J’ai tendance à penser que je suis assez éclectique dans mes choix de lecture. Et pourtant, lorsque j’ai eu Furies de Julie Ruocco entre les mains, je n’étais pas très emballée. Le résumé me promettait une histoire se déroulant à la frontière syrienne et après avoir lu quelques romans un peu plombants, je m’attendais à une histoire assez horrible et dure, alors que je rêvais de douceur. Alors, j’ai commencé ma lecture un peu tendue. Pourtant…
Bérénice est archéologue. A la mort de son père, elle rencontre un ami de ce dernier et bascule dans le trafic d’antiquités. Elle arrive en Turquie, à la frontière syrienne, pour récupérer quelques pièces à ramener en France. Asim, lui, est un pompier syrien qui fabrique de faux papiers. Et c’est ainsi que Bérénice et lui vont se rencontrer.
Bérénice est un personnage solitaire. Jusqu’à ce qu’une réfugiée lui confie sa petite fille. Elle va alors tout faire pour quitter le pays avec elle et pour cela, il va lui falloir obtenir des papiers pour la petite. C’est là qu’elle va rencontrer Asim. En arrivant en Turquie, il a été recueilli par un vieil homme qui faisait de faux papiers et lui a enseigné son savoir-faire. Asim a quitté son pays après un drame épouvantable qui l’a complètement brisé. Il porte dans son âme les victimes syriennes.
Je ne vais pas vous mentir, Furies n’est pas un livre facile à lire. Furies n’est pas un livre facile à oublier non plus. L’histoire d’Asim risque de vous accompagner un bon moment si vous vous plongez dans ce roman. On s’attache très vite à lui. Ce qu’il décrit de la Syrie est éprouvant. Les restrictions, les interdictions, la violence, la mort, les charniers. Et lui au milieu de tout cela qui tente d’offrir des sépultures décentes aux victimes et recueille leurs noms pour ne pas qu’on les oublie.
La rencontre entre Bérénice, la petite et Asim apparaît comme une petite bulle de normalité, pourtant fragile.
Ce premier roman de Julie Ruocco, attachée parlementaire européenne à Bruxelles, a été écrit de chez elle, durant le confinement, après des jours et des jours de recherches sur internet. Cela semble incroyable car Furies nous projette vraiment à la frontière syrienne, au milieu de la détresse humaine et du désespoir.
L’écriture est belle et l’histoire aussi, malgré la dureté, malgré l’horreur. Cela tient à l’histoire d’Asim, triste et empreinte d’humanité. Ce que vivent les Syriens est un véritable cauchemar et on ne peut s’empêcher de ressentir une grande empathie et une grande tristesse pour ces gens qui ont tout perdu et, pour certains, tentent de fuir coûte que coûte pour rester en vie.
J’ai trouvé ce roman d’une grande sensibilité, et d’une grande beauté. Et je ne regrette pas d’être sortie de mes lectures habituelles pour découvrir Furies. C’est une histoire qui va m’accompagner longtemps.
Je regrette de ne pas pouvoir en parler mieux, de ne pas pouvoir en faire une véritable analyse, de ne pas trouver les mots justes pour vous donner envie.
La seule chose que je peux finalement dire, c’est que c’est beau et triste. Et lumineux. Oui, c’est cela, lumineux.
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