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Critiques de Jérôme Ruillier (91)
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Les Mohamed, mémoires d'immigrés

"La ville blanche écrasée de soleil

Ou un jour, je suis né

Les rues en pente, le pont sur le Rhummel

Les jardins d'orangers"

Khémaïs, ouvrier spécialisé chez Renault cite Victor Hugo: "Dieu, ouvrez moi les portes des ténèbres, pour que je puisse rencontrer la lumière." C'est comme ça que je voyais la France...

En débarquant, j'ai rencontré l'indifférence (puis le racisme!) Et j'ai pensé que ça allait être dur... très dur!





"Non, je n'ai pas oublié

Bien que ma Vie ait changé

Mais le silence est une façon d'aimer"

Avec le choc pétrolier en 1970, le chômage apparaît... Les Algériens ou Français d'origine algérienne sont les premiers touchés ! Ils subissent l'hostilité de l'opinion.Le gouvernement Messmer décide le "gel" de l'immigration et en 1974, Giscard officialise le regroupement familial.





"Non, non, non

Non, je n'ai pas oublié

Tous ces voyages attristés

Mais, on n'a pas le droit de sacrifier

Le Présent au Passé"

Beaucoup de retraités maghrébins n'arrivent pas à dire : " Je veux mourir dans ce pays...Tu veilleras à ce que mon corps repose en direction de la Mecque ?"





"Mais aujourd'hui vous et moi

Ne pouvons rien changer

Non, non, non

Non, je n'ai pas oublié".

Enrico Macias.





A la recherche de cette difficile identité pour les Maghrébins, certains ont été tentés par l'Islam, d'autres ont été happés par la délinquance, beaucoup d'entre eux ont réussi leur intégration, déclare l'auteure Yamina Benguigui, fille d'immigrée dans les documentaires, tirés de son livre "Mémoires d'immigrés."
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Si le lit s'appelait loup

Un bel album, délicieusement délirant, agréablement loufoque et très poétique !



Martin qui n’arrive pas à dormir, laisse divaguer ses pensées, et il se demande :



« Si la chaise s’appelait chat, est-ce qu’elle miaulerait ? Si l’oiseau s’appelait pinceau, est-ce qu’il dessinerait des arbres » ... et ainsi de suite (Je vous en laisse un peu !), puis il conclut : « si les choses changeaient de nom, elles resteraient ce qu’elles sont. On s’assoirait sur des chats, on entendrait gazouiller les pinceaux »...



Bonne base pour faire de la création poétique en classe ou à la maison, pour aider les enfants à sortir de l’écriture conventionnelle et laisser libre cours à leur imagination.



Un excellent ouvrage pour développer la créativité avec de belles illustrations sur fond à l’éponge, avec des dessins naïfs rappelant les dessins d’enfants.
Lien : https://1001ptitgateau.blogs..
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La vie, c'est quoi ?

Tenir des conversations avec des enfants est souvent un grand plaisir, et lorsque les enfants grandissent et atteignent 7 ans - c'est l'âge de raison - il est clair que les sujets des conversations s'affinent, je l'ai récemment observé ! La semaine dernière, j'ai eu la chance de découvrir à la médiathèque de ma ville un ouvrage de philosophie, proposé par la collection PhiloZenfants, destiné justement aux enfants à partir de 7 ans.

Cette collection part du principe que "Penser est un jeu d'enfants !". C'est une idée qui m'intéresse, impossible de résister à la lecture d'un ouvrage qui propose une première initiation au questionnement !



Le titre de l'ouvrage est une question toute simple : La vie, c'est quoi ?

Son auteur est Oscar Brenifier, docteur en philosophie, qui s'est intéressé à la promotion des ateliers de philosophie pour adultes dans de nombreux pays, et aussi à la pratique philosophique pour les enfants. A cette première question, Oscar Brenifier va répondre en posant de nouveau six grandes questions :



- Comment peux-tu être heureux dans la vie ?

