Citations de Jean-René Huguenin (186)
Une des raisons pour lesquelles on aime un être, c'est que l'on est d'accord avec lui sur ce qu'il aime en nous.
En général, nous n'exprimons bien que les idées que nous venons de découvrir, qui nous paraissent encore neuves et surprenantes.
Pourquoi chercher à connaître un écrivain ? Au fond, on ne le connaît que par ses livres. Dans la vie courante, il est comme tout le monde : un être déformé par les autres.
La vie est tragique, absurde et cruelle. Et c'est justement ce qui me la fait trouver précieuse, digne d'amour, exaltante.
La virilité, je crois que c'est, avant tout, de ne pas être dupe de soi.
On peut embrasser une bouche, des yeux, mais comment embrasser un sourire, un regard, et surtout leur expression, leur lumière ? Comment posséder, non un corps, mais le mouvement de ce corps ? Elle tournait la tête vers lui et il regardait ses cheveux noirs, il regardait sa peau mate, et il aurait voulu que sa chair devînt tout à coup transparente et ne la cachât plus. Elle se relevait courait vers lui s'accrochait à son cou s'y balançait comme un pendule, frêle, légère.
Je ne sais plus de quelle sainte est ce mot merveilleux : "Faites ce qui vous chante et tout chantera en vous." Le secret est là.
Non pas rêver ma vie, mais faire vivre mes rêves.
Recevez sans les compter les dons de chaque jour, et ne vous occupez pas de ceux du lendemain. L'essentiel est de rester digne et grand ; la mort est moins mortelle que la bassesse et la lâcheté.
Olivier tourne la tête : là-bas,le long de la colline,monte la procession du pardon de Portsaint. Le prêtre ouvre le cortège ,en surplus blanc; deux hommes tiennent les montants du dans qui l'abrite.Un enfant de coeur porte à bout de bras une haute croix qui oscille et renvoie des reflets de soleil.Des femmes en coiffe blanche ,en longues robes de velours noir,des hommes presque tous vêtus de noir ,montent en chantant.Le chant est intense, lointain,intense,lointain,à la grâce du vent.Peu avant le sommet de la colline,le pardon de Portsaint disparaît derrière les arbres. Olivier marche vers le bord de la falaise.En bas la marée montante recouvre à chaque vague les rochers. Se peut- il que cette mer si pure,si lissée passée de soleil--cette mer tant aimée......(Page 172).
Non pas mon goût pour la chair, mais mon goût pour la peau, la fleur de la peau, les frôlements, les frissons, les caresses fugitive
De trop grandes aventures font perdre le sens et l'amour de l'aventure. Moins vivre pour rêver mieux, et mieux rêver pour vivre plus.
On écrit aussi pour s'oublier.
Un soir bleu, pur et glacé, sur lequel flambe une demi-lune. Paris sombre dans cette douceur cruelle, des fenêtres s'allument où passent des ombres, des volets claquent comme des "non".
Le danger de n'avoir connu que des tentations faibles est de s'imaginer que l'on résistera aussi facilement à toutes les autres - les grandes, celles de l'esprit, du cynisme, de la mort, et la plus grande de , la tentation du désespoir.toutes
Créer, aimer, détruire... L'essentiel est d'épuiser sa force, toute sa force avant de mourir.
Oui, comme il faut refuser ! Comme il faut tuer, briser, abandonner. Pour partir. Car la joie est un voyage. Et je ne sais pas ce qui nous exalte le plus dans ce voyage, de rompre ou de découvrir.
Et pourtant, quand vous désespérez, ce ne seront pas vos connaissances qui vous sauveront, mais une humble envie d'enfant : l'envie d'être heureux.
Le soir tombe. On se sépare. Sur la plage de Porsaint, dans les rues du village que traverse une route droite et bleutée, sur toutes les plages de Bretagne, à la croisée des chemins, aux portes des hôtels, sur les marches des seuils, on, se sépare. A la sortie de Porsaint, la route fait quelques coudes et échappe aux dernières maisons qui fument, accrochées à ses flancs. Vous vous êtes séparés, la nuit tombe, vous êtes seul et vous fermez les yeux sur la nuit qui tombe et qui vous invite à mourir. Qui attendiez-vous ? Qui n'avez-vous pas su reconnaître ?
Sur la route du retour ils s'arrêtèrent pour cueillir des mûres...
Elle perdit l'équilibre et s'égratigna l'épaule. Il était déjà à côté d'elle. "Zut, je n'ai pas de mouchoir." "Attends." Il posa la bouche sur la plaie, aspira. "... meilleur que les mûres." "Monstre. Tu as toujours aimé le sang..." Il la regarda : ses lèvres aussi étaient rouges. Il détourna la tête et se passa la main sur le front.
"Ce soleil me fait mal aux yeux..."dit-il.