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Citations de Jens Peter Jacobsen (35)


Pendant près de deux années, Niels Lyhne voyagea à l'étranger. Il se trouvait bien seul. Il n'avait plus de parent, plus d'ami qui fût cher à son cœur. Mais un isolement plus grand encore pesait sur lui. Car il est bien certain que celui-là sentira tristement son abandon, qui n'aura plus sur toute l'immense terre un coin qu'il puisse bénir, où son cœur se réfugie lorsqu'il a besoin de s'attendrir, où le reportent ses regrets et ses désirs; (...)
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- Que c'est bizarre de se regretter ! dit-elle, abandonnant lentement sa rêverie et revenant à lui du regard. Moi, je me regrette souvent, je me regrette telle que j'étais jeune fille, et j'aime cette jeune fille comme quelqu'un qui m'aurait touchée de très près, avec qui j'aurais partagé mes joies et tout... et que j'aurais perdu sans qu'il y eût de ma faute... Le beau temps que c'était ! Vous ne concevez pas le charme idéal répandu sur l'existence d'une jeune fille qui commence à aimer. Cela ne pourrait être exprimé autrement que par de la musique...
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Ils n'étaient pas amoureux l'un de l'autre, ou, dans tous les cas, ils l'étaient fort peu. C'était une de ces vagues et agréables liaisons qui souvent s'établissent entre un homme et une femme ayant dépassé la première jeunesse: une sorte d'été vite envolé où l'on se promène côte à côte en prenant des airs de galanterie discrète, où l'on s'admire soi-même avec les yeux d'un autre et où l'on se fait de douces caresses avec la main d'un autre.
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Les années avaient passé ... L'univers n'était plus ce monde de merveilles qu'il était naguère. Les terreurs suscitées par les contes n'habitaient plus les coins ombreux derrière les vieux sureaux, ni les chambres mystérieuses sous les combles. Et la colline qui, aux premières trilles de l'alouette, se couvrait de pâquerettes, le ruisseau qui recélait tant de plantes et de bestioles, les pentes sauvages du ravin, tout cela se réduisait à être des pauvres fleurs, de petites bêtes et des cailloux très ordinaires. La baguette de la fée ne voltigeait plus par là.
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Malheureusement, il n'y avait pas dans son entourage une seule individualité supérieure qui pût lui donner la mesure de sa valeur et de son intelligence, à elle ; pas un caractère se rapprochant du sien. De sorte qu'elle s'habitua à se considérer comme un être à part, unique, une espèce de plante des tropiques née sous un ciel inclément et qui ne pouvait s'épanouir en liberté ; dans un climat plus doux et sous un soleil plus chaud, elle aurait poussé des tiges élancées avec d'éclatantes fleurs merveilleusement belles. Elle croyait être cette plante à laquelle manquaient ses vraies conditions d'existence, et elle se consumait dans les rêves et les désirs.
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Elle adorait les vers. Elle vivait en eux, rêvaient par eux et croyait à ce qu'ils disent.
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Ce n'était pas l'odeur d'un bouquet, ni celle d'une fleur réelle, c'était l'atmosphère mystérieuse, évocatrice de souvenirs, que renferme toute demeure familiale et dont il est impossible d'indiquer l'origine . Chaque maison a la sienne et elle fait songer à mille choses diverses : tantôt à de vieux gants, tantôt à des cartes à jouer neuves, tantôt à un piano ouvert. Nulle part elle n'est la même. On peut l'étouffer sous la fumée des cigares et sous des parfums, mais non la supprimer : elle revient toujours pareille.
