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Critiques de Kae Tempest (127)
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Écoute la ville tomber

Londres dans le rétroviseur de la Ford Cortina. Pied au plancher, Leon se dirige vers l'autoroute. Becky a pris place à ses côtes. Harry l'observe depuis la banquette arrière. À la fois apeurés, euphoriques et excités, tous les trois fuient cette ville et cette vie. Du fric plein le coffre. Ne pas trop regarder en arrière. Éviter de penser à ce qu'il pourrait leur arriver si on les retrouvait...

Un an plus tôt... Becky, jeune londonienne de 26 ans, est danseuse et rêve de décrocher un beau rôle. En attendant, elle travaille comme serveuse, dans le bar de ses oncles, et masseuse. Harry, elle, travaille dans les ressources humaines mais aussi deale de la coke avec son pote, Leon, qui lui sert plus ou moins de garde du corps. Quant à Pete, le frère d'Harry, il peine à trouver un boulot à la hauteur de ses diplômes. C'est dans une Londres grouillante et vivante que ces quatre-là vont se croiser...





Slameuse, rappeuse, poète, Kate Tempest sait incontestablement manier la plume. Et son premier roman en est la preuve. Percutant, moderne, survolté, à fleur de peau, "Écoute la ville tomber" dresse le portrait d'une jeunesse tourbillonnante, désenchantée et bouillonnante au cœur d'une ville fourmillante. Qu'ils soient sans boulot, obligés de faire des extras très intimes ou encore de dealer pour s'en sortir, nos quatre héros se débattent sans cesse et s'accrochent à leurs rêves. Dans une Angleterre âpre, au climat social tendu, l'auteure dépeint sans retenue une société désillusionnée. Elle nous offre une chronique sociale, politique et familiale, ultra-moderne et menée tambour battant. Des personnages entiers et éclatants, une écriture à la fois poétique et vive, des dialogues percutants et une urgence d'aimer et de vivre.
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En peu de pages et sept petits chapitres d'une vingtaine chacun, Kae Tempest livre ses réflexions sur la relation humaine, les affres de l'apathie, les joies de l'empathie, de la créativité, de l'art et de la musique.



Elle parle finalement assez peu d'elle, même si elle relate son expérience personnelle de la connexion, ayant orienté sa démarche vers l'autre, au point que même dans les moments difficiles elle se sent capable de rebondir en ouvrant les bonnes portes, en s'échauffant, en se lançant pour finalement sentir que cela prend. Ces quatre dernières propositions constituent les titres des quatre derniers chapitres de cet essai.



De nombreux messages passent, pour le lecteur capable d'écoute et d'introspection, capable de lâcher prise, de sortir du quotidien pour être attentif à un environnement quelquefois insoupçonné.



Art, créativité, musique sont ses principaux piliers pour conduire sa vie, en se laissant aller au coeur de la puissance créatrice et de tout ce qu'elle peut induire sur l'évolution de sa personnalité.
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Écoute la ville tomber

C'est la couverture et plus particulièrement le titre qui m'ont d'abord attirée vers ce livre. Les thèmes qui lui sont associés ont fini de me convaincre.



C'est un peu long à se mettre en place, l'autrice prenant son temps pour camper ses personnages : Becky, Harry, Leon, Pete, et quelques autres également. Chacun a une histoire familiale qu'il nous faut connaître, celle qui les a façonnés et amenés là où ils en sont aujourd'hui. L'autrice nous offre, du coup, un aspect psychologique abouti, non négligeable. On fait donc connaissance avec ces personnages un peu paumés, un peu déçus du chemin qu'ils ont parcouru, mais qui cherchent encore un sens à leur vie, gardant toujours un espoir de réaliser leurs rêves un jour. Je n'ai pu m'attacher à aucun d'entre eux, chacun ayant un rapport trop familier avec la drogue (ils n'en sont pas moins intéressants et magnétiques).



Les événements se déroulent dans un Londres un peu particulier : dans un quartier du sud-est, souvent pluvieux, crasseux, irrespirable. On voit les protagonistes évoluer dans le monde de la drogue, du deal et des fêtes nocturnes, coincés dans une sorte de routine inéluctable. Là encore, l'autrice réussit à implanter le contexte avec brio. On ressent, tout au long de la lecture, cette atmosphère plombante, déprimante, nauséeuse qui pèse sur l'état d'âme de chacun d'entre eux.



Les phrases courtes, conjuguées au présent ou carrément sans verbes, viennent s'ajouter à l'ambiance générale. La plume de l'autrice est efficace, ses mots sont forts, justes, percutants. J'ai particulièrement apprécié.



Ce n'est, en revanche, pas un roman dont l'action prime. Ne vous attendez donc pas à ce que ça bouge constamment. En ce qui me concerne, ce n'est pas forcément ce que je recherche dans une lecture, je n'en ai donc pas été gênée. Et faut dire que comme tout le reste est approfondi, je ne me suis finalement pas rendu compte qu'il n'y avait en fait pas vraiment d'intrigue, ou plutôt devrais-je dire pas de rebondissements, de revirements de situation et de suspense (attention ! je n'ai pas dit qu'il ne se passait rien !).



J'ai eu un peu de mal avec la fin, quelque peu étrange, pas vraiment adaptée avec les aspirations des personnages. Je n'arrive pas à déterminer si elle me laisse un arrière-goût d'inachevé ou si elle n'est tout simplement pas celle que j'aurais voulue...



