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4.08/5 (sur 6 notes)

Nationalité : États-Unis
Biographie :

John Dinges a été correspondant spécial pour Time, Washington Post et ABC Radio au Chili . Avec un groupe de journalistes chiliens, il a cofondé la revue chilienne APSI . Depuis 1996, il est professeur agrégé et directeur de la radio à l'Université de Columbia Graduate School of Journalism.

Le dernier livre de John Dinges est le "Les annees Condor. Comment Pinochet et ses alliés a entraîné le terrorisme sur trois Continents"

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Citations et extraits (7) Ajouter une citation
En 1970, Kissinger, alors conseiller à la sécurité nationale, présidait le « comité des quarante ». ce groupe de hauts fonctionnaires avait été créé pour étudier et approuver des actions clandestines visant à inverser les résultats des élections démocratiques chiliennes, puis à organiser un coup d’État militaire pour empêcher l'investiture du socialiste Salvador Allende à la tête du pays. La CIA ne rendait compte de ses actions les plus secrètes qu'à Kissinger et à la Maison blanche – tellement secrètes d'ailleurs, que ni les autres membres du comité des quarante ni même l'ambassadeur
américain n'étaient au courant. La centrale du renseignement devait notamment fournir des « sulfateuses » (des pistolets-mitrailleurs) à deux groupes subversifs pour enlever le général René Schneider, chef des forces armées chiliennes, ultime rempart contre un coup d’État destiné à empêcher Salvador Allende, élu président de la République le 4 septembre 1970, de prendre ses fonctions.
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Les organisations révolutionnaires clandestines avaient un terrible secret qu'elles n'abordaient que rarement : la torture, appliquée méthodiquement et systématiquement par la DINA et les autres forces de sécurité, réduisait la plupart des êtres humains à l'état de pantins désarticulés, effondrés et totalement soumis à leurs interrogateurs. Il ne pouvait y avoir pire humiliation. Menottées à un cadre de lit métallique, nues et écartelées, électrocutées sur les parties les plus intimes et les plus sensibles du corps, les victimes perdaient tout contrôle physique. Leurs sphincters se relâchaient, leurs muscles se tétanisaient. Le corps tout entier tremblait et se tordait dans de violents accès de convulsions. Aux séances classiques les tortionnaires ajoutaient les pendaisons, submersions, asphyxies, passages à tabac, viols et simulacres d’exécutions. Certains détenus furent écrasés par des camions. C'était l'horreur portée à son comble, où aux odeurs se mêlaient la transpiration, les hurlements, le bruit sinistre des os qui craquaient et les relents de toutes sortes d'effluves organiques.
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La grande originalité de Condor, très clairement décrite dans les documents fondateurs - et sur laquelle Contreras [Chef de la DINA, service de renseignement chilien pendant la dictature militaire] insistera plus tard dans plusieurs interviews - , tenait à l'établissement d'une base de données centralisée à laquelle tous les pays membres enverraient leurs renseignements. Cette base de donnée serait installée au siège chilien de l'organisation, le centre de coordination, désigné sous le nom de "Condor Un". Elle regrouperait les renseignements les plus précieux des états membres, voire d'autres pays non membres, sur " les individus [...] les organisations et les autres activités, directement ou indirectement liés à la subversion ". Contreras avait à l'esprit le modèle des échanges internationaux d'informations de police institués par Interpol, à cette différence près qu'il n'avait aucune intention de s’encombrer des mesures de contrôle judiciaire, telles les mises en accusations, mandats d'arrêt ou demandes d'extradition.
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A la fin 1975, l'Argentine connaissait le pire scénario qu'elle eut pu envisager : une guérilla très active dans les montagnes dans la province de Tucuman, des actions isolées mais incontrôlées de l'ERP et des Montoneros dans tout le pays, et - du coté du gouvernement péroniste - la campagne inefficace mais meurtrière des escadrons de la mort, ciblant des personnalités publiques associées à la gauche. Certains journaux appelaient ouvertement l'armée à reprendre en main le pouvoir et à rétablir l'ordre.
