"Pour Valère, avant toute chose, il y avait les oeufs. Les oeufs étaient là depuis toujours. Avant les poissons, avant les arbres, avant les pierres, avant l'eau et le feu, avant le big bang même, il y avait eu les oeufs. Si Dieu existe – le seul être dont Valère admettait l'antériorité par rapport aux oeufs -, le premier jour, il a créé l'oeuf. Et le second, il s'est reposé, car pour l'essentiel, son oeuvre était accomplie."
C'est une métaphore qui se faufile, suivie d'une autre, qui ne se défilent jamais : l'oeuf et l'eau. Un rond dans l'eau. le cycle de l'eau. L'origine de toutes choses. le cercle, qui contient tout. Duquel toute forme de vie éclot.
Mais, après le cercle, symbole de profusion, viennent les angles, synonymes de manque, d'interdits. Les passages à vide, remplis d'obstacles.
Jean-Luc Outers les arrondit, les angles, sans jamais les faire disparaître. Il se fait peintre de la quadrature du cercle, il peint avec les mots une vie faite de hauts, qui commence d'en bas, faite d'eau, commencée la tête en bas. Une vie qu'on traverse en comblant le vide ou en le faisant, au fil de l'eau, seul ou en bonne Compagnie.
Il décrit un tour de la Terre en deux cent septante jours, un tour de la vie en deux cent soixante-dix pages.
Il nous parle de l'oeuf, à l'origine de tout, à l'Origine du monde. D'une femme, forcément. de la Femme, Eva, forteresse abritant l'oeuf (cercle protégeant le cycle), veillée par deux chevaliers. D'un triptyque pas vraiment classique, amoureux sans être amoral.
Il nous parle de la vie, de « l'oviviparité », de la poussée d'Archimède et des nécessaires contractions de l'Univers tout entier. Les corps qui plongent, qui remontent, flottent et nagent parfois à contre-courant, à la recherche du « pourquoi », du « depuis quand ».
Jean-Luc Outers nous raconte avec humour, poésie et philosophie le voyage de l'humanité, d'une sphère à l'autre, du ventre à la terre, contrainte, par les lois physiques de l'aquatique, au mouvement, sous peine de noyade.
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