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Critiques de Julie Ruocco (95)
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Furies

Percutant ! Écriture saisissante ! Ce premier roman m'a scotché !

Berenice, française. Forte de ses études d'archéologie et démunie face à la mort de son père, les événements l'amène à devenir receleuse d'antiquités. Près de la frontière turque, Berenice doit rencontrer son receleur dans un bar. La voiture qui explose juste en face la laissera exsangue. La guerre n'est que mort et sacrifices... une petite fille sauvage et muette lui sera confiée, sans un mot, en un simple regard.

Asim, syrien. Ancien pompier, fou de sa petite sœur Taym dont il a placé en elle toutes les espérances, devient fossoyeur malgré lui, à cause de cette guerre qui prends même aux vivants la moindre parcelle de leurs âmes. Les événements le pousse à se réfugier en Turquie ou il apprendra à réaliser de faux passeports. C'est ainsi que le chemin de Berenice et Assim vont se croiser.

Les furies sont ces femmes qui luttent contre l'état islamique, qui se battent pour leur liberté, qui crient justice à la face du monde ! C'est Taym, Rokan, Bahia et d'autres scandant leur devise haut et fort : Jin, Jiyan, Azadi (femme, vie, liberté). Ce livre est un devoir de mémoire comme l'a voulu Taym. Ce livre est un puissant et vibrant hommage à celles qui ont fait les révolutions arabes.

Cette histoire prend aux trippes, Asim est bouleversant, incroyable. Berenice est mystérieuse et singulière. Taym est éternelle...

Merci mon fils @eliam.ftk de m'avoir mis entre les mains ce roman !

Je vous le conseille grandement !
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Furies

Ouch... voilà ce qui s'appelle se prendre une claque! Quel roman! Quelle plume! Quelle clairvoyance! Quel témoignage au sujet des horreurs de la guerre et de tout conflit armé... 😟



Évidemment, dit comme ça, je sens que je vais en rebuter quelques un(e)s parmi vous car un bouquin qui parle de guerre, de morts, de deuil et de terrorisme... mouais. 🤔



Mais détrompez-vous! Furies c'est bien plus que ça, c'est une histoire de rencontres (entre Bérénice, l'archéologue française, et Asim, le pompier-fossoyeur syrien notamment), de combats pour la liberté, de fraternité et de sororité, d'espoirs (parfois vains, d'accord...). C'est un hymne à la vie et à la résistance. 🤲



Et puis cette plume!! Mais quel talent! Quelle précision au scalpel! Quelle poésie et quelle musique! Ne ratez pas ce style splendide, qui emporte toutes les émotions dans son sillage. 😲



Venez! Vite! Venez à la rencontre de ce texte, vraiment, il vous marquera longtemps. 🙏



Je ne remercierai jamais assez @wacky_coulette, qui a défendu ce texte avec toute sa fougue, et @librairielapasserelle, pour la merveilleuse rencontre organisée entre leurs murs avec Julie Ruocco!! Merci à vous pour cette découverte absolument époustouflante! 🤩
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Furies

Rarement un premier roman m'a autant ébranlé , le lecteur est happé dès les premières pages .

L'histoire se passe en en pleine guerre de Syrie , avec son cortège de destructions et de massacres de familles entières , soit sous les bombes , soit dans les prisons de Bachar El-Assad ou entre les mains des fous de Dieu .

Bérénice (quel prénom!) , archéologue de formation , s'est spécialisée dans le trafic d'antiquités , elle se rend à Palmyre pour récupérer de belles pièces , des bijoux essentiellement .

Mais tout ne se passe pas comme prévu : l'intermédiaire qui lui remet les bijoux est tué dans un attentat , et une femme lui confie sa petite fille , un cadeau empoisonné . Comment fournir des papiers à cette petite sauvageonne , quasi muette , pour franchir les frontières et les contrôles ?

Asim est syrien , il est d'abord pompier , puis il devient fossoyeur , il doit enterrer tous ses morts , y compris sa propre soeur , dont il retrouve le corps sans vie . Sa douleur est incommensurable , il a cru lui sauver la vie en l'envoyant sur les routes , mais elle est tombée sur les fous de Daesh , qui ne lui ont pas pardonné sa beauté et son sourire .