- Seras-tu un champion plus tard ?

- Pourquoi la vie est-elle dure ?

- Pourquoi l'homme existe-t-il ?

- Pourquoi vit-on ?

- Pourquoi meurt-on ?



L'ouvrage est pratique à utiliser. Il se découpe en six onglets, autant de thèmes de réflexion liés à la vie : le bonheur, l'ambition, le malheur, l'existence, le sens de la vie et la mort.



J'aime beaucoup la façon d'aborder chaque thème par une question. L'ouvrage apporte un certain nombre de réponses qui, à chaque fois, feront l'objet d'une analyse. Le thème du bonheur, par exemple, me semble vraiment bien traité. A la question : « comment être heureux dans la vie », une des réponses peut être : - en ayant des bonnes notes . A partir de cette réponse, un nouveau questionnement : on invite l'enfant à se demander si une mauvaise note est une catastrophe, ou si les bonnes notes sont pour lui ou pour ses parents, ou même si une bonne note sans avoir rien compris a du sens. Chaque onglet, chaque question se termine par une synthèse et trois grandes pistes de réflexion introduites par « te poser cette question, c'est donc…. ». Ainsi, pour le bonheur, on propose les pistes suivantes :

- le meilleur moyen pour définir ton propre bonheur et ne pas le confondre avec celui d'un autre

- te rendre compte que tu peux être l'artisan de ton bonheur et ne pas trop miser sur le hasard et ta bonne étoile

- te permettre d'être heureux avec ce que tu as et ce que tu es.



Les illustrations colorées de Jérôme Ruillier mettent en valeur les questions, donnent une touche de légèreté au texte.



Sans aucun doute, l'ouvrage « la vie c'est quoi ? » va donner naissance à des conversations interminables, à des échanges riches de sens, à un éveil des plus jeunes au questionnement, dans des termes qu'ils comprennent et qui les intéressent.



Pour des plus jeunes qui viennent d'atteindre l'âge de raison, c'était bien le but recherché. Et espérons qu'ils ne s'arrêteront pas en si bon chemin.



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Les Mohamed

J'avais été très marquée par le documentaire de Yamina Benguigui, Immigrés, composé de trois volets: les hommes, les femmes, et les enfants.

Yamina Benguigui y interviewe la toute première génération d'hommes venus d'Algérie pour trouver une vie meilleure en France, en grande demande de main d'oeuvre en cette période d'après-guerre et de croissance; les épouses rapatriées quelques années plus tard en général suite à une politique de regroupement familial; et enfin les enfants nés en France de cette première génération, coincés entre deux culture et deux nationalités.

Ce documentaire édifiant, retraçant grâce à ces portraits l'histoire de l'immigration algérienne en France, est une vraie mine d'or pour en saisir les enjeux et mieux comprendre pourquoi on en est là aujourd'hui, quant aux rancoeurs et et méfiances que l'on peut percevoir d'un côté et de l'autre.

Jérôme Ruillier a décidé, avec l'accord de Yamina Benguigui à qui il a soumis des pages et des pages de dessins, d'adapter ce documentaire en roman graphique.

Je ne suis pas fan des dessins, un peu trop simplistes à mon goût, mais je trouve cette adaptation très réussie. J'y ai retrouvé, en général, les émotions ressenties par le documentaire, et il ne manque que la bande originale -magnifique, surtout grâce à Idir - et les visages frais et spontanés des enfants interviewés qu'on ne retrouve pas ici...

J'ai apprécié de revenir sur ces témoignages d'hommes qui ont le sentiment d'avoir gâché leur vie à attendre un retour au pays qui ne s'est pas fait, celui de ces femmes d'abord complètement perdues, sans leur voile, qui prennent leur vie en main, apprennent à écrire et lire et trouvent un travail pour une vie meilleure, celui de ces enfants enfin, en conflit avec leurs pères qui font tout pour se faire invisible quand eux affirment haut et fort leur nationalité française et leurs droits (c'est l'époque des premières manifestations des Beurs).