Malgré quelques longueurs (que je ne considère pas comme inutiles), une intrigue qui passe un peu inaperçue et une fin qui me plaît moyennement, ce roman noir m'a tout de même conquise par de nombreux aspects : une ambiance sombre et oppressante, un contexte et des lieux bien enracinés, des personnages bien creusés, le tout dépeint dans un style d'écriture puissant, incisif, convaincant. J'en garderai, dans l'ensemble, un bon souvenir.

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Écoute la ville tomber

Voici un roman contemporain qui a du souffle ........

Beccky, Harry, Léon, Pete quittent Londres, leur ville, en pleine nuit, à l'aide d'une Ford Cortina de quatrième main , une valise d'argent pour seule et unique ressource , réunis par une furieuse envie de se réinventer et d'échapper à tout .......

Pourquoi quittent - ils la ville ? Le pays ? Mais que cherchent t-ils à fuir ?

L'auteur , de main de maître , à l'aide d'une écriture époustouflante, âpre et percutante, énergique et forte, incisive et lyrique construit magistralement son histoire pour faire vivre ses personnages et les inscrire dans le temps .......

Eux sont intrépides, complexes et attachants, en mouvement , jamais dans le sordide malgré leurs défauts : ils sont vrais , ils sniffent, boivent , dansent , observent et se posent maints questions ........

Ils tentent à tout prix de préserver en eux la spontanéité , le désir, l'impulsion vitale, même s'ils sont constamment hantés par le désenchantement .

Ils manquent de repères , se cherchent , rêvent , survivent, dans l'attente........

Ils se débattent malgré les excès de divertissement , l'âpreté matérielle et ------toujours-------le culte des apparences .

Souvent ils cumulent deux emplois : Becky est danseuse, masseuse et serveuse, Léon est l'associé et l'ami de Harry, Pete, au chômage tombe amoureux de Becky, Harry tout en travaillant dans les ressources humaines deale des substances illicites ......n'en disons pas trop .....

L'auteur, talentueuse , que l'on sent passionnée et "pressée", à "son aise "au style affûté et poétique réussit un tour de force car cette histoire "vive" se déroule à toute allure , les dialogues sont maîtrisés , comme irrigués d'une expérience de l'humain sans équivalent .

C'est ultra contemporain, humaniste et bienveillant , poignant , éblouissant , enlevé . Un ouvrage et un genre que je n'ai pas l'habitude de lire , pourtant !

Un premier roman .Le titre est accrocheur .

Merci à Claire , mon amie de la Médiathéque .

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Écoute la ville tomber

Quelle écrivaine prometteuse ! Dès les premières pages, ça claque en mode époustouflant ! L'écriture est surprenante, électrique, survoltée, pas loin du slam, normal, Kate Tempest est aussi poétesse et rappeuse.

Elle sait incontestablement insuffler du rythme et de la poésie dans une écriture emplie de pulsations au service de très beaux personnages dont l'âme palpite allègrement. On palpite avec eux.

Becky, Harry, Léon, Pete. de jeunes adultes qui vieillissent et veulent préserver leurs pulsions de vie et de désir dans un monde désenchanté lesté par les excès de drogue, l'âpreté du travail et les désillusions en tout genre. Tous éperdus d'utopie mais ne sachant pas vraiment où la trouver. Tous passionnants dans ce qu'ils disent de notre société post consommation, entre cynisme et rêves.

Ils ne sont pas seuls dans ce roman gorgé de vie : un tourbillon de personnages les accompagnent, parents, amis, personnages principaux et secondaires s'entremêlent sans qu'aucun ne soit négligé, tous ont droit à une présentation d'une grande finesse de ce qu'ils ont été, de ce qu'ils sont et de ce qu'ils aimeraient être.

Le dernier tiers est un peu en-dessous du reste, plus classique, comme si l'intrigue en elle-même était anecdotique, mais pas grave on tient la une vraie auteure, brillante, contemporaine et fraiche. A suivre



PS : je vous conseille ces videos-performance de Kate Tempest, ça assoit bien sa personnalité

https://www.youtube.com/watch?v=Ype63tsMMTw

https://www.youtube.com/watch?v=QSVyyykaEOo
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Écoute la ville tomber

Attention ! Pépite ! C’est LE livre à lire. Au même titre que « Nous rêvions juste de liberté ». Ce n’est pas du tout le même thème, ni la même écriture, mais je le mets à la même hauteur.



Nous pénétrons dans le coeur de l’Angleterre, à travers les personnages de Becky, Harry, Pete, Léon et tant d’autres.



Tout commence par une fuite en voiture de Becky, Harry et Léon. Pourquoi fuient-ils ? Kate TEMPEST, petit à petit, nous dévoile les rêves, les attentes et les déceptions de ces personnages attachants.



C’est âpre, noir, incisif. La jeunesse est esseulée. La drogue et l’alcool sont des palliatifs avec ses conséquences néfastes. Les rêves s’effondrent les uns après les autres, malgré l’envie de réussir et de s’en donner les moyens. Mais les dès sont faussés dès le départ.



Comment survivre, oui, car il s’agit de survie, au sein de nos sociétés dévoyées, où il faut parfois, et de plus en plus souvent minimum deux emplois pour ne serait-ce que pouvoir payer le loyer et les factures ? Et où le « bling bling » prend le pas sur la vie. Malgré tout, l’espoir est là pour ceux qui savent le saisir au bon moment.



Gardez les yeux ouverts, vivez vos rêves, ne renoncez pas, voilà le message de Kate TEMPEST. Je vous recommande également d’écouter son dernier titre : Europe is Lost ! En tout cas, une artiste à suivre.



A vous de voir !

