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Critiques de Jules Laforgue (20)
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Moralités légendaires

Dans "Persée et Andromède", la dernière de ces moralités, Persée n'est plus qu'un "vilain héros d'opéra-comique" et Andromède finit même par regretter le monstre qui veillait sur elle sur une île désolée et que Persée vient de tuer dans un combat mythologique qui tourne à la parodie . Jules Laforgue prend donc beaucoup de libertés avec des personnages devenus légendaires : Hamlet, Lohengrin, Salomé, Pan, Persée et Andromède. Jules Laforgue les ridiculise souvent, les transforme selon une fantaisie débordante, mais peut-être qu'au bout de ce traitement il les rend plus véritables également, exprimant davantage ce qu'est notre condition. "L'angoisse métaphysique et le besoin d'amour, voilà, en vérité, les thèmes essentiels des Moralités légendaires." Poésie, ironie, tendresse, désespoir, mélancolie... le poète nous entraîne dans un véritable tourbillon.
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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..

Le poète maudit, au sens de Verlaine, est une figure qui prend naissance chez les romantiques pour s’achever chez les symbolistes. Poètes talentueux, se considérant comme incompris et en révolte permanente, leurs manières sont provocantes et auto-destructrices. Jules Laforgue est sans doute à ranger dans la lignée de ces fameux poètes maudits, faisant partie des « décadents » : arrivés trop tard dans un monde finissant, ils sont soumis à « une mortelle fatigue de vivre » (Paul Bourget). Pour Laforgue, après un ou deux livres publiés, s’en suit une disparition brutale : c’est la tuberculose, à 27 ans, qui mettra une fin à sa vie de dandy décadent et souvent misérable, entre Paris et Berlin.

Les complaintes de Laforgue (chansons de rue, en vogue courant de la seconde moitié du 19ème siècle) sont des cris désespérés (complainte d’un certain dimanche et son fameux « moi je veux vivre monotone »), froids et lucides, d’un jeune adulte ayant du mal à s’extirper de sa crise d’adolescence. Ecrits sous forme de textes parfois courts et percutants, souvent longs et un tantinet abscons, il ne manque pour certaines œuvres que la musique. Un siècle plus tard et Laforgue aurait peut-être été chanteur (chanson populaire ou rock de préférence).

Les ficelles sont parfois grossières, certains passages peuvent faire sourire, mais comment souvent dans ce genre de recueil, si on cherche bien, si on lit, qu’on relit, qu’on arrive à s’imprégner de l’œuvre (lecture à haute voix fortement conseillée), on finit par dénicher des pépites, de ces fameuses illuminations rimbaldiennes comme seules la poésie en comporte. Lorsqu’en plus elles tombent pile poil avec l’état d’esprit du lecteur, que demander de plus ?



« Oui ce monde est bien plat ; quant à l’autre, sornettes.

Moi, je vais résigné, sans espoir, à mon sort,

Et pour tuer le temps, en attendant la mort,

Je fume au nez des dieux de fines cigarettes »



Tout cela n’est pas toujours très gai, il faut bien l’avouer, mais l’écriture fait mouche. Pour les curieux, ceux qui veulent découvrir ce poète et son œuvre, un petit tour sur les sites http://www.unjourunpoeme.fr/auteurs/laforgue-jules, http://www.laforgue.org/comp.htm est conseillé, avec la plupart des grands textes de Jules Laforgue.
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Poésies complètes

Mort de phtisie à 27 ans, Jules Laforgue est le poète du désenchantement, du spleen, du néant: l'homme n'est qu'un être éphémère rampant sur la planète Terre, elle-même poussière perdue dans l'infinité de l'espace cosmique... L' existence n'a pas le moindre sens, l'amour n'est qu'un leurre, les grands idéaux des fumisteries, le progrès une bulle de vent. Ayant perdu la foi, il rumine inlassablement "la mort de Dieu" et la décrépitude de toute véritable espérance.

Ses premiers poèmes, stylistiquement, révèlent une forte influence baudelairienne; puis, peu à peu, il va trouver sa propre voix, qu'il écrive en vers mesurés ou en vers libres dont il est un des inventeurs: une poésie mêlant notations prosaïques et rêveries métaphysiques, désespérance viscérale et sarcasmes rageurs, ironie et sanglots, nostalgie de l'âme et cynisme cruel - bref, un ton qui n'appartient qu'à lui.



Un poète qui mériterait d'être beaucoup plus connu!