Et puis... l'horreur de ces bidonvilles qui n'avaient rien à envier à ceux des pays en voie de développement, les baraquements d'hommes seuls, les préfabriqués temporaires qui se font permanents, le cynisme, enfin, de l'état, qui tente de les renvoyer quand il n'en veut plus, pour la somme de 10 000 francs.

Un documentaire et un roman graphiques essentiels si on veut témoigner face aux ignorants qui ne voient en ces immigrés, qui font partie de l'histoire française, que des assistés, des voleurs d'emploi, des racailles.

Je suis surprise qu'il n'ait été que si peu lu pour l'instant.



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Les Mohamed, mémoires d'immigrés

Cette mise en dessin des témoignages d'immigrés maghrébins recueillis par l'auteure Yamina Benguigui il y a plus de 20 ans, que je ne connaissais pas, m'a littéralement bouleversée.



La représentation des personnes avec des visages de chat (ou seraient-ce des souris?!) fait immanquablement penser à la B.D Maus et accentue le propos, je trouve.



Les témoignages sont bouleversants, un ouvrage qui devrait faire partie du programme scolaire. Lisez-le!
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Où va Mona ?

Un album pour aider bébé à grandir au sens propre comme au figuré. En effet, le petit lecteur est invité avec le bout de ses doigts à déplier et faire grandir cet album en suivant le chemin initiatique tracé de manière esthétique par un fil conducteur blanc. Très coloré, très esthétique cet album n’est pas sans rappeller « Le ruban » d’Adrien Parlange en explorant la motricité fine.
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Quatre petits coins de rien du tout

Un album jeunesse sur le thème de la différence, l'acceptation, l'amitié... mis en scène simplement avec des carrés et des ronds. Une belle découverte qui fait beaucoup réfléchir ! A découvrir !

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Les Mohamed, mémoires d'immigrés

Que sont les travailleurs maghrébins "importés par la France devenus ? Mais aussi leurs épouses et leurs enfants ? Comment ont-ils vécus le déracinement, l'arrivée dans un pays dont ils avaient beaucoup entendu parlé mais complètement différent du leur et pour tout dire, pas toujours très tendre à leur égards ?

C'est à quoi veulent répondre les auteurs, avec des rencontres et des interview qui laissent parler les gens. Certains parlent pour la prelière fois des déboires, des abus dont ils ont été victimes, malgré le profil bas qu'ils ont adopté. Les coutumes, pas faciles à abandonner et qui donnent un cadre. Même si elles sont parfois à 1000 lieux de celles du pays d'accueil. Ce qui ressort des interview toute en douceur c'est le courage et la force morale pour quitter tous ses repères, la volonté de s'intégrer malgré les obstacles et le peu de ressentiment envers les "Français de souche" pourtant pas toujours des modèles d'amabilité et e morale.
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Quatre petits coins de rien du tout

Petit Carré bleu joue avec ses amis Petits Ronds de toutes les couleurs. Mais, tout à coup, c'est l'heure de rentrer à la maison ! Malheureusement la porte est ronde et Petit Carré ne peut entrer et cela le rend triste car il a beau se plier dans tous les sens, il ne parvient pas rejoindre ses petits copains. Comment trouver une solution ?

