Khémaïs, Yamina, Djamel, Myriem, Abdel, Ahmed, Hamou, Mamoud, Zorah, Fatma… Des pères primo-arrivants, des mères qui ont rejoints leurs maris, des enfants arrivés à 6, 10 ou 14 ans en Métropole ou nés en France. Tous témoignent et partagent leur parcours de vie.
Depuis plus d’un demi-siècle, un quotidien fait d’humiliations et de mépris. Des hommes et des femmes qui se confrontent chaque jour au regard suspicieux et haineux de l’Autre –ce Français pure souche. Quand racisme et ségrégationnisme contraignent des individus à se parquer dans des cités HLM…
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En 1997, Yamina Benguigui réalisait un documentaire, Mémoires d’Immigrés, diffusé par Canal+. Un ouvrage en est tiré est publié la même année aux Éditions Canal Plus (je vous invite à lire cet article très complet sur le travail de la réalisatrice). C’est d’ailleurs Yamina Benguigui qui préface Les Mohamed. On y découvre sa réaction lorsque Jérôme Ruillier est venu lui demander la possibilité d’adapter ses “Mémoires d’Immigrés” ; face à cette adaptation en bande dessinée, l’émotion de la réalisatrice est palpable, il n’y a qu’un pas à faire pour imaginer la justesse du travail de l’auteur.
Jérôme Ruillier s’est totalement approprié la démarche. Il se met en scène, à la fois acteur, spectateur, passeur de témoignages et critique de société. Comment lui est venue l’idée d’adapter le travail de Y. Benguigui ? Comment ce travail fait-il écho à sa propre expérience ? A celle de son père ? Nous trouverons ces réponses, et bien d’autre encore, tout au long de l’album.
Tous dans le même sac. Tous logés à la même enseigne des représentations sociales, des « on dit » et de la peur de la différence. A pas de loup, et tout au long de l’album, nous allons entrer dans ces foyers et aller à la rencontre de ces pères, de ces mères et de ces enfants d’immigrés. Ils nous racontent leurs vies avant la France et leur vie en France, à commencer par le choc vécu à l’arrivée en métropole. Beaucoup d’entre eux viennent du bled, les repères sociaux sont totalement différents ; en France, pas de solidarité, pas de reconnaissance, pas de voile. Par contre, ils découvrent l’ignorance, le racisme, la solitude et l’injustice. Et personne pour les aider dans cette perte de leurs repères identitaires.
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