[Notons pour la petite histoire littéraire: il naquit à Montevideo (en 1860) comme un certain Isidore Ducasse (en 1846), plus connu sous son pseudonyme de comte de Lautréamont, mort à 24 ans, après avoir publié "Les Chants de Maldoror"...]
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Moralités légendaires

« A-t-il fallu qu'il adorât la Beauté (…) pour l'insulter avec tant de soin, pour s'ingénier, comme il le fait, tout le long de son livre, à en dénaturer les formules ! »



Cette réflexion de Léon Bloy sur Lautréamont m'est revenue au moment de songer à un autre poète français né à Montevideo. Je veux parler de Jules Laforgue, dont la démarche dans ces Moralités Légendaires me paraît comparable à celle que Bloy prête à son aîné dans Les chants de Maldoror. En effet, avec ce recueil, Laforgue s'évertue à défigurer les héros des chefs d'oeuvres d'antan : Hamlet, Persée et Andromède, Elsa et Lohengrin, Pan, Salomé, Saint Jean-Baptiste… ils perdent tous la tête, afin que notre poète leur substitue les traits de son visage facétieux.



L'image que ces personnages donnaient autrefois de l'amour et de la mort est ici raillée, parodiée, désacralisée, massacrée, « massacrilégée », pour reprendre le néologisme de la belle Elsa, qui aimerait bien se voir infliger ce sort par un Lohengrin regrettant, au pied d'un lit conjugal luxuriant, les hauteurs métaphysiques dont son cygne l'a fait descendre ! À l’inverse, Hamlet cherche en vain à échapper à l’attrait morbide des symboles évoquant Ophélie et sa tombe, sans que le cynisme et sa nouvelle amante ne lui soient d’aucun secours.



En somme, l'amour ne s'accomplit pas facilement : ce bel idéal est ankylosé par des symboles et des discours volontairement grotesques, qui oblitèrent la rencontre entre l'homme et la femme. La nouvelle sur Salomé pousse ce procédé à son paroxysme, car l’héroïne et Iokanaan ne communiquent pas, tandis que la danse iconique de Salomé se retrouve transposée dans la seule narration, qui fait perdre la voix au saint et entraîne le lecteur dans un ahurissant grand-huit d'exotisme baroque effréné, au rythme de loopings syntaxiques et de mots rares s'étageant jusqu'à des hauteurs lexicales suffocantes. En guise d'apogée, Salomé étouffe à son tour la parole du narrateur pour achever le pauvre lecteur d'une logorrhée crypto-érotico-bouddhiste pleine de fumisterie, où Laforgue n'est pas loin d'asphyxier sa propre philosophie.



Car oui, même la beauté de son oeuvre d'écrivain et de sa vie, Laforgue ne la respecte pas. Au point de se moquer inconsciemment de son avenir dans la plus courte histoire, Le miracle des roses, où un amant suicidé envoie maladroitement des pétales rouges sang recouvrir la poitrine d'une phtisique, lui offrant le faux espoir d'une guérison. L'oeuvre de Laforgue est-elle semblable à ces pétales de roses pouvant encore faire croire à sa vie, même après que la maladie l'eût emporté à 27 ans ?



Un sort d'autant plus triste que la seule moralité où l'amour parvient à s'accomplir est la toute dernière, que Laforgue composa pendant sa brève existence d'homme marié : répugnée par la pseudo-beauté surfaite et hypocrite de Persée, Andromède s'abandonne au grotesque, au monstrueux, pour pousser cette logique jusqu'au bout et la faire éclater, retrouvant une forme originelle, une vérité simple et enfouie qui unifie le Tout : les mythes et les hommes. "Tout est dans tout", c'est la proto-moralité que Pan ne cesse de répéter comme un refrain, mis en musique par sa flûte pour lui redonner les "influx de vigueur et de tendresse réelle" chers à Rimbaud, car l'Adieu à la beauté peut permettre de mieux revenir à elle.
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Les complaintes - L'imitation de Notre-Dame..

