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Citations de Jean-Luc Bizien (253)


À Juarez, il convenait de toujours être sur ses gardes. Et, quand on en avait les moyens, de rouler à bord d’une voiture blindée – nul ne savait jamais d’où une balle pouvait venir et l’on pouvait être foudroyé par un projectile destiné à une autre cible, en longeant un trottoir, son enfant à la main.
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Les légendes les plus folles circulaient à propos de la cité. Toutes soigneusement entretenues par les gangs de narcotrafiquants qui régnaient ainsi par la terreur – et tenaient à distance les curieux et les étrangers. On parlait d’exécutions publiques, d’enlèvements quotidiens, de demandes de rançons, de disparitions inexpliquées, on évoquait à voix basse l’incapacité de la police à réagir, les règlements de compte en pleine rue, de jour comme de nuit, la corruption galopante, l’évasion stupéfiante suivie de la nouvelle capture du caïd de la drogue, El Chapo… on était loin du compte.
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Juarez n’était pas le Mexique, Juarez c’était…
Une antichambre de l’enfer.
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Il se réfugia à l’ombre d’un bloc minéral et se laissa tomber dans la poussière. Adossé à la pierre, il renifla et constata qu’il dégageait une odeur de bouc. Transpiration et crasse généraient un fumet caractéristique, qui ne manquerait pas d’être repéré par les animaux sauvages et les éventuels passants si le vent tournait dans la mauvaise direction. Dans ces conditions, il était inutile de prendre autant de précautions et de s’efforcer au silence : quoi qu’il fasse, il serait trahi par ses effluves.
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— Foutu pays, marmonna-t-il. Qui peut bien vivre ici, à part les crotales et les Chicanos ?
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Depuis des semaines, le soleil régnait en maître absolu – pas une goutte de pluie n’était tombée sur le pays. La colline, encore verdoyante quelques jours auparavant, avait capitulé sous la brûlure persistante. Elle offrait à présent le spectacle désolant d’une terre pelée et jaunie, sillonnée de crevasses, comme rongée par la maladie. Le vent parachevait l’œuvre destructrice. Il fouettait les contours desséchés, arrachant au passage des particules microscopiques qu’il charriait au gré de ses caprices. La poussière invisible irritait les yeux, se glissait dans les bouches entrouvertes, s’immisçait jusque dans les poumons des randonneurs et les forçait à expectorer douloureusement.

Timmy laissa entendre un disgracieux raclement de gorge.
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Pablo prit l’une des anses du sac, pour aider Salma à rapporter le matériel jusqu’au pick-up rouge.
— Tu sauras revenir ? demanda la jeune femme en mettant le contact. Tu en es certain ?
Pablo secoua la tête dans l’affirmative. Oui, il avait noté l’endroit, il serait capable de le localiser, même de nuit s’il le fallait.
— Parfait, murmura Salma en passant une vitesse.
Elle effectua une manœuvre serrée, fit demi-tour sur la piste et lança son bolide sur la piste.
— Nous ne devons jamais en parler, décréta-t-elle en forçant la voix pour couvrir le rugissement du moteur. Tu m’as bien entendue ? À PERSONNE, JAMAIS ! Tu as bien compris, Pablito ? Tu sais pourquoi je te demande ça ?
Pablo acquiesça en silence. Incapable de parler, les poings serrés, il ne pouvait détacher les yeux de ce buisson de cactus.

L’endroit où reposait la dépouille de son père.
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La fille creusait, encore et encore. Le monticule, à ses côtés, ne cessait de prendre de la hauteur. Bientôt, l’apprentie terrassier s’enfoncerait dans la terre jusqu’à la taille.
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Les deux arrivants avaient bataillé pour transporter leur matériel jusqu’au centre d’un bouquet de cactus. Là, ils avaient déballé leur matériel et s’étaient aussitôt mis à l’œuvre. Les rôles étaient clairement établis : la jeune femme creusait tandis que l’enfant, une main en visière contre son front, scrutait les alentours.

