Nous avons rencontré Jean-Paul Bourre pour évoquer son essai sur la malédiction du Palais Dario de Venise, dans lequel la jeune Marietta Barbaro, emmurée, s'est consumée de chagrin, l'historien Rawdon Brown s'est donné la mort face à ses tableaux, Kit Lambert, le manager des Who, s'est perdu dans les fêtes et les drogues... la liste est longue, et sanglante, des propriétaires morts de façon tragique dans ce petit palais penché sur le Grand Canal. Elle faillit s'achever par Woody Allen, si celui-ci, prudent, n'avait au dernier moment renoncé à son achat... Propos recueillis par Marie-Pierre Ciric le 30 mai 2011. le livre : https://www.lesbelleslettres.com/livre/203-ca-dario
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Les premiers évènements remontent au XVe siècle, lorsque le premier propriétaire, Giovanni Dario, ambassadeur à Venise, fait construire le palais sur la rive du Dorsoduro. Sa fille Marietta épouse un Barbaro, dont le palais est voisin du palais Dario. Peu de temps après, le vieux père Dario fait faillite, il perd sa place au Grand Conseil de Venise, et sa fille se laisse mourir de désespoir, emmurée dans l'une des pièces de la Ca' Dario.
Deux jours après le drame, les domestiques découvrent le corps de Francesco Barbaro, assassiné dans son jardin.
Au XVIIe siècle, un descendant des Barbaro qui habite le palais Dario est assassiné en Crète, dont il est le gouverneur. Le propriétaire suivant, un riche diamantaire arménien, perd toute sa fortune et meurt ruiné. Au XIXe siècle c'est l'historien Rawdon Brown, spécialiste de l'histoire de Venise, qui se donne la mort dans la salle des tableaux du palais Dario.
Il existe une forme de méditation qui réclame le dépouillement, l'abandon, le détachement de toutes les choses visibles. Le méditant se tient par-delà tous les concepts, au bord du vide, dans un sentiment de contemplation et d'adoration infinies. Saint Jean de la Croix a fait de la méditation un véritable "yoga chrétien", où l'adepte traverse des niveaux, des nuits successives qui lui font éprouver la solitude et l'abandon, en même temps qu'elles le purifient, affinent ses perceptions, le rapprochent de la présence divine.
Nadène m'apprend qu'il ne fera pas son service militaire. Il est réformé grâce à la vignette indienne, un Shiva, que je lui avais envoyé de Paris, dans une lettre. ça avait marché ! "merci pour ton Shiva ! " Laisse-faire vieux -c'est pas moi- c'est Shiva. Je ne suis rien moi, ego surmultiplié résorbé en même temps dans un seul atome de silence.
C'est ainsi que je vois passer les informations, à une certaine distance, sous la forme de grands paquebots illuminés. J'ai abandonné Psichari, et je suis revenu à Rimbaud avec une faim insatiable. Un objectif. Repartir. Une fidelité : Je ne travaillerai jamais, surtout pas comme ils l'entendent. Guerrier du rêve je suis. C'est une promesse faite à moi même, dans les années de mon enfance, empoisonné par les livres d'aventures, par le vent noir des chimères.
En quoi la chimère de Nerval aurait-elle moins d'épaisseur, moins de réalité que la chimère sociale, strictement matérielle, que tout le monde poursuit ? Parole de pasteur, avant de devenir gitan coupeur de bourses, clochard céleste, fouilleur d'extase, voleur de cheveux.
J'ai vingt ans, la partie haute de mon cerveau est indépendante, et j'aimerais tout de même vivre un grand amour.
Sophie s'est endormie. Il me vient à l'esprit qu'elle est la seule fille blonde de San Clemente, ce qui lui donne pouvoir sur la lumière, sur le feu. J'observe son village illuminé par la flamme, sa tendresse inquiète. Au mur, un énorme clou traverse les pieds dun Christ ensanglanté, suspendu à la croix. Connait-elle l'angoisse de la mort dans son sommeil ? Ses lèvres bougent. Elle se met à parler en dormant, comme la pythie de Delphes...
Les sédatifs qui étouffent et endorment ont remplacé les dopes qui réveillent, celles des années 60.
Dans les montagnes de la Haute – Kabylie, les manifestations « diaboliques » étaient fréquentes. Chaque soir, Salomon Deguida, le grand-père de Magda, conversait avec les esprits, avec une familiarité qui touchait à l’horreur. A ce sujet, les souvenirs de famille abondent : « Il disait que les démons avec lesquels il dialoguait se cachaient sous ses ongles, et poussait des hurlements dès qu’on lui touchait le bout des doigts. Lors de ses possessions, il parlait une langue inconnue, et nous ne reconnaissions plus sa voix. L’entité qui l’habitait parfois venait le visiter pour des raisons que j’ignore encore. Peut-être voulait-elle le protéger, ou lui rappeler l’existence d’un pacte oublié.
Lire ou écrire n'a jamais empêché de mourir.
Ne respecte pas les individus pour leurs bavardages, leur agitation stérile, mais pour leur qualité d'être, pour la petite musique qu'ils ont gardée au fond d'eux-mêmes. Cette étincelle d'or est un vestige de l'ancien pouvoir. Elle se met à briller dans certaines circonstances, malgré eux.
Ce qui était acceptable il y a quelques millénaires ne l’est plus aujourd’hui: les lois et les mœurs ont changés, et ce qu’on appelle la vie - que l’homme se doit de respecter - n’a plus la même signification.
Pour nous, la vie, c’est l’homme dans son action quotidienne, la sécurité de cette enveloppe de chair à laquelle se réduit notre conscience. Dans les sociétés traditionnelles, construites sur les enseignements magiques, la vie se situait sur un autre plan, au plus profond de l’individu, derrière l’apparence du corps, là où l’esprit secret correspond avec l’illimité, par delà le temps et l’espace connu des hommes.