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De tous côtés on apercevait des baies aux tons chauds, des noisettes, des glands brillants, et les fruits écarlates de l'églantier. A côté des hêtres dépouillés de leur verdure, les cormiers ployaient sous le poids des grappes rouges, d'une senteur aigre comme celle du cidre. Des mûres tardives gisaient, noires ou brunes, sur les tas de feuilles humides, au bord des sentiers ; on trouvait au milieu des bruyères des cerisiers odorants, les framboisiers sauvages montraient leurs fruits d'un rouge éteint. Les fougères prenaient en se fanant mille nuances diverses ; et quant à la mousse, elle fournissait ample matière à étude, car il n'y avait pas seulement la mousse vigoureuse et drue des terres et des bas-fonds, qui ressemblait à des sapins, à des palmes, à des plumes d'autruche, il y avait encore la mousse légère qui revêtait les troncs d'arbre et faisait songer aux champs de blé des elfes : elle s 'élançait en tiges menues terminées par des minuscules boutons pareils à des épis.
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Et d'ailleurs, à quoi lui servaient ces énormes connaissances? serait-ce en sondant les profondeurs de l'infini qu'il parviendrait à la conquérir? Non. Tout ce qu'il possédait était sans valeur. Et que lui servirait que son âme brillât d'un éclat cent fois plus beau que celui du soleil si elle se dissimulait sous l'étoffe minable d'un manteau de Diogène?
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Ce n'était pas un amour réfléchi, qui veut, et qui exige, connaître son sort, un amour avide de posséder, d'étreindre et de s'abreuver de cette certitude.

C'était seulement l'aube première de l'amour qui flotte dans l'air comme un printemps étrange et qui se gonfle, dans un doux battement du cœur, de désirs mélancoliques de bienheureuse inquiétude. L'âme est si tendre, si facilement émue et si prête, toute, à se donner.
De vagues et inexprimables espérances percent soudain, répandant ici-bas sur toutes choses la splendeur du soleil.
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La passion est une flamme vive qui se consume dans sa propre fumée ; il aimait mieux brûler à petits feux.
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Ils sont là (...) et ont continué de s'entretenir de ce vague amour d'adolescents qui jamais ne trouve de cesse, mais sans repos erre à travers toutes les terres du pressentiment et tous les ciels de l'espérance, malade du désir d'être apaisé dans le puissant embrasement intérieur d'une grande passion concentrée ; c'est ce dont ils ont parlé ; le plus jeune se plaignant amèrement, le plus âgé le faisant avec plus de tristesse, et maintenant le plus âgé, le jaune, dit au bleu qu'il ne doit pas marquer tant d'impatience dans l'attente de l'amour partagé d'une femme qui lui vienne un jour et le retienne.
"Non, crois-moi, lui dit-il, l'amour que tu trouves, enfermé entre deux bras blancs, avec deux yeux pour limite du ciel et la félicité assurée de deux lèvres, il est trop proche de la terre et de l'humus ; il a troqué l'éternelle liberté des rêves contre un bonheur qui se mesure et vieillit au fil des heures ; car quand bien même se renouvellerait-il constamment, il perd chaque fois un des rayons de sa couronne de gloire immarcessible qui irradie l'éternelle jeunesse des rêves. Non, tu es le plus heureux !"
"Non c'est toi le plus heureux, je donnerais un monde pour être comme toi."
Et le bleu se lève et commence à descendre la route vers la Campagne, et le jaune le suit des yeux avec un sourire triste et murmure : "Non, lui est heureux !"
Mais loin sur la route le bleu se retourne une fois encore vers le balcon et crie en agitant sa barrette :
"Non, toi tu es heureux !"
Là eussent dû être les roses.
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Elle adorait les vers. Elle vivait en eux, rêvaient par eux et croyait à ce qu'ils disent.
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Au fond des choses, il y avait cette lamentable vérité que l'homme est toujours seul. La fusion des âmes n,'était que mensonge ; jamais aucun être ne se donnait entièrement à vous, ni la mère qui vous faisait asseoir sur ses genoux, ni l;'ami sur qui vous comptiez, ni la femme qui dormait sur votre coeur..