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Qu'on leur donne le chaos

La présentation de ce recueil de poésie par les éditions l’Arche est pour le moins atypique. D’un côté, on trouve la version traduite en français, de l’autre, celle en version originale. Il suffit donc, pour les amoureux de la langue de Shakespeare, de retourner l’opus.



« Imagine un vide

Une infinie et immobile noirceur

La Paix

Ou l’absence au moins

De terreur. »



Voilà, c’est ainsi que ça débute. Et c’est fort, violent même, et ce sera ainsi tout du long. Pas de filtre pour une parole percutante où la rage se fait entendre à travers les mots.

On va entendre sept monologues de sept personnages différents, à la dérive. Dans un monde pollué ou le lien social s’est détérioré, la jeunesse a recours à la drogue, l’alcool ou les médocs pour tenter d’oublier son désespoir, sa difficulté de vivre.

Que leur propose la vie ?



« Je sais que j’existe

Mais je ne ressens rien,



Je suis éclipsé

Je suis ailleurs. »



Avec des vers asymétriques, le rythme est haché. On ressent le vide et la pesanteur de la vie. N’y a-t-il aucun recours pour une vie meilleure ? Peut-être plus d’amour, en tout cas c’est ainsi que ce termine ce recueil



« Je suis dehors sous la pluie

C’est une nuit froide à Londres

Hurlant à mes proches

De se réveiller et d’aimer plus

Suppliant mes proches de

Se réveiller

Et d’aimer plus. »



« Ce poème a été écrit pour être lu à voix haute » est-il précisé sur la page du titre. Peut-être est-ce pour cela que j’ai eu du mal à entrer vraiment dans le texte. L’entendre déclamer à voix haute, voire crié, m’aurait sans doute aidée.



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Écoute la ville tomber

De Kate Tempest, je connaissais la voix et les très belles chansons (pour les curieux, allez écouter le très beau « People's face »). Je la retrouve ici romancière.



Bon c'est une déception. Les toutes premières pages sont magnifiques. Et puis ce n'est que du vide. Probablement symptomatique de nos sociétés ultra-libérales, consuméristes et post-industrielles. Le récit est très détaillé, les dialogues s'étirent sans intérêt, le dénouement attendu. Les personnages sont caricaturaux, d'un seul bloc. Tous névrosés, tous déprimés.



Musique, alcool, drogue, n'y a-t-il rien d'autre dans la vie de nos ados ? Leur job de merde, la solitude des grandes villes, l'absence de perspectives, l'impossibilité du bonheur, ça me met vraiment le cafard. Et ça fout vraiment les boules, car ces jeunes-là n'ont absolument rien à perdre et surtout rien à gagner.



Quel monde laissons-nous derrière nous ?

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Écoute la ville tomber

C'est la critique de Josephine2 qui m'a donné envie de lire ce livre mais une fois dans les mains, je me suis surprise et ai même regretté de l'avoir choisi sur les étagères de la médiathèque. La 4ème de couverture , bien qu'intéressante m'a semblé bien éloignée de ce que je lis et aime habituellement. J'ai donc ouvert ce roman avec peu de conviction et dubitative. Et pourtant, je me suis régalée !

Je remercie donc Josephine2 car sans sa critique, je serais passée à côté de ce livre !

Comment ne pas se laisser happer par tous ces personnages attachants et complexes qui luttent pour se faire une place, pour avoir une petite part de bonheur, pour réaliser leur rêve, vivre en harmonie avec ce qu'ils sont et ressentent , pour chercher un sens à leur vie dans ce Londres qui ne fait pas de cadeau ?

Ce roman noir est vertigineux, on est pris dans les tourments de Londres et dans les vies de Becky, Harry, Léon, Pete , vies qui s'entremêlent et qui nous amènent à faire connaissance avec celles de leurs parents . Vies , loin d'être linéaires et sereines.

L'écriture est par ailleurs poétique tout en étant percutante, j'aime beaucoup. Un livre à découvrir !!!

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Les nouveaux anciens

Ce que j’ai ressenti:…Un souffle de tempête, un raz-de-marée poétique fulgurant…





Puisque les dieux nous ressemblent,

Puisque les mots nous rassemblent,

Il te reste à écouter les larmes des poètes…



(Infinitésimale sensibilité)

Puisque de tout temps, les histoires sont là,

Puisque les légendes pèsent leurs poids,

Il te reste à entendre la ballade Tempest…



(Ecoute la ville tomber)

Puisque Les nouveau anciens inspirent,

Puisque les anciens nouveaux expirent,

Il te reste à respirer le « flow » de Kate…



(Dieux Ordinaires d’Éternité)





Et comme la beauté se saisit dans les instants,



(Indifférence)

Et comme l’amour se cache dans les présents,



(Violence)

Et comme les illusions se nourrissent de moments,



(Déchéance)

Kate Tempest illumine de passion, et de talent



(Transe)

La scène Slam, embrasse les dieux, en tournoyant…



(Puissance)

Stelphique



Dans cette chronique, je réponds à ce poème par un poème, parce que le coup de coeur était là.



Palpitant. Rougeoyant. Dynamisant.



Je n’ai fait que lire et relire ce texte contemporain, aux encablures lyriques, jeté aux vents tempétueux, libre de voguer sur nos scènes de vies dramatiques, et divinement inspiré pour une bouleversante épopée…



J’ai aimé, j’ai adoré, j’ai sombré au cœur de la tempête, au cœur de Tempest, aux larmes de Kate…
Lien : https://fairystelphique.word..
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Écoute la ville tomber

Plein de bonnes choses dans ce roman: des personnages intéressants, une ambiance qui capte quelque chose de profond de la vie londonienne contemporaine, une écriture qui a de la force.