Les complaintes de Jules Laforgue sont un recueil qui marque un tournant poétique important, transition certaine entre un Ancien monde et un nouveau, pour appréhender l'art de la rhétorique et dialectique de la poésie. l'auteur innove avec une individualisation à l'excès au travers d'allégories nombreuses, les dieux et déesses, l'homme et la femme, les personnages historiques ou ceux des contes servant de base à un thème unique l'amour désenchanté. Car tout le long de ce recueil au ton décadent, mais inventif, l'auteur nous chante son dégoût de la société et de l'incompréhension de l'univers cosmique qui l'entoure, l'empêchant d'être heureux et de jouir d'un amour sincère. Cependant, si l'atmosphère peut paraître pesante et triste, a contrario, Laforgue joue avec le lecteur, l'entraînant dans ses délires spirituels, ses fantaisies d'enfant turbulent, ses caprices de poète incompris. On note avec un certain sourire que l'auteur aime se moquer du sacré, l'associant aux éléments naturels, aux personnages imaginaires du folklore littéraire, dédiant même un culte humoristique aux astres, les laissant mélancoliquement égrener une sérénade aux amours déchus, ludique complainte à la finalité complexe, mais qui annonce sans doute le surréalisme qui viendra bientôt.
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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..



Poésies complètes de Jules Laforgue

Dans notre céleste Eternullité,

je veux être à côté d'un poète,

fou devant ce ciel qui toujours nous bouda

rêvant de prêcher la fin, nom d'un Bouddha!



Jules, Jules Laforgue que je lis au hasard dans ces jours de misère entre deux néants,

aucune pesanteur sur les tracas, les siens, les miens, les nôtres,

une extrême légèreté de l'intelligence,

des mots et des sons qui emplissent nos yeux, nos oreilles, notre intelligence.



O ! Convoi éternel des vers de Jules le magnifique,

du linceul du néant ils déroulent les plis,

doucement, mélancoliquement, sur d' heureuses musiques,

pour venger les sanglots des temps ensevelis.

Aujourd'hui,

nous sommes libres, fiers; nous vivons mieux et plus;

jamais pourtant l'homme n'a tant pleuré.

En écoutant, qui monte dans la nuit noire,

le concert désolé des appels de l'histoire.

Fasciné par la lune, errante Delos, celle des dimanches, au dessus des casinos dans les stations balnéaires désertées.

Laforgue, Laforgue Jules pour l'éternité…





Le bonheur de ses vers nous le retrouverons dans ce musée unique au monde, celui de sa mémoire et de la notre, où nous promènerons notre humeur vagabonde de Memling à Rubens, nous écouterons Les Gymnopédies, en nous enivrant du flot de ses inventions.



Poèmes ici: Préludes autobiographiques, Poèmes posthumes, Poème sans titre, Justice, Nuitamment, Epicuréisme
Lien : http://holophernes.over-blog..
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Poésies

N° 1451 – Avril 2020.



Jules Laforgue.



L’amnésie étant une des grandes caractéristiques de l’espèce humaine, et c’est sans doute le lot de la plupart des poètes de ne pas rester dans la mémoire collective sauf si un chanteur à succès décide d’accrocher des notes à leurs vers, la poésie étant de nos jours le parent pauvre de la littérature. Jules Laforgue (1860-1887) fait partie de ces oubliés et pourtant il a permis à la poésie d’évoluer, donnant entre autre, naissance au vers libre qu’illustreront bien après lui bien des poètes qui dont nous disons encore les textes aujourd’hui. Né à Montevideo (Uruguay) d’une famille française émigrée espérant faire fortune, il revint en France à l’âge de 6 ans, interrompit ses études puis mèna à Paris une vie difficile, marquée par le spleen, le sentiment de ne pas être à sa place en ce monde, le mal-être, le pessimisme du « poète maudit » et la solitude qui baignent ses poèmes. Il fréquenta les milieux littéraires parisiens, devint secrétaire d’un critique d’art, acquit un goût sûr en peinture, notamment dans le domaine de l’impressionnisme, et rencontra des poètes qu’on appellera plus tard « Symbolistes ». Il obtint le poste de lecteur de l’impératrice allemande Augusta de Saxe-Weimar Eisenach, âgée à l’époque de 71 ans, qu’il suivit à travers l’Europe. Il était en effet d’usage qu’à la cour on parlât le français. Cet emploi lui assura une relative aisance financière et lui permit surtout de voyager. Cela dura 5 années pendant lesquelles il écrivit et publia, mais uniquement à ses frais, traduisit le recueil, « Feuilles d’herbe » du grand poète américain Walt Whitman (1819-1892), se maria en 1886 et mourut de phtisie l’année suivante à Paris. Certaines de ses œuvres ne furent publiées qu’à titre posthume. Tel est le parcours de ce poète mort à 27 ans.