La fille était très belle. Son visage aux traits fins et réguliers était encadré de cheveux de jais, qui cascadaient sur ses épaules. Solidement campée sur des jambes galbées, elle creusait à l’aide d’une lourde pelle de chantier. Sous ses coups volontaires, l’outil transperçait la croûte de terre. Sitôt achevé le mouvement souple, elle poursuivait son ouvrage. Elle était vêtue d’un débardeur blanc, d’un jean délavé et d’une paire de santiags. Sur ses épaules nues, on pouvait voir des tatouages. À sa droite, une calavera – l’un de ces crânes ornementés, que nombre de Mexicains arboraient fièrement pour célébrer le jour des Morts – et à sa gauche un signe mystérieux, proche du symbole cabalistique, qui affirmait son appartenance à l’un des gangs les plus redoutés de ce côté-ci de la frontière.
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À peine le tout-terrain s’était-il arrêté le long de la voie que deux occupants en étaient descendus. Leurs silhouettes menues, coiffées d’improbables stetsons, semblaient insensibles à la chaleur. Ils avaient abandonné le véhicule, laissant les clefs sur le contact et s’étaient emparés du lourd chargement. La croûte de boue séchée était si dure que leurs chaussures n’y laissaient aucune empreinte.
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Depuis l’aube, cette parcelle de route avait été étrangement calme. Nulle trêve n’avait été annoncée, pourtant pas un convoi n’avait tenté sa chance à travers le désert. Aucun groupe armé n’avait pris position aux abords du chemin. Alors que le soleil arrivait à son zénith, un pick-up rouge, surmonté d’une sirène lumineuse, était apparu. Il avait roulé un long moment, dans un nuage de poussière, sans être inquiété le moins du monde.
Il stationnait au milieu de nulle part.
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Bien entendu, on avait pris soin, au préalable, de récupérer les cargaisons. Les précieuses briques de cocaïne étaient saisies, puis transférées dans les SUV des vainqueurs. Quand ils étaient responsables de l’attaque, les hommes du SEIDO1 marquaient des points précieux dans la lutte contre les gangs de narcotrafiquants. Au vrai, ces faits d’armes étaient bien trop rares pour être significatifs. La plupart du temps, c’était une bande adverse qui récupérait le chargement… et la drogue retournait illico dans le circuit.
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Déformés par la violence des chocs, broyés par les heurts, ces témoins silencieux gisaient sur le côté. Certains squelettes métalliques demeuraient sur le toit et leurs roues tournaient quand le vent se levait. D’autres, plus malchanceux encore, avaient pris feu. Si les moteurs explosaient parfois, ces incendies étaient le plus souvent initiés par les assaillants : armes au poing, ils approchaient des bolides paralysés, achevaient les occupants et aspergeaient copieusement la carrosserie à l’aide de bidons d’essence. Les vestiges noircis étaient abandonnés au vent et à la poussière, ils ne faisaient qu’un avec les cadavres calcinés de leurs passagers que personne n’avait pris la peine d’ensevelir – les coyotes s’échinaient-ils à enterrer leurs morts ?
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De loin en loin, on distinguait sur le bas-côté les carcasses abandonnées de convois malchanceux, tombés sous les assauts de leurs adversaires. Les véhicules avaient brusquement quitté la route – le conducteur en avait perdu le contrôle, victime d’une erreur de trajectoire ou abattu par un tireur embusqué –, ils avaient tangué un moment sur le chemin, leur trajectoire s’était faite chaotique et puis les monstres d’acier s’étaient emballés au point de s’envoler pour effectuer une succession de tonneaux. Au terme d’une terrible cascade, les cercueils d’acier s’immobilisaient, emprisonnant leurs cargaison et convoyeurs dans un magma de sang et de tôle.
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Car la guerre faisait rage, dans cette partie du désert.
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La traversée, extrêmement périlleuse, ne s’effectuait pas à la légère. La règle, très simple, était connue de tous : pour quitter sain et sauf ce sentier envahi par la rocaille, on roulait pied au plancher, mains crispées sur le volant, sans se soucier des crevasses et – surtout ! – sans jamais s’arrêter. On ne stationnait pas au long de cette route, sous aucun prétexte. En respectant ce principe, on avait une petite chance d’échapper aux snipers postés à intervalles irréguliers sur le parcours.
À tout moment du jour ou de la nuit, les bolides lancés sur la route soulevaient des panaches ocres, semblables aux voiles de fumée des antiques trains à vapeur. En partie masqués par cette brume de poussière, ils espéraient échapper aux prédateurs, nombreux et redoutables.
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Une seule route traversait cette partie du désert.

C’était un lacet poussiéreux, un chemin incertain creusé de profonds nids-de-poule. Le tracé était vicieux, et ses pièges si nombreux que seuls l’empruntaient des véhicules adaptés. Des pick-up aux roues surélevées ou de monstrueux SUV aux suspensions spécialement renforcées s’y aventuraient à vive allure, laissant dans leur sillage des tornades de poussière. Les pilotes menaient leurs bolides à des vitesses folles, supportant les violents soubresauts dus à l’utilisation de pneus increvables et défiant les engins blindés des forces gouvernementales qui effectuaient leurs rondes.
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Dans ce décor de fin du monde, au sein de son effroyable minéralité, des buissons de cactus surgissaient par intermittence. Jaillis de nulle part, ils crevaient la surface et dressaient leurs bras vers le ciel, comme pour implorer sa clémence et le supplier de délivrer la pluie.
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Le soleil était déjà haut dans le ciel. Il pétrifiait de chaleur un territoire qui, sous ses baisers ardents, prenait des allures de chair exsangue. Des crevasses couraient sur la surface fripée, comme autant de stigmates laissés par son souffle de forge. Le sol, trop longtemps privé d’eau, boursouflait et se contorsionnait avant d’exploser par endroits, en craquelures difformes. Rares étaient les inconscients qui osaient s’aventurer hors des abris – les bêtes, comme les hommes, se réfugiaient à l’ombre et attendaient des heures plus clémentes.
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- Messieurs, annonça-t-il avec un plaisir évident, un bonheur n'arrivant jamais seul, je vous annonce que nous tenons également un des tueurs payés pour éliminer Justin Case !
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