Dans ce portrait d'une jeunesse londonienne malmenée tant par les difficultés économiques que par le cynisme, l'égoïsme ambiants, à qui on vend du rêve en lui demandant de prendre goût à la déception, Kate Tempest prend le temps d'évoquer la vie des parents de ses personnages, comme pour mieux faire sentir que, dans cette Angleterre post-Thatcher&Blair, l'espoir placé dans la lutte politique, dans le collectif s'est évanoui. Le père de Becky, John, auteur populaire à gauche d'un essai subversif, Comment prendre le pouvoir sans qu'il vous prenne, en vient à représenter une force considérable dans l'opinion publique. Il se retrouve alors calomnié, sali, emprisonné. Et avec lui semble-t-il l'enthousiasme qui le portait, le rêve de contribuer à construire un monde meilleur. Gros contraste entre cet homme passionnément animé par son combat contre ce qui oblige à croupir dans la misère et ces gens dont nous parle l'ouverture du roman, anéantis par l'argent, qui «passent leurs journées le regard fixé sur des objets. Se fondent dans la masse, veulent suivre la foule. Leur credo, c'est la tendance. Leur horizon se limite aux soirées en boîte et à la défonce, les traits liquéfiés par l'alcool et la came, de la haine au fond des yeux le lendemain matin.»



Pourtant entre les fêtes, la drogue, le chômage, les boulots pas très reluisants, les espoirs branlants, «Chacun cherche cette étincelle qui donnera du sens à sa vie. Cette miette de perfection fuyante qui fera peut-être battre leur coeur plus fort.»



Au début, j'ai vraiment cru que j'allais adorer, que Kate Tempest allait avoir sa place dans mes écrivains préférés. Malheureusement, au niveau rythme de la narration, ça n'emporte pas vraiment, c'est un peu mou, contrairement au style, souvent percutant. Bon, c'est un premier roman, peut-être que le prochain sera un chef-d'oeuvre.
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Écoute la ville tomber

Ce que j’ai ressenti:



***Entends l’effondrement des rêves…



C’est Becky, Pete, Harry, Léon et Londres…Mais ça pourrait être toi, moi, tes amis, ta ville…Tellement ce roman, il s’inscrit dans la réalité de nos jours. Vibrant, étonnant, puissant…Une réalité de jeunes trentenaires qui se débattent dans un quotidien absurde de superficialité, nimbée d’ombres d’addictions, avec une perspective d’avenir nébuleux…Une génération désenchantée. Ils n’ont pas encore renoncé à leurs rêves, mais ils ne l’ont pas encore touché du doigt non plus, alors ils se fracassent entre drogue et alcool, se drapent de fierté et donnent un dernier élan pour essayer d’atteindre leurs objectifs…Mais regarde les murs se craquellent…Et Ecoute la ville tomber…



« La ville bâille, fait craquer ses phalanges. Regarde quelques pauvres âmes sombrer, par sa faute, dans la spirale de la folie. »



***Entends la voix de Kate…



J’avais déjà eu un coup de foudre pour la plume de Kate Tempest avec Les nouveau anciens, et d’ailleurs elle y fait un très joli clin d’œil à la fin de son premier roman. Dans Ecoute la ville tomber, on sent encore sa volonté de nous parler de la jeunesse soumise à des désordres affectifs et sociaux, mais avec une rage de vivre étourdissante. Addictif, violent, percutant. Kate Tempest arrive à capturer les états d’âmes écorchés, les ambitions folles, les corps meurtris, les rêves idéalistes, les cœurs brisés et les idées fulgurantes qui animent ses citadins et nous renvoie tout cela, dans une poésie fracassante…Entre le béton, les gris de l’âme, les bleus au corps, l’asphalte sans fin, le sang versé, les illusions perdues, Londres ne reluit pas vraiment, mais que veux-tu? …Ecoute la ville tomber…



« Regarde la ville s’écrouler pour se relever à travers la brume et les mains rouges de sang. »



***Entends le coup de coeur.



C’est le genre de lecture qui ne laisse pas indemne. Tu reçois en pleine figure, un coup de poing de solitude mortifiante et un uppercut de désespoir englué par les conséquences d’une ville vorace, et tu le ressens puissance Poésie, parce que l’écrivaine a un talent fou pour transmettre les mots et les émotions. Elle te rend accro aussi bien que groggy, d’intentions et d’instants suspendus. Je suis touchée par l’énergie qu’elle a d’être aussi à vif, et de le rendre en choc littéraire…Pour moi, même si je ressors un peu KO et bien vacillante à l’issue de cette lecture, je n’ai rien eu de moins, qu’un énorme coup de cœur…







« Chacun cherche cette étincelle qui donnera du sens à sa vie. Cette miette de perfection fuyante qui fera peut-être battre leur cœur plus fort. »







Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Écoute la ville tomber

J'ai découvert Kate Tempest en lisant une de ses pièces de théâtre, en l'occurrence - Inconditionnelles - dont j'ai dit sur Babelio tout le bien que j'en pensais.

Une vidéo et un clip plus tard, vidéo dans laquelle la dramaturge, écrivaine, poétesse, auteure-compositrice interprète parle à un public conquis de son premier roman - Écoute la ville tomber -, je fais l'acquisition dudit roman.



Le pitch met en scène la fuite dans une voiture de quatrième main de trois jeunes londoniens : Leon, Harry et Becky.

Tout laisse à penser qu'ils ont fait un casse ou quelque chose d'approchant et qu'ils sont en cavale, poursuivis par on ne sait qui...

Un flash-back nous ramène un an en arrière.