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Il avait, il fallait l'avouer, une curieuse nature, et aussi une façon bien bizarre de se laisser prendre par les ambiances passagères. Il oubliait tout ce qui était loin de lui ou plutôt il ne l'oubliait pas complètement, mais cela se transposait sur un plan différent et se laissait recouvrir par le présent, ensevelir comme sous des montagnes ! (Et l'on disait après cela qu'il avait de l'imagination)
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Nous autres femmes [...] il ne nous est pas possible de soutenir la lutte, car, pour toujours et par-dessus tout, nous avons dans le sang une passion pour ce qu'il y a de plus correct dans la plus parfaite correction, pour le guindé le plus outré du "comme il faut" mondain. C'est pour nous une souffrance trop lourde de lutter contre ce qui a été établi par la foule du vulgaire; au fond il nous semble même que cette foule a raison : c'est elle qui nous juge, et intérieurement nous nous inclinons devant ses arrêts.
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Il n'y a aucun Dieu et l'homme est son prophète .
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Longtemps il se traîna sur les genoux, tenant les yeux rivés sur le ciel comme si il craignait que celui-ci se dérobe afin d'ignorer ses prières s'il venait à le quitter des yeux. Puis les images du bon temps flottèrent devant lui, toujours plus nombreuses, passant en cortèges noyés dans une brume lumineuse; il y avait des images qui fusaient autour de lui dans un éclat soudain et d'autres qui ondoyaient, si incertaines,si lointaines qu'elles s'évanouissaient avant qu'il ne pût bien savoir ce qu'elles étaient.
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Heureux celui qui, dans sa douleur d’avoir perdu un être aimé, peut pleurer toutes ses larmes sur le vide, la solitude et le regret, car bien plus lourdes et bien plus amères coulent les larmes qui voudraient expier les jours passés, où l’on n’a pas chéri de toute son affection l’être disparu envers qui aucun des maux commis ne peut se réparer. Dans une heure semblable, tous les souvenirs revivent, non seulement les paroles de dureté, les réponses consenties avec un soin venimeux, les reproches impitoyables et les colères irréfléchies, mais aussi les pensées mordantes qui n’ont pas été exprimées, les jugements trop hâtifs qui ont traversé l’esprit, les haussements d’épaules solitaires et les sourires pleins d’impatience et de moquerie que nul n’a vus ; toutes ces choses reviennent comme des flèches cruelles, et enfoncent leurs pointes dans votre propre poitrine, et leurs pointes sont déchirantes, car le dard s’est brisé dans le cœur qui n’est plus. Aucun secours n’est plus possible ; rien ne peut être racheté, absolument rien ; l’heure est venue où le cœur regorge d’assez d’amour, mais voici qu’il est trop tard : on pourrait aller là-bas sur la froide tombe apporter son cœur débordant, à quoi bon ? on n’en serait pas moins séparé ; on pourrait sur cette tombe semer des fleurs et tresser des couronnes, rien ne saurait nous rapprocher davantage !

(p. 114-115, Éditions Ombres, traduction par Sten Byelke et Sébastien Voirol)
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Là eussent dû être les roses.
De ces grandes roses d'un jaune pâle.
Et elles eussent dû pendre par-dessus le mur du parc en un festonnement exubérant, laissant négligemment descendre leurs délicats pétales vers les ornières du chemin ; dédaigneux aperçu de toute la luxuriante richesse florale à l'intérieur.
Et donnons-leur le subtil et fugace parfum de rose, évanescent comme celui de fruits inconnus par nos sens conçus en leurs rêves. Ou encore eussent-elles dû être rouges, ces roses ?
Peut-être.
De ces petites roses rouges, rustiques sans doute, mais elles se seraient déroulées en volutes légères, rouges et fraîches, au feuillage luisant, et elles eussent été comme un salut ou un baiser envoyé du bout des doigts au voyageur qui, las et poussiéreux, passe au milieu du chemin, tout heureux de n'avoir plus qu'une demie lieue jusqu'à Rome.
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