Citations de Jean-Luc Bizien (253)
Conseil numéro 5 : Tout bien pesé, évitez d'élever un dragon !
À l'heure des informations téléviseés triomphantes, des journaux, des analyses et des sondages, nous n'avons plus ni temps ni place pour le rêve. Inexorablement, nous effaçons les dragons de nos mémoires. Nous ne leur accordons plus l'attention dont ils auraient tant besoin pour exister...
Que me soit donc donnée la possibilité de formuler un conseil, et peut-être quelques dragons seront-ils sauvés.
Ne cessez jamais de rêver : ils pourraient disparaître !
"Le redoutable dragon ne l'emporte pas sur le serpent lové dans l'herbe."
Proverbe chinois
Ceux qui pensent que c'est impossible sont priés de ne pas déranger ceux qui essaient.
J'ai l'impression qu'on vient de me brouiller l'écoute. Oui, il s'agit bien d'une contrepèterie.
Les Alliés avaient fait ce qu'il fallait faire, on ne pouvait leur reprocher ces tonnes de fer déversées sur la Normandie. La peste était là, elle avait dévoré le pays. Il importait de s'en débarrasser. La purification du pays exsangue s'était faite par le feu, c'était ainsi, on n'y pouvait plus rien.
Le sacrifice a des limites au-delà desquelles la frontière de la bêtise est franchie.
- Vous aviez cru vous soustraire à la guerre, Madame ? Vous vous êtes trompée. Ce pays est le nôtre, à présent, et nous sommes partout chez nous.
Les soldats vêtus de réséda pullulaient, ils hantaient les rues, s'étaient approprié les plus belles bâtisses. Plus voraces que des termites au cœur du bois, ils dévoraient tout sur leur passage et ne laissaient que de la poussière au cœur des ruines.
-Faut croire que la connerie, c'est dans les gènes!
Dans sa tête, des créatures célestes entamaient un chant révolutionnaire sublime, qu'il reprit à voix basse.
Asbury Park n'était plus qu'un village fantôme, digne des vieux westerns. On n'y avait plus produit un musicien depuis des lustres. Seule la fabrique à chômeurs tournait à plein régime.
Le rock était l'Espoir, l'ultime rempart contre la morosité ambiante.
Il fallait dominer la peine, l'asservir, la réduire à néant.
"Si vous tuez mille hommes, la mort de chacun a mille fois moins d’importance que s’il était mort seul".
JEAN BAUDRILLARD
— C’est la recette des scénaristes d’Hollywood. Dans un film de guerre, si vous voulez émouvoir le spectateur, ça n’est pas les militaires qu’il faut tuer. C’est le gosse innocent. Ou le chien.
— C’est un tour de passe-passe vieux comme le monde, Suzan : on détourne l’attention du gogo, on focalise son esprit sur un détail… et on lui fait avaler tout le reste.
— Vous n’imaginez pas les ravages de la propagande.
— Mais c’est tellement énorme !
— C’est le principe de la propagande, Ballahan, acceptez-le une fois pour toutes : plus c’est énorme, et plus les endoctrinés sont disposés à le croire.
— Kim Il-Sung avait préparé sa succession de longue date. Il s’était assuré que tous les prétendants seraient écartés le moment venu. À dire vrai, il craignait pour sa propre famille, si son fils aîné ne le remplaçait pas.
Ballahan hocha la tête en grognant.
— Je vois…
— Non, vous ne voyez pas, le corrigea-t-elle doucement. Ce type est bien plus malin qu’il n’y paraît. Sa propagande est basée sur les arts, pas sur la force brute.
— Que savez-vous de lui ? l’interrogea-t-elle.
— Pas grand-chose, avoua Seth.
— Kim Jong était tout jeune quand il a perdu sa mère. Il n’a jamais connu l’amour maternel.
— Et alors ? intervint Seth. Si tous les mômes qu’on n’a pas dorlotés devenaient des dictateurs… Ce n’est quand même pas parce qu’on ne l’a pas suffisamment bercé qu’il a décidé d’asservir tout un peuple !
Imperturbable, Suzan secoua la tête de droite et de gauche. Elle fournissait de gros efforts pour ne pas perdre son calme, mais Ballahan ne les voyait pas.
— Il a grandi dans l’ombre d’un dictateur. Toute sa vie est basée sur le mensonge. On lui a inventé une vie, une naissance grandiloquente.