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Critiques de Jean-Luc Outers (36)
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Le voyage de Luca

Ils sont quand même bien téméraires, ces jeunes parents belges, d’emmener leur bébé faire le tour de l’Amérique du Nord en camionnette Volkswagen vieille, très vieille.





Partir à l’aventure, de New-York au Mexique, puis remonter le long de la Côte Ouest jusqu’au Canada, c’est traverser des déserts arides et y mourir de chaud, se dépêtrer des autoroutes innombrables traversant les villes, adopter un chien errant puis devoir le laisser à la frontière du Mexique...et plein d’autres anecdotes décrites avec réalisme et une pointe d’autodérision.

C’est de la débrouillardise avec un bébé à bord (Pampers, lait en poudre, pour ne citer qu’eux).

C’est surtout des rencontres de toutes sortes.

C’est enfin la vie à 3, 24h sur 24...





On dit toujours que lire, c’est voyager. Eh bien là, j’ai voyagé ! Et c’était très agréable, ma foi.

Les montagnes, les villes riches et pauvres, le désert et l’océan sont décrits avec dynamisme, pleins de vie. Le ton légèrement distancié du narrateur (le père de famille, même pas âgé de 30 ans au départ de ce voyage qui a duré quasi un an) m’a empêchée de ressentir toute l’empathie dont avait besoin ce jeune couple, mais ce n’est pas très grave. Assise à l’arrière, je me sentais bien car j’adore découvrir de nouvelles contrées, fût-ce par ma lecture.





C’est donc avec enthousiasme que je vous recommande de partir avec Julie, Marian et leur petit Luca, racontés avec bonhomie par Jean-Luc Outers, auteur belge récompensé pour ce roman par le prix Rossel des jeunes, prestigieux prix de mon pays.





Ah l’Amérique ! Des milliers de kilomètres ? Non, 239 pages !

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Hôtel de guerre

Un gilet pare balles et la commande d'un reportage sur la vie dans Sarajevo assiégée par les Serbes. C'est ce que 'Reporters sans frontières' envoie en 1994 au Bruxellois JL Outers. Une semaine pour découvrir une ville bombardée en permanence, la ronde incessante de l'approvisionnement par le pont aérien, les snipers, la vie sans électricité et sans eau (problème insoluble des toilettes dans sa chambre d'hôtel!).



Aussi le magasin ONU où on trouve de tout et de la bière, et l'hôpital Kosevo d'où sortent les enfants mutilés et où il rencontre Anna de 'Médecins sans frontières'.



La guerre durera encore deux ans avant de trouver pire qu'un compromis à la belge entre Serbes, Croates et Bosniaques. Puis 25 ans plus tard, JL Outers y retourne, tente de retrouver les journalistes qu'il y a croisé. La ville s'est reconstruite mais la solidarité qui naît dans les épreuves a disparu.



Un récit qui ne peut que nous rappeler les terribles images des villes ukrainiennes.

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Le voyage de Luca

Un jeune père se remémore la découverte du monde, en compagnie de son jeune fils Luca et sa femme. Ils ont tout abandonné pour parcourir le monde en veille camionnette. Pour Luca devenu plus grand, hanté par cette vie de nomade il va être difficile pour lui de concevoir une autre vie.
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Le Bureau de l'heure

Un roman très agréable à lire, sur la notion du temps qui passe, le thème est impalpabe.

Marine le passé, Gilda le present, Lydia le futur avec la naissance futur de l’enfant. Le temps rythme des saisons. Célestin est un poéte, vingt-cinq ans plus tard il n’oublie pas Marine rue des Eglandier c’est Gilda qui habite cette maison là. Gilda aussi se souvient de son amour de jeunesse. Pour Celestin les retrouvailles avec Marine sont allées à la recherche du temps perdu. Il est question de l'horaire des trains, de la vie de Galilée, de l'importance du passage de l'heure d'hiver à l'heure d'été, de l'horloge parlante de la voix d'Audrey Letellier. La notion du temps n’est pas la même pour les Africains et nous européens toujours pressès à courrir aprés le temps qui passe.