Becky est une très belle jeune femme de vingt-six ans, danseuse de talent qui n'arrive pourtant pas à percer. Pour survivre et laisser une chance à sa passion et à son talent d'être reconnus, elle travaille comme serveuse dans le restaurant " Chez Giuseppe ", tenu par son oncle Ron, qui l'a élevée après que son père, John Darke, universitaire engagé et homme politique promis à un brillant avenir ait écrit - Comment prendre le pouvoir sans qu'il vous prenne -, un essai politique révolutionnaire qui va le mener à sa chute et après une cabale, en prison pour longtemps, et que sa mère, Paula Chogovitch, soeur de Ron, photographe de renommée ayant renoncé à sa carrière pour son mari et pour sa fille Rebecca ( Becky ) se soit exilée dans une communauté religieuse aux USA. Becky travaille chez son oncle et le soir ou la nuit pour une agence de masseuses à domicile...

Au cours d'une party elle fait la connaissance d'Harry, un petit bout de femme genre garçon manqué. Pour Harry, c'est un coup de foudre. Pour Becky qui considère d'abord les êtres avant de s'intéresser à leur identité sexuelle, l'attirance pour Harry est réciproque.

Harry travaille depuis sept ans avec Leon, un de ses voisins de quartier, un ami d'enfance, le seul avec lequel elle ait jamais réussi à s'entendre et à partager quand Miriam, sa mère et Graham son père, quand les garçons et les filles de son école ostracisaient la colombe, cette femme avec une femme.

Leon et Harry dealent de la cocaïne pour Pico, un architecte d'intérieur.

Ils économisent dans l'espoir d'avoir un jour un million de livres pour vivre leurs rêves.

Harry a un frère cadet, Pete, un grand échalas, un artiste raté qui vit de petits boulots, d'aides sociales et autres " paradis artificiels "...

Gros lecteur, il entre un jour " Chez Giuseppe ". Il tient dans sa main l'essai de John Darke autrefois mis au pilon et " censuré ".

Becky est de service.

Choc lorsqu'elle voit le livre que lit ce client qu'elle ne connaît pas.

Pete, lui, est fasciné par cette fille pas comme les autres, très belle et...

Ça matche entre eux.

Pete a l'amour possessif ; le job de masseuse de Becky commence à le ronger.

Cela ne l'empêche pas de présenter Becky à sa mère Miriam et à son nouveau compagon David, un opticien un peu gauche.

Le hasard étant comme chacun sait bizarre, Harry retrouve Becky chez sa mère. Entre les deux jeunes femmes la magie continue d'opérer.

Entretemps Pico a été condamné à huit mois de prison pour... amendes impayées.

Harry et Leon doivent reconstituer leur stock de cocaïne.

Ils ont rendez-vous avec le remplaçant de Pico, Joey, qui essaie de les gruger.

Il agresse et menace Harry.

Leon vient à son secours et castagne le petit escroc.

Harry et Leon s'enfuient avec 1,5 kg de cocaïne et le contenu en liquide du coffre-fort.

Or il s'avère que ce n'est pas à Joey que Pico avait laissé les rênes de son affaire... mais à Ron, l'oncle de Becky...

Un soir, Pete est invité à dîner chez sa mère et son compagnon, qui veulent lui présenter Dale, le fils de ce dernier.

Les deux garçons finissent la soirée ivres morts et défoncés dans un pub.

Pete, de plus en plus tenaillé par la jalousie, se confie à Dale et lui demande d'avoir recours aux services de Jade la masseuse afin de s'assurer de la moralité de Becky, la femme de sa vie.

À l'initiative d'Harry, toute la famille se retrouve réunie quelques jours plus tard dans un pub de leurs amis pour fêter l'anniversaire de Pete.

Il y a Becky, Harry, Leon, Pete, Miriam, David, Graham...Ron et Dale...



Kate Tempest a construit sa narration en bonne dramaturge qu'elle est. Elle réussit à faire de l'improbable une évidence.

J'ai lu pas mal de critiques avec lesquelles je suis d'accord.

Le souffle, la flamboyance, l'influence de la poétesse et de l'auteure-compositrice sur l'écriture de ce roman sont indéniables.

Il y a une incontestable patte Kate Tempest.

Deux remarques pour terminer.

Un, la fin ne méritait pas à mon sens une chute extra-ordinaire...Pour paraphraser Baudelaire, je dirais que " le plaisir vaporeux ne fait que fuir vers l'horizon... le temps est un joueur avide qui gagne sans tricher, à tout coup ; c'est la loi !"

Deux, le maniaque, l'obsessionnel malheureux que je suis qui, lorsque par exemple un auteur emploie le mot " arcanes " ou la locution prépositive " à l'aune de ", retrouve ce mot ou cette locution deux ou trois fois dans un livre de même un millier de pages s'ulcère de ce qu'il ressent comme étant une répétition à la limite du tic, imaginez un instant ce que j'ai pu éprouver en lisant quatorze fois en 425 pages " balayer du regard "... une crise d'exacerbation phobique !!!

En dehors de cette dernière remarque, tout concourt à faire de ce roman un avant-goût du talent très prometteur de Kate Tempest.

Une radioscopie sans pathos d'un monde où " l'angoisse atroce, despotique, sur nos crânes inclinés plante son drapeau noir ". Une déclaration d'amour déçu à une ville, personnage tout aussi central que ceux sus-mentionnés. J'ai vraiment apprécié... en dépit de mon TOC de répétition...
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Inconditionnelles

Ayant eu récemment quelques remarques ( peu, mais "un peu" que je considère ) sur l'excès de longueur de certains de mes billets, je m'efforcerai, lorsque je l'estimerai pertinent et non préjudiciable au partage et à la justification de mon ressenti, d'écourter ceux à propos desquels trop "m'étendre" nuit.