Mon avis : Que dire de cet album ? Je vous le donne en mille… il est… carré ! On pourrait le classer dans les documentaires pour les tout petits, ce que nous appelons les documentaires simplifiés à la médiathèque. On le mettrait alors dans le bac réservé aux notions élémentaires parce qu’il nous parle des formes, les ronds et un carré… mais ce serait ignorer tout un aspect du livre, et pas le moindre à mon avis… Cette petite histoire peut se lire à un second degré, c’est pour ça que nous avons choisi de l’intégrer dans les albums ! Elle nous parle aussi des différences et se pose la question de savoir si elles nous empêchent de vivre ensemble : Petit Carré ne peut rejoindre ses amis Petits Ronds dans leur maison parce que la porte est... ronde ; il a beau faire des pieds et des mains de son corps, rien n’y fait… les Petits Ronds suggèrent alors de lui couper les coins, mais cela lui ferait trop mal. Alors, ils se réunissent et discutent très longtemps avant de trouver enfin la solution idéale : il suffit de découper la porte et d’en faire un carré ! Les illustrations sont des découpages et des collages de formes en papier de couleurs différentes relevées par un contour intérieur, une bordure formée d’un simple trait à la craie ou au crayon. La maison est un morceau de toile plus ou moins grossièrement tissée (tantôt chinée beige aux trames resserrées, tantôt blanche aux trames beaucoup plus espacées, laissant voir la teinte choisie pour le fond sur lequel elle repose). Comme quoi, il arrive parfois qu’un ouvrage très simple, auquel on n’a pas vraiment prêté attention tout en l’ayant eu maintes fois sous les yeux, nous réserve une bien agréable surprise ! Et si nous aussi, nous changions un peu la forme de nos portes ?

Public : à partir de trois – quatre ans.

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Ici c'est chez moi

Non, mais c'est pas vrai ???

Tout le monde entre chez moi !!!

Chez moi, c'est là !

Ici, derrière la ligne marquée à la craie !

Chez soi, on peut être tranquille, avoir la paix.

Sauf que les autres ne respectent pas votre espace parfois.

Les branches des arbres s'y invitent, l'ombre des nuages n'en font pas le tour, même l'escargot ne se gêne pas pour forcer l'entrée.

A quoi sert une limite à la craie si personne ne la considère.

Ah ! Si ! Le petit garçon l'a vu...

...





« Eh, attends ! Tu viens jouer avec moi ? Tu t'appelles comment ? »



: : Les Editions Autrement nous honorent d'une nouvelle collection toute cousue de fil rouge, comme son nom l'indique.

Des réassorts réédités à l'intention et au bon plaisir des jeunes lecteurs en format de poche souple. C'est donc avec joie que nous redécouvrons (ou découvrons, qui sait!) l'album de Jérôme Ruillier, « Ici, chez moi ».

Un petit garçon, dont on suppose rapidement qu'il préfère bouder seul dans son coin et ne souhaite pas être dérangé, trace à la craie son petit refuge, là où il va pouvoir exprimer son pouvoir ultime de râleur en culottes courtes. Non mais quelle bande d'enquiquineurs !

Jérôme Ruillier joue sur un format à l'italienne, séparant la page en deux du trait de craie et nous constatant en regard la réponse à la "règle du jeu" précédemment imposée par le petit garçon dont il est seul à connaître les règles.

L'humour guide le bon sens « par la main » afin de livrer sa petite leçon. Le petit garçon coupe les branches qui entrent dans son espace, peste sur l'ombre du nuage qui courre dessus en vain, il peut être en colère, la vie continue. Un petit bonhomme qui boude trop longtemps risque de manquer de bons moments à partager entre copains et copines? pourrait-on conclure en tout cas avec ce soudain élan vers le nouveau camarade qui respecte son désir ne pas être dérangé.



Ruillier décore ses feuilles de tons d'Automne, des verts, des marrons, des oranges, clairs et bruns, unis et imprimés, entier ou composé, un festival tout en papier qui donnent des idées créatives.

Un album, presque sans textes, simple et agréable !
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Le coeur-enclume

Aujourd'hui j'aimerais vous parler d'un livre différent, tout comme son héroïne. Il sort de ce qu'on croise d'habitude et nous offre une leçon de vie, un témoignage unique et exceptionnel. Je l'ai découvert au détour d'une brochure au travail qui proposait des livres sur le handicap. J'ai été séduite par son titre et son résumé, mais je l'ai été tout autant durant ma lecture.