Célestin retrouve son amour de jeunesse, retrouvaille mené comme une enquête policière.

Cette recherche du temps fait de ce livre un Proust rigolo.

Le ton est attendrissant fantaisiste une jolie écriture, les personnages de ce livre sont terriblement attachant.
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Mon nom ne vous dira rien

Dominique Pitiviers se retrouve seule pendant sept jours en l’absence de sa femme Julie, envoyée en mission en Afghanistan. Loin de passer des moments tranquilles, ces sept jours seront mouvementés et fort en émotion. Reporter sportif, Dominique a l’habitude de couvrir des événements parfois très animés.

Le moment débute par la fin de ces sept jours loin de l’avoir plongé dans la solitude, avant de revenir sur le début de toute l’affaire. Gaspard son petit-fils est souvent déposé chez lui par son fils Luca, qui lui tente de se dépêtrer de problèmes conjugaux et de fierté mal placée.



Mais Dominique ne compte pas rester coincer pendant ces sept jours, il contacte un ancien ami d’enfance pour un diner de retrouvailles. Ce sera l’occasion pour lui d’être confronté au temps qui passe en liant l'amour et la maladie, l'amitié et la compassion. Toucher du doigt la frivolité à un âge où tout n'est que retenue, accepter de se laisser guider par son cœur et d’écouter l'autre. Une écriture fluide et des thèmes critiques traités avec humour.

Le narrateur se laisse guider par le bon vouloir de ses compagnons d'infortune pour nous offrir un voyage qui nous prend aux tripes.
Lien : https://stemilou.over-blog.c..
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Le dernier jour

Jean-Luc Outers, Le dernier jour, 2017 -



Jean-Luc Outers est un écrivain belge né en 1949.



« Se fondant sur des écrits et des témoignages, il donne pourtant le sentiment de raconter des histoires proches de la fiction, dont les héros auront marqué sa vie : Henri Michaux, Dominique Rolin, Simon Leys, Chantal Akerman, Hugo Claus.»



Ce livre est magnifique ! Outers, décrivant le dernier jour d’écrivains, d’artistes aimés, retrace par la même occasion ce qui semble avoir été la clef de leur vie : la mer, la mère, la mémoire, entre autres. On visite l’essentiel et cette visite nous apprend beaucoup sur l’écriture, sur le cinéma, sur l’âme, car Outers est un fin observateur et connaît bien, à mon sens, les fils invisibles qui nous relient à la vie.



Et puis quelle écriture ! On savoure les mots, on apprend, on s’attendrit devant le destin de ces êtres et on sort de cette œuvre confiants que notre vie aura eu un sens même si nous ne savons pas toujours bien le nommer, collés que nous sommes au réel et aux rêves qui la façonnent.



J’ai beaucoup aimé.
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Mon nom ne vous dira rien

J'ai acheté ce livre en suivant l'avis très favorable d'un critique littéraire assez connu et qui nous présentait ce roman dans le cadre de la semaine "Lisez belge".

Après lecture je suis super déçue. Peut-être est-ce moi qui suis passée complètement à côté du sujet?



Le personnage principal, Dominique a un comportement totalement inconscient et incohérent. Entre autre pour faire plaisir à Elsa gravement atteinte de la maladie d'Alzheimer, il l'aide à s'enfuir de l'hôpital alors que les médecins ont jugé la malade extrêmement faible et fragile. Ensemble ils vont prendre le train , l'avion, ils vont visiter la ville puis se rendre chez la sœur italienne.

Tous les événements de cette folle semaine sont à la fois (à mon avis), absurdes et rocambolesques.