Le destin va faire se rencontrer en Turquie Bérénice et Asim , l'Occident et l'Orient qui n'avaient rien en commun et qui vont très vite trouver un terrain d'entente : leur humanité et leur bienveillance sont plus forts que la violence et la mort qui est autour d'eux .

Avant sa disparition , la soeur d'Asim , Taym , a enregistré et documenté les exactions et les meurtres du régime syrien . Avec la clé USB en mains , Bérénice va être le relais pour transmettre le témoignage de Taym sur ces crimes de guerre , afin qu'un jour les bourreaux soient jugés .

Le fil rouge de ce roman , c'est la mythologie grecque , ce sont les Furies , les Erinnyes , filles de Gaia et Ouranos , chargées de poursuivre tous ceux qui ont commis un meurtre ou un crime contre les dieux ou l'hospitalité , et chargées de la vengeance divine .

Le roman de Julie Ruocco exalte l'humanité de ses héros , leur humanisme , leur volonté de dénoncer les crimes commis contre le peuple syrien . C'est une quête sans fin , mais ne devons-nous pas aux morts une justice et un devoir de mémoire ?

Pour un premier roman , c'est un coup de maître !

Roman lu grâce au collectif des 68 premières fois , que je salue
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Furies

C'est l'histoire d'une rencontre improbable entre une archéologue française : Bérénice et un afghan fossoyeur :Assim qui veut fuir son pays gangrené par la guerre . C'est un ex pompier qui enterré les gens torturés par le régime et elle, elle perpétue la mémoire d'un pays, d'une civilisation.C 'est un beau et profond portrait de femme perdue entre son travail et son désir d'aider au mieux les afghans, de lutter contre la condition dexfemme inexistante dans ce pays. La guerre va les réunir et les séparer. Le point commun c'est un voyage mental, une construction d'une personnalité, d'uneocremusecen question de l'ordre établi, du monde actuel. C'est écrit dans pathos, avec réalisme, humanité.
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Furies

C’est en véritable spéléologue que Julie Ruocco convertit son lecteur le temps de la plongée en apnée dans les méandres visqueux et les étroits chemins intimes de ses magnifiques personnages, si humains et si friables de l’être. À travers les aléas de choix de vie de Bérénice, la jeune archéologue mystérieuse de ce récit immersif, on est voué à rencontrer, comme un rocher encombrant notre route, le colossal (mais brisé en mille morceaux) fossoyeur des âmes perdues entre la Syrie et la Turquie, Asim, et à nous laisser égratigner par ses précieuses gemmes aux couleurs spectrales, le fantôme d’une sœur et une petite fille lunaire parmi tant d’autres revenants des limbes. Les mots de l’autrice percutent ses protagonistes et éclatent leurs destins tragiques qui se réverbèrent sur nous en poussières lumineuses. Ses phrases et ses images ont cette magie antique des vieilles pierres : elles disent le vrai, durement et brillamment, avec la simplicité d’un caillou sur lequel tout coule et l’originalité d’une pépite à peine dissimulée sous le granit.



On ne ressort pas indemne d’une telle descente dans les enfers de notre monde, si archaïques et si contemporains à la fois que résonnent en nous dorénavant le cri de douleur de ces femmes et de ces hommes poursuivis inlassablement par les furies d’une terre dont on se demande si elle a déjà tourné rond un jour…



Lire Furies de Julie Ruocco, c’est assurément propager l’écho d’une grande voix tout juste sortie des entrailles de la littérature et prophétiser son avenir radieux dans l’univers des lettres.
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Furies

Une tragédie – le ton est donné dès le titre « Furies », puisque dans la mythologie , elles sont les gardiennes des enfers, divinités infernales, associées aux serpents, elles tourmentent les coupables et les punissent, exécutant des châtiments terribles, pourchassant sans cesse les criminels.

*

Depuis les chantiers de fouilles archéologiques de Thessalonique aux frontières de la Turquie, la Syrie, et le Rojava et ses guerrières peshmergas ; au cœur du roman, on lit le combat pour la liberté.



Bérénice, archéologue française, receleuse d’antiquités, va croiser la route d’Asim, pompier syrien, reconverti en fossoyeur.



Les circonstances durant une expédition à la frontière turque vont amener Bérénice à recueillir la fille d’une réfugiée.