Sara est unique, mais bien au-delà de ce que ses parents pouvaient imaginer. Petite fille prématurée et trisomique, l'après-naissance est loin d'être l'idylle à laquelle ils s'attendaient. Ce sont les pensées du papa que nous suivons pendant 6 jours. 6 jours où il passera par toutes les émotions, face à la différence de son enfant, face à cette réalité si difficile à accepter, face à la difficulté de l'annoncer aux proches, aux voisins... 6 jours douloureux, mais en même temps beaux et touchants. 6 jours qui nous obnubilent et qui nous font nous poser beaucoup de questions. Comment s'ouvrir à cet enfant différent et l'accepter sans conditions?



J'ai été extrêmement touchée par cet album qui conte ce face à face si douloureux: les parents vs le handicap. Il nous montre les réactions de façon tellement réelle, qu'on ne peut rester indifférent et qu'on a envie d'aider ces parents et de conseiller ce livre aux familles concernées. Les réflexions de ce papa, sa honte, sa culpabilité, son angoisse, mais aussi sa joie, son émerveillement, sont autant de facettes de ce processus de "deuil" et d'acceptation qui nous emporte et nous fait sourire autant que verser quelques larmes.



J'ai été particulièrement touchée par la première scène à la plage. La réaction et l'attente de Sara m'ont rappelées les enfants handicapés avec lesquels je travaille. Le sourire aux lèvres, une seule pensée m'a traversée l'esprit: "C'est tellement ça!". Cette pensée résume très bien ce que j'ai ressenti durant toute cette lecture.



Un petit mot sur les illustrations. Nous avons affaire ici à un album à deux doigts de la bande dessinée. Les dessins sont simples, épurés, ce qui ne donne que plus de force au récit et laisse libre court aux sentiments et aux réflexions.



En bref, cet album poignant est un livre à découvrir absolument si vous êtes intéressés par ce processus de "deuil" suite à l'annonce du handicap ou de la différence d'un enfant. Un récit qui émeut et qui est emprunt d'un réalisme qui ne peut laisser de marbre.
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Le coeur-enclume

Sara naît prématurément. A l'allégresse d'être parents succède vite l'inquiétude : les médecins sont embarrassés, il semble qu'il y ait un problème. Le diagnostic est rapidement établi, la petite fille est trisomique.



Ce magnifique album est l'oeuvre d'un papa. On visite tous les sentiments qui l'ont étreint lors des premiers jours de sa fille : bonheur, inquiétude, honte, sensation d'injustice, souhait que le bébé ne survive pas, émotion en changeant pour la première fois la couche de son enfant, et pour finir, formidable amour. Le texte et le graphisme sont simples, épurés, sincères et doux. On frissonne d'émotion du début à la fin.



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Homme de couleur !

Tout petit album drôle et tendre à méditer de 3 à 99 ans sur le racisme, la tolérance, le poids des mots. Tiré d'un conte africain et d'un poème de Leopold Sedar Senghor.

Illustrations à mettre en rapport ou en contradiction avec le texte.

Qui est appelé homme de couleur ? l'homme noir par l'homme blanc

Pourtant qui change de couleur au gré des circonstances : froid, chaleur, peur, maladie...
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L'étrange

Excellente BD, bien documentée, sur le thème très actuel de la clandestinité. L’auteur, un isérois, aborde l’immigration avec finesse, par une pluralité de points de vue sur « les étranges ». Son dessin épuré, ses personnages-animaux et l’absence de repères géographiques donnent à ce récit des allures de fable de portée universelle.
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Les Mohamed

Ce roman graphique est issu des témoignages recueillis par Yamina Benguigui à la fin des années 90 auprès de plusieurs personnes issues de l’immigration maghrébine dans les années 50 et 60, au temps de la reconstruction après-guerre et de son grand besoin de main-d’œuvre.