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Le voyage de Luca

Un bon livre, c'est celui qui vous prend l'envie de le ressortir de votre bibliothèque, de le parcourir à nouveau parce qu'il a laissé des traces, des ambiances que l'on a envie, que l'on a besoin de retrouver.

Lu il y a quelques mois, aujourd'hui je suis à nouveau parti en voyage avec Luca et ses parents. J'ai replongé quelques instants dans un univers qui invite au voyage...

C'est l'histoire d'un père et d'une mère qui veulent offrir à leur fils, à leur famille, une vie, une éducation faite de plaisir simple et naturel...

Qui n'a jamais eu envie de vivre loin des rumeurs de la ville, la tête dans les étoiles, le nez plongé dans le ciel, les yeux rivés sur la nature... Et observer le monde tourner, sans voir réellement les heures défiler ?

Ce récit est peuplé de belles descriptions, qu'on prend plaisir à relire par-ci par-là.
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Hôtel de guerre

« Hôtel de Guerre » ; Jean-Luc Outers (Gallimard, 180p)

Pour qui chercherait un livre répondant à la belle appellation de « roman » (puisque c'est écrit sur la couverture), on peut largement passer son chemin ; d'histoire, il n'y en a pas l'ombre d'une trace. Il s'agit surtout de deux carnets de voyages distincts à Sarajevo, visiblement très autobiographiques.

Le premier se situe en 1994, en plein siège de la ville. L'auteur-narrateur, écrivain, y est envoyé pour une (petite) semaine par Reporter Sans Frontière pour rédiger un petit reportage écrit et filmé de 5 minutes, sous un angle un peu différent de celui des journalistes. Pour qui s'intéresse au drame de Sarajevo ville martyre, ce livre, sur le plan strictement documentaire, n'est pas sans intérêt, « je » croisant des visages dans un hôtel délabré, un hôpital qui coule, ou au milieu des ruines, sans eau ou presque, avec le risque permanent des snipers, les morts qu'on enterre dans les jardins publics. Mais même ce survol m'est apparu assez superficiel, bien trop rapide, on trouve mieux dans des tas de reportages de presse.

Le second se situe 25 ans plus tard. En 2019 J.L. Outers retourne dans la ville reconstruite, sur les traces d'un amour rencontré durant son premier périple, une anesthésiste italienne en mission humanitaire traumatisée par ce qu'elle a vécu depuis sa place de médecin de guerre. Récit de ce voyage (plus bref que le premier, mais plus autocentré et intime encore), des retrouvailles avec des personnes rencontrées à l'époque, portrait d'une ville et d'une région désormais clivées entre communautés qui se regardent en chiens de faïence, par l'auteur qui soigne sa dépression aux anxiolytiques. Même sur le strict plan documentaire, il ne reste plus grand-chose d'intéressant dans cette brève seconde partie du livre.

Il y a certes ici ou là de l'émotion. Mais l'écriture assez banale, avec des lieux communs (ex :« depuis que les hommes se déchirent, les filles semblent peu douées pour la guerre. » « Même une pluie d'obus n'a jamais perturbé le cours d'une rivière (…) seule pouvait changer la couleur de son eau lorsque le sang s'y répandait »), n'est pas non plus de nature à permettre que cet « Hôtel de guerre » s'inscrive dans la mémoire comme un bon livre.

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Le voyage de Luca

« Et toi, où pars-tu en vacances ? »

Il n'est pas rare de s'entendre répondre : « Je vais parcourir la route 66 » ou « visiter les Montagnes Rocheuses (le Canada , la Floride, la Côte Est...) »

Mais, dans les années 80 ?

Traverser le Nouveau Monde, c'est le projet de Marian. Il embarque Julie, sa femme enceinte et Luca, leur bébé. Arrivés à New York, ils font l'acquisition d'une camionnette Volkswagen et partent à l'aventure.

Leur route traverse le Mexique, le Guatemala, le Grand Canyon et Las Vegas. Ils atteindront Vancouver et Montréal en passant par le Yosemite et San Francisco.

