Citations de Jean-René Huguenin (185)
"Qui n'a pas souffert de l'absence d'un être alors qu'il est là, en face de soi, n'a pas connu l'amour."
Je déteste les bavards. Je me laisse facilement couper la parole, mais j'ai horreur qu'on me coupe le silence.
"Les grands romanciers sont ceux qui savent faire du mystérieux avec du quotidien, de l'extraordinaire avec du banal, du divin avec de l'humain -ceux qui savent faire quelque chose avec rien, comme l'espoir."
Il faut se laisser aller à la lutte. L'abandon se conquiert, le naturel se conquiert. Donnez-moi la Grâce, je me charge du reste.
"La beauté n'est pas dans l'objet regardé mais dans nos yeux."
Malheur à ceux dont les seules blessures ne furent jamais que des blessures d'orgueil.
Qui suis-je ? Qui étais-je ? Je ne trouverai jamais ma nuit. C’est moi que je prie, c’est moi qui m’exauce. Dieu dans sa haine nous a tous laissés libres. Mais il nous a donné la soif pour que nous l’aimions. Je ne puis lui pardonner la soif. Mon cœur est vierge, rien de ce que je conquiers ne me possède ! On ne connaîtra jamais de moi-même que ma soif délirante de connaître. Je ne suis que curieux. Je scrute. J’explore. La curiosité c’est la haine. Une haine plus pure, plus désintéressée que toute science et qui presse les autres de plus de soins que l’amour – mais qui les détaille, les décompose. Me suis-je donc tant appliqué à te connaître, Anne, ai-je passé tant de nuits à te rêver, placé tant d’espoir à percer ton secret indéchiffrable, et poussé jusqu’à cette nuit tant de soupirs, subi tant de peines, pour découvrir que mon étrange amour n’était qu’une façon d’approcher la mort ?
Un roman a pour objectif principal de raconter une histoire : voilà un lieu commun auquel on ne songe pas assez.
Ce qui caractérise les faibles, c'est moins le goût de l'abdication, du laisser-aller, l'obéissance servile aux moindres désirs, qu'une espèce de penchant fataliste pour le recommencement, un désir d'éterniser, une tragique impuissance à rompre. Ils meurent de ne pas savoir tuer.
J'aime mieux les êtres qui saignent.J'aime les forts, bien sûr, mais pas tout à fait les forts.J'aime les forts au regard tremblant, tremblant d'amour.
( " Journal")
La vraie force est ne ne pas avoir besoin d'être aimé.
L'amour est nécessaire à la plupart des êtres parce qu'il est un des rares moyens qui leur permette d'oublier cette réalité douloureuse : je vis.
Rien de plus dangereux, de plus inutile que de se fixer un repère intérieur, auquel on se compare, qui altère toutes les attitudes, les crispe,et empêche, en fin de compte, de jouir de soi.
"Ceux qui sont pour la vie acceptent aussi de devoir mourir. Ceux que la pensée de la mort horrifie, révolte, refusent la vie. Qui aime la vie aime la mort."
Un ciel bleu, sec et froid, dur comme un diamant, tintant comme une cloche immense, allègre et joyeux comme un petit caillou, net, limpide, frais, eau glaciale sans une ride, infini, semblable à un aigle planant au-dessus de Paris, dardant sa froide précision céleste sur les maisons, bleuissant les toits, rosissant les murs, enveloppant chaque chose dans sa gaine inflexible. Voilà le temps que j'aime. Un temps dur et tendre à la fois, infaillible. Les gens dans la rue ont le visage rose, le nez pincé par le froid, les lèvres serrées et pâlies, les traits un peu figés mais resplendissants de bien-être. C'est un temps qui sait ce qu'il veut. Mon bel hiver !
Il y a trois catégories d'hommes : ceux qui se soumettent aux lois ; au dessus, ceux qui les refusent ; au delà, ceux qui s'en imposent.
Chacun est pour soi même la clé de tout ...
Qui saura jamais si je suis devenu ce que je devais être, ou seulement ce que je voulais être ?
On dit tomber amoureux, comme on dit tomber malade. Aimer désespère et dévore.
On peut demander de l'amour, de la pitié ; mais on ne saurait demander du respect : ou on le force, ou on ne le mérite pas.