Le choix graphique est étonnant : des pages épaisses veloutées, un dessin au style naïf, des personnages aux têtes de chats avec des moustaches en queue de poisson, une écriture manuscrite… on pourrait se croire dans un roman pour enfants, ou penser à un ouvrage de débutant, d’amateur. Mais le sujet n’est pas léger, il est grave et parfaitement documenté. De la douceur pour atténuer la dureté de certains propos ? Paradoxalement ce choix de visage animalier fait penser au terrible et magistral Maus d’Art Spiegelman.

D’abord les pères, dont certains ont combattu pour la France lors de la seconde guerre mondiale. Ils sont venus travailler en France en laissant leur famille dans leur terre d’origine, qu’ils ne voient qu’une fois par an lors des vacances d’été. Une vie de travailleur solitaire, entre hommes, loin du rêve de vie meilleure.

Puis les mères, qui après un mariage arrangé finissent par rejoindre leur mari et vivent recluses dans la pièce unique qui leur sert de logement. Certaines nous livrent de beaux récits d’émancipation, tardive car uniquement après que les enfants aient quitté le foyer. Magnifique séquence d’une famille juive qui sauve 2 jeunes filles arabes lors de la traversée en bateau, tandis qu’à la génération précédente le père arabe aidait des juifs à fuir le nazisme.

Enfin les enfants, qui arrivent jeunes avec leur mère lors du regroupement familial, qui pensent atteindre l’El Dorado et qui atterrissent dans un bidonville, qui ne voient leur père que le dimanche, ce dernier restant pour eux un étranger qui cultive l’utopie du retour au pays. Enfants francophones qui sont rapidement chargés des démarches administratives de leurs parents.

Des vies de misère, de soumission, de discrimination. Beaucoup de déceptions et de regrets, mais aussi quelques belles destinées.

Cette parole est rare et précieuse, car les parents interrogés n’ont pas l’habitude de s’exprimer sur ce sujet.

L’auteur Jéröme Ruillier en profite pour questionner ses propres problématiques familiales d’inclusion.

L’œuvre est réalisée avec beaucoup de sensibilité et est d’un grand intérêt pédagogique.
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L'étrange

C'est un livre publié en partenariat avec Amnesty International.

Les personnages sont dessinés sous forme d'animaux, en noir et blanc sur fonds de couleur (camaïeu allant du vert au rouge en passant par le jaune et l'orange).

Le héros dont l'histoire est retracée, au début du livre, quitte son pays en laissant sa famille pour espérer atteindre une vie meilleure ailleurs et les faire venir en sécurité. Cet homme qui arrive dans le pays de ses rêves y est considéré comme un Etrange qui ne ressemble pas aux autochtones et ne parle pas leur langue.

Il trouve un logement, il trouve du travail mais les regards portés sur lui renvoient surtout le décalage et la différence.

Son histoire est retracé de différents points de vue : une corneille, un passager de bus, une voisine, un policier, des membres d'une association d'aide aux Etranges...

Une façon originale et symbolique de témoigner des conditions de vie des immigrés. Ce n'est bien sûr pas un livre très joyeux ni optimiste et il ne se finit pas bien.
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Quatre petits coins de rien du tout

Je ne sais plus trop à quelle occasion, ni quand exactement je suis tombée sur ce livre pour la première fois mais je me souviens parfaitement l'avoir refermé en me disant "Mais quelle évidence ...!!!"



C'est la force de cet album, l'étonnante simplicité avec laquelle il nous parle d'un sujet qui parait si complexe ... un petit album, sans prétention aucune, qui pourrait passez totalement inaperçu, dans la jungle proéminente des titres pour la jeunesse, et ce serait fort dommage ...



Tout est dit en quelques lignes à peine, un morceau de tissu, et une dizaine de chutes de papier ... c'est aussi ça la magie qui me plait tant dans les albums, ce petite monde qui prend forme en quelques pages et qui laisse une si belle empreinte.