Elle exhume, de la terre, des trésors ensevelis ; lui y enterre les morts.

Palmyre, la Syrie - pays riche d’histoire, l’un des berceaux de la civilisation, devenu un champ de crime et de terreur. La guerre et un peuple qui se lève.



Un monde devenu prison à ciel ouvert où la barbarie fait rage.



On assiste à l’enfer qui se déchaîne au dehors et au-dedans. Meurtres, massacres. On ressent la torpeur qui se répand sous un linceul étouffant.

Des descriptions terribles retranscrivent toute l’horreur vécue.



Asim supporte une souffrance telle une chape de plomb sur ses épaules, la pensée écrabouillée, l’esprit nimbé par tous ces morts autour de lui, tous ces noms retenus, une douleur incrustée, des noms qui doivent changer de visage pour lui permettre de survivre.



Au-delà d'objets antiques, c’est la parole que Bérénice aura à exhumer grâce à une mémoire dont elle sera la dépositaire.



L’espérance peut-elle émerger de ce monde en ruines ? Eclairer pour ne pas risquer l’inertie et l’ensevelissement permanent. Et comment ?



Témoigner, transmettre l’histoire, honorer la mémoire, rendre justice. Lutter contre le silence et l’oubli.



« Elle disait croire à cette flamme « liberté » qui brûle sans se consumer et éclaire sans ombres ».



Le roman souligne la force admirable de ces femmes qui se battent de toutes leurs tripes contre la tyrannie du régime au pouvoir et le terrorisme, qui dominent par la violence et les armes.



C'est un hommage puissant à ces femmes qui ont fait les révolutions arabes, leur lutte contre leur effacement, leur combat pour la liberté et la libération, contre l’obscurantisme destructeur et meurtrier.

*

Un premier roman réussi. Une histoire déchirante et révoltante. Une tragédie dans toute son ampleur.

*

Une lecture très intéressante qui m’a semblé malgré tout difficile, un style d’écriture qui requiert une attention particulière.

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Furies

"Il est faux de penser que la guerre est un moment que l'on peut saisir entre deux dates et défaire par un traité. En tant que femmes, nous sommes bien placées pour savoir qu'elle n'a jamais cessé."



Surprenant roman d'une jeune femme pas même trentenaire. La surprise vient de la maturité de l'écriture, de la solidité de la construction et, surtout, de l'aptitude de cette diplômée en sciences politiques à exposer "de l'intérieur" la vie de ceux qui vivent dans des zones contrôlées tour à tour par des forces turques, syriennes, kurdes et de Daesh. On retrouve ici, une nouvelle fois, une des puissances de la littérature : celle de mieux faire comprendre la guerre en suivant au milieu des désordres qu'elle engendre le destin de personnages attachants. Là où l'article de presse et le dossier documentaire décrivent, le roman fait ressentir, donc vivre.



La rencontre entre une Française et un Syrien racontée dans ce roman s'inscrit dans le cadre de la guerre, donc au milieu des orphelins, des camps de prisonniers, de l'espionnage et de tout ce qui accompagne depuis toujours les périodes troublées. Dans ce désordre, une enfant est accueillie. C'est une innocente victime, un enfant perdu. Dans ce cimetière à ciel ouvert, il y a ceux qui enterrent et ceux qui déterrent, un fossoyeur et une archéologue, un faussaire et un pompier, des tueurs et des sauveurs. De belles figures dans un tableau sombre.



Vous voulez ignorer la guerre, les décapitations, l'hypocrisie des spectateurs insensibles aux atteintes à la dignité humaine ? Vous préférez rester sourds, aveugles et assister blasés à la guerre éternelle que se livrent sous tous les cieux les hommes entre eux, aux dépens surtout des femmes et des enfants ? Alors, ne lisez pas ce roman majeur. Contentez-vous des reportages vus en trente secondes et aussitôt recouverts par une pellicule d’actualité, elle-même recouverte à son tour par une nouvelle couche superficielle de banalités.
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Furies

Furies de Julia Ruocco

Actes Sud



« Lire le sol comme un livre »

« Faire l’autopsie du temps »

Comme bien des petites filles, ces petites phrases ont conduit Bérénice vers l’archéologie.

