer ou d’éculer leurs talons que se reconnaissent les peuples condamnés... »

-Whaou !! ai-je soupiré car je m’y attendais pas du tout .

Ce mec m’a impressionné en si peu de temps et je continuais à le fixer en clignant des cils façon Betty boop!

Il était en partance !

Je veux dire il aller partir !

-Partant ? Me suis-je écrié malgré moi .



Il m’a regardé de son regard noir ,a froncé les sourcils et à répondu :

-« C’est là la difficulté de la vie, de distinguer, entre les êtres et

les objets, celui qui est l’otage du destin. Vous ne l’avez pas distingué. «



J’ai rien compris mais mais sa tirade était magnifique…

C’est ça de discuter avec un marin célèbre, ça… dit’vagues…souvent ^^

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Ondine

Ondine est une pièce de théâtre en 3 actes de Jean Giraudoux. Créée le 4 mai 1939 au Théâtre de l'Athénée, à Paris, dans une mise en scène de Louis Jouvet, avec Madeleine Ozeray dans le rôle titre et Louis Jouvet dans le rôle du Chevalier Hans, cette pièce est inspirée du conte Undine du romantique allemand La Motte-Fouqué (1777-1843).



Dans la mythologie, l’ondine est une naïade. À l’inverse des sirènes, l’ondine ne fréquente pas la mer et elle n’a pas de queue de poisson. Durant l’été, elle aime se tenir assise sur la margelle des fontaines, et peigner ses longs cheveux avec un peigne d’or ou d’ivoire. L’ondine aime également se baigner dans les cascades, les étangs, et les rivières, à la faveur des belles journées d’été. Il se dit que lorsqu’elle a les cheveux couleur d’or, l’ondine possède de grands trésors qu’elle garde dans un beau palais immergé. Dans la pièce de Jean Giraudoux, Ondine, fille des eaux, confiante dans la puissance de l’amour qu’elle éprouve pour le Chevalier Hans von Wittenstein zu Wittenstein, accepte le pacte du Roi des Ondins : elle quittera son monde des eaux vives et vivra son amour humain avec Hans. Mais si Hans la trompe, il mourra et Ondine retournera au Lac en perdant jusqu’au souvenir de son existence et de son amour terrestres.



L’histoire vous semblera peut-être banale (il existe des précédents avec les légendes celtes, avec Mélusine, avec les filles du Rhin, etc.) mais la pièce est admirablement écrite : vous serez transporté dans un monde merveilleux, puis vous constaterez la tentation dont sont victimes Hans (la tentation pour l’absolu) et Ondine (la tentation pour le genre humain), avant que nos deux héros soient happés et sombrent dans un drame dont la fin était inéluctable.



Le merveilleux ? Dans la pure tradition du conte de fées, le monde présente une grande cohérence intrinsèque et semble même figé : Auguste et Eugénie, humbles pêcheurs et parents adoptifs d’Ondine, ne manifestent aucune réaction aux événements qui touchent leur fille ; Hans - qui est un personnage simple, à l’aise dans l’odeur des cuisines (truite au bleu, jambon cuit) - accepte la magie qui peu à peu l'ensorcelle ; l’origine obscure d’Ondine et son aisance sur les eaux, les murmures de la forêt, les voix mystérieuses émanant du royaume des Ondins, la paillette d’or incrustée dans l'œil de Violante, tous ces éléments permettent au lecteur d'entrer dans un monde féérique, néanmoins assorti de touches humoristiques (le chevalier décline pompeusement son identité mais le pêcheur lui dit « On m'appelle Auguste »; Hans dit à Ondine que la puce est le véritable ennemi du chevalier errant).