Ceci posé, je veux d'entrée de jeu dire que le texte de Kae Tempest est un vrai coup de coeur !

Cette artiste britannique polymorphe : poétesse, musicienne ( auteure compositrice interprète ), écrivaine et dramaturge ( je n'oublie rien... je fais "concis" ), revisite, "dépoussière" le théâtre en faisant interagir l'écriture d'une pièce composée de 23 scènes, l'écriture et l'interprétation de chansons, l'écriture et la déclamation de poésies.



Loin de l'opéra, de l'opérette ou de la comédie musicale, elle nous offre une oeuvre dont la parenté avec ses prédécesseurs ( toujours en vie !) n'est pas à nier ni à renier, à condition d'imaginer Arthur Miller écrivant un texte dont Higelin ( père ou fille ) écrirait les chansons, que côtoieraient des classiques de Freddie Mercury, de Janis Joplin, de Ferré, de Zazie ou d'Eddy de Pretto, et que ponctueraient les textes poétiques d'Orelsan, d'Akhenaton, de Soprano ou de Joey Starr...



De nos jours dans une prison quelque part en Angleterre deux jeunes femmes Chess et Serena partagent la même cellule.

Chess a été condamnée à 25 ans de prison après le meurtre de son compagnon, père de sa fille Kayla dont elle n'a plus de nouvelles depuis des années.

Serena, elle, purge une peine de 4 ans pour vol de montres et pour avoir dealé ou mis le nez dans quelque chose qui a un rapport avec les stupéfiants.

Elle est mère de deux enfants avec lesquels les liens sont plus que distendus.

Chess qui a vécu sous l'emprise de son conjoint violent, n'a jamais réussi à s'épanouir.

Or, elle a un vrai don pour la musique, pour la composition, pour l'écriture, pour la poésie...et elle chante... bien.

Serena qui, jusque-là, a été une perdante, une paumée, une victime, est toujours dans le doute et le manque de confiance en elle.

Mais contre toute attente, dans cette prison, elle a trouvé Chess et avec elle a pu donner un sens à sa vie.

Les deux femmes sont éperdument amoureuses l'une de l'autre.

Oui mais voilà, la probation, la conditionnelle et la libération se profilent pour Serena.

Et avec elle la séparation.

Chess va occuper une partie de ces journées difficiles qui précèdent le départ de celle qu'elle aime en participant à un atelier musical dirigé par Silver, un "coach" qui va changer la vie des deux femmes.

De réticences, en renoncements puis en consentements, Chess va écrire, composer, interpréter et enregistrer un CD pour Serena... avec la promesse des deux femmes que cet enregistrement ne restera connu que d'elles.

Sauf qu'avant de quitter la prison, Serena a promis à Chess qu'elle ferait tout pour retrouver Kayla.

Alors une fois dehors, elle ne trouve rien de mieux à faire que publier sur YT la chanson que Chess a écrite pour sa fille.

Très vite la chanson dépasse les 300 000 vues, attire l'attention des radios, des télés, des producteurs, des journalistes et la colère de Chess qui se sent trahie par Serena...



Pendant deux bonnes heures, Kae Tempest vous transporte dans l'univers carcéral, dans ce drame qui se joue entre ces femmes, le tout rythmé par des chansons connues, par d'autres composées par l'auteure, par des dialogues incisifs qui font mouche à chaque fois.

Ce qui est sidérant, c'est le talent qu'a Kae Tempest de traiter plusieurs sujets majeurs avec une grande efficacité et un minimum de mots et de situations.



L'émotion ( forte ) vous étreint tout au long de la pièce maîtrisée par une dramaturge virtuose.



Mon seul regret, c'est de ne pas, à défaut d'avoir vu jouer la pièce, avoir pu bénéficier d'une lecture audio afin de ne pas être interrompu par la recherche et l'écoute sur YT, chaque fois que nécessaire, de certaines chansons.



Une découverte en ce qui me concerne. Une découverte épatante !
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Les nouveaux anciens

A quoi servent les libraires? A nous pousser dans les mains quelque pépite qu'ils ont adoré et qu'ils veulent nous faire partager.

Un grand merci à la mienne (de libraire, qui est aussi une pépite) de m'avoir quasiment imposé, sûre de son fait, ce pénétrant poème slammé, roman de nous autres dieux des temps modernes encore porteurs de mythes ancestraux dans les allées de nos supermarchés, devant nos deadlines, nos dettes et nos divorces.



Ils s'appellent Kevin, Mary, Brian, Thomas, Clive, et se débattent avec violence et amour dans l'univers désenchanté d'une cité anglaise en déshérence, de pubs glauques en heures perdues devant de faux dieux télévisés. Mais ils vivent et vibrent pourtant du même feu que ceux des dieux d'antan que nous avons éteint, mais qui, heureuse nouvelle nous clame Kate! sont encore parmi et en nous.



Kate Tempest, poétesse, slammeuse, romancière, précise en incipit à ce court texte qu'il est écrit pour être lu à haute voix. Ce que je n'ai pas fait, et pourtant je vous assure que ses mots résonnent forts, bruts et lumineux.

Superbe découverte!
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Écoute la ville tomber

Becky la danseuse, Harry la dealeuse, Leon son frère de sang s'enfuient de Londres à tambour battant, une valise de billets posée sur la banquette. Retour sur les chemins qui les ont amenés là...