J'aime l'esprit à la fois poétique et pragmatique de cet album ... une combinaison subtile, un bon équilibre, pas si facile à obtenir.



Un album très inspiré de Léo Lionni, et de son couple petit bleu et petit jaune...une même histoire de tolérance, d'amitié, de respect, d'acceptation, ... mais ici se sont les formes et non les couleurs qui sont à l'honneur, et ça change vraiment la donne car ça ouvre le champ de possibles ...



Petit carré et sa bande de potes petits ronds jouent tranquilles, dans ce que l'on imagine être la cour de récré, quand, la cloche sonne et que c'est l'heure de rentrer...mais pas si facile pour petit carré de rejoindre ses amis, avec une seule porte ... TOUTE RONDE !!!



Lire la suite en suivant ce lien :
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Homme de couleur !

Un texte simple mais non dénué d’humour afin de mettre en images le racisme pour que les plus petits puissent se le représenter pour mieux l’éliminer.



Des couleurs qui décrivent les différentes étapes de la vie, comme les différents sentiments : la naissance, la mort, la peur, la colère et la joie…



http://vivrelivre19.over-blog.com/2015/03/tous-pareils-tous-differents-mais-tous-uniques-histoire-albums-poemes-chansons-artistes.html
Lien : http://vivrelivre19.over-blo..
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Les Mohamed, mémoires d'immigrés

Alors que les adaptations se font souvent du format écrit au format visuel, Jérôme Ruillier inverse la donne en transposant le livre/documentaire « Mémoires d’immigrés » de Yamina Benguigui en bande dessinée –quoiqu’ici, l’usage du terme « roman graphique » semble particulièrement recommandé en vue de la densité de l’ouvrage.





Dans l’œuvre originale, Yamina Benguigui écoutait et rapportait les témoignages d’immigrés maghrébins installés en France. Jérôme Ruillier s’inscrit tout de suite dans un rapport de subordination et évoque la fascination qu’a provoquée la découverte de cet ouvrage. Celle-ci se mue bientôt en volonté de contribuer à son tour à ce recueil de témoignages. Même si l’on comprend quelles raisons personnelles ont donné envie à Jérôme Ruillier de s’impliquer, la démarche reste tout de même curieuse. En effet, après la parution d’un film et d’un livre de Yamina Benguigui, on peut se demander s’il est bien nécessaire de faire paraître ces témoignages qui n’ont d’original que leur format graphique. Si, en tant que lectrice, la démarche de cette parution m’a permis de découvrir un document que je ne me serais sans doute pas procuré autrement, du point de vue de Jérôme Ruillier, cette même démarche semble supposer une volonté de pallier à un inconvénient majeur de l’œuvre de Yamina Benguigui : son manque d’accessibilité.





Que peut-on trouver dans les Mohamed[b] de Jérôme Ruillier qu’on ne trouvera pas dans le travail de Yamina Benguigui ? Le seul ajout semble être le témoignage du dessinateur rencontrant les [b]Mémoires d’immigrés : celles-ci font écho à son expérience directe alors que sa fille va être scolarisée dans une école comptant 80% d’enfants d’immigrés, ainsi qu’à son passé et à ses rapports avec ses aïeux. Mais ces contributions restent modestes et comptent pour à peine quelques dizaines de pages perdues dans des centaines. Là ne se situe donc pas l’atout majeur de Jérôme Ruillier face à Yamina Benguigui. Pour tenter un comparatif plus hasardeux, on pourrait dire que les Mohamed constituent une version bande dessinée des Mémoires d’immigrés pour les Nuls : résumé, simplifié sans que le discours ne devienne simpliste, revêtant des formes qui paraissent peut-être plus accessibles qu’un texte ou qu’un documentaire, le lectorat sera sans doute plus large et plus diversifié que celui initialement concerné par le travail de Yamina Benguigui.