L’évolution de l’écriture de Laforgue est caractéristique. Ses premiers poèmes d’adolescents sont empreints de classicisme, « Complaintes » paru en 1885 et « L’imitation de Notre-Dame La Lune », en 1886 sont deux recueils de facture classique, respectueux de la prosodie et attestent de son inspiration traditionnelle lyrique. Les vers employés sont des alexandrins (parfois irréguliers) ou des vers de 8 ou de 10 syllabes avec des rimes alternativement plates, embrassées et alternées souvent tressées sous forme de poèmes à forme fixe comme le sonnet qui attestent de son héritage baudelairien. Avec « Derniers vers », paru en 1890, il prend une dimension de modernité cependant déjà annoncée en filigrane dans ses œuvres précédentes, à la fois dans la forme (absence de rimes, mots résolument actuels) et dans le fond (thèmes traités). Il prend cependant des libertés avec les mots et les fait parfois agréablement sonner entre eux mais aussi réagir agressivement, brise le rythme classique.



Les thèmes sont classiques, celui de la condition humaine, de la brièveté de la vie, de l’ennui, de la mort qu’il a connue très tôt avec le décès de sa mère alors qu’il n’avait que 17 ans. Il parvient même à y instiller de l’humour et de la dérision. Il est un poète injustement méconnu et oublié.



Je poursuis mon évocation, forcément limitée et trop superficielle, des poètes que la mémoire collective a quelque peu « confinés » dans un anonymat à mes yeux incompréhensible.

 

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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..

Du pessimisme, de la décadence, du désenchantement, de l'ironie, cela doit être bien glauque me direz-vous et bien pas du tout, c'est beau.....
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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..

Dans ses poèmes, Jules Laforgue évoque le mal de vivre, les âpres saisons, la religion, la nostalgie, les amours déçues ou espérées, la ville et ses bruits divers. C'est un des premiers -peut-être avec Baudelaire- poètes urbains. Il n'a pas son pareil pour évoquer une rue animée ou « la poignante rumeur d'une fête lointaine ».

Pour Laforgue -mort très jeune de tuberculose- le poète est un contemplatif, un grand observateur et souvent un iconoclaste :

« Mourir d'un attouchement de l'Eucharistie,

S'entrer un crucifix maigre et nu dans le coeur ? »

Souvent revient cette iconographie religieuse où l'orgue a son importance. Il invoque Dieu pour l'inciter à regarder sa propre misère humaine. Il rejoint beaucoup Baudelaire dans ses visions un peu gothiques mais aussi dans ses descriptions cliniques de la mort, comme dans « une charogne » :

« Et votre blond cadavre aux vitreuses prunelles

Ira pourrir dans son doux linceul de dentelles. »

Et la sensualité est là, à portée de mots :

« Des blancheurs se cherchant s'agrafent puis s'implorent,

Roulant sous les buissons ensanglantés de houx

D'où montent les sanglots aigus mourant et doux,

Et des halètements irrassasiés encore… »

Jules Laforgue écrit toujours en vers et compose des sonnets en alexandrins. C'est sous cette forme classique qu'il a construit une oeuvre unique et baroque sous forme de cathédrale poétique où, comme Baudelaire encore, le soir et le couchant ont un pouvoir calmant sur un esprit bouillonnant.

Comme s'ils m'étaient destinés, je retiendrai ces vers qui m'ont marqué :

« Et j'écoute longtemps les cloches dans la nuit...

Je suis le paria de la famille humaine

À qui le vent apporte en son sale réduit

La poignante rumeur d'une fête lointaine. »

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Moralités légendaires



Oh! l'insoutenable légèreté de cette moralité légendaire! C'est Salomé à l'opéra -comique.

Laforgue aurait d'abord imaginé "la petite vocératrice jaune à pois funèbres" donnant sa langue -celle du Baptiste, cela va sans dire...- au chat!...
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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..

Poète, mon semblable mon frère, Jules Laforgue en crise métaphysique qui me rappelle par des poèmes assez banals mes crises postadolescentes, Dieu disparaissant, la mort apparaissant, le sentiment vertigineux et obsessionnel du vide, de l'absurde et le dégoût, Pascal baudelairisé par un homme timide qui voit bien que dans ce monde, ça n'est pas gagné, et que dans l'autre, c'est perdu (un pari, un coup de dé n'aboliront pas la mort), puis (même si ici c'est avant), une fois que tout a été désabusé, la complainte, la comptine de malheur, le poète qui regarde sa crise existentielle du coin de l'oeil, un brin hilare, vaguement vachement mélancolique et pointant discrètement le doigt sur la ridiculosité de la plainte amère de nos ancêtres les romantiques, Lamartine en ses vallons de larmes crocodilesques, Chateaubriand lu à la piscine pour briser un tant soit peu la magnificence du style. De Laforgue retenons des formules (magiques) et des titres. Des vers ? "Des vers. Et puis, après ? ô sordide limace!", "Ô femme, mammifère à chignon, ô fétiche", ô complainte du foetus de poète, ô complainte des pubertés difficiles, miséréré.