C'est la première fois que je suis déçue par Kate Tempest, dont le flow, le regard et la prose m'avaient frappée comme un uppercut à la découverte de "Les nouveaux anciens". Peut-être est-ce que le format plus conventionnel du roman convient moins à la singularité de sa voix de poète. il me semble en tout cas qu'il dessert ses personnages, suffisamment forts pour ne pas avoir besoin d'une intrigue alambiquée à la construction un peu maladroite.

Toujours est-il que Kate Tempest est une voix qui compte sur la scène britannique, voix à travers laquelle elle donne une visibilité pleine de puissance et de compassion à ceux à qui la société moderne laisse à peine de quoi respirer. De cet espace vital restreint dépourvu d'illusions, elle développe un souffle brut, à la fois puissant comme un cri et désespérant comme un râle, et c'est tout à son honneur de mettre ces invisibles dans la lumière, aussi crue soit-elle.
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Les nouveaux anciens

Ils s'appellent Jane, Kevin, Mary, Brian, Gloria, Tommy et Clive. Ils sont des maris fatigués de vivre et délaissant leur épouse, des femmes infidèles rongées par les regrets, des mères trompées, déprimées, battues, des demi-frères qui se côtoient en ignorant leur consanguinité, des jeunes hommes dont les yeux débordent de rêves, des jeunes femmes qui donnent un peu de chaleur et d'écoute aux losers, aux paumés, aux esseulés, aux écrasés, aux stressés, aux éteints, aux enragés, … Ce sont les guerriers spartiates modernes, les Médée prêtes à dévorer leurs enfants pour échapper à l'anonymat, les femelles en chaleur qui se déchainent pour la dernière star permabronzée du petit écran, véritable Dionysos.



Kate Tempest nous parle de ces « héroïnes, enlisées dans le boulot pénible de faire toute seule un homme d'un garçon », de ces filles « dont les cicatrices sont profondes mais une seule seconde d'un de ses sourires résonne en toi une semaine entière. ». Elle nous parle de ces voisins que nous croisons sans les saluer, sans même les regarder, pas le temps, pas l'envie, de ces personnes dont nous ne connaissons même pas le nom, alors que nous savons le nom de people riches et célèbres, le nom de leurs ex-copines et les nouveaux copains de leurs ex-copines. Elle nous parle de nous, qui sommes debout tôt encore et travaillons jusque tard, faisons la queue. Nous à genoux, perdus, épuisés. Deadlines, dettes, divorces. Elle nous parle de notre vocation oubliée, de notre sagesse oubliée, de notre oubli de comment se parler, de comment écouter.



Mais surtout elle nous parle de notre humanité si fragile, et pourtant présente dans chacun de nous, de nos menus héroïsmes, de nos épopées quotidiennes. Elle regrette les temps anciens, empreints de merveilleux, de fables, d'histoires avec des dieux imparfaits, presqu'à notre image, des dieux qui ne jugent pas. Elle exprime le besoin urgent de réenchanter notre vie, malgré l'usure, la fatigue, le prêt à payer, les enfants à éduquer, … Elle nous parle de notre courage d'aimer notre prochain, qui fait de nous l'égal des dieux. Nous sommes nés pour être grand. Il faut le croire, le savoir et le puiser dans les larmes des poètes. Nous sommes des dieux, accessibles, perfectibles, sublimes parfois. Et terriblement humains. Nous sommes les nouveaux anciens.



Ce long poème a été écrit pour être lu à haute voix, et peut-être même chanté comme l'étaient l'Iliade et l'Odyssée, comme l'étaient tous les poèmes de l'Antiquité. Malheureusement, en lisant ce texte en français, on perd énormément de la mélodie et du rythme du texte. Disparues les consonances, assonances, allitérations, jeux de mots. Evanouie la scansion. Il reste des enregistrements sur le net à droite et à gauche de Kate Tempest lisant son propre texte. Pur bonheur.



Franchement l'éditeur aurait dû joindre le CD du texte lu par l'auteur à cette publication, pour le plaisir de la musique que même les personnes ne comprenant pas grand-chose à l'anglais peuvent apprécier (j'en suis un fier exemple). Là on reste vraiment sur sa faim. Dommage.

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Fracassés

Ce que j’ai ressenti:



***A Choeur multiple…

Kate Tempest se prend au jeu du théâtre et fait résonner UN. les choeurs. DEUX. les coeurs. TROIS. les rêves effondrés. En une valse de slam et de scènes de vies embrumées, elle fait vibrer en trois voix, les aspirations de Charlotte, Dany, et Ted. Trois jeunes trentenaires égarés dans la vie, fracassés par le décès de leur ami Tony parti dix ans plus tôt, encore vaseux des substances illicites de la veille, et frileux sur leurs avenirs incertains. J’aime cette artiste qui se réinvente à chaque écrit. Toujours, la même fureur passionnée et sa poésie vibrante, Kate Tempest réussit encore à me surprendre et à me cueillir, quelques soient les genres où elle m’emmène.



"TROIS. Nos yeux ont

UN. Rétréci

TROIS. Et nos rêves ont

UN. Failli.

DEUX. On a vieilli, quoi."



***A cœurs fracassés…

Kate Tempest a, à cœur de se soucier des rêves des jeunes. De tous les jeunes, qu’importe leurs horizons. Elle voudrait leur donner l’impulsion nécessaire pour que les passions et les vocations jaillissent. C’est un thème récurrent dans ses écrits, et à chaque fois cela me touche. Elle trouve toujours des personnages avec du potentiel mais rompus à des désillusions. Fracassés sur un quotidien morne. Elle se fait voix pour une génération, qui n’a pas encore saisi sa chance, et nous chante Londres et ses sirènes d’alarmes…Et j’aime comme ça sonne, comme ça vibre, comme ça dérange…



"UN. Nos yeux fermés

DEUX. Mais nos consciences éveillées –

UN. Et ce vieux mantra obsédant et envahissant –

TROIS. L’espoir fait vivre, mais pas longtemps."