Les rencontres sont multiples et étonnantes. De pauvres planteurs de café leur proposent généreusement l'hospitalité. Un ours veut visiter le véhicule. Un chien errant leur offre un brin de conduite.

Les aventures se succèdent : perte de clefs, panne de freins sur un chemin en pente, voisins qui les prennent pour des bourreaux d'enfant.

Luca grandit. Ses parents affrontent bien des épreuves.

Jean-Luc Outers nous emmène sur les routes avec humour, tendresse et poésie.

On rit, on sourit, on pleure, parfois et on sort de ce voyage des étoiles plein les yeux.

J'ai adoré ce roman.
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De jour comme de nuit

Idéalistes, rêveurs, activistes. Trois adjectifs qui décrivent parfaitement Juliette, Hippolyte et César, adolescents issus de la bourgeoisie des années 60, en rupture familiale. Alors que mai 68 a ouvert la porte à la contestation et que les années 70 annoncent une ère de militantisme, un monde rêvé de relations humaines non hiérarchisées et de parole libérée s’invente chez nous. Au sud de l’Europe, les dictatures s’effondrent mais d’autres naissent en Amérique du Sud.

C’est dans ce contexte que ces jeunes gens défendent avec vigueur, et parfois une certaine naïveté, des causes qui leur tiennent à cœur. Lors d’une manifestation de protestation contre le régime franquiste, ils vont faire connaissance et construire au fil de leurs discussions, une société plus juste. Jusqu’au jour où un projet concret prend réellement vie : créer une école alternative pour tous ceux que le système scolaire étouffe ou laisse sur le bord du chemin. Ces « rejetés d’école en école, à qui la société renvoyait l’image répétée de ratés sociaux » Pour changer la société et aller au bout de ses convictions, il faut bien commencer quelque part. L’enseignement n’est-il pas un enjeu stratégique ?

Le trio se lance alors dans une formidable aventure humaine. Autogérée par des praticiens appartenant à différentes disciplines, l’École des Sept Lieues se veut d’abord un lieu de vie. Les élèves participent à la gestion de la vie collective, s’expriment sur l’organisation des journées, tout en suivant des cours-ateliers.



Emportés par leur enthousiasme et la concrétisation de leur utopie, ils devront se rendre compte hélas que la réalité est souvent plus prosaïque que les rêves.



On sent une certaine nostalgie dans cette observation des années 70. Le regard que porte Jean-Luc Outers sur cette période n’est pas vraiment aussi détaché qu’il voudrait nous le faire croire. Je découvre l’auteur avec ce roman mais il me semble avoir mis beaucoup de lui-même dans cette histoire. Son écriture est magnifique, sans fioriture, la narration rythmée, le ton ironique (certaines scènes sont vraiment drôles) et les personnages finement construits.

J’ai pris beaucoup de plaisir à lire ce récit paru dans la collection « Un endroit où aller » créée par Hubert Nyssen chez Actes Sud.

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Le Bureau de l'heure

Célestin est directeur du Bureau de l'heure, une section de l'Observatoire royal d'Uccle qui veille sur l'écoulement du temps en Belgique. Son temps à lui s'est un peu arrêté depuis qu'enfant, il a aimé Marine,sans jamais oser le lui avouer. Célestin traverse la vie comme un somnambule jusqu'à ce que Gilda, Lydia, Audrey, Alice et Julie n'y fassent irruption.



Jean-Luc Outers nous livre ici un roman plutôt intimiste, avec en trame de fond une réflexion sur le temps qui passe. Les situations sont à la fois cocasses et touchantes, les personnages sont bien campés. Comme souvent, le héros semble un peu déboussolé, à la recherche d'un hypothétique bonheur dans un monde terriblement matérialiste et peu humain. Alors il s'accroche à ce qui semble faire sens, comme ces histoire anciennes, ces rendez-vous manqués.