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Moralités légendaires

Moralités Légendaires est composé de six textes courts, des "nouvelles qui ne sont ni du Villiers ni du Maupassant"selon le mot de l'auteur, presque autant de variations (très) libres autour de grands mythes occidentaux. De Salomé à Hamlet, Laforgue jongle avec d'immenses figures sans se départir un instant de sa désinvolture et de son ironie. En effet, ces fables qui paraissent pourtant bien insouciantes sont toutes traversées d'une ironie et d'un humour assez grinçants : cascades d'anachronismes, ridicules divers, décalages de ton habilement ménagés, l'auteur ne lésine pas sur les moyens. A l'époque où Laforgue écrit, la mode est à la parodie et les artistes se plaisent à maltraiter la mythologie ; sa démarche n'est donc pas vraiment novatrice. Mais il a une façon de le faire tout à fait plaisante : ces fables sont en effet imprégnées de légèreté et de poésie. D'une certaine mélancolie mais chez notre poète exclamatif, elle est toujours discrète, présente mais toujours à demi-mots, se cachant habilement derrière les rires. Ces illustres personnages resemblent à de grandes marionnettes un peu débiles, et on est amené à sourire de leur présomption, de leurs échecs, de leur faiblesse : Laforgue alors riait de lui-même, en prêtant à ses pantins des aspirations, des goûts et des jugements qui lui sont propres. Funambulesque. C'est au final un singulier objet littéraire que ces Moralités Légendaires qui, sous couvert de n'importe quoi, permettent d'entrer dans cet univers particulier aux divinités lunaires et aux clowns grimaçants, suscitant au final de vraies questions, entre deux invraisemblances. Une bien belle découverte !
Lien : http://carnets-plume.blogspo..
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Poésies complètes

Un grand poète trop méconnu.
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Le sanglot de la terre- Le concile féérique

Un petit recueil de poésies plutôt sombres et mélancoliques, dont le rire est grinçant, saturnien, lunaire. Que dire de plus !
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Poésies

Comme des enfants qui mijotent un tour, des amants qui se jouent des tours. A écouter.
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Moralités légendaires

Laforgue revisite avec ce livre des mythes et récits bien connus (Hamlet, Salomé...) avec un humour noir, tournant au ridicule les héros de ses récits.

C'est une lecture difficile, avec un style particulier mais très bien écrit. J'y ai pris beaucoup de plaisir, même s'il y a des passages que j'ai dû relire plusieurs fois afin de les comprendre vraiment.

C'est un classique à lire si on connait les récits dont il s'inspire, et si on aime les parodies !
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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..

Jules Laforgue (1860-1887) est un poète franco-uruguayen symboliste, auquel on attribue l’invention du vers libre. Son regard sur la vie est plutôt sombre, mais il a de l’humour. De lui, je viens de lire COMPLAINTES. A mon humble avis, la qualité de ces vers est inégale. J’ai mis une poésie en citation.
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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..

Les Complaintes de Laforgue s’inscrivent bien dans la suite de Vigny, Corbière, Borel et autres poètes maudits que j’aime tant, elles sont à la fois tristes et quelque peu loufoques par moment mais en somme très riches, bref un must read que je me dois de relire..
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Moralités légendaires

Un recueil de morales sympathiques quoique aujourd’hui on connaisse très bien ces dernières. La plume, fortement descriptive, n’est pas désagréable. Je le recommande à petite dose.



Plus d'infos sur ma chronique :)
Lien : http://la-riviere-des-mots.b..
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Poésie complète (I) : Les Complaintes (suivies ..

Je ne connaissais pas ce poète ( et il fait partit de mes lectures obligatoires de l'été pour la préparation du concours) mais je suis vraiment contente d'avoir pu lire ces poèmes. C'est un style différent, avec parfois des réécritures de comptines (Au clair de la lune avec le Lord Pierrot) mais toujours bien écrit, dans un vocabulaire assez simple et une fluidité d'écriture.
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