Laissons donc de côté les questions de l’intérêt de cette adaptation et reconnaissons que les Mohamed de Jérôme Ruillier paraissent aussi vivants et sont aussi troublants que de vrais hommes que l’on aurait pu rencontrer en chair et en os. Aucun type de discours n’est épargné : ni celui qui combat les préjugés racistes, ni celui qui les confirme, faisant de cette somme un recueil de témoignages qui ne semblent pas vouloir utiliser la parole d’hommes déracinés comme le seul moyen de construire une thèse purement intellectuelle. Et du format BD au format texte ou vidéo, il ne reste plus qu’un pas à franchir pour le lecteur qui aura été convaincu par l’adaptation de Jérôme Ruillier. Seul danger : cette-ci semble si réussie qu’on se surprend à se demander ce que l’on pourrait apprendre de plus dans les Mémoires d’immigrés… Comble de l’adaptation : lorsque l’inspiré s’empare du rôle de l’inspirateur !


Lien : http://colimasson.over-blog...
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Les Mohamed, mémoires d'immigrés

Khémaïs, Yamina, Djamel, Myriem, Abdel, Ahmed, Hamou, Mamoud, Zorah, Fatma… Des pères primo-arrivants, des mères qui ont rejoints leurs maris, des enfants arrivés à 6, 10 ou 14 ans en Métropole ou nés en France. Tous témoignent et partagent leur parcours de vie.



Depuis plus d’un demi-siècle, un quotidien fait d’humiliations et de mépris. Des hommes et des femmes qui se confrontent chaque jour au regard suspicieux et haineux de l’Autre –ce Français pure souche. Quand racisme et ségrégationnisme contraignent des individus à se parquer dans des cités HLM…



-



En 1997, Yamina Benguigui réalisait un documentaire, Mémoires d’Immigrés, diffusé par Canal+. Un ouvrage en est tiré est publié la même année aux Éditions Canal Plus (je vous invite à lire cet article très complet sur le travail de la réalisatrice). C’est d’ailleurs Yamina Benguigui qui préface Les Mohamed. On y découvre sa réaction lorsque Jérôme Ruillier est venu lui demander la possibilité d’adapter ses “Mémoires d’Immigrés” ; face à cette adaptation en bande dessinée, l’émotion de la réalisatrice est palpable, il n’y a qu’un pas à faire pour imaginer la justesse du travail de l’auteur.



Jérôme Ruillier s’est totalement approprié la démarche. Il se met en scène, à la fois acteur, spectateur, passeur de témoignages et critique de société. Comment lui est venue l’idée d’adapter le travail de Y. Benguigui ? Comment ce travail fait-il écho à sa propre expérience ? A celle de son père ? Nous trouverons ces réponses, et bien d’autre encore, tout au long de l’album.



Tous dans le même sac. Tous logés à la même enseigne des représentations sociales, des « on dit » et de la peur de la différence. A pas de loup, et tout au long de l’album, nous allons entrer dans ces foyers et aller à la rencontre de ces pères, de ces mères et de ces enfants d’immigrés. Ils nous racontent leurs vies avant la France et leur vie en France, à commencer par le choc vécu à l’arrivée en métropole. Beaucoup d’entre eux viennent du bled, les repères sociaux sont totalement différents ; en France, pas de solidarité, pas de reconnaissance, pas de voile. Par contre, ils découvrent l’ignorance, le racisme, la solitude et l’injustice. Et personne pour les aider dans cette perte de leurs repères identitaires.



(...)
Lien : http://chezmo.wordpress.com/..
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Parfum et Cinéma

« Vous savez, on me pose de ces questions ! On me demande : "Qu’est-ce que vous mettez pour dormir ? Un haut de pyjama ? Le bas ? Une chemise de nuit ?" Je réponds : "Chanel n°5", parce que c’est la vérité… Vous comprenez, je ne vais pas dire nue ! Mais c’est la vérité ! » Quelle actrice se confie ainsi sur son parfum favori?

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