Ce Bureau de l'heure est un des livres les plus aboutis de Jean-Luc Outers. Lui qui peine tellement à raconter une histoire, à construire une intrigue, propose ici un scénario solide, presque cinématographique. C'est le récit d'une libération, tant on peut être prisonnier du temps qui est inexorablement écoulé.
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La compagnie des eaux

Valère est employé au Museum des sciences naturelles où il étudie la reproduction des reptiles. Persuadé de la supériorité du modèle ovipare, il n'en est pas moins fasciné par les femmes enceintes au point de ne pouvoir tomber amoureux que d'elles. Lorsque la femme de son frère, Maxime, gestionnaire de la dette de l'Etat belge, lui annonce qu'elle attend un deuxième bébé, Valère sent un trouble incontrôlable l'envahir.



Ce roman ne m'a guère convaincu. Comme à son habitude, Jean-Luc Outers met en scène des personnages un peu décalés, qui traversent la vie sans trop se mêler à un monde qui leur semble absurde à bien des égards. Les caractères sont très bien décrits et l'auteur leur donne une épaisseur qui les rend attachants. L'écriture est poétique, les situations souvent drôles, les allusions à la Belgique, pays d'Absurdie, touchent juste où il faut. En un mot, de la belle ouvrage, bien montée, fignolée à souhait. Mais voilà, une fois de plus Outers peine à raconter son histoire, une fois de plus on attend un dénouement, une montée de l'intensité narrative, un événement qui vienne bouleverser le cours du récit et une fois encore on reste sur sa faim. Bon, je suis un peu cruel puisque je continue à lire ses romans parce que je suis sensible à leur ambiance mais, hormis dans De Jour comme de Nuit, j'ai toujours été un peu déçu par ce manque de scénario.
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Mon nom ne vous dira rien

Jean-Luc Outers Mon nom ne vous dira rien - en lice pour le Prix Fnac - fini le 9 juin 2023



Quel magnifique roman ! Le belge Jean-Luc Outers nous fait voyager entre la Belgique et l’Italie (Venise puis Rome), dans un roman sensible, faussement léger. L’auteur n’a pas son pareil pour décrire les sentiments, les lieux, tout en brossant un portrait à distance où l’humour et la gravité sont constamment présents.



Dans ce livre on croise des personnages très attachants, Philippe, le principal, qui traverse l’Europe pour retrouver son ami en dépression, et la retraverse pour emmener sa femme malade chez sa Soeur jumelle. Évidemment, raconté comme ça, ce n’est peut être pas très attirant mais il est impossible de raconter la sensation de lecture, où le sourire aux lèvres ne vous quitte pas, où l’envie de tourner la page est constamment présente.



Je ne connais pas JL Outers mais on retrouve un esprit belge inimitable, tourné vers les autres, où l’Europe n’est qu’un jardin pour les ressortissants de ce petit pays. Moi qui ne suis pas adepte de la rencontre avec les auteurs et des dédicaces en tout genre, là j’aurais envie de rencontrer M. Outers, de lui parler de son livre, de ses inspirations, d’échanger tout simplement entre humains…ce roman incarne à toutes les pages le mot « délicatesse » et on aurait envie qu’il dure, dure, dure…j’ai aimé aussi que Outers ne traduise pas l’italien qu’il utilise, nous laissant simplement à la musicalité des mots et j’ai aimé qu’il nous parle de Georges Nagelmackers, en nous obligeant à aller chercher qui il est…



Deux petits bémols (qui en fait n’en sont pas) : la table des matières est totalement inutile (à quoi bon une table des matières dans un roman aussi court…); et j’aurais imaginé que le titre aurait pu être en italien, ce qui aurait été plus conforme à l’histoire, même si je conçois que cela aurait pu entretenir la confusion sur la langue du livre…au passage le titre est formidable quand on connaît l’histoire d’Elsa…



Je vais rester longtemps avec ces personnages. Merci à vous M. Outers.
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La compagnie des eaux

"Pour Valère, avant toute chose, il y avait les œufs. Les œufs étaient là depuis toujours. Avant les poissons, avant les arbres, avant les pierres, avant l'eau et le feu, avant le big bang même, il y avait eu les œufs. Si Dieu existe – le seul être dont Valère admettait l'antériorité par rapport aux œufs -, le premier jour, il a créé l'œuf. Et le second, il s'est reposé, car pour l'essentiel, son œuvre était accomplie."



