Sombre chaos, tome 1

Une roublarde souvent poussée dans ses derniers retranchements, une reine tyrannique d'un sadisme exacerbé et un prince toujours prêt à exploser d'une rage incontrôlable, tels sont les trois principaux personnages de ce roman de science-fiction qui sort de l'ordinaire. Dans un univers post-apocalyptique, un peuple jouit de technologies protectrices alors que les Forçats vivant à l'extérieur des murs peinent à survivre. Une jeune femme passe d'un univers à l'autre et doit s'adapter aux règles démentes de son nouveau milieu.

En dire plus serait divulgâcher un scénario captivant, bourré d'imprévus, où un aura de mystère plane sur les motivations de plusieurs protagonistes et où on découvre peu à peu une société régie par des lois et coutumes aussi insensées que barbares. le début m'a fait craindre un autre de ces récits où une jeune femme en perdition est sauvé par un prince charmant; on est loin de là, pas de bluette ici, plutôt de la détermination, une rage de vivre, l'indignation devant l'injustice, le refus de la soumission. L'écriture est simple, le rythme trépidant, l'héroïne attachante, l'histoire bien imaginée. Une suite est prévue, prévu également que je la lise.

Voici ma critique pour Masse critique Québec.

D'abord, je tiens à dire que je suis ravie de découvrir un roman d'anticipation et d'actions québécois. Cette saga qui doit se poursuivre dans au moins une suite promet d'être intéressante.

Dans la lignée SFFF, Sombre Chaos est un roman ciblé pour les jeunes adultes, ce qui change également es sagas dystopiques pour adolescents. Ceci dit, n'importe quel amateur de dystopie d'action trouvera son compte quelque soit son âge.

Écrit à la première personne et au temps présent, on découvre cet univers à travers les yeux de Louanie, une Forçage (peuple vivant pauvrement à l'extérieur de la cité de Shaeganna) et de Khanislas, prince de Sheaganna. C'est lorsque Louanie qui, d'abord vendue en mariage à un homme violent, se voit échangée contre un congé de paiement d'impôts en intégrant la cité de Shaeganna que le lecteur est initié, tout comme le personnage principal, à la cruauté qui règne entre ces murs. La cité est, certes, pourvue en technologies lui permettant d'être à l'abris des affres du climat déréglé, mais elle est également piégée sous le règne d'une reine sadique et jalouse de toutes les femmes, leur faisant ainsi porter une « ombre » sur le visage, un bout de dentelle dont elles ne doivent pas se départir au risque d'être écorchées vives.

Voilà ce qui en est pour la prémisse prometteuse. Niveau scénario, malgré une ou deux surprises, on peut parfois ne pas s'empêcher de penser que le fil rouge est un peu trop perceptible. On sent que l'autrice a voulu nous emmener là dans un scénario où l'illusion du hasard n'a pas été aussi bien utilisé qu'il ne l'aurait pu. Mais cette petite faiblesse est rattrapée par une écriture efficace et un rythme qui nous tient en haleine. Pour terminer sur les points moins bien réussis de mon point de vue, je mentionnerait certains clichés dont celui de « l'élue »; celui du personnage principal avec un trait physique distinctif - Louanie a les yeux vairons (ce qui est un trait vu et revu pour mettre de l'avant l'unicité du personnage principal), mais on pardonne car ce trait fini par servir le scénario; et celui de la souveraine despote et sadique au caractère unidimensionnel - en bref, la méchante est méchante, parce qu'elle est méchante. On vient parfois à se demander comment une reine aussi sadique peut-elle ne pas être l'objet de perpétuelles tentatives d'assassinat. Je la comparais souvent à l'empereur Caligula, sachant que ce despote n'a régné que 4 ans avant d'être assassiné par les soldats de sa propre garde. Autre petite critique que comprendront ceux qui ont lu le livre : la cruauté sous couvert de traumatisme ne devrait pas être être plus attirante sexuellement que la cruauté tout court. le roman nous met devant des personnages brisés par des traumas et explique ainsi certains de leurs agissements, mais il demeure qu'on a le cliché de la fille brisée qui craque pour le bad boy brisé aussi, mais qui se cache sous une carapace.

En terminant, ce roman est recommandé pour les 18 ans et plus et c'est avec raison. La sexualité et la violence graphique teintent le récit du début à la fin, mais toujours avec un but scénaristique. On peut croire ainsi que je n'ai pas apprécié e roman, mais en vrai, tous ces points soulevés, même s'ils ont tendance à typer le récit, ont quand même l'avantage d'être efficaces et sauront ravir le lectorat qui recherche ce genre d'éléments et les émotions qu'ils peuvent susciter. Pour moi, Sombre Chaos est un bon 3/5. Écriture efficace, personnage attachant, rebondissements, fin en cliffhanger ouverte sur la suite annoncée.