Archéologue ratée, sans diplômes, voleuse bercée d’illusions, Bérénice se rend à l’évidence sa vocation vire à l’échec. Trafiquante d’art voilà où elle en est !

En même temps, le sort de Palmyre, ces tombes éventrées, ces édifices somptueux désormais piétinés sont une béance dans son cœur.

Asim est pompier syrien, au cœur du conflit, conscient que la révolution on la refuse à la jeunesse, que les frères islamistes gagnent chaque jour plus de terrain, que la guerre et ses horreurs enflent, comme un feu inextinguible.

Par la force des choses, Asim devient fossoyeur pour offrir une sépulture à ceux qu’il a aimés, ses amis, ses voisins, sa famille, son cousin, sa sœur.

Bérénice et Asim ont en commun la terre qu’ils fouissent chacun à leur façon, et précipités dans la marche de la guerre, réfugiés en Turquie ils vont lier leur destin.

Bérénice, l’occidentale va rendre la mémoire aux morts et surtout offrir une voix aux réfugiés, Asim va leur donner une identité nouvelle, la possibilité d’une vie meilleure et continuer le combat de sa sœur.

Ce livre est une immersion dans l’enfer de la guerre et de la barbarie. On assiste de l’intérieur, spectateur impuissant !

L’impuissance des hommes, le soulèvement des femmes au péril de leur vie, la haine, la suspicion et les petites victoires sur la vie...

La guerre est un serpent à mille têtes, jamais rassasié, jamais invaincu.

Un livre fort, puissant, déstabilisant en regard de l’actualité.

Un premier roman de la sélection des @68premieresfois époustouflant de sincérité, d’humanité.

A lire pour mieux comprendre la marche du monde.



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Furies

La rencontre entre Bérénice, jeune archéologue Française et Asim, pompier Syrien nourrit le corps de ce roman qui raconte le drame qui sévit au moyen orient depuis maintenant une dizaine d’années. Thaym, la sœur d’Asim, résistante activiste au dictateur syrien, assassinée par Daech, laisse à son frère une clef USB contenant de nombreuses preuves des exactions commises par le régime dont la destinée sera confiée à Bérénice. Les protagonistes qui évoluent en Syrie, en Turquie et au Rojava Kurde nous font vivre de façon romanesque les situations dramatiques de leurs habitants et pointent les luttes d’influence géopolitiques dont il font les frais. Une histoire prenante servie par une belle écriture qui s’égare un peu dans des considérations générales qui en diminuent la portée.
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Furies

Initiée par Kobane Calling de Zerocalcare, j'ai apprécié retrouver dans Furies le combat Kurde, ces femmes (notamment) incroyablement déterminées pour un peuple libre.

Le début du roman m'a accroché moyennement, un peu stéréotypé peut être, en tout cas sans surprise, avec même quelques déroutes : cette petite fille 'adoptée', sans nom, qui va accompagner l'héroïne, m'a mise mal à l'aise. Cette femme archéologue qui ressemble beaucoup à une des personnage de Laurent Gaudé dans Ecoutez nos défaites (très frais dans ma mémoire ceci explique surement cela). Les deux personnages vont d'ailleurs faire le même geste finale. Et cet homme, comme modèle initiatique à presque lui tout seul. Ainsi, les moyens pour arriver au coeur même, à la thématique magistrale elle, ne m'a pas vraiment convaincue et je le regrette.

Je retiens donc les passages sur ces rencontres kurdes, et le savoir rendre hommage comme l'auteure a su le faire, pour parler si finement avec humilité et respects des combattantes.
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Furies

Furies est un roman bouleversant.

Je suis assise au soleil, dans mon pays en paix. Pourtant je viens de quitter les décombres de la guerre, les morts qui errent sans repos si personne ne leur donne de sépulture, les vivants qui cherchent un sens à ce qui n'en a pas.

Heureusement, Asim est là, fossoyeur attentif, faussaire qui rend la vie aux disparus.

Bérénice croise son chemin après un attentat, après avoir accepté de prendre soin d'une âme déjà lourde du poids de l'innommable.

Des destins croisés pour réparer le monde ? Pour l'apaiser ?

Leurs trajectoires croisent la nôtre.

Grand bien nous fasse. Nous apprenons grâce à eux l'humilité. Nous regardons notre chance et la serrons contre nous. Car nous sommes épargnés.