C'est une métaphore qui se faufile, suivie d'une autre, qui ne se défilent jamais : l'œuf et l'eau. Un rond dans l'eau. Le cycle de l'eau. L'origine de toutes choses. Le cercle, qui contient tout. Duquel toute forme de vie éclot.

Mais, après le cercle, symbole de profusion, viennent les angles, synonymes de manque, d'interdits. Les passages à vide, remplis d'obstacles.



Jean-Luc Outers les arrondit, les angles, sans jamais les faire disparaître. Il se fait peintre de la quadrature du cercle, il peint avec les mots une vie faite de hauts, qui commence d'en bas, faite d'eau, commencée la tête en bas. Une vie qu'on traverse en comblant le vide ou en le faisant, au fil de l'eau, seul ou en bonne Compagnie.



Il décrit un tour de la Terre en deux cent septante jours, un tour de la vie en deux cent soixante-dix pages.



Il nous parle de l’œuf, à l'origine de tout, à l'Origine du monde. D'une femme, forcément. De la Femme, Eva, forteresse abritant l'oeuf (cercle protégeant le cycle), veillée par deux chevaliers. D'un triptyque pas vraiment classique, amoureux sans être amoral.



Il nous parle de la vie, de « l'oviviparité », de la poussée d'Archimède et des nécessaires contractions de l'Univers tout entier. Les corps qui plongent, qui remontent, flottent et nagent parfois à contre-courant, à la recherche du « pourquoi », du « depuis quand ».



Jean-Luc Outers nous raconte avec humour, poésie et philosophie le voyage de l'humanité, d'une sphère à l'autre, du ventre à la terre, contrainte, par les lois physiques de l'aquatique, au mouvement, sous peine de noyade.


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De jour comme de nuit



Au début, une écriture italique nous emmène en Belgique, dans le Borinage, vers La louvière sur les chemins de halage en compagnie du facteur.



Dans une écriture normalisée, l'auteur nous plante le décor. Trois jeunes enfants de bourgeois, la vingtaine font le choix de leurs études. On découvre :



- Hippolyte dont la mère est fanatique de Racine et de Phèdre en particulier; le père est politicien, il s'inscrit en fac de droit en pensant que cela mène à tout.



- César est le fils d'un banquier, il a fait un petit séjour au Chiapas, il méprise les banques et le système, il décide de faire sciences po. Il est militant et engagé.



- Juliette est la fille d'un bijoutier et se dit pourquoi pas psycho. Elle rencontre Rodriguo qui est d'origine chilienne, en tombe amoureuse et portera leur fille Marie.



Nous sommes dans les années 70, sous fonds de révolution des oeillets au Portugal, la fin de Franco, l'arrivée de l'horreur et de Pinochet au Chili.



Nos jeunes sont révoltés de la vie, bercés par Mao, Le Che ; ils se rencontrent dans des manifestations et rêvent d'un monde meilleur.



Rodriguo abandonnera Juliette pour aller combattre auprès des siens au Chili. Juliette élèvera sa fille avec comme deux parrains Hippolyte et César, notre trio est bien formé.



Cette partie très bien écrite et agréable à lire était un peu lente à mon goût . Mais tout à coup je fais le lien entre les écritures, les deux histoires se chevauchent, et leur vrai combat est enfin lancé. Le véritable rythme du roman est donné, les pages tournent, tournent, l'écriture magnifique m'emporte.



