C’est elle que je souhaite. C’est d’elle que j’ai besoin. Avant qu’elle n’arrive dans la cellule voisine, je ne faisais que survivre dans ce laboratoire. À présent qu’elle se trouve là, je veux vivre pour elle.
La furieuse colère qui me hante lorsque je pense aux hommes lâches qui peuplent cette vie me répugne d’une manière presque malsaine. Pourquoi éprouvent-ils ce besoin inhumain d’assouvir leurs pulsions sur une proie sans défense ? À quel moment de leur existence leur conscience a-t-elle déserté au point où plus une once d’humanité n’habite leur esprit malade ? Faut-il toujours qu’une femme ou un enfant paie de sa vie ou de sa vertu pour répondre aux désirs de ce genre de monstre ?
Ils ont voulu faire de moi une bête sanguinaire. Alors, voici, messieurs. Votre JA.247 dans son état naturel.
J’observe une dernière fois le regard envoûté du Russe avant de mordre à pleines dents dans le biceps tendre de mon adversaire décédé. Ce goût sucré fait monter une chaleur dans tout mon corps qui me donne l’impression d’être sur le point de jouir. Mes yeux se ferment paisiblement lorsque j’arrache un second morceau
Comment un homme si intelligent et cultivé peut-il finir aussi fou que celui qui n’a pas eu le tiers de ses chances dans la vie ? La santé mentale ne choisit clairement pas une classe sociale en particulier. Riche, pauvre, brillant, imbécile, top modèle, SDF… Le cerveau reste la même machine complexe. Seuls les plus dégénérés réussissent à vaincre ou contrer ce fléau. Pour Richard, Hélène et Bykov, ça prendrait bien plus qu’une lobotomie. Le moyen efficace de régler leur déficience, c’est de percer leur cervelle d’un plomb bien centré.
Décidément, KeysLab 2.0 est devenue l’antre du démon. Ma vie de ténèbres m’a damnée pour finir mes jours dans les abysses de l’horreur. Peu importe le plan pour que je puisse sortir d’ici, Keys aura toujours un point d’avance. Je lui appartiens.
Nous nous retrouvons dans un bordel sans fin. Avoir le labo ainsi que l’agence à nos trousses ça va, on peut probablement gérer. Mais avec l’armée qui se mêle de la partie, quelque chose me dit que je n’atteindrai jamais le premier trimestre…
— Je… je ne sais pas. Les raisons de leur mise à mort, je ne les connais pas. J’exécute, c’est tout.
C’est pire que ce que je pouvais m’imaginer ; elle n’est pas justicière, mais faucheuse. La bête, ce n’est pas moi. C’est elle.
Les lumières s’éteignent. Dans ce silence nocturne, j’entends un son léger. Un cœur qui bat doucement ainsi que le bruit d’une respiration lente ; est-ce ça qu’on appelle de la musique ?
-J’ai été étonné par votre geste, continue-t-il en voyant que je ne réponds pas. Vous sacrifier pour sauver la vie de l’homme que vous aimez. C’était de toute beauté. Je ne peux pas en dire autant à propos du décès de mes employés, mais ce n’est pas cher payé pour vous retrouver enfin.
-Un, deux ou cent morts de plus à mon actif, ça ne change pas grand-chose pour moi.
-Veyne? Ça te ferait du bien de te changer les idées, ajoute Chris. Tu vas voir, le poisson frais est un vrai délice.
Me changer les idées? Alors que Jaybee et notre enfant sont coincés entre les mains des pires humains qui habitent cette Terre? Faire comme si tout allait bien? C’est bien mal me connaître!