Mais ce roman nous laisse aussi comprendre que nous sommes aveugles, sourds, immodestes et pire encore insensibles.

Saurons-nous entendre la voix des personnages pour poser sur des pays pas si lointains un regard plus conscient ?

Je ne sais pas. Toujours est-il que c'est à vous de déterrer la Furie le temps de la lecture.
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Furies

Bérénice, jeune archéologue française se trouve obligée de fuir la Syrie suite à un attentat dont elle réchappe de peu. Elle rencontre Assim pour lui demander des faux papiers pour la petite fille qu'elle a prise par la main au travers du grillage d'un camp de réfugiés. Ils fuiront ensemble vers le Rovaja (Kurdistan) en attendant de pouvoir rejoindre l'Allemagne, puis la France. A travers l'histoire personnelle d'Assim en Syrie (il était pompier, il est devenu fossoyeur) on mesure la monstruosité des attaques du régime Assad sur son peuple, puis celle de Daesh. On assiste aussi à la fossilisation d'un homme terrassé par ce à quoi il survit. Bérénice quant à elle est une jeune femme plus attirée par les antiquités que par l'histoire, et sa vie bascule quand après avoir survécu à un attentat elle se retrouve avec charge d'âme. Sa rencontre avec Assim sera pour lui l'occasion de donner une chance au scrupuleux et gigantesque travail de sa sœur (Taym) de parvenir à la connaissance de la communauté internationale. Ce sera aussi pour lui une parenthèse de bonheur après de Bérénice et de la petite. Malheureusement la fragile position du Rojava où ils se réfugient ne laisse pas entrevoir un avenir serein. Ce premier roman puissant et bouleversant à l'écriture alerte et sensible révèle une auteure à suivre absolument.
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Furies

Une histoire qui nous emmène en Syrie, dans une ambiance de guerre, de combats, de persécutions… Ce n’est pas un livre qui se lit facilement, le sujet est difficile, on sent au travers de l’écriture qu’il y a eu beaucoup de recherches et surement aussi du vécu.

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Au début, je n’ai pas bien compris pourquoi l’autrice raconte deux histoires, puis au fil du roman, on comprend où elle veut en venir et finalement ces deux histoires s’apportent beaucoup l’une et l’autre.

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Cette histoire, c’est aussi un hommage aux femmes qui se battent et combattent lors de la révolution kurde.

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Encore une belle découverte grâce aux @68premieresfois ❤️ Un premier roman percutant, bravo à l’autrice.
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Furies

Il est toujours agréable de se laisser surprendre par une lecture : cette histoire d’archéologue peu regardante sur l’objet de ses fouilles pouvait, au début, laisser augurer d’une histoire de malversations avec enquête et poursuites. Et puis, l’autre histoire, celle du pompier syrien, laissait imaginer des descriptions d’un quotidien tragique sous la férule des djihadistes de Daech.



Alors que non, ou plutôt pas seulement ! Certes le premier talent de Julie Ruocco est d’emmener ses personnages vers des contrées où eux-mêmes ne pensaient pas aller, mais elle sait également accélérer le récit et le rendre aussi addictif qu’un James Bond : meurtres, voitures piégées, sac de bijoux, petite réfugiée échappée d’un camp de transit, combattante peshmerga, faux papiers et vraie clé USB...



Autre talent : sans pédagogie lourdingue ou pédanterie pénible, elle montre magnifiquement comment celles et ceux qui ne voyait que leur intérêt essentiellement financier, abandonnent leur confortable indifférence et prennent position contre les malheurs de populations auxquels ils étaient jusque-là parfaitement insensibles.



L’écriture est pleine de couleurs et excelle à rendre les sensations : le chaud, le froid, la sueur qui coule et la poussière des gravats... Elle est romanesque à souhait, autour des thèmes de la mémoire, de la dignité et de l’héritage, au service de magnifiques personnages féminins qui se perdent, souffrent et parfois réussissent à sauver leur âme.



Un grand bonheur de lecture que ce roman, où dès le titre, l’auteur convoque le mythe des Furies, ces déesses romaines de la vengeance qui encore aujourd’hui déchirent le monde par la guerre, sa violence et ses horreurs.