***A pleurs perdus…

90 pages. Des rêves à faire jaillir derrière les paupières. Des larmes naissantes au fond des yeux. Et un sursaut d’envie furieuse, d’y croire encore, un peu, avant le néant, avant la fin de la nuit…Elle me fracasse. A tous les coups. A chaque vers. Dans sa rage et son intention. Kate, quand je te lis, j’ai des tempêtes au bord des cils.



Mes yeux et mon cœur, fracassés. Reste que les émotions.



UN. J’aime. Deux J’adore. TROIS. Coup de Coeur.



"TROIS. Et qu’importent ce que nos cerveaux exigent de nous,

UN. Nos cœurs sont prêts à tout risquer."







Ma note Plaisir de Lecture 10/10
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Connexion

Ce que j’ai ressenti:



Possible que je sois la lectrice, le texte, l’autrice de cette chronique. Je ne me suis pas posée la question, parce que j’ai préféré m’arrimer, à l’instant. Faire connexion avec l’oiseau qui chante au-dessus, pieds nus dans l’herbe, juste dans le rayonnement du soleil. Pile dans le carré de lumière, qui sera bientôt parti, et tout proche de l’arbre. Possible aussi, que j’ai lu et relu, et relirai, cet essai étincelant de Kae Tempest, pour m’imprégner de son aura, son talent, son incarnation de la poésie. C’est ce que je voulais, cette connexion, là, maintenant, ce mois-ci spécialement, parce que je veux y mettre du sens. Du sens et de l’émotion, quand j’écris sur la toile #lireetcelebrerlesfemmes . Je veux lire, célébrer, écrire, réfléchir avec et auprès de celles qui m’apprennent chaque jour, à être plus consciente. J’écris cette chronique aussi pour ne pas oublier, que je fais partie de ce monde. Que j’ai une place dans ce monde bruyant, survolté, sur-informé, surfait. Qu’en fait, des fois, aussi, je suis submergée par le doute, que je ressens de l’apathie, de l’impuissance, de l’incompréhension. Alors, les mots de Kae Tempest, m’aident. Parce qu’elle propose de développer notre empathie, notre créativité, notre connexion. Parce qu’elle sait que quelque fois, on se perd, à vouloir plaire, chercher l’approbation, à s’échiner dans des tâches abrutissantes, à s’éloigner du vivant. La pandémie et la période de confinement lui ont permis de (se) donner des clefs de réflexions, sur ce qui nous empêche d’être pleinement nous-mêmes quand le système, les craintes et la peur s’invitent, dans nos quotidiens. Elle parle de boussole, de sens et de beauté. De l’Autre, de poésie, de scène et d’énergie. De synergie, d’élocutions et d’art. Des mots qui rassemblent au lieu de ceux qui divisent. Des mots, qui rendent possible, l’union. L’urgence aussi de se reconnecter, de se recentrer, de faire corps et âme avec l’émotion. La poésie est capable de cela. Même si c’est un essai, on sent la fibre évocatrice de Kae Tempest, cet élan de faire jaillir la poésie du néant, de la scène, du livre. C’est tellement fort, et vrai. Son expérience et son talent rendent cette lecture passionnante. J’étais reliée à son intention de connexion. J’ai compris sa mise en garde de ne pas se dénaturer pour de mauvais prétextes. Je suis totalement et fondamentalement, convaincue que c’est notre volonté d’émerveillement, d’empathie et de créativité qui sauvera notre monde. En fait, je pense qu’effectivement, il y a eu une Connexion, et même plus que cela, un coup de cœur!
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Fracassés

D'accord, on était prévenu:

UN. Si on est honnêtes avec vous,

TROIS. Vraiment honnêtes, sans faire semblant.

UN. Alors il faut qu'on vous dise: on comprend pas du tout ce que vous faites là.

DEUX. On sait pas trop ce qu'on fait là non plus.

TROIS. On aimerait bien avoir une vérité incroyable à vous révéler.

UN. On aimerait bien connaître le sens profond des choses.

TROIS. Mais non.

DEUX. On n'a rien à vous dire de plus que ce que vous savez déjà

N'empêche, malgré la franche lucidité de l'ouverture qui, si j'avais été plus maline, aurait dû me pousser à fermer illico presto le bouquin et à le ramener à la bibli, j'ai continué la lecture et j'ai été bien obligé de reconnaître qu'ils n'avaient pas tort. Certes il y a des choses justes et bien dites, certes on retrouve des thèmes de l'intéressant roman Écoute la ville tomber, en particulier le mal être d'une jeunesse londonienne d'aujourd'hui noyant ses désillusions, sa morosité, dans l'alcool et la drogue. Ses rêves, ses velléités de s'élever au-dessus de l'absurdité insupportable de l'existence se fracassent sur les jours qui passent et s'empilent les uns sur les autres dans une grisaille, une routine insatisfaisante, étriquée, dénuée de sens. La vraie vie n'est pas là et elle est introuvable.

Mais dans Fracassés, ça ne décolle pas, on a un peu, comme les personnages (trop stéréotypés), l'impression de tourner en rond, ça manque d'épaisseur. Rien de fracassant - on était prévenu, mais quand même, on est déçu.
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