Nos trois amis gardent un très mauvais souvenir de leur éducation, et petit à petit ils vont se réunir avec d'autres pour un vrai projet d'école alternative qui les occupera à plein temps.



Comment intégrer dans notre société des jeunes complètement déscolariser et hors normes ? Comment les prendre en charge et leur apprendre à vivre ensemble ? et à partager ?



On assistera aux réflexions, jusqu'à l'aboutissement de cette belle école pas comme les autres. Elle existe vraiment, c'est le Snark à Houdeng-Aimeries, une école qui essaie vraiment de comprendre pourquoi et d'aider les jeunes à retrouver une place dans notre société.



Ces jeunes vont être confrontés à la réalité, ils feront grandir en même temps que le projet, leurs convictions, leurs idéaux, une petite révolution populaire qui changera l'enseignement pour permettre l'intégration quand rien ne va.



On suivra aussi de très près le chemin d'un enfant autiste qui traverse ce roman en répétant "qu'il cherche ce qui ne va pas dans la vie"



Un très beau roman à lire sans plus attendre.




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De jour comme de nuit

Dans De jour comme de Nuit, Jean-Luc Outers évoque le début des années 1970, le temps des révolutions, du militantisme, de la soif de justice. Juliette, César et Hippolyte étudient sans grande conviction les matières universitaires qui leur permettront de remplacer leurs aînés. Ils suivent fébrilement les événements du Chili et la Révolution des Œillets en écoutant Grandola Vila Morena sous un portrait du Che, manifestent et visitent des coopératives le long du Douro, couvrent les banques de graffiti et rêvent d'une société enfin juste. Ce militantisme un peu dilettante, fait petit à petit place à un projet concret. Eux qui ont tant souffert sur les bancs de classe, créeront une école pour tous ceux dont le système scolaire ne veut pas. pour les inadaptés et les rêveurs, pour ceux qu'on appelle encore à l'époque les caractériels. Mais la réalité réserve des surprises que la théorie révolutionnaire n'avait pas prévue. Bien vite, les éducateurs remiseront Marx et Freud au fond d'un tiroir pour plonger les mains dans le cambouis humain.

Le nouveau roman de Jean-Luc Outers est, une fois de plus, largement autobiographique. Il se distingue cependant du reste de son oeuvre. Pour la première fois, j'ai eu l'impression qu'Outers racontait une histoire. Lui qui nous avait habitué à des romans faits de tranches de vie mises bout à bout, à des narration dont on se demandait pourquoi elle finissaient là, dont on sentait qu'elles auraient pu avoir dix, cent, mille pages de plus ou de moins sans que le récit en soit altéré, nous livre ici roman touchant au scénario bien ficelé. J'ai aimé l'histoire de ces jeunes, de leur confrontation avec le réel, de la maturation de leurs convictions, de leurs fidélité à des idéaux de progrès.

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Le Bureau de l'heure

« Il existe en Belgique un service public de la conservation et de la diffusion du temps. Dans les sous-sols de l'Observatoire royal d'Uccle, à l'abri de la lumière du jour, des horloges affichent l'heure légale. Des horloges à quartz y côtoient les vieilles horloges à balancier dont le tic-tac signale la présence à qui s'aventure dans ces labyrinthes souterrains. C'est muni d'une torche électrique que Célestin s'y rend deux fois par jour à heure fixe, neuf heures trente et quinze heures trente. Le temps il l'a dans la peau, Célestin. Nul besoin de montre pour savoir que c'est le moment de descendre dans les caves... »