Lu dans le cadre des 68 premières fois, ce livre voyage auprès des lecteurs/lectrices engagé.e.s dans l'aventure
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Furies

Le printemps arabe, le printemps des révolutions arabes… on se souvient de cette vague de liberté déferlant sur le monde. Mais aujourd’hui qu’en reste-t-il ? Que sont devenues toutes ces femmes qui rêvaient d’un pays libre ? Aujourd’hui, il reste des pays meurtris où la guerre s’est installée, où les fous de Dieu ont pris le pouvoir, où les dictateurs en place ont exterminé leur peuple…



La Syrie, un pays en feu, un pays entre pouvoir corrompu, sanguinaire et Daech, avec sa noirceur, sa cruauté et son obsession du corps féminin qu’il veut cacher jusqu’à l’annihiler… La beauté du pays noyée dans la férocité des hommes.



Bérénice est à la recherche d’objets d’art du passé, Asim ensevelit les morts et distribue leurs noms à ceux qui peuvent les faire revivre dans un ailleurs plus humain. Ils ne se rencontrent pas tout de suite, et l’on commence par les suivre chacun dans leur pays, chacun dans leur famille…



C’est un premier roman mais tellement maitrisé dans la narration, dans l’art de conter une histoire tragique, qu’on a l’impression qu’il a été écrit par une auteure expérimentée.



J’ai ressenti à la lecture de ce texte une multiplicité d’émotions. De l’horreur à la tendresse, de la révolte à la compréhension, de l’envie de tuer à l’envie d’embrasser… Et notre impuissance, à nous qui avons eu la chance de naître sur le bon continent…



Les mots de Julie Ruocco sont justes, elle allie la poésie au réalisme cru, elle mêle réflexion et romanesque. C’est un roman à mettre entre toutes les mains…



Un combat contre l’obscurantisme… une voix s’élève, écoutons-la…



C’est un roman qui ne nous laisse pas en repos, il s’y passe toujours quelque chose, et l’on craint pour les personnages, on les accompagne en fermant les yeux de crainte qu’ils ne tombent dans la nasse des tueurs, des égorgeurs. C’est un roman qui fait vibrer.
Lien : https://krolfranca.wordpress..
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Furies

Je remercie les éditions Actes Sud et Babelio – via sa Masse Critique – de m’avoir permis de découvrir ce très beau (premier) roman de Julie Ruocco.

Ce livre est l’histoire de Bérénice, archéologue française devenue receleuse d’antiquités, et Asim, pompier syrien devenu fossoyeur, qui vont se rencontrer en Turquie, se côtoyer et fuir ensemble vers Rojava dans le nord de la Syrie.

Ce livre est surtout l’histoire d’un pays et de ses habitants qui, de conflits en conflits, endurent, depuis 2011 dans le contexte du Printemps arabe, une guerre civile. Des hommes et des femmes qui, après la rébellion armée de l’Armée syrienne libre, subissent la terreur de l’organisation salafiste djihadiste Etat Islamique (EI). « Furies » dénonce ces exactions, massacres et crimes contre l’humanité en donnant la parole à toutes ces victimes qu’Asim tente de ressusciter grâce à sa nouvelle activité de faussaire, insufflant un souffle de contestation, de révolte dans ce désastre humain et humanitaire.

La plume de Julie Ruocco décrit incroyablement bien le quotidien de la population syrienne en proie à cette menace quotidienne de l’EI, les disparitions, les meurtres, les tentatives de fuite d’une population qui rêvait d’une révolution et d’une démocratie.

Le roman est touchant de sincérité et d’humanité, certains passages sont d’une telle puissance qu’ils marquent à jamais le lecteur – la scène où Asim comprend que sa tentative de mettre sa sœur Taym en sécurité a été vaine est, pour moi, l’une des plus fortes et émouvantes du livre.