Hans et Ondine, victimes de la tentation ? Hans est certes un chevalier, mais un chevalier errant, un pseudo-guerrier, vaniteux, bavard, attiré par les femmes ; ensorcelé par Ondine, qui lui défait l'armure d’un claquement de doigts, Hans est tenté par l’imaginaire qu'elle représente et par le calme tout aquatique qui émane d’elle : séduit, voulant fusionner avec elle, il la singe, s’essaye à parler comme elle. Ondine est un être féérique, parfait (« ce que le monde a de plus parfait »), pur, spontané, naïf (elle envie les mœurs conjugales des chiens de mer), ayant soif d'absolu et de sacrifice (elle est prête à mourir pour Hans dès la scène 5). Mais, tout en affirmant sa féminité (« moi, je suis une femme »), Ondine est décidée à s’unir à Hans afin d’y gagner une âme, réconciliant ainsi l'Homme et la Nature.



Le drame ? Il y a un antagonisme permanent entre le monde féérique d'Ondine et le monde réel de Hans. Ondine perçoit les limites et les mensonges du monde des humains (« les bras des hommes leur servent surtout à se dégager ») mais aussi l'inconstance et la légèreté des promesses de Hans (« c'est bien au cœur, n'est-ce pas ? »). Elle doute (« je suis sûre que tu attends mon sommeil pour aller voir ton cheval »). La tension dramatique monte dès lors que le pari du mariage entre l'humain et l'absolu de la nature semble définitivement impossible.



Pleine de poésie, signée de dialogues d'une richesse remarquable, l’œuvre (127 pages) se lit facilement. Vieux rêve panthéiste ? Regret romantique de la perte de l’harmonie cosmique ? Un « des plus beaux chants d’amour de la littérature française » (Colette Weil) ? En tous cas, une agréable découverte.
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

Mon verdict est définitif : je préfère de loin lire une pièce de Jean Giraudoux qu'une de Racine. Et cette sentence n'a rien à voir avec le talent de l'un et de l'autre, qui sont tous les deux justement reconnus, seulement avec leur style. Celui de Racine m'est trop éloigné. Au contraire, Jean Giraudoux a réussi à me happer dès les premières lignes.



Si le lecteur sait depuis le début que la guerre de Troie a bien eu lieu, il ne peut s'empêcher d'espérer quand-même que, peut-être, avec le talent croisé d'Hector, Andromaque et Cassandre... Ces trois personnages sont magnifiques dans leur tentative d'empêcher la guerre, de raisonner leur entourage, et dans l'amour qu'ils se portent.



Malgré le fait qu'il s'agisse d'une tragédie, la pièce ne manque pas d'humour (un humour qui tient beaucoup aux discours ironiques, aux remarques sarcastiques, aux jeux de mots et aux quiproquos). Le ton est parfois même badin, voire familier, ce qui n'aurait pas manqué de choquer notre cher Racine.



Bien-sûr, la pièce est avant tout une réflexion sur la guerre (elle a été écrite et jouée en 1935) et sur ce qui peut la légitimer (ou pas !). Mais il y a aussi une réflexion sur la condition de la femme, sur la place des poètes dans la société, sur la politique.



Je me suis vraiment laissée porter par les mots, par les personnages, et si j'ai bien senti l'inéluctabilité du destin, mon esprit pacifiste n'a pu éviter de partager les espérances d'Hector. La Guerre de Troie n'aura pas lieu rejoint mon Panthéon des pièces théâtrales que je rêve de voir sur scène, à côté de l'Antigone de Sophocle.
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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

Théâtre, basé sur l’Illiade d’Homère, conte mythologique Grec.

Pâris, second fils du roi Priam de Troie, enlève Hélène, femme de Ménélas, roi Grec de Sparte. Ce dernier alerte son frère Agamemnon, roi Grec de Mycènes, qui soulève une armée contre Troie pour reprendre Hélène.

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La guerre est quelque chose de sérieux. Giraudoux, en 1935, a l’air de prendre ça comme une farce, à l’image des Français faisant bonne chère pendant qu’Hitler astiquait ses panzer.