Il l'a dans la peau, il l'a dans ses nuits, dans ses insomnies, le temps. Il lui arrive de se croire encore au travail, l'insomnie ressemble au temps absolu quand l'univers se réduit au tic tac de l'horloge. Parfois la nuit il n'existe rien d'autre que le temps. Ce n'est pas rien de gérer le temps d'un pays, « et les insomnies qui en découlent c'est encore du temps, le temps à l'état pur, dont le dormeur éveillé égrène, dans la clarté lunaire, une à une les secondes et les minutes. La nuit alors se peuple de tic tac muets, de pendules invisibles. Le monde n'est plus, à ce moment, qu'une gigantesque horloge, une clepsydre affolée dont les chutes d'eau inonderaient la ville. »



On ne se rend pas compte de tout ce qui en dépend. Sinon, pourquoi aurait-on chercher à le mesurer, à l'écrire, à tenter de le maîtriser en le divisant en années, en jours, en calendriers ? « Une horloge qui se dérègle, et c'est la vie qui en pâtit . « C'est que, si l'on n'y prend pas garde, si même un instant, la vigilance se relâche, le temps peut provoquer une sacrée pagaille ».



Jusqu'à présent c'est grâce aux étoiles, à l'univers, qu'on le mesure. Alors Célestin porte bien son prénom. Même si, adolescent, ce sont les fonds sous-marins qui l'attiraient. Mais c'est un problème, quand on ne sait pas nager, qu'on ne peut même pas apprendre à le faire. C'est peut-être pour ça qu'il se mettra en tête, plus ou moins malgré lui, à la recherche de Marine, son premier amour, amour d'il y a vingt-cinq ans, amour intemporel, s'il en est, inaltéré, inavoué, seulement encré dans des dizaines de lettres jamais envoyées.



Célestin va partir à la recherche de ce temps perdu, quelque part entre un atome et un cadran,



entre la voix claire mais pas froide de l'horloge parlante et celle coincée dans le corps d'une petite fille, entre l'enjeu européen de l'heure d'hiver et le temps immobile qui remplit de plus en plus le ventre d'une femme. Célestin part explorer l'océan de sa vie qui le regarde d'en haut et sans faire de vagues lui envoie quelques signaux. Célestin fait le temps, mais le temps fait tourner la tête de Célestin. Et quand on sait qu'un astre mort éclaire encore...



Vitesse de la lumière, silence de l'univers, astrolabe et ballet éternel. Écoute, Célestin, écoute, l'écho du tic tac qui résonne est à portée de voix, à côté de toi...







Histoire d'amour, de physique poétique, d'humour quantique,



voyage vers le temps, à travers l'autre, entre un fuseau horaire et une fleur séchée.



Les pétales s'envolent, mais les écrits restent.

Et puis, après tout, aimer, c'est obéir à une voix.
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La Place du mort

Le personnage principal de ce roman tout en petites touches impressionnistes, emmène son père muet et paralysé pour un voyage sur les routes de France. Le vieil homme lui indique le chemin, le conduisant chez de vieux amis ou au pied d'une maison dont on ne saura pas grand' chose. Durant ce périple, forcément sans conversations, il repense à sa relation avec cet homme, parlementaire, ministre, défenseur de la langue française mais aussi père absent, éducateur intransigeant. Jean-Luc Outers nous livre un troisième roman très sensible, touchant parce qu'il évoque la maladie et la perte inexorable de certaines fonctions vitales sans pathos. Il analyse sobrement cette relation au père, redevenu dépendant comme un enfant, et expose ses sentiments avec pudeur.
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Corps de métier

Paru en 1992, le deuxième roman de Jean-Luc Outers ne tient pas vraiment les promesses de l'Ordre du jour. Outers nous livre une suite d'anecdotes, d'états d'âmes, de petits faits mis bout à bout sans jamais parvenir à raconter une histoire. On sourit, on s'émeut, on entre même un moment dans la belle histoire d'amour de Clarisse et Carl, on rit de la fatuité des petits chefs du ministère mais lorsqu'on referme ce Corps de métier c'est avec un sentiment de trop peu, comme si ce roman se terminait avant même d'avoir commencé.
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