Bérénice et Asim, en quête de justice, apportent une petite pierre à l’édifice de la révolution arabe, refusant de se taire et livrant les témoignages des nombreuses victimes (500.000 morts depuis 2011 selon les estimations de diverses ONG), mettant des noms sur toutes ces corps anonymes.
Lien : https://letempslibredenath.w..
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Furies

Un magnifique roman, admirablement écrit. Une maturité, une intelligence, une maîtrise littéraire, une force d’autant plus impressionnantes qu’il s’agit d’un premier roman. L’autrice qui imprégnée de culture antique a à sa manière signé, comme Aristophane jadis avec Lysistrata, un grand livre féministe et pacifiste. La rencontre improbable de Bérénice, une jeune archéologue, devenue trafiquante d’œuvres d’art après la destruction de Palmyre par Daech, d’Assim, un pompier syrien devenu croque-mort et faussaire, pleurant à jamais l’exécution et la décapitation de sa sœur militante des droits de l’homme et d’une petite fille confiée à Bérénice par sa mère enfermée dans un camp de réfugiés dans l’espoir de lui offrir une autre vie, sinon une vie tout court. Symbolique d’un médaillon volé au coup de Bérénice reproduisant une furie, déesse de la vengeance poursuivant à jamais les assassins de guerre. Tout dans le roman est symbolique, le vol du médaillon jusqu’à sa restitution à la terre. Le rapport à la terre de Bérénice pour y fouiller le passé et ignorer le présent. Le rapport à la terre d’Assim qui y crée des sépultures pour sortir les victimes de la guerre de l’anonymat. Car là est le propos majeur du livre : affronter l’indifférence, affronter l’oubli, donner, une singularité, une identité aux victimes et la faire vivre en la confiant à des survivants. Un grand cri pacifiste, un hurlement contre la guerre mais aussi, comme dans Lysistrata, un manifeste féministe : les femmes sont les victimes éternelles des guerres menées par les hommes. Le Rojava, le Kurdistan occidental, lieu de la guerre des femmes kurdes, éprises de liberté, contre Daech est le théâtre des plus belles pages de livre. Enfin, Julie Ruocco achève son roman avec force : Bérénice assume son rôle de transmission. Elle permet de donner un nom, un visage, une réalité à ceux qui sont morts et garde près d’elle, la petite fille, pourvue de l’identité du souvenir, du prénom de la sœur d’Assim. Magnifique !
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Furies

J'ai eu des sentiments plus que mitigés en lisant « Furies ».



Le thème choisi d'un barbarisme contemporain contient une force inouïe mais son traitement ne m'a pas ébloui.



Sur le fond, il manque pour moi un véritable fil conducteur à l'intrigue qui évolue lentement sans que de réelles péripéties ne se produisent, ce qui me paraît un comble pour un sujet aussi intense !



Sur la forme, le style de Ruocco très littéraire, un tantinet ampoulé, nuit au propos, pourtant louable de véhiculer un message féministe.



A titre personnel, je ne crois pas malheureusement pas à la thèse du « plus jamais ça » et ne peux que constater l'échec de la création d'un Tribunal International pour traquer et juger les meurtriers sanguinaires de l'EI.



Comme le montrera ensuite l'actualité en Afghanistan, la cause des femmes dans le monde n'a malheureusement pas été améliorée malgré les expériences abominables du passé, ce qu'on ne peut que déplorer.



Un livre donc quelque peu vain à mes yeux et qui passe à coté de son sujet !


Lien : https://lediscoursdharnois.b..
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Furies



"Furies", c'est un livre sur l'absence de repère, du silence sur les racines, et donc peut-être une méconnaissance de sa propre identité. Après tout, dès le début du roman, on apprend peu de chose sur Berenice, l'une de nos héroïnes. Tout tourne autour de sa formation d'archéologue et de son père. Elle creuse, elle creuse. Cherche à déterrer quelque chose. Mais on n'en sait pas plus.

Plus tard, nous avons Assim. Pompier de métier, homme qui se consacrait à sauver, fait le contraire de Berenice maintenant : il est fossoyeur, c'est ensevelir son nouveau travail. Avec lui, on plonge dans le quotidien de la guerre en Syrie. De ce que vivent les victimes, les abandonnés.

Assim m'a profondément touché. Cette gentillesse frappée par l'horreur, et qui transforme autant l'homme que ce qui l'entoure, a été dépeint avec une lente agonie vers la réalité et le désespoir, que ca a cassé quelque chose en moi. Parce qu'après tout, il n'est que le passeur de ce qui est déjà arrivé à de nombreuses personnes avant lui et encore aujourd'hui.



C'est aussi un roman sur la question du hasard, la coïncidence. Est-ce que les choses sont prédestinées, est-ce que nous les provoquons ? Est-ce marqué en nous ?