Le coup d'état militaire attendrait encore six mois mais, début octobre - à la suite d'une attaque des Montoneros sur une base militaire de la province de Formosa -, le gouvernement céda devant l'armée et l'autorisa à prendre en charge la lutte anti subversive dans tout le pays. Le décret 2270 donnait à l'armée des pouvoirs pratiquement illimités et, avec le recul, ses dispositions draconiennes peuvent être vues comme une invitation aux massacres qui allaient suivre. Le décret donnait en effet aux forces armées le pouvoir "d’exécuter toutes opérations militaires et sécuritaires jugées nécessaire pour éliminer l'action des éléments subversifs sur l'ensemble du territoire national".
Et au cas où il subsisterait le moindre doute sur ce nouveau mandat, quelques semaines plus tard, le général Jorge Videla, commandant en chef des forces armées, précisa dans une déclaration prononcée devant des dirigeants militaires latinos-américains rassemblés à Montevideo : "Si besoin est nous sommes prêts à faire mourir autant de gens que nécessaire en Argentine pour rétablir la paix dans le pays."
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Avec l'élection d'Allende, le 4 septembre, la démocratie avait porté au pouvoir un marxiste qui avait entrepris de mettre en œuvre « la voie chilienne vers le socialisme », selon des modalités inédites et pacifiques. C'était là une situation totalement inacceptable pour Washington. Sous l'impulsion d'Henry Kissinger […] les États-Unis firent très clairement comprendre aux forces de la droite la plus extrême que la démocratie pouvait être sacrifiée au nom de la guerre idéologique. Les tactiques opérationnelles criminelles, dont les assassinats, étaient non seulement acceptables mais soutenues par des armes et de l'argent.
[...]
Lorsqu'en 1973 le général Pinochet remplit enfin l'objectif politique de Washington en renversant Allende, Kissinger et la CIA redoublèrent de zèle pour donner au dictateur tous les moyens de réussir. Devenu secrétaire d’état en septembre 1973, Kissinger fit comprendre à ses troupes que la défense des droits de l'homme n'était qu'une priorité très secondaire, et découragea l'ambassade de Santiago d'envoyer des rapports sur les exactions de Pinochet. Lorsque le nouvel ambassadeur à Santiago, David Popper, signala à Washington qu'il avait abordé la question des droits de l'homme dans une réunion au plus haut niveau, Kissinger griffonna sur le câble : « Dites à Popper d’arrêter ses discours de sciences politiques.»
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Après le 11 septembre 1973, l'armée déchaîna une sauvagerie sans nom. Pinochet ne tenta même pas de dissimuler la brutalité de la contre-révolution. Il ne se heurta pratiquement à aucune résistance armée, le MIR ayant préféré ne pas lancer d'offensive pour se préparer à une lutte plus longue. Les soldats de Pinochet investirent les villes mitraillettes au poing. Pendant des jours, on voyait des cadavres joncher les bords des routes ou flotter sur le fleuve Mapocho qui traverse Santiago. Dans les morgues de la ville, toutes les salles de réfrigération étaient pleines et les employés en étaient réduits à entasser les corps dans les couloirs, où les familles venaient identifier leurs proches.
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Ils rentrèrent dans leurs pays respectifs, encore grisés par l'ambition démesurée de l'entreprise dans laquelle ils venaient de s'engager. L'alliance Condor était née des instincts agressifs des chefs militaires qui s'imaginaient affronter un conflit d'ampleur mondiale. Ils parlaient d'ailleurs très sérieusement de rien moins qu'une « Troisième guerre mondiale ». Il ne s'agissait plus simplement d'envoyer des irréguliers étouffer des soulèvements ponctuels de la guérilla : l'axe du Cône sud s'était donné les moyens d'étendre sa puissance à l'étranger, et de se doter d'une véritable « capacité extraterritoriale ». Les forces qui s'unissaient désormais pour préserver les « valeurs occidentales » au sens large étaient prêtes à aller jusque dans les capitales européennes et américaines pour anéantir les « cellules subversives » que ces États anesthésiés par la démocratie n'étaient pas disposés à éradiquer.
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