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Cependant, le lecteur voit plus clair dans l’intention de Giraudoux quand Hector ( le formidable Louis Jouvet ) déclame :



« Mais ce que j'ai à vous dire aujourd'hui, c'est que la guerre me semble la recette la plus sordide et la plus hypocrite pour égaliser les humains et que je n'admets pas plus la mort comme châtiment ou comme expiation au lâche que comme récompense aux héros. »

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Cependant, ce chef de guerre troyen, fils aîné du roi Priam, est contredit par différentes forces pas plus crédibles les unes que les autres :

Il y a d’abord Hélène la « blonde de service", qui se fiche de tout, mais qui sait très bien manipuler les gens ;

il y a aussi le poète pro-guerre soi-disant pour l’honneur, mais qui s’enfuira à toutes jambes à la première charge ;

Le juriste parlant comme un contemporain de Jean Giraudoux, dont le rôle est déplacé dans ce contexte, la guerre dépassant largement la loi ;

Pâris, le petit frère d’Hector, qui aime Hélène, en dépit des morts qu’il va provoquer ;

Priam, qui est trop mou ;

Et enfin les Grecs, qui sous prétexte d’enlèvement, veulent absorber une nouvelle terre.

Hector n’a de son côté que Hécube, sa mère, Andromaque, sa femme, et la petite Polyxène qui veut rester dans une atmosphère paisible.

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En fait, c’est un va-et-vient constant entre l’Illiade de Homère, et ce qui se passe actuellement en France sous les différents gouvernements, avec les intellectuels qui pérorent, qui théorisent, qui brassent de l'air.

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En 1935, Giraudoux pressent peut-être l'échec de Munich en 1938 et le conflit mondial qui risque fort de s’ensuivre :

Ménélas « est » un peu Hitler dans ce contexte ; en effet, ils ont tous les deux une humiliation à effacer, la tromperie pour l’un, la défaite et le traité de Versailles pour l’autre. Ce sont alors les « passions tristes » de Spinoza, et les tripes qui parlent :

que peut le raisonnement d’un cerveau, la morale ou la justice contre les tripes de la vengeance ? Comment arrêter cet élan néfaste ?

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C’est pour moi, encore une relecture.

A la première lecture, j’ai du mal à analyser les ressorts qui sous-tendent l’action. Ce qui est intéressant dans un livre ou dans l’analyse d’un fait, c’est de comprendre les mécanismes psychologiques qui sous-tendent ce fait, la portée philosophique qui sous-tend l’ouvrage.

J’avais mis deux étoiles à ce livre il y a quatre ans, car je n’aimais pas les anachronismes et symboles, les allusions aux anciens combattants ou à la cocarde : ça sonne faux et bobo.

Mais maintenant…Il faut analyser l’attitude de l’auteur, Jean Giraudoux, pour comprendre la pièce. Or Giraudoux est un diplomate à personnalité ambiguë qui fait débat. Amoureux de la culture allemande, est-il malgré tout, rentré dans la résistance pendant la guerre ?

Sa vie est floue, comme sa position dans « La guerre de Troie n’aura pas lieu » : 3 étoiles.

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La Guerre de Troie n'aura pas lieu

À peine rentré d'une campagne militaire, Hector rentre à Troie pour découvrir que Pâris a enlevé Hélène, et que la flotte grecque est en route pour la récupérer. Lassé des massacres, il tente d'imposer la seule solution raisonnable : rendre Hélène aux Grecs, qui pourront repartir immédiatement, et éviter ainsi de nombreuses morts inutiles.



Il tente de convaincre d'abord Pâris, puis le conseil de Troie, puis Hélène, obtenant chaque fois des demi-victoires : chacun accepte que la décision finale soit soumise à l'avis du suivant. Mais les efforts d'Hector se révèlent vains. Troie est prête pour la guerre, que tous les codes moraux, que toutes les lois internationales lui recommandent. Les arguments du héros troyen n'ont aucune prise sur cette force d'inertie qui pousse tout le monde vers le champ de bataille.



Un plaidoyer pour le pacifisme et l'entente entre les peuples écrit avec beaucoup de finesse et une ironie assez mordante.
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