Il y a aussi cette thématique forte de la mémoire, de ce qui reste ancré en nous, dans nos racines mais également sur le plan historique. J'ai beaucoup apprécié les longs passages où cela est évoqué, sur différents plans et lieux, avec divers points de vues. Parce que ces interrogations sur le hasard et la mémoire sont fortement portés par l'importance de la parole, qui a un rôle central dans tout le roman. Abordé ce sujet était non seulement terriblement à propos mais aussi parfaitement amené au niveau de la forme comme du fond. C'était très joliment et tristement amené.

Car si "Furies" est une lecture aussi captivante, ce n'est pas uniquement pour son intrigue ou les messages abordés, mais aussi par la force de son écriture.

Les chapitres sont courts. C'est assez bref mais on est saisi par cette brusquerie. En tant que lectrice, je me suis sentie prise par cette forme et ça a captivé mon attention. Tout particulièrement pour les passages qui concernaient Berenice. Ca apportait quelque chose en plus à ce personnage perdu et énigmatique.

La plume est donc très jolie, agréable à suivre. Il y avait de la légèreté dans la forme malgré la lourdeur des propos. L'écriture nous aide peut-être à mieux supporter cette ambiance difficile et qui apporte une vérité dure à accepter. C'est peut-être aussi pour cela que j'ai relevé de nombreuses belles tournures de phrases, intelligentes, imagées parfois, et très sensibles.



J'ai appris pas mal de choses que je ne connaissais pas avec cette lecture. Je me suis rendue compte que j'avais une connaissance superficielle du sujet, et de très nombreuses fois j'ai fait des recherches à côté pour mieux comprendre ce qu'il se passait, ce qui s'était passé et ce que cela impliquait aujourd'hui.

J'en suis ressortie plus riche au niveau de mes connaissances, de mes émotions et sur mon humanité. Mais aussi sur l'importance de la Voix et de la Mémoire. J'ai eu un peu honte aussi, et ça m'a poussé à une réelle introspection de moi-même et une réflexion sur le monde.

J'ai vu dans certains commentaires que pour eux, le roman était un peu superficiel. Que ça aurait pu aller plus loin ou être plus sombre. Car d'autres ouvrages sur le sujet était plus fort et plus proche de l'horreur sur la réalité vécue. Ils ont sans doute raison, mais je pense que ce roman peut-être un bon début pour ouvrir la voie sans pour autant bloquer le lecteur sur ce qu'il pourrait avoir envie de découvrir ensuite en ce qui concerne ce qui s'est passé. Une approche plus douce pour un sujet fort sensible.

A partager avec le plus de lecteurs possible.
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Furies

Ils sont trois, ne se connaissent pas au début de « Furies », ils se rencontrent une fois leur histoire personnelle narrée.



Bérénice vit en France, c’est une jeune archéologue devenue spécialisée dans le trafic d’œuvres d’art. Son père est décédé, le deuil est lourd à porter, il a éteint avec lui leurs origines orientales. Dans le cadre de sa mission, elle doit se rendre à la frontière Syrienne pour y récupérer des œuvres.

Elle va rencontrer un syrien nommé Asim un pompier devenu fossoyeur après un deuil d’une violence inouïe. Ils seront rejoins par une fille abandonnée / sauvée par sa mère d’un camp de réfugiés.

Tous les trois, ils sont les porte-paroles d’un peuple, ils se doivent de transmettre l’indicible pour que la lutte persiste et soit reconnue.



Le contexte historique est éminemment terrorisant : l’histoire se déroule dans une Syrie dévastée qui pensait avoir gagné des libertés mais dont la descente aux enfers ramène le peuple dans une réalité morbide. Les femmes vivent une Guerre et des inégalités abominables, le sexe féminin n’est rien. « Femme ! Vie ! Liberté »



Julie Ruocco nous fait vivre la Syrie et ses drames, elle met en opposition l’inhumanité des « hommes en noirs » et le profond altruisme des personnages. Elle met en lumière le peuple qui se soulève, mène une révolution malgré toutes les désillusions, malgré tout le sang qui coule dans le pays.



Ce livre fulgurant, nous met face à une réalité d’aujourd’hui, à se demander comment et pourquoi l’Histoire se répète t-elle? La mémoire a